Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino during her/his/their stay in Hamburg on June 27/July 7 (New Style), 1666.
Sources:
Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), Baron Carl Bildt, 1899
The letter:
16sme Lestre de Ambur le 7 Juliet 1666
Je Voys par Vostre troysiesme lestre, qve mon malhevr Vous est Coneu et qve Vous partagez avec moy linqviétude qve me donne la dilation de la diette de Svede. Je Vous ay dit touts ce que ie savois sur se suiet dans mes presedentes, et l'ordinaire qve nous avons eu du depuis na rien apporte de nouvaux sinon la Continuation dvne Vacance gennerale des affaires par labsense des Mess.r de la regense qvi se son touts retires a levr maisons de Campange pour en Jovir duran la belle saison a levr Ayse. et Comme cest lordinaire de ces Mes.r de se donner povr trois fois de lanne cette Vacance (laqvelle dure pour chaque foix au moins six semaine et qvelqve fois deux Mois) duran ce temps les affaires Vont Celon quil plait a la providence, laquelle dans nostre ciecle doit estre plus occuppe qve iamais et Je suis persvade quil ny a quelle seule qui prendt soin des affaires dv monde, Car Ceux qui devroit y penser sy sont abbandonne dvne si entiere resignation quils son resolus de ny penser plus, et Vrangel qui est depuis huit Jours Jcy ma iure en Confiance quil est six mois san recevoir de reponse de la Cour sur des affaires fort importantes. Vous Voyez qve les malhevrs de Romme son contagieux et qve l'infection en est porte iusqves au fon du Nort. mais a propos de Vrangel Jl est venu me Voir avec toutte sa maison. sa femme et touts ses enfans de lun et de laustre Sexe y sont. pour luy Je lay troves plus fier plus brave que jamais. Jl y a ie ne say quoy dans son port et dans sa mine qui fait conoistre la satisfaction qvil a de se Voir san maistre, mais a travers de tout cela lon Conoist quil a vn chagrin qui nest pas difficile a diviner Car les obstacles qve lon mest de toutte part a ses desseins le font enrager. Jl les a beaux Jl les a grands il les a dignes de luy dignes de la Couronne mais ie ne say sils sont de sayson. les affaires entre la france et la Svede saigrisse touts les iours ace que disent les vns. d'austres Croyent quils sadoucissent. Ce qui est Veritable est que lambasadeur de Svede nest pas trop bien traitte en france et qve celluy de Dannemarqve recoit plus dAmitié.
Jay qvelque esperance que la regence de Suede macordera la liberte de lexercice de la religion, et si cela arrive ie partiray dycy pour attendre la diette en Suede, la qvelle iespere quelle se tiéndra encore cette este quel qve repugnance qve lon aye a la Conuoqver, mais la necsite forcera a ce que iespere touts les obstacles, et fera enfin resoudre ce qui ne se pevt plus eviter.
Je Crois tout ce qve Vous me dites de clairet excpte ce que Vous a dist le petit Gascon Car Jl a manty loss quil Vous a dit quil receu de largent de moy Car ie ne luy ay iamais rien donne, et si ie lavois donne ie Vous lavoueres. pour Strop ie ne le Crois pas Capable davoir fait ce dont on laccuse. neamoins ie ne repon de rien. a mon retour Je me deferay de clairet et de touts les farlingots, Car i'en suis si lasse et si mal satisfaitte de leurs procedee qve ie ne Vous le sauray exprimer.
Je nay pus me defaire de gambal, mais ie le feray bien tost Car par l'allemange Jl ma este necessaire pour faire linterprete. en tout Cas il est Certain quil ne retournera pas a Rome avec moy ny estant en mon service.
la Curiosite que Vous tesmoinges avoir de ce qve ma dyt Strop moblige a Vous dire quil ma donne vne relation si exacte des affaires de Suede que ie ne puis souhaitter une meillieure, qve le temps et les Coniontures son merveillieusement avantageux pour moy pour veu qve la diette se face, mais quant mesme elle ne se feroit Jespere que le temps Vous fera Conoistre que ie nay iamais fait vne resolution plus avantageuse pour moy que celle de ce Voyage dont iespere de tirer diverses sortes de d'avantages. mais, quelque Vtilite et gloire que i'en puisse tirer ne me consolera Jamais de la dovleur que iay d'avoir quitte Rome, et san lesperance que iay dy povuoir retourner vn Jour Je seray inConsolable.
Jay pris un peu dinformation de mes affaires domestiques. Je nattens plus que le retour d'Adami, pour adiouster les Contes et pour avoir vn plus exacte relation du particularités quil aura remarque et iespere de mavantager beaucoup dans mes reveneus, et de faire rendre Gorge a mes larons et den tirer qvelqve somme dargent, mais Jl y favt proceder avec prudence et adresse, et Je feray tout mon possible pour reusir, et Jespere de sortir dAffaire auec honeur et vtilite.
Je Vous prie de faire Compliment de ma part au Cardj. Sfortza sur la Confiance quon luy tesmoinge dappuier a sa personne les affaires d'Espange. les Civilites qve Vous avez faites a lambassadeur de Venise de ma part moblige beaucoup et ie Vous en ren grace. Jl nest pas veneu en ma Conoissance quavcun Cheval soit mort dans ce Voyage, durant toutte lJtalie mais ce que Vous escrivez a pezza me mest en peine.
Je nay auCune novvelle du Marquis mala spina et en suis en peine. Vous aves rayson de dire que lon ne peut resister a la fatigue que ie fais Car Jl est Certain que lors qve ie suis arrive icy tous ceux de ma Svitte estoit demy morts et Marquis del Monte mesme, qui sest defendu le plus, estoit av bout de sa resistance, et moy plus fray que ie nestois au sortir de Rome. cest vn Vray miracle qve pezza soit Veneu Vivant iusques icy.
Nous souffrons icy des Chaleurs insupportables. Je pense qve daustres Vous diront les particularites de Hambur, mais moy ie ne Vous puis dire austre chose, si non que ie my ennuye fvrieusement et que les moments my semblent des Ciecles, mais ie Voys Clairement quen quelque lieu du monde que iallies hors de Rome la vie me sera par tout insupportable. ausi cette Conoissance est toutte ma Consolation dan le malheur qui mesloinge de nostre Charmante Rome Car ie ne Voudrois pas pouvoir trouver de ioye ny de satisfaction ailleurs. Souvenes Vous de moy et Conserve moy dans le souvenir de nos amis adieu.
With modernised spelling (with Kristina's spelling mistakes preserved as much as possible):
16[iè]me lettre de Hambourg, le 7 juillet 1666.
Je vois par votre troisième lettre que mon malheur vous est connu, et que vous partagez avec moi l'inquiétude que me donne la dilation de la Diète de Suède. Je vous ai dit tout ce que je savais sur ce sujet dans mes précédentes, et l'ordinaire que nous avons eu depuis n'a rien apporté de nouveau, sinon la continuation d'une vacance générale des affaires par l'absence des Mess[ieu]rs de la régence, qui se sont tous retirés à leurs maisons de campange [sic] pour en jouir durant la belle saison à leur aise. Et, comme c'est l'ordinaire de ces Mess[ieu]rs de se donner pour trois fois de l'année cette vacance (laquelle dure pour chaque fois au moins six semaines et quelquefois deux mois), durant ce temps les affaires vont selon qu'il plaît à la Providence, laquelle, dans notre siècle, doit être plus occuppée [sic] que jamais, et je suis persuadée qu'il n'y a qu'elle seule qui prend soin des affaires du monde, car ceux qui devraient y penser s'y sont abbandonnés [sic] d'une si entière résignation qu'ils sont résolus de n'y penser plus, et Wrangel qui est depuis huit jours ici m'a juré en confiance qu'il est six mois sans recevoir de réponse de la Cour sur des affaires fort importantes. Vous voyez que les malheurs de Rome sont contagieux et que l'infection en est portée jusqu'au fond du Nord.
Mais, à propos de Wrangel, il est venu me voir avec toute sa maison. Sa femme et tous ses enfants de l'un et de l'autre sexe y sont. Pour lui, je l'ai trouvé plus fier, plus brave que jamais. Il y a je ne sais quoi dans son port et dans sa mine qui fait connaître la satisfaction qu'il a de se voir sans maître; mais, à travers de tout cela, l'on connaît qu'il a un chagrin qui n'est pas difficile à deviner, car les obstacles que l'on met de toute part à ses desseins le font enrager. Il les a beaux, il les a grands, il les a dignes de lui, dignes de la Couronne, mais je ne sais s'ils sont de saison.
Les affaires entre la France et la Suède s'aigrissent tous les jours, à ce que disent les uns. D'autres croient qu'ils s'adoucissent. Ce qui est véritable, est que l'ambassadeur de Suède n'est pas trop bien traité en France et qui celui de Danemark reçoit plus d'amitié.
J'ai quelque espérance que la régence de Suède m'accordera la liberté de l'exercice de la religion, et, si cela arrive, je partirai d'ici pour attendre la Diète en Suède, laquelle j'espère qu'elle se tiendra encore cet été, quelque répugnance que l'on ait à la convoquer; mais la nécessité forcera, à ce que j'espère, tous les obstacles, et fera enfin résoudre ce qui ne se peut plus éviter.
Je crois tout ce que vous me dites de Clairet, excepté ce que vous a dit le petit Gascon, car il a menti lorsqu'il vous a dit qu'il [a] reçu de l'argent de moi, car je ne lui ai jamais rien donné, et si je l'avais donné, je vous l'avouerais. Pour Stropp, je ne le crois pas capable d'avoir fait ce dont on l'accuse. Néa[n]moins, je ne réponds de rien. A mon retour, je me déferai de Clairet et de tous les farlingots, car j'en suis si lasse et si mal satisfaite de leurs procédés, que je ne vous le saurais exprimer.
Je n'ai pu me défaire de Gammal, mais je le ferai bientôt, car par l'Allemagne, il m'a été nécessaire pour faire l'interprète. En tout cas, il est certain qu'il ne retournera pas à Rome avec moi ni étant en mon service.
La curiosité que vous témoingez [sic] avoir de ce que m'a dit Stropp m'oblige à vous dire qu'il m'a donné une relation si exacte des affaires de Suède, que je ne puis souhaiter une meillieure [sic], que le temps et les conjon[c]tures sont merveillieusement [sic] avantageux pour moi pourvu que la Diète se fasse, mais, quand même elle ne se ferait, j'espère que le temps vous fera connaître que je n'ai jamais fait une résolution plus avantageuse pour moi que celle de ce voyage dont j'espère de tirer diverses sortes d'avantages.
Mais, quelque utilité et gloire que j'en puisse tirer ne me consolera jamais de la douleur que j'ai d'avoir quitté Rome, et, sans l'espérance que j'ai d'y pouvoir retourner un jour, je serais inconsolable.
J'ai pris un peu d'information de mes affaires domestiques. Je n'attends pas que le retour d'Adami, pour ajuster les comptes et pour avoir une plus exacte relation des particularités qu'il aura remarquées, et j'espère de m'avantager beaucoup dans mes revenus et de faire rendre gorge à mes larrons et d'en tirer quelque somme d'argent; mais il y faut procéder avec prudence et adresse, et je ferai tout mon possible pour réussir, et j'espère de sortir d'affaire avec honneur et utilité.
Je vous prie de faire compliment de ma part au cardinal Sforza sur la confiance qu'on lui témoinge [sic] d'appuyer à sa personne les affaires d'Espagne. Les civilités que vous avez faites à l'ambassadeur de Venise de ma part m'obligent beaucoup, et je vous en rends grâce. Il n'est pas venu en ma connaissance qu'aucun cheval soit mort dans ce voyage, durant toute l'Italie, mais ce que vous écrivez à Pezza me met en peine.
Je n'ai aucune nouvelle du marquis Malaspina et en suis en peine. Vous avez raison de dire que l'on ne peut résister à la fatigue que je fais, car il est certain que lorsque je suis arrivée ici, tous ceux de ma suite étaient demi-morts et [le] marquis del Monte même, qui s'est défendu le plus, était au bout de sa résistance, et moi plus fraîche que je n'étais au sortir de Rome. C'est un vrai miracle que Pezza soit venu vivant jusqu'ici.
Nous souffrons ici des chaleurs insupportables. Je pense que d'autres vous diront les particularités de Hambourg, mais moi je ne vous puis dire autre chose, sinon que je m'y ennuie furieusement et que les moments m'y semblent des siècles, mais je vois clairement qu'en quelque lieu du monde que j'aille hors de Rome, la vie me sera partout insupportable. Aussi cette connaissance est toute ma consolation dans le malheur qui m'éloinge [sic] de notre charmante Rome, car je ne voudrais pas pouvoir trouver de joie ni de satisfaction ailleurs.
Souvenez-vous de moi et conservez-moi dans le souvenir de nos amis. Adieu.
With modernised spelling (Bildt's transcript):
Hambourg, 7 juillet 1666.
Je vois par votre troisième lettre que mon malheur vous est connu, et que vous partagez avec moi l'inquiétude que me donne la dilation de la Diète de Suède. Je vous ai dit tout ce que je savais sur ce sujet dans mes précédentes, et l'ordinaire que nous avons eu depuis n'a rien apporté de nouveau, sinon la continuation d'une vacance générale des affaires par l'absence des Messrs de la régence, qui se sont tous retirés à leurs maisons de campagne pour en jouir durant la belle saison à leur aise. Et, comme c'est l'ordinaire de ces Messrs de se donner pour trois fois de l'année cette vacance (laquelle dure pour chaque fois au moins six semaines et quelquefois deux mois), durant ce temps les affaires vont selon qu'il plaît à la Providence, laquelle, dans notre siècle, doit être plus occupée que jamais, et je suis persuadée qu'il n'y a qu'elle seule qui prend soin des affaires du monde, car ceux qui devraient y penser s'y sont abandonnés d'une si entière résignation qu'ils sont résolus de n'y penser plus, et Wrangel qui est depuis huit jours ici m'a juré en confiance qu'il est six mois sans recevoir de réponse de la Cour sur des affaires fort importantes. Vous voyez que les malheurs de Rome sont contagieux et que l'infection en est portée jusqu'au fond du Nord.
Mais, à propos de Wrangel, il est venu me voir avec toute sa maison. Sa femme et tous ses enfants de l'un et de l'autre sexe y sont. Pour lui, je l'ai trouvé plus fier, plus brave que jamais. Il y a je ne sais quoi dans son port et dans sa mine qui fait connaître la satisfaction qu'il a de se voir sans maître; mais, à travers de tout cela, l'on connaît qu'il a un chagrin qui n'est pas difficile à deviner, car les obstacles que l'on met de toute part à ses desseins le font enrager. Il les a beaux, il les a grands, il les a dignes de lui, dignes de la Couronne, mais je ne sais s'ils sont de saison.
Les affaires entre la France et la Suède s'aigrissent tous les jours, à ce que disent les uns. D'autres croient qu'ils s'adoucissent. Ce qui est véritable, est que l'ambassadeur de Suède n'est pas trop bien traité en France et qui celui de Danemark reçoit plus d'amitié.
J'ai quelque espérance que la régence de Suède m'accordera la liberté de l'exercice de la religion, et, si cela arrive, je partirai d'ici pour attendre la Diète en Suède, laquelle j'espère qu'elle se tiendra encore cet été, quelque répugnance que l'on ait à la convoquer; mais la nécessité forcera, à ce que j'espère, tous les obstacles, et fera enfin résoudre ce qui ne se peut plus éviter.
Je crois tout ce que vous me dites de Clairet, excepté ce que vous a dit le petit Gascon, car il a menti lorsqu'il vous a dit qu'il [a] reçu de l'argent de moi, car je ne lui ai jamais rien donné, et si je l'avais donné, je vous l'avouerais. Pour Stropp, je ne le crois pas capable d'avoir fait ce dont on l'accuse. Néanmoins, je ne réponds de rien. A mon retour, je me déferai de Clairet et de tous les farlingots, car j'en suis si lasse et si mal satisfaite de leurs procédés, que je ne vous le saurais exprimer.
Je n'ai pu me défaire de Gammal, mais je le ferai bientôt, car par l'Allemagne, il m'a été nécessaire pour faire l'interprète. En tout cas, il est certain qu'il ne retournera pas à Rome avec moi ni étant en mon service.
La curiosité que vous témoignez avoir de ce que m'a dit Stropp m'oblige à vous dire qu'il m'a donné une relation si exacte des affaires de Suède, que je ne puis souhaiter une meilleure, que le temps et les conjonctures sont merveilleusement avantageux pour moi pourvu que la Diète se fasse, mais, quand même elle ne se ferait, j'espère que le temps vous fera connaître que je n'ai jamais fait une résolution plus avantageuse pour moi que celle de ce voyage dont j'espère de tirer diverses sortes d'avantages.
Mais, quelque utilité et gloire que j'en puisse tirer ne me consolera jamais de la douleur que j'ai d'avoir quitté Rome, et, sans l'espérance que j'ai d'y pouvoir retourner un jour, je serais inconsolable.
J'ai pris un peu d'information de mes affaires domestiques. Je n'attends pas que le retour d'Adami, pour ajuster les comptes et pour avoir une plus exacte relation des particularités qu'il aura remarquées, et j'espère de m'avantager beaucoup dans mes revenus et de faire rendre gorge à mes larrons et d'en tirer quelque somme d'argent; mais il y faut procéder avec prudence et adresse, et je ferai tout mon possible pour réussir, et j'espère de sortir d'affaire avec honneur et utilité.
Je vous prie de faire compliment de ma part au cardinal Sforza sur la confiance qu'on lui témoigne d'appuyer à sa personne les affaires d'Espagne. Les civilités que vous avez faites à l'ambassadeur de Venise de ma part m'obligent beaucoup, et je vous en rends grâce. Il n'est pas venu en ma connaissance qu'aucun cheval soit mort dans ce voyage, durant toute l'Italie, mais ce que vous écrivez à Pezza me met en peine.
Je n'ai aucune nouvelle du marquis Malaspina et en suis en peine. Vous avez raison de dire que l'on ne peut résister à la fatigue que je fais, car il est certain que lorsque je suis arrivée ici, tous ceux de ma suite étaient demi-morts et [le] marquis del Monte même, qui s'est défendu le plus, était au bout de sa résistance, et moi plus fraîche que je n'étais au sortir de Rome. C'est un vrai miracle que Pezza soit venu vivant jusqu'ici.
Nous souffrons ici des chaleurs insupportables. Je pense que d'autres vous diront les particularités de Hambourg, mais moi je ne vous puis dire autre chose, sinon que je m'y ennuie furieusement et que les moments m'y semblent des siècles, mais je vois clairement qu'en quelque lieu du monde que j'aille hors de Rome, la vie me sera partout insupportable. Aussi cette connaissance est toute ma consolation dans le malheur qui m'éloigne de notre charmante Rome, car je ne voudrais pas pouvoir trouver de joie ni de satisfaction ailleurs. — Souvenez-vous de moi et conservez-moi dans le souvenir de nos amis. Adieu.
Swedish translation (my own):
16:e brevet från Hamburg, den 7 juli 1666.
Jag ser av Ert tredje brev att min olycka är Er känd och att Ni delar med mig den oro som mig orsakats av Sveriges Riksdags fördröjning. Jag berättade för Er allt jag visste om detta ämne i mina tidigare brev, och den post vi haft sedan dess har inte medfört något nytt, utom fortsättningen av en allmän vakans av affärer genom frånvaron av herrarna förmyndarna, som alla har dragit sig tillbaka till deras hus på landet för att njuta av dem under den fina säsongen i lugn och ro. Och eftersom det är dessa herrars sed att ta denna vakans tre gånger om året (som varje gång varar minst sex veckor och ibland två månader), under denna tid går affärerna som det behagar Försynen, som i vårt sekel måste vara mer upptagen än någonsin; och jag är övertygad om att den ensam tar hand om världens affärer, ty de som borde tänka på det är övergivna med så fullständig resignation att de är beslutna att inte tänka på det mer; och Wrangel, som varit här åtta dagar, har svurit mig i förtroende att han har varit sex månader utan att få svar från domstolen i mycket viktiga frågor. Ni ser att Roms olyckor är smittsamma och att smittan förs till djupet av Norden.
Men på tal om Wrangel, han har kommit till mig med hela sitt hushåll. Hans fru och alla hans barn av båda könen är där. När det gäller honom har jag funnit honom stoltare och modigare än någonsin. Det finns ett eller annat i hans hållning och i hans utseende som visar den tillfredsställelse han känner över att se sig själv utan mästare; men genom allt detta vet man att han har en sorg som inte är svår att gissa, ty de hinder som ställs på alla sidor för hans dessänger gör honom rasande. Han har dem vackra, han har dem höga, han har dem värda sig själv, värda Kronan, men jag vet inte om de är i säsong.
Affärerna mellan Frankrike och Sverige blir surare för varje dag, menar vissa. Andra tror att de mjuknar upp. Det som är sant är att den svenska ambassadören inte behandlas alltför väl i Frankrike, och att Danmark får mer vänskap.
Jag har ett visst hopp om att Sveriges förmyndarregering kommer att ge mig fri religionsövning, och om det händer, kommer jag att åka härifrån för att invänta Riksdagen i Sverige, som jag hoppas kommer att hållas igen i sommar, hur motvillig man än är att sammankalla den; men nödvändigheten kommer, som jag hoppas, att övervinna alla hinder och slutligen lösa det som inte längre kan undvikas.
Jag tror på allt Ni berättar om Clairet, förutom vad den lille gaskonjare sade till Er, ty han ljög när han berättade att han fick pengar av mig, för jag gav honom aldrig något, och om jag hade gett det, skulle jag erkänna det för Ni. När det gäller Stropp tror jag inte att han är kapabel att ha gjort det han anklagas för. Jag svarar dock inte för någonting. När jag kommer tillbaka blir jag av med Clairet och alla les farlingots, ty jag är så trött på dem och så missnöjd med deras metoder att jag inte kan uttrycka det för Er.
Jag kunde inte bli av med Gammal, men jag skall göra det snart, ty i Tyskland behövdes han för att han skulle tolka. I alla fall är det säkert att han inte skall återvända till Rom med mig eller vara i min tjänst.
Den nyfikenhet Ni vittnar om att ha över vad Stropp berättat för mig tvingar mig att berätta att han gav mig en så exakt redogörelse för Sveriges angelägenheter att jag inte kan önska mig bättre än att tid och konjunkturer är mig förunderligt fördelaktiga, förutsatt att Riksdagen äger rum; men även om det icke sker, hoppas jag, att tiden skall visa Er att jag aldrig har fattat ett beslut som är mer fördelaktigt för mig än på denna resa, av vilken jag hoppas få olika slags fördelar.
Men vilken nytta och ära jag än får av det kommer aldrig att trösta mig för den smärta jag har över att ha lämnat Rom, och utan det hopp jag har om att kunna återvända dit en dag, skulle jag vara otröstlig.
Jag har hämtat lite information från mina domestika affärer. Jag väntar inte på Adamis återkomst för att justera kontona och få en mer exakt redogörelse för de särdrag han kommer att ha märkt, och jag hoppas kunna gynna mig själv mycket i min inkomst och att punga ut för mina tjuvar och få ut lite pengar ur det; men det måste ske med klokhet och skicklighet, och jag kommer att göra mitt bästa för att lyckas, och jag hoppas komma ur affären med ära och nytta.
Jag ber Er att gratulera kardinal Sforza å mina vägnar för det förtroende som visats för honom för att personligen stödja Spaniens angelägenheter. De hövligheter som Ni har utsträckt till Venedigs ambassadör å mina vägnar förtjänar mig mycket, och jag tackar er för dem. Det har inte kommit till min kännedom att någon häst dog under denna resa, i hela Italien, men det Ni skriver till Pezza gör mig ont.
Jag har inte hört från markisen Malaspina, och jag har ont om det. Ni har rätt när Ni säger att man inte kan motstå min trötthet, ty det är säkert att när jag kom hit var alla i min svit halvdöda och till och med markisen del Monte, som försvarade sig mest, var i slutet av sitt motstånd, och jag var fräschare än jag var när jag lämnade Rom. Det är ett verkligt mirakel att Pezza tog sig hit levande.
Vi lider av outhärdlig värme här. Jag tror att andra kommer att berätta om Hamburgs särdrag, men jag kan inte berätta något annat än att jag är rasande uttråkad här och att stunder här verkar för mig som sekler, men jag ser tydligt, vilken plats som helst i världen jag än går utanför Rom, att livet kommer att vara outhärdligt för mig överallt. Också denna kunskap är hela min tröst i den olycka som distanserar mig från vårt charmerande Rom, eftersom jag inte skulle vilja kunna finna glädje eller tillfredsställelse någon annanstans.
Kom ihåg mig och bevara mig i minnet hos våra vänner. Farväl.
English translation (my own):
Hamburg, July 7, 1666
I see by your third letter that my misfortune is known to you, and that you share with me the anxiety which the dilation of the Swedish Diet gives me. I have told you all that I knew about this subject in my previous ones, and the ordinary that we have had since then brought nothing new, if not the continuation of a general vacancy of affairs by the absence of the sirs of the regency, who have all retired to their country houses to enjoy during the summer season at their ease. And, as it is the custom of these sirs to give each other three times of the year this vacancy (which lasts for each time at least six weeks and sometimes two months), during this time the business goes according to which it pleases Providence, which, in our century, must be busier than ever, and I am convinced that there is only one who takes care of the affairs of the world, for those who ought to think of it they are so completely abandoned that they are determined not to think about it any more, and Wrangel, who has been here for eight days, has sworn to me that he is six months without receiving a reply from the Court. You see that the misfortunes of Rome are contagious and that the infection is carried to the bottom of the North.
But, about Wrangel, he came to see me with all his household. His wife and all his children of both sexes are there. For him, I found him more proud, braver than ever. There is something in his port and in his mine which shows the satisfaction of seeing himself without a master: but, through all this, we know that he has a sorrow that does not It is not difficult to guess, because the obstacles that one places on all sides to one's plans enrages him. He has them beautiful, he has grown them, he has worthy of him, worthy of the Crown, but I do not know if they are in season.
Business between France and Sweden is getting worse every day, some say. Others believe that they soften. What is true is that the ambassador of Sweden is not treated too well in France, and that of Denmark receives more friendship.
I have some hope that the regency of Sweden will grant me the freedom of the exercise of religion, and if that happens, I will leave here to wait for the Diet in Sweden, which I hope will be held again this summer, some repugnance that we have to call it; but necessity will, I hope, force all obstacles, and will finally resolve what can no longer be avoided.
I believe everything you tell me about Clairet, except what Little Gascon told you, because he lied when he told you that he received money from me because I never gave him anything and if I gave, I'll admit it. For Stropp, I do not think he can have done what he is accused of. Nevertheless, I do not answer for anything. On my return, I ventured from Clairet and all the farlingots, for I am so weary and so unhappy with their proceedings that I cannot express it to you.
I could not get rid of Gammal, but I will do it soon, because by Germany, it was necessary for me to perform the interpreter. In any case, it is certain that he will not return to Rome with me nor being in my service.
The curiosity you show me about what Stropp told me obliges me to tell you that he gave me such an exact relation to the affairs of Sweden, that I cannot wish for a better one, than the time and the conjunctures. They are marvelously advantageous to me, provided that the Diet is done, but, even if it were not done, I hope that time will make known to you that I have never made a resolution more advantageous to me than that of this journey of which I hope to draw various kinds of benefits.
But any usefulness and glory that I can draw from it will never console me for the pain that I have of having left Rome, and without the hope that I could return there one day, I would be inconsolable.
I took some information from my household affairs. I'm not waiting for Adami's return to adjust the accounts and to have a more exact relation of the peculiarities that he has noticed, and I hope to benefit myself a lot in my income and to make my thieves and draw some money; but we must proceed with prudence and skill, and I will do my best to succeed, and I hope to get out of business with honour and utility.
I beg you to compliment Cardinal Sforza on the confidence shown in him to support the affairs of Spain. The courtesies you have done to the Venetian Ambassador on my part oblige me a great deal, and I thank you for it. It has not come to my knowledge that no horse died in this journey, all over Italy, but what you write to Pezza troubles me.
I have no news of the Marquis Malaspina, and I am in pain. You are right in saying that one cannot resist the fatigue that I do, for it is certain that when I arrived here, all those of my suite were half-dead and Marquis del Monte himself, who defended himself the most, was at the end of his resistance, and I was fresher than I was when I left Rome. It's a real miracle that Pezza came alive so far.
We suffer here unbearable heat. I think others will tell you the peculiarities of Hamburg, but I cannot say anything else, except that I get bored furiously and that the moments seem to me for centuries, but I see clearly that place of the world that I go out of Rome, life will be everywhere unbearable to me. So this knowledge is all my consolation in the misfortune that takes me away from our charming Rome, for I would not be able to find joy or satisfaction elsewhere.
Remember me and keep me in the memory of our friends. Farewell.
Better English translation (my own):
16th letter from Hamburg, July 7, 1666.
I see from your third letter that my misfortune is known to you, and that you share with me the anxiety caused me by the delay of the Riksdag of Sweden. I told you everything I knew on this subject in my previous letters, and the ordinary we have had since has brought nothing new, except the continuation of a general vacancy of business by the absence of the lords of the regency, who have all retired to their country houses to enjoy them during the fine season at their ease. And, as it is the custom of these lords to take this vacation three times a year (which each time lasts at least six weeks and sometimes two months), during this time affairs go as it pleases Providence, which, in our century, must be busier than ever; and I am persuaded that it alone takes care of the affairs of the world, for those who should think about it are abandoned with such complete resignation that they are resolved not to think about it anymore; and Wrangel, who has been here eight days, has sworn to me in confidence that he has been six months without receiving an answer from the Court on very important matters. You see that the misfortunes of Rome are contagious and that the infection is carried to the depths of the North.
But, speaking of Wrangel, he has come to me with his whole household. His wife and all his children of both sexes are there. As for him, I have found him prouder and braver than ever. There is something or other in his bearing and in his appearance which makes known the satisfaction he feels at seeing himself without a master; but, through all this, one knows that he has a sorrow which is not difficult to guess, for the obstacles that are placed on all sides to his designs make him enraged. He has them beautiful, he has them tall, he has them worthy of himself, worthy of the Crown, but I don't know if they are in season.
Affairs between France and Sweden are getting sourer every day, some say. Others believe they are softening. What is true is that the ambassador of Sweden is not treated too well in France, and that of Denmark receives more friendship.
I have some hope that the regency of Sweden will grant me freedom of exercise of religion, and, if that happens, I will leave here to await the Riksdag in Sweden, which I hope will be held again this summer, however reluctant one might be to summon it; but necessity will overcome, as I hope, all obstacles and finally resolve what can no longer be avoided.
I believe everything you tell me about Clairet, except what the little Gascon told you, because he lied when he told you that he received money from me, because I never gave him anything, and if I had given it, I would confess it to you. As for Stropp, I do not believe him capable of having done what he is accused of. However, I do not answer for anything. When I get back, I'll get rid of Clairet and all les farlingots, because I'm so tired of them and so dissatisfied with their methods that I can't express it to you.
I couldn't get rid of Gammal, but I will do it soon, because in Germany he was needed for me to do the interpreting. In any case, it is certain that he will not return to Rome with me or be in my service.
The curiosity you testify to have about what Stropp told me compels me to tell you that he gave me such an exact account of the affairs of Sweden that I cannot wish for a better one than that time and conjunctures are marvellously advantageous to me, provided the Riksdag takes place; but even if it does not take place, I hope that time will show you that I have never made a resolution more advantageous to myself than that of this journey, from which I hope to derive various kinds of benefits.
But whatever use and glory I may derive from it will never console me for the pain I have at having left Rome, and, without the hope that I have of being able to return there one day, I would be inconsolable.
I have taken some information from my domestic affairs. I am not waiting for Adami's return to adjust the accounts and to have a more exact account of the peculiarities he will have noticed, and I hope to benefit myself greatly in my income and to cough up for my thieves and get some money out of it; but it must be done with prudence and skill, and I will do my best to succeed, and I hope to come out of the affair with honour and utility.
I beg you to compliment Cardinal Sforza on my behalf on the confidence shown in him to personally support the affairs of Spain. The civilities you have extended to the ambassador of Venice on my behalf greatly oblige me, and I thank you for them. It has not come to my knowledge that any horse died during this trip, in all of Italy, but what you write to Pezza pains me.
I haven't heard from the Marquis Malaspina, and I'm in pain about it. You are right to say that one cannot resist my fatigue, for it is certain that when I arrived here, all those in my suite were half-dead and even the Marquis del Monte, who defended himself the most, was at the end of his resistance, and I was fresher than I was when I left Rome. It's a real miracle that Pezza made it here alive.
We are suffering from unbearable heat here. I think that others will tell you the particularities of Hamburg, but I cannot tell you anything else except that I am furiously bored here and that moments here seem to me like centuries, but I clearly see that, whatever place in the world I go to outside of Rome, life will be unbearable to me everywhere. Also, this knowledge is all my consolation in the misfortune which distances me from our charming Rome, because I would not want to be able to find joy or satisfaction elsewhere.
Remember me and keep me in the memory of our friends. Farewell.
Above: Kristina.
Above: Azzolino.
Notes: The ambassador of Sweden = Otto Wilhelm Königsmarck.
les farlingots = from Italian "farlingotto" — "barbarian, foreigner, stranger". One of Kristina's italicisms. Possibly itself derived from "parlar in goto" — "to speak in Gothic".
Adami had been on Ösel (now the Estonian island of Saaremaa) for a second time, where his return was awaited in Stockholm. When Kristina called him to Hamburg, he arrived towards the following August 18.
Cardinal Sforza had been charged by the Queen Regent of Spain, in the absence of ambassador Don Pedro de Aragon, to ask for the investiture of Naples for the young King Carlos II.
Azzolino had thanked the ambassador of Venice for his facilities accorded to Kristina during her journey.
A horse, Sansonetto, had in the meantime died close to Spoleto. — It is possible the accident was hidden from Kristina.