Sunday, May 31, 2020

Kristina's letter to Chanut on her/his/their intention to abdicate, dated February 17/27 or 18/28 (New Style), 1654

Sources:

Recueil de pièces diverses, rangées chronologiquement de 1408 à 1845, views 86, 87 and 88; Gallica, Bibliothèque nationale de France


Mélanges d'histoire diplomatique des XVIe et XVII siècles, views 38 to 40; Gallica, Bibliothèque nationale de France


Riksarkivet, page 61 in K 90, Utgångna och ingångna skrivelser, Drottning Kristina d. y. (Christina Alexandra), Svenska drottningars arkivaliesamlingar i riksarkivet, Kungliga arkiv


Recüeil des harangues qui ont esté faites à la reyne de Suede, page 206, published by Claude Bardin, 1660


Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 3, page 306, Pierre Hector Chanut, 1675


Mémoires concernant Christine, volume 1, pages 396 to 398, Johan Arckenholtz, 1751


Mémoires concernant Christine, volume 4, Johann Arckenholtz, 1760, page 390


Hollandsche Mercurius, March 1654, page 35


Christina: Brev från sex decennier, pages 30 to 32, edited and translated by Sven Stolpe, 1960

The History of Christina: Queen of Sweden, Jacques Lacombe, 1766





"After the decision to abdicate, Queen Christina wrote a letter to her concerned friend, the French ambassador Chanut. This letter became widely known in the world and is perhaps stylised for publicity. One observes that here there is hardly a hint that the Queen's action would be religiously motivated. The reason may partly be that this was not the case at all, but that the driving reasons were completely different, partly that it was still too early to disclose plans for a conversion to Catholicism."

The letter (copy; Recueil de pièces diverses):

Monsieur Chanut, a Vpsal ce dernier februier 1654
Je vous ay rendu Conte autrefois des raisons qui mont oblige a perseuerer dans le dessein de mon abdication. Vous Scaues que cette fantaisie ma dure longtemps, et que ce nest quapres y auoir pense huit ans que Je me suis resolue de lexecuter. Jl y en a pour le moins Cinq que Je Vous ay Communique Cette resolution, et Je Voiois alors que Cestoit Vostre affection et linterest seul que Vous prenies pour ma fortune qui Vous obligeoit a me resister malgre les raisons que Vous ne povuies Condaner puisquil ne se trouuoit rien dans cette pensee qui fut Jndigne de moy. Vous Scaues ce que Je Vous ay dit sur ce Suiet la derniere fois que Jay eu la Satisfaction de Vous entretenir Vn long espace du temps, depuis tous les Jncidens ne mont Jamais fait Changer, Jay regle toutes mes actions a ce but et Je les ay Conduit a la fin sans balancer, a cette heure Je suis preste d'acheuer mon rolet pour me retirer du theatre. Je ne m'inquiette point du plaudite, Je scai que la Scene que Jay representee na point este Composee Selon les Loix Communes du theatre. Jl est mal aise que ce quil y a de fort de masle et de Vigoureux puisse plaire a tout le monde, Je permets a un Chacun den Juger Selon Son genie, Je ne leur puis oster la liberte, et Je ne le Voudrois pas mesme quand il seroit en mon pouuoir. Je scay quil y en a peu qui en Jugeront fauorablement et Je massure que Vous estes de ce nombre. Le reste des hommes Jgnorent mes raisons et mon humeur, puisque Je ne me suis Jamais declaree a personne qua Vous et a Vn autre ami qui a lame asses grande et belle Pour en Juger de mesme que Vous. Satis est Unus satis est nullus.

Je mesprise le reste et Je ferois Honeur a celuy de la troupe que Jestimerois asses ridicule pour men diuertir, Je ne prendray Jamais la peine pour de leur faire mon apologie, et dans le grand Loisir que Je me prepare Je ne seray Jamais asses oisiue pour me souuenir deux. Je menplorray a examiner ma Vie passee a Corriger mes erreurs sans men repentir, ni men estonner. que J'auray de plaisir dauoir fait du bien aux hommes auec Joie dauoir fait punir Sans pitie Ceux qui le meritoient, Jauray [de] la Consolation de n'auoir rendu personne Criminelle qui ne le fut et dauoir mesme espargne ceux qui lestoient. Jay preferay la Conseruation de lestat a toute autre Consideration, J'ay tout Sacrifié auec Joie a ses Jnteres et Je n'ay rien a me reprocher dans son administration. Jay possede sans faste Je quitte auec facilite, apres cela ne Craignes pas pour moy Je suis en Seurete et mon bien nest pas au pouuoir de la fortune, Je suis heureuse quoi qu'il puisse arriuer. Sum fœlix tamen o superi nullique potestate hoc offerre Deo. ouÿ Je [le] suis plus que personne et Je le seray touiours. Je n'apprehende point Cette prouidence dont Vous me parles omnia sunt propitia, soit quelle Veulle prendre le soin de regler mes affaires Je me sousmets auec le respect et la resignation que Je dois a ses Volontes, soit quelle me laisse la conduitte de moy mesme. Jy emploiray ce quelle ma donne de facultes dans lame et dans l'entendement pour me rendre heureuse et Je le seray tant que Je seray persuadee que Je ne dois rien Craindre ni des hommes ni de Dieu. Jemploiray ce qui me reste de Vie a me familiariser ces pensees, a me fortifier lame et a Regarder du port les tourmens de ceux qui sont agites dans la Vie par les orages qu'on y souffre a faute d'auoir applique lesprit a ces pensees, ne suis ie pas digne denuie en lestat ou Je suis Jaurois sans doute trop denuieux si mon bonheur estoit Cognu, Vous m'aimes asses pour ne me lenuier pas et Je le merite puisque Jay lingenuite de Confesser que Je tiens Une partie de ces Sentimens de Vous. Je les ay appris dans Vos entretiens et Jespere de les Cultiuer Vn jour auec Vous dans mon Loisir, Je massure que Vous ne pouues manquer de parolle et que Vous ne cesseres pas dans ce Changement destre mon ami, puisque Je ne quitte rien de ce qui est digne de Vostre estime. Je Vous Conserueray en quelque estat que Je Sois mon amitie, et Vous Verres qu'aucun Changement ne peut suruenir qui puisse alterer les Sentimens dont Je fais gloire. Vous Scaves tout cela et Vous croies sans doute que la plus grande assurance que Je Vous puisse donner de moy, est celle de Vous dire que Je seray touiours
Christine

With modernised spelling:

Monsieur Chanut, à Upsal, ce dernier février 1654.
Je vous ai rendu compte autrefois des raisons qui m'ont obligé a persévérer dans le dessein de mon abdication. Vous savez que cette fantaisie m'a duré longtemps et que ce n'est qu'après y avoir pensé huit ans que je me suis résolue de l'exécuter. Il y en a pour le moins cinq que je vous ai communiqué cette resolution, et je voyais alors que c'était votre affection et l'intérêt seul que vous preniez pour ma fortune qui vous obligeait à me résister, malgré les raisons que vous ne pouviez condamner, puisqu'il ne se trouvait rien dans cette pensée qui fut indigne de moi. Vous savez ce que je vous ai dit sur ce sujet la dernière fois que j'ai eu la satisfaction de vous entretenir un long espace du temps, depuis tous les incidents ne m'ont jamais fait changer. J'ai réglé toutes mes actions à ce but, et je les ai conduit à la fin sans balancer.

A cette heure, je suis prête d'achever mon rôlet pour me retirer du théâtre. Je ne m'inquiète point du plaudite. Je sais que la scène que j'ai répresentée n'a point été composée selon les lois communes du théâtre. Il est malaisé que ce qu'il y a de fort de mâle et de vigoureux puisse plaire à tout le monde. Je permets à un chacun d'en juger selon son génie. Je ne leur puis ôter la liberté, et je ne le voudrais pas même quand il serait en mon pouvoir. Je sais qu'il y en a peu qui en jugeront favorablement, et je m'assure que vous êtes de ce nombre. Le reste des hommes ignorent mes raisons et mon humeur, puisque je ne me suis jamais déclarée à personne qu'à vous et à un autre ami qui a l'âme assez grande et belle pour en juger de même que vous. Satis est unus, satis est nullus.

Je méprise le reste, et je ferais honneur à celui de la troupe que j'estimerais assez ridicule pour m'en divertir. Je ne prendrai jamais la peine de leur faire mon apologie, et dans le grand loisir que je me prépare, je ne serai jamais assez oisive pour me souvenir d'eux. Je m'emploierai à examiner ma vie passée, à corriger mes erreurs sans m'en repentir, ni m'en étonner. Que j'aurai de plaisir d'avoir fait du bien aux hommes avec joie, d'avoir fait punir sans pitié ceux qui le méritaient! J'aurai [de] la consolation de n'avoir rendu personne criminelle qui ne le fut et d'avoir même épargné ceux qui l'étaient! J'ai préféré la conservation de l'État à toute autre considération, j'ai tout sacrifié avec joie à ses intérêts, et je n'ai rien à me reprocher dans son administration. J'ai possédé sans faste, je quitte avec facilité. Après cela, ne craignez pas pour moi; je suis en sûreté, et mon bien n'est pas au pouvoir de la fortune. Je suis heureuse, quoi qu'il puisse arriver. Sum fœlix tamen o superi, nullique potestate, hoc offerre Deo.

Oui, je [le] suis plus que personne, et je le serai toujours. Je n'apprehende point cette providence dont vous me parlez. Omnia sunt propitia, soit qu'elle veuille prendre le soin de régler mes affaires. Je me soumets avec le respect et la résignation que je dois à ses volontés, soit qu'elle me laisse la conduite de moi-même. J'y emploierai ce qu'elle m'a donné de facultés dans l'âme et dans l'entendement pour me rendre heureuse, et je le serai tant que je serai persuadée que je ne dois rien craindre ni des hommes, ni de Dieu. J'emploierai ce qui me reste de vie à me familiariser ces pensées, à me fortifier l'âme et à regarder du port les tourments de ceux qui sont agités dans la vie par les orages qu'on y souffre, à faute d'avoir appliqué l'esprit à ces pensées.

Ne suis-je pas digne d'envie en l'état où je suis? J'aurais sans doute trop d'envieux si mon bonheur était connu. Vous m'aimez assez pour ne me l'envier pas, et je le mérite, puisque j'ai l'ingénuité de confesser que je tiens une partie de ces sentiments de vous. Je les ai appris dans vos entretiens, et j'espère de les cultiver un jour avec vous dans mon loisir. Je m'assure que vous ne pouvez manquer de parole et que vous ne cesserez pas dans ce changement d'être mon ami, puisque je ne quitte rien de ce qui est digne de votre estime. Je vous conserverai, en quelque état que je sois, mon amitie; et vous verrez qu'aucun changement ne peut survenir qui puisse altérer les sentiments dont je fais gloire. Vous savez tout cela, et vous croyez sans doute que la plus grande assurance que je vous puisse donner de moi est celle de vous dire que je serai toujours
Christine.

Bardin's transcript of the letter:

De Vvestras le 5. Mars 1654.
Ie vous ay rendu conte autrefois des raisons qui m'ont obligée à perseuerer dans le dessein de mon abdication; vous sçauez que cette fantaisie m'a duré long-temps, & que ce n'est qu'apres y auoir pensé huit ans, que ie me suis resoluë de l'executer, & il y en a pour le moins cinq que ie vous ay communiqué cette resolution, & ie voyois alors que c'estoit vostre affection & l'interest seul que vous preniez pour ma fortune, qui vous obligeoient à me resister malgré les raisons que vous ne pouuiez condamner, puis qu'il ne se trouuoit rien dans cette pensée qui fut indigne de moy. Vous sçauez ce que ie vous ay dit sur ce sujet, la derniere fois que i'eus la satisfaction de vous entretenir. Dans vn si long espace de temps tous les incidens ne m'ont iamais fait changer, i'ay reglé toutes mes actions à ce but, & ie les ay conduites à la fin sans balancer. A cet heure que ie suis preste d'acheuer mon rollet pour me retirer derriere le theatre, ie ne m'inquiete point du plaudité. Ie sçay que la Scene que i'ay representée n'a point esté cõposée selon les loix communes du theatre, il est mal-aysé que ce qu'il y a de fort, de noble & de vigoureux puisse plaire, ie permets neanmoins à vn chacun d'en iuger selon son genie; ie ne leur puis oster la liberté, & ie ne le voudrois pas mesme quand il seroit en mon pouuoir. Ie sçay qu'il y en aura peu qui en iugeront fauorablement, & ie m'assure que vous estes de ce nombre, le reste des hommes ignorent mes raisons & mon humeur, puisque ie ne me suis iamais declarée à personne qu'à vous, & à vn autre amy, qui a l'ame assez grande & belle pour en iuger de mesme que vous. Satis est vnus, satis est nullus. Ie méprise le reste, & ie ferois honneur a celuy de la trouppe que i'estimerois assez ridicule pour m'en diuertir. Ie ne prendray iamais la peine de leur faire mon Apologie, & dans le grand loisir que ie me prepare, ie ne seray jamais assez oysiue pour me souuenir d'eux, ie l'employeray à examiner ma vie passée, à corriger mes erreurs sans m'en estonner ny m'en repentir. Que i'auray de plaisir de me souuenir d'auoir fait du bien aux hommes auec ioye, d'auoir fait punir sans pitié ceux qui le meritoient. I'auray la consolation de n'auoir iamais rendu aucune personne criminelle qui ne le fut, & d'auoir mesme épargné ceux qui l'estoient. I'ay preferé la conseruation de l'Estat à toute autre consideration, i'ay tout sacrifié auec ioye à ses interests, & ie n'ay rien à me reprocher dans son administration; I'ay possedé sans faste; I'ay quitté auec facilité; Apres tout cela ne craignez pas pour moy, ie suis en seureté, & mon bien n'est pas au pouuoir de la Fortune. Ie suis heureuse quoy qu'il puisse arriuer, Sum fœlix tamen ô superi nullique potestas hoc aufere Deo. Oüy, ie la suis plus que personne, & ie la seray tousiours; Ie n'apprehende point cette Prouidence dont vous parlez: Omnia sunt propitia, soit qu'elle veüille prendre de soin de regler mes affaires, ie me soûmets auec le respect & la resignation que ie dois à ses volontez, soit qu'elle me laisse la conduite de moy mesme, i'y employeray ce qu'elle m'a donné de facultez dans l'ame & dans l'entendement pour me rendre heureuse, & ie la seray tant que ie seray persuadée que ie ne dois rien craindre, ny des hommes ny des Dieux. I'employeray ce qui me reste de vie à me familiariser ces pensées, à me fortifier l'ame, & à regarder du port les tourmens de ceux qui sont agitez dans la vie par les orages que l'on y souffre à faute d'auoir appliqué l'esprit à ces pensées. Ne suis-Je pas digne d'enuie dans l'estat où ie suis? I'aurois sans doute trop d'enuieux si mon heur étoit connu; Vous m'aimez assez pour ne me l'enuier pas, & ie le merite puis que i'ay l'ingenuité de confesser que ie tiens vne partie de ces sentimens de vous; Ie les ay appris dans vos entretiens, & i'espere de les cultiuer vn iour auec vous dans mon loisir. Ie m'assure que vous ne pourrez manquer de parole, & que vous ne cesserez pas dans ce changement d'estre mon amy, puis que ie ne quitte rien de ce qui est digne de vostre estime; Ie vous conserueray en quelque estat que ie sois mon amitié, & vous verrez qu'aucun changement ne peut suruenir qui puisse alterer les sentimens dont ie fais gloire. Vous sçauez tout cela, & vous voyez sans doute que la plus grande assurance que ie vous puisse donner de moy, est celle de me dire que ie seray tousiours,
CHRISTINE.

With modernised spelling (date error untouched):

De Västerås, le 5 mars 1654.
Je vous ai rendu conte autrefois des raisons qui m'ont obligée à perséverer dans le dessein de mon abdication. Vous savez que cette fantaisie m'a duré longtemps et que ce n'est qu'après y avoir pensé huit ans que je me suis résolue de l'exécuter, et il y en a pour le moins cinq que je vous ai communiqué cette résolution; et je voyais alors que c'était votre affection et l'intérêt seul que vous preniez pour ma fortune qui vous obligeaient à me résister, malgré les raisons que vous ne pouviez condamner, puisqu'il ne se trouvait rien dans cette pensée qui fut indigne de moi. Vous savez ce que je vous ai dit sur ce sujet la dernière fois que j'eus la satisfaction de vous entretenir. Dans un si long espace de temps, tous les incidents ne m'ont jamais fait changer. J'ai réglé toutes mes actions à ce but, et je les ai conduites à la fin sans balancer.

A cette heure, que je suis prête d'achever mon rôlet pour me rétirer derrière le théâtre, je ne m'inquiète point du plaudite. Je sais que la scène que j'ai représentée n'a point été composée selon les lois communes du théâtre. Il est malaisé que ce qu'il y a de fort, de noble et de vigoureux puisse plaire. Je permets néanmoins à un chacun d'en juger selon son génie; je ne leur puis ôter la liberté, et je ne le voudrais pas même quand il serait en mon pouvoir. Je sais qu'il y en aura peu qui en jugeront favorablement, et je m'assure que vous êtes de ce nombre. Le reste des hommes ignorent mes raisons et mon humeur, puisque je ne me suis jamais déclarée à personne qu'à vous et à un autre ami, qui a l'âme assez grande et belle pour en juger de même que vous. Satis est unus, satis est nullus.

Je méprise le reste, et je ferais honneur à celui de la troupe que j'estimerais assez ridicule pour m'en divertir. Je ne prendrai jamais la peine de leur faire mon apologie, et dans le grand loisir que je me prepare, je ne serai jamais assez oisive pour me souvenir d'eux. Je l'employerai à examiner ma vie passée, à corriger mes erreurs sans m'en étonner, ni m'en repentir. Que j'aurai de plaisir de me souvenir d'avoir fait du bien aux hommes avec joie, d'avoir fait punir sans pitié ceux qui le méritaient! J'aurai la consolation de n'avoir jamais rendu aucune personne criminelle qui ne le fut et d'avoir même épargné ceux qui l'étaient! J'ai préféré la conservation de l'État à toute autre considération, j'ai tout sacrifié avec joie à ses intérêts; et je n'ai rien à me reprocher dans son administration. J'ai possédé sans faste, j'ai quitté avec facilité. Après tout cela, ne craignez pas pour moi; je suis en sûreté, et mon bien n'est pas au pouvoir de la fortune. Je suis heureuse, quoiqu'il puisse arriver. Sum fœlix tamen o superi, nullique potestas, hoc offere Deo.

Oui, je la suis plus que personne, et je la serai toujours. Je n'appréhende point cette providence dont vous parlez. Omnia sunt propitia, soit qu'elle veuille prendre de soin de régler mes affaires. Je me soumets avec le respect et la résignation que je dois à ses volontés, soit qu'elle me laisse la conduite de moi-même. J'y employerai ce qu'elle m'a donné de facultés dans l'âme et dans l'entendement pour me rendre heureuse, et je la serai tant que je serai persuadée que je ne dois rien craindre, ni des hommes, ni des dieux. J'employerai ce qui me reste de vie à me familiariser ces pensées, à me fortifier l'âme, et à regarder du port les tourments de ceux qui sont agités dans la vie par les orages que l'on y souffre à faute d'avoir appliqué l'esprit à ces pensées.

Ne suis-je pas digne d'envie dans l'état où je suis? J'aurais sans doute trop d'envieux si mon heur était connu. Vous m'aimez assez pour ne me l'envier pas, et je le mérite puis que j'ai l'ingénuité de confesser que je tiens une partie de ces sentiments de vous. Je les ai appris dans vos entretiens, et j'espère de les cultiver un jour avec vous dans mon loisir. Je m'assure que vous ne pourrez manquer de parole et que vous ne cesserez pas dans ce changement d'être mon ami, puisque je ne quitte rien de ce qui est digne de votre estime. Je vous conserverai, en quelque état que je sois, mon amitié, et vous verrez qu'aucun changement ne peut survenir qui puisse altérer les sentiments dont je fais gloire. Vous savez tout cela, et vous voyez sans doute que la plus grande assurance que je vous puisse donner de moi est celle de [vous] dire que je serai toujours
Christine.

Copy of the letter (from the Swedish National Archives):

A Upsal Le 27 de febr. 1654.
Je vous ay rendu conte autre fois des raisons qui m'ont obligee de perseverer Dans le Desseing de mon abdication. vous Saves que cette fantasie m'a Durée longtemps, et que ce n'est qu'apres y avoir pensé huit ans, que ie me suis resolue de l'executer.

Il y en a pour le moins cinq que ie vous ay communiquée cette resolution, et ie voyois lors que c'estoit vostre pure affection, et l'interest que vous prenies en ma fortune, qui vous obligeoient a me resister, malgré les raisons que vous ne pouvies condemner, quelque peine que vous prinsies a m'en dissuader. J'avois plaisir de voir que vous ne treuvies rien dans cette pensée qui fust indigne de moy, vous saves ce que ie vous ay dit sur ce Suiet, la derniere fois que i'ay eu la Satisfaction de vous entretenir. dans l'espace d'un si long temps tous les incidents ne m'ont jamais fait changer. i'ay reglé toutes mes actions a ce but, et ie les ay Conduites a la fin Sans ballancer. A cest heure que je suis preste d'achever mon roollet, pour me retirer derriere le theatre, ie ne m'inquiete pas du Plaudite. Je scay bien que la Scene que iay representée n'a pas esté composée Selon les loix communes du theatre; il est malaisé que ce qu'il y a de fort, de masle, et de Vigoureux puisse plaire. Je permets a chacun d'en juger Selon son genie. Je ne leur puis oster cette Liberté, et ie ne le voudroy pas meme, quand il Seroit en mon pouvoir. Il y en aura peu qui en iugeront favorablement: et ie m'asseure que vous estes de ce nombre.

Le reste des hommes ignore mes raisons et mon humeur, et ie ne me suis iamais declarée a personne qu'a vous, & a un autre amis qui a l'ame asses grande et belle, pour en juger de meme que vous. Sufficit unus, sufficit nullus. Je meprise le reste: et ie feroy honneur a celuy de la troupe que i'estimeroy asses ridicule pour m'en divertir. Je ne prendray iamais la peine de leur faire Mon apologie; et dans le grand loisir que ie me prepare, ie ne Seray iamais asses oisive pour me Souvenir d'eux. Je l'employeray a examiner ma vie passée, a corriger mes erreurs, sans m'en repentir ny m'en estonner.

Que i'auray de plaisir a me souvenir d'avoir fait du bien aux hommes aveq ioye; D'avoir puny sans pitié ceux qui le meritoient! J'aurois de la consolation de n'avoir rendu personne criminelle, qui ne le fust! et D'avoir meme espargne Ceux qui l'estoient! J'ay præferé la Conservation de l'Estat, a toute autre Consideration. J'ay tout sacrifié aveq ioye a ses interests; et je n'ay rien a me reprocher dans son administration. J'ay possedé sans faste: ie quite aveq facilité. Apres tout cela ne craignez pas pour moy. Je suis en Seureté et mon bien n'est pas au pouvoir de la fortune. Je suis heureuse quoy qu'il puisse arriver.

Sum felix tamen, o superi, nullique potestas Hoc auferre Deo.

Ouy! ie le suis plus que personne et ie le seroy tous iours. Je n'apprehende point cette providence dont vous me parles. Omina sunt propitia. Soit qu'elle veuille prendre la peine de reigler mes affaires: ie me soubmets aveq le respect et la Resignation que ie doibs à ses voluntés. Soit qu'elle me laisse la Conduite de moy meme; i'employeray ce qu'elle m'a donné de facultes dans l'ame, et dans l'entendement pour me rendre Heureuse, & ie le Seray tant que ie Seray persuadée, que ie ne doibs rien craindre, ny des hommes ny de Dieu. J'employeray ce qui me reste de vie, a me familiariser ces pensées a me fortifier l'ame, et regarder du port les tourments de Ceux qui sont agitez dans la vie par les Orages, que l'on y souffre a faute d'avoir applique l'esprit a ces pensées. Ne suis ie pas digne d'Envie dans l'estat où ie suis? i'auroy sans doubte trop d'envieux, si mon bonheur estoit commun. vous m'aimez pour tant asses pour ne me l'envier pas, et ie le merite, puisque iay l'ingenuité de confesser que ie tiens une partie de ces Sentiments de vous. Je les ay apprins dans vos entretiens, et i'espere de les cultiver un jour aveq vous Dans mon loisir. Je m'asseure que vous ne pouviez manquer de parolle, et que vous ne cesseres pas dans ce changement d'estre mon amis, quisque je ne quitte rien, qui est digne de vostre estime. Je vous conserveray en quelque estat que je soy mon amitié, et vous verres qu'aucun changement ne peut survenir qui puisse alterer les Sentiments dont je fay gloire. vous Scaves tout cela, et vous voyez sans doubte, que la plus grande asseurance que ie vous puisse donner de moy est celle de vous dire que ie Seray tousjours.
Christine.

A Monsieur l'Ambassadeur de France Chanut.

Chanut's transcript of the letter:

Je vous ay rendu compte autresfois des raisons, qui m'ont obligée de perseverer dans le dessein de mon Abdication, vous sçavez que cette fantaisie m'a duré long temps, & que ce n'est qu'apres y avoir pensé huit ans, que je me suis resoluë de l'executer, il y en a pour le moins cinq que je vous ay communiqué cette resolution, & je voyois alors, que c'estoit vostre affection, & l'interest seul que vous preniez pour ma fortune, qui vous obligeoient à me resister, malgrè les raisons que vous ne pouviez condamner, quelque peine que vous prissiez, à m'en dissuader, j'avois plaisir de voir que vous ne trouviez rien en cette pensée, qui fust indigne de moy, vous sçavez ce que je vous ay dit sur ce sujet la derniere fois, que j'ay eu la satisfaction de vous entretenir dans l'espace d'un si long temps, tous les incidens ne m'ont jamais fait changer, j'ay reglé toutes mes actions à ce but, & je les ay conduites à la fin sans balancer, à cette heure que ie suis preste d'achever mon rollet pour me retirer derriere le Theatre, je ne m'inquiete point du Plaudite, je sçay que la Scene que i'ay representée n'a pas esté composée selon les Loix communes du Theatre, il est malaisé que ce qu'il y a de fort, de masle, & de vigoureux puisse plaire, ie permets à chacun d'en iuger selon son Genie, ie ne leur puis oster cette liberté, & ie ne le voudrois pas mesme quand il seroit en mon pouvoir, ie sçay qu'il y en aura peu qui en iugeront favorablement, & ie m'asseure que vous estes de ce nombre, le reste des hommes ignorent mes raisons, & mon humeur, puisque ie ne me suis jamais declarée à personne qu'à vous, & à un autre amy qui a l'ame assez grande, & belle pour en iuger de mesme que vous, Sufficit unus, sufficit nullus. Je meprise le reste, & ie ferois honneur a celuy de la troupe, que i'estimerois assez ridicule pour m'en divertir, ie ne prendray iamais la peine de leur faire mon Apologie, & dans le grand loisir que ie me prepare, ie ne seray jamais assez oysive pour me souvenir d'eux, ie l'employeray à examiner ma vie passée, & corriger mes erreurs sans m'en repentir, ni m'en estonner. Que i'auray de plaisir à me souvenir d'avoir fait du bien aux hommes avec ioye! d'avoir puny sans pitié ceux qui le meritoient, i'auray de la consolation de n'avoir rendu personne criminel, qui ne le fust, & d'avoir mesme espargné ceux qui l'estoient, j'ay preferé la conservation de l'Estat à toute autre consideration, i'ay tout sacrifié avec ioye à ses interests, & ie n'ay rien à me reprocher dans son administration, i'ay possedé sans faste, ie quitte avec facilité, apres cela ne craignez pas pour moy, ie suis en seureté, & mon bien n'est pas au pouvoir de la fortune, ie suis heureuse quoy qu'il puisse arriver

Sum fœlix tamen ô superi nullique potestas
Hoc offerre Deo.

Oüy ie le suis plus que personne, & ie le serois tousiours, ie n'apprehende point cette Providence dont vous me parlez, Omnia sunt propitia, soit qu'elle veüille prendre la peine de regler mes affaires, ie me soûmets avec le respect, & la resignation que ie dois à ses volontez, soit qu'elle me laisse la conduite de moy-mesme, i'y employeray ce qu'elle m'a donné de facultez dans l'ame, & dans l'entendement pour me rendre heureuse, & ie le seray tant que ie seray persuadée, que ie ne dois rien craindre ni des hommes, ni de Dieu, j'employeray ce qui me reste de vie à me familiarizer ces pensées, à me fortifier l'ame, & à regarder du port les tourmens de ceux qui sont agitez dans la vie, par les orages que l'on y souffre à faute d'avoir appliqué l'esprit à ces pensées, ne suis-je pas digne d'envie? Dans l'estat où je suis, j'aurois sans doute trop d'envieux si mon bon-heur estoit connu, vous m'aymez pourtant assez pour ne me l'envyer pas, & je le merite, puisque j'ay l'ingenuité de confesser que je tiens une partie de ces sentimens de vous, je les ay appris dans vos entretiens, & j'espere de les cultiver un jour avec vous dans mon loisir, je m'asseure que vous ne pouviez manquer de parole, & que vous ne cesserez pas dans ce changement d'estre mon amy, puis que je ne quitte rien de ce qui est digne de vostre estime, je vous conserveray, en quelque estat que je sois mon amitié, & vous verrez qu'aucun changement ne peut survenir, qui puisse alterer les sentimens dont je fais gloire, vous sçavez tout cela, & vous croyez sans doute que la plus grande asseurance que je vous puisse donner de moy est celle de vous dire que je seray tousiours.
CHRISTINE.

With modernised spelling:

Je vous ai rendu compte autrefois des raisons qui m'ont obligée de perséverer dans le dessein de mon abdication. Vous savez que cette fantaisie m'a duré longtemps et que ce n'est qu'après y avoir pensé huit ans que je me suis résolue de l'exécuter, il y en a pour le moins cinq que je vous ai communiqué cette résolution, et je voyais alors que c'était votre affection et l'intérêt seul que vous preniez pour ma fortune qui vous obligeaient à me résister. Malgré les raisons que vous ne pouviez condamner, quelque peine que vous prissiez à m'en dissuader, j'avais plaisir de voir que vous ne trouviez rien en cette pensée qui fut indigne de moi. Vous savez ce que je vous ai dit sur ce sujet la dernière fois que j'ai eu la satisfaction de vous entretenir dans l'espace d'un si long temps. Tous les incidents ne m'ont jamais fait changer; j'ai réglé toutes mes actions à ce but, et je les ai conduites à la fin sans balancer.

A cette heure, que je suis prête d'achever mon rôlet pour me retirer derrière le théâtre, je ne m'inquiète point du plaudite. Je sais que la scène que j'ai représentée n'a pas été composée selon les lois communes du théâtre, il est malaisé que ce qu'il y a de fort, de mâle, et de vigoureux puisse plaire. Je permets à chacun d'en juger selon son génie. Je ne leur puis ôter cette liberté, et je ne le voudrais pas même quand il serait en mon pouvoir. Je sais qu'il y en aura peu qui en jugeront favorablement, et je m'assure que vous êtes de ce nombre. Le reste des hommes ignorent mes raisons et mon humeur, puisque je ne me suis jamais déclarée à personne qu'à vous et à un autre ami, qui a l'âme assez grande et belle pour en juger de même que vous. Sufficit unus, sufficit nullus.

Je méprise le reste, et je ferais honneur à celui de la troupe que j'estimerais assez ridicule pour m'en divertir. Je ne prendrai jamais la peine de leur faire mon apologie, et dans le grand loisir que je me prépare, je ne serai jamais assez oisive pour me souvenir d'eux. Je l'employerai à examiner ma vie passée et corriger mes erreurs sans m'en repentir, ni m'en étonner. Que j'aurai de plaisir à me souvenir d'avoir fait du bien aux hommes avec joie, d'avoir puni sans pitié ceux qui le méritaient! J'aurai de la consolation de n'avoir rendu personne criminel qui ne le fut, et d'avoir même épargné ceux qui l'étaient! J'ai préferé la conservation de l'État à toute autre consideration. J'ai tout sacrifié avec joie à ses intérêts, et je n'ai rien à me reprocher dans son administration. J'ai possédé sans faste, je quitte avec facilité; après cela, ne craignez pas pour moi. Je suis en sûreté, et mon bien n'est pas au pouvoir de la fortune. Je suis heureuse, quoiqu'il puisse arriver. Sum fœlix tamen o superi, nullique potestas, hoc offerre Deo.

Oui, je le suis plus que personne, et je le serais toujours. Je n'appréhende point cette providence dont vous me parlez. Omnia sunt propitia, soit qu'elle veuille prendre la peine de régler mes affaires. Je me soumets avec le respect et la résignation que je dois à ses volontés, soit qu'elle me laisse la conduite de moi-même. J'y employerai ce qu'elle m'a donné de facultés dans l'âme et dans l'entendement pour me rendre heureuse, et je le serai tant que je serai persuadée que je ne dois rien craindre ni des hommes, ni de Dieu. J'employerai ce qui me reste de vie à me familiariser ces pensées, à me fortifier l'âme, et à regarder du port les tourments de ceux qui sont agités dans la vie par les orages que l'on y souffre à faute d'avoir appliqué l'esprit à ces pensées. Ne suis-je pas digne d'envie?

Dans l'état où je suis, j'aurais sans doute trop d'envieux si mon bonheur était connu. Vous m'aimez pourtant assez pour ne me l'envier pas, et je le mérite, puisque j'ai l'ingénuité de confesser que je tiens une partie de ces sentiments de vous. Je les ai appris dans vos entretiens, et j'espère de les cultiver un jour avec vous dans mon loisir. Je m'assure que vous ne pouviez manquer de parole et que vous ne cesserez pas dans ce changement d'être mon ami, puisque je ne quitte rien de ce qui est digne de votre estime. Je vous conserverai, en quelque état que je sois, mon amitié, et vous verrez qu'aucun changement ne peut survenir qui puisse altérer les sentiments dont je fais gloire. Vous savez tout cela, et vous croyez sans doute que la plus grande assurance que je vous puisse donner de moi est celle de vous dire que je serai toujours
Christine.

Arckenholtz's transcript of the letter (he corrected Kristina's grammar and spelling):

Je vous ai rendu compte autrefois des raisons qui m'ont obligé de perséverer dans le dessein de mon abdication: Vous savez que cette fantaisie m'a duré long-tems, & que ce n'est qu'après y avoir pensé huit ans, que je me suis résoluë de l'exécuter. Il y en a pour le moins cinq que je vous ai communiqué cette résolution, & je vis alors, que c'étoit votre pure affection & l'intérêt seul que vous préniez en ma fortune, qui vous obligeoient à me résister malgré les raisons que vous ne pouviez condamner, quelque peine que vous prissiez pour m'en dissuader. J'avois plaisir de voir que vous ne trouviez rien dans cette pensée qui fut indigne de moi. Vous savez ce que je vous ai dit sur ce sujèt la dernière fois que j'eus la satisfaction de vous entretenir. Dans l'espace d'un si long-tems tous les incidens ne m'ont jamais fait changer: j'ai réglé toutes mes actions sur ce but, & je les ai conduites à cette fin, sans balancer à cette heure, que je suis prête d'achever mon rolle pour me retirer derrière le théatre. Je ne m'inquiéte point du Plaudite. Je sais que la scène que j'ai représentée n'a pû être composée selon les loix communes du théatre. Il est malaisé que ce qu'il y a de fort, de mâle & de vigoureux puisse plaire. Je permets à chacun d'en juger selon son génie; je ne leur puis ôter cette liberté, & je ne le voudrois pas même quand il seroit en mon pouvoir. Je sais qu'il y en aura peu qui en jugeront favorablement, & je m'assûre, que vous étes de ce nombre. Le reste des hommes ignore mes raisons & mon humeur, puisque je ne me suis jamais déclarée à personne qu'à vous & à un autre ami, qui a l'ame assez grande & belle pour en juger de même que vous. Sufficit unus, sufficit nullus. Je méprise le reste, & je ferois honneur à celui de la troupe que j'estimerois assez ridicule pour m'en divertir. Ceux qui éxamineront cette action selon les maximes, qui sont établies communément parmi les hommes, la blâmeront sans doute? Mais je ne prendrai jamais la peine de leur faire mon apologie. Et dans le grand loisir que je me prépare, je ne serai jamais assez oisive pour me souvenir d'eux. Je l'emploïerai à éxaminer ma vie passée & à corriger mes erreurs sans m'en étonner ni m'en repentir. Que j'aurai de plaisir à me souvenir d'avoir fait du bien aux hommes avec joïe, & d'avoir puni sans pitié ceux, qui le méritoient! j'aurai de la consolation de n'avoir rendu personne criminel, qui ne le fut, & d'avoir épargné même ceux qui l'étoient; J'ai préféré la conservation de l'Etat à toute autre considération, j'ai tout sacrifié avec joïe à ses intérêts, & je n'ai rien à me reprocher dans son administration. J'ai possédé sans faste, je quitte avec facilité. Après tout cela, ne craignez pas pour moi. Je suis en sûreté, & mon bien m'est pas au pouvoir de la fortune, je suis heureuse, quoiqu'il puisse arriver.

Sum tamen, ô superi, felix nullique potestas,
Hoc auferre Deo.

Oui je le suis plus que personne, & je le serois toûjours; je n'apréhende point cette providence dont vous me parlez. Omnia sunt propitia. Soit qu'elle veuille prendre la peine de régler mes affaires, je me soumets avec le respect & la résignation que je dois à ses volontés; soit qu'elle me laisse la conduite de moi-même, j'emploïerai ce qu'elle m'a donné de facultés dans l'ame & dans l'entendement pour me rendre heureuse. Et je le serai tant que je serai persuadée que je ne dois rien craindre ni des hommes ni de Dieu. J'emploïerai ce qui me reste de vie à me familiariser avec ces pensées, à me fortifier l'ame, & à regarder du port le tourment de ceux qui sont agités dans la vie par les orages qu'on y souffre, faute d'avoir appliqué l'esprit à ces pensées. Ne suis-je pas digne d'envie dans l'état où je suis; j'aurois sans doute trop d'envieux si mon bonheur étoit connu. Vous m'aimez pourtant assez pour ne me l'envier pas, & je le mérite, puisque j'ai l'ingénuité de confesser, que je tiens une partie de ces sentimens de vous; Je les ai appris dans vos entretiens, & j'espère de les cultiver un jour avec vous dans mon loisir. Je m'assure que vous ne pouviez manquer de parole & que vous ne cesserez pas dans ce changement d'étre mon ami, puisque je ne quitte rien de ce qui est digne de votre estime. Je vous conserverai, en quelque état que je sois, mon amitié, & vous verrez qu'aucun changement ne peut survenir, qui puisse altérer les sentimens dont je fais gloire. Vous savez tout cela, & vous croïez sans doute que la plus grande assurence que je vous puisse donner de moi est celle de vous dire que je serai toûjours
CHRISTINE.
Westeråhs le 28. Févr. 1654.

Italian translation (from Arckenholtz 4, appendix):

Io vi hò reso conto altre volte delle ragioni le quali mi hanno obligata di perservare nel disegno della mia abdicazione. Voi sapete che questo desiderio mi hà continuato lungo tempo, e ch' io non mi sono risoluta di metterlo in essecuzione, che dopo havervi pensato lo spazio di otto anni. Sono almeno cinque, che vi hò communicata questa mia risoluzione, ed io connobbi all' hora, che il vostro affetto, e l'interesse che prendete nella mia fortuna era quel solo, che vi obligava a farmi resistenza, malgrado le ragioni che non potevate condannare, poiche non vi era cosa in questo mio pensiero, che fosse indegna della una persona. Voi sapete quello vi hò detto sopra questo soggetto l'ultima volta che hebbi il contento di trattenermi con voi. In si lungo spazio di tempo tutti gli accidenti occorsi non mi han giamai potuto far mutar parere. Io hò regolato tutte le mie azzioni a questo fine, e le hò pure condotte alla fine senza havere occasione di metterle in bilancia. Hora che mi trovo pronta di dar sine a questa mia condotta per ritirarmi dietro il Teatro, io non mi curo punto d'applauso. Sò che la Scena che hò representato non è stata composta conforme le leggi comuni di Teatro. E' cosa difficile che possano piacere le cose forti, virili e vigorose. Io permetto nientedimeno a tutti di farne quel giudizio, che più li piace. Hora posso levar loro questa libertà, ne lo farei quando anche lo potessi. Sò che pochi ne faran buon giudizio: mi assicuro però, che voi sarete uno di questi. Tutti gli huomini non conoscendo le mie ragioni, ne il mio humore, poiche io non mi sono mai dichiarata con altri, che con voi, può concorrere ancora nel vostro medesimo giudizio. Satis est unus, satis est nullus. Io non fò conto del resto, e farò honore a quello della truppa, che io giudicherò abastanza ridicolosa per divertirmene. Non mi prenderò mai fastidio di formar loro l'apologia di me stessa: e nel gran comodo, che io mi vado preparando, non sarò giamai tanto oziosa, che habbia a sovenirmi di loro. Impiegherò questo comodo ad essaminare la mia vita passata, corregere i miei errori senza pentirmi di quella, ne maravigliarmi di questi. Mi sarà di non poco contento il ricordarmi d'haver fatto con lieta faccia del ben agli huomini, e d'haver gastigato senza pietà quelli che ne erano meritevoli. Nè sarà minore la mia consolazione nel conoscer di non haver reso colpevole alcuno, che non lo fosse, e d'haver medesimamente risparmiato qualch' errore a quelli che vi erano. Io hò anteposta sempre la conservazione dello stato a tutte le altre considerazioni. Con ogni allegrezza hò sacrificato tutto agl'interessi del medesimo, e non vi è cosa alcuna della quale io habbia a rimproverarmi nella sua amministrazione. Hò posseduto senza fasto. Lascio senza difficoltà. Doppo tutto questo non dubitate punto di me. Io son sicura, ed il mio bene non è in mano della fortuna. Sono felice, succeda che si voglia.

Sum tamen, o Superi felix nullique potestas
Hoc auferre Deo.

Si, sono la più parte felice, che viva, e vi sarò in eterno. Io non temo punto questa Providenza, della quale voi mi parlate: Omnia sunt propitia; ancorche ella voglia prendersi cura di regolare i miei affari, ni sottometto però con il rispetto e rassegnazione che devo a suoi voleri: ancorche ella mi lasci la libertà di me medesima, impiegherò la facoltà ch' ella mi hà concessa nell' animo, e nell' intendimento per rendermi contenta, e vi sarò sino che potrò persuadermi di non dubitar punto nè degli huomini, nè degli Dei. Impiegherò il restante della mia vita a farmi famigliari questi pensieri, a fortificarmi l'animo, e a riguardare dal porto li travagli di quelli, che sono agitati nel camino dalle tempeste, le quali si patiscano, perche non s'applica l'animo a questi pensieri.

Non sono io dunque degna d'invidia nello stato in che mi rirovo? haverèi per certo tropo d' invidiosi se fosse consciuta la mia felicità. Voi mi amate però molto per non invidiarmi, ed io lo merito, poiche ingenuamente posso confessar di credere in voi una gran parte di questi sensi. Io li hò imparati con la vostra pratica, e spero di coltivarli un giorno con voi anche con minor comodo. Mi assicuro che voi non potete mancar di parola, e che non cesserete in queste mutazioni d'essermi amico, poiche io non lascio cosa alcuna, che sia degna della vostra estimazione. Vi conserverò in ogni stato, che io mi ritrovi la mia amicizia, e voi vedrete, che non può sopravenire alcuna mutazione, che possa alterare i sentimenti de' quali io mi glorio. Voi sapete tutto questo, e credetemi, che la più grand' osservanza, che io possa darvi di me, è quella di dirvi, che io sarò per sempre.
CHRISTINA.

Dutch translation (from Hollandsche Mercurius):

Ick hebbe U voor desen de redenen geseydt, welcke my bewoghen hebben om te blijven in het voornemen van myn afstandt van de Croone. Ghy weet dat dese fantasie langen tijt in my gheweest is, ende dat het niet anders geschiet, als na dat ick acht Iaren langh daer op ghedacht hebbe, dat ick gheresolveert ben 't selfde te executeren. Het zyn ten minsten vyf jaren, dat ik dese resolutie U ghecommuniceerdt hebbe, ende ick sagh alsdan, dat het uwe pure affectie was, ende het interest 't welck ghy naemt in myn Fortuyne, die U obligeerden my teghen te spreken, ja selfs, tegens de redenen, de welcke Gy niet en kost veroordeelen. Het zy wat moeyte dat Ghy naemt om my daer van af te raden, nam ick geneuchte te sien dat gy niet met allen in dese overdenckinge vondt, 't welck my onweerdigh konde zyn. Ghy weet 't gheene ick U over dese saecke gheseyt hebbe de laetste-mael wanneer ick satisfactie hadde om U te onderhouden. Alle de dingen dieder voor-gevallen zyn in soo langhen tijt, hebben nimmermeer my doen veranderen. Ick heb alle mijne Actien ghereguleert na dat Wit, inde de selve na dat eynde geleyt, sonder balanceren. Nu ick gereet ben mijn personagie af te spelen, om my achter het Tonneel te retireren, en quelle ick mijn selven niet met Plaudite. Ick weete wel dat het Tonneel-Spel 't welck ick gepresenteert hebbe, niet en is ghemaeckt gheweest volgende de ghemeene Wetten van het Tonneel. Het is beswaerlijck, dat eenighe groote manhaftigheyt en kloeckmoedigheydt daer in zijnde, behaeghlyck kan zijn: Ick late yder een daer van oordeelen na sijn verstant: Ik kan haer de vryheyt niet ontnemen, ende ick soude het oock niet willen doen, wanneer het in mijn macht ware. Ick wete wel, datter weynigh persoonen sullen zyn, dieder favorabel van sullen oordeelen, ende ick verseeckere my, dat Ghy van dat getal zyt. De andere Menschen en weten mijn redenen en de humeur niet, ende ick hebbe aen niemandt my oock verklaerdt, als aen U, ende aen een andere Vriendt, die een groot ende heerlyck gemoedt genoegh heeft, om daer van te oordeelen, gelyck Ghy. Sufficit unus. Sufficit nullus. Ick vraghe nae de andere niet, ende ick soude yemant van dien hoop eere aen doen dien ick belachelyck genoech soude oordeelen, om my daer van te diverteeren. Ick sal nimmermeer de moeyte nemen, om myn verantwoordinghe haer te doen, ende in de groote ledicheydt die ick mijn selven toe-bereyde, sal ick nimmermeer tydts genoech hebben, om haer te ghedencken. Ick sal de selfde besteden om mijn gepasseerden tijt te examineren, om mijne dwalinghen te verbeteren, sonder my te berouwen ende te verwonderen, dat ick playsier sal hebben te ghedencken dat ick eenighe Menschen goet gedaen hebbe met vreuchde; dat ick sonder barmherticheyt gestraft hebbe den ghene, die het verdiende. Ick sal myn vertroosten, dat ick niemanden crimineel gemaeckt hebbe, die het niet en was, ende dat ick oock gespaert hebbe die het waren. Ick hebbe de behoudenisse van de Staet geprefereert voor alle andere consideratien. Ik hebbe altoos des selfde Interesten met blijdtschap gesacrifieert, ende daer is niet waer in ick te beschuldigen ben in de bedieninge des selfde. Ick hebbe sonder hoveerdye ghepossedeert, ende ick verlate met lichtigheyt. Na dat, en vreest voor my niet, Ick ben in verseeckertheyt, ende mijn welvaren en bestaet niet in perijckel vande Fortuyne. Ick ben geluckig, 't zy wat my soude mogen over komen, Sum fœlix tamen o Superi, nullique potestas, hoc auferre Deo. Ia ick ben gheluckigh, meer dan eenige persoon, ende sal altoos gheluckigh zyn. De voorsienigheyt, daer ghy my van spreeckt, en bekommert my niet. Omnia sunt propitia, het zy datse de moeyte wil nemen mijne affairen te regleren, submittere ick mijn selven met respect en de resignatie onder haer wille: het zy datse het beleydt van mijn selven aen my late; sal ick altoos imployeren de faculteyten diese in myn herte ende verstant gegeven heeft, om mijn ghelucksaligh te maken, ende ick sal het zyn, soo langhe als ick gepersuadeert sal zyn, dat ick niet behoore te vreesen, noch van menschen, noch Godt. Het ghene my noch des levens resteert, sal ick besteden om dese overdenckingen my familiaer te maecken, om mijn ziel te verstercken ende uyt de Haven te aenschouwen de tormenten van den genen de welcke in het leven gedreven worden door de tempeesten die men daer lijt, door gebrek datse haer herte tot dese overdenckinghen niet geappliceert hebben. Ben ick niet weerdig om benijt te worden in de Staet daer ick in ben? Ick soude voorwaer van al te veel menschen benyt worden, indien myn geluksaligheyt bekent ware. Ghy bemint my nochtans genoeg, om my het selfde niet te benyden, eñ ick meritere het, dewyl ick de openhertigheydt hebbe te bekennen, dat ick een gedeelte van dit gevoelen van U hebbe. Ick hebbe de selfde vernomen in Uwe Discoursen, ende ick hoope eenmael wanneer ick ledigen tijt sal hebben, deselfde met U te bouwen. Ick verseeckere my, dat ghy niet kondt mankeeren in U Woort, ende dat gy niet ophouden sult in dese veranderinge mijn Vrient te syn, dewyl ick niet en abandonnere 't welck uwe Reputatie weerdich is. Ick sal U myn Vrientschap conserveren, het zy in wat Staet dat ick soude mogen syn, eñ Ghy sult sien datter geen veranderinge kan voor-vallen, dewelcke dit gevoelen kan veranderen, waer van ick Glorie make. Gy weet dit alles, ende gy gelooft sonder twijffel, dat de grootste versekertheyt die ick U kan geven van Mijn selven, is, om U te seggen, dat ick altoos sal zyn.
CHRISTINA.

Translation into reconstructed Early Modern Swedish (my own, with period spellings):

Jagh gaff Edher en gångh räkenskap på raisonerne som hafwe migh obligerat att perseverera uthi desseinen för min abdication: I weten att dhenna fantasie har wahrat migh länge och att dhet war först effter att hafwa tänckt dherpå i åtta åhr att jagh resolverade migh för att executera dhen. Dhet är åtminstone fem åhr sedhan jagh communicerade dhenna resolution medh Eder, och jagh såg att dhet war Eder pure affection och dhet enda interesse som I toghen i min fortune, som obligerade Edher att resistera migh emot dhe skiel som I kunde eij condemnera, hwilcket beswär I toghen för att affskräckia migh. Jagh hade plaisir att see att I icke funnen någhot uthi dhenna tancke som inte war migh wärdigh. I weten hwadh jagh sadhe om dhetta subjectum förra gången jag hadhe satisfactionen att underholla Edher. Under så långh tijdh hafwe alla incidenter aldrigh fått migh att changeras: jagh har reglerat alla mina actioner för dhetta måhl, och jagh har conducerat dhem till dhenne ende, uthan att wackla widh denne timme, att jagh ähr beredd för att affsluta min roll för att retirera migh bakom theatrum. Jagh inquieterar migh eij för plaudite. Jagh wet att speelen som jagh har repræsenterat inte kunde componeras effter wahnliga laghar theatri. Dhet ähr migh beswärlighit att hwadh som ähr starckt, manhafftight och vigeureus kan behagha. Jagh tillåter hwariom och enom att judicera efter sitt genie; jagh kan ju inte tagha dhenna frijheet från dhem, och jagh wille intet giöra det äfwen när dhet låghe i min macht. Jagh weet att dhet kommer att finnas få som wille bedöma dhet favorabelt, och jag försäkrar migh att I ähren aff dhetta taal. Resten aff männen weet icke om mina raisoner och mitt humeur, efftersom jagh aldrigh har declarerat migh för någhon annan ähn Edher och een annan wän, som hafwer en siäl som ähr tillräckligit stoor och wacker för att judicera samma som I. Sufficit unus, sufficit nullus. Jag mepriserar resten, och jag skulle giöra honneur åth dhen troupe som jagh skulle estimera löijeligh nogh för att divertera dhen. Dhe som skole examinera dhenna action i eenligheet medh maximerne, som wahnlighen ähro etablerade blandt män, komme dhe uthan twijk att blasmera dhen? Men jagh skall aldrigh tagha beswäret att bedia dhem om ursächt. Och uthi dhen stora ledigheeten som jagh preparerar för migh sielff skall jagh aldrigh wara ledigh nogh för att komma ihugh dhem. Jagh skall employera dhen för att examinera mitt passerat lijff och corrigera mina fehl uthan att blifwa öfwerraskad eller ånghra. Hwilcken plaisir kommer jagh att hafwa att minnas att jagh har giort godt mot män med glädie och att jagh har straffat uthan medynckan dhem som meriterade dhet! Jagh skall hafwa trösten att intet hafwa giort någon till förbrytare, som intet war dhen, och att hafwa sparat äfwen dhe som woro dhet; jagh har præfererat statens conservation framför alla andra considerationer, jag offrade allt medh glädie åth dhess interessen, och jagh har inghet att reprochera migh för uthi dhess administration. Jag har possederat uthan fastus, jag lämbnar med lätthet. Effter allt dhetta, fruchten icke för migh. Jagh ähr i säkerheet och min wälmågo liggier eij i fortune, jag ähr lyckeligh, hwadh som ähn kunne skee.

Sum fœlix tamen o Superi, nullique potestas, hoc auferre Deo.

Ja jagh ähr dhet mehr än någhon annan, och dhet kommer jagh altijdh att wara; jagh fruchtar icke denna providentz som I talen till migh om. Omnia sunt propitia. Oansedt om hon will tagha sigh beswäret medh att reglera mina affairer submitterar jagh migh under hennes wilje medh respecten och resignationen hwartill jagh ähr skyldigh; antingen lämbnar hoon migh conduiten aff migh sielff, jagh skall employera det hon har gifwit migh faculteter hoos sielen och hoos förståndet för att giöra migh lyckeligh. Och jagh skall wara dhet så länge jagh ähr persuaderadh om att jagh eij skall fruchta någhontingh aff menniskior eller aff Gudhi. Jagh skall employera dhet som resterar aff mitt lijff för att giöra migh familiar medh dhessa tanckar, för att förstärckia min siäl och för att från hambnen see tourmenten hoos dhem som ähro agiteradhe i lifwet aff stormarne som man lijdher dher, uthi brist till effter att hafwa applicerat sinnet till dhessa tanckar. Ähr jagh intet wärdigh att afwundas uthi estaten jagh ähr i? Jagh wore uthan twijk afwundas för myckit wore min lycksaligheet kiänd. Endoch älsken I migh nogh för att icke afwundas migh, och jagh meriterar dhet, efftersom jagh har öppenhiertigheten att ehrkiänna, att jagh hafwer någhra aff dhessa sentimenter från Edher; jagh lärde migh dhem från Edre discurser, och jagh hoppas att kunna cultivera dhem en dagh medh Edher widh mina ledigha stundher. Jagh försäkrar migh att I icke kunnen manquera Edert ordh och att I skolen icke holla upp uthi dhenna changement att wara min wän, efftersom jagh eij quitterar någhot som helst som ähr wärdt Edher estime. Jagh skall conservera Edher, oansedt hwilcken estat jagh ähn ähr i, min wänskap, och I skolen see att inghen changement kan skee som kunne förändra dhe sentimenter som jagh glorierar migh öfwer. I weten allt dhetta, och I trooen uthan twijk att den största försäkran som jagh kan gifwa Edher aff mig sielff ähr att säga att jag altijdh skall wara
CHRISTINA.
Westeråhs dhen 28 Februarij Anno 1654.

Contemporary Swedish translation (my own):

Jag berättade en gång för Er om skälen som tvingade mig att fortsätta i utformningen av min abdikeringsavsikt. Ni vet att denna fantasi varade länge inom mig, och att det var först efter att ha tänkt på det i åtta år, att jag beslutade att utföra den. Det är åtminstone fem år som jag meddelade det här beslutet till Er, och jag såg då, att det var Er rena tillgivenhet och det intresse som Ni tar i min förmögenhet, som tvingade Er att motstå mig trots skälen till att Ni kunde inte fördöma vilken straff Ni tog för att avskräcka mig från den. Jag var glad att se att Ni inte fann något i den här tanken som var ovärdig för mig. Ni vet vad jag berättade för Er om det här ämnet förra gången då jag hade tillfredställelsen att tala med Er. På så lång tid har alla händelser aldrig fått mig att förändras: jag har satt alla mina åtgärder till detta mål och jag har lett dem till detta ändamål, utan att svänga på den här timmen, att jag är redo för att avsluta min roll för att dra mig tillbaka bakom teatern. Jag är inte orolig för applåderna. Jag vet att scenen som jag representerade inte kunde ha komponerats enligt teaterns vanliga lagar. Det är svårt för att behagas av de starka, de manliga och de kraftiga. Jag tillåter alla att bedöma efter deras förstånd; jag kan inte ta denna frihet från dem, och jag vill inte ha gjort det ens när det vore i min makt. Jag vet att det finns få som kommer att bedöma det positivt, och jag ser till att Ni är en av dem. Resten av männen känner inte till mina skäl och mitt humör, ty jag aldrig har förklarat mig för någon utom Er och för en annan vän, vars själ är stor och vacker nog för att döma detsamma som Ni gör. Sufficit unus, sufficit nullus. Jag föraktar resten, och jag skulle hedra truppen som jag anser löjlig nog att roa mig åt dem. De som kommer att undersöka denna åtgärd enligt de maximerna, som vanligtvis är etablerade bland män, kommer de utan tvekan att skylla den? Men jag kommer aldrig att bry mig om att berömma dem. Och i den stora fritiden som jag förbereder mig, kommer jag aldrig vara ledig att komma ihåg dem. Jag vill använda den för att undersöka mitt tidigare liv och korrigera mina misstag utan att bli förvånad eller omvänt. Hur lycklig jag skall våra att komma ihåg att jag har gjort gott mot män med glädje och att jag nådelöst har straffat dem som förtjänade det! Jag kommer att få tröst att jag inte har gjort någon till kriminell, som inte var den, och att jag skonat ens de som var den; jag föredrog rikets bevarandet framför alla andra övervägelser, jag offrade allt med glädje till dess intressen, och jag har inget att anklaga mig för i dess administration. Jag har ägt utan prakt, jag lämnar med lätthet. Efter allt detta, var inte rädd för mig. Jag är trygg, och min egendom har inte förmögenhet, jag är lycklig, vad som än sker.

Sum tamen, o superi, felix nullique potestas, hoc auferre Deo.

Ja, jag är det mer än någon annan, och jag kommer alltid att vara det; jag fruktar inte denna försyn som Ni talar till mig om. Omnia sunt propitia. Antingen vill den anstränga sig med att lösa mina affärer, ger jag efter med respekt och undergivenhet, som jag måste, för dess önskemål; eller att den lämnar mig självs beteende, jag vill använda de förmågorna som har getts mig i själen och i förståelsen för att göra mig lycklig. Och jag kommer att vara det så länge som jag är övertygad om att jag inte behöver vara rädd för någonting från män eller från Gud. Jag vill använda det som återstår i mitt liv för att bekanta mig med dessa tankar, för att förstärka min själ och för att se från hamnen plågan för dem som är upprörda i livet av stormarna som man lider där, i avsaknad av att ha använt sinnet på dessa tankar. Är jag inte värd att avundas i det tillstånd jag är i? Jag skulle tveklöst vara för avundsjuk om min lycka var känd. Ni älskar mig tillräckligt, dock för att inte avundas på mig, och jag förtjänar det, ty jag har uppriktigheten att erkänna, att jag har några av dessa känslor från Er; jag lärde dem i Era diskussioner, och jag hoppas att jag en dag kan odla dem med Er i mina lediga stunder. Jag ser till att Ni inte kan missa Ert ord och att Ni inte kommer att upphöra i denna förändring att vara min vän, eftersom jag lämnar inget som är värt Er uppskattning. Jag kommer att behålla min vänskap med Er, hur jag än är, och Ni kommer att se att ingen förändring kan ske som kan förändra de känslor som jag berömmer. Ni vet allt detta, och Ni tror förmodligen att den största försäkran att jag kan ge Er själv är att säga att jag skall alltid vara
Kristina.
Västerås den 28 februari 1654.

English translation (by Jacques Lacombe):

In our former conversations I explained to you those reasons which still induce me to persevere in my design of abdicating the throne. You will recollect how much this idea haunted me, and that eight years of deliberate reflection have preceded its execution. It is at least five years since I acquainted you with my intention, and I then discerned, that sincerity of affection, and the interest you take in my fortune, were the sole motives of that resistance you opposed to reasons you could not condemn, whatever pains you took to weaken their influence. I observed with pleasure, you could find nothing in my project unworthy of Christina; and you may likewise remember my words the last time I had the satisfaction of talking with you. Nothing that has happened within this long space of time has been able to shake my resolution. All my actions have been regulated on this plan, and conducted to this end; and I now find the conclusion of my part draws near, and that I shall soon drop the curtain. It is incomprehensible to me that a life which requires a masculine strength and vigour of mind can ever be pleasing to a woman! Every one enjoys the privilege of judging as his reason directs; I cannot deprive mankind of that liberty, nor would I, were it in my power. I know how few there are who will think favourably of this action, but I am well assured you are one of that number. The world is ignorant of my motives, and either little acquainted with, or misinformed of my character and disposition; those motives I never declared but to yourself and another friend, whose soul is noble and elevated enough to think in the same manner; sufficit unus, sufficit nullus: I despise the rest; and shall do the multitude great honour if I think them ridiculous enough to laugh at. Those who examine my conduct by the common maxims of mankind, will undoubtedly blame me; however, I shall not give myself the trouble of composing a vindication: in the total retreat from business which I now meditate, there will be no idle moments to throw away on such remembrances. My chief employment will be to examine my past life, without regretting I have lived; and to correct my errors, without being astonished at their multiplicity. What delight shall I taste in reflections upon the good; and on having punished, without commiseration, those alone who were incorrigible in wickedness! I shall enjoy the sweet consolation of never having suffered prejudice to mislead me to condemn the innocent; nay, I have even spared the guilty when their crimes would admit of mercy! The prosperity of my people I have always preferred to every other consideration; I have, indeed, sacrificed every thing to their interest. Irreproachable in the administration of government, I possessed it without pride or ambition, and I shall resign it with ease and satisfaction. After this delineation of my sentiments, you have nothing to fear for me. I am in a state of security, and my felicity is beyond the reach of fortune. Undisturbed by all sublunary events, I am and shall be happy:

Sum tamen, ô superi, felix; nullique potestas,
Hoc auferre Deo
.

Yes, I already feel a superior degree of happiness to any other mortal; of happiness eternally durable! You speak to me of offending Providence, I have no cause for such an apprehension; omina sunt propitia. Whether Providence vouchsafes to direct the events of my life, or leaves me to the conduct of my own reason, I shall pay implicit obedience to its divine will, and endeavour to employ those faculties of mind and understanding bestowed on me by its goodness, in the pursuit of happiness; nor shall I miss the road, because I am justly persuaded my actions have neither incurred the anger of men, nor the wrath of Heaven. The remainder of life shall be spent in rendering these thoughts familiar to my soul, in acquiring magnanimity, and in regarding, from my peaceful harbour, the distress of those who are perpetually agitated by the stormy blasts of a tumultuous busy life, for want of an early application to the search of truth. I never before was in a situation to be envied; and the mistaken world might now have cause to behold me with jealous eyes, were it thoroughly acquainted with my happiness. You however love me too well to envy me; and I deserve it, for being so ingenuous as to confess I have imbibed part of these sentiments from you. They arose from your conversations, and I hope one day to cultivate them farther with you in my retreat. I am confident you will not break your engagement, nor cease to be my friend in this change of fortune, since I quit nothing that has a claim to your esteem. Whatsoever state I am in, my friendship will remain inviolable, and I will convince you, that no vicissitude can ever happen powerful enough to alter those sentiments I make it my glory to avow.

Swedish translation of the original (by Stolpe):

Jag har tidigare för Er redogjort för de skäl som tvingat mig att fasthålla vid mitt abdikationsbeslut. Ni vet, att denna tanke levat länge hos mig och att det först var efter att i åtta år ha funderat på saken som jag fattade beslutet att verkställa den. Det är åtminstone fem år sedan jag delgav Er detta mitt beslut; jag såg då, att det endast var den stora tillgivenhet och det intresse Ni hyste för min lycka som tvang Er att opponera Er, trots de skäl som Ni inte kunde underkänna, hur Ni än bemödade Er om att försöka få mig att avstå. Jag gladde mig åt att se, att det inte fanns någonting i denna tanke som Ni fann mig ovärdigt. Ni minns vad jag sade till Er i detta ämne sista gången jag hade nöjet att sammanträffa med Er. Under hela denna långa tid har ingenting som hänt kommit mig att ändra mening: jag har ställt in hela mitt handlande på detta, jag har hela tiden siktat mot detta mål och tänker inte vackla i det ögonblick, då jag står beredd att avsluta min roll för att dra mig tillbaka bakom ridån. Jag bekymrar mig inte om Plaudite. Jag vet, att den scen som jag spelat inte kan vara konstruerad efter teaterns vanliga lagar...

Jag tillåter var och en att döma efter sitt samvete. Jag kan inte beröva någon denna frihet, och jag skulle inte heller vilja det, om det stod i min förmåga. Jag vet, att det kommer att finnas ytterst få som skola döma mig vänligt, och jag är viss om att Ni tillhör detta fåtal. Resten av människorna vet ingenting om mina skäl och min konstitution, eftersom jag aldrig röjt mig för någon annan än för Er och en annan vän, som har en tillräckligt stor och ädel ande för att bedöma saken på samma sätt som Ni. Sufficit unus, sufficit nullus...

De som komma att bedöma denna min handling efter de principer som vanligen godtas av människorna komma säkert att kritisera den. Men jag kommer aldrig att besvära mig med att försvara mig mot dem. Och i den stora ledighet som jag tänker unna mig kommer jag aldrig att vara tillräckligt overksam för att ha tid att minnas dem. Jag skall använda denna tid till att granska mitt förflutna liv och korrigera mina fel, utan att förvånas över dem eller ångra dem. Med vilkens glädje skall jag inte minnas, att jag med fröjd gjort väl mot folk, att jag utan medlidande straffat dem som så förtjänat! Jag skall ha min tröst i att veta, att jag aldrig dömt någon som icke var en brottsling, ja, att jag t. o. m. skonat somliga som voro det. Jag har satt statens väl före alla andra intressen, jag har med glädje offrat allt för dess sak, och jag har ingenting jag behöver ångra i min styrelse. Jag har besuttit utan att pråla; jag kan gå ifrån utan svårighet.

Efter allt detta behöver Ni inte vara orolig för mig. Jag är i säkerhet, och min välgång är inte underkastad slumpen; jag är lycklig, vad som än kommer att inträffa.

Sum tamen, o superi, felix nullique potestas
hoc auferre Deo.

Ja, jag är det mer än någon annan, och jag kommer alltid att vara det; jag fruktar inte denna försyn som Ni nämner. Omnia sunt propitia. Om den kommer att besvära sig med att styra mina affärer, skall jag underkasta mig med den respekt och vördnad som jag är skyldig att visa dess vilja; om den tillåter mig att själv styra mitt liv, skall jag använda alla de gåvor den skänkt mig till själ och förstånd till att göra mig lycklig. Och jag skall vara lycklig, så länge jag är viss om att jag ingenting har att frukta vare sig av människor eller av Gud. Jag skall använda den del av livet som jag har kvar till att göra mig förtrogen med dessa tankar, att stärka min själ och att från hamnen iakttaga de kvalda stackare som kastas omkring på havet av de stormar man där är utsatt för, när man nämligen inte anpassat sin själ efter dessa principer. Är jag inte värd avund, så som jag nu har det? Jag skulle säkert ha ett otal avundsmän, om min lycka vore känd. Ni älskar mig emellertid tillräckligt för att icke känna någon avund, och jag förtjänar detta, eftersom jag öppet bekänner, att jag har fått en del av dessa tankar från Er. Jag har snappat upp dem under våra samtal, och jag hoppas kunna ta upp dem igen med Er någon gång under den fria tid som nu kommer. Jag vet, att Ni inte sviker Ert ord, att Ni aldrig trots denna förändring kommer att upphöra att vara min vän, eftersom jag ju inte avstår från någonting av det som är förtjänt av Er aktning. Hur mitt liv än kommer att gestalta sig, kommer jag att bevara min vänskap för Er... Ni vet allt detta, och Ni inser säkert, att den största försäkran jag kan prestera är att säga, att jag alltid kommer att förbliva
Christina

Swedish translation of the original (my own):

Till monsieur Chanut, i Uppsala, den siste dag i februari 1654.
Jag gav Er ju en gång en redogörelse för de skäl som tvingade mig att framhärda i dessängen av min abdikation. Ni vet att den här fantasi har funnits hos mig länge, och att det var först efter att ha tänkt på den i åtta år som jag bestämde mig för att genomföra den. Det har ju gått minst fem år sedan jag kommunicerade denna resolution till Er, och jag såg då att det var Er tillgivenhet och det enda intresse som Ni tog för min fortun som tvingade Er att göra motstånd mot mig, trots de skäl att Ni inte kunde fördöma, eftersom det inte fanns något i den tanken som var ovärdigt mig. Ni vet vad jag sade till Er om detta ämne förra gången jag hade tillfredsställelsen att tala med Er på länge, ty alla händelser aldrig har fått mig att förändras. Jag har riktat alla mina handlingar mot detta mål, och jag har genomfört dem till slutet utan att tveka.

Vid det här laget är jag beredd att slutföra min lilla roll för att retirera från teatern. Jag oroar mig inte för applåderna. Jag vet att scenen som jag har representerat inte komponerades enligt teaterns allmänna lagar. Det är inte lätt för något som är starkt, manligt och livskraftigt att tillfredsställa alla. Jag tillåter varje man att bedöma det efter hans ingenium. Jag kan inte beröva dem den friheten, och jag skulle inte vilja det även om det stod i min makt. Jag vet att det finns få som kommer att bedöma det positivt, och jag försäkrar mig själv att Ni är en av dem. Resten av männen är omedvetna om mina skäl och min humör, ty jag aldrig har förklarat mig för någon annan än Er och en annan vän som har en själ som är stor nog att döma som Ni. Satis est unus, satis est nullus.

Jag föraktar resten, och jag skulle göra ära åt den i truppen som jag skulle anse vara löjlig nog att roa mig med. Jag kommer aldrig att göra mig besväret att be dem om ursäkt, och i de stora lediga stunder som jag förbereder för mig själv, kommer jag aldrig att vara ledig nog att minnas dem. Jag kommer att ansöka om att undersöka mitt tidigare liv, att rätta till mina misstag utan att ångra dem eller bli förvånad. Hur mycket nöje jag kommer att ha att ha gjort gott mot människor med glädje, att ha låtit de som förtjänade det straffas utan medlidande! Jag kommer att få trösten att inte ha gjort någon kriminell som inte var det, och till och med att ha skonat de som var det! Jag har föredragit bevarandet av Staten framför alla andra hänsyn, jag har med glädje offrat allt för dess intressen, och jag har ingenting att förebrå mig i dess administration. Jag har ägt den utan pompa, jag lämnar den med lätthet. Efter det, frukta inte för mig; jag är säker, och mitt bästa är inte i lyckans makt. Jag är glad oavsett vad som helst. Summa fœlix tamen o superi, nullique potestate, hoc offerre Deo.

Ja, jag är det mer än någon annan, och det kommer jag alltid att vara. Jag förstår inte denna försyn som Ni talar om till mig. Omnia sunt propitia, eller att den vill ta hand om mina affärer. Jag underkastar mig den respekt och uppgivenhet som jag är skyldig till dess önskemål, det vill säga det överlåter mig själv. Jag kommer att använda där vad den förmår i själen den har givit mig, och i förståelsen för att göra mig lycklig; och jag kommer att vara det så länge jag är övertygad om att jag inte skall frukta något varken från människor eller från Gud. Jag kommer att använda det som finns kvar av mitt liv för att bekanta mig med dessa tankar, för att stärka min själ och att från hamnen se plågorna hos dem som är upprörda i livet av de stormar som lider där i brist på att ha tillämpat sitt sinne till de tankarna.

Är jag inte värd att avundas i det tillstånd jag befinner mig i? Jag skulle bli alltför avundad om min lycka var känd. Ni älskar mig tillräckligt för att inte avundas mig, och jag förtjänar det, ty jag har uppfinningsrikedomen att erkänna att jag är skyldig Er några av dessa känslor. Jag lärde mig dem i Era diskussioner, och jag hoppas kunna odla dem en dag med Er på mina lediga stunder. Jag försäkrar mig själv att Ni inte kan underlåta att hålla Ert ord och att Ni i denna förändring inte kommer att upphöra att vara min vän, ty jag inte ger upp något som är värdigt Er aktning. Jag skall bevara åt Er, i vilket tillstånd jag än är, min vänskap; och Ni kommer att se att ingen förändring kan ske som kan förändra de känslor som jag förhärligar. Ni vet allt detta, och Ni tror utan tvekan att den största försäkran jag kan ge Er från mig själv är att säga Er att jag alltid kommer att vara
Kristina.

English translation of the original (my own):

To Monsieur Chanut, at Uppsala, the last day of February, 1654.
I once gave you an account of the reasons which compelled me to persevere in the design of my abdication. You know that this idea has been with me a long time, and that it was only after thinking about it for eight years that I resolved to execute it. It has been at least five years since I communicated this resolution to you, and I saw then that it was your affection and the only interest that you took for my fortune which obliged you to resist me, in spite of the reasons that you could not condemn, as there was nothing in that thought that was unworthy of me. You know what I told you on this subject the last time I had the satisfaction of talking to you for a long time, as all the incidents have never made me change. I have geared all my actions toward this goal, and I have carried them through to the end without hesitation.

At this time, I am ready to complete my little role to retire from the theater. I do not worry about the applause. I know that the scene which I have represented was not composed according to the common laws of the theater. It is not easy for something that is strong, male and vigourous to please everyone. I allow each man to judge it according to his genius. I cannot deprive them of that freedom, and I would not want to even if it were in my power. I know there are few who will judge it favourably, and I assure myself that you are one of them. The rest of the men are unaware of my reasons and my humour, as I have never declared myself to anyone but you and another friend who has a soul great enough to judge as you do. Satis est unus, satis est nullus.

I despise the rest, and I would do honour to the one of the troupe that I would consider ridiculous enough to amuse myself with. I will never take the trouble to make my apology to them, and in the great leisure that I am preparing for myself, I will never be idle enough to remember them. I will apply myself to examining my past life, to correcting my mistakes without regretting them or being astonished. How much pleasure I will have to have done good to men with joy, to have caused those who deserved it to be punished without pity! I will have the consolation of not having made anyone criminal who was not, and even of having spared those who were! I have preferred the preservation of the State to any other consideration, I have joyfully sacrificed everything to its interests, and I have nothing to reproach myself with in its administration. I have possessed it without pomp, I leave it with ease. After that, do not fear for me; I am safe, and my good is not in the power of fortune. I am happy no matter what. Sum fœlix tamen o superi, nullique potestate, hoc offerre Deo.

Yes, I am that more than anyone, and I always will be. I do not apprehend this providence of which you speak to me. Omnia sunt propitia, or that it wants to take care of my affairs. I submit with the respect and resignation that I owe to its wishes, that is, it leaves me the conduct of myself. I will use there what it faculties in the soul it has given me, and in the understanding to make me happy; and I will be so as long as I am persuaded that I should fear nothing either from men or from God. I will use what is left of my life to familiarise myself with these thoughts, to fortify my soul, and to watch from the port the torments of those who are agitated in life by the storms that are suffered there for lack of having applied one's mind to those thoughts.

Am I not worthy of envy in the state I am in? I would probably be too envied if my happiness was known. You love me enough not to envy me, and I deserve it, as I have the ingenuity to confess that I owe some of these sentiments to you. I learned them in your discussions, and I hope to cultivate them one day with you in my spare time. I assure myself that you cannot fail to keep your word and that you will not cease in this change to be my friend, as I quit nothing that is worthy of your esteem. I will preserve for you, in whatever condition I am, my friendship; and you will see that no change can take place which can alter the sentiments which I glorify. You know all this, and you doubtless believe that the greatest assurance I can give you from myself is to tell you that I will always be
Kristina.


Above: Kristina.

Notes: "Sufficit unus, sufficit nullus." = ("One is enough, nothing is enough.") (»En är nog, ingen är nog.«)

"Sum tamen, o superi, felix nullique potestas, hoc auferre Deo." = "Happy I am, o Gods, my serenity no one can snatch from me." (»Lycklig jag är, o Gudar ändå, min sällhet ej någon kan bortrycka från mig.«). This quote is said to have been Pompey's dying words and is taken from verses 630 and 631 in book 8 in Lucan's Pharsalia, an ancient Roman epic poem written starting in around 61 A.D. The Swedish translation (with modernised spelling) is from chapter 18 in part 1 of the 1849 Kristina biography Berättelser ur svenska historien: Drottning Kristina, by Anders Fryxell.

Omnia sunt propitia = All in favour. (»Allt för«).

Friday, May 29, 2020

Further account of Kristina from Mademoiselle de Montpensier

Source:

Mémoires de Mlle de Montpensier: petite-fille de Henri IV, Volume 2, page 477


The account:

La reine de Suède descendit au milieu de la cour. La reine dit qu'elle ne fut jamais si surprise que de la voir, et que, quoique l'on lui eût bien dit qu'elle n'étoit pas faite comme les autres, elle ne se la pouvoit imaginer faite comme elle la trouva. Le maréchal et la maréchale de La Mothe donnèrent une grande collation. ...

Le temps que cette reine fut à Compiègne, on tâcha de lui donner tous les divertissements possibles: les comédiens françois et italiens, et les vingt-quatre violons du roi; mais elle ne voulut pas danser; toutes sortes de musiques et de chasses. Elle se plaisoit fort à la cour; mais comme elle n'y plaisoit pas tant, on lui fit dire qu'elle y avoit été assez longtemps, mais fort honnêtement. Il se rencontra que les jésuites de Compiègne firent jouer une tragédie par leurs écoliers; on la convia d'y aller; ce qu'elle fit, et Leurs Majestés aussi. Elle se moqua fort de ces pauvres pères, les tourna en ridicule au dernier point; elle fit les postures que je lui avois vu faire à Essonne, dont la reine fut fort surprise.

Elle avoit entendu parler de l'amour du roi pour mademoiselle de Mancini; de sorte que, pour faire sa cour, elle s'alloit mettre en tiers, et leur disoit qu'il falloit se marier ensemble; qu'elle vouloit être la confidente, et disoit au roi: «Si j'étois à votre place, j'épouserois une personne que j'aimerois.» Je crois que ces discours ne plurent ni à la reine ni à M. le cardinal, et qu'ils contribuèrent à hâter son départ; car à la cour, on n'aime pas les gens qui entrent en matière sans que l'on les en prie.

J'étois à Pont, lorsqu'elle partit de Compiègne; je croyois qu'elle y dût passer, et c'eût été son chemin, si elle eût pris celui de Bourgogne. J'envoyai à Melun lui faire compliment; elle me manda qu'elle vouloit me venir voir à Pont; mais que l'on lui avoit dit que j'étois à Saint-Fargeau, et que c'étoit son chemin d'y passer et qu'elle étoit au désespoir de ne me point voir. Le gentilhomme que j'y avois envoyé me dit qu'elle coucheroit le lendemain à Montargis; la fantaisie me prit de la voir encore une fois. J'envoyai des relais, et je partis à la pointe du jour, j'arrivai à Montargis à dix heures du soir. Je n'avois que madame de Thianges et madame de Frontenac avec moi, la comtesse de Fiesque et mademoiselle de Vandy n'ayant pas assez de force pour soutenir une telle fatigue.

Comme j'arrivai, je fus droit à son logis; on me dit: «La reine se vient de coucher.» Je fis semblant de n'entendre pas l'italien, et je disois que l'on dit à la reine que c'étoit moi. Enfin, après l'avoir dit plûsieurs fois, on me vint dire de monter toute seule. Je la trouvai couchée dans un lit où mes femmes couchoient toutes les fois que je passois à Montargis, une chandelle sur la table, et elle avoit une serviette autour de la tête comme un bonnet de nuit; pas un cheveu; une chemise fermée sans collet, avec un gros nœud couleur de feu; ses draps qui ne venoient qu'à la moitié de son lit; une vilaine couverture verte. Elle ne me parut pas jolie en cet état. Elle me salua d'abord, et me dit qu'elle étoit bien fâchée de la peine que j'avois prise; que j'avois bien eu de la fatigue de me lever si matin; puis me demanda qui étoit venu avec moi. Je lui dis: «Madame de Thianges et madame de Frontenac.» Elle me dit de les faire appeler; elle fit assez bonne chère à madame de Thianges.

Je lui demandai comme elle avoit trouvé le roi. Elle me dit: «Fort bien fait et fort honnête homme;» que c'étoit dommage qu'il n'aimât une plus belle personne que mademoiselle de Mancini; qu'elle trouvoit Monsieur fort joli; mais qu'il avoit été honteux avec elle; ce qui l'avoit surprise, croyant le roi le plus farouche. Puis elle me demanda des nouvelles du comte de Hollac. Je ne lui dis pas qu'il étoit prisonnier, car je ne le savois point pour lors. Elle me parla encore de M. le Prince; si je lui écrivois. Je lui dis que non, que cela m'étoit défendu; puis je m'en allai, jugeant bien que ma visite avoit été trop longue. Si elle eût été plus civile, elle me seroit venue voir le lendemain avant que de partir; mais ce seroit trop demander à une reine des Goths.

Je me levai matin et m'en allai à son logis; je la trouvai jolie, avec un justaucorps neuf, bien poudrée, en belle humeur. Elle proposa à madame de Thianges de s'en aller à Rome avec elle, et que c'étoit une raillerie de s'amuser à son mari; que le meilleur n'en vouloit rien, et qu'il étoit fort à propos de le quitter. Elle pesta fort contre le mariage, et me conseilla de ne me jamais marier, trouvant abominable d'avoir des enfants. Elle se mit à parler des dévotions de Rome d'une manière assez libertine. Ensuite elle me dit: «Je passe à Turin; que voulez-vous que je dise si on m'y parle de vous?» Je lui répondis que je ne doutois pas que ce ne fût de la bonne manière, parce que madame de Savoie étoit ma tante et qu'elle m'avoit toujours témoigné beaucoup d'amitié. A quoi elle répliqua: «Son fils vous aime plus qu'elle; il vous désire fort et il a raison; mais pour elle, elle vous craint, parce qu'elle veut gouverner, et elle a peut-être raison aussi de son côté.»

On la pressa de partir, ayant une assez longue journée à faire. Elle disoit: «Vous me donnez le plus sensible déplaisir que je sois capable de recevoir, de me séparer de Mademoiselle; je ne la verrai peut-être jamais.» Enfin elle me fit mille cajoleries de cette force. Je la vis monter en carrosse avec Sentinelli, un autre, et un gentilhomme qui étoit au roi, nommé Lesin. Rien n'est si bizarre que de voir une reine sans pas une femme. Je m'en allai coucher à Egreville chez madame la duchesse de Vitry, et de là je m'en retournai à Pont, où je fus le temps que j'ai dit.

English translation (my own):

The Queen of Sweden descended to the middle of the court. The Queen [of France] said that she was never so surprised to see her, and that, although she had been told that she was not formed like the others, she could not imagine her being made as she found her. The marshal and maréchale de la Mothe gave a great collation. ...

While this Queen was at Compiègne, they tried to give her all possible entertainment: the French and Italian comedians, and the King's twenty-four violins; but she did not want to dance; all kinds of music and hunting. She takes great pleasure in court; but as she did not like it so much, they made her say that she had been there long enough, but very honestly. It was found that the Jesuits of Compiègne had their schoolchildren play a tragedy; they invited her to go; which she did, and so did Their Majesties. She made fun of these poor fathers, ridiculed them excessively; she made the postures I had seen her do at Essonne, which very much surprised the Queen.

She had heard of the King's love for Mademoiselle de Mancini; so that, in order to pay her court, she went to a third party, and told them that it was necessary to marry together; that she wanted to be the confidante, and said to the King: "If I were in your place, I would marry a person whom I would love." I believe that these speeches pleased neither the Queen nor the Cardinal, and that they contributed to hasten her departure; because at court, we don't like people who enter into matters without being asked.

I was at Pont when she left Compiègne; I believed that she must have passed there, and it would have been her way if she had taken that of Burgundy. I sent Melun to compliment her; she told me that she wanted to come and see me at Pont; but that she had been told that I was at Saint-Fargeau, and that it was her way to go there and that she was in despair at not seeing me. The gentleman I sent there told me that she would be sleeping in Montargis the next day; the fancy took me to see her again. I sent horses, and I left at daybreak, arriving in Montargis at ten in the evening. I had only Madame de Thianges and Madame de Frontenac with me, the Comtesse de Fiesque and Mademoiselle de Vandy not having enough strength to bear such fatigue.

As I arrived, I went straight to her lodgings; I was told: "The Queen has just gone to bed." I pretended not to hear the Italian, and I said that the Queen was told that it was me. Finally, after saying it several times, I was told to go up on my own. I found her lying in a bed where my women slept whenever I passed Montargis, with a candle on the table, and she had a towel around her head like a nightcap; she had no hair; a closed shirt without a collar, with a large fire-colored ribbon; her sheets only came up to half of her bed; an ugly green blanket. She did not look pretty to me in this state. She greeted me first, and told me that she was very angry at the trouble I had taken; that I had been tired of getting up so early in the morning; then asked me who had come with me. I said to her: "Madame de Thianges and Madame de Frontenac." She told me to call them; she had already feasted enough on Madame de Thianges.

I asked her what she thought of the King. She said to me: "Very well formed and a very honest man"; that it was a pity that he did not love a more beautiful person than Mademoiselle de Mancini; that she found Monsieur very pretty; but that he had been ashamed with her; which surprised her, believing him to be the fiercest king. Then she asked me for news of the Count de Hollac. I did not tell him that he was a prisoner, for I did not know it at the time. She spoke to me again of the Prince; if I wrote to him. I told her no, that it was forbidden me; then I went away, judging that my visit had been too long. If she had been more civil, she would have come to see me the next day before leaving; but that would be asking too much of a queen of the Goths.

I got up in the morning and went to her lodgings; I found her pretty, with a new justaucorps, well powdered, in good humour. She proposed to Madame de Thianges to go to Rome with her, and that it was a mockery to amuse her husband; that the best wanted nothing of it, and that it was very fitting to leave him. She railed strongly against marriage, and advised me never to marry, finding it abominable to have children. She began to speak of the devotions of Rome in a rather libertine manner. Then she said to me: "I am going to Turin; what do you want me to say if people talk to me about you?" I replied that I had no doubt that it was the wrong way, because Madame de Savoie was my aunt and that she had always shown me great friendship. To which she replied: "Her son loves you more than she does; he wants you strong and he is right; but as for her, she fears you, because she wants to govern, and she may also be right."

She was urged to leave, her having a fairly long journey to make. She said: "You give me the most sensitive displeasure that I am capable of receiving, of separating myself from Mademoiselle; I may never see her." Finally she gave me a thousand cajoleries of this strength. I saw her get into a carriage with Santinelli, another man, and a gentleman who belonged to the King, named Lesin. Nothing is so strange as seeing a queen without a woman. I went to sleep at Egreville at Madame la Duchesse de Vitry's, and from there I returned to Pont, where I was the at time I said.


Above: Kristina.



Above: Mademoiselle de Montpensier.