Sources:
Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Manuscrits de la reine Christine; XI: Diverse scritture della regina sopra la religione; Alcuni fogli che demostrano il gran zelo della regina Christina di glor. mem. per la santa fede, qual fosse il suo desiderio à propagarla e con che generosita d'animo soccoreva chi l'abbraciava; 1: Notice sur Davidson, [s. l.], [s. d.] (digitisation page lv-1r)
Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Papiers de Christine de Suède, complément; 2: Papiers de Christine de Suède, complément II; Lettre 23 Christine de Suède à Davison, [s. l.], 1 février 1658 (digitisation pages NP-28r to 28v-29r)
Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Manuscrits de la reine Christine : Diverse scritture della regina sopra la religione, 1601-1700.
[En ligne sur https://ged.scdi-montpellier.fr/florabium45/jsp/nodoc.jsp?NODOC=2023_DOC_MONT_MBUM_82] (consulté le 28/10/2025 22:51).
Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Papiers de Christine de Suède, complément II, : , 1601-1700.
[En ligne sur https://ged.scdi-montpellier.fr/florabium45/jsp/nodoc.jsp?NODOC=2023_DOC_MONT_MBUM_96] (consulté le 29/09/2024 13:32).
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Copyright SCDI-UPV - Collections Université de Montpellier (shelfmark H 258 and shelfmark H 258 bis 2).
Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 3, pages 227 to 228, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1759; original at the National Library of Naples (Biblioteca Nazionale Vittorio Emanuele III)
Christina of Sweden, pages 222 to 223, by Ida Ashworth Taylor, 1909
The Sibyl of the North: The Tale of Christina, Queen of Sweden, page 179, by Faith Compton Mackenzie, 1931
Christina: Brev från sex decennier, pages 50 to 51, edited and translated by Sven Stolpe, 1960
"Nous avons rapporté tout du long de quelle maniére & à quelles conditions la Reine Christine s'étoit démise de la Couronne de Suède (Mémoires de Christine Tom. I. pag. 402. 421. &c.). Elle stipula une rente viagére de plus de deux cens mille écus par an, en se reservant plusieurs Provinces & Domaines en guise d'hypothéque. Le Contract s'en passa entre Elle & les Etats assemblés en Diette en 1654.
Christine croyoit qu'une stipulation si solemnelle, étant dressée en bons parchemins & signée de part & d'autre, il n'y auroit pas moyen d'en enfreindre la validité, ni d'arrêter le promt payement de ses revenus. Cependant la Reine avoit à peine quitté le Trône & tourné le dos à sa Patrie, que de grands obstacles vinrent à la traverse. Le malheur du tems vouloit, & la saine Politique imposoit au Roi son Successeur, la nécessité de défendre sa Couronne contre Jean Casimir Roi de Pologne, qui appuyé par les menées secrétes de l'Empereur & de l'Espagne (Mém. de Christine T. I. pag. 373. 383. & T. II. p. 116. n.), y prétendoit comme le plus proche Parent de la Maison Royale de Suède. La protestation formelle qu'il intrejetta contre l'élection de Charles Gustave, même avant que Christine eût abdiqué, occasionna une contestation qui ne pouvoit se vuider qu'à la pointe de l'épée.
Le pis étoit, qu'à son avénement au Trône, le Trésor public étoit si épuisé, qu'à peine trouva-t-on moyen de mettre la Flotte & les Troupes en état d'agir (Ibid. Tom. I. 415. 444.). On fut obligé d'avoir recours aux emprunts: mais ne jugeant pas à propos de découvrir, dès l'entrée d'une guerre ouverte avec la Pologne, l'état foible des finances de Suède, on aima mieux, pour subvenir aux besoins publics, se saisir de tous les revenus que la Couronne pouvoit fournir.
Ceux qui étoient affectés à l'entretien de Christine, n'en furent pas si exemts, que ce qui lui devoit être payé sur le champ, ne le fut que plusieurs mois après. Peu accoutumée à des lenteurs, & moins encore à vivre avec économie, elle en jetta de hauts cris, & reprocha au Gouverneur-Général de ses Domaines, que ses rentes tardoient de lui être remises. C'étoit le Sénateur Baron Seved Bååt que la Reine avoit chargé de ses affaires de Suède. A portée, comme il étoit, de connoître plus que personne ce qui manquoit au Trésor public, & que tous les revenus du Royaume suffisoient à peine aux frais de la guerre de Pologne, il se retrancha sur la grande disette d'argent, qui l'empêchoit de s'acquitter de ses devoirs aussi promtement qu'il l'auroit voulu.
Christine saisit le moyen le plus naturel pour remédier à ce désordre, en envoyant un homme de confiance pour s'informer sur le lieu de l'état de ses affaires. Ce fut son Secretaire Guillaume Davison, Suédois de nation. Il fit tout ce qu'il put pour amasser des sommes qu'il remit à la Reine. Aussi faut-il dire à l'honneur du Roi Charles Gustave, que quoiqu'il eût grand besoin de tous les revenus de la Couronne pour se défendre contre les Polonois, l'Empereur, les Danois & les Brandebourgeois, qui s'étoient déclarés contre lui, il fit pour ainsi dire l'impossible pour ne pas laisser manquer la Reine de la pension qui lui étoit dûe, en reconnoissance de la Couronne qu'elle lui avoit procurée.
Il ne laissa pas pour cela de desapprouver la démarche que Christine avoit faite en embrassant la Religion Catholique-Romaine. Il en témoigna son mécontentement par rapport audit Davison, qui s'étoit aussi fait Catholique (Mém. de Christine Tom. II. pag. 53. & Mém. du Chevalier Terlon p. 353. & 355.):; car quand il avoit demandé audience au Roi pour lui représenter les commissions dont la Reine sa Maîtresse l'avoit chargé, Charles Gustave ne voulut pas l'admettre avant qu'il déclarât par serment qu'il n'étoit pas Catholique-Romain. Christine se sentant touchée elle-même en cette rencontre, & doutant apparemment de la constance de son Secretaire, elle lui écrivit la Lettre suivante; peut-être dans l'intention aussi de faire voir que sa nouvelle croyance lui tenoit à elle-même fortement à cœur (V. les Msc. de Christine de Negociati della Regina per salire al trono di Polonia, pag. 254.)...
Davidson revint à Rome, & y fut bien reçu."
"We have reported throughout the manner and conditions under which Queen Kristina dismissed herself from the crown of Sweden (Mémoires de Christine, volume I, pages 402, 421, etc.). She stipulated a lifetime rent of more than two hundred thousand écus per year, in reserving for herself several provinces and domains as a mortgage. The contract was concluded between her and the Estates assembled in the Riksdag in 1654.
Kristina believed that with such a solemn stipulation, being drawn up in good parchment and signed on both sides, there would be no way to infringe its validity, nor to stop the prompt payment of her revenues. However, the Queen had hardly left the throne and turned her back on her fatherland when great obstacles came in the way. The misfortune of the time wanted, and sound policy imposed on the King, her successor, the necessity of defending his crown against Jan Kazimierz, King of Poland, who, supported by the secret machinations of the Emperor and Spain (Mémoires de Christine, volume I, pages 373, 383 and volume II, page 116, note.), claimed it, as the closest relative of the Royal House of Sweden. The formal protestation that he interjected against the election of Karl Gustav, even before Kristina had abdicated, occasioned a dispute that could only be settled at the point of the sword.
The worst was that, upon his accession to the throne, the public treasury was so exhausted that it was scarcely possible to find a way to put the fleet and troops in a state of action (Ibidem, volume I, 415, 444.). One was obliged to have recourse to loans; but, not judging it appropriate to discover, at the outbreak of open war with Poland, the weak state of Sweden's finances, one liked better, in order to meet public needs, to seize all the revenues that the Crown could provide.
Those who were assigned to Kristina's maintenance were not so exempt that what should have been paid to her immediately was not paid until several months later. Little accustomed to delays, and even less to living with economy, she raised loud cries about it and reproached the governor general of her domains that her rents were late in being remitted to her. It was the senator Baron Seved Bååth whom the Queen had charged with her affairs in Sweden. Able, as he was, to know better than anyone what was lacking in the public treasury, and that all the revenues of the kingdom were barely sufficient for the costs of the war in Poland, he took refuge in the great shortage of money which prevented him from fulfilling his duties as promptly as he would have wanted.
Kristina seized the most natural means to remedy this disorder, in sending a man of confidence to inform himself about the state of her affairs. This was her secretary Vilhelm Davisson, a Swede by nation. He did all he could to amass sums, which he remitted to the Queen. It must also be said, to the honour of King Karl Gustav, that although he had great need of all the revenues of the Crown to defend himself against the Poles, the Emperor, the Danes and the Brandenburgers, who had declared themselves against him, he did, so to speak, the impossible so as not to let the Queen miss the pension which was due to her, in gratitude for the crown which she had procured for him.
He did not fail to disapprove of the step Kristina had taken in embracing the Roman Catholic religion. He testified his discontent with the said Davisson, who had also made himself Catholic (Mémoires de Christine, volume II, page 53; and Mémoires du chevalier Terlon, pages 353 and 355.), for, when he had asked for an audience with the King so as to represent to him the commissions with which the Queen, his mistress, had charged him, Karl Gustav did not want to admit him before he declared by oath that he was not a Roman Catholic.
Kristina, feeling herself touched by this encounter, and apparently doubting the constancy of her secretary, wrote him the following letter, perhaps also with the intention of showing that his new belief was strongly dear to her own heart (See Kristina's manuscript Negoziati della regina per salire al trono di Polonia, page 254.)...
Davisson returned to Rome and was well-received there." - Arckenholtz
"Detta brev till en av drottning Christinas svenska medarbetare visar hennes trotsigt katolska inställning under de första Romåren, då hon visserligen hade svårt för att acceptera många av sin nya kyrkas dogmer men ändå utåt med stor envishet och skärpa försvarade den katolska positionen. Brevet självt förklarar situationen: Davison hade i Sverige utsatts för hotelser från Karl X Gustafs och hans medarbetares sida: man ville, att han skulle avstå från sin katolska religion."
"This letter to one of Queen Christina's Swedish associates shows her defiantly Catholic attitude during the first Roman years, when she admittedly had difficulty accepting many of the dogmas of her new church, but still outwardly defended the Catholic position with great stubbornness and sharpness. The letter itself explains the situation: in Sweden, Davisson had been subjected to threats from Karl X Gustav and his associates: they wanted him to renounce his Catholic religion." - Stolpe
The letter:
Ce p[rimo] febr[aro] 1658 —
Je Vous Crois si peu propre destre Martir qve ie ne Vous Conseilaroy pas de Vous exposer au danger de faire vne lachete pour Vous Sauver la Vie, lhoneur et la Vie son[t] deux Choses qvi merite[nt] se me semble qvon en aye soin, sil Vous arivoit de nyer ou de dissimuler Vostre religion Vous ne sauveries ny lun ny laustre Sil Vous arivoit apres de Vous presenter deVan[t] moy, Jl faut Vivre et mourir Catl. et si Vous y manques Vous Vous renderes indigne destre a moy, que le[s] menasses du roy de Suede ne Vous estonne[nt] pas, passe[s] Vous de le Voir et revenes aupres de moy apres la menasse quil Vous a fait Vous seres mieux avec moy qve iamais, et lanimosite quil tesmoinge Contre Vous Vous tiendra lieu de merite aupres de moy, ne Vous meste[s] pas en paine revenes, mais ne revenes sen auoir fait rien de bas ny de timide, et portes moy des attestations Veritables davoir Vescu en Vray Catl. et satisfait a touts les deuoirs aux quels nous oblige nostre religion Catolique romaine, si Vous y revenes de cette facon ie Vous receveray avec ioye et bonte et qv'en il ne me resteroit qu'vn mourceau de pain a manger ie le partageray avec Vous avec ioye et ie moureray plustot que de ne Vous assister pas mais si Vous Vous laisses esbrandler de Crainte ou desperence, ausi a manquer a ce deVoir qui Vous doit estre plus presieux que la Vie ne penses iamais a me revoir et soies asseure que ie Vous puniray de cette lachete et que toutte la puissance du roy de Suede ne m'enpechera pas de Vous donner la mort entre ses bras quan[d] Vous y series refugies, iuges apres cela Vous mesme si Vous estes en estat de retourner aupres de moy ou non et Croies que ie Vous tiendray parole
Christine Alexandre
With modernised spelling (with Kristina's spelling mistakes preserves as much as possible):
Ce primo febbraro 1658. —
Je vous crois si peu propre d'être martir [sic] que je ne vous conseillarai [sic] pas de vous exposer au danger de faire une lâcheté pour vous sauver la vie. L'honneur et la vie son[t] deux choses qui mérite[nt], ce me semble, qu'on en ait soin. S'il vous arrivait de nier ou de dissimuler votre religion, vous ne sauveriez ni l'un, ni l'autre. S'il vous arrivait après de vous présenter devan[t] moi, il faut vivre et mourir catholique; et si vous y manquez, vous vous renderez [sic] indigne d'être à moi. Que le[s] menaces du roi de Suède ne vous étonne[nt] pas. Passez-vous de le voir, et revenez auprès de moi après la menace qu'il vous a fait. Vous serez mieux avec moi que jamais, et l'animosité qu'il témoinge [sic] contre vous vous tiendra lieu de mérite auprès de moi.
Ne vous mettez pas en paine [sic]. Revenez, mais ne revenez sen[s] [sic] avoir fait rien de bas ni de timide, et portez-moi des attestations véritables d'avoir vécu en vrai catholique et satisfait à tous les devoirs auxquels nous oblige notre religion catholique-romaine. Si vous y revenez de cette façon, je vous receverai [sic] avec joie et bonté; et quand il ne me resterait qu'un mourceau [sic] de pain à manger, je le partagerai avec vous avec joie, et je mourerai [sic] plutôt que de ne vous assister pas.
Mais si vous vous laissez ébranler de crainte ou d'espérence [sic] à manquer à ce devoir (qui vous doit être plus précieux que la vie), ne pensez jamais à me revoir, et soyez assuré que je vous punirai de cette lâcheté et que toute la puissance du roi de Suède ne m'enpêchera [sic] pas de vous donner la mort entre ses bras quand vous y seriez réfugié. Jugez après cela vous-même si vous êtes en état de retourner auprès de moi ou non, et croyez que je vous tiendrai parole.
Christine Alexandre.
With modernised spelling:
Ce primo febbraro 1658. —
Je vous crois si peu propre d'être martyr que je ne vous conseillerai pas de vous exposer au danger de faire une lâcheté pour vous sauver la vie. L'honneur et la vie sont deux choses qui méritent, ce me semble, qu'on en ait soin. S'il vous arrivait de nier ou de dissimuler votre religion, vous ne sauveriez ni l'un, ni l'autre. S'il vous arrivait après de vous présenter devant moi, il faut vivre et mourir catholique; et si vous y manquez, vous vous rendrez indigne d'être à moi. Que les menaces du roi de Suède ne vous étonnent pas. Passez-vous de le voir, et revenez auprès de moi après la menace qu'il vous a fait. Vous serez mieux avec moi que jamais, et l'animosité qu'il témoigne contre vous vous tiendra lieu de mérite auprès de moi.
Ne vous mettez pas en peine. Revenez, mais ne revenez sans avoir fait rien de bas ni de timide, et portez-moi des attestations véritables d'avoir vécu en vrai catholique et satisfait à tous les devoirs auxquels nous oblige notre religion catholique-romaine. Si vous y revenez de cette façon, je vous recevrai avec joie et bonté; et quand il ne me resterait qu'un morceau de pain à manger, je le partagerai avec vous avec joie, et je mourrai plutôt que de ne vous assister pas.
Mais si vous vous laissez ébranler de crainte ou d'espérance à manquer à ce devoir (qui vous doit être plus précieux que la vie), ne pensez jamais à me revoir, et soyez assuré que je vous punirai de cette lâcheté et que toute la puissance du roi de Suède ne m'empêchera pas de vous donner la mort entre ses bras quand vous y seriez réfugié. Jugez après cela vous-même si vous êtes en état de retourner auprès de moi ou non, et croyez que je vous tiendrai parole.
Christine Alexandre.
Copy of the letter (by Galdenblad):
Ce prem[ie]r feu[rie]r 1658.
Je vous crois Si peu propre d'estre Martir, que Je ne vous conseilleray pas de vous exposer au danger de faire une Lacheté pour vous Sauuer la vie. L'honneur et la vie Sont deux choses, qui meritent ce me Semble, qu'on en aye Soin. S'il vous arriuoit de nier, ou de dissimuler vostre Religion, vous ne Sauu[e]riés ny l'un, ny l'autre[.] S'il vous arrivoit apres de vous presenter deuant Moy. Jl faut viure et mourir Cattolique, et Si vous y manquez, vous vous renderés indigne d'estre a Moy. Que les menaçes du Roy de Suede, ne vous estonnent pas; Passés vous de le voir, et reuenez aupres de moy, apres les menaçes qu'il vous a fait, vous Serés mieux auec moy que jamais, et l'animosité qu'il tesmoigne contre vous, vous tiendra lieu de merite aupres de moy. Ne vous mettez pas en peine, revenez, mais [ne] revenez Sans auoir fait rien de bas, ny de timide, et portés moy des attestations veritables d'auoir vescu en uray Cattolique, et Satisfait a tous les deuoirs aux quels nous oblige nostre Religion Cattolique Romaine. Si vous [y] reuenez de cette façon, Je vous receueraÿ auec Joye et bonté, e[t] quand il ne me resteroit qu'un Morceau de pain a Manger, Je le partageray auec vous auec Joye, et Je mouriray plustost que de ne vous assister pas. Mais Si vous vous laissez esbranler de crainte ou d'esperence a manquer a ce deuoir qui vous doit estre plus pretieux de la vie, ne pensés jamais a me reuoir, et Soyez asseuré que Je uous puniray de cette Lacheté, et que toute la puissance du Roy de Suede ne m'empechera pas de uous donner la mort entre Ses bras, quand vous y Seriés refugié. Jugez apres cela vous mesme Si vous estés en estat de retourner aupres de moy, ou non, et croyez que Je uous tiendray parole[.]
Christine Alexandre[.]
With modernised spelling:
Ce premier février 1658.
Je vous crois si peu propre d'être martyr que je ne vous conseillerai pas de vous exposer au danger de faire une lâcheté pour vous sauver la vie. L'honneur et la vie sont deux choses qui méritent, ce me semble, qu'on en ait soin. S'il vous arrivait de nier ou de dissimuler votre religion, vous ne sauveriez ni l'un, ni l'autre. S'il vous arrivait après de vous présenter devant moi, il faut vivre et mourir catholique; et si vous y manquez, vous vous rendrez indigne d'être à moi. Que les menaces du roi de Suède ne vous étonnent pas. Passez-vous de le voir, et revenez auprès de moi après les menaces qu'il vous a fait. Vous serez mieux avec moi que jamais, et l'animosité qu'il témoigne contre vous vous tiendra lieu de mérite auprès de moi.
Ne vous mettez pas en peine. Revenez, mais [ne] revenez sans avoir fait rien de bas, ni de timide, et portez-moi des attestations véritables d'avoir vécu en vrai catholique et satisfait à tous les devoirs auxquels nous oblige notre religion catholique-romaine. Si vous [y] revenez de cette façon, je vous recevrai avec joie et bonté; et quand il ne me resterait qu'un morceau de pain à manger, je le partagerai avec vous avec joie, et je mourrai plutôt que de ne vous assister pas.
Mais si vous vous laissez ébranler de crainte ou d'espérance à manquer à ce devoir (qui vous doit être plus précieux de la vie), ne pensez jamais à me revoir, et soyez assuré que je vous punirai de cette lâcheté et que toute la puissance du roi de Suède ne m'empêchera pas de vous donner la mort entre ses bras quand vous y seriez réfugié. Jugez après cela vous-même si vous êtes en état de retourner auprès de moi ou non, et croyez que je vous tiendrai parole.
Christine Alexandre.
Arckenholtz's transcript of the letter (he misread the date as February 2):
A Rome ce 2. Février 1658.
Je vous crois si peu propre à être Martyr, que je ne vous conseillerai pas de vous exposer au danger de faire une lâcheté pour vous sauver la vie. L'honneur & la vie sont deux choses qui méritent, ce me semble, qu'on en ait soin. S'il vous arrivoit de nier, ou de dissimuler votre Religion, vous ne sauveriez ni l'un ni l'autre, s'il vous arrivoit après de vous présenter devant moi. Il faut vivre & mourir Catholique, & si vous y manquez, vous vous rendrez indigne d'être à moi. Que les menaces du Roi de Suède ne vous étonnent pas. Passez-vous de le voir, & revenez auprès de moi. Après la menace qu'il vous a faite, vous serez mieux avec moi que jamais; & l'animosité qu'il témoigne contre vous, vous tiendra lieu de mérite auprès de moi. Ne vous mettez pas en peine. Revenez, mais revenez sans avoir fait rien de bas, ni de timide, & portez-moi des attestations véritables d'avoir vécu en vrai Catholique, & satisfait à tous les devoirs auxquels nous oblige notre Religion Catholique-Romaine. Si vous y revenez de cette façon, je vous recevrai avec joie & bonté; & quand il ne me resteroit qu'un morceau de pain à manger, je le partagerai avec vous avec joie, & je mourrai plutôt que de ne vous pas assister. Mais si la crainte ou l'espérance vous ébranle au point de manquer à ce devoir, qui vous doit être plus précieux que la vie, ne pensez jamais à me revoir, & soyez assuré que je vous punirai de cette lâcheté, & que toute la puissance du Roi de Suède ne m'empêchera pas de vous donner la mort entre ses bras, quand même vous vous y seriez réfugié. Jugez après cela vous-même, si vous êtes en état de retourner auprès de moi, ou non, & croyez que je vous tiendrai parole.
Swedish translation (by Stolpe):
Jag tror Er vara föga ägnad till martyr, och jag skall därför inte råda Er att utsätta Er för faran att göra en feghet för att rädda Ert liv. Hedern och livet äro två saker som efter vad jag förstår förtjäna att man bemödar sig om dem. Om det skulle hända Er att förneka eller dölja Er religion, räddar Ni varken det ena eller det andra, om Ni därefter skulle råka infinna Er hos mig. Man måste leva och dö som katolik; om Ni sviker, gör Ni er ovärdig att vara i min tjänst. Förvåna Er inte över kungens av Sverige hotelser. Bry Er inte om att besöka honom, återvänd till mig! Efter den hotelse han riktat mot Er kommer Ni att stå högre i min gunst än någonsin tidigare; den animositet som han visar mot Er kommer att vara en merit inför mig. Bekymra Er inte. Kom tillbaka, men kom tillbaka utan att ha gjort någonting som är lågt eller fegt, och för med Er pålitliga bevis för att Ni har levat som en sann katolik och uppfyllt alla de plikter som vår romersk-katolska religion ålägger oss. Om Ni återvänder på så sätt, skall jag ta emot Er med glädje och godhet; även om jag bara hade en bit bröd kvar att äta, skulle jag med glädje dela den med Er, och jag skulle hellre dö än jag inte hjälpte Er. Men om fruktan eller hoppet gör Er så förvirrad, att Ni sviker denna plikt, som bör vara Er dyrbarare än livet, så tänk aldrig på att återse mig och var förvissad om, att jag skall straffa Er för denna feghet och att hela kungens av Sverige makt icke skall hindra mig från att döda Er, även om Ni skulle fly i hans famn. Döm efter detta själv, om Ni är i stånd att återvända till mig eller icke, och lita på att jag skall hålla mitt ord.
English translation (my own):
Rome, February 2, 1658.
I believe you are so unfit for being a martyr that I will not advise you to expose yourself to the danger of cowardice to save your life. Honour and life are two things that I think deserve care. If it happened to you to deny or to conceal your religion, you would save neither one nor the other if it happened to you to appear before me afterwards. You must live and die a Catholic, and if you fail, you will make yourself unworthy of being mine. Do not be surprised at the threats of the King of Sweden. Pass by to see him and come back to me. After his threat to you, you will be better off with me than ever; and the animosity which he testifies against you will take the place of merit with me. Do not worry. Come back, but come back without having done anything low or timid, and bring me veritable attestations of having lived as a true Catholic and fulfilled all the duties which our Roman Catholic religion obliges us. If you return to it this way, I will receive you with joy and kindness; and when I have only a piece of bread left to eat, I will gladly share it with you, and I would rather die than not assist you. But if fear or hope shakes you to the point of failing in this duty, which must be more precious to you than your life, don't even think about seeing me ever again, and be assured that I will punish you for this cowardice, and that all the the power of the King of Sweden will not prevent me from killing you in his arms, even if you have taken refuge there. Judge after this yourself whether you are able to return to me or not, and believe that I will keep my word.
Swedish translation of the original (my own):
Den 1 februari 1658. —
Jag tror att Ni är så lite lämplig att vara en martyr att jag inte kommer att råda Er att utsätta Er själv för faran att begå en feg handling för att rädda Ert liv. Heder och liv är två saker som förtjänar, tycker jag, att man tar hand om dem. Om Ni skulle råka förneka eller dissimulera Er religion, skulle Ni varken rädda den ena eller den andra. Om Ni skulle råka presentera Er inför mig efteråt, måste Ni leva och dö som katolik; och om Ni misslyckas med att göra det, kommer Ni att göra Er själv ovärdig att vara min. Låt inte den svenske konungens hot förvåna Er. Klara Er utan att se honom, och kom tillbaka till mig efter hotet han har riktat mot Er. Ni kommer att ha det bättre med mig än någonsin, och den fiendskap han betygar mot Er kommer att tjäna Er som förtjänst med mig.
Sätt Er inte i ångest. Kom tillbaka, men kom inte tillbaka utan att ha gjort något nedrigt eller skyggt, och ge mig sanna intyg om att Ni har levt som en sann katolik och fullgjort alla de plikter som vår romersk-katolska religion ålägger oss. Om Ni återvänder på detta sätt, kommer jag att ta emot Er med glädje och vänlighet; och om jag bara hade en bit bröd kvar att äta, skulle jag dela det med Er med glädje, och jag skulle hellre dö än att inte hjälpa Er.
Men om Ni låter Er skakas av rädsla eller hoppas att misslyckas med denna plikt (som måste vara mer värdefull för Er än livet), tänk aldrig på att se mig igen, och var säker på att jag kommer att straffa Er för denna feghet och att all Sveriges konungs makt inte hindrar mig från att ge Er döden i hans famn när Ni tagit Er tillflykt dit. Döm själv efter det om Ni är i stånd att återvända till mig eller inte, och tro att jag skall hålla mitt ord till Er.
Kristina Alexandre.
English translation of the original (my own):
February 1, 1658. —
I believe you are so little fit to be a martyr that I will not advise you to expose yourself to the danger of committing a cowardly act to save your life. Honour and life are two things that deserve, it seems to me, that one take care of them. If you should happen to deny or dissimulate your religion, you would save neither one nor the other. If you should happen to present yourself before me afterwards, you must live and die a Catholic; and if you fail to do so, you will make yourself unworthy of being mine. Do not let the threats of the King of Sweden astonish you. Do without seeing him, and come back to me after the threat he has made to you. You will be better off with me than ever, and the animosity he testifies against you will serve as merit to you with me.
Do not put yourself in anxiety. Come back, but do not come back without having done anything base or timid, and bring me true attestations of your having lived as a true Catholic and fulfilled all the duties to which our Roman Catholic religion obliges us. If you return in this way, I will receive you with joy and kindness; and if I had only a piece of bread left to eat, I would share it with you with joy, and I would rather die than not assist you.
But if you allow yourself to be shaken by fear or hope to fail in this duty (which must be more precious to you than life), don't ever think of seeing me again, and be assured that I will punish you for this cowardice and that all the power of the King of Sweden will not prevent me from giving you death in his arms when you have taken refuge there. Judge yourself by that whether you are in a condition to return to me or not, and believe that I will keep my word to you.
Kristina Alexandre.
Above: Kristina.
Note: Arckenholtz's comment:
* = "Le changement de Religion de Christine étant connu en Suède, Charles-Gustave fit dresser le 25. Juin 1655, une Ordonnance sur l'exercice & la conservation de la Religion Luthérienne en Suède. Le Sénat y trouvant de certaines expressions, balança à la publier, à cause des Protestans d'autres Etats. Il en fit des remontrances au Roi, qui poursuivoit alors la guerre en Pologne. Charles Gustave en témoigna son déplaisir, en lui répondant, que comme cette affaire avoit été mûrement discutée par les Etats de Suède, il ne faloit pas en retarder la publication. Il y avoit deux raisons, dit le Sénateur, Comte Gustave Bonde, qui portoient le Roi à y insister (V. Sa Relation dans les Régîtres du Sénat, chez Palmskœld ad ann. 1662.). La premiére, de peur que d'autres Suédois ne suivissent l'exemple de Christine. L'autre, comme le dit aussi le Sénateur Skytte, parce que Charles Gustave étant né d'un Pére qui étoit de la Religion Réformée, vouloit par-là persuader à tous les Suédois, qu'il n'y tenoit aucunement." —
"Kristina's change of religion being known in Sweden, Karl Gustav had an ordinance drawn up on June 25, 1655 on the exercise and preservation of the Lutheran religion in Sweden. The Senate, finding certain expressions in it, hesitated to publish it because of the Protestants from other States. It remonstrated with the King, who was then pursuing the war in Poland. Karl Gustav showed his displeasure by replying to it that because this matter had been carefully discussed by the Estates of Sweden, it was not necessary to delay its publication.
There were two reasons, said the senator Count Gustaf Bonde, which led the King to insist on it (See his relation in the Registers of the Senate, Palmskiöld, ad annum 1662.). The first, for fear that other Swedes would follow Kristina's example. The other, as senator Skytte also says, because Karl Gustav, being born of a father who was of the Reformed religion, wanted thereby to persuade all the Swedes that he did not hold to it at all."



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