Wednesday, February 3, 2021

Kristina's letter to Azzolino, dated September 23, 1666

Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), by Baron Carl Bildt, 1899








Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on September 23, 1666.

The letter, with Kristina's spellings:

Vinte septiesme lestre de 23 Sept. 1666 —
Je ne repondray pas a Vos Compliment plains de Ceremonies dont est remplie Vostre tressiesme lestre du 28 du passe ie Vous en suis oblige de tout mon Coevr, et tacheray de meriter lhoneur que Vous me faittes en Vous Chargent des obligations que Vous ne mavez pas.

depuis ma derniere Jay receu lestre de Monsr. le Gouverneur Boot quil avoit receu mes ordres touchant les affermes avec promesse quil les executeroit ponnctuellement, et que par le prochain ordinaire Jl men auroit fait raport n'en pouvant rien dire puis que ceux avec lesquels Jl faut traitter estoit avx Champs, et devoit revenir dans quelque iours. Voila touts ce que ie vous puis dire pour reponse de la seconde partie de Vostre lestre. Pour Adamy Jl sera bientost icy et si tost quil sera arrive ie lenvoyeray en Suede pour solliciter laffaire des fermes en Suede et pour raspresenter touttes mes neccesites de pomeranie estant luy mesme tesmoins occulaire des Cruautes quon exerce en pomeranie Contre mes biens et mes interest qui effectivement sont Jnsupportables, et quoy que ie ne puisse esperer aucun Changement la desus neamoins il est apropos de se plaindre, Car Jl en peu veut Venir des occasions den profiter avec le temps.

hier nous avons eu novuelle du Commencement de la battallie navale entre les deux Nations les Commencement de cette battallie est heureux pour les Hollandois, Car Jls ont prix sur les Aglois un Vaysau nomme Charle de Cinquante piésse de Canon et deux austre a ce quon dit mais lon ne sait la Certitude que du primier. vne tempeste avoit separe les flottes et la mer se grossiant Jl ont Cesse de se Combattre Ryter ayant ConserVe son poste sou les Costes de france, et le les Prince Roberte sestant retire Vers le Canal d'Agleterre, mais Cela nenpeche pas quil ne fussent touts deux a la Veu lun de laustre et la Galiotte qui a porte cette nouvelle rapporte que Ryter avoit donne le signal pour vn secondt Combat dont nous sauront le succes Vendredy prochain. les Anglois estoit de huit ou dix Vaiseaux de gere plus forts que les Ollandois mais les Ollandois estoit plus fort de la motie en brulots que les Aglois.

lon recommence a parler plus que iamais de paix, et cette battallie passe ie Crois que ce sera vn affaire Vide pour cett hyver. les Ollandois neamoins font des preparatifs de gerre excessifs et la seulle Vile Amsterdam donne Cinquante Vaysaux de gerre tout nouveaux qui nont iamais este en mer, qui seront prest pour sortirer un peu de temps. Je Crois qve Vous auray seu la Conspiration dans la quelle Tromp sest embarasse, et ce qui augmente fort le supsons quon a de luy est que son beau frere sest enfuy en Angleterre. Cette Conspiration a este miraculeusement descouverte, et ie Crois que se sera la derniere mine de la maison dorange.

la Vile de Bresme fait le diable. Jls ont fait des sorties sur les Suedois en ont tue des braves gens sans aucune perte. Jls ont brule tout les paijs autour deux qui pouvoit servir a larme; ont brule des Vilages qui apartiennet a la Couronne les postes quon a prix, ont este prix parce que Jls les avoit abbandones, et Jl sest trouve quil ny avoit pas vne asme vivante la dedans, quant lon sen est rendu maistres larme de Suede est foible et plaine de maladie et de misere. les mediateurs tache daccommoder laffaire lon y travallie. les pluyes depuis quelque iours son grans. le temps nous apprendera quels avantages lon tirera pour les Suedois des tent des desavantages et si la fortune ne fait des miracles pour Vrangel Jl est Certain que se desain est prix en vn temps ou Jl semble quils avaront a Combattre la raison le Ciel et la terre, et ce qui est pitoiable leur propre foiblesse. a tout Cela Vrangel ne peut opposer que sa Vetu son son merite et sa reputation. Voila le Veritable estat de laffaire.

Je suis ravie de voir que vous avez este satisfait de ce que iay escrit a Monsr. de Lionne mais ie Crains, que ce qui suit ne Vous plaira pas i'en suis moy mesme au desespoir, mes le passe na pas de remede, et quan on est esloinge lon est suiet de a faire des fautes semblables iespere que Vous lexcuseray et que tout le mal qve ma faute poura produire sera pour moy seulle et cest la ma Consolation.

Je Vous rens grace de la part que Vous me donnez aux devotions de Vos seurs ie laccepte de tout mon Coeur, et Vous rends grace de men avoir fait part et Je pense que sest asse repondu sur Vostre 334470691352362275736.

Je Vous remercie du soin qve Vous avez de ma sante et Vous diray que ie ne liss plus Quasi depuis qvelque temps Car iay la teste si eschaufe qve ie ne suis Capable de rien, et a present iay vn rusme effroiable qvi mauroit empeche descrire à tout austre qua Vous mais de grace ne men remerciez pas car Je ne sauroy faire austrement, et Vous ne devez men avoir aucune obligation. mais que Voulez Vous que ie face si vous ne Voulez que ie lise Car ce pays est vn pays effroyable, tout Ce quon y Voit deplait et ennuye austre part Jl ne faut que Vint et quattre heures pour former un Jour et une nuit, icy vne heure dure Vint et quattre Jours, et ses mesmes iours qui a rome ne dure qun moment durent icy des Ciecles on ne vous a pourtan pas dit la Verite Car ie lis for peu et si lon Vous evt dit que ie me promene les nuits entieres toutte sulle dans ma Chambre on Vous auroit moins trompe, et on Vous auroit dit encore plus vray si lon vous eut asseure que ie 542595323556123203055091460632352057360912255568076432935525755 mais ce segret nest 63352002366422395357696782122393011 pour le iour ie le passe tantost aux occupations des mes affaires tantost a la Conversation de ce quil Vienne des gens a me Voir dont Jl y en a dasse grans nombres de lun et de laustre sexe, a Jouer aux esches a la staffetta aux piquet avec les deux marquis et pezza mais Comme ie suis excessivement heureuse aux ieux et naian pas asse dargent pour me laisser perdre, et ne Vouslant pas inCommoder les gens, nous ne iouons pas dargent et nostre ieux nest pas de profit mais de divertissement. quelque fois nous parlons ensemble de rome et de Vous, nous nous flattons de nostre retour, et dans ces moments lon se Croit heureux sur la bonne foi de cette douse esperance qui quelque esloinge quelle soit ne laisse pas davoir quelque chose de doux pour de miserables exiles. Voila a plus pres ma vie. Ce nest pas la pour en devenir trop savante, Car toutte la sience que iay acquis a Ambur est de savoir iouer la staffetta, Jl trenta vno, et la bassetta, Car les esches et le priquet ie les savois desia auparravant. et appropos de Cela Jl mariva vne plaisante affaire avec vne des sibilliles des ses pays qui par malheur, me trouva avec un livre fransoy a la main. Cela luy donna malheureusement occasion dentre en matiere des livres, et de dire quelle avoit beaucoup leu en sa vie et quelle sen estoit gaste la veu et que cela faisoit qvelle ne lisoit plus puis quelle Craingoit de la perdre. Je luy repodis que ie lisois si peu que que ie ne Craingois pas ce malheur, et que iavois gace a dieu la veue raisonablement bonne. elle me dit que Cela nenpechoit pas quelle ne se fust reserve vn seul livre quelle lisoit enCore tous les iours sens y manquer iamais. et Conoissan quelle avoit grande envie que ie luy tesmoingasse de la Curiosite de savoir quel estoit ce livre, ie le fis et la pressay pour le savoir, et apres beaucoup de facons qui me firent qvasi passer lenvie de lapprendre, elle me dit que sestoit le Compendium de la filosofie d'Aristote quelle avoit Chosise pour son vnique livre. Cette reponse me donna la plus forte envie de rire qve ieuse iamais et ie ne say Comment ieuse la force de men empecher. ie luy dis donc quelle avoit tres bien Chosye et quoy que ie ne Conossoit Aristote que de reputation, Je Jay estois prest a le Croire digne delle puil quil avoit lhoneur de luy plaire. Je vous escrits cette Conversation pour vous faire Conoistre le genie des Allemandes quant par malheur on en renContre quelune qui sache quattre mots de latin qui ne sert qua les rendre plus sots que la nature les fait a lordinaire. Jugez quel plaisir lon pevt tirer des ces sorte de Conversations. Je Crains tan de prendre lair du pays, Car ie Voys des Jtaliens qui le prenne et par la ie Crains quil ne soit Contagieux. si ce malheur marive prepare vous a vous Vous bien envyer en ma ConVersation, et Je Crois que desia Cela Vous arrive en lisant cette lestre qui ne merite pas le pardon de tan de bagatelles dont elle est plaine.

Adamy sera icy pour samedy et ie Vous envoy la lestre quil ma escrit Thexeira ma dit quil ny en avoit pas pour vous adieu

The letter with modernised spelling:

Hambourg, 23 septembre 1666.
Je ne répondrai pas à vos compliments pleins de cérémonies dont est remplie votre treizième lettre, du 28 du passé. Je vous en suis obligée de tout mon cœur, et tâcherai de mériter l'honneur que vous me faites en vous chargent des obligations que vous ne m'avez pas.

Depuis ma dernière j'ai reçu [une] lettre de Monsieur le Gouverneur Bååt [m'informant] qu'il avait reçu mes ordres touchant les affermes, avec promesse qu'il les exécuterait ponctuellement et que par le prochain ordinaire il m'en aurait fait rapport, n'en pouvant rien dire puis que ceux avec lesquels il faut traiter étaient aux champs, et devaient revenir dans quelques jours. Voilà tout ce que je vous puis dire pour réponse de la seconde partie de votre lettre. Pour Adami, il sera bientôt ici, et, sitôt qu'il sera arrivé, je l'enverrai en Suède pour solliciter l'affaire des fermes en Suède et pour représenter toutes mes néccesités de Poméranie, étant lui-même témoin oculaire des cruautés qu'on exerce en Poméranie contre mes biens et mes intérêts, qui effectivement sont insupportables; et, quoique je ne puisse espérer aucun changement là-dessus, néanmoins il est à propos de se plaindre, car il en peut venir des occasions d'en profiter avec le temps.

Hier, nous avons eu nouvelle du commencement de la bataille navale entre les deux nations. Le commencement de cette bataille est heureux pour les Hollandais, car ils ont pris sur les Anglais un vaisseau nommé Charles, de cinquante pièces de canon, et deux autres, à ce qu'on dit, mais l'on ne sait la certitude que du premier. Une tempête avait séparé les flottes et, la mer se grossi[ss]ant, ils ont cessé de se combattre: Ruyter ayant conservé son poste sous les côtés de France, et le Prince Roberte s'étant retiré vers le canal; mais cela n'empêche pas qu'il ne fussent tous deux à la vue l'un de l'autre, et la galiotte qui a porté cette nouvelle rapporte que Ruyter avait donné le signal pour un second combat dont nous sauront le succès vendredi prochain. Les Anglais étaient de huit ou dix vaisseaux de guerre plus forts que les Hollandais, mais les Hollandais étaient plus fort de la moitié en brûlots que les Anglais.

L'on recommence à parler plus que jamais de paix, et, cette bataille passée, je crois que ce sera un affaire vidée pour cet hiver. Les Hollandais néanmoins font des préparatifs de guerre excessifs, et la seule ville [d']Amsterdam donne cinquante vaisseaux de guerre tout nouveaux, qui n'ont jamais été en mer, qui seront prêts pour sortirer un peu de temps. Je crois que vous aurez su la conspiration dans laquelle Tromp s'est embarrassé, et ce qui augmente fort le soupçon qu'on a de lui est que son beau-frère s'est enfui en Angleterre. Cette conspiration a été miraculeusement découverte, et je crois que se sera la dernière mine de la Maison d'Orange.

La ville de Brême fait le diable. Ils ont fait des sorties sur les Suédois, en ont tué des braves gens, sans aucune perte. Ils ont brûlé tous les pays autour d'eux qui pouvaient servir à l'armée, ont brûlé des villages qui apartiennent à la Couronne. Les postes qu'on a pris ont été pris parce qu'ils les avaient abandonnés, et il s'est trouve qu'il n'y avait pas une âme vivante là dedans quand l'on s'en est rendu maître. L'armée de Suède est faible et plaine de maladie et de misère. Les médiateurs tâchent d'accommoder l'affaire; l'on y travaille. Les pluies depuis quelque jours sont grandes. Le temps nous apprendra quels avantages l'on tirera pour les Suédois des tant de désavantages, et, si la fortune ne fait des miracles pour Wrangel, il est certain que ce dessein est pris en un temps où il semble qu'ils auront à combattre la raison, le ciel et la terre, et, ce qui est pitoyable, leur propre faiblesse. A tout cela, Wrangel ne peut opposer que sa vertu, son mérite et sa réputation. Voilà le véritable état de l'affaire.

Je suis ravie de voir que vous avez été satisfait de ce que j'ai écrit à M. de Lionne, mais je crains que ce qui suit ne vous plaira pas. J'en suis moi-même au désespoir, mais le passé n'a pas de remède, et quand on est éloigné, l'on est sujet à faire des fautes semblables. J'espère que vous l'excuserez et que tout le mal que ma faute pourra produire sera pour moi seule, et c'est là ma consolation.

Je vous rends grâce de la part que vous me donnez aux dévotions de vos sœurs. Je l'accepte de tout mon cœur, et vous rends grâce de m'en avoir fait part, et je pense que c'est assez répondu sur votre billet en chiffre.

Je vous remercie du soin que vous avez de ma santé et vous dirai que je ne lis plus quasi depuis quelque temps, car j'ai la tête si échauffée que je ne suis capable de rien, et à présent j'ai un rhume effroyable qui m'aurait empêche d'écrire à tout autre qu'à vous; mais, de grâce, ne m'en remerciez pas, car je ne saurais faire autrement, et vous ne devez m'en avoir aucune obligation. Mais que voulez vous que je fasse si vous ne voulez que je lise? Car ce pays est un pays effroyable, tout ce qu'on y voit déplaît et ennuie. Autre part, il ne faut que vingt et quatre heures pour former un jour et une nuit; ici une heure dure vingt et quatre jours, et ces mêmes jours qui, à Rome, ne durent qu'un moment, durent ici des siècles. On ne vous a pourtant pas dit la vérité, car je lis fort peu; et si l'on vous eût dit que je me promène les nuits entières toute seule dans ma chambre, on vous aurait moins trompé, et on vous aurait dit encore plus vrai si l'on vous eût assuré que je passe les nuits à pleurer mes malheurs, mais ce secret n'est connu que de vous et de moi.

Pour le jour, je le passe tantôt aux occupations des mes affaires, tantôt à la conversation de ce qu'il vient des gens à me voir, dont il y en a d'assez grands nombres de l'un et de l'autre sexe, à jouer aux échecs, à la staffetta, au piquet, avec les deux marquis et Pezza; mais, comme je suis excessivement heureuse aux jeux, et n'ayant pas assez d'argent pour me laisser perdre et ne voulant pas incommoder les gens, nous ne jouons pas d'argent, et notre jeu n'est pas de profit, mais de divertissement. Quelquefois nous parlons ensemble de Rome et de vous, nous nous flattons de notre retour, et dans ces moments l'on se croit heureux sur la bonne foi de cette douce espérance qui quelque éloignée qu'elle soit, ne laisse pas d'avoir quelque chose de doux pour de misérables exilés.

Voilà à plus près ma vie. Ce n'est pas là pour en devenir trop savante, car toute la science que j'ai acquise à Hambourg est de savoir jouer la staffetta, il trenta uno, et la bassetta, car les échecs et le piquet je les savais déjà auparavant. Et, à propos de cela, il m'arriva une plaisante affaire avec une des sibylles des ces pays, qui, par malheur, me trouva avec un livre français à la main. Cela lui donna malheureusement occasion d'entre en matière des livres et de dire qu'elle avoit beaucoup lu en sa vie, et qu'elle s'en était gâté la vue, et que cela faisait qu'elle ne lisait plus puisqu'elle craignait de la perdre. Je lui répondis que je lisais si peu, que je ne craignais pas ce malheur, et que j'avais, grâce à Dieu, la vue raisonablement bonne. Elle me dit que cela n'empêchait pas qu'elle ne se fût réservé un seul livre, qu'elle lisait encore tous les jours sans y manquer jamais. Et connaissant qu'elle avait grande envie que je lui témoignasse de la curiosité de savoir quel était ce livre, je le fis, et la pressai pour le savoir, et, après beaucoup de façons, qui me firent quasi passer l'envie de l'apprendre, elle me dit que c'était le «Compendium de la philosophie d'Aristote» qu'elle avait choisi pour son unique livre. Cette réponse me donna la plus forte envie de rire que j'eusse jamais, et je ne sais comment j'eusse la force de m'en empêcher. Je lui dis donc qu'elle avait très bien choisi et [que], quoique je ne connaissait Aristote que de réputation, j'étais prête à le croire digne d'elle, puisqu'il avait l'honneur de lui plaire.

Je vous écris cette conversation pour vous faire connaître le génie des Allemandes, quand, par malheur, on en rencontre quelqu'une qui sache quatre mots de latin, qui ne sert qu'à les rendre plus sot[te]s que la nature les fait à l'ordinaire. Jugez quel plaisir l'on peut tirer des ces sortes de conversations! — Je crains tant de prendre l'air du pays, car je vois des Italiens qui le prennent, et par là je crains qu'il ne soit contagieux. Si ce malheur m'arrive, préparez-vous à vous bien ennuyer en ma conversation, et je crois que déjà cela vous arrive en lisant cette lettre, qui ne mérite pas le pardon de tant de bagatelles dont elle est plaine.

Adami sera ici pour samedi, et je vous envoie la lettre qu'il m'a écrit. Texeira m'a dit qu'il n'y en avait pas pour vous. Adieu.

English translation (my own):

27th letter from [Hamburg], September 23, 1666 —
I will not respond to your compliments full of ceremonies with which your thirteenth letter, dated the 28th of last month, is filled. I am obliged to you with all my heart and will try to deserve the honour that you do me by taking on the obligations that you have not given me.

Since my last letter, I have received a letter from Governor Bååt informing me that he had received my orders concerning the business of the estates, with the promise that he would execute them punctually and that by the next ordinary he would have reported them to me, being unable to say anything since those with whom we must deal were in the fields and were to return in a few days. That is all I can tell you in response to the second part of your letter. As for Adami, he will soon be here, and, as soon as he arrives, I will send him to Sweden to request the business of the estates there and to represent all my needs in Pomerania, being himself an eyewitness to the cruelties that are being carried out in Pomerania against my goods and my interests, which indeed are unbearable; and, although I cannot hope for any change on this point, it is nevertheless appropriate to complain, because there may be occasions to take advantage of it over time.

Yesterday we heard about the start of the naval battle between the two nations. The beginning of this battle is fortunate for the Dutch, for they took from the English a vessel named Charles, fifty pièces of cannon, and two others, it is said, but we know the certainty only from the first. A storm had separated the fleets and, as the sea grew, they ceased to fight each other: Ruyter having kept his post under the coasts of France, and Prince Robert having retired to the canal; but that doesn't prevent them both from being visible to each other, and the galiot who carried this news reports that Ruyter had given the signal for a second fight whose success we will know of next Friday. The English were eight or ten warships stronger than the Dutch, but the Dutch had half as many fireships as the English.

One starts to talk about peace more than ever, and, having passed this battle, I think it will be an empty affair for this winter. The Dutch, however, are making excessive preparations for war, and the city of Amsterdam alone gives fifty brand new warships, which have never been at sea and which will be ready to go out for a little while. I believe you will have known the conspiracy Tromp got into, and what greatly heightens the suspicion that one has of him is that his brother-in-law fled to England. This conspiracy has been miraculously discovered, and I believe it will be the last mine of the House of Orange.

The city of Bremen is in quite the state of chaos. They went out on the Swedes, killed good people, without any loss. They burned all the lands around them which could serve in the army, burned villages which belong to the Crown. The positions one took were taken because they had abandoned them, and it turned out that there was not a living soul in there when we took control of them. The Swedish army is weak and full of disease and misery. Mediators try to accommodate the matter; it's being worked on. The rains for the past few days have been great. Time will tell us what advantages there will be for the Swedes from so many disadvantages, and, if fortune does not work miracles for Wrangel, it is certain that this design is taken at a time when it seems that they will have to fight reason, heaven and earth, and, what is pitiful, their own weakness. To all this, Wrangel can only oppose his virtue, his merit and his reputation. This is the real state of the case.

I am delighted to see that you were satisfied with what I wrote to Monsieur de Lionne; but I'm afraid you won't like the following. I myself am in despair, but the past has no cure, and when one is far away, one is prone to make similar mistakes. I hope you will excuse it and that all the harm that my fault can produce will be for me alone, and that is my consolation.

I thank you for the part you give me to the devotions of your sisters. I accept it with all my heart and give you thanks for having shared it with me, and I think that is enough answered on your ticket in cipher.

I thank you for the concern you have for my health and I will tell you that I haven't been reading for almost a good while, because my head is so hot that I am incapable of anything, and now I have a terrible cold which would have prevented me from writing to anyone other than you; but please don't thank me for it, for I could not do otherwise, and you should not be under any obligation to me. But what do you want me to do if you don't want me to read? Because this country is a terrible country; everything ones sees here displeases and is a bore. On the other hand, it only takes twenty-four hours to form a day and a night; here an hour lasts twenty-four days, and these same days which in Rome only last a moment, here they last for centuries. However, you have not been told the truth, because I read very little; and if you had been told that I go around all alone in my room for entire nights, you would have been less mistaken; and you would have been told even truer had you been assured that I spend the nights crying over my misfortunes, but this secret is known only to you and me.

As for the day, I pass it sometimes in the occupations of my affairs, sometimes in the conversation with people who come to see me, of which there are quite a large number of one and the other sex, in playing chess, lansquenet, cards, with the two marquises and Pezza; but, as I am excessively fond of games, and not having enough money to lose myself and not wanting to inconvenience people, we don't gamble, and our gaming is not for profit, but for entertainment. Sometimes we talk together about Rome and you, we flatter ourselves of our return, and in these moments we believe we are happy on the good faith of this sweet hope which, however distant it is, never fails to have something sweet for miserable exiles.

This is closer to my life. It is not on to become too learned, because all the knowledge I've acquired in Hamburg is to know how to play lansquenet, trenta-uno and bassetta, because I already knew before how to play chess and cards. And, in connection with this, a pleasant affair happened to me with one of the sibyls of this country, who, unfortunately, found me with a French book in hand. This unfortunately gave her the opportunity to get talking about books and to say that she had read a lot in her life, that she had ruined her eyesight, and that this made it so that she no longer read since she feared losing her sight. I replied that I read so little that I did not fear this misfortune, and that I had, thanks to God, reasonably good eyesight. She told me that that didn't prevent her from reserving just one book, which she still reads every day without ever losing her sight. And knowing that she really wanted me to show her my curiosity to know what this book was, I did it, and pressed her to find out, and, after many ways, which almost made me want to do without the need to know, she told me that it was the Compendium of Aristotle's philosophy that she had chosen as her only book. This response made me the greatest urge to laugh I've ever had, and I don't know how I had the strength to stop myself. So I told her that she had chosen very well and that, although I only knew Aristotle by reputation, I was ready to believe him worthy of her, since he had the honour of pleasing her.

I am writing this conversation to let you know the genius of the German women, when, unfortunately, one meets someone who knows only four words of Latin, which only serves to make them more stupid than what nature made ordinary. Judge what pleasure one can get from these kinds of conversations! — I am so afraid of taking the air of the country, because I see Italians who take it, and thereby I fear that it is contagious. If this misfortune happens to me, prepare to be bored of my conversation, and I believe that it's already happening to you when reading this letter, which does not deserve the forgiveness of so many trifles with which it is full.

Adami will be here on Saturday, and I'm sending you the letter he wrote to me. Texeira told me there was none for you. Farewell.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.

Notes: 334470691352362275736 = billet en chiffre.

542595323556123203055091460632352057360912255568076432935525755 = [je] passe les nuits à pleurer mes malheurs.

63352002366422395357696782122393011 = connu que de vous et de moi.

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