Françoise Bertaut de Motteville (1621-1689) was a French memoir writer who, in her memoirs, described meeting Kristina during her/his/their visit to France in 1656.
Source:
https://books.google.fr/books?id=FLgPAAAAQAAJ&pg=PA389&focus=viewport&hl=fr&output=html
The account:
Le lendemain le père Annat, confesseur du Roi, fut parler à la reine de Suède, sur quelques plaintes qu'elle avoit faites contre leur ordre: l'une étoit que le père général des jésuites ne l'avoit point été saluer à Rome; je ne me souviens pas des autres. Après les excuses que lui fit le révérend père, elle lui dit d'un ton moqueur, et avec cette brusque manière qui lui étoit naturelle, qu'elle seroit fâchée de les avoir pour ennemis, sachant leurs forces; et qu'elle choisiroit plutôt d'avoir querelle avec un prince souverain qu'avec eux; que par cette raison elle vouloit bien être satisfaite, mais qu'elle l'assuroit qu'en cas de confession et de tragédie elle ne les choisiroit jamais: voulant leur reprocher par là qu'ils étoient accusés d'avoir une morale trop indulgente, et se moquer de la mauvaise tragédie où elle avoit été le jour précédent; mêlant ainsi le burlesque avec le sérieux, afin de se venger de l'offense qu'elle croyoit avoir reçue de leur compagnie.
Cette princess gothique témoignoit estimer l'esprit et la capacité du cardinal, et lui de même paroisoit avoir beaucoup de vénération pour elle. Son extérieur, à qui en eût voulu juger à son désavantage, étoit digne de risée et de moquerie; quasi toutes ses actions avoient quelque chose d'extravagant, et on pouvoit avec justice la blâmer, comme on pouvoit avec sujet la louer extrêmement. Elle ne ressembloit en rien à une femme, elle n'en avoit pas même la modestie necessaire: elle se faisoit servir par des hommes dans les heures les plus particulières; elle affectoit de paroître homme en toutes ses actions; elle rioit démesurément quand quelque chose la touchoit, et particulièrement à la Comédie italienne, lorsque par hasard les bouffonneries en étoient bonnes: elle éclatoit de même en louanges et en soupirs, comme je l'ai déjà dit, quand les sérieuses lui plaisoient. Elle chantoit souvent en compagnie; elle rêvoit, et sa rêverie alloit jusqu'à l'assoupissement: elle paroissoit inégale, brusque et libertine en toutes ses paroles, tant sur la religion que sur les choses à quoi la bienséance de son sexe l'obligeoit d'être retenue: elle juroit le nom de Dieu, et son libertinage s'étoit répandu de son esprit dans ses actions. Elle ne pouvoit demeurer long-temps en même place. En présence du Roi, de la Reine et de toute la cour, elle appuyoit ses jambes sur des siéges aussi hauts que celui où elle étoit assise, et les laissoit voir trop librement: elle faisoit profession de mépriser toutes les femmes, à cause de leur ignorance, et prenoit plaisir de converser avec les hommes sur les mauvaises matières, de même que sur les bonnes: elle n'observoit nulle règle de toutes celles que les rois ont accoutumé de garder, à l'égard du respect qu'on leur porte. Ses deux femmes, toutes hideuses et misérables qu'elles étoient, se couchoient sur son lit familièrement, et faisoient avec elle à moitié de tout. Cependant la Reine, qui étoit au contraire la plus régulière personne du monde, trouvoit des charmes dans l'agrément de son visage, et dans la manière libre de toutes ses actions. En effet il étoit difficile, quand on l'avoit bien vue et surtout écoutée, de ne lui pas pardonner toutes ses irrégularités, particulièrement celles qui ne paroissoient point essentiellement blâmables. Cette douceur et cet agrément étoient mêlés d'une rude fierté, et la politesse si naturelle à notre nation ne se rencontroit point en elle. Quelques-uns dirent qu'elle ressembloit à Fontainebleau, dont les bâtimens sont beaux et grands, mais qui n'ont point de symétrie. Elle partit de Compiègne le 23 de septembre; la Reine la fut conduire à deux lieues de là, et ces deux princesses se séparèrent avec quelques marques d'attendrissement.
English translation (my own):
The next day Father Annat, the King's confessor, was talking to the Queen of Sweden about some complaints she had made against their order: one was that the Father General of the Jesuits had not been greeted at Rome; I do not remember the others. After the apologies that the reverend father gave her, she said to him in a mocking tone, and with that terse manner which was natural in her, that she would be sorry to have them for enemies, knowing their strength; and that she would rather choose to quarrel with a sovereign prince than with them; that for this reason she wished to be satisfied, but that she assured him that in case of confession and tragedy she would never choose them. Wishing to reproach them with this -- that they were accused of having a too indulgent morality -- and to make fun of the bad tragedy she had been to the day before; thus mingling burlesque with seriousness, in order to avenge the offense she thought she had received from their company.
This Gothic princess testified to esteem the mind and capacity of the cardinal, and he too seemed to have a great deal of reverence for her. Her exterior, which she would have liked to judge to her disadvantage, was worthy of ridicule and mockery; almost all her actions had something extravagant, and she could justly be blamed for it, just as it was possible to praise her much. She did not look like a woman at all, she had not even the necessary modesty. She had herself served by men at the most peculiar hours. She appeared manly in all her actions. She laughed excessively when something struck her as funny, and particularly at the Italian comedy, when by chance the buffoonery was good. She also clapped her hands and sighed, as I have already said, whenever the serious parts pleased her. She often sang in company; she daydreamed, and her reverie went to drowsiness. She appeared unequal, curt and libertine in all her words, as much on religion as on things to which the propriety of her sex obliged her to be restrained. She swore the name of God, and her licentiousness was widespread in her mind and in her actions. She could not remain in one place for a long time. In the presence of the King, the Queen, and the whole court, she rested her legs on seats as tall as the one in which she was seated, and allowed herself to be seen too freely. She professed to despise all women because of their ignorance, and took pleasure in conversing with men on bad subjects, as well as on good ones. She observed no rule of all those which kings are accustomed to keep, with respect to the respect which is carried to them. Her two women, hideous and miserable as they were, lay in her bed familiarly and did half of everything with her. The Queen, who was, on the contrary, the most regular person in the world, found charms in the agreeableness of her countenance, and in the free manner of all her actions. In fact, it was difficult, when she had been well seen and especially listened to, not to forgive her all her irregularities, especially those which did not appear essentially blamable. This gentleness and this pleasure were mixed with a harsh pride, and the politeness so natural to our nation was not found in it. Some said that she was like Fontainebleau, whose buildings are handsome and tall, but which have no symmetry. She left Compiègne on the 23rd of September. The Queen was led two leagues away, and these two princesses parted with some marks of tenderness.
Above: Kristina, year 1657.
Above: Madame de Motteville.
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