Sunday, November 10, 2019

Kristina's letter to Azzolino, dated July 11/21 (New Style), 1666

Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on July 11/21 (New Style), 1666.





Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), Baron Carl Bildt, 1899

https://litteraturbanken.se/forfattare/BildtC/titlar/ChristineEtAzzolino/sida/180/faksimil

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Letters_by_Christina_of_Sweden_to_Cardinal_Decio_Azzolino_(1666%E2%80%931668)

The letter (with Kristina's spellings):

18. lestre de Ambur, 21 luglio 1666 —
Juges de linqviétvde ou Je suis en me Voyant privie de la satisfaction de Vos lestres en vne temps ou cette Consolation nest si necssaire. iuges Vous dis ie de mon inquiétude par Vos propre sentiments et soulages mon malheur par Vostre Compassion. ie ne say a quoy attribver ce malhevr, ny par quelle Cruelle aventure Je sois privie delaioye quont ascustvme de me donnerez Vos lestre, et apres avoir roules dans mon esprit Cent mille differentes imaginations ie ne say a quoy me determiner et suis forcee de suspendre mon iugement pour attendre de l'ecclairsiement a se soir. ma seule Consolation est que iespere que Vous Vous portes bien, Ce qve ie Conieture par daustre lestres qui sont veneus de Rome, Car Voyes lestat ou ie suis este reduitte pour cette semaine qvi est de Cherger de la Consolation dans les lestres que landini escrit a sa femme et en ceux de que Sanches et Sylva escrivent a Thexeira, pour me persuader qve Vous Vous portes bien puisque tous ces gens la ne disent rien au Contraire. mais parmy tan de diverses Choses que ie me suis imagine ie nay peu me figeurer qve Vous eussies laisse de mescrire Car Je suis fortement persuadee quil est impossible qve Vous me puissies iamais m'oublier, ny que Vous laissies iamais passer aucune occasion de mescrire. ausi nay ie pas eu le moindre doute sur Ce suiet, et ie me Crois exposee plustost a touts les austres sorte de malheurs que ie puisse Craindre mais cest le seul que ie tiens impossible de povvoir marriver. Voila vne Confience qui Va peut estre iusque a la presontion, mais ie Croirois faire vn sacrilege a nostre amitie si ie povvois Concevoir vne austre Opinion et Je massure que Vous ne me desavoueres pas et qve Vous me rendes Confience pour Confience Car ie la merite.

le novelles de Suede de cette semaine ne parle qve de la ioye vniVerselle qve mon arrive donne a tout le monde, et lepouvante qvelle donne a quelque autres personnes les quelles son peu en nombre mais puissants en autorite Vous mentendes.

La Flotte d'Ollande est devan la Tamise forte de quattre Vint et cinque Vaissaux san Conter les brulots qui sont au nombre de Vint Jl y a grande Consternation et faute dargen dargent en Angleterre. lon assure pourtan que leur flotte sortira. Cest ce que le temps nous fera voir mais pour moy ie nen Crois rien.

les affaires de Svede et de france Vont de mal en pire et mesintelligence de est fort grande. Je Vous envoy icy ioint de nouveles asse particulieres qui Vous feront iuger de lestat des affaires. la Ville de Bemen traitte avec Vrangel Comme Vous aures seu par mes presedentes mais le traitte a este suspendu Jusqve au retour dun envoye que Vrangel a expedie en Suede pour avoir des ordres nouvaux. lEvesque de Mvster a ce quon dit s'est allie avec les Holandois. Joubliois de Vous dire que les ollandois renvoyerent huit Vaissaux au roy de Dannemarqve disant qvils ne levr estoit pas necessaires. Juges par la de la force de cette estat, et soyes certain qve sils se pevvent preserver de malhevr dans cette Campange qvils se renderont formidables a toutte la terre et la france mesme. dans toutte le temps de cette gerre Jl ont eu une si grande abbondance dargent quil nont Jamais donne qve trois et demy ou qvattre pour Cent et ils payent avec tan de punctualite qve tout le monde est ravy de leur prester et lon Conte a faver singvlier de pouuoir leur fournir son argent. Voila leffect dvn bon govvernement qui Conserve le Credit sur qvi tout roule.

lon Commence de novvau a parler de la diette en Suede, et Jespere que le moy de settembre ou doccobre ne passeron pas quelle ne se tienne. si cela arrive prepare Vous a esperer mon retour Car qvant ie pourois partir dycy pour Svede ce sera la primiere preparation de mon retour, et vous deves esperer des avantages Considerables povr mes interest, Car la Conionture et les dispositions presentes me sont les plus favorables du monde, et ie tacheray de menager mes avantages avec toutte lapplication et tout les soins qui me seront possibles Celon mon peu de Capacite.

le prince Christiano est party dicy povr ses Estats dou il Jra en france Jl est tousiours Catolique et plus sage quil nestoit. lon dit qve le Roy de Polonge a defait lubomischi en vne bataille range mais lon nest pas enCore asseure de la Certitude de cette novvelle. si elle est Veritable Vous le savres dalieurs avec ses Circonstances. la Suede est menasse du Moscovite dune gerre qui toute perillieuse et dangereuse qvelle est pour elle nempeche pas messr de la regence de Continuer leur Villegiatura et ie pense que Ce ne sera qve pour lordinaire prochain quils seront de retour. Je nay pas eu de novvelles dAdami depuis plus de qvinse iour mais iespere de les avoir au primier.

iay envoye Strop en Suede a faire des propositions necessaires pour disposer les esprits a mon arrive. de leffect quaura sa Commission depanderont mes resolutions, et ie Vous renderay vn Compte exacte de tout ce qvi se passera.

mais devan qve de finir ma lestre il faut qve ie retourne a mon impacience et qve ie Vous exagere linquiétude ou ie suis et limpacience avec la qvelle iatens larrive de lordinaire pour savoir sil mapporte la mort ou la Vie. ie Vous prie de Croire de mon inquiétude surpasse tout ce qve lon se peut immaginer et que agitation est incocevable tout austre qu'a Vous qui seul povves en vn semblable accident sentir quelque Chose resembleroit fort a ce que ie sen presentement mais ie souhaitte qu'un semblable malheur ne Vous arrive pas Car cette experience Vous Cousteroit trop. ie Vous prie de destre persuade qve quoy qve mon inquietude me face suffrir son toument me tient presentement lieux de toutte ma ioye puisqve son effect extraordinaire me fait Conoistre qve ie Vous estime d'vne amitié qui est digne de Vous. Je prie dieu qui Vous Conserve en sante, et qve iay la ioye de Vous revoir tel que ie Vous ay laisse Vous asseurant que lamitie que ie Vous professe naura iamais daustre terme ny bones que celles de ma Vie. adieu.

Je resois en ce moment avec vn exces de ioye vos deux paquets. Je nay pas loisir dy repondre mais lordinaire prochain Je tacheray de satisfaire a tout ainsi ie reCompense avec vsure de mon inquietude ayant retrouve cette lestre qui ma donne tan de dovleur.

With modernised spelling (with Kristina's grammar and spelling mistakes preserved as much as possible):

18[e] lettre de [H]ambourg, 21 luglio 1666. —
Jugez de l'inquiétude où je suis en me voyant privée de la satisfaction de vos lettres, en un temps où cette consolation m'est si néc[e]ssaire. Jugez, vous dis-je, de mon inquiétude par vos propres sentiments, et soulagez mon malheur par votre compassion. Je ne sais à quoi attribuer ce malheur, ni par quelle cruelle aventure je suis privée de la joie qu'ont asc[o]utumé [sic] de me donner vos lettres, et, après avoir roulé dans mon esprit cent mille différentes imaginations, je ne sais à quoi me déterminer et suis forcée de suspendre mon jugement pour attendre de l'éclairci[ss]ement à se soir. Ma seule consolation est que j'espère que vous vous portez bien, ce que je conje[c]ture par d'autres lettres qui sont venues de Rome; car, voyez l'état où je suis été réduite pour cette semaine, qui est de cherger [sic] de la consolation dans les lettres que Landini écrit à sa femme, et en ceux que Sanchez et Silva écrivent à Texeira, pour me persuader que vous vous portez bien, puisque tous ces gens-là ne disent rien au contraire. Mais, parmi tant de diverses choses que je me suis imaginées, je n'ai pu me figurer que vous eussiez laissé de m'écrire, car je suis fortement persuadée qu'il est impossible que vous me puissiez jamais m'oublier, ni que vous laissiez jamais passer aucune occasion de m'écrire. Aussi n'ai-je pas eu le moindre doute sur ce sujet, et je me crois exposée plutôt à toutes les autres sortes de malheurs que je puisse craindre, mais c'est le seul que je tiens impossible de pouvoir m'arriver. Voilà une confiance qui va peut-être jusqu'à la présomption, mais je croirais faire un sacrilège à notre amitié si je pouvais concevoir une autre opinion, et je m'assure que vous ne me désavouerez pas et que vous me rendez confiance pour confiance, car je la mérite.

Les no[u]velles de Suède de cette semaine ne parlent que de la joie universelle que mon arrivée donne à tout le monde, et l'épouvante qu'elle donne à quelques autres personnes, lesquelles sont peu en nombre mais puissantes en autorité — vous m'entendez.

La flotte de [H]ollande est devant la Tamise, forte de quattre-vin[g]t [sic] et cinque [sic] vaiss[e]aux, sans compter les brûlots, qui sont au nombre de vingt. Il y a grande consternation et faute d'argent en Angleterre. L'on assure pourtant que leur flotte sortira. C'est ce que le temps nous fera voir, mais pour moi je n'en crois rien.

Les affaires de Suède et de France vont de mal en pire et [la] mésintelligence est fort grande. Je vous envoie ci-joint des nouvelles assez particulières qui vous feront juger de l'état des affaires. La ville de B[r]emen traite avec Wrangel, comme vous aurez su par mes précédentes, mais le traite a été suspendu jusqu'au retour d'un envoyé que Wrangel a expédié en Suède pour avoir des ordres nouveaux. L'evêque de Mü[n]ster, à ce qu'on dit, s'est allié avec les Hollandais. J'oubliais de vous dire que les [H]ollandais renvoyèrent huit vaiss[e]aux au roi de Danemark, disant qu'ils ne leur étaient pas nécessaires. Jugez par là de la force de cet État, et soyez certain que, s'ils se peuvent préserver de malheur dans cette campange [sic], qu'ils se renderont [sic] formidables à toute la terre et [à] la France même. Dans tout le temps de cette g[u]erre ils ont eu une si grande abondance d'argent, qu'ils n'ont jamais donné que trois et demi ou quatre pour cent, et ils paient avec tant de punctualité [sic] que tout le monde est ravi de leur prêter et l'on compte à faveur singulière de pouvoir leur fournir son argent. Voilà l'effet d'un bon gouvernement qui conserve le crédit sur qui tout roule.

L'on commence de nouveau à parler de la Diète en Suède, et j'espère que le mois de septembre ou d'occobre [sic] ne passeront pas qu'elle ne se tienne. Si cela arrive, préparez-vous à espérer mon retour, car quand je pourrai partir d'ici pour [la] Suède, ce sera la primière [sic] préparation de mon retour, et vous devez espérer des avantages considérables pour mes intérêts, car la conjoncture et les dispositions présentes me sont les plus favorables du monde, et je tâcherai de ménager mes avantages avec toute l'application et tous les soins qui me seront possibles selon mon peu de capacité.

Le prince Christiano est parti d'ici pour ses États, d'où il ira en France. Il est toujours catholique et plus sage qu'il n'était. L'on dit que le roi de Polonge [sic] a defait Lubomi[r]ski en une bataille rangé, mais l'on n'est pas encore assuré de la certitude de cette nouvelle. Si elle est véritable, vous le saurez d'allieurs [sic] avec ses circonstances. La Suède est menacée du Moscovite d'une g[u]erre, qui, toute périllieuse [sic] et dangereuse qu'elle est pour elle, n'empêche pas Mess[ieu]rs de la régence de continuer leur villeggiatura, et je pense que ce ne sera que pour l'ordinaire prochain qu'ils seront de retour. Je n'ai pas eu de nouvelles d'Adami depuis plus de quinze jours, mais j'espère de les avoir au primier [sic].

J'ai envoyé Stropp en Suède à faire des propositions nécessaires pour disposer les esprits à mon arrivée. De l'effet qu'aura sa commission dépenderont [sic] mes résolutions, et je vous renderai [sic] un compte exacte de tout ce qui se passera.

Mais devant que de finir ma lettre, il faut que je retourne à mon impatience et que je vous exagère l'inquiétude où je suis et l'impatience avec laquelle j'attends l'arrivée de l'ordinaire pour savoir s'il m'apporte la mort où la vie. Je vous prie de croire que mon inquiétude surpasse tout ce que l'on se peut imaginer, et que [mon] agitation est inco[n]cevable à tout autre qu'à vous, qui seul pouvez en un semblable accident sentir quelque chose [qui] ressemblerait fort à ce que je sens présentement; mais je souhaite qu'un semblable malheur ne vous arrive pas, car cette expérience vous coûterait trop. Je vous prie d'être persuadé que quoique mon inquiétude me fasse souffrir, son tou[r]ment me tient présentement lieu de toute ma joie, puisque son effet extraordinaire me fait connaître que je vous estime d'une amitié qui est digne de vous. Je prie Dieu qu'il vous conserve en santé et que j'aie la joie de vous revoir tel que je vous ai laissé, vous assurant que l'amitié que je vous professe n'aura jamais d'autres termes ni bo[r]nes que celles de ma vie. Adieu.

Je reçois en ce moment avec un excès de joie vos deux paquets. Je n'ai pas loisir d'y répondre, mais, l'ordinaire prochain, je tâcherai de satisfaire à tout. Ainsi, j'ai récompensé avec usure de mon inquiétude, ayant retrouvé cette lettre qui m'a donné tant de douleur.

With modernised spelling (Bildt's transcript):

Hambourg, 21 juillet 1666.
Jugez de l'inquiétude où je suis en me voyant privée de la satisfaction de vos lettres, en un temps où cette consolation m'est si nécessaire. Jugez, vous dis-je, de mon inquiétude par vos propres sentiments, et soulagez mon malheur par votre compassion. Je ne sais à quoi attribuer ce malheur, ni par quelle cruelle aventure je suis privée de la joie qu'ont accoutumé de me donner vos lettres, et, après avoir roulé dans mon esprit cent mille différentes imaginations, je ne sais à quoi me déterminer et suis forcée de suspendre mon jugement pour attendre de l'éclaircissement à se soir. Ma seule consolation est que j'espère que vous vous portez bien, ce que je conjecture par d'autres lettres qui sont venues de Rome; car, voyez l'état où je suis été réduite pour cette semaine, qui est de chercher de la consolation dans les lettres que Landini écrit à sa femme, et en ceux que Sanchez et Silva écrivent à Texeira, pour me persuader que vous vous portez bien, puisque tous ces gens-là ne disent rien au contraire. Mais, parmi tant de diverses choses que je me suis imaginées, je n'ai pu me figurer que vous eussiez laissé de m'écrire, car je suis fortement persuadée qu'il est impossible que vous me puissiez jamais m'oublier, ni que vous laissiez jamais passer aucune occasion de m'écrire. Aussi n'ai-je pas eu le moindre doute sur ce sujet, et je me crois exposée plutôt à toutes les autres sortes de malheurs que je puisse craindre, mais c'est le seul que je tiens impossible de pouvoir m'arriver. Voilà une confiance qui va peut-être jusqu'à la présomption, mais je croirais faire un sacrilège à notre amitié si je pouvais concevoir une autre opinion, et je m'assure que vous ne me désavouerez pas et que vous me rendez confiance pour confiance, car je la mérite.

Les nouvelles de Suède de cette semaine ne parlent que de la joie universelle que mon arrivée donne à tout le monde, et l'épouvante qu'elle donne à quelques autres personnes, lesquelles sont peu en nombre mais puissantes en autorité — vous m'entendez.

La flotte de Hollande est devant la Tamise, forte de quatre-vingt et cinq vaissaux, sans compter les brûlots, qui sont au nombre de vingt. Il y a grande consternation et faute d'argent en Angleterre. L'on assure pourtant que leur flotte sortira. C'est ce que le temps nous fera voir, mais pour moi je n'en crois rien.

Les affaires de Suède et de France vont de mal en pire et [la] mésintelligence est fort grande. Je vous envoie ci-joint des nouvelles assez particulières qui vous feront juger de l'état des affaires. La ville de Brême traite avec Wrangel, comme vous aurez su par mes précédentes, mais le traité a été suspendu jusqu'au retour d'un envoyé que Wrangel a expédié en Suède pour avoir des ordres nouveaux. L'evêque de Münster, à ce qu'on dit, s'est allié avec les Hollandais. J'oubliais de vous dire que les Hollandais renvoyèrent huit vaisseaux au roi de Danemark, disant qu'ils ne leur étaient pas nécessaires. Jugez par là de la force de cet État, et soyez certain que, s'ils se peuvent préserver de malheur dans cette campagne, qu'ils se rendront formidables à toute la terre et [à] la France même. Dans tout le temps de cette guerre ils ont eu une si grande abondance d'argent, qu'ils n'ont jamais donné que trois et demi ou quatre pour cent, et ils paient avec tant de ponctualité que tout le monde est ravi de leur prêter et l'on compte à faveur singulière de pouvoir leur fournir son argent. Voilà l'effet d'un bon gouvernement qui conserve le crédit sur qui tout roule.

L'on commence de nouveau à parler de la Diète en Suède, et j'espère que le mois de septembre ou d'octobre ne passeront pas qu'elle ne se tienne. Si cela arrive, préparez-vous à espérer mon retour, car quand je pourrai partir d'ici pour [la] Suède, ce sera la première préparation de mon retour, et vous devez espérer des avantages considérables pour mes intérêts, car la conjoncture et les dispositions présentes me sont les plus favorables du monde, et je tâcherai de ménager mes avantages avec toute l'application et tous les soins qui me seront possibles selon mon peu de capacité.

Le prince Christiano est parti d'ici pour ses États, d'où il ira en France. Il est toujours catholique et plus sage qu'il n'était. — L'on dit que le roi de Pologne a defait Lubomirski en une bataille rangé, mais l'on n'est pas encore assuré de la certitude de cette nouvelle. Si elle est véritable, vous le saurez d'ailleurs avec ses circonstances. La Suède est menacée du Moscovite d'une guerre, qui, toute périlleuse et dangereuse qu'elle est pour elle, n'empêche pas Messieurs de la régence de continuer leur villégiature, et je pense que ce ne sera que pour l'ordinaire prochain qu'ils seront de retour. Je n'ai pas eu de nouvelles d'Adami depuis plus de quinze jours, mais j'espère de les avoir au premier.

J'ai envoyé Stropp en Suède à faire des propositions nécessaires pour disposer les esprits à mon arrivée. De l'effet qu'aura sa commission dépendront mes résolutions, et je vous rendrai un compte exacte de tout ce qui se passera.

Mais devant que de finir ma lettre, il faut que je retourne à mon impatience et que je vous exagère l'inquiétude où je suis et l'impatience avec laquelle j'attends l'arrivée de l'ordinaire pour savoir s'il m'apporte la mort où la vie. Je vous prie de croire que mon inquiétude surpasse tout ce que l'on se peut imaginer, et que [mon] agitation est inconcevable à tout autre qu'à vous, qui seul pouvez en un semblable accident sentir quelque chose [qui] ressemblerait fort à ce que je sens présentement; mais je souhaite qu'un semblable malheur ne vous arrive pas, car cette expérience vous coûterait trop. Je vous prie d'être persuadé que quoique mon inquiétude me fasse souffrir, son tourment me tient présentement lieu de toute ma joie, puisque son effet extraordinaire me fait connaître que je vous estime d'une amitié qui est digne de vous. Je prie Dieu qu'il vous conserve en santé et que j'aie la joie de vous revoir tel que je vous ai laissé, vous assurant que l'amitié que je vous professe n'aura jamais d'autres termes ni bornes que celles de ma vie. Adieu.

Je reçois en ce moment avec un excès de joie vos deux paquets. Je n'ai pas loisir d'y répondre, mais, l'ordinaire prochain, je tâcherai de satisfaire à tout. Ainsi, j'ai récompensé avec usure de mon inquiétude, ayant retrouvé cette lettre qui m'a donné tant de douleur.

Swedish translation (my own):

18:e brev från Hamburg, den 21 juli 1666. —
Döm om den oro jag känner över att se mig berövas tillfredsställelsen av Era brev, i en tid då denna tröst är så nödvändig för mig. Döm, säger jag Er, om min ångest enligt Era egna känslor, och lindra min olycka genom Er medkänsla. Jag vet inte vad jag skall tillskriva denna olycka, inte heller genom vilket grymma äventyr jag är berövad den glädje som Era brev har vant mig att ge mig, och efter att ha gått genom mitt sinne hundra tusen olika imaginationer, vet jag inte vad att bestämma; och jag är tvungen att skjuta upp domen för att invänta ett förtydligande i kväll. Min enda tröst är att jag hoppas att Ni mår bra, vilket jag antar av andra brev som kommit från Rom; ty, se det tillstånd till vilket jag har reducerats för denna vecka, som är att söka tröst i de brev som Landini skriver till sin hustru, och i de som Sanchez och Silva skriva till Texeira, för att övertyga mig om att Ni mår bra, ty alla dessa människor säger ingenting om motsatsen. Men bland så många olika saker som jag har föreställt mig själv kunde jag inte föreställa mig att Ni skulle ha slutat skriva till mig, ty jag är starkt övertygad om att det är omöjligt att du någonsin skulle kunna glömma mig, och inte heller att Ni någonsin skulle missa någon  möjlighet att skriva till mig. Så jag har inte haft det minsta tvivel i detta ämne, och jag tror att jag snarare är utsatt för alla andra sorters olyckor som jag kan frukta, men det är den enda som jag anser omöjlig att kunna hända mig. Här är ett förtroende som kanske går så långt som förmodan, men jag skulle tro att jag skulle begå helgerån mot vår vänskap om jag kunde tänka mig en annan åsikt, och jag försäkrar mig själv att Ni inte kommer att förneka mig och att Ni kommer att ge mig förtroende för  självförtroende, ty jag förtjänar det.

Nyheterna från Sverige denna vecka talar bara om den universella glädje som min ankomst skänker alla och den skräck som den ger några andra människor, som är få till antalet men mäktiga i auktoritet — Ni hör mig.

Den holländska flottan ligger framför Themsen, åttiofem skepp starka, utan att räkna eldskeppen, som är tjugo till antalet. Det råder stor bestörtning och brist på pengar i England. Man försäkrar dock att deras flotta skall lämna därifrån. Det är vad tiden kommer att visa oss, men för mig tror jag inte på det.

Sveriges och Frankrikes angelägenheter går från ont till värre, och desintelligensen är mycket stor. Jag sänder Er härmed ganska speciella nyheter som gör det möjligt för Er att bedöma läget. Staden Bremen trakterar med Wrangel, som Ni kommer att ha fått veta av mina tidigare brev, men fördraget har upphävts tills ett sändebud som Wrangel har expedierat till Sverige för nya order har återvänt. Biskopen av Münster, sägs det, har allierat sig med holländarna. Jag glömde att berätta att holländarna lämnade tillbaka åtta skepp till kungen av Danmark och sade att de inte var nödvändiga för dem. Döm efter detta om denna Stats styrka och var säker på att, om de kan bevara sig från olycka i detta fälttåg, att de kommer att göra sig formidable för hela jorden och för Frankrike självt. Under hela det här krigets tid har de haft så stort överflöd av pengar, att de aldrig givit mer än tre och en halv eller fyra procent, och de betalar så punktligt att alla är glada att låna ut pengar till dem, och man räknar med singulär ynnest för att kunna förse dem med sina pengar. Detta är effekten av en god regering som behåller den kredit som allt rullar på.

Man börjar prata om Riksdagen igen i Sverige och jag hoppas att september eller oktober månad inte går över utan att den hålls. Om det händer, förbered Er på att hoppas på min återkomst, ty när jag kan åka härifrån till Sverige, kommer det att vara den första förberedelsen för min återkomst, och Ni måste förvänta Er avsevärda fördelar för mina intressen, ty den nuvarande konjunkturen och dispositionerna är de mest  gynnsamt för mig i världen, och jag kommer att försöka spara mina fördelar med all tillämpning och all omsorg som kommer att vara möjlig för mig enligt min lilla kapacitet.

Prins Christiano har rest härifrån till sina ständer, varifrån han ska gå till Frankrike. Han är fortfarande katolik och klokare än han var förut. — Det sägs, att kungen av Polen har besegrat Lubomirski i en häftig strid, men man är ännu inte säker på vissheten om denna nyhet. Om det är sant, kommer Ni att veta det förutom med dess omständigheter. Sverige hotas av moskoviten av ett krig, som, hur farligt och farligt det än är för det, inte hindrar regentskapets herrar från att fortsätta sin villeggiatura, och jag tror att det bara blir för nästa vanliga som de kommer att återvända. Jag har inte hört från Adami på mer än två veckor, men jag hoppas få höra från honom först.

Jag har sänt Stropp till Sverige för att göra nödvändiga förslag för att avgöra deras tankar vid min ankomst.  På vilken effekt hans uppdrag kommer att få kommer att bero på mina beslut, och jag skall ge Er en exakt redogörelse för allt som kommer att hända.

Men innan jag avslutar mitt brev, måste jag återvända till min otålighet och överdriva för Er den oro jag befinner mig i och den otålighet med vilken jag väntar på det vanligas ankomst för att veta om det ger mig död eller liv. Jag ber Er tro att min oro överträffar allt som kan tänkas och att min agitation är ofattbar för någon annan än Er, som ensam kan i en sådan olycka känna något som starkt skulle likna det jag känner för närvarande; men jag hoppas att en sådan olycka inte kommer att drabba Er, ty denna erfarenhet skulle kosta Er för mycket. Jag ber Er övertyga Er om att fastän min ångest får mig att lida, tar dess plåga nu platsen för all min glädje, ty dess utomordentliga verkan får mig att veta att jag uppskattar Er med en vänskap som är Er värdig. Jag ber till Gud att han håller Er vid god hälsa och att jag får glädjen att se Er igen just som jag lämnade Er, och försäkrar Er att vänskapen som jag bekänner till Er aldrig skall ha andra villkor eller gränser än de i mitt liv. Farväl.

Jag tar i detta ögonblick med stor glädje emot Era två paket. Jag har inte tid att svara på dem, men nästa dag skall jag försöka tillfredsställa allt. Jag har sålunda rekompenserat min oro med ocker, efter att ha funnit detta brev som har gett mig så mycket smärta.

English translation (my own):

18th letter from Hamburg, July 21, 1666. —
Judge of the anxiety I feel in seeing myself deprived of the satisfaction of your letters, at a time when this consolation is so necessary to me. Judge, I tell you, of my anxiety by your own feelings, and relieve my misfortune by your compassion. I do not know to what to attribute this misfortune, nor by what cruel adventure I am deprived of the joy which your letters have accustomed to give me, and, after having run through my mind a hundred thousand different imaginations, I do not know what to decide; and I am forced to suspend judgment to await clarification tonight. My only consolation is that I hope you are well, which I surmise from other letters which have come from Rome; for, see the state to which I have been reduced for this week, which is to seek consolation in the letters that Landini writes to his wife, and in those that Sanchez and Silva write to Texeira, to persuade me that you are  well, since all these people say nothing to the contrary. But, among so many different things that I have imagined to myself, I could not imagine that you would have stopped writing to me, for I am strongly persuaded that it is impossible that you could ever forget me, nor that  you would ever miss any opportunity to write to me. So I have not had the slightest doubt on this subject, and I believe myself exposed rather to all the other sorts of misfortunes that I can fear, but it is the only one that I consider impossible to be able to happen to me. Here is a confidence that perhaps goes as far as presumption, but I would believe I would commit a sacrilege against our friendship if I could conceive of another opinion, and I assure myself that you will not disavow me and that you will give me confidence for confidence, because I deserve it.

The news from Sweden this week speaks only of the universal joy which my arrival gives to everyone and the terror which it gives to a few other people, who are few in number but powerful in authority — you hear me.

The Dutch fleet is in front of the Thames, eighty-five vessels strong, without counting the fireships, which are twenty in number. There is great consternation and lack of money in England. One assures, however, that their fleet will leave. That is what time will show us, but as for me, I don't believe it.

The affairs of Sweden and France are going from bad to worse, and the misintelligence is very great. I am sending you herewith rather particular news which will enable you to judge of the state of affairs. The city of Bremen is treating with Wrangel, as you will have learned from my previous letters, but the treaty has been suspended until the return of an envoy whom Wrangel has expedited to Sweden for new orders. The Bishop of Münster, it is said, has allied himself with the Dutch. I forgot to tell you that the Dutch returned eight vessels to the King of Denmark, saying that they were not necessary to them. Judge by this of the strength of this State, and be certain that, if they can preserve themselves from misfortune in this campaign, that they will make themselves formidable to all the earth and to France itself. During the whole time of this war they have had such a great abundance of money, that they have never given more than three and a half or four per cent, and they pay so punctually that everyone is delighted to lend money to them, and one counts on singular favour to be able to provide them with one's money. This is the effect of a good government which keeps the credit on which everything rolls.

People are starting to talk about the Riksdag again in Sweden, and I hope that the month of September or October will not pass without it being held. If that happens, prepare to hope for my return, for, when I can leave here for Sweden, that will be the first preparation for my return, and you must expect considerable advantages for my interests, for the present conjuncture and dispositions are the most favourable to me in the world, and I will try to save my advantages with all the application and all the care that will be possible for me according to my little capacity.

Prince Christiano has left here for his Estates, from where he will go to France. He is still Catholic and wiser than he was. — It is said that the King of Poland has defeated Lubomirski in a pitched battle, but one is not yet assured of the certainty of this news. If it is true, you will know it besides with its circumstances. Sweden is threatened by the Moscovite with a war, which, perilous and dangerous as it is for it, does not prevent the lords of the regency from continuing their villeggiatura, and I think that it will only be for the next ordinary that they will return. I haven't heard from Adami for more than a fortnight, but I hope to hear from him first.

I have sent Stropp to Sweden to make the necessary propositions to dispose their minds on my arrival. On the effect his commission will have will depend my resolutions, and I shall give you an exact account of all that will happen.

But, before finishing my letter, I must return to my impatience and exaggerate for you the anxiety in which I am and the impatience with which I await the arrival of the ordinary to know if it brings me death or life. I beg you to believe that my anxiety surpasses all that can be imagined and that my agitation is inconceivable to anyone but you, who alone can in such an accident feel something which would strongly resemble what I feel at present; but I hope that such a misfortune will not befall you, for this experience would cost you too much. I beg you to be persuaded that although my anxiety makes me suffer, its torment now takes the place of all my joy, since its extraordinary effect makes me know that I esteem you with a friendship that is worthy of you. I pray to God that He keep you in good health and that I may have the joy of seeing you again just as I left you, assuring you that the friendship that I profess to you will never have other terms or limits than those of  my life. Goodbye.

I receive at this moment with an excess of joy your two parcels. I don't have time to answer them, but the next day I will try to satisfy everything. I have thus recompensed for my anxiety with usury, having found this letter which has given me so much pain.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Azzolino.


Above: Hugues de Lionne.


Above: Carl Gustaf Wrangel.

Note: Prince Christiano = Christian Ludwig of Mecklenburg.

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