Tuesday, March 23, 2021

Kristina's letter to Pierre Bourdelot, dated January 8/18 (New Style), 1665

Sources:

Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Manuscrits de la reine Christine; Lettere della regina ai suoi ministri; Lettere al signore Bourdelot; Christine de Suède à Bourdelot, Rome, 18 janvier 1665 (digitisation pages NPv-93r to 93v-94r)


Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Manuscrits de la reine Christine: Lettere della regina ai suoi ministri, : , 1601-1700.

The Foli@ online digital heritage library is here:


Copyright SCDI-UPV - Collections Université de Montpellier (shelfmark H 258).

Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 3, page 266, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1759


The letter:

Rome le 18. Jan[uier] 1665 —
Pour toutte responce à uostre lettre impertinente du 12 du passè, Je Vous diray que Je suis encore assez ieune pour me mocquer de ceux, qui Sont plus ieunes, que moy, et Je suis aussi entiere dans mes Sentiments, et aussi sensible, qu qu'un autre, que Je Souffre moins les outrages, que Je faẏ moy mesme mes affaires, et que Je les ay tousiours fait fort bien, Je ne sçay pas si touts ceux, qui sé meslent de les faire, feront de mesme, le temps Nous l'apprendrà. J'ay trop de modestie pour dire que Je suis aussi Victorieuse, qu'un autre, car mes Victoires ne ressemblent pas à celle[s] de Gigery, ou Je Vous renuoye pour apprendre des nouuelles, de celle[s], qu'on a remportè contre Moy en Suede. Pour les honneurs que l'on m'a rendu en France ils me sont deus, et Je [me] connois digne d'en receuoir des plus grands. Je pense que Mon orgueil Vous estonne, mais si Vous me connoissiez bien, Vous seriez persuadè, que Je paye tousiours auec usure tout ce, que l'on me preste. Je suis peu en peine de tout ce, qu'on dira de Moy, pourueu que l'on ne me puisse reprocher auec veritè en cette occasion des bassesses indignes de Mon Coeur, que Je croirois bien bas, si Je n'y sentois quelque chose de plus grand, que tout ce, que la fortunne donne aux hommes, qu'elle fauorise le plus. Au reste Je fais Suis pleine de uigueur, et de Santè, fort resolùe de me bien diuertir ce Carneual. C'est de quoy Vous pourrez asseurer ceux, qui Vous ont dictè Vostre Lettre, et qui Vous demandéront de[s] nouuelles de Moy.
fù mandata di 14 feb[rar]o 1665 —

With modernised spelling:

Rome, le 18 janvier 1665. —
Pour toute réponse à votre lettre impertinente du 12 du passé, je vous dirai que je suis encore assez jeune pour me moquer de ceux qui sont plus jeunes que moi, et je suis aussi entière dans mes sentiments et aussi sensible qu'un autre, que je souffre moins les outrages, que je fais moi-même mes affaires, et que je les ai toujours fait fort bien. Je ne sais pas si tous ceux qui se mêlent de les faire feront de même; le temps nous l'apprendra.

J'ai trop de modestie pour dire que je suis aussi victorieuse qu'un autre, car mes victoires ne ressemblent pas à celles de Gigery, où je vous renvoie pour apprendre des nouvelles de celles qu'on a remporté contre moi en Suède. Pour les honneurs que l'on m'a rendu en France, ils me sont dus, et je me connais digne d'en recevoir des plus grands. Je pense que mon orgueil vous étonne, mais, si vous me connaissiez bien, vous seriez persuadé que je paie toujours auec usure tout ce que l'on me prête.

Je suis peu en peine de tout ce qu'on dira de moi, pourvu que l'on ne me puisse reprocher avec vérité en cette occasion des bassesses indignes de mon cœur, que je croirais bien bas si je n'y sentais quelque chose de plus grand que tout ce que la fortune donne aux hommes qu'elle favorise le plus.

Au reste, je suis pleine de vigueur et de santé, fort résolue de me bien divertir ce Carnaval. C'est de quoi vous pourrez assurer ceux qui vous ont dicté votre lettre et qui vous demanderont des nouvelles de moi.
Fu mandata di 14 febbraio 1665. —

Arckenholtz's transcript of the letter:

Rome le 18. Janvier 1665.
Pour toute réponse à votre impertinente Lettre du 2. du passé, je vous dirai que je suis encore assez jeune pour me moquer de ceux qui sont plus jeunes que moi, & je suis aussi entiére dans mes sentimens, & aussi sensible qu'un autre; que je souffre moins les outrages; que je fais moi-même mes affaires, & que je les ai toujours faites fort bien. Je ne sais pas si tous ceux qui se mêlent de les faire, feront de-même; le tems nous l'apprendra. J'ai trop de modestie pour dire que je suis aussi victorieuse qu'un autre; car mes victoires ne ressemblent pas à celles de Gigery, où je vous renvoye pour apprendre des nouvelles de celles qu'on a remportées contre moi en Suède. Pour les honneurs que l'on m'a rendu en France, ils me sont dûs, & je me connois digne d'en recevoir des plus grands. Je pense que mon orgueil vous étonne, mais si vous me connoissiez bien, vous seriez persuadé que je paye toujours avec usure tout ce qu'on me prête. Je suis peu en peine de tout ce qu'on dira de moi, pourvu qu'on ne puisse pas me reprocher avec vérité en cette occasion des bassesses indignes de mon cœur, que je croirois bien bas, si je n'y sentois quelque chose de plus grand, que tout ce que la fortune donne aux hommes qu'elle favorise le plus. Au reste je suis pleine de vigueur & de santé, fort résoluë à me bien divertir au Carnaval. C'est de quoi vous pourrez assurer ceux qui vous ont dicté votre Lettre, & qui vous demanderont de mes nouvelles.

English translation (my own):

Rome, January 18, 1665.
For any reply to your impertinent letter of the 2 of last month, I will tell you that I am still young enough to make fun of those who are younger than me, and I am as whole in my feelings and as sensitive as anybody else, that I suffer less insults, that I do my own affairs, and that I have always done it very well. I don't know if everyone who gets involved in doing them will do the same; time will teach us. I have too much modesty to say that I am as victorious as any other, because my victories do not resemble those of Gigery, where I am sending you back to learn news of those that were won against me in Sweden. For the honours that have been paid to me in France, they are due to me, and I know myself worthy of receiving the greatest. I think my pride astonishes you, but if you knew me well, you would be persuaded that I always pay with usury anything that is lent to me. I am little worried about all that will be said of me, provided that one cannot truly reproach me on this occasion for baseness unworthy of my heart, which I would believe very low, if I did not feel something there that is greater than all that fortune gives to the men whom it favours the most. Besides, I am full of vigour and health, very determined to have a good time at Carnaval. This is what you can assure those who dictated your letter to you, and who will ask you news of me.

Swedish translation of the original (my own):

Rom, den 18 januari 1665. —
För varje svar på Ert oförskämda brev av den 12 förra månaden, kommer jag att säga Er att jag fortfarande är ung nog att håna dem som är yngre än mig, och jag är lika hel i mina känslor och lika känslig som alla andra, att jag står ut med mindre förolämpningar, att jag gör mina egna angelägenheter och att jag alltid har gjort dem väldigt bra. Jag vet inte om alla som engagerar sig i att göra dem kommer att göra detsamma; tiden kommer att lära oss det.

Jag har för mycket beskedlighet att säga att jag är lika segerrik som alla andra, ty mina segrar liknar inte Gigerys, dit jag hänvisar Er till att förnimma dem som tagits från mig i Sverige. När det gäller de utmärkelser som jag fått i Frankrike, de tillkommer mig, och jag vet att jag är värdig att ta emot större. Jag tror att min stolthet förvånar Er, men om Ni kände mig väl, skulle Ni bli övertygad om att jag alltid betalar med ocker för allt som är utlånat till mig.

Jag är lite plågad av allt som kommer att sägas om mig, förutsatt att ingen sanningsenligt kan förebrå mig vid detta tillfälle för elakhet som är ovärdig för mitt hjärta, som jag skulle tro vara mycket elakt om jag inte kände något större än all det lyckan ger till de män hon gynnar mest.

I övrigt är jag full av kraft och hälsa, mycket fast besluten att ha det bra denna Karneval. Detta är vad Ni kan försäkra till dem som har dikterat Ert brev till mig och som kommer att fråga Er om nyheter om mig.
Detta sändes den 14 februari 1665. —

English translation of the original (my own):

Rome, January 18, 1665. —
For any response to your impertinent letter of the 12th of last month, I will tell you that I am still young enough to mock those who are younger than me, and I am as whole in my feelings and as sensitive as anyone else, that I suffer less insults, that I do my own affairs, and that I have always done them very well. I do not know if everyone who gets involved in making them will do the same; time will teach us.

I have too much modesty to say that I am as victorious as anyone else, for my victories do not resemble those of Gigery, where I refer you to learn about those taken from me in Sweden. As for the honours given to me in France, they are due to me, and I know myself worthy of receiving greater ones. I think my orgueil astonishes you, but if you knew me well, you would be persuaded that I always pay with usury for everything that is lent to me.

I am little pained by anything that will be said about me, provided that no one can truthfully reproach me on this occasion for baseness unworthy of my heart, which I would believe to be very base if I did not feel something greater than all that fortune gives to the men she favours the most.

For the rest, I am full of vigour and health, very determined to have a good time this Carnaval. This is what you can assure to those who have dictated your letter to me and who will ask you for news of me.
This was sent on 14 February 1665. —


Above: Kristina.


Above: Pierre Bourdelot.

Note: Gigery (Djidjelli) = the old French name for what is now the city of Jijel in northeastern Algeria.

No comments:

Post a Comment