Monday, December 9, 2019

Kristina's letter to Azzolino, dated July 25/August 4 (New Style), 1666

Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on July 25/August 4 (New Style), 1666.








Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), published by Baron Carl Bildt, 1899



Kristina's letter of July 21/31 (New Style) to King Louis XIV of France is here:


Kristina's memorandum of that same day to Hugues de Lionne is here:


The letter:

20 lestre dAmbvr le 4 dAgoust 1666 —
Jay receu avec toutte la ioye immaginable Vostre settiesme lestre et quoy qve iay a me plaindre de limpaicence que Vous tesmoingez pour mon Voyage de Stocholme elle ne laisse pas davoir qvelqve Chose de fort obligent et agreable pour moy, et daccroitre la minne qvi est retarde par les Considerations que Vous aurez appris par mes presedentes.

Jauroys sovhaitte Comme Vous de povvoir Vous escrire de Stocholme ou du moins de Suede mais Vous savez bien que ie Vous ay tousiours dit qve ie ne Voulois aller en Svede qua deux Conditions lune que la diette se fit, laustre qve lon me donne lexercice de la religion libre. la diette se differe ce celon toute apparence iay Casi perdu lesperance qvelle se tienne pour cette anne, et ie nay pas obtenu encore la liberte de lexercice de la religion, et ie suis icy en attendant la reponse qvon fera la desus a Strop qve iy ay enVoye pour le solliciter. Car a moins qvon me laccorde je ne puis mhasarder a ce Voyage, iusques a ce que ie sois asseure de la diette Car qvant ie seray asseure qvelle se fera iyray qvon me le donne ou qvon me le donne pas, et yray en personne la solliciter aupres de Messr. les Estats qvi ne me la refuseront pas a ce qve iespere. Je Vous ay dit asse amplement et Clariement mes sentiments la desus dans mes presedentes et Jl ne me reste rien a y adiouster.

Je suis ravie de lhoneur que le Roy de france Vous a fait et Vous avriez eu le plus gran tort du monde de naccepter pas vne si obligente lettre qvi ne Contient qve des Civilites et ne Vous engage a rien de Contraire a Vostre devoir. Je Vous prie de la montrer a touts le monde pour faire Crever Vos envieux, Car pour moy ie ne fais pas de segret de lenvie que iay de servir le Roy en Svede et par tout. Car puis qve le Roy me fait mille amities a present Je feray Conoistre a tout le qve si iay este invincible du Coste de la fierete ie le Veux ausi lestre du Coste de la Civilite. faittes ausi Voir ma lestre afin qve lon sache qve ie prens laffaire de la maniere quil faut. Jay Creu devoir escrire cette lestre povr tesmoinger a toutte la terre linterest qve ie prens en ce qui Vous touche et donner tesmoinage de lestime de lamitie et de lobligation que ie Vous professe. si ma lestre Vous plait Ce me sera beauCoup de Joye sinon Je Vous prie de pardonner la foiblesse de mes expressions a la force de lamitie qvi Vous est tres Coneue qvi rend touttes les expressions defectvevse.

Vous trovverez vn memoire qve iay iuge a propos enVoier a Monsr. Lionne pour preparer les esprits a touts evenements Je seray for satisfaitte de moy si iavois donne dans Vos sentiments. au moins Jl me semble qve ie nay rien hasardee.

Je suis au desespoir dapprendre la maladie du pape mais Vos lestre me Consolent en me faisant esperer que ie le retroveray dans le mesme estat qve ie lay laisse, et Je le souhaitte de tout mon Coeur et si mon Coeur ne me trompe il masseure que Jaurois cette ioye.

Ce qve Vous me dittes de lElecteur Saxe nest pas vn segret icy, lon en parle publiqvement. si la Vocation est Veritable, la Suede ne poura pas lempecher. Je Crains plus sa femme qve le reste, Car ie Crois qve lelectevr de brandeburg feroit de mesme si lopiniatrete de sa femme ny mestoit dostacle. les menasses de la Svede en ses temps son asse Coneves et ne sont gere Craintes, Car se nest plus Cette mesme Svede qui donnoit des lois a lempire, et povr ainsi dire qvi les donnoit Casi a lEurope, et si lon Continue a se govuerner Comme lon fait ie Crois qu'a lieux de les donner elle les recevra pour lon temps.

laliance faitte avec la france nest rien qu'une simple asseurence de neutralite. si elle se Conclut de la maniere quelle est proiette elle napportera a la Suede que peu de profit et beaucoup de honte, au lieu qve sil leusse faite a temps Jl en auroit tire des avantages de gloire et de profit inComparables. mon opinion est quils Veulent attendre le succes de la battalie navale des deux Nations, pour prendre leur derniere resolutions. lon atten par tout le svces de cette battallie qvi reglera bien des affaires quoy que mon opinion soit qvelle prodvira la paix qvel qven soit le suces Car lAngletere est espvise dhommes dargent et par Consequent de force, cest leur dernier effort et lhollande ne Veut que la paix, Car Cest la plus grande Conqveste qvelle puisse faire, et Cest la seulle Chose dont elle a besoin estant Abondante de tout le reste.

Vrangel a est indispose ie luy ay envoye mon medicin lequel ma rapporte quil se porte mieux et est hors de danger. Je Crois que le Chagrin a bonne part a son mal

la Suede traitte tousiour avec la Vile de Bremen, et ie Crois qvon traittera lon temps, Car Jl ny austre Chose. le bruit de la Vile de dAmbur a este plus de huit huit Jour qu'on avoit bloqve la Vile; mais Cela nest pas et si Vous l'entendez drie ne le Croiez pas si ie ne Vous lescris, Car est une sottise qve iespere quon ne fera pas.

lon parle ausi que le roy de Dannemarque Veut attaquer cette Vile cette novelle toutte ridicule qvelle est trouve des gens asse sots pour la Croire. pour moy ie suis au desespoir de navoir pas ce passe temps Car ausi bien seroit ce le seul qvon pouroit avoir a Hambur et mesme on ne laura pas. Comme lon a Veu Majense prendre erfort et Magdebur pris par Bandebur, et qve la Svede avoit envie de Bremen, lon Croit qve le Dannemarque a la mesme envie d'Ambur, mais apparemment Jl auront long temps cet envie.

la novvelle de la defaitte du Roy de polonge Continue et est Creu Veritable icy de tout le monde.

lon nous fait espere qve les moscovites saccommoderont enfin avec la Svede ce qui me Consoleroit fort.

Je Vous envoy une lestre dAdami qve iay pris la liberte douvrir par ce quil ne ma pas escrit. Je lattens icy tous les iours avec autan plus dipacience que so Chiffre mest necessaire, quoy qve iay attendu for bien tout ce qve Vous me dittes et me regleray sur les messures que Vous me donnez. Jespere que touts mes affaires se disposeront heureusement pour moy et ausi tost qu'Adamy sera ycy ie lenVoyeray en pomeraine povr remedier a touts les inconveniets, et pour renovveller les fermes avec mes fermiers ou en prendre daustres.

les austres fermes se feront ausi sil plait a Dieu Celon le proiet d'Adamy mais iespere den tirer enCore qvelqve chose de plus.

Je Vous prie ne Vous inquiette pas pour mes interest et soyez Certain que i'en Viendray heureusement au bout. au moins Je ny esparngeray ny soin ny application.

Je ne sauray pas mempecher de me plaindre avec Vous du malheur qui me differe si Cruellement mon retour. Je vous prie de Considerer Combien Vivement ie dois resentir vn malheur qui est Casi le plus gran qvi me povoit arriver en Ce monde et Je Vous prie de Croire qve la Cruelle necssite qui moblige a faire cet effort sur mon inClination mest insupportable au de la de tout ce que Vous pouvez immaginer. Je Vous prie de penser iuste la desus et de Croire tout ce qve Vous devez Croire pour ma Consolation, Car si sur ce suiet Vous nestiez persuade de la maniere que Vous le devez l'estre en ma faveur, Je seray inConsolable.

Vous avez Veu mon assiduite a Vous escrire, et Je suis ravie de Voir qve Vous lavez remarque, ie nay iay mais manque a [...] de Vous escrire et si vous navez receu plus de lestre cest qve ie nay trouve plus doccasion de Vous escrire Car si i'en eusse eu tous les iours et tous les moments ie n'evsse laisse passer aucune san Vous donner les marques de mon souvenir. et Vous ne devez pas men tenir Conte de cette pvntualite Car Vous escrire et recevoir Vos lestre est toutte la ioye qvi me reste en ce monde depuis qve ie vous ay quitte et quant Jl ne faudroit pas Vous escrire pour Vostre Consolation Jl faudroit au moins Vous escrie pour la mienne. faittes de mesme Je Vous en prie et donnons nous reciproquement le plus sovvent qve Nous povvons les tesmoinages dune amitie qvi ne peut et ne doit finir qu'avec nostre Vie.

Jepanse navoir plus rien a Vous dire si nest que ie me porte parfaittement bien et que ie seray trop heureuse sil mest permis de Vous revoir enCore vne fois devan mourir. adieu

Jattens avec impacience Vostre huittiesme lestre et iespre de lavoir dans peu dheures adieu

Je viens de recevoir Vostre huittiesme lestre et nay pas loisir dy repondre mes presedentes y on repondu en partie et ie ne Vous sauray rien dire de plus. la maladie du pape mafflige mais Jl se faut enfin consoler et prendre le Choses Comme elle Vienne Je Vous diray qvelqve Chose de plus par lordinarie prochain et cepandant ie prie dieu quil Vous Conserve. adieu

With modernised spelling (with Kristina's spelling mistakes preserved as much as possible):

20 lettre de [H]ambour[g], le 4 d'agoût [sic] 1666. —
J'ai reçu avec toute la joie immaginable [sic] votre settième [sic] lettre et, quoique j'aie à me plaindre de l'impaitence [sic] que vous témoingez [sic] pour mon voyage de Stockholm, elle ne laisse pas d'avoir quelque chose de fort obligeant et agréable pour moi, et d'accroître la mi[e]nne qui est retardée par les considérations que vous aurez appris[es] par mes précédentes.

J'aurais souhaité, comme vous, de pouvoir vous écrire de Stockholm, ou du moins de Suède; mais vous savez bien que je vous ai toujours dit que je ne voulais aller en Suède qu'à deux conditions: l'une que la Diète se fit, l'autre que l'on me donne l'exercice de la religion libre. La Diète se diffère, selon toute apparence. J'ai quasi perdu l'espérance qu'elle se tienne pour cette année, et je n'ai pas obtenu encore la liberté de l'exercice de la religion; et je suis ici en attendant la réponse qu'on fera là-dessus à Stropp que j'y ai envoyé pour le solliciter. Car, à moins qu'on me l'accorde, je ne puis m[e] hasarder à ce voyage jusqu'à ce que je sois assurée de la Diète; car, quand je serai assurée qu'elle se fera, j'irai, qu'on me le donne ou qu'on ne me le donne pas, et irai en personne la solliciter auprès de Messieurs les États, qui ne me la refuseront pas, à ce que j'espère. Je vous ai dit assez amplement et clairement mes sentiments là-dessus dans mes précédentes, et il ne me reste rien à y ajouter.

Je suis ravie de l'honneur que le roi de France vous a fait, et vous auriez eu le plus grand tort du monde de n'accepter pas une si obligeante lettre, qui ne contient que des civilités et ne vous engage à rien de contraire à votre devoir. Je vous prie de la montrer à tout le monde pour faire crever vos envieux; car, pour moi, je ne fais pas de secret de l'envie que j'ai de servir le roi, en Suède et partout. Car, puisque le Roi me fait mille amitiés à présent, je ferai connaître à tout le [monde] que si j'ai été invincible du côté de la fiereté [sic], je le veux aussi l'être du côté de la civilité. Faites aussi voir ma lettre, afin que l'on sache que je prends l'affaire de la manière qu'il faut. J'ai cru devoir écrire cette lettre pour témoinger [sic] à toute la terre l'intérêt que je prends en ce qui vous touche et donner témoi[g]nage de l'estime, de l'amitié et de l'obligation que je vous professe. Si ma lettre vous plaît, ce me sera beaucoup de joie; sinon je vous prie de pardonner la faiblesse de mes expressions à la force de l'amitié qui vous est très connue [et] qui rend toutes les expressions défectueuses.

Vous trouverez un mémoire que j'ai jugé à propos envoyer à Monsieur de Lionne pour préparer les esprits à tous événements. Je serais fort satisfaite de moi si j'avais donné dans vos sentiments. Au moins, il me semble que je n'ai rien hasardé.

Je suis au désespoir d'apprendre la maladie du pape, mais vos lettres me consolent en me faisant espérer que je le retrouverai dans le même état que je l'ai laissé, et je le souhaite de tout mon cœur; et, si mon cœur ne me trompe, il m'assure que j'aurai cette joie.

Ce que vous me dites de l'électeur [de] Saxe n'est pas un segret [sic] ici; l'on en parle publiquement. Si la vocation est véritable, la Suède ne pourra pas l'empêcher. Je crains plus sa femme que le reste, car je crois que l'électeur de Brandebourg ferait de même si l'opiniâtreté de sa femme n'y mettait d'obstacle. Les menaces de la Suède en ces temps sont assez connues et ne sont guère craintes, car ce n'est plus cette même Suède qui donnait des lois à l'Empire et, pour ainsi dire, qui les donnait quasi à l'Europe; et si l'on continue à se gouverner comme l'on fait, je crois qu'a[u] lieu de les donner elle les recevra pour longtemps.

L'alliance faite avec la France n'est rien qu'une simple assurance de neutralité. Si elle se conclut de la manière qu'elle est projetée, elle n'apportera à la Suède que peu de profit et beaucoup de honte, au lieu que s'ils l'eussent faite à temps elle en aurait tiré des avantages de gloire et de profit incomparables. Mon opinion est qu'ils veulent attendre le succès de la batallie [sic] navale des deux nations pour prendre leur dernières résolutions. L'on attend partout le succès de cette battallie [sic] qui réglera bien des affaires, quoique mon opinion soit qu'elle produira la paix, quel qu'en soit le succès, car l'Angleterre est épuissée d'hommes, d'argent et par conséquent de force, et c'est leur dernier effort; et la Hollande ne veut que la paix, car c'est la plus grande conquête qu'elle puisse faire, et c'est la seule chose dont elle a besoin, étant abondante de tout le reste.

Wrangel a été indisposé. Je lui ai envoyé mon médicin [sic], lequel m'a rapporté qu'il se porte mieux et est hors de danger. Je crois que le chagrin a bonne part à son mal.

La Suède traite toujours avec la ville de Brêmen [sic], et je crois qu'on traitera longtemps, car il n'y aura autre chose. Le bruit de la ville de [H]ambour[g] a été plus de huit jours, qu'on avait bloqué la ville; mais cela n'est pas, et si vous l'entendez dire ne le croyez pas si je ne vous l'écris, car c'est une sottise que j'espère qu'on ne fera pas.

L'on parle aussi que le roi de Danemark veut attaquer cette ville. Cette nouvelle, toute ridicule qu'elle est, trouve des gens assez sots pour la croire. Pour moi, je suis au désespoir de n'avoir pas ce passe-temps, car aussi bien serait-ce le seul qu'on pourrait avoir à Hambour[g], et même on ne l'aura pas. Comme l'on a vu Mayence prendre Erford, et Magdebour[g] pris par B[r]andebour[g], et que la Suède avait envie de Brêmen [sic], l'on croit que le Danemark à la même envie de [H]ambour[g]; mais, apparemment, ils auront longtemps cet envie.

La nouvelle de la défaite du roi de Polonge [sic] continue et est crue véritable ici de tout le monde.

L'on nous fait espère que les Moscovites s'accommoderont enfin avec la Suède, ce qui me consolerait fort.

Je vous envoie une lettre d'Adami que j'ai pris la liberté d'ouvrir parce qu'il ne m'a pas écrit. Je l'attends ici tous les jours, avec autant plus d'i[m]patience que so[n] chiffre m'est nécessaire, quoique j'ai attendu fort bien tout ce que vous me dites, et me réglerai sur les mesures que vous me donnez. J'espère que tous mes affaires se disposeront heureusement pour moi, et aussitôt qu'Adami sera ici, je l'enverrai en Poméranie pour rémedier à tous les inconvénients, et pour renouveler les fermes avec mes fermiers, ou en prendre d'autres.

Les autres fermes se feront aussi, s'il plaît à Dieu, selon le projet d'Adami, mais j'espère d'en tirer encore quelque chose de plus.

Je vous prie, ne vous inquiétez pas pour mes intérêts et soyez certain que j'en viendrai heureusement au bout. Au moins, je n'y éparngerai [sic] ni soin ni application.

Je ne saurai pas m'empêcher de me plaindre avec vous du malheur qui me diffère si cruellement mon retour. Je vous prie de considérer combien vivement je dois ressentir un malheur qui est quasi le plus grand qui me pouvait arriver en ce monde, et je vous prie de croire que la cruelle nécessité qui m'oblige à faire cet effort sur mon inclination m'est insupportable au delà de tout ce que vous pouvez immaginer [sic]. Je vous prie de penser juste là-dessus et de croire tout ce que vous devez croire pour ma consolation, car si sur ce sujet vous n'étiez persuadé de la manière que vous le devez l'être en ma faveur, je serais inconsolable.

Vous avez vu mon assiduité à vous écrire, et je suis ravie de voir que vous l'avez remarquée. Je n'ai jamais manqué à [aucune occasion] de vous écrire, et si vous n'avez reçu plus de lettres, c'est que je n'ai trouvé plus d'occasion de vous écrire, car si j'en eusse eu tous les jours et tous les moments, je n'eusse laissé passer aucune sans vous donner les marques de mon souvenir. Et vous ne devez pas m'en tenir compte de cette pun[c]tualité [sic], car vous écrire et recevoir vos lettres est toute la joie qui me reste en ce monde, depuis que je vous ai quitté, et quand il ne faudrait pas vous écri[r]e pour votre consolation, il faudrait au moins vous écrire pour la mienne. Faites de même, je vous en prie, et donnons-nous réciproquement, le plus souvent que nous pouvons, les témoi[g]nages d'une amitié qui ne peut et ne doit finir qu'avec notre vie.

Je panse [sic] n'avoir plus rien à vous dire, si [ce] n'est que je me porte parfaitement bien et que je serai trop heureuse s'il m'est permis de vous revoir encore une fois devant [de] mourir. Adieu.

J'attends avec impatience votre huitième lettre et j'esp[è]re de l'avoir dans peu d'heures. Adieu.

Je viens de recevoir votre huitième lettre et n'ai pas loisir d'y répondre. Mes précédentes y ont répondu en partie, et je ne vous saurais rien dire de plus. La maladie du pape m'afflige, mais il se faut enfin consoler et prendre les choses comme elles viennent. Je vous dirai quelque chose de plus par l'ordinaire prochain, et, cepandant [sic], je prie Dieu qu'il vous conserve. Adieu.

With modernised spelling (Bildt's transcript):

Hambourg, 4 août 1666.
J'ai reçu avec toute la joie imaginable votre septième lettre et, quoique j'aie à me plaindre de l'impatience que vous témoignez pour mon voyage de Stockholm, elle ne laisse pas d'avoir quelque chose de fort obligeant et agréable pour moi, et d'accroître la mienne qui est retardée par les considérations que vous aurez apprises par mes précédentes.

J'aurais souhaité, comme vous, de pouvoir vous écrire de Stockholm, ou du moins de Suède; mais vous savez bien que je vous ai toujours dit que je ne voulais aller en Suède qu'à deux conditions: l'une que la Diète se fit, l'autre que l'on me donne l'exercice de la religion libre. La Diète se diffère, selon toute apparence. J'ai quasi perdu l'espérance qu'elle se tienne pour cette année, et je n'ai pas obtenu encore la liberté de l'exercice de la religion; et je suis ici en attendant la réponse qu'on fera là-dessus à Stropp que j'y ai envoyé pour le solliciter. Car, à moins qu'on me l'accorde, je ne puis me hasarder à ce voyage, jusqu'à ce que je sois assurée de la Diète; car, quand je serai assurée qu'elle se fera, j'irai, qu'on me le donne ou qu'on ne me le donne pas, et irai en personne la solliciter auprès de Messieurs les États qui ne me la refuseront pas, à ce que j'espère. Je vous ai dit assez amplement et clairement mes sentiments là-dessus dans mes précédentes, et il ne me reste rien à y ajouter.

Je suis ravie de l'honneur que le roi de France vous a fait, et vous auriez eu le plus grand tort du monde de n'accepter pas une si obligeante lettre, qui ne contient que des civilités et ne vous engage à rien de contraire à votre devoir. Je vous prie de la montrer à tout le monde pour faire crever vos envieux; car, pour moi, je ne fais pas de secret de l'envie que j'ai de servir le Roi, en Suède, et partout. Car, puisque le Roi me fait mille amitiés à présent, je ferai connaître à tout le [monde] que si j'ai été invincible du côté de la fierté, je le veux aussi l'être du côté de la civilité. Faites aussi voir ma lettre, afin que l'on sache que je prends l'affaire de la manière qu'il faut. J'ai cru devoir écrire cette lettre pour témoigner à toute la terre l'intérêt que je prends en ce qui vous touche et donner témoignage de l'estime, de l'amitié et de l'obligation que je vous professe. Si ma lettre vous plaît, ce me sera beaucoup de joie; sinon je vous prie de pardonner la faiblesse de mes expressions à la force de l'amitié qui vous est très connue [et] qui rend toutes les expressions défectueuses.

Vous trouverez un mémoire que j'ai jugé à propos envoyer à M. de Lionne pour préparer les esprits à tous événements. Je serais fort satisfaite de moi si j'avais donné dans vos sentiments. Au moins, il me semble que je n'ai rien hasardé.

Je suis au désespoir d'apprendre la maladie du Pape, mais vos lettres me consolent en me faisant espérer que je le retrouverai dans le même état que je l'ai laissé, et je le souhaite de tout mon cœur, et si mon cœur ne me trompe il m'assure que j'aurai cette joie.

Ce que vous me dites de l'Électeur [de] Saxe n'est pas un secret ici; l'on en parle publiquement. Si la vocation est véritable, la Suède ne pourra pas l'empêcher. Je crains plus sa femme que le reste, car je crois que l'Électeur de Brandebourg ferait de même si l'opiniâtreté de sa femme n'y mettait obstacle. Les menaces de la Suède en ces temps sont assez connues et ne sont guère craintes, car ce n'est plus cette même Suède qui donnait des lois à l'Empire et, pour ainsi dire, qui les donnait quasi à l'Europe; et si l'on continue à se gouverner comme l'on fait, je crois qu'au lieu de les donner elle les recevra pour longtemps.

L'alliance faite avec la France n'est rien qu'une simple assurance de neutralité. Si elle se conclut de la manière qu'elle est projetée, elle n'apportera à la Suède que peu de profit et beaucoup de honte, au lieu que s'ils l'eussent faite à temps elle en aurait tiré des avantages de gloire et de profit incomparables. Mon opinion est qu'ils veulent attendre le succès de la bataille navale des deux nations pour prendre leur dernières résolutions. L'on attend partout le succès de cette bataille qui réglera bien des affaires, quoique mon opinion soit qu'elle produira la paix, quel qu'en soit le succès, car l'Angleterre est épuissée d'hommes, d'argent et par conséquent de force, et c'est leur dernier effort; et la Hollande ne veut que la paix, car c'est la plus grande conquête qu'elle puisse faire, et c'est la seule chose dont elle a besoin, étant abondante de tout le reste.

Wrangel a été indisposé. Je lui ai envoyé mon médecin, lequel m'a rapporté qu'il se porte mieux et est hors de danger. Je crois que le chagrin a bonne part à son mal.

La Suède traite toujours avec la ville de Brême, et je crois qu'on traitera longtemps, car il n'y aura autre chose. Le bruit de la ville de Hambourg a été plus de huit jours, qu'on avait bloqué la ville; mais cela n'est pas, et si vous l'entendez dire ne le croyez pas si je ne vous l'écris, car c'est une sottise que j'espère qu'on ne fera pas.

L'on parle aussi que le roi de Danemark veut attaquer cette ville. Cette nouvelle, toute ridicule qu'elle est, trouve des gens assez sots pour la croire. Pour moi, je suis au désespoir de n'avoir pas ce passe-temps, car aussi bien serait-ce le seul qu'on pourrait avoir à Hambourg, et même on ne l'aura pas. Comme l'on a vu Mayence prendre Erfurth, et Magdebourg pris par Brandebourg, et que la Suède avait envie de Brême, l'on croit que le Danemark à la même envie de Hambourg; mais, apparemment, ils auront longtemps cet envie.

La nouvelle de la défaite du roi de Pologne continue et est crue véritable, ici, de tout le monde.

L'on nous fait espère que les Moscovites s'accommoderont enfin avec la Suède, ce qui me consolerait fort.

Je vous envoie une lettre d'Adami que j'ai pris la liberté d'ouvrir parce qu'il ne m'a pas écrit. Je l'attends ici tous les jours, avec autant plus d'impatience que son chiffre m'est nécessaire, quoique j'ai attendu fort bien tout ce que vous me dites, et me réglerai sur les mesures que vous me donnez. J'espère que tous mes affaires se disposeront heureusement pour moi, et aussitôt qu'Adami sera ici, je l'enverrai en Poméranie pour rémedier à tous les inconvénients, et pour renouveler les fermes avec mes fermiers, ou en prendre d'autres.

Les autres fermes se feront aussi, s'il plaît à Dieu, selon le projet d'Adami, mais j'espère d'en tirer encore quelque chose de plus.

Je vous prie, ne vous inquiétez pas pour mes intérêts et soyez certain que j'en viendrai heureusement au bout. Au moins, je n'y épargnerai ni soin ni application.

Je ne saurai pas m'empêcher de me plaindre avec vous du malheur qui me diffère si cruellement mon retour. Je vous prie de considérer combien vivement je dois ressentir un malheur qui est quasi le plus grand qui me pouvait arriver en ce monde, et je vous prie de croire que la cruelle nécessité qui m'oblige à faire cet effort sur mon inclination m'est insupportable au delà de tout ce que vous pouvez imaginer. Je vous prie de penser juste là-dessus et de croire tout ce que vous devez croire pour ma consolation, car si sur ce sujet vous n'étiez persuadé de la manière que vous le devez l'être en ma faveur, je serais inconsolable.

Vous avez vu mon assiduité à vous écrire, et je suis ravie de voir que vous l'avez remarquée. Je n'ai jamais manqué à aucune occasion de vous écrire, et si vous n'avez reçu plus de lettres, c'est que je n'ai trouvé plus d'occasion de vous écrire, car si j'en eusse eu tous les jours et tous les moments, je n'eusse laissé passer aucune sans vous donner les marques de mon souvenir. Et vous ne devez pas m'en tenir compte de cette ponctualité, car vous écrire et recevoir vos lettres est toute la joie qui me reste en ce monde, depuis que je vous ai quitté, et quand il ne faudrait pas vous écrire pour votre consolation, il faudrait au moins vous écrire pour la mienne. Faites de même, je vous en prie, et donnons-nous récriproquement [sic], le plus souvent que nous pouvons, les témoignages d'une amitié qui ne peut et ne doit finir qu'avec notre vie.

Je pense n'avoir plus rien à vous dire, si [ce] n'est que je me porte parfaitement bien et que je serai trop heureuse s'il m'est permis de vous revoir encore une fois devant [de] mourir. Adieu.

J'attends avec impatience votre huitième lettre et j'espère de l'avoir dans peu d'heures. Adieu.

Je viens de recevoir votre huitième lettre et n'ai pas loisir d'y répondre. Mes précédentes y ont répondu en partie, et je ne vous saurais rien dire de plus. La maladie du pape m'afflige, mais il se faut enfin consoler et prendre les choses comme elles viennent. Je vous dirai quelque chose de plus par l'ordinaire prochain, et, cependant, je prie Dieu qu'il vous conserve. Adieu.

Swedish translation (my own):

20:e brev från Hamburg, den 4 augusti 1666. —
Jag har med all tänkbar glädje mottagit Ert sjunde brev och, ehuru jag har anledning att klaga på den otålighet Ni visar för min resa till Stockholm, har det ändå något mycket förpliktande och behagligt för mig, och att öka mitt som fördröjs av övervägandena som Ni kommer att ha förnummit av mina tidigare brev.

Jag hade velat, liksom Ni, kunna skriva till Er från Stockholm, eller åtminstone från Sverige; men Ni vet väl att jag alltid har sagt till Er att jag bara ville resa till Sverige på två villkor: det ena att Riksdagen äger rum, det andra att jag får utöva fri religion. Riksdagen skjuts upp, efter alla sken. Jag har nästan tappat hoppet om att den kommer att hållas i år, och jag har ännu inte fått friheten att utöva religion; och jag väntar här på det svar man kommer att ge till Stropp i detta ämne, som jag har skickat dit för att begära den. Ty om den inte beviljas mig, kan jag inte våga mig på denna resa förrän jag är säker på Riksdagen, ty när jag är säker på att den kommer att hållas, så går jag, vare sig den är mig given eller inte, och jag skall åka personligen för att begära det från Ständernas, som inte skall vägra mig vad jag hoppas på. Jag har mycket tydligt och rikligt berättat om mina känslor härom i mina tidigare brev, och det finns inget kvar för mig att tillägga.

Jag glädjer mig över den ära som Frankrikes konung har gjort Er, och Ni skulle ha haft den största orätt i världen att inte acceptera ett sådant förpliktande brev, som bara innehåller artighetsbetygelser och inte förbinder Er till något som strider mot Er plikt. Jag ber Er att visa det för alla för att krossa dem som avundas Er; ty för mig gör jag ingen hemlighet av den önskan jag har att tjäna konungen i Sverige och överallt. Ty konungen ger mig tusen vänskapsbetygelser nu, kommer jag att låta alla veta att om jag har varit oövervinnerlig på stolthetens sida, vill jag också vara oövervinnerlig på artighetsbetygelsernas sida. Visa också mitt brev så att folk vet att jag hanterar ärendet på rätt sätt. Jag tyckte det var nödvändigt att skriva detta brev för att visa hela världen det intresse jag har för det som angår Er och för att vittna om den aktning, vänskap och skyldighet som jag bekänner till Er. Om mitt brev behagar Er, blir det en stor glädje för mig; emellertid ber jag Er förlåta svagheten i mina uttryck för styrkan i den vänskap, som är mycket välkänd för Er och som gör alla uttryck bristfälliga.

Ni finner ett memorial som jag har ansett lämpligt att skicka till monsieur de Lionne för att förbereda människors sinnen för alla händelser. Jag skulle vara väldigt nöjd med mig själv om jag hade reflekterat Era känslor. Åtminstone verkar det som om jag inte har hasarderat någonting.

Jag är förtvivlad över att få veta om påvens sjukdom, men Era brev tröstar mig genom att få mig att hoppas att jag skall finna honom i samma tillstånd som han var i när jag lämnade honom, och jag hoppas detta av hela mitt hjärta; och om mitt hjärta inte bedrar mig, försäkrar det mig att jag kommer att få denna glädje.

Vad Ni berättar om kurfursten av Sachsen är ingen hemlighet här; man talar om det offentligt. Om vokationen är sann kommer Sverige inte att kunna förhindra det. Jag fruktar hans maka mer än de andra, ty jag tror att kurfursten av Brandenburg skulle göra detsamma om hans makas envishet inte stod i vägen. Hoten från Sverige i dessa tider är ganska välkända och fruktas knappast, emedan det inte längre är samma Sverige som gav lagar åt Imperiet och så att säga som nästan gav dem åt Europa; och om man fortsätter att styra sig själv som man gör, tror jag att istället för att ge bort dem, kommer det att ta emot dem under lång tid.

Alliansen med Frankrike är inget annat än en enkel försäkran om neutralitet. Om det avslutas på det sätt som det projiceras, kommer det att ge Sverige liten vinst och mycket skam, medan om de hade gjort det i tid skulle det ha fått fördelar av ära och ojämförliga vinster. Min åsikt är att de vill vänta på framgången för de två nationernas sjöstrid för att fatta sina slutgiltiga resolutioner. Alla förväntar sig framgången för denna strid som kommer att lösa många angelägenheter, även om min åsikt är att den kommer att skapa fred, oavsett framgång, ty England är utmattat av män, på pengar och följaktligen på våld, och detta är deras sista ansträngning; och Holland vill bara ha fred, ty det är den största erövringen det kan göra, och det är det enda det behöver, eftersom det är rikligt med allt annat.

Wrangel har varit indisponerad. Jag har skickat min medikus till honom som har sagt till mig att han mår bättre och är utom fara. Jag tror att sorgen har en god del i hans sjukdom.

Sverige trakterar fortfarande med staden Bremen, och jag tror att man kommer att traktera länge, ty det blir inget annat. Ryktet från staden Hamburg var att staden hade varit blockad i mer än åtta dagar, men så är inte fallet; och om Ni hör det sägas, tro det inte om jag inte skriver det till Er, ty det är en dumhet som jag hoppas att man inte kommer att begå.

Det talas också om att konungen av Danmark vill attackera denna stad. Denna nyhet, hur löjliga den än är, finner folk dumma nog att tro den. När det gäller mig är jag förtvivlad över att inte ha detta tidsfördriv, ty det kan lika gärna vara det enda man kan ha i Hamburg, och det kommer man inte ens ha. Som man sett Mainz inta Erfurt och Magdeburg intaget av Brandenburg och Sverige ville ha Bremen, tror man att Danmark har samma önskan om Hamburg; men tydligen kommer de att ha denna önskan under lång tid.

Nyheten om nederlaget för konungen av Polen fortsätter och tros vara sanna här av alla.

Man är hoppfull om att moskoviterna äntligen skall komma överens med Sverige, vilket skulle vara en stor tröst för mig.

Jag skickar Er ett brev från Adami, som jag tog mig friheten att öppna eftersom han inte har skrivit till mig. Jag väntar på honom här varje dag med så mycket otålighet som hans chiffer är nödvändigt för mig, även om jag har väntat mycket väl på allt Ni säger mig, och jag kommer att bestämma mig för de åtgärder Ni ger mig. Jag hoppas att alla mina angelägenheter ordnas lyckligt för mig, och så snart Adami är här, skickar jag honom till Pommern för att avhjälpa alla olägenheter och förnya arrenden med mina arrenderare eller ta andra.

De andra arrendena skall också göras, om det behagar Gud, enligt Adamis projekt, men jag hoppas få ut något mer av dem.

Jag ber Er, bekymra Er inte om mina intressen och var säker på att jag kommer att ta slut med det lyckligt. Åtminstone kommer jag att spara varken vård eller ansökan.

Jag kommer inte att kunna hjälpa, utan klaga med Er, över den olycka som så grymt försenar min återkomst. Jag ber Er att överväga hur livligt jag måste känna en olycka som nästan är den största som kunde hända mig i denna värld, och jag ber Er att tro att den grymma nödvändighet som tvingar mig att göra denna ansträngning på min böjelse är outhärdlig utöver allt Ni kan föreställa Er. Jag ber Er att tänka rättvist om detta och tro allt vad Ni än måste tro för min tröst, ty om Ni inte var övertygad i detta ämne på det sätt som Ni måste övertalas till min fördel, vore jag otröstlig.

Ni har sett min flit i att skriva till Er, och det glädjer mig att se att Ni har märkt den. Jag har aldrig missat något tillfälle att skriva till Er, och om Ni inte har fått fler brev, så är det för att jag inte längre har funnit möjlighet att skriva till Er, ty om jag hade kunnat få alla dagar och alla stunder, skulle jag inte ha låtit någon av dem passera utan att ge Er märkena av mitt minne. Och Ni måste inte ta hänsyn till denna punktlighet för mig, för att skriva till Er och ta emot Era brev är all den glädje som finns kvar för mig i denna värld ända sedan jag lämnade Er, och när jag inte får skriva till Er för din tröst, måste jag åtminstone skriva till dig för min skull. Gör detsamma, jag ber Er, och låt oss ge varandra, så ofta vi kan, vittnesbördet om en vänskap som bara kan och måste sluta med vårt liv.

Jag tror att jag inte har något mer att säga till Er förutom att jag mår alldeles utmärkt och att jag blir väldigt glad om jag får se Er igen en gång till innan jag dör. Farväl.

Jag väntar med otålighet på Ert åttonde brev, och jag hoppas få det inom några timmar. Farväl.

Jag har rättnu fått Ert åttonde brev och jag har inte tid att svara på det. Mina tidigare brev har delvis besvarat detta, och jag kan inte berätta något mer. Påvens sjukdom bedrövar mig djupt, men man måste äntligen trösta sig och ta saker som de kommer. Jag skall berätta något mer för Er inom en snar framtid, och emellertid ber jag Gud att han bevare Er. Farväl.

English translation (my own):

20th letter from Hamburg, August 4, 1666. —
I have received with all imaginable joy your seventh letter and, although I have reason to complain about the impatience you show for my journey to Stockholm, it still has something very obliging and pleasant for me, and to increase mine which is delayed by the considerations that you will have learned from my previous letters.

I would have liked, like you, to be able to write to you from Stockholm, or at least from Sweden; but you know well that I have always told you that I only wanted to go to Sweden on two conditions: one, that the Riksdag take place, the other, that I be given the exercise of free religion. The Riksdag is deferred, according to all appearances. I have almost lost hope that it will be held this year, and I have not yet obtained the freedom of the exercise of religion; and I am here awaiting the response that one will give to Stropp on this subject, whom I have sent there to request it. For, unless it is granted to me, I cannot venture on this journey until I am assured of the Riksdag because, when I am assured that it will be held, I will go, whether it is given to me or not, and I shall go in person to request it from the lords of the Estates, who will not refuse to me what I hope for. I have told you quite amply and clearly my feelings on this in my previous letters, and there is nothing left for me to add.

I am delighted with the honour that the King of France has done you, and you would have had the greatest wrong in the world not to accept such an obliging letter, which contains only civilities and does not commit you to anything contrary to your duty. I beg you to show it to everyone to crush your envious people; because, for me, I make no secret of the desire I have to serve the King, in Sweden and everywhere. Because, as the King gives me a thousand friendships now, I will let everyone know that if I have been invincible on the side of pride, I also want to be invincible on the side of civility. Also, do show my letter, so that people know that I am handling the matter in the right way. I thought it necessary to write this letter to demonstrate to the whole world the interest I take in what concerns you and to give testimony to the esteem, friendship and obligation that I profess to you. If my letter pleases you, it will be a great joy to me; in the meantime I beg you to forgive the weakness of my expressions for the strength of the friendship which is very well known to you and which makes all expressions defective.

You will find a memorandum that I have deemed appropriate to send to Monsieur de Lionne to prepare people's minds for all events. I would be very satisfied with myself if I had reflected your feelings. At least it seems to me that I haven't hazarded anything.

I am in despair to learn of the Pope's illness, but your letters console me by making me hope that I will find him in the same state he was in when I left him, and I hope this with all my heart; and, if my heart does not deceive me, it assures me that I shall have this joy.

What you tell me about the Elector of Saxony is no secret here; one speaks of it publicly. If the vocation is true, Sweden will not be able to prevent it. I fear his wife more than the rest, because I believe that the Elector of Brandenburg would do the same if his wife's stubbornness did not get in the way. The threats from Sweden in these times are quite well known and are hardly feared, because it is no longer the same Sweden which gave laws to the Empire and, so to speak, which almost gave them to Europe; and if one continues to govern oneself as one does, I believe that, instead of giving them away, it will be receiving them for a long time.

The alliance made with France is nothing more than a simple assurance of neutrality. If it is concluded in the way it is projected, it will bring Sweden little profit and a lot of shame, whereas if they had done it in time it would have gained advantages of glory and  incomparable profits. My opinion is that they want to wait for the success of the naval battle of the two nations to make their final resolutions. Everyone expects the success of this battle which will settle many affairs, although my opinion is that it will produce peace, whatever the success, because England is exhausted of men, of money and consequently of force, and this is their last effort; and Holland only wants peace, for it is the greatest conquest it can make, and it is the only thing it needs, being abundant in everything else.

Wrangel has been indisposed. I have sent him my doctor, who has told me that he is doing better and is out of danger. I believe that grief has a good part in his illness.

Sweden is still treating with the city of Bremen, and I believe that one will be treating for a long time, because there will be nothing else. The rumour from the city of Hamburg was that the city had been blockaded for more than eight days, but that is not the case; and if you hear it said, do not believe it unless I write it to you, because it is a stupidity that I hope one will not commit.

There is also talk that the King of Denmark wants to attack this city. This news, ridiculous as it is, finds people foolish enough to believe it. As for me, I am in despair at not having this pastime, because it might as well be the only one one could have in Hamburg, and one won't even have that. As one has seen Mainz take Erfurt, and Magdeburg taken by Brandenburg, and Sweden wanted to have Bremen, one believes that Denmark has the same desire for Hamburg; but, apparently, they will have this desire for a long time.

The news of the defeat of the King of Poland continues and is believed to be true here by everyone.

One is hopeful that the Muscovites will finally come to terms with Sweden, which would be a great consolation to me.

I am sending you a letter from Adami, which I took the liberty of opening because he has not written to me. I wait for him here every day with as much impatience as his cipher is necessary for me, although I have waited very well for everything you tell me, and I will settle on the measures you give me. I hope that all my affairs will be arranged happily for me, and as soon as Adami is here, I will send him to Pomerania to remedy all the inconveniences and to renew the leases with my arrendators or take others.

The other leases will also be done, if it pleases God, according to Adami's project, but I hope to get something more out of them.

I beg you, don't worry about my interests, and be certain that I will come to the end of it happily. At least, I will spare neither care nor application.

I will not be able to help, but complain with you, about the misfortune which so cruelly delays my return. I beg you to consider how vividly I must feel a misfortune which is almost the greatest that could happen to me in this world, and I beg you to believe that the cruel necessity which obliges me to make this effort on my inclination is  unbearable beyond anything you can imagine. I beg you to think justly on this and to believe everything you must believe for my consolation, for, if you were not persuaded on this subject in the way in which you must be persuaded in my favour, I would be inconsolable.

You have seen my assiduity in writing to you, and I am delighted to see that you have noticed it. I have never missed any opportunity to write to you, and if you have not received any more letters, it is because I have no longer found an opportunity to write to you, because if I could have had all the days and all the moments, I would not have let any of them pass without giving you the marks of my memory. And you must not take this punctuality into account for me, because writing to you and receiving your letters is all the joy that remains for me in this world ever since I left you, and when I mustn't write to you for your consolation, I must at least write to you for mine. Do the same, I beg you, and let's give each other, as often as we can, the testimony of a friendship which can and must only end with our life.

I think I have nothing more to say to you except that I am doing perfectly well and that I will be very happy if I am allowed to see you again one more time before I die. Goodbye.

I await your eighth letter with impatience, and I hope to have it within a few hours. Goodbye.

I have just received your eighth letter and I do not have time to respond to it. My previous letters have answered this in part, and I can't tell you anything more. The Pope's illness afflicts me, but one must finally console oneself and take things as they come. I will tell you something more in the near future, and, in the meantime, I pray to God that He preserve you. Goodbye.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.


Above: King Louis XIV of France.


Above: Hugues de Lionne.


Above: Pope Alexander VII.


Above: Johan Georg II, Elector of Saxony.


Above: Frederick William, Elector of Brandenburg.


Above: Carl Gustaf Wrangel.


Above: King Frederick III of Denmark.


Above: King Jan Kazimir II Waza of Poland.

No comments:

Post a Comment