Sunday, December 8, 2019

Kristina's letter to Johan Olivekrantz, dated May 18/28 (Old Style), 1686

Sources:

Lettres pastorales addressées aux fidèles de France qui gémissent sous la captivité de Babylon, pages 29 to 30, published by Pierre Jurieu, 1686


Œuvres complètes de Christiaan Huygens, tome neuvième: Correspondance (1685-1690), page 102, published by Martinus Nijhoff, 1901

https://www.dbnl.org/tekst/huyg003oeuv09_01/huyg003oeuv09_01_0062.php

Mémoires concernant Christine, volume 2, page 234, Johan Arckenholtz, 1751


The Pastoral Letters of the Incomparable Jurieu, Directed to the Protestants in France Groaning Under the Babylonish Tyranny, page 26, Pierre Jurieu, translator unknown, 1689


The published letter that Kristina refers to:

https://kingkristina.blogspot.com/2019/08/kristinas-reply-to-monsieur-chevalier.html

The letter:

C'est, avec étonnement, que j'ai vû que ma Lettre est devenuë publique en vos quartiers. Je ne comprens pas comment cela s'est fait, & je puis vous assûrer que ce n'est pas moi qui l'ai publiée. Je ne puis croire aussi que celui à qui elle étoit écrite, ait fait si mal sa Cour à son Maître, qu'il ait voulu me faire ce plaisir. Quoi-qu'il en soit, je ne me repens pas de l'avoir écrite: Car je ne crains personne. Je prie Dieu, de tout mon cœur, que ce faux triomphe de l'Eglise ne lui coûte un jour de veritables larmes. Cependant, pour la gloire de Rome, il faut sçavoir, que tout ce qu'il y a ici de gens d'esprit & de merite, qui sont animez d'un vrai zele, ne sont, non-plus que moi, les dupes de la France, à ce sujet. Ils regardent, comme moi, avec pitié, tout ce qui se passe dans le monde, où l'on donne aux Spectateurs tant de sujet de pleurer, & de rire. Nôtre seule consideration est que Dieu n'abandonnera pas son Eglise, & qu'il donnera une glorieuse fin à tous ses malheurs, qui sont plus grands que l'on ne pense: Mais il faut adorer Dieu en tout ce qui arrive, & les dispositions incomprehensibles de sa sainte Providence. Je souhaite qu'il vous prospere. A Rome ce 18. Mai 1686.
Christina Alexandre.

With modernised spelling:

C'est avec étonnement que j'ai vu que ma lettre est devenue publique en vos quartiers. Je ne comprends pas comment cela s'est fait, et je puis vous assurer que ce n'est pas moi qui l'ai publiée. Je ne puis croire aussi que celui à qui elle était écrite ait fait si mal sa cour à son maître qu'il ait voulu me faire ce plaisir. Quoiqu'il en soit, je ne me repens pas de l'avoir écrite, car je ne crains personne. Je prie Dieu de tout mon cœur que ce faux triomphe de l'Église ne lui coûte un jour de véritables larmes. Cependant, pour la gloire de Rome, il faut savoir que tout ce qu'il y a ici de gens d'esprit et de mérite qui sont animés d'un vrai zèle ne sont, non plus que moi, les dupes de la France à ce sujet. Ils regardent, comme moi, avec pitié tout ce qui se passe dans le monde, où l'on donne aux spectateurs tant de sujet de pleurer et de rire. Notre seule considération est que Dieu n'abandonnera pas son Église et qu'il donnera une glorieuse fin à tous ses malheurs, qui sont plus grands que l'on ne pense; mais il faut adorer Dieu en tout ce qui arrive et les dispositions incompréhensibles de sa sainte providence. Je souhaite qu'il vous prospère. A Rome, ce 18 mai 1686.
Christine Alexandra.

Nijhoff's transcript of the letter:

C'est avec estonnement que j'ay vu que ma lettre est deuenue publique en vos quartiers. Je ne comprens pas comment cela s'est fait, et ie puis vous assurer que ce n'est pas moy qui l'ay publiée. Je ne puis croire aussi que celuy a qui elle estoit escrite, ait fait si mal sa cour à son maitre, qu'il ait voulu me faire ce plaisir. Quoy qu'il en soit, je ne me repens pas de l'avoir escrite. Car je ne crains personne. Je prie Dieu de tout mon coeur que ce faux triomphe de l'Eglise ne luy couste un jour de veritables larmes. Cependant, pour la gloire de Rome, il faut sçavoir, que tout ce qu'il y a icy de gens d'esprit et de merite qui sont animez d'un vray zele, ne sont, non plus que moy, les dupes de la France a ce sujet. Ils regardent comme moy avec pitiè, tout ce qui se passe dans le monde, ou l'on donne aux spectateurs tant de suject de pleurer et de rire. Nostre seule consideration est que Dieu n'abandonnera pas son Eglise, et qu'il donnera une glorieuse fin a tous ces malheurs, qui sont plus grands que l'on ne pense, mais il faut adorer Dieu en tout ce qui arrive, et les dispositions incomprehensibles de sa sainte providence. Je souhaite qu'il vous prospere. A Rome ce 18 Maj. 1686.
CHRISTINA ALEXANDRA.

With modernised spelling:

C'est avec étonnement que j'ai vu que ma lettre est devenue publique en vos quartiers. Je ne comprends pas comment cela s'est fait, et je puis vous assurer que ce n'est pas moi qui l'ai publiée. Je ne puis croire aussi que celui à qui elle était écrite ait fait si mal sa cour à son maître qu'il ait voulu me faire ce plaisir. Quoiqu'il en soit, je ne me repens pas de l'avoir écrite, car je ne crains personne. Je prie Dieu de tout mon cœur que ce faux triomphe de l'Église ne lui coûte un jour de véritables larmes. Cependant, pour la gloire de Rome, il faut savoir que tout ce qu'il y a ici de gens d'esprit et de mérite qui sont animés d'un vrai zèle ne sont, non plus que moi, les dupes de la France a ce sujet. Ils regardent, comme moi, avec pitié tout ce qui se passe dans le monde, où l'on donne aux spectateurs tant de sujet de pleurer et de rire. Notre seule considération est que Dieu n'abandonnera pas son Église et qu'il donnera une glorieuse fin a tous ces malheurs, qui sont plus grands que l'on ne pense; mais il faut adorer Dieu en tout ce qui arrive et les dispositions incompréhensibles de sa sainte providence. Je souhaite qu'il vous prospère. A Rome, ce 18 mai 1686.
Christine Alexandra.

Arckenholtz's transcript of the letter:

C'est avec étonnement que j'ai vû que ma lettre est devenuë publique en vos quartiers. Je ne comprens pas, comment cela s'est fait. Je puis vous assurer, que ce n'est pas moi qui l'ai publiée. Je ne puis croire aussi que celui, à qui elle étoit écrite, ait fait si mal sa Cour à son Maitre, qu'il ait voulu me faire ce plaisir. Quoiqu'il en soit, je ne me répens pas de l'avoir écrite, car je ne crains personne, & je prie Dieu de tout mon cœur, que ce faux triomphe de l'Eglise ne lui coûte un jour de véritables larmes. Cependant pour la gloire de Rome il faut savoir, que tout ce qu'il y a ici de gens d'esprit & de mérite, qui sont animés d'un vrai zéle, ne sont non plus que moi les Duppes de la France à ce sujèt, & qu'ils regardent comme moi avec pitié tout ce qui se passe dans le monde, où l'on donne aux spectateurs tant de sujèt de pleurer & de rire. Notre seule consolation est, que Dieu n'abandonnera pas son Eglise, & qu'il donnera une glorieuse fin à tous ces malheurs, qui sont plus grands, qu'on ne pense. Mais il faut adorer Dieu en tout ce qui arrive, & les dispositions incompréhensibles de la Sainte Providence. Je souhaite qu'il vous fasse prospérer. Rome le 18. Mai 1686.
CHRISTINE ALEXANDRA.

Swedish translation (my own):

Det är med häpnad jag har sett att mitt brev är offentligt i Era kvarterer. Jag förstår inte hur det gjordes, och jag kan försäkra Er att jag inte publicerade det. Jag kan inte heller tro, att han, till vilken det skrevs, har gjort sin herre kur så illa att han har velat göra mig detta nöje. Hur det än må vara så ångrar jag mig inte för att ha skrivit det, ty jag inte fruktar någon som helst. Jag ber till Gud av hela mitt hjärta att denna falska triumf för Kyrkan en dag kommer att kosta honom riktiga tårar. Emellertid, för Roms ära, måste man veta allt det att de andliga och förtjänstfulla människorna här som är besjälade med ett verkligt iver inte är Frankrikes duper i detta ämne lika lite som jag. De ser, liksom jag, med synd på allt som händer i världen, där man ger åskådarna så mycket anledning att gråta och skratta. Vår enda övervägande är att Gud skall inte överge sin Kyrka, och att han skall göra ett härligt slut på alla dessa olyckor, som är större än man tror; men vi måste tillbe Gud i allt som händer och i hans heliga försyns obegripliga dispositioner. Jag önskar att han välsigne Er. Rom, den 18 maj 1686.
Kristina Alexandra.

English translation (by anonymous translator):

'Tis with astonishment that I have seen my Letter made publick in your Parts, I do not understand how it is come to pass, and I do assure you, that it is not I my self that have published it: Nor do I believe, that he to whom it was written, would so far disoblige his Master, as to be willing to do me that pleasure. However it be, I do not repent that I wrote it, for I do not fear any man. I pray God with all my heart, that this false Joy and Triumph of the Church, do not one day cost her true tears and sorrows. In the mean time, it must be known for the honour of Rome, that all those that are men of merit and understanding here, and animated with true Zeal, do no more lick up the Spittle of the French Court in this case than I do. They behold (as I also do) with pity, all those things which pass in the World, where there is given so much reason both of grief and laughter to those that are the Spectators thereof. Our only consolation is, that God will not abandon his Church, but give a glorious issue to all its Calamities, which are far greater than are imagined; but it behoves us to adore God and the incomprehensible disposition of his holy providence in every thing that betides us. I heartily wish you prosperity.
Christina Alexandra.
From Rome,
May 18. 1686.

English translation (my own):

It is with astonishment that I have seen that my letter is public in your quarters. I do not understand how that was done, and I can assure you that I did not publish it. I also cannot believe that he to whom it was written has paid court to his master so badly that he has desired to do me this pleasure. However that may be, I do not regret having written it, because I do not fear anyone. I pray to God with all my heart that this false triumph of the Church will one day cost him real tears. In the meantime, for the glory of Rome, one must know that all that the people of spirit and merit here who are animated with a real zeal are not the dupes of France on this subject any more than I am. They look, as do I, with pity on all that happens in the world, where one gives the spectators so much cause to weep and laugh. Our only consideration is that God will not abandon His Church, and that He will give a glorious end to all these misfortunes, which are greater than one thinks, but we must adore God in all that happens, and the incomprehensible dispositions of His holy providence. I wish Him to prosper you. In Rome, May 18, 1686.
Kristina Alexandra.


Above: Kristina.

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