Wednesday, August 7, 2019

Kristina's letter to the Chevalier de Terlon, dated January 23/February 2 (New Style), 1686

TRIGGER WARNING: MENTION OF RAPE AND KILLING

This is Kristina's reply to Hugues de Terlon (1620-1690), a French diplomat and ambassador to Sweden.

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Sources:

Riksarkivet, pages 19 to 22 in K 206; Egenhändiga historiska anteckningar samt avskrifter av brev; Drottning Ulrika Eleonora d. y.; Svenska drottningars arkivaliesamlingar i riksarkivet; Kungliga arkiv


Nouvelles de la République des Lettres, volume 8, page 529, published by Pierre Bayle, April 1686


Responce de Sa Majesté Serenissime la Reine Christine de Suède à la lettre de Monsieur le Chevalier de Terlon, anonymous printing, 1686


Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 2, page 230, Johan Arckenholtz, 1751


Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 4, page 121, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1760


Arckenholtz's second transcript comes from here:

Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Manuscrits de la reine Christine; Lettere della regina ai suoi ministri; Lettere al signore Terlon; Lettres au chevalier de Terlon; Christine de Suède au chevalier de Terlon, [s. l.], 2 février 1686


The letter:

Puis que vous desirez de sçavoir mes sentimens sur la prétenduë extirpation de l'Hérésie en France, je suis ravie de vous le dire sur un si grand sujet. Comme je fai profession de ne craindre & de ne flatter personne, je vous avoüeray franchement que je ne suis pas fort persuadée du succés de ce grand dessein, & que je ne sçaurois m'en réjouir, comme d'une chose fort avantageuse à nôtre sainte Religion. Au contraire je prevois bien des préjudices, qu'un procédé si nouveau fera naître par tout. De bonne foi, étes-vous bien persuade de la sincérité de ces nouveaux Convertis? je souhaite qu'ils obéissent sincérement à Dieu, & à leur Roy; mais je crains leur opiniâtreté, & je ne voudrois pas avoir sur mon compte tous les Sacriléges, que commettront ces Catholiques forcez par des Missionaires, qui traitent trop Cavaliérement nos saints Mystéres. Les gens de guerre sont d'étranges Apôtres; je le crois plus propres à tuer, violer & voler, qu'a persuader. Aussi des Relations, desquelles on ne peut douter, nous apprennent qu'ils acquittent de leur Mission fort à leur mode. J'ay pitie des gens, qu'on abandonne a leur discretion: je plains tant de Familles ruinées, tant d'honnêtes gens réduits a l'aumône, & je ne puis regarder ce qui passe aujourd'huy en France, sans en avoir compassion. Je plains ces malheureux d'être nez dans l'erreur, mais il me semble, qu'ils en sont plus dignes de pitié, que de haine; & comme je ne voudrois pas pour l'Empire du monde avoir part à leur erreur, je ne voudrois pas außi être cause de leurs malheurs. Je considére aujourd'huy la France comme une malade, à qui on coupe bras & jambes pour la guérir d'un mal, qu'un peu de patience & de douceur auroient entiérement guéri. Mais je crains fort que se mal ne s'aigrisse, & qu'il ne se rende enfin incurable, que ce feu caché sous les cendres ne se rallume un jour plus fort que jamais, & que l'hérésie masquée ne devienne plus dangereuse. Rien n'est plus loüable que le dessein de convertir les Hérétiques, & les infidéles. Mais la maniére dont on s'y prend est fort nouvelle, & puis que nôtre Seigneur ne s'est pas servi de cette méthode pour convertir le monde, elle ne doit pas être la meilleure. J'admire & ne comprens pas ce zéle, & cette Politique qui me passent, & je suis de plus ravie de ne les comprendre pas. Croyez-vous que ce soit à present le temps de convertir les Huguenots, de les rendre bon Catholiques dans un siécle, où l'on fait des attentats si visibles en France contre le respect, & la soûmission, qui sont dûs à l'Eglise Romaine, qui est l'unique & l'inébranlable fondement de nôtre Religion, puis que c'est à Elle à qui nôtre Seigneur a fait cette magnifique promesse, que les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle? Cependant jamais la scandaleuse liberté de l'Eglise Gallicane n'a été poussée plus prés de la Rebellion, qu'elle est à present. Les derniéres propositions signées & publiées par le Clergé de France sont telles, qu'elles n'ont donné qu'un trop apparent Triomphe à l'hérésie, & je pense que sa surprise doit avoir été sans égale, se voyant peu de temps aprés persecutée par ceux, qui ont sur ce point fondamental de nôtre Religion des dogmes & des sentimens si conformes aux siens. Voilà les puissantes raisons, qui m'empêchent de me réjouir de cette prétenduë extirpation de l'hérésie. L'intérest de l'Eglise Romaine m'est sans doute aussi cher, que ma vie; mais c'est ce même intérest, qui me fait voir avec douleur ce qui se passe, & je vous avouë aussi que j'aime assez la France pour plaindre la desolation d'un si beau Royaume. Je souhaite de tout mon cœur de me tromper dans mes conjectures, & que tout se termine à la plus grande gloire de Dieu, & du Roy Votre Maître. Je m'assûre même que vous ne douterez pas de la sincerité de mes vœux, & que je suis.
A Rome le 2 Février 1686.

The anonymous copy transcript of the letter:

Puis que vous desirez de scavoir mes sentiments sur la pretendue extirpation de l'Heresie en France, je suis ravie de vous le dire sur un si grand sujet. Comme je fai profession de ne craindre & de ne flatter personne, je vous advoueray franchement que je ne suis pas fort persuadée du succes de ce grand dessein, & que je ne scaurois m'en rejouir, Comme d'une chose fort advantageuse a nostre saincte Religion. Au contraire je prevois bien des prejudices, qu'un procedé si nouveau fera naistre par tout. De bonne fois, estes vous bien persuadé de la sincerité de ces nouveaux Convertis? je souhaitte qu'ils obeissent sincerement a Dieu, & a leur Roy; mais je crains leur opiniatreté, & je ne voudrois pas avoir sur mon compte touts les Sacrileges, que commetteront ces Catholiques forcez par des Messionaires, qui traittent trop Cavallerement nos saints Mysteres. Les gens de guerre sont des estranges Apostres; je le crois plus propres a tuer, violer & voler, qu'a persuader, aussi des Relations, desquelles on ne peut douter, nous apprennent, qu'ils acquittent de leur Mission fort a leur mode. J'ay pitie des gens, qu'on abandonne a leur discretion je plains tant de Familles ruinées, tant d'honnestes gens reduits a l'aumone, & je ne puis regarder ce qui passe aujourd'huy en France, sans en avoir compassion. Je plains ces malheureux d'estre né dans l'erreur; Mais il me semble, qu'ils en sont plus dignes de pitie; que de haine; & comme je ne voudrois pas pour l'Empire du monde avoir part a leur erreur, je ne voudrois pas aussy estre cause de leurs malheurs. Je considere aujourd'huy la France comme une malade, a qui on coupe bras & jambes pour la guerir d'un mal, qu'un peu de patience & de douceur auroient entierrement guery. Mais je crains fort que se mal ne s'aigrisse, & qu'il ne se rende en fin incurable, que ce feu caché sous les cendres ne se rallume un jour plus fort que jamais, & que l'heresie masquée ne devienne plus dangereuse. Rien n'est plus louable que le dessein de convertir les Heritiques, & les infidelles. Mais la maniere dont on s'y prend est fort nouvelle, & puis que nostre Seigneur ne s'est pas servy de cette methode pour convertir le monde, elle ne doit pas estre la meilleure. J'admire & ne comprens pas ce zele, & cette Politique, qui me passent, & je suis de plus ravie de ne les comprendre pas. Croyez vous que ce soit a present le temps de convertir les Hugenots, de les rendre bon Catholiques dans un siecle, ou l'on fait des attentats si visibles en France contre le respect, & la soumission, qui sont deuse a l'Eglise Romaine, qui est l'unique & l'inebranslable fondement de nostre Religion, puis que c'est a Elle a qui nostre Seigneur a fait cette magnifique promesse, que les portes de l'Enfer ne prevaudront pas contre elle? Cependant jamais la scandaleuse liberté de l'Eglise Gallicane n'a estè pousseé plus prez de la Rebellion, qu'elle est a present. Les dernieres propositions signées & publicees par le Clergé de France sont telles, qu'elles n'ont donné qu'un trop apparent Triomphe a l'heresie, & je pense que sa surprise doit avoir esté sans egale, se voyant peu de temps aprez persecutée par ceux, qui ont sur ce point fondamental de nostre Religion des dogmes & des sentiments si conformes aux siens, voyla les puissantes raisons, qui m'empechent de me rejouir de cette pretendue extirpation de l'heresie. l'Interest de l'Eglise Romaine m'est sans doute aussy cher, que ma vie; mais c'est ce mesme interest, qui me fait voir avec douleur ce qui se passe, & je vous advoue aussy que j'ayme assez la France pour plaindre la desolation d'un si beau Royaume. Je souhaitte de tout mon Coeur de me tromper dans mes conjectures, & que tout se termine a la plus grande gloire de Dieu, & du Roy Vostre Maistre. Je m'asseure mesme que vous ne douterez pas de la sincerité de mes voeux, & que je suis.
A Rome, le 2 Fevrier 1686.

With modernised spelling:

Puisque vous désirez de savoir mes sentiments sur la prétendue extirpation de l'hérésie en France, je suis ravie de vous le dire sur un si grand sujet. Comme je fais profession de ne craindre et de ne flatter personne, je vous avouerai franchement que je ne suis pas fort persuadée du succès de ce grand dessein, et que je ne saurais m'en réjouir, comme d'une chose fort avantageuse à notre sainte religion. Au contraire, je prévois bien des préjudices qu'un procédé si nouveau fera naître par tout. De bonne foi, êtes-vous bien persuadé de la sincérité de ces nouveaux convertis? Je souhaite qu'ils obéissent sincèrement à Dieu et à leur roi, mais je crains leur opiniâtreté, et je ne voudrais pas avoir sur mon compte tous les sacrilèges que commettront ces catholiques forcés par des missionaires, qui traitent trop cavalièrement nos saints mystères.

Les gens de guerre sont d'étranges apôtres; je le crois plus propres à tuer, violer et voler qu'a persuader. Aussi des relations, desquelles on ne peut douter, nous apprennent qu'ils acquittent de leur mission fort à leur mode. J'ai pitié des gens qu'on abandonne a leur discrétion: je plains tant de familles ruinées, tant d'honnêtes gens réduits a l'aumône, et je ne puis regarder ce qui passe aujourd'hui en France, sans en avoir compassion. Je plains ces malheureux d'être nés dans l'erreur, mais il me semble qu'ils en sont plus dignes de pitié que de haine; et comme je ne voudrois pas pour l'empire du monde avoir part à leur erreur, je ne voudrais pas aussi être cause de leurs malheurs.

Je considère aujourd'hui la France comme une malade, à qui on coupe bras et jambes pour la guérir d'un mal qu'un peu de patience et de douceur auraient entièrement guéri. Mais je crains fort que se mal ne s'aigrisse, et qu'il ne se rende enfin incurable que ce feu caché sous les cendres ne se rallume un jour plus fort que jamais, et que l'hérésie masquée ne devienne plus dangereuse. Rien n'est plus louable que le dessein de convertir les hérétiques et les infidèles. Mais la manière dont on s'y prend est fort nouvelle, et puisque notre Seigneur ne s'est pas servi de cette méthode pour convertir le monde, elle ne doit pas être la meilleure.

J'admire et ne comprends pas ce zèle et cette politique qui me passent, et je suis de plus ravie de ne les comprendre pas. Croyez-vous que ce soit à present le temps de convertir les Huguenots, de les rendre bon catholiques dans un siècle où l'on fait des attentats si visibles en France contre le respect et la soumission qui sont dûs à l'Église romaine, qui est l'unique et l'inébranlable fondement de notre religion, puisque c'est à elle à qui notre Seigneur a fait cette magnifique promesse que les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle?

Cependant jamais la scandaleuse liberté de l'Église gallicane n'a été poussée plus près de la rebellion qu'elle est à présent. Les dernières propositions signées et publiées par le clergé de France sont telles qu'elles n'ont donné qu'un trop apparent triomphe à l'hérésie, et je pense que sa surprise doit avoir été sans égale, se voyant peu de temps après persécutée par ceux qui ont sur ce point fondamental de notre religion des dogmes et des sentiments si conformes aux siens. Voilà les puissantes raisons qui m'empêchent de me réjouir de cette prétendue extirpation de l'hérésie.

L'intérêt de l'Église romaine m'est sans doute aussi cher que ma vie; mais c'est ce même intérêt qui me fait voir avec douleur ce qui se passe, et je vous avoue aussi que j'aime assez la France pour plaindre la désolation d'un si beau royaume. Je souhaite de tout mon cœur de me tromper dans mes conjectures, et que tout se termine à la plus grande gloire de Dieu et du Roi, votre maître. Je m'assure même que vous ne douterez pas de la sincerité de mes vœux, et que je suis.
A Rome, le 2 février 1686.

Handwritten copy transcript by Ulrika Eleonora the Younger:

Puisque vous désirez de savoir, mes sentiments, sur la, prétenduë extirpation, de l'héresie, en France, je suis ravie, de vous, le dire, sur un, si grand sûjêt. Comme je, fais profession, de ne craindre, et de, ne flatter personne, je vous, avouërai franchement, que je, ne suis, pas fort persuadée, du sucés, de ce, grand dessein, et que, je ne saurois, m'en réjouir, comme d'une chose, fort avantageuse, à nôtre, Sainte Religion; Au contraire, je prévois bien, des préjudices, qu'un procedé, si nouveau fera naître, par tout. De bonne foi, étes vous bien persuadé, de la sincerité, de ces nouveaux Convertis? Je soûhaite, qu'ils, obeïssent sincerement, à Dieu, et à leur Roy: Mais je crains, leur opiniâtreté, et je ne voudrois pas avoir, sur mon compte, les Sacrileges, que commêttront, ces Catholiques forcêz, par des Missionaires, qui traitent trop cavallierement, nos Saints Mÿsteres. Les gens, de guerre, sont d'étranges Apôtres. Je les crois, plus propres, à tuer, violer, et voler, qu'à persuader. Aussi des Rélations, desquelles on ne, peut [pas] douter, nous apprenent, qu'ils s'acquitent, de leur, Mission fort, à la mode; J'ay pitié, des gens, qu'on abandonne, à leur discretion, tant d'honnêtes gens réduits, à l'aumône, et je ne, puis régarder ce, qui se passe, aujourd'hui, en France, sans en, avoir compassion; Je plains, ces malheureux, d'étre néz, dans l'erreur: mais il, me semble, qu'ils, en sont, plus dignes, de pitié, que de haine, et comme, je ne, voudrois pas, pour l'Empire, du monde, avoir part, à leur erreur, je ne, voudrois pas, aussi étre cause, de leurs malheurs; Je considere aujourd'hui, la France, comme une malade, à qui, on coupe bras, et jambes, pour la guerrir, d'un mal, qu'un peu, de patience, et de douleur, aurroient entierement guerir [sic], et qu'il, ne se rende incurable, que ce, feu caché, sous les cendres, ne se rallume, un jour, plus fort, que jamais, et que, l'héresie masquée, ne devienne, plus dangereuse. Rien n'est, plus loüable, que le dessein, de convertir, les heretiques, et les infidéles: Mais la maniére, dont on, s'y prends, est fort nouvelle, et puisque, nôtre Seigneur, ne s'est pas servir [sic], de cette mêthode, pour convertir, le monde, elle ne, doit pas étre, la meilleure. J'admire, et ne, comprens pas, ce zéle, et cette Politique, qui me passent, et je suis, de plus ravie, de ne, les, comprendre pas. Croyéz vous, que ce soit, à présent, le têms, de convertir, les Huguenots, de les rendre bons Catholiques, dans un siécle, où l'on fait, des attentats, si visibles, en France, contre le respect, et la soûmmission, qui sont dus, à l'Eglise Romaine, qui est, l'unique, et l'inébranlable fondement, de nôtre Religion, puisque c'est, à Elle, à qui, nôtre Seigneur, a fait, cette magnifique promesse, que les portes, de l'Enfer, ne prévaudront pas contre [elle]? Cependant jamais, la scandaleuse liberté, de l'Eglise Gallicane, n'a été poussée, plus prés, de la Rebellion, qu'Elle est, à présent. Les dernieres, propositions, signées, et publiées, par le Clergé, de France, sont telles, qu'elles, n'ont donnée, qu'un trop apparent Triomphe, à l'herésie, et je pense, que la surprise, doit avoir été, sans égale, se voyant, peu de têms, aprés persecutée, par ceux, qui ont, sur ce, point fondamental, de nôtre Réligion, des dogmes, et des sentiments, si conforme[s], aux siens; Voilà les puissantes raisons, qui m'empechent, de me réjouir, de cette, prétenduë extirpation, de l'heresie. L'interest, de l'Eglise Romaine, m'est sans doute, aussi cher, que ma vie: mais c'est ce, même interest, qui me, fait voir, avec douleur, ce qui, se passe, et je, vous avouë, que j'aime asséz, la France, pour plaindre, la désolation d'un si, beau Royaume; Je soûhaite, de tout, mon coeur, de me tromper, dans mes conjectures, et que tout, se termine à la gloire, de Dieu, et du Roy, Vôtre Maître. Je m'asseure même, que vous, ne doutez pas, de la sincerité, de mes voeux, et que, je suis.
à Rome. le. 2. Fevrier. 1686.

With modernised spelling:

Puisque vous désirez de savoir mes sentiments sur la prétendue extirpation de l'hérésie en France, je suis ravie de vous le dire sur un si grand sujet. Comme je fais profession de ne craindre et de ne flatter personne, je vous avouerai franchement que je ne suis pas fort persuadée du succès de ce grand dessein et que je ne saurais m'en réjouir comme d'une chose fort avantageuse à notre sainte religion. Au contraire, je prévois bien des préjudices qu'un procédé si nouveau fera naître partout. De bonne foi, êtes-vous bien persuadé de la sincérité de ces nouveaux convertis? Je souhaite qu'ils obéissent sincèrement à Dieu et à leur roi, mais je crains leur opiniâtreté, et je ne voudrais pas avoir sur mon compte les sacrilèges que commettront ces catholiques forcés par des missionaires, qui traitent trop cavalièrement nos saints mystères.

Les gens de guerre sont d'étranges apôtres. Je les crois plus propres à tuer, violer et voler qu'à persuader. Aussi des relations desquelles on ne peut [pas] douter, nous apprenent qu'ils s'acquittent de leur mission fort à la mode. J'ai pitié des gens qu'on abandonne à leur discretion, tant d'honnêtes gens réduits à l'aumône, et je ne puis regarder ce qui se passe aujourd'hui en France sans en avoir compassion. Je plains ces malheureux d'être nés dans l'erreur, mais il me semble qu'ils en sont plus dignes de pitié que de haine; et comme je ne voudrais pas pour l'empire du monde avoir part à leur erreur, je ne voudrais pas aussi être cause de leurs malheurs.

Je considère aujourd'hui la France comme une malade à qui on coupe bras et jambes pour la guérir d'un mal qu'un peu de patience et de douleur auraient entièrement guéri, et qu'il ne se rende incurable que ce feu caché sous les cendres ne se rallume un jour plus fort que jamais, et que l'hérésie masquée ne devienne plus dangereuse. Rien n'est plus louable que le dessein de convertir les hérétiques et les infidèles. Mais la manière dont on s'y prend est fort nouvelle, et puisque Notre Seigneur ne s'est pas servi de cette methode pour convertir le monde, elle ne doit pas être la meilleure.

J'admire et ne comprends pas ce zèle et cette politique qui me passent, et je suis de plus ravie de ne les comprendre pas. Croyez-vous que ce soit à présent le temps de convertir les Huguenots de les rendre bons catholiques dans un siècle où l'on fait des attentats si visibles en France, contre le respect et la soumission qui sont dus à l'Église romaine, qui est l'unique et l'inébranlable fondement de notre religion, puisque c'est à elle à qui notre Seigneur a fait cette magnifique promesse que les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre [elle]?

Cependant jamais la scandaleuse liberté de l'Église gallicane n'a été poussée plus près de la rebellion qu'elle est à présent? Les dernières propositions, signées et publiées par le clergé de France, sont telles qu'elles n'ont donnée qu'un trop apparent triomphe à l'hérésie, et je pense que la surprise doit avoir été sans égale, se voyant peu de temps après persecutée par ceux qui ont sur ce point fondamental de notre religion, des dogmes et des sentiments si conforme[s] aux siens. Voilà les puissantes raisons qui m'empêchent de me réjouir de cette prétendue extirpation de l'hérésie.

L'intérêt de l'Église romaine m'est sans doute aussi cher que ma vie, mais c'est ce même intérêt qui me fait voir avec douleur ce qui se passe, et je vous avoue que j'aime assez la France pour plaindre la désolation d'un si beau royaume. Je souhaite de tout mon cœur de me tromper dans mes conjectures et que tout se termine à la gloire de Dieu et du roi, votre maître. Je m'assure même que vous ne doutez pas de la sincérité de mes vœux et que je suis.
A Rome, le 2 février 1686.

Arckenholtz's transcript of the letter:

Puisque Vous desirez de savoir mes sentimens sur la prétenduë extirpation de l'hérésie en France, je suis ravie de vous le dire, & comme je fais profession de ne craindre & de ne flatter personne, je vous avouerai franchement que je ne suis pas fort persuadée du succès de ce grand dessein & que je ne saurois m'en rejouir comme d'une chose fort avantageuse à notre Ste Religion: au contraire je prévois bien le préjudice qu'un procedé si nouveau fera naitre par tout. De bonne foi, êtes-vous bien persuadé de la sincérité de ces nouveaux convertis. Je souhaite qu'ils obéissent sincérement à Dieu & à leur Roi. Mais je crains leur opiniâtreté & je ne voudrois pas avoir sur mon compte tous les sacriléges que commettront tous ces Catholiques, forcés par des Missionaires qui traitent trop cavaliérement nos saints mistères. Les Gens de guerre sont d'étranges Apôtres, & je les crois plus propres à tuer, à voler & à violer, qu'à persuader: aussi des relations (desquelles on ne peut douter) nous apprennent qu'ils s'acquittent de leur mission fort à leur mode. J'ai pitié des gens qu'on abandonne à leur discrétion, je plains tant de familles ruinées, tant d'honnêtes gens réduits à l'aumone & je ne puis regarder ce qui se passe aujourd'hui en France sans en avoir compassions. Je plains ces malheureux d'être nés dans l'erreur, mais il me semble qu'ils sont plus dignes de pitié que de haine, & comme je ne voudrois pas pour l'empire du monde, avoir part à leur erreur, je ne voudrois pas aussi être cause de leur malheur. Je considére la France comme un malade à qui l'on coupe bras & jambes pour le guérir d'un mal qu'un peu de patience & la douceur auroit entiérement guéri; mais je crains fort, que ce mal ne s'aigrisse, & qu'il ne se rende enfin incurable: que ce feu caché sous la cendre ne se rallume un jour plus fort que jamais & que l'hérésie masquée ne devienne plus dangereuse. Rien n'est plus louable, que le dessein de convertir les hérétiques & les infidèles, mais la manière dont on s'y prend est fort nouvelle; & puisque notre Seigneur ne s'est pas servi de cette méthode, pour convertir le monde, elle ne doit pas être la meilleure. J'admire & je ne comprends pas ce zèle & cette Politique qui me passent. Je suis de plus ravie de ne les pas comprendre. Croïez-vous que ce soit à présent le tems de convertir les Huguenots & de les rendre bons Catholiques, dans un siécle, où l'on fait des attentats si visibles en France contre le respect & la soumission qui sont dûs a l'Eglise Romaine? qui est l'unique & l'inébranlable fondement de notre Religion, puisque c'est à elle que notre Seigneur a fait cette magnifique promesse, que les portes de l'enfer ne prévaudront pas contr'elle. Cependant la scandaleuse liberté de l'Eglise Gallicane n'a été pousseé plus près de la rebellion qu'elle l'est à présent. Les dernières propositions signées & publiées par le Clergé de France sont telles, qu'elles n'ont donné qu'un triomphe trop apparent à l'hérésie, & je pense que sa surprise doit avoir été sans égale se voïant peu de tems après persécutée par ceux, qui ont sur ce point fondamental de notre Religion des dogmes & des sentimens si conformes aux siens. Voilà les plus puissantes raisons qui m'empêchent de me réjouir de cette prétenduë extirpation de l'hérésie. L'intérêt commun de l'Eglise m'est sans doute aussi cher que ma vie, mais c'est ce même intérêt qui me fait voir avec douleur ce qui se passe, & je vous avouë aussi, que j'aime assez la France pour plaindre la désolation d'un si beau Roïaume. Je souhaite de tout mon cœur de me tromper dans mes conjectures, & que tout se termine à la plus grande gloire de Dieu & du Roi votre Maitre. Je m'assure même que vous ne doutez pas de la sincérité de mes vœux. à Rome le 2. Février 1686.
CHRISTINE

Arckenholtz's second transcript of the letter:

Le 2. Février 1686.
Puisque vous voulez savoir mes sentimens sur la prétendue extirpation de l'Hérésie en France, je suis ravie de vous le dire sur un sujet de cette importance. Comme je fais profession de ne craindre & de ne flatter personne, je vous avouerai franchement que je ne suis pas fort persuadée du succès de ce grand dessein, & que je ne saurois m'en réjouir, comme d'une chose fort avantageuse à notre Sainte Religion; au contraire, je prévois bien des préjudices qu'un procédé si nouveau fera naître par-tout. En bonne-foi êtes vous bien persuadé de la sincérité de ces Convertis? Je souhaitte qu'ils obéissent sincérement à Dieu, & à leur Roi; mais je crains leur opiniâtreté, & je ne voudrois pas avoir sur mon compte tous les sacriléges que commettront ces Catholiques forcés par des Missionaires qui traittent trop cavaliérement nos Saints Mystéres. Les Gens de guerre sont d'étranges Apôtres. Je les crois plus propres à tuer, violer & voler, qu'à persuader; aussi des relations dont on ne peut pas douter, nous apprenent-elles qu'ils s'acquittent de leur mission fort à leur mode. J'ai pitié des gens qu'on abandonne à leur discrétion. Je plains tant de familles ruinées, tant d'honnêtes gens réduits à la mendicité, & je ne puis regarder ce qui se passe aujourd'hui en France, sans en avoir compassion. Je plains ces malheureux d'être nés dans l'erreur, mais il me semble qu'ils en sont plus dignes de pitié que de haine; & comme je ne voudrois pas pour l'Empire du Monde avoir part à leurs erreurs, je ne voudrois pas être cause de leurs malheurs. Je considére aujourd'hui la France comme une malade à qui l'on coupe bras & jambes, pour la guérir d'un mal qu'un peu de patience & de douceur auroit entiérement guéri; mais je crains fort que ce mal ne s'aigrisse, & qu'il ne devienne enfin incurable; que ce feu caché sous la cendre ne se rallume un jour plus fort que jamais, & que l'Hérésie masquée ne devienne plus dangereuse. Rien n'est plus louable que le dessein de convertir les Hérétiques & les Infidéles, mais la maniére dont on s'y prend est fort nouvelle, & puisque notre Seigneur ne s'est pas servi de cette méthode pour convertir le Monde, elle ne doit pas être la meilleure. J'admire, & ne comprends pas ce zéle & cette politique qui me passent, & je suis de plus ravie de ne les pas comprendre. Croyez-vous que ce soit à-présent le tems de convertir les Huguenots, de les rendre bons Catholiques dans un siécle où l'on fait des attentats si visibles en France contre le respect & la soumission qui sont dûs a l'Eglise Romaine, qui est l'unique & l'inébranlable fondement de notre Religion, puisque c'est à elle à qui notre Seigneur a fait cette magnifique promesse, que les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle? Cependant jamais la scandaleuse liberté de l'Eglise Gallicane n'a été pousseé plus près de la rebellion, qu'à-présent. Les derniéres Propositions, signées & publiées par le Clergé de France, sont telles, qu'elles n'ont donné qu'un triomphe trop apparent à l'Hérésie; & je pense que sa surprise doit avoir été sans égale, se voyant peu de tems après persécutée par ceux qui ont sur ce point fondamental de notre Religion des Dogmes & des sentimens si conformes aux siens. Voilà les puissantes raisons qui m'empêchent de me réjouir de cette prétendue extirpation de l'Hérésie. L'intérêt de l'Eglise Romaine m'est sans-doute aussi cher que ma vie; mais c'est ce même intérêt qui me fait voir avec douleur ce qui se passe, & je vous avoue aussi que j'aime assez la France pour plaindre la désolation d'un si beau Royaume. Je souhaitte de tout mon cœur de me tromper dans mes conjectures, & que tout se termine à la plus grande gloire de Dieu, & du Roi votre Maître; je m'assure même que vous ne douterez pas de la sincérité de mes vœux.

English translation (my own):

Since you wish to know my feelings on the alleged extirpation of heresy in France, I am pleased to tell you about such a great subject. As I profess not to fear nor to flatter anyone, I will frankly confess to you that I am not very persuaded of the success of this grand design, and that I cannot rejoice in it, as of a very advantageous thing to our holy religion. On the contrary, I anticipate many prejudices, that such a new process will give birth to everything. In earnest, are you well convinced of the sincerity of these new converts? I wish that they sincerely obey God and their King; but I fear their obstinacy, and I do not wish to have on my account all the sacrileges which will be committed by these Catholics by the missionaries who treat our holy mysteries in too cavalier a manner. Warriors are strange apostles; I believe them to be better able to kill, rape and steal than to persuade; also, relations, of which we can not doubt, teach us, that they acquit themselves of their mission very much in their fashion.

I pity people who are abandoned at their discretion, I pity so many ruined families, so many honest people reduced to alms, and I cannot look at what is happening in France today, without having compassion. I pity these unfortunates to be born in error; but it seems to me that they are more worthy of pity than of hatred; and as I do not wish for the empire of the world to share in their error, I would not wish to also be the cause of their misfortunes. Today I consider France as a sick man whose arms and legs are cut off so as to cure him of a disease which a little patience and gentleness would have healed completely. But I fear very much that the disease will become bitter, and that it will not end in the end, that this fire, hidden under the ashes, will be rekindled one day stronger than ever, and that masked heresy will only become more dangerous. Nothing is more praiseworthy than the design of converting heretics and infidels. But the way one does it is very new, and since our Lord has not used this method to convert the world, it must not be the best.

I admire and do not understand this zeal and this policy which pass me by, and I am delighted not to understand them. Do you believe that it is now time to convert the Hugenots, to make them good Catholics in a century, or that one make attacks so visible in France against respect and submission, which are due to the Roman Church, which is the unique and inexhaustible foundation of our religion, then it is to it whom our Lord has made this wonderful promise, that the gates of Hell will not prevail against it? Never, however, has the scandalous liberty of the Gallican Church been pushed further by the rebellion than it is now.

The last propositions signed and published by the Clergy of France are such that they have given only too apparent a triumph to the heresy, and I think that one's surprise must have been unequaled, seeing oneself shortly afterwards persecuted by those who, on this fundamental point of our religion, have dogmas and sentiments so much in conformity with one's own, saw the powerful reasons which prevent me from enjoying myself by this pretended extirpation of heresy. The interest of the Roman Church is, no doubt, as dear to me as my life; but it is this same interest which makes me see with pain what is happening, and I confess to you that I love France enough to pity the desolation of such a beautiful kingdom. I wish with all my heart to deceive myself in my conjectures, and that everything ends with the greatest glory of God, and of the King your master. I assure myself that you will not doubt the sincerity of my wishes, and that I am.
From Rome, February 2, 1686.

Swedish translation of Arckenholtz's second transcript (my own):

Den 2 februari 1686.
Eftersom Ni vill veta mina känslor angående den påstådda utrotningen av kätteri i Frankrike, är jag glad att kunna berätta för Er om ett ämne av denna betydelse. Då jag gör ett yrke av att frukta och smickra ingen, kommer jag uppriktigt att bekänna för Er att jag inte är särskilt övertygad om framgången för denna stora dessäng, och att jag inte kan glädja mig över den som något mycket fördelaktigt för vår heliga religion; tvärtom, jag förutser många skador som en sådan ny process kommer att orsaka överallt. Är Ni i god tro övertygad om dessa konvertiters uppriktighet? Jag önskar att de uppriktigt lyder Gud och sin konung; men jag fruktar deras envishet, och jag skulle inte vilja ha för min skull alla helgerån som dessa katoliker kommer att begå, tvingade av missionärer som behandlar våra heliga mysterier alltför kavaljerligt.

Krigsmän är konstiga apostlar. Jag tror att de är mer lämpade för att döda, våldta och stjäla än att övertala; även relationer som vi inte kan betvivla lär oss att de på sitt eget sätt frikänner sig själva från sitt uppdrag. Jag tycker synd om människor som är övergivna till sitt eget gottfinnande. Jag tycker synd om så många förstörda familjer, så många ärliga människor reducerade till tiggeri, och jag kan inte titta på vad som händer i Frankrike idag utan att känna medkänsla. Jag tycker synd om dessa olyckliga för att de fötts i misstag, men det förefaller mig som om de är mer värda medlidande än hat; och eftersom jag inte ens skulle vilja ta del av deras misstag för världens välde, skulle jag inte vilja vara orsaken till deras olyckor.

Idag betraktar jag Frankrike som en sjuk person vars armar och ben är avskurna för att bota det från en sjukdom som lite tålamod och vänlighet helt skulle ha botat; men jag fruktar mycket att denna sjukdom kommer att förvärras och att den slutligen blir obotlig; må denna eld gömd under askan en dag återupptändas starkare än någonsin, och må det maskerade kätteri inte bli farligare. Ingenting är mer lovvärt än planen att omvända kättare och otrogna, men sättet på vilket detta görs är mycket nytt, och eftersom vår Herre inte använde denna metod för att omvända världen, så får den inte vara den bästa.

Jag beundrar, och förstår inte, denna iver och denna politik som går mig förbi, och jag är dessutom glad över att inte förstå dem. Tror Ni att det nu är dags att omvända hugenotterna, att göra dem till goda katoliker under ett århundrade när sådana synliga attacker görs i Frankrike mot den respekt och underkastelse som tillkommer den romerska Kyrkan, som är den enda och orubbliga grunden för vår religionen, eftersom det är till den som vår Herre har givit detta storartade löfte, att helvetets portar inte skall segra över den?

Ändå har den gallikanska Kyrkans skandalösa frihet aldrig förts närmare uppror än för närvarande. De sista propositionerna, undertecknade och publicerade av Frankrikes prästerskap, är sådana att de har givit kätteriet en alltför uppenbar triumf; och jag tror att dess överraskning måste ha varit oöverträffad, ty han kort därefter såg sig själv förföljd av dem som på denna grundläggande punkt i vår religion har dogmer och känslor så pass överensstämmande med dess egna. Det här är de kraftfulla skälen som hindrar mig från att glädjas åt denna påstådda utplåning av kätteri.

Den romerska Kyrkans intressen är utan tvivel lika kära för mig som mitt liv; men det är samma intresse som får mig att se med smärta på vad som händer, och jag erkänner också för Er att jag älskar Frankrike tillräckligt för att ömka över ödeläggelsen av ett så vackert rike. Jag önskar av hela mitt hjärta att ha fel i mina konjekturer, och att allt må sluta till Guds och konungens, Er herres, ära; jag försäkrar till och med mig att Ni inte kommer att tvivla på att mina önskemål är uppriktiga.

English translation of Arckenholtz's second transcript (my own):

February 2, 1686.
As you want to know my feelings on the alleged extirpation of heresy in France, I am delighted to tell you them on a subject of this importance. As I make a profession of fearing and flattering no one, I will confess to you frankly that I am not very persuaded of the success of this great design, and that I cannot rejoice in it as something very advantageous to our holy religion; on the contrary, I foresee many harms that such a new process will cause everywhere. In good faith, are you persuaded of the sincerity of these converts? I wish that they sincerely obey God and their King; but I fear their obstinacy, and I would not like to have on my account all the sacrileges that these Catholics will commit, forced by missionaries who treat our Holy Mysteries too cavalierly.

Men of war are strange apostles. I believe them to be more suitable for killing, raping and stealing than for persuading; also relations which we cannot doubt teach us that they acquit themselves of their mission very much in their own way. I pity people who are abandoned to their discretion. I pity so many ruined families, so many honest people reduced to begging, and I cannot look at what is happening in France today without feeling compassion. I pity these unfortunates for being born in error, but it seems to me that they are more worthy of pity than of hatred; and as I would not want to share in their errors even for the empire of the world, I would not want to be the cause of their misfortunes.

Today I consider France as a sick person whose arms and legs are cut off to cure it of an illness that a little patience and kindness would have completely cured; but I fear very much that this disease will worsen and that it will finally become incurable; may this fire hidden under the ashes one day be rekindled stronger than ever, and may the masked heresy not become more dangerous. Nothing is more laudable than the design of converting heretics and infidels, but the manner in which this is done is very new, and since our Lord did not use this method to convert the world, it must not be the best.

I admire, and do not understand, this zeal and this policy which pass me by, and I am, moreover, delighted not to understand them. Do you believe that now is the time to convert the Huguenots, to make them good Catholics in a century when such visible attacks are being made in France against the respect and submission due to the Roman Church, which is the sole and unshakable foundation of our religion, since it is to it to whom our Lord has made this magnificent promise, that the gates of Hell shall not prevail against it?

Yet never has the scandalous freedom of the Gallican Church been pushed closer to rebellion than at present. The last propositions, signed and published by the clergy of France, are such that they have given only too apparent a triumph to heresy; and I think that its surprise must have been unequaled, seeing itself shortly afterwards persecuted by those who have on this fundamental point of our religion dogmas and sentiments so conformable to its own. These are the powerful reasons which prevent me from rejoicing in this alleged extirpation of heresy.

The interests of the Roman Church are no doubt as dear to me as my life; but it is this same interest that makes me look with pain upon what is happening, and I also confess to you that I love France enough to pity the desolation of such a beautiful kingdom. I wish with all my heart to be wrong in my conjectures, and that everything may end to the greater glory of God, and for that of the King your master; I even assure myself that you will not doubt the sincerity of my wishes.


Above: Kristina.

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