Sunday, November 10, 2019

Kristina's letter to Azzolino, dated July 18/28 (New Style), 1666

Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on July 18/28 (New Style), 1666.






Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), published by Baron Carl Bildt, 1899

https://litteraturbanken.se/forfattare/BildtC/titlar/ChristineEtAzzolino/sida/183/faksimil

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Letters_by_Christina_of_Sweden_to_Cardinal_Decio_Azzolino_(1666%E2%80%931668)

Kristina: Brev och skrifter, edited by Marie Louise Renata Rodén, translated by Cecilia Huldt and Viveca Melander, published by Svenska Akademien, 2006


The letter:

/19 lestre de Ambur le 28 Jvlet 1666 —
Je ne Vous saueres faire Comprendre qvelle a este ma Joye en recvant le dovble depeche qvi me manquoit par lordinaire passe, san qvil me manque auCune de Vos depeche iusques a Ce iour. Je Vous ren grace de tout ce quils Contiennent dobligent pour moy Vous asseurent qve si Je ne merite vne telle amitie dalieurs Je la merite dv moins par la sincerite et par lardeur de celle qve ie Vous professeray inViolable iusques a la mort. et Comme iay de la reconoissance pour Vous ayes avsi la iustice pour moy destre fortement persuade de Cette Verite.

Vous avez tort destre en inquietvde de ma sante Car ie ne me suis iamais porte si bien qve presentement. le medecin est icy et Jespere quil me sera inutile pour long temps. Malaspine est ausi icy mais sa Complexion est foiblette et Je ne pense pas quil sera iamais austrement.

sur mes affaires particulieres Je ne Vous puis pas encore Vous parler avec certitude. Jls ne dependent pas entierement de moy. tout ce qve ie Vous puis dire est qve ie ne manqveray ny de soin ny dapplication, et quasseurement ie ne retourneray pas a rome sans avoir paye mes dettes entierement ny sans avoir desgage mes ioyaux, ny sans avoir tire de mes Valeurs tout ce qve lon poura tirer. pour les fermes elles se feront asseurement et desia iay donne les ordres necessaires pour cela au gouverneur genl. mais d'afermer gottlandt pour 20/m Rijdl. cest ce qve ie ne feray pas, Car Jespere den tirer pour le moins 30/m pour lanne qui Vient. la difficulte est toutte de trouver des gen qui donnent les Cautions nescessaires, et Thexeira qui Vous ren tout si facile dit ycy qve cela ne se trouvera pas, et a Vous dire la Verite ien doutte ausi. neamoin ie ne le Crois pas impossible, mais Je ne vous puis enCore parler de Car Jattens les reponses de Svede, et ie Crois qve ma presence sera necessaire pour l'adiuster.

lon ne parle plus de diette, et ien ay Casi perdu lesperance quelle se face et avec cela Je pers celle de Vous revoir de long temps. iugez quel effroyable Coup de malhevr m'accable. Je vous advoue que ie suis dans un desespoir estrange et si lestat de mon asme Vous estoit Connev ie masseure que Vous ne me refuseray pas Vostre Compassion.

Moderez ie Vous prie le Zele du bon pere Fozio, Car si on le sait en Svede Comme Jl n'en favt pas doutter, Cela est Capable de me faire beaucoup de mal. Je veux bien quil prie dieu pour quil me Conserve et face la grace dun heureux retour tout cela est bon, mais de parler de mes s. intentions deseins etc. cela me peut pendre entierement. Jl est Certain que iespere de tirer quelqve avantage Considerable de ce Voiage mais pour le tirer Jl faut laisser faire a dieu et au temps et se taire et ne tesmoinger ny directement ny indirectement qve lon y Vuille toucher, Car ces apparences nuisent beaucoup et ne servent a rien. ie massevre qve Vous Croies que iay raison.

Jl est arrive lors qvon lesperoit le moins qve lon a renouvelle laliance de Sude avec la france. lon parle diversement des Conditions les qvels sont fort honteuse pour la Svede. Jen ay pleure de rage non pas qve ie ne soise ravi de Voir la Svede en bonne intelligense avec la france mais ie voudrois qvelle leut fait lors qvon le povvoit faire gloire et avec plus d'vtilite. par lordinaire prochain ie Vous en diray les particularites avec plus de Certitude. la france a desia paye de largent. Jespere den tirer de la Couronne sur cet argent. cest ce qvi est le meillieur dans cet article.

les deux flottes ou armes navale son en presence et lon atten de moment en moment la novvelle de la plus sanglante battallie qui se soit iamais donne, Car lanimosite des deux parties est telle qvon ne la peut expliqver. qvel qven sera lissve ie tien quelle prodvira la paix. Les ollandois Cependant se son mis en possesion de la peche des Arengs fort paisiblement, mais cet battallie decidera le tout et fera les Vainqueurs larbitre de la mer.

les novvelle de polonge parlent de la defaitte du Roy mais lon ne sait pas enCore qven Croire lon a dit lordinaire passe autan de loubomirsqvi, et ie crois qva cet heure Vous austres saves ce qui en est.

le roy de Dannemarqve arme fortement et lon en parle diVersement, mais ce qvi est de Veritable est qvil se rend tous les iours plus fort et plus redouttable. Jl ne lest pas povrtan a mon avis asse povr attaqver, mais Jl lest fort pour se defendre.

Je suis ravye de tout ce qve lambassader de france dit dobligent de moy ansi que lambassadrisse ie Vous en prie de leur faire la desus mais expressions de la maniere qve Vous les saves faire. les ambassadeurs qui se trouvent en Svede me font les mesme amities et tout cela mest fort avantagevx pour moy dautan plus que ie pevx Croire que ce soit avec sincerite. Je Vous enVoy la lestre que Monsr. de Lionne mescrit et si tost qve Strop sera a Stocholme Je sauray tout ce qvi sy fait de plus segret, et si la verite repond aux apparences.

Je Vous envoy la lestre d'adamy et iay veu celle qvil escrit a Vous. iay iuge apropos de Vous les envoyer touts deux quoy qve ie nadiouste pas gran foy a ce qvil dit dans la miene, parcequil nen parle pas dans la Vostre neamoin ie Vous lenvoy pour Vous divertir.

Je panse Vous avoir dit tout ce que iay a Vous dire, mais devanqve de finir ma lestre Jl faut que ie Vous parler dv ridicule personage dont ie Vous en Voy le portrait. Cet un Coquin qui serrige icy en neveaux du pape Vous trouveres le reste de son infame histoire au pie de son portrait. Jl nest pas pourtan Visible et crois qvils se Cage de Crainte destre maltraitte par nous austre Jtaliens (Car ie me tiens naturalise parmy Vous) si vne puisante Consideration ne mempechoit Jauray la plus grande tentation du monde a le faire Jetter en la riviere.

Jl Courent ysy des livres infames et sots Contre la Cour de rome, et la Vie de D. Olimpia est receue avec tan dapplaudissements qvelle est tradiuitte en touts les langes barrares cest le plus sot livre dv monde, et a moin qve destre Hretique ov allemant lon ne sauroit trouver plaisir au sotises quil dit. enCore Vaut Jl mieux destre Héretiqve qu'Aleman car enfin vn heretiqve peut devenir Catolique mais vne beste ne peut iamais devenir raisonable. maudit soit le pays et les sotte bestes quil produit

au reste Conserves moy les bonne graces de nos amis et faittes a tous les nostres mais et particulierement a Ceux qvi sont plus nosteres Je suis et seray toutte ma Vie entierement a Vous
adieu

Je Viens de receuoir Vostre settiesme lestre avec beaucoup de ioye mais ie suis au desespoir que le pape se porte mal. neamoins Comme les follietti ne me peuvent trompe Je me fie aux esperances qve Vous de le revoir en sante.

Je suis ravie de lhonevr qve le roy de france Vous a fait et Je len remercieray moy mesme Je ne puis Vous rien repondre sur Vostre Chiffre ne layant pas et suis au desespoir mais la Conoissance que iay des affaires fait qve ie say a plus pres ce qve Vous me Voules dire ie Vous reponderay au reste par le prochain.

With modernised spelling (with Kristina's spelling mistakes preserved as much as possible):

/19 lettre de [H]ambourg, le 28 ju[il]let 1666. —
Je ne vous sauerais [sic] faire comprendre quelle a été ma joie en rec[e]vant les doubles dépêches qui me manquai[en]t par l'ordinaire passé, sans qu'il me manque aucune de vos dépêches jusqu'à ce jour. Je vous rends grâce de tout ce qu'elles contiennent d'obligeant pour moi, vous assurant que si je ne mérite une telle amitié d'allieurs [sic], je la mérite du moins par la sincérité et par l'ardeur de celle que je vous professerai inviolable jusqu'à la mort. Comme j'ai de la reconnaissance pour vous, ayez aussi la justice pour moi d'être fortement persuadé de cette vérité.

Vous avez tort d'être en inquiétude de ma santé, car je ne me suis jamais portée si bien que présentement. Le médecin est ici, et j'espère qu'il me sera inutile pour longtemps. Malaspine [sic] est aussi ici, mais sa complexion est faiblette, et je ne pense pas qu'il sera jamais autrement.

Sur mes affaires particulières, je ne vous puis pas encore vous parler avec certitude [sic]. Ils [sic] ne dépendent pas entièrement de moi. Tout ce que je vous puis dire est que je ne manquerai ni de soin ni d'application, et qu'assurément je ne retournerai pas à Rome sans avoir payé mes dettes entièrement, ni sans avoir dégagé mes joyaux, ni sans avoir tiré de mes valeurs tout ce que l'on pourra tirer. Pour les fermes, elles se feront assurément, et déjà j'ai donné les ordres nécessaires pour cela au gouverneur général, mais d'affermer Gotland pour 20/m Riksdl., c'est ce que je ne ferai pas, car j'espère d'en tirer pour le moins 30/m pour l'année qui vient. La difficulté est toute de trouver des gens qui donnent les cautions néscessaires [sic]; et Texeira, qui vous rend tout si facile, dit ici que cela ne se trouvera pas, et, à vous dire la vérité, j'en doute aussi. Néa[n]moin[s] je ne le crois pas impossible, mais je ne vous puis encore parler de [rien], car j'attends les réponses de Suède, et je crois que ma présence sera nécessaire pour l'ajuster.

L'on ne parle plus de Diète, et j'en ai quasi perdu l'espérance qu'elle se fasse, et avec cela je perds celle de vous revoir de longtemps. Jugez quel effroyable coup de malheur m'accable! Je vous avoue que je suis dans un désespoir étrange, et si l'état de mon âme vous était connu, je m'assure que vous ne me refuseriez pas votre compassion.

Modérez, je vous prie, le zèle du bon père Fozio, car si on le sait en Suède, comme il n'en faut pas douter, cela est capable de me faire beaucoup de mal. Je veux bien qu'il prie Dieu pour qu'il me conserve et fasse la grâce d'un heureux retour. Tout cela est bon, mais de parler de mes s[ecrètes] intentions, desseins, etc., cela me peut perdre entièrement. Il est certain que j'espère de tirer quelque avantage considérable de ce voyage, mais pour le tirer il faut laisser faire à Dieu et au temps, et se taire et ne témoinger [sic], ni directement, ni indirectement que l'on y v[e]uille toucher, car ses apparences nuisent beaucoup et ne servent à rien. Je m'assure que vous croyez que j'ai raison.

Il est arrivé lorsqu'on l'espérait le moins, que l'on a renouvelé l'alliance de Suède avec la France. L'on parle diversement des conditions, lesquelles sont fort honteuses pour la Suède. J'en ai pleuré de rage, non pas que je ne soise [sic] ravie de voir la Suède en bonne intelligence avec la France, mais je voudrais qu'elle l'eut fait lorsqu'on le pouvait faire [avec] gloire et avec plus d'utilité. Par l'ordinaire prochain je vous en dirai les particularités avec plus de certitude. La France a déjà payé de l'argent. J'espère d'en tirer de la Couronne sur cet argent. C'est ce qui est le meillieur [sic] dans cet article.

Les deux flottes ou armées navales sont en présence, et l'on attend de moment en moment la nouvelle de la plus sanglante battallie [sic] qui se soit jamais donnée, car l'animosité des deux parties est telle qu'on ne la peut expliquer. Quelle qu'en sera l'issue, je tiens qu'elle produira la paix. Les [H]ollandais cependant se sont mis en possession de la pêche des [h]arengs fort paisiblement, mais cet[te] battallie [sic] décidera le tout et fera les vainqueurs l'arbitre de la mer.

Les nouvelles de Polonge [sic] parlent de la défaite du Roi, mais l'on ne sait pas encore qu'en croire. L'on a dit l'ordinaire passé autant de Lubomirski, et je crois qu'à cette heure vous autres savez ce qui en est.

Le roi de Danemark arme fortement et l'on en parle diversement, mais ce qui est de véritable est qu'il se rend tous les jours plus fort et plus redoutable. Il ne l'est pas pourtant à mon avis assez pour attaquer, mais il l'est fort pour se défendre.

Je suis ravie de tout ce que l'ambassade[u]r de France dit d'obligeant de moi ainsi que l'ambassadrice. Je vous en prie de leur faire là-dessus mais [sic] expressions de la manière que vous les savez faire. Les ambassadeurs qui se trouvent en Suède me font les mêmes amitiés, et tout cela est fort avantageux pour moi, d'autant plus que je peux croire que ce soit avec sincérité. Je vous envoie la lettre que Monsieur de Lionne m'écrit, et si tôt que Stropp sera a Stockholm je saurai tout ce qui s'y fait de plus segret [sic], et si la vérité répond aux apparences.

Je vous envoie la lettre d'Adami et j'ai vu celle qu'il écrit à vous. J'ai jugé à propos de vous les envoyer toutes deux, quoique je n'ajoute pas grand foi à ce qu'il dit dans la mienne, parce qu'il n'en parle pas dans la vôtre. Néanmoins je vous l'envoie pour vous divertir.

Je panse [sic] vous avoir dit tout ce que j'ai à vous dire, mais devant que de finir ma lettre, il faut que je vous parler du ridicule personnage dont je vous envoie le portrait. C'e[s]t un coquin qui s'érrige [sic] ici en neveux [sic] du pape. Vous trouverez le reste de son infâme histoire au pied de son portrait. Il n'est pas pourtant visible, et [je] crois qu'ils se cage [sic] de crainte d'être maltraité par nous autres Italiens (car je me tiens naturalisée parmi vous). Si une puissante considération ne m'empêchait, j'aurai la plus grande tentation du monde à le faire jetter [sic] en la rivière.

Ils courent ici des livres infâmes et sots contre la Cour de Rome, et la vie de D. Olimpia est reçue avec tant d'applaudissements, qu'elle est tradiuite [sic] en tout[e]s les lang[u]es bar[b]ares. C'est le plus sot livre du monde, et, à moins que d'être h[é]rétique ou Allemand, l'on ne saurait trouver plaisir aux sottises qu'il dit. Encore vaut-il mieux d'être hérétique qu'Allemand, car enfin un hérétique peut devenir catholique, mais une bête ne peut jamais devenir raisonnable. Maudit soit le pays et les sottes bêtes qu'il produit!

Au reste, conservez-moi les bonnes grâces de nos amis et faites [mes compliments] à tous les nôtres, mais et particulièrement à ceux qui sont plus nôteres [sic]. Je suis et serai toute ma vie entièrement à vous. Adieu.

Je viens de recevoir votre settième [sic] lettre avec beaucoup de joie, mais je suis au désespoir que le pape se porte mal. Néa[n]moin[s], comme les follietti ne me peuvent trompe[r], je me fie aux espérances que vous [me donnez] de le revoir en santé.

Je suis ravie de l'honneur que le roi de France vous a fait et je l'en remercierai moi-même. Je ne puis vous rien répondre sur votre chiffre, ne l'ayant pas, et suis au désespoir; mais la connaissance que j'ai des affaires fait que je sais à plus près ce que vous me voulez dire. Je vous réponderai [sic] au reste par le prochain.

With modernised spelling (Bildt's transcript):

Hamburg, le 28 juillet 1666.
Je ne vous saurais faire comprendre quelle a été ma joie en recevant les doubles dépêches qui me manquaient par l'ordinaire passé, sans qu'il me manque aucune de vos dépêches jusqu'à ce jour. Je vous rends grâce de tout ce qu'elles contiennent d'obligeant pour moi, vous assurant que si je ne mérite une telle amitié d'ailleurs, je la mérite du moins par la sincérité et par l'ardeur de celle que je vous professerai inviolable jusqu'à la mort. Comme j'ai de la reconnaissance pour vous, ayez aussi la justice pour moi d'être fortement persuadé de cette vérité.

Vous avez tort d'être en inquiétude de ma santé, car je ne me suis jamais portée si bien que présentement. Le médecin est ici, et j'espère qu'il me sera inutile pour longtemps. Malaspina est aussi ici, mais sa complexion est faiblette et je [ne] pense pas qu'il sera jamais autrement.

Sur mes affaires particulières, je ne puis pas encore vous parler avec certitude. Elles ne dépendent pas entièrement de moi. Tout ce que je vous puis dire est que je ne manquerai ni de soin ni d'application, et qu'assurément je ne retournerai pas à Rome sans avoir payé mes dettes entièrement, ni sans avoir dégagé mes joyaux, ni sans avoir tiré de mes valeurs tout ce que l'on pourra tirer. Pour les fermes, elles se feront assurément, et déjà j'ai donné les ordres nécessaires pour cela au gouverneur général, mais d'affermer Gotland pour 20/m Riksdl., c'est ce que je ne ferai pas, car j'espère d'en tirer pour le moins 30/m pour l'année qui vient. La difficulté est toute de trouver des gens qui donnent les cautions nécessaires, et Texeira qui vous rend tout si facile, dit ici que cela ne se trouvera pas, et à vous dire la vérité j'en doute aussi. Néanmoins je ne le crois pas impossible, mais je ne vous puis encore parler de [rien], car j'attends les réponses de Suède, et je crois que ma présence sera nécessaire pour l'ajuster.

L'on ne parle plus de Diète, et j'en ai quasi perdu l'espérance qu'elle se fasse, et avec cela je perds celle de vous revoir de longtemps. Jugez quel effroyable coup de malheur m'accable! Je vous avoue que je suis dans un désespoir étrange, et si l'état de mon âme vous était connu, je m'assure que vous ne me refuseriez pas votre compassion.

Modérez, je vous prie, le zèle du bon père Fozio, car si on le sait en Suède, comme il n'en faut pas douter, cela est capable de me faire beaucoup de mal. Je veux bien qu'il prie Dieu pour qu'il me conserve et fasse la grâce d'un heureux retour. Tout cela est bon, mais de parler de mes s[ecrètes] intentions, desseins, etc., cela me peut perdre entièrement. Il est certain que j'espère de tirer quelque avantage considérable de ce voyage, mais pour le tirer il faut laisser faire à Dieu et au temps, et se taire et ne témoigner, ni directement, ni indirectement que l'on y veuille toucher, car ses apparences nuisent beaucoup et ne servent à rien. Je m'assure que vous croyez que j'ai raison.

Il est arrivé lorsqu'on l'espérait le moins, que l'on a renouvelé l'alliance de Suède avec la France. L'on parle diversement des conditions, lesquelles sont fort honteuses pour la Suède. J'en ai pleuré de rage, non pas que je ne sois ravie de voir la Suède en bonne intelligence avec la France, mais je voudrais qu'elle l'eut fait lorsqu'on le pouvait faire [avec] gloire et avec plus d'utilité. Par l'ordinaire prochain je vous en dirai les particularités avec plus de certitude. La France a déjà payé de l'argent. J'espère d'en tirer de la Couronne sur cet argent. C'est ce qui est le meilleur dans cet article.

Les deux flottes ou armées navales sont en présence, et l'on attend de moment en moment la nouvelle de la plus sanglante bataille qui se soit jamais donnée, car l'animosité des deux parties est telle qu'on ne la peut expliquer. Quelle qu'en sera l'issue, je tiens qu'elle produira la paix. Les Hollandais cependant se sont mis en possession de la pêche des harengs fort paisiblement, mais cette bataille décidera le tout et fera les vainqueurs l'arbitre de la mer.

Les nouvelles de Pologne parlent de la défaite du Roi, mais l'on ne sait pas encore qu'en croire. L'on a dit l'ordinaire passé autant de Lubomirski, et je crois qu'à cette heure vous autres savez ce qui en est.

Le roi de Danemark arme fortement et l'on en parle diversement, mais ce qui est de véritable est qu'il se rend tous les jours plus fort et plus redoutable. Il ne l'est pas pourtant à mon avis assez pour attaquer, mais il l'est fort pour se défendre.

Je suis ravie de tout ce que l'ambassadeur de France dit d'obligeant de moi ainsi que l'ambassadrice. Je vous en prie de leur faire là-dessus mes expressions de la manière que vous les savez faire. Les ambassadeurs qui se trouvent en Suède me font les mêmes amitiés, et tout cela est fort avantageux pour moi, d'autant plus que je peux croire que ce soit avec sincérité. Je vous envoie la lettre que M. de Lionne m'écrit, et si tôt que Stropp sera a Stockholm je saurai tout ce qui s'y fait de plus secret, et si la vérité répond aux apparences.

Je vous envoie la lettre d'Adami et j'ai vu celle qu'il écrit à vous. J'ai jugé à propos de vous les envoyer toutes deux, quoique je n'ajoute pas grand foi à ce qu'il dit dans la mienne, parce qu'il n'en parle pas dans la vôtre. Néanmoins je vous l'envoie pour vous divertir.

Je pense vous avoir dit tout ce que j'ai à vous dire, mais devant que de finir ma lettre, il faut que je vous parler du ridicule personnage dont je vous envoie le portrait. C'est un coquin qui s'érige ici en neveu du pape. Vous trouverez le reste de son infâme histoire au pied de son portrait. Il n'est pas pourtant visible, et [je] crois qu'ils se cache de crainte d'être maltraité par nous autres Italiens (car je me tiens naturalisée parmi vous). Si une puissante considération ne m'empêchait, j'aurai la plus grande tentation du monde à le faire jeter en la rivière.

Ils courent ici des livres infâmes et sots contre la Cour de Rome, et la vie de D. Olimpia est reçue avec tant d'applaudissements, qu'elle est traduite en toutes les langues barbares. C'est le plus sot livre du monde, et, à moins que d'être hérétique ou Allemand, l'on ne saurait trouver plaisir aux sottises qu'il dit. Encore vaut-il mieux d'être hérétique qu'Allemand, car enfin un hérétique peut devenir catholique, mais une bête ne peut jamais devenir raisonnable. Maudit soit le pays et les sottes bêtes qu'il produit!

Au reste, conservez-moi les bonnes grâces de nos amis et faites [mes compliments] à tous les nôtres, mais et particulièrement à ceux qui sont plus nôtres. Je suis et serai toute ma vie entièrement à vous. Adieu.

Je viens de recevoir votre septième lettre avec beaucoup de joie, mais je suis au désespoir que le pape se porte mal. Néanmoins comme les follietti ne me peuvent tromper, je me fie aux espérances que vous [me donnez] de le revoir en santé.

Je suis ravie de l'honneur que le roi de France vous a fait et je l'en remercierai moi-même. Je ne puis vous rien répondre sur votre chiffre, ne l'ayant pas et suis au désespoir, mais la connaissance que j'ai des affaires fait que je sais à plus près ce que vous me voulez dire. Je vous répondrai au reste par le prochain.

Swedish translation (by Huldt):

Hamburg den 28 juli 1666
Jag vet inte hur jag skall beskriva min glädje när jag mottog de dubbla försändelser som saknades i föregående post. Intill denna dag har jag inte gått miste om något brev från Er. Jag tackar för alla komplimanger de innehåller och försäkrar Er: om jag inte har förtjänat en sådan vänlighet på annat sätt, har jag åtminstone förtjänat den genom uppriktigheten och hängivenheten i min vänskap för Er, en vänskap jag kommer att hålla för okränkbar intill döden. Liksom jag står i tacksamhetsskuld till Er ber jag Er att i rättvisans namn låta Er övertygas om denna sanning.

Ni behöver verkligen inte oroa Er för min hälsa, ty jag har aldrig mått så bra som nu. Läkaren är här, och jag hoppas att jag inte kommer att behöva honom på länge. Malaspina är också här och han är en aning opasslig, men jag tror inte att han någonsin kommer att vara annat.

Vad mina privata affärer beträffar kan jag ännu inte säga något säkert. De berör inte bara på mig. Allt jag kan säga är att jag inte kommer att brista i vare sig omsorg eller flit, och att jag absolut inte tänker återvända till Rom förrän jag har betalat alla mina skulder, löst ut mina juveler och fått ut så mycket jag kan av mina tillgångar. Det kommer säkert att ordna sig med arrendene, och jag har redan givit nödvändiga order om detta till generalguvernören, men jag tänker inte arrendera ut Gotland för 20/m Riksdl., ty jag hoppas kunna få ut minst 30/m därifrån nästa år. Svårigheten ligger i att hitta folk som kan lämna tillräckliga garantier, och Texeira som brukar ordna allt så lätt säger nu att sådana människor inte står att finna, och om jag skall vara ärlig tror jag också att det blir svårt. Jag tror dock inte att det är omöjligt, men jag kan ännu inte säga Er någonting om det, ty jag väntar på svar från Sverige och blir förmodligen tvungen att resa dit själv för att ordna saken.

Det talas inte längre om någon riksdag, jag har nästan förlorat hoppet om att den skall bli av och därmed förlorar jag också hoppat om att få återse Er på länge. Ni kan tänka Er vilken förfärlig olycka detta är för mig! Jag måste erkänna att jag för ovanlighetens skull är förtvivlad, och om Ni kunde uppleva mitt själstillstånd är jag säker på att Ni inte skulle neka mig Er medkänsla.

Jag ber Er, var snäll och dämpa den gode fader Fozios iver, ty ingen i Sverige får ana något om detta, och om det blir känt kan det vara till stor skada för mig. Jag ser gärna att han ber Gud bevara mig och i sin nåd låta mig få en lycklig återresa. Allt detta är gott; men talet om mina h[emliga] avsikter, planer, etc., kan göra att jag förlorar allt. Jag hoppas visserligen kunna vinna åtskilligt på den här resan, men i så fall måste vi låta Gud och tiden göra sitt, tiga och inte visa vare sig direkt eller indirekt vad vi vill uppnå, ty dessa tecken skulle kunna göra stor skada och är inte till någon nytta. Jag är säker på att Ni ger mig rätt däri.

Just när man minst av allt väntade det har förbundet mellan Sverige och Frankrike förnyats. Det förekommer olika uppgifter om villkoren, som är mycket förnedrande för Sverige. Jag har gråtit av vrede över detta, inte för att jag inte skulle glädja mig åt att se Sverige i gott samförstånd med Frankrike, utan för att jag hade föredragit att man slutit ett sådant förbund medan man ännu kunde göra det på ett ärofullt sätt och medan man hade haft större nytta av det. Med nästa post kommer jag att kunna återge detaljerna mer exakt. Frankrike har redan betalat en summa pengar. Jag hoppas att Kronan låter mig få del av pengarna. Det är det bästa i den här saken.

De båda flottorna eller marina arméerna har infunnit sig och man väntar nu vilken stund som helst nyheter om det blodigaste slag som någonsin har utkämpats, ty fientligheten mellan de båda sidorna är sådan att det inte kan klaras upp. Oavsett hur utgången blir tror jag att den kommer att leda till fred. Holländarna har emellertid helt fredligt lagt beslag på sillfisket, men denna strid kommer att avgöra allt och förvandla segraren till härskare över havet.

Nyheterna från Polen talar om förlust för kungen, men ännu vet man inte vad man skall tro. Av föregående post fick vi höra samma sak om Lubomirski, och jag tror att ni andra i denna stund redan vet vem förloraren är.

Kungen av Danmark rustar för fullt och det går olika rykten om detta, men säkert är i alla fall att han blir starkare och mer skrämmande för var dag som går. Enligt min åsikt är han dock inte tillräckligt stark för att anfalla, men han är stark nog att kunna försvara sig.

Jag gläder mig mycket åt alla vänligheter som Frankrikes ambassadör och ambassadris säger om mig. Jag ber Er framföra detta till dem så som Ni kan göra. Ambassadörerna i Sverige visar mig samma vänlighet, och allt detta är mycket fördelaktigt för mig, i synnerhet som jag vågar tro att det är uppriktigt menat. Jag sänder Er brevet som M. de Lionne skrev till mig, och så snart Stropp kommer till Stockholm kommer jag att få veta allt hemligt som utspelar sig där, och om verkligheten motsvarar det yttre skenet.

Jag sänder Er Adamis brev och jag har läst det brev som han har skrivit till Er. Jag ansåg det rätt att sända Er båda två, även om jag inte sättar stor tilltro till vad han skriver i brevet till mig, eftersom han inte talar om dessa saker i brevet till Er. Ändå sänder jag Er det för att roa Er.

Jag tror att jag nu har sagt allt vad jag hade att säga, men innan jag avslutar brevet måste jag berätta för Er om den löjliga person vars porträtt jag sänder Er. Det är en skojare som påstår sig vara brorson till påven. Under hans bild finner Ni resten av hans tarvliga historia. Han har dock gjort sig osynlig, och jag tror att han gömmer sig av rädsla för att bli illa behandlad av oss italienare (ty jag betraktar mig som en av er). Om min starka medkänsla inte höll mig tillbaka skulle jag vara ytterligt frestad att låta kasta honom i floden.

Här cirkulerar hemska och dumma böcker mot hovet i Rom, och boken om Donna Olimpias liv har rönt så stor uppskattning att den har översatts till alla barbariska språk. Det är världens dummaste bok, och om den inte var kättersk eller tysk skulle man inte ens finna nöje i alla dumheter den innehåller. Det är väl också bättre att vara kättare än att vara tysk, ty en kättare kan faktiskt bli katolik, men ett djur kan aldrig bli förnuftigt. Förbannat vare detta land och de dumma djur det frambringar!

För övrigt, tänk på mig när Ni träffar våra vänner och framför [mina hälsningar] till alla de våra, särskilt till dem som är mest våra. Jag är helt och hållet Er, nu och för resten av mitt liv. Farväl.

Jag har just fått ert sjunde brev, vilket gjorde mig mycket glad, men jag är förtvivlad över att påven är sjuk. Jag låter mig dock inte luras av tidningarna, och därför förlitar jag mig på förhoppningarna som Ni ger mig om att få återse honom vid god hälsa.

Jag är mycket glad över att Frankrikes kung har bevisat Er en sådan ära och skall personligen tacka honom för detta. Jag kan ingenting svara angående ert chiffer eftersom jag inte har det, och det gör mig förtvivlad, men med min kännedom om affärer förstår jag mer eller mindre vad Ni vill säga. Vad det övriga beträffar skall Ni få svar med nästa post.

English translation (my own):

/19th letter from Hamburg, July 28, 1666. —
I cannot make you comprehend what my joy was in receiving the double dispatches which I missed by the past ordinary, without my missing any of your dispatches up to this day. I thank you for everything that they contain that is obliging for me, assuring you that if I do not deserve such friendship otherwise, I deserve it at least by the sincerity and the ardour of that which I will profess to you, inviolable unto death. As I am grateful to you, do have the justice also for me to be strongly persuaded of this truth.

You are wrong to be worried about my health, for I have never been so well as now. The doctor is here, and I hope he will useless to me for a long time. Malaspina is also here, but his temper is weak and I don't think he will ever be otherwise.

On my particular affairs, I cannot yet speak to you with certainty. They are not entirely up to me. All I can say to you is that I shall not lack care or application, and that I will certainly not return to Rome without having paid my debts in full, nor without having freed my jewels, nor without having drawn from my supplies ​​all that one can draw. As for the leases, they will certainly be done, and I have already given the necessary orders for this to the governor general, but to lease Gotland for 20 thousand riksdalers, that is what I will not do, because I hope to get at least 30 thousand for the coming year. The difficulty is all to find people who give the necessary guarantees, and Texeira, who makes everything so easy for you, says here that it will not be found, and, to tell you the truth, I doubt it too. Nevertheless, I don't think it's impossible, but I can't talk to you about anything yet, because I'm waiting for Sweden's answers, and I think that my presence will be necessary to adjust it.

One no longer speaks of the Riksdag, and I have almost lost hope that it will take place, and with it I lose that of seeing you again for a long time. Imagine what a terrible stroke of misfortune overwhelms me! I confess to you that I am in a strange despair, and if the state of my soul were known to you, I assure you that you would not refuse me your compassion.

Moderate, I beg you, the zeal of the good father Fozio, because if one knows about it in Sweden, as there can be no doubt, it is capable of doing me a great deal of harm. I very much want him to pray to God to preserve me and grant me the grace of a happy return. All this is good, but to talk about my s[ecret] intentions, designs, etc., it can ruin me entirely. It is certain that I hope to derive some considerable advantage from this journey, but to derive it one must leave it to God and time, and be silent and not testify, either directly or indirectly, that one wants to touch it, for its appearances spoil everything and useless. I assure myself that you believe I'm right.

It happened, when one least hoped for it, that Sweden's alliance with France was renewed. The conditions, which are very shameful for Sweden, are spoken of in various ways. I wept with rage, not that I was delighted to see Sweden on good terms with France, but I wish it had done it when it could be done with glory and with more utility. By the next ordinary I will tell you the particulars with more certainty. France has already paid money. I hope to draw from the Crown on this money. That is what's best about this article.

The two fleets or naval armies are face to face, and news of the bloodiest battle ever fought is expected from moment to moment, for the animosity between the two parties is such that it cannot be described. Whatever the outcome, I want it to produce peace. The Dutch, however, have taken possession of the herring fishery very peacefully, but this battle will decide everything and will make the victors the arbiter of the sea.

The news from Poland speaks of the defeat of the King, but one does not yet know what to believe. The usual has been said as much of Lubomirski, and I believe that at this hour you people know what is going on.

The King of Denmark arms strongly and one speaks of it in various ways, but what is veritable was that he makes himself stronger and more formidable every day. He is not strong, however, in my opinion, enough to attack, but he is strong to defend himself.

I am delighted with all the obliging things the French ambassador says about me as well as what the ambassadress says. I beg you to make them my expressions on that in the way that you know how to do them. The ambassadors who are in Sweden make me the same amities, and all this is very advantageous for me, especially since I can believe that it is with sincerity. I am sending you the letter which Monsieur de Lionne writes to me, and as soon as Stropp is in Stockholm I shall know all that is most secret there, and whether the truth corresponds to appearances.

I am sending you Adami's letter, and I have seen the one he writes to you. I thought fit to send them both to you, although I do not place much faith in what he says in mine, because he does not mention them in yours. Nevertheless, I am sending it to you to divert you.

I think I have told you everything I have to tell you, but before finishing my letter, I must just tell you about the ridiculous character whose portrait I am sending you. It is a rascal who sets himself up here as the Pope's nephew. You will find the rest of his infamous story at the foot of his portrait. He is not, however, visible, and I believe that he hides himself for fear of being ill-treated by us Italians (because I am naturalised among you). If a powerful consideration did not prevent me, I would have the greatest temptation in the world to have him thrown into the river.

They run here infamous and stupid books against the Court of Rome, and the life of Donna Olimpia is received with so much applause that it is translated into all the barbarian languages. It is the stupidest book in the world, and unless one is a heretic or a German, one can't take pleasure in the nonsense it says. Still, it is better to be a heretic than a German, for, after all, a heretic can become a Catholic, but a beast can never become reasonable. Cursed be this country and the silly beasts it produces!

For the rest, preserve me in the good graces of our friends and pay my compliments to all of ours, but particularly to those who are more ours. I am and will be entirely yours all my life. Goodbye.

I have just received your seventh letter with great joy, but I am in despair that the Pope is not well. Nevertheless, as the follietti cannot deceive me, I confide in the hopes you give me of seeing him again in good health.

I am delighted with the honour that the King of France has done you, and I will thank him for it myself. I cannot answer you anything about your cipher, not having it, and am in despair, but the knowledge I have of affairs makes me know more closely what you mean to me. I will answer you the rest by the next ordinary.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Azzolino.


Above: Governor General Seved Bååth.


Above: King Frederick III of Denmark.


Above: Charles d'Albert d'Ailly, Duke of Chaulnes, the French ambassador to Rome.


Above: Simon Arnauld de Pomponne, the French ambassador to Sweden.


Above: Hugues de Lionne.


Above: Olimpia Maidalchini.


Above: Pope Alexander VII.

Notes: The doctor = Cesare Macchiati, Kristina's physician. Macchiati and Malaspina arrived in Hamburg on July 22. Macchiati writes to Azzolino on July 28 that he could easily have arrived ten days earlier, but that he was prevented from doing so by Malaspina, a close friend of his ease.

follietti (folliettini?) = pamphlets.

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