Friday, December 11, 2020

Kristina's letter to the magistrates of Hamburg defending Manuel Texeira, dated November 17, 1663

Source:

Mémoires concernant Christine, volume 2, page 86, Johan Arckenholtz, 1751


The letter:

Messieurs. J'ai été fort surprise d'apprendre le procédé dont vous avez usé envers mon Résident le Dn Manoel Texeira, en l'obligeant de vous donner parole de ne pas se retirer de votre ville sans votre consentement & je le trouve d'autant plus étrange, qu'il est tout à fait contraire aux droits dont les Ministres publics jouissent par tout. Il a tenu ce rang auprès de vous plusieurs années & vous lui avez fait les honneurs, qui sont dûs au Caractère qu'il porte. Maintenant vous prétendez de l'empêcher de se servir du privilège d'une personne qui ne dépend pas de vous. Je me serois plûtôt imaginé toute autre chose que de vous voir venir à cette extrêmité, & m'étois persuadée que pour accroitre les obligations que je vous devois avoir des civilités que vous lui avez faites par le passé, vous ne voudriez pas manquer envers lui dans les marques du Respect, que vous avez toûjours eu pour moi, mais cette façon d'agir m'a désabusé entièrement, & parce qu'elle blesse trop ma réputation, je ne la puis souffir sans vous en témoigner mon ressentiment, le mauvais traitement que vous lui avez fait me touchant au vif, & je le prends comme si vous me l'aviez fait à moi-même. Il est mon Ministre, & dépend entièrement de moi, & je prétends de m'en pouvoir servir en tous les lieux, où mes intérêts pourront requérir ses soins & sa présence, sans que vous présumiez que votre consentement y soit nécessaire. Je ne me mettrai pas à vous montrer l'intérêt de votre ville, auquel vous préjudiciez si notablement, par un éxemple qui va à la ruine de votre Commerce, qui est fondé en bonne partie sur la liberté & la sûreté des particuliers qui les viennent chercher chez vous. Croïez-vous d'avantager vos intérêts en changeant ce refuge en prison, par cet éxemple? Outre cela, pouvez-vous oublier les facheuses suites que tire après soi de manque de respect aux Ministres publics? Vous voïez donc que vous êtes obligés de changer de procédé avec Texeira, le considérant non seulement comme Ministre, mais aussi comme particulier & Citoïen de votre ville. Je ne suis pas en état de vous menaçer en cette occasion, aussi n'en suis-je pas d'humeur. Je fais gloire de m'être désarmée depuis long-tems de tout ce qui vous pourroit faire craindre, mais quand je serois encore plus puissante que je ne fus jamais, je serois d'humeur, de vous faire ressentir plûtôt les effèts de mon indignation que les paroles. Telle que je suis, vous ne devez pas mépriser mon amitié, car dans les révolutions étranges d'un siécle aussi bigarré que le notre, il pourroit arriver, que vous eussiez sujèt de vous repentir de m'avoir offensée. Je n'éxige de vous que le respect, qui m'est dû en la personne de mon Ministre, & je ne demande pour lui que la liberté de pouvoir disposer de sa personne & de son bien de la manière, que mes intérêts & les siens propres le requerront, & ce font des graces que vous n'avez jamais réfusées à aucun de vos particuliers, & que vous ne pouvez lui réfuser sans commettre une injustice & une violence qui m'offenseroit griévement. Expliquez-vous là-dessus, de la manière que je me le promèts de votre amitié & justice, & faites que je sache bientôt comment je dois régler à l'avenir mes sentimens envers vous. Je prie Dieu cependant qu'il vous tienne en sa sainte garde. Rome, ce 17. Nov. 1663.
CHRISTINE ALEXANDRA.

English translation (my own):

Sirs,
I was very surprised to learn of the procedure you used towards my resident, Don Manuel Texeira, by forcing him to give you the promise not to withdraw from your city without your consent, and I find it all the more strange that it is quite contrary to the rights which public ministers enjoy in everything. He has held this rank with you for several years and you have done him the honours which are due to his character. Now you claim to prevent him from using the privilege of someone who is not dependent on you. I would rather have imagined something quite different than seeing you coming to this end, and had convinced myself that to increase the obligations that I owe you to the courtesies that you have made him in the past, you would not fail him in the marks of respect which you have always had for me, but this way of acting has completely disillusioned me, and because it hurts my reputation too much, I cannot suffer it without showing you my resentment, the bad treatment that you gave him touching me acutely, and I take it as if you had done it to me. He is my minister and depends entirely on me, and I claim to be able to use him in all places where my interests may require his care and presence, without your presuming that your consent is necessary. I will not set out to show you the interest of your city, to which you are so significantly prejudicial, by an example which will ruin your business, which is based in large part on the liberty and security of the individuals who come to them to see you. Do you think you are advancing your interests by changing this refuge to a prison, for this example? Besides that, can you forget the unfortunate consequences of disrespecting public ministers? So you see that you are forced to change the process with Texeira, considering him not only as a minister, but also as an individual and citizen of your city. I am not in a position to threaten you on this occasion, so I am not in that humour. I pride myself on having long since disarmed myself of anything that could make you fear me, but when I was even more powerful than I ever was, I would have been in the humour to make you feel the effects of my indignation rather than the words. Such as I am, you must not despise my friendship, for in the strange revolutions of a century as variegated as ours, it could happen that you had reason to repent of having offended me. I only demand of you the respect which is due to me in the person of my minister, and I ask nothing for him but the freedom to be able to dispose of his person and his property in the manner that my interests and his own will require; and these make graces which you have never refused to any of your private individuals, and which you cannot refuse to him without committing an injustice and a violence which would offend me grievously. Explain yourselves on this in the way that I promise myself of your friendship and justice, and let me know soon how I should settle my feelings towards you in future. I pray God to keep you in His holy care. Rome, this 17th of November, 1663.
Kristina Alexandra.


Above: Kristina.

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