Sources:
Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), Baron Carl Bildt, 1899
https://litteraturbanken.se/forfattare/BildtC/titlar/ChristineEtAzzolino/sida/175/faksimil
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Letters_by_Christina_of_Sweden_to_Cardinal_Decio_Azzolino_(1666%E2%80%931668)
The letter:
17 lestre de Ambur ce 14 Julet 1666 —
Lon ne peut pas avoir plus de ioye que iaye eu en recevant Vostre quatriesme lestre; tout ce quelle Contient dobligent et dagrable pour moy a fait sur mon esprit leffect que Vous povves desirer et Vous ne deves pas doutter que ie ne sois persuadee en Vostre faveur de la maniere que Vous le souhaittes.
pour repondre plus presisement a son Coteneu ie Vous diray que le malhevr qui fait differer la diette en Svede mest dautan plus sensible quil Vous donne du Chagrin, et que ie prevois que ce mal heur nous doit inqvieter encore pour quelque temps, puisque ie nay rien de novveau a Vous dire sur ce suiet estant encore dans la mesme icertitude qu'auparavant en attendant quelque esclairsisement de Svede la desus.
Pour ce qui touche au Medicin Je Vous diray pour son excuse quil n'est aysse de me desobeyer, mais Jl est vray quil ma trop obbeiyj, Car mon intention nestoit pas quil demeurast si longtemps absent, et Je suis fort surprise de voir que nous navons, ny moy ny aucun des miens, novvelles ny de luy ny du marquis malaspine, et ie ne say quen penser, si les lestres qui doivent arriver ce soir ne nous en apporte.
Vous aves bien fait descrire a Thexeira de la maniere que Vous aves fait, car Jl a eu a me faire desesperer, et se ma este vn deplaisir sensible de Voir le delay de la lestre de change dv moy de Jvin. Vous aures Veu le soin que iay ev de reparer le mieux quil ma este possible le delay. a lavenir cela narivera plus, et Vous Verres sil plait a dieu avec Combien de puntualite Ie Vous pour veriay dv necssaire pour govverner la maison. ayes vn pev de pacience et Vous daustre merveillies.
Jl ny a presentement rien de novueaux icy sinon la sortie de la Flotte d'ollande qui est sortie, du troisieme de se mois en nombre de soisante et quinse Vaissaux de gerre Vint brulots, san Conter davstre Vaissaux ou plustost barqves destinees pour porter les provision de bouche et de gvere qui son necessaires povr vne si formidable armee. lon parle differement de leur deseins qve le temps nous décovvrira mieux qve touts les Conietures. sil est Vray quil aye intension de faire vne desente dans lJsle de Vicht, le suces dune telle entreprise pouroit lanser vne grande revolution dan l'Angletere qui mortifie par ce dernier Combat et par la faute d'argent nest pas en estat desquiper sa flotte pour quelque temps et Vous dire mon sentiment Je ne Crois pas quelle sorte en mer de tout cet este.
Cependant Vrangel est party ce matin pour se rendre a Stade ou se trovvent les deputes de la Ville Bresme et Ceux luneburg qui font les mediatevrs.
l'électeur de Brandebur a escrit vne lestre a Vrangel sur ce suiet dun stile dont Jl n'auroit ose se servir de lannee Cinquante deux ou de Cinquante trois. Vrangel cen est fort pique mais Jl faut avoir pacience. le temps nous apprendrera quel issve aura cette affaire. Vrangel ma fait des amities inCroiables et nous avons estably une grande Confience en semble. Cest vn grand homme et quant Jl seroit mon ennemy ienepourois refuser mon estime a son merite. Jl est mal satisfait de la Condvitte de Messr. ces Colegues, et ie Crois quen revange Messrs. ses Colegues ne sont pas fort satisfaits de la sienne. ausi Vrangel a tort car Jl Veut faire faire a ses messirs vne vn mestier qui nest pas le leur. Jl est Certain qve les occasions sont admiables pour la Svede mais ceux qui sen deveroit servir ne le Conoissent pas et nont pas lart den sauoir profiter.
Je Vous enVoy la lestre pour la pape et la repõse a celle du Card. Chigi ausi bien que la reponse a celle du Card. Sforza. Vous aures Veu par ma presedente la disposition qve iay a Cultiver son amitie, la qvelle me tousiour plus Considerable par le soin quil tesmoinge davoir de me donner de tesmoiage de la sienne. Je suis bien obligee aux Card. Bonvisi du tesmoinage quil a rendu a la Verite et Je Vous prie de les remercier touts deux de m'avoir rendu iustice sur Ce suiet. pour ce qvi est du Card. Sforza, ditte luy que ie le remercie de la novvelle de lherbe trastulla que iay for bien entendue, mais ditte luy ausi qu'avec sa permission ie nen Crois rien, et que iespere que cette herbe attendera mon retour pour meurir. Cest Ce que ie souhaitte, Car puisquil faut qve ie me desespere encore quelque mois a Ambur il est iuste que Vous austre Mes.r fassies autan a rome et qve Vous nayes pas le plaisir de manger de cette Menestra durant Ce temps, pour Vous moqver des absens. Conserve moy le Card. Sforza et touts nos austres amys sur tout le Card. de Rez pour maintenir la neutralite entre les Couronnes.
dittes a nostre poete qve ses derniers Vers sont si beaux que ie les ay admire Comme estant plus beaux que tout ce qve petrarqve a iamais fait et ie crois qve si le Card. palavicin le Voioit Jl seroit de mon sentiment. tout ce que Vous maves envoye de luy est divin, mais cette derniere — Hore vn tempo si breve — surpasse tout ce que iay iamais Veu. sil Continue Jl se rendera ausi Jlustre dans la parnasse comme Jl sest rendu dans le monde. Je vous prie faitte le mestre en mvsique pour estre Chante de Cicolino Car ie sens dicy leffect admirable qve cela fera.
Je nay rien a Vous dire de plus sinon de Vous C.onsiurer de me rendre iustice en touts les moments de Vostre Vie, et puisque Vous me donnes la Joye de me persvader que Vos sentiments surpassent toutes mes imaginations, faitte moy la Justice de Croire ausi qve leffoct de Vostre imagination est au desous de touts les miens. en nous rendent lun a laustre cette iustice reciproque Consolons nous de cette manier en qvelqve facon de la dovleur dvne insuportable absence et Croies toutte a Vous et que ie la seray iusques a la mort adieu
le Courier Vient darriver et ne m'aporte aucune lestre de Vous ce qui me mest dans vne iquiétvde qvi ne peut estre explique iuges par Vous mesme
With modernised spelling (with Kristina's spelling mistakes preserved as much as possible):
17[e] lettre de [H]ambourg, ce 14 ju[i]llet 1666. —
L'on ne peut pas avoir plus de joie que j'ai eue en recevant votre quatrième lettre; tout ce qu'elle contient d'obligeant et d'agr[é]able pour moi a fait sur mon esprit l'effet que vous pouvez désirer, et vous ne devez pas douter que je ne sois persuadée en votre faveur de la manière que vous le souhaitez.
Pour répondre plus précisément à son co[n]tenu, je vous dirai que le malheur qui fait différer la Diète en Suède m'est d'autant plus sensible qu'il vous donne du chagrin, et que je prévois que ce malheur nous doit inquiéter encore pour quelque temps, puisque je n'ai rien de nouveau à vous dire sur ce sujet, étant encore dans la même i[n]certitude qu'auparavant en attendant quelque éclaircissement de Suède là-dessus.
Pour ce qui touche au médecin, je vous dirai pour son excuse qu'il n'est aisé de me désobéir, mais il est vrai qu'il m'a trop obéi, car mon intention n'était pas qu'il demeurât si longtemps absent, et je suis fort surprise de voir que nous n'avons, ni moi ni aucun des miens, [des] nouvelles ni de lui ni du marquis Malaspine [sic], et je ne sais qu'en penser si les lettres qui doivent arriver ce soir ne nous en apportent.
Vous avez bien fait d'écrire à Texeira de la manière que vous avez fait, car il a eu à me faire désespérer et ce m'a été un déplaisir sensible de voir le délai de la lettre de change du mois de juin. Vous aurez vu le soin que j'ai eu de réparer le mieux qu'il m'a été possible le délai. A l'avenir cela n'arrivera plus, et vous verrez, s'il plaît à Dieu, avec combien de pun[c]tualité [sic], je vous pourverriai [sic] du nécessaire pour gouverner la maison. Ayez un peu de patience et vous [verrez] d'autres merveillies [sic].
Il n'y a présentement rien de nouveau ici, sinon la sortie de la flotte de [H]ollande qui est sortie, du troisième de ce mois, en nombre de soixante et quinze vaisseaux de guerre, et vingt brûlots, sans compter d'autres vaisseaux ou plutôt barques destinées pour porter les provisions de bouche et de guerre qui sont nécessaires pour une si formidable armée. L'on parle différemment de leur dessein que le temps nous découvrira mieux que toutes les conje[c]tures.
S'il est vrai qu'il ait intention de faire une descente dans l'île de Wight, le succès d'une telle entreprise pourrait lancer une grande résolution dans l'Angleterre, qui, mortifiée par ce dernier combat, et par la faute d'argent, n'est pas en état d'équiper sa flotte pour quelque temps; et, pour vous dire mon sentiment, je ne crois pas qu'elle sorte en mer de tout cet été.
Cependant Wrangel est parti ce matin pour se rendre à Stade, où se trouvent les députés de la ville de Brême et ceux de Lunebourg, qui font les médiateurs.
L'électeur de Brandebourg a écrit une lettre à Wrangel sur ce sujet, d'un style dont il n'aurait osé se servir de l'année cinquante-deux ou de cinquante-trois. Wrangel s'en est fort piqué, mais il faut avoir patience. Le temps nous apprendrera [sic] quelle issue aura cette affaire. Wrangel m'a fait des amitiés incroyables et nous avons établi une grande confiance ensemble. C'est un grand homme, et quand il serait mon ennemi, je ne pourrais refuser mon estime à son mérite. Il est mal satisfait de la conduite de messieurs ses collègues, et je crois qu'en revanche messieurs ses collègues ne sont pas fort satisfaits de la sienne. Aussi Wrangel a tort, car il veut faire faire à ces messieurs un métier qui n'est pas le leur. Il est certain que les occasions sont admirables pour la Suède, mais ceux qui s'en deveraient [sic] servir ne le connaissent pas et n'ont pas l'art d'en savoir profiter.
Je vous envoie la lettre pour le pape et la réponse à celle du cardinal Chigi aussi bien que la réponse à celle du cardinal Sforza. Vous aurez vu par ma précédente la disposition que j'ai à cultiver son amitié, laquelle m'est toujours plus considérable par le soin qu'il témoinge [sic] d'avoir de me donner des témoi[gn]ages de la sienne. Je suis bien obligée au cardinal Bonvisi du témoi[g]nage qu'il a rendu à la vérité, et je vous prie de les remercier tous deux de m'avoir rendu justice sur ce sujet. Pour ce qui est du cardinal Sforza, dites-lui que je le remercie de la nouvelle de l'herbe trastulla que j'ai fort bien entendue, mais dites-lui aussi qu'avec sa permission je n'en crois rien, et que j'espère que cette herbe attendera [sic] mon retour pour mûrir. C'est ce que je souhaite, car puisqu'il faut que je me désespère encore quelques mois à [H]ambourg, il est juste que vous autres messieurs fassiez autant à Rome et que vous n'ayez pas le plaisir de manger de cette menestra durant ce temps, pour vous moquer des absents. Conservez-moi le cardinal Sforza et tous nos autres amis, surtout le cardinal de Retz, pour maintenir la neutralité entre les Couronnes.
Dites à notre poète que ses derniers vers sont si beaux, que je les ai admirés comme étant plus beaux que tout ce que Pétrarque a jamais fait, et je crois que si le cardinal Pallavicin[i] les voyait, il serait de mon sentiment. Tout ce que vous m'avez envoyé de lui est divin, mais cette dernière Hore un tempo si breve surpasse tout ce que j'ai jamais vu. S'il continue, il se rendra aussi illustre dans la Parnasse comme il s'est rendu dans le monde.
Je vous prie, faites-le mettre un musique pour être chanté de Ciccolino, car je sens d'ici l'effet admirable que cela fera.
Je n'ai rien à vous dire de plus, sinon de vous conjurer de me rendre justice en tous les moments de votre vie, et puisque vous me donnez la joie de me persuader que vos sentiments surpassent toutes mes imaginations, faites-moi la justice de croire aussi que l'effot [sic] de votre imagination est au-dessous de tous les miens. En nous rendant l'un à l'autre cette justice réciproque, consolons-nous de cette manière en quelque façon de la douleur d'une insupportable absence, et croyez-moi toute à vous et que je la serai jusqu'à la mort. Adieu.
Le courrier vient d'arriver et ne m'apporte aucune lettre de vous, ce qui me met dans une i[n]quiétude qui ne peut être expliquée. Jugez par vous-même, et ayez compassion de mon malheur. Adieu, je n'ai plus loisir de vous dire rien de plus.
With modernised spelling (Bildt's transcript):
Hambourg, 14 juillet 1666.
L'on ne peut pas avoir plus de joie que j'ai eue en recevant votre quatrième lettre; tout ce qu'elle contient d'obligeant et d'agréable pour moi a fait sur mon esprit l'effet que vous pouvez désirer, et vous ne devez pas douter que je ne sois persuadée en votre faveur de la manière que vous le souhaitez.
Pour répondre plus précisément à son contenu, je vous dirai que le malheur qui fait différer la Diète en Suède m'est d'autant plus sensible qu'il vous donne du chagrin, et que je prévois que ce malheur nous doit inquiéter encore pour quelque temps, puisque je n'ai rien de nouveau à vous dire sur ce sujet, étant encore dans la même incertitude qu'auparavant en attendant quelque éclaircissement de Suède là-dessus.
Pour ce qui touche au médecin, je vous dirai pour son excuse qu'il n'est aisé de me désobéir, mais il est vrai qu'il m'a trop obéi, car mon intention n'était pas qu'il demeurât si longtemps absent, et je suis fort surprise de voir que nous n'avons, ni moi ni aucun des miens, [des] nouvelles ni de lui ni du marquis Malaspina, et je ne sais qu'en penser, si les lettres qui doivent arriver ce soir ne nous en apportent.
Vous avez bien fait d'écrire à Texeira de la manière que vous avez fait, car il a eu à me faire désespérer et ce m'a été un déplaisir sensible de voir le délai de la lettre de change du mois de juin. Vous aurez vu le soin que j'ai eu de réparer le mieux qu'il m'a été possible le délai. A l'avenir cela n'arrivera plus, et vous verrez, s'il plaît à Dieu, avec combien de ponctualité, je vous pourverrai du nécessaire pour gouverner la maison. Ayez un peu de patience et vous verrez d'autres merveilles.
Il n'y a présentement rien de nouveau ici, sinon la sortie de la flotte de Hollande qui est sortie, du troisième de ce mois, en nombre de soixante et quinze vaisseaux de guerre, et vingt brûlots, sans compter d'autres vaisseaux ou plutôt barques destinées pour porter les provisions de bouche et de guerre qui sont nécessaires pour une si formidable armée. L'on parle différemment de leur dessein que le temps nous découvrira mieux que toutes les conjectures.
S'il est vrai qu'il ait intention de faire une descente dans l'île de Wight, le succès d'une telle entreprise pourrait lancer une grande résolution dans l'Angleterre, qui, mortifiée par ce dernier combat, et par la faute d'argent, n'est pas en état d'équiper sa flotte pour quelque temps; et, pour vous dire mon sentiment, je ne crois pas qu'elle sorte en mer de tout cet été.
Cependant Wrangel est parti ce matin pour se rendre à Stade, où se trouvent les députés de la ville de Brême et ceux de Lunebourg, qui font les médiateurs.
L'électeur de Brandebourg a écrit une lettre à Wrangel sur ce sujet, d'un style dont il n'aurait osé se servir de l'année cinquante-deux ou de cinquante-trois. Wrangel s'en est fort piqué, mais il faut avoir patience. Le temps nous apprendra quelle issue aura cette affaire. Wrangel m'a fait des amitiés incroyables et nous avons établi une grande confiance ensemble. C'est un grand homme, et quand il serait mon ennemi, je ne pourrais refuser mon estime à son mérite. Il est mal satisfait de la conduite de messieurs ses collègues, et je crois qu'en revanche messieurs ses collègues ne sont pas fort satisfaits de la sienne. Aussi Wrangel a tort, car il veut faire faire à ces messieurs un métier qui n'est pas le leur. Il est certain que les occasions sont admirables pour la Suède, mais ceux qui s'en devraient servir ne le connaissent pas et n'ont pas l'art d'en savoir profiter.
Je vous envoie la lettre pour le pape et la réponse à celle du cardinal Chigi aussi bien que la réponse à celle du cardinal Sforza. Vous aurez vu par ma précédente la disposition que j'ai à cultiver son amitié, laquelle m'est toujours plus considérable par le soin qu'il témoigne d'avoir de me donner des témoignages de la sienne. Je suis bien obligée au cardinal Bonvisi du témoignage qu'il a rendu à la vérité, et je vous prie de les remercier tous deux de m'avoir rendu justice sur ce sujet. Pour ce qui est du cardinal Sforza, dites-lui que je le remercie de la nouvelle de l'herbe trastulla que j'ai fort bien entendue, mais dites-lui aussi qu'avec sa permission je n'en crois rien, et que j'espère que cette herbe attendra mon retour pour mûrir. C'est ce que je souhaite, car puisqu'il faut que je me désespère encore quelques mois à Hambourg, il est juste que vous autres messieurs fassiez autant à Rome et que vous n'ayez pas le plaisir de manger de cette menestra durant ce temps, pour vous moquer des absents. Conservez-moi le cardinal Sforza et tous nos autres amis, surtout le cardinal de Retz, pour maintenir la neutralité entre les Couronnes.
Dites à notre poète que ses derniers vers sont si beaux, que je les ai admirés comme étant plus beaux que tout ce que Pétrarque a jamais fait, et je crois que si le cardinal Pallavicini les voyait, il serait de mon sentiment. Tout ce que vous m'avez envoyé de lui est divin, mais cette dernière Hore un tempo si breve surpasse tout ce que j'ai jamais vu. S'il continue, il se rendra aussi illustre dans la Parnasse comme il s'est rendu dans le monde.
Je vous prie, faites-le mettre un musique pour être chanté de Ciccolino, car je sens d'ici l'effet admirable que cela fera.
Je n'ai rien à vous dire de plus, sinon de vous conjurer de me rendre justice en tous les moments de votre vie, et puisque vous me donnez la joie de me persuader que vos sentiments surpassent toutes mes imaginations, faites-moi la justice de croire aussi que l'effet de votre imagination est au-dessous de tous les miens. En nous rendant l'un à l'autre cette justice réciproque, consolons-nous de cette manière en quelque façon de la douleur d'une insupportable absence, et croyez-moi toute à vous et que je la serai jusqu'à la mort. Adieu.
Le courrier vient d'arriver et ne m'apporte aucune lettre de vous, ce qui me met dans une inquiétude qui ne peut être expliquée. Jugez par vous-même, et ayez compassion de mon malheur. Adieu, je n'ai plus loisir de vous dire rien de plus.
English translation (my own):
17th letter from Hamburg, July 14, 1666. —
One cannot have more joy than I had when receiving your fourth letter; all that it contains that is obliging and agreeable for me has had on my mind the effect that you may desire, and you must not doubt that I am persuaded in your favour in the manner that you wish.
To reply more precisely to its content, I will tell you that the misfortune which makes the Riksdag be delayed in Sweden is all the more touching to me because it gives you sorrow, and that I foresee that this misfortune must worry us still for some time, since I have nothing new to say to you on this subject, being still in the same uncertainty as before, while waiting for some clarification from Sweden on this subject.
As far as the doctor is concerned, I will say for his excuse that it is not easy to disobey me, but it is true that he obeyed me too much, because it was not my intention to remain so long absent, and I am very much surprised to see that we, neither I nor any of my own, have any news of him or of the Marquis Malaspina, and I do not know what to think of it, if the letters which are to arrive tonight do not bring some.
You did well to write to Texeira in the way you did, because he had to make me despair and it was a real displeasure to see the deadline for the bill of exchange of June. You will have seen the care I had to repair as best as I could the delay. In future it will not happen again, and you will see, if it pleases God, with what punctuality, I will send you the necessary to govern the house. Have a little patience and you will see other wonders.
There is presently nothing new here, except the exit of the fleet of Holland which came out, of the third of this month, in number of seventy-five warships, and twenty fire-ships, without counting other vessels or rather boats intended to carry the supplies of mouth and war which are necessary for such a formidable army. We speak differently of their design that time will discover us better than all conjectures.
If it is true that he intended to make a descent into the Isle of Wight, the success of such an enterprise could launch a great revolution in England, which, mortified by this last fight, and by the fault of money, is not in a position to equip its fleet for some time; and, to tell you my opinion, I do not think it is going out to sea this summer.
In the meantime, Wrangel left this morning to go to Stade, where the deputies of the city of Bremen and those of Lüneburg, who are the mediators, are.
The Elector of Brandenburg wrote a letter to Wrangel on this subject, in a style which he would not have dared to use in '52 or '53. Wrangel is very piqued about it, but he must have patience. Time will tell us what the outcome will be. Wrangel made incredible friendships and we built trust together. He is a great man, and when he is my enemy, I cannot refuse my esteem for his merit. He is ill-satisfied with the conduct of his colleagues, and I think that, on the other hand, his colleagues are not very satisfied with his. Also, Wrangel is wrong, because he wants to make these gentlemen do a job that is not theirs. It is certain that the opportunities are admirable for Sweden, but those who should serve them do not know it and do not know how to profit from it.
I send you the letter for the Pope and the reply to that of Cardinal Chigi as well as the answer to that of Cardinal Sforza. You will have seen by my previous disposition the disposition I have to cultivate his friendship, which is always greater to me by the care with which he testifies to having given me testimonies of his own. I am obliged to Cardinal Bonvisi for the testimony he has given to the truth, and I beg you to thank both of them for having done me justice on this subject. As for Cardinal Sforza, tell him that I thank him for the news of the trastulla herb that I heard is very well, but also tell him that with his permission I do not believe it, and that I hope this herb will wait until my return to mature. This is what I want, because since I have to despair for a few more months in Hamburg, it's fair that you gentlemen do as much in Rome and you do not have the pleasure of eating this soup during this time, to make fun of absentees. Keep me, Cardinal Sforza and all our other friends, especially Cardinal de Retz, to maintain neutrality between the Crowns.
Tell our poet that his last verses are so beautiful that I have admired them as being more beautiful than anything Petrarch has ever made, and I think that if Cardinal Pallavicini saw them, he would be of my opinion. All you have sent me from him is divine, but this last one, Hore un tempo si breve, surpasses anything I have ever seen. If he continues, he will make himself as illustrious in Parnassus as he has done to the world.
I beg you, have it put to music to be sung by Ciccolino, for I feel from here the admirable effect it will make.
I have nothing more to say to you other than to conjure you to do justice to me in every moment of your life, and since you give me the joy of persuading me that your feelings surpass all my imaginings, do me justice to believe also that the effect of your imagination is below all mine. In rendering this reciprocal justice to one another, let us console ourselves in this way in some way with the pain of an unbearable absence, and believe me to be yours completely, and that I will be yours unto death. Farewell.
The mail has just arrived and brings me no letter from you, which gives me a worry that cannot be explained. Judge for yourself, and have compassion for my misfortune. Farewell, I have no time to tell you anything more.
Above: Kristina.
Above: Cardinal Azzolino.
Note: In a letter to Pezza on June 19, Azzolino had expressed concern that Kristina had allowed Macchiati [the doctor] to stay behind. — He writes in the same letter: "Il Palazzo della Lungara non è più quello d'una volta e pare un limbo." ("The Palazzo della Lungara is no longer what it used to be and seems to be in limbo.")
Del Monte wrote to Azzolino on July 28: "Il Texeira non degenera della sua nazione, mostrandosi interressatissimo." ("Texeira does not degenerate from his nation, showing himself to be very interested.")
The news from Holland that Kristina gives Azzolino is generally based on reports from Nunez Henriques, Texeira's correspondent in Amsterdam. Sometimes these reports (in Spanish) are attached to the Queen's letters.
"L'électeur de Brandebourg a écrit une lettre à Wrangel sur ce sujet" = Brandenburg also took part in the mediation.
"d'un style dont il n'aurait osé se servir de l'année cinquante-deux ou de cinquante-trois" = during the Queen's reign.
"Je vous envoie la lettre pour le pape et la réponse à celle du cardinal Chigi" = Evidently letters of courtesy announcing the Queen's arrival in Hamburg.
erba trastulla = herbe de badinage.
In Italian, "dare l'erba trastulla" means to comfort someone by making them hope in vain for something or to amuse someone with nice words. Allusion to some pleasantry in Cardinal Sforza's letter. Kristina seems to have interpreted this idiom literally, an indicator that she/he/they might have been autistic.
minestra = potage (soup).
See, on Kristina's relations with the Cardinal de Retz: Chantelauze, "Le cardinal de Retz", Paris, 1879, pages 416 to 432. The reader, however, will do well to consult this work only with caution, as much of the information it gives about the Queen, apart from her relations with de Retz, is erroneous.
Notre poète = Azzolino himself.
Ciccolino = Antonio Bivani, a famous singer in Kristina's service.
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