Sources:
Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Manuscrits de la reine Christine; Lettere della regina ai suoi ministri; Lettere al signore di Lionne; Lettres à Hugues de Lionne; Christine de Suède à Hugues de Lionne, Hambourg, 22 janvier 1667 (digitisation pages 67v-68r to 68v-69r)
Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Manuscrits de la reine Christine : Lettere della regina ai suoi ministri, 1601-1700.
[En ligne sur https://ged.scdi-montpellier.fr/florabium45/jsp/nodoc.jsp?NODOC=2023_DOC_MONT_MBUM_93] (consulté le 04/11/2024 11:13).
The Foli@ online digital heritage library is here:
Copyright SCDI-UPV - Collections Université de Montpellier (shelfmark H 258).
Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 3, page 273, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1759
The letter (copy):
Monsieur le Marquis de Lionne, L'heureux Succèz de l'indisposition de la Reyne de france Madame ma Soeur m'a donnè toute la ioye, que doit auoir la personne du Monde, qui S'interesse le plus en la conseruation d'une Vie Si chere, et Si importante, et Je l'auray tesmoignè au Roy Monsieur mon frere en cette occasion, Si Je n'estois persuadèe que le compliment Sur la naissance de Madame Se doit addresser, plus tost au Roy d'Espagne Monsieur mon frére, qu'au Roy Monsieur Son Pere mesme, Je Vous demande neantmoins en cette occasion les bons offices, que Vous estez accoustumè de me rendre tousiours en Vostre Cour.
Apres cela Je Vous diray, que Je trouue fort obligeante la tentation; que Vous auèz eu d'entrer en esclaircissement auec Mess[ieu]rs de Suede Sur la declaration, qu'on m'a fait, et que la consideration qui Vous a retenù ne l'est pas moins: pour Vous dire mes Sentiments auec ma franchise ordinaire J'aduoüe que Vous auèz tres bien fait de ne pousser pas la chose plus loin; mais Je Vous prie de croire que ce n'est pas mon interest, qui m'y oblige, car Je Vous declare que Je Suis preste d'enuoyer les Copies des mes Lettres au Grand Chancellier de Suede pour luy en faire confiance et pour Vous faire connoistre que Je ne mesnage ny ne crains pas fort ces Mess[ieu]rs. Mais Je crois que ce Seroit Vous desseruir, et Je Suis persuadè[e] que comme il ne faut pas se cacher par crainte ny par interest d'vne bonne action, il ne faut pas aussi S'en vanter Sans necessitè par une indigne ostentation. Ma responce à eux a estè conceüe en mesme[s] terme[s] qu'est la Lettre, que J'ay escrite au Roy Monsieur mon frere, et desia elle a produit Son effect; puisqu'on a changè de Stile, et qu'on m'a fait cent honnestetèz en Se desdisant de toutes les iniustes propositions, qu'on auoit auancè Sur ce Suiet, et plusieurs autre[s] et en fin tout cela va à present le mieux du Monde. Jl est vray comme Vous ditez que la Sue[de] a besoin de Vous, et iamais la Suede ne l'a eu ta[nt.] Si on ne le connoist pas il faut excuser les gen[s] qui Sont en minoritè, Je serois au desespoir de contribuer aux froideurs, que Je Vois, et Je Souhaitte fort qu'on Soit amis comme l'on deuroit [l']estré, car Je connois mal la Suede, et la france, Si Je me trompe dans l'opinion, qui me persu[a]de que leurs destins, et interests deuroient est[re] unys; Mais quoy qu'il en arrive, pourueu que cela n'empesche le Roy de france Monsieur mon frere de me continuer Son amitie, Je me consoleray, car Je Vous proteste que quand Son amitie me Séroit entierement inutile à mes interests, elle Serà tousiours necessaire à ma Satisfaction. Je prie Dieu qu'il Vous tienne en Sa Sainte garde. Hambourg ce 22e Jan[uie]r 1667 —
With modernised spelling:
Monsieur le marquis de Lionne,
L'heureux succès de l'indisposition de la reine de France, Madame ma Sœur, m'a donné toute la joie que doit avoir la personne du monde qui s'intéresse le plus en la conservation d'une vie si chère et si importante, et je l'aurais témoigné au roi, Monsieur mon Frère, en cette occasion si je n'étais persuadée que le compliment sur la naissance de Madame se doit addresser plutôt au roi d'Espagne, Monsieur mon Frère, qu'au roi, Monsieur son père même. Je vous demande néanmoins en cette occasion les bons offices que vous êtes accoutumé de me rendre toujours en votre cour.
Après cela, je vous dirai que je trouve fort obligeante la tentation que vous avez eu d'entrer en éclaircissement avec Messieurs de Suède sur la déclaration qu'on m'a fait, et que la considération qui vous a retenu ne l'est pas moins. Pour vous dire mes sentiments avec ma franchise ordinaire, j'avoue que vous avez très bien fait de ne pousser pas la chose plus loin; mais je vous prie de croire que ce n'est pas mon intérêt qui m'y oblige, car je vous déclare que je suis prête d'envoyer les copies de mes lettres au grand chancelier de Suède pour lui en faire confiance et pour vous faire connaître que je ne ménage ni ne crains pas fort ces messieurs.
Mais je crois que ce serait vous desservir, et je suis persuadée que comme il ne faut pas se cacher par crainte ni par intérêt d'une bonne action, il ne faut pas aussi s'en vanter sans nécessité par une indigne ostentation. Ma réponse à eux a été conçue en mêmes termes qu'est la lettre que j'ai écrite au roi, Monsieur mon Frère, et déjà elle a produit son effet puisqu'on a changé de style et qu'on m'a fait cent honnêtetés en se dédisant de toutes les injustes propositions qu'on avait avancé sur ce sujet et plusieurs autres; et enfin tout cela va à présent le mieux du monde.
Il est vrai, comme vous dites, que la Suède a besoin de vous, et jamais la Suède ne l'a eu tant. Si on ne le connaît pas, il faut excuser les gens qui sont en minorité. Je serais au désespoir de contribuer aux froideurs que je vois, et je souhaite fort qu'on soit amis comme l'on devrait l'être, car je connais mal la Suède et la France si je me trompe dans l'opinion qui me persuade que leurs destins et intérêts devraient être unis. Mais quoi qu'il en arrive, pourvu que cela n'empêche le roi de France, Monsieur mon Frère, de me continuer son amitié, je me consolerai, car je vous proteste que quand son amitié me serait entièrement inutile à mes intérêts, elle sera toujours nécessaire à ma satisfaction. Je prie Dieu qu'il vous tienne en sa sainte garde. Hambourg, ce 22 janvier 1667. —
Arckenholtz's transcript of the letter (he misdated the year as 1666):
Hambourg, le 22. Janvier 1666.
Monsieur le Marquis de Lionne, l'heureux succès de l'indisposition de la Reine de France Madame ma Sœur, m'a donné toute la joye que doit avoir la personne du monde qui s'intéresse le plus à la conservation d'une vie si chére & si importante; & je l'aurois témoignée au Roi Monsieur mon Frére en cette occasion, si je n'étois persuadée que le compliment sur la naissance de Madame doit s'addresser plutôt au Roi d'Espagne Monsieur mon Frére, qu'au Roi Monsieur son Pére même. Je vous demande néanmoins en cette occasion les bons offices que vous êtes accoutumé de me rendre toujours en votre Cour.
Je vous dirai après cela que je trouve fort obligeante la tentation que vous avez eue d'entrer en éclaircissement, avec Messieurs de Suède sur la déclaration qu'on m'a faite, & la considération qui vous a retenu ne l'est pas moins. Pour vous dire mon sentiment avec ma franchise ordinaire, j'avoue que vous avez très-bien fait de ne pas pousser la chose plus loin; mais je vous prie de croire que ce n'est pas mon intérêt qui m'y oblige, car je vous déclare que je suis prête d'envoyer les copies de mes Lettres au Grand-Chancelier de Suède, pour lui en faire confidence, & pour vous faire connoître que je ne ménage ni ne crains pas fort ces Messieurs. Mais je crois que ce seroit vous desservir, & je suis persuadée que comme il ne faut pas se cacher, par crainte, ni par intérêt, d'une bonne action, il ne faut pas aussi s'en vanter sans nécessité par une indigne ostentation. Ma réponse à eux a été conçue en mêmes termes que la Lettre que j'ai écrite au Roi mon Frére, & déjà elle a produit son effet, puisqu'on a changé de stile, & qu'on m'a fait cent honnêtetés, en se dédisant de toutes les injustes propositions qu'on avoit avancées sur ce sujet, & sur plusieurs autres; enfin tout cela va à-présent le mieux du monde. Il est vrai, comme vous le dites, que la Suède a besoin de vous, & jamais elle ne l'a eu tant. Si on ne le fait pas, il faut excuser les gens qui sont en minorité. Je serois au désespoir de contribuer aux froideurs que je vois, & je souhaitte fort qu'on soit amis comme on devroit l'être; car je connois mal la Suède & la France, si je me trompe dans l'opinion qui me persuade que leurs destins & leurs intérêts devroient être unis. Mais quoi qu'il en arrive, pourvu que cela n'empêche pas le Roi de France, Monsieur mon Frére, de me continuer son amitié, je me consolerai; car je vous proteste, que quand son amitié seroit entiérement inutile à mes intérêts, elle sera toujours nécessaire à ma satisfaction. Je prie Dieu qu'il vous tienne en sa sainte garde.
English translation (my own):
Hamburg, January 22, 1666.
Monsieur le Marquis de Lionne, the happy success of the indisposition of the Queen of France, my sister, has given me all the joy that can be had of the person in the world who is most interested in the preservation of a life so dear and so important; and I would have testified it to the King my brother on this occasion if I were not persuaded that the compliment on the birth of Madame should be addressed rather to the King of Spain, my brother, than to the King her father. I nevertheless ask you on this occasion for the good offices which you are accustomed to always render to me in your court.
I will tell you after that that I find the temptation which you had to enter into clarification with the gentlemen of Sweden on the declaration made to me, very obliging, and the consideration which retained you is no less so. To tell you how I feel with my usual frankness, I confess that you have done very well not to take the matter further; but I beg you to believe that it is not my interest which obliges me to do so, for I declare to you that I am ready to send copies of my letters to the Grand Chancellor of Sweden, to confide them to him, and to let you know that I neither spare nor greatly fear these gentlemen. But I believe that this would be a disservice to you, and I am convinced that as one must not hide, neither out of fear nor out of interest, from a good deed, one must not also boast of it unnecessarily by an unworthy ostentation. My response to them was conceived in the same terms as the letter that I wrote to the King my brother, and it has already produced its effect, since one has changed styles, and they have done me a hundred honesties by withdrawing from all the unjust proposals that had been put forward on this subject, and on several others; in short, all is going well now. It is true, as you say, that Sweden needs you, and she has never needed you as much [as she does now]. If one does not, one must excuse the people who are in the minority. I would be in despair to contribute to the coldness that I see, and I really hope that we will be friends as we should be, because I do not know Sweden and France well, if I am wrong in the opinion which persuades me that their destinies and their interests should be united. But whatever happens, provided that does not prevent the King of France, my brother, from continuing his friendship with me, I will console myself; for I protest to you that when his friendship is entirely useless to my interests, it will always be necessary to my satisfaction. I pray to God that He will keep you in His holy protection.
Swedish translation (my own):
Monsieur le Marquis de Lionne,
Det lyckliga resultatet av den drottningens av Frankrike, madame min Syster, opasslighet har givit mig all den glädje som den person i världen som är mest intresserad av att bevara ett så kärt och så viktigt liv måste ha, och jag skulle ha visat det för konungen, monsieur min Bror, vid detta tillfälle om jag inte var övertygad om att komplimangen för madames födelse snarare skulle riktas till konungen av Spanien, señor min Bror, än till konungen, señor hennes far, själv. Jag ber Er likväl vid detta tillfälle om de goda ämbeten som Ni är ju van att alltid ge mig vid Ert hov.
Efter detta skall jag säga Er att jag finner mycket förpliktigande den frestelse Ni hade att ingå förtydligande med Sveriges herrar om den förklaring som avgavs till mig, och att den hänsyn som har hållit Er tillbaka inte är mindre så. För att med min vanliga uppriktighet berätta om mina känslor, erkänner jag att Ni har gjort mycket väl att inte driva saken vidare; men jag ber Er tro att det inte är mitt intresse som förpliktar mig att göra det, ty jag förklarar Er att jag är beredd att skicka kopior av mina brev till Sveriges Rikskansler för att ha förtroende för honom och låta Er veta att jag varken skonar eller fruktar dessa herrar särskilt mycket.
Men jag tror att detta skulle vara en otjänst för Er, och jag är övertygad om att eftersom man inte bör gömma sig av rädsla eller av intresse för en god handling, så bör man inte skryta med det i onödan genom en ovärdig prålig. Mitt svar till dem har utformats i samma termer som brevet som jag skrev till konungen, monsieur min Bror, och det har redan givit sin effekt eftersom stilen har ändrats och jag har fått hundra ärligheter i att dra tillbaka alla orättvisa förslag som hade lagts fram i detta ämne och flera andra; och äntligen går allt detta bra i världen för närvarande.
Det är sant, som Ni säger, att Sverige behöver Er, och Sverige har aldrig haft det så mycket. Om man inte vet det måste man ursäkta de människor som är i minoritet. Jag skulle vara förtvivlad över att bidra till den kyla som jag ser, och jag hoppas verkligen att vi är vänner som vi borde vara, för jag känner Sverige och Frankrike dåligt om jag lurar mig själv i den åsikt som övertygar mig om att deras öden och intressen bör förenas. Men vad som än händer, förutsatt att detta inte hindrar Frankrikes konung, monsieur min Bror, från att fortsätta sin vänskap med mig, så skall jag trösta mig, ty jag försäkrar Er att även om hans vänskap var helt värdelös för mina intressen, den skall alltid vara nödvändig för min tillfredsställelse. Jag ber till Gud att han skall hålla Er i sin heliga vård. Hamburg den 22 januari 1667. —
English translation (my own):
Monsieur le Marquis de Lionne,
The happy outcome of the indisposition of the Queen of France, Madame my Sister, has given me all the joy that the person in the world who is most interested in the preservation of a life so dear and so important must have, and I would have shown it to the King, Monsieur my Brother, on this occasion if I were not persuaded that the compliment on the birth of Madame should be addressed rather to the King of Spain, Señor my Brother, than to the King, Señor her father, himself. I nevertheless beg you on this occasion for the good offices that you are accustomed to always render me at your court.
After this, I will tell you that I find very obliging the temptation you had to enter into clarification with the gentlemen of Sweden on the declaration that was made to me, and that the consideration that has held you back is no less so. To tell you my feelings with my usual frankness, I admit that you have done very well not to push the matter further; but I beg you to believe that it is not my interest that obliges me to do so, for I declare to you that I am ready to send copies of my letters to the Grand Chancellor of Sweden to have confidence in him and to let you know that I neither go easy on nor fear these gentlemen very much.
But I believe that this would be a disservice to you, and I am persuaded that as one should not hide oneself out of fear or out of interest in a good action, one should not boast of it unnecessarily by an unworthy ostentation. My response to them has been conceived in the same terms as the letter that I wrote to the King, Monsieur my Brother, and it has already produced its effect since the style has been changed and I have been given a hundred honesties in retracting all the unjust propositions that had been put forward on this subject and several others; and finally all this is going well in the world at present.
It is true, as you say, that Sweden needs you, and Sweden has never had it so much. If one does not know it, one must excuse the people who are in the minority. I would be in despair to contribute to the coldness that I see, and I very much hope that we are friends as we should be, because I know Sweden and France poorly if I deceive myself in the opinion which persuades me that their destinies and interests should be united. But whatever happens, provided that this does not prevent the King of France, Monsieur my Brother, from continuing his friendship with me, I will console myself, for I protest to you that even if his friendship were entirely useless to my interests, it will always be necessary for my satisfaction. I pray to God that He will hold you in His holy keeping. Hamburg, January 22, 1667. —
Above: Kristina.
Above: Hugues de Lionne.
Note: In accordance with the nobility's ideals in the early modern era, kings and queens considered themselves siblings.
No comments:
Post a Comment