Sources:
Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899
Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on September 12, 1668.
The letter:
12 7tbr 1668 —
Je suis ravie de Voir que Vous estes Contant de moy. ie mefforceray de Vivre auec Vous dune maniére qui meritera du moins que Vous le soiez tousiour.
Je Vous envoy les Copies des lestres que iay escrit a Rosenbac, lesquelles Vous feront Conoistre lheureux estat de mes affaires, et ie Vous proteste que ie ne plains plus ny mes paines ny mes travaux passe puisquil a plus a Dieu dy donner vne si heureuse fin.
Je Vois bien que Vous navez pas entendeu le Chant des Cirenes, et que Vous y donnez une austre explication que celle qui est attendu sous cet enigme mais iespere de Vous explique le tout au plus tost pour la Charge de Gouverneur de mes domaines ie ne lay promis a personne et Ce nest pas ma faute que bien des gens sen font flattes tout ce que iay fait est de navoir pas voulu desabbuser personne iusques a ce que mes affaire fussent faittes, et iay Creu quil estoit de la politique d'en laisser iouir a Celuy qui la possede, iusque a ce qu'il il la quitte de luy mesme. Cette Conduitte ma reusi iusques icy et iespere quelle sera approuve de Vous quan Vous saurez mes raisons
pour Celluy a qui je ia donneray qui est Gustave Kurque Cest vn homme qui ma tousiour tres bien et fidellement servÿ et surtout en ses derniere Coniontures, et il y a plus de huit ans quil a la survivance de cet Charge que ie luy donnois alors pour le reCompenser des importants services quil me rendit en la diette de ce temps la.
pour laffaire de lEchange Vous Verrez par les lestres que ie Vous envoy que cette affaire est entierement rompeu pour cette fois mais elle est en vn estat quil ne tiendra qua moy de la renouer quant il me plaira, et ie ne doutte pas quavec un peu de temps Cette affaire ne se face de la maniere que ie lay proiette. ie ne Vous repon rien sur Vos Craintes car si Vous estiez informe de lestat des chose Vous Verriez que Vous Craingez Ce que Vous devriez le plus souhaitter si Vous aimez mes avantages et mes interest.
ie suis toutte occupe a la disposition de mon Voẏage. iattens Momma de moment en moment pour accorder avec luy en gros sur ce qui me reste d'exiger de mes reveneues dexiger dans les provinces et pour Conclure avec luy lafferme d'estllande d'Oellande, que ie me suis expres reserve de Conclure apres la fin de la diette pour des raisons importantes dont le Marquis del Monte Vous aura peu dire vne partie, celon les ordres que ie luy ay donne. ie Vous diray le reste Jattens ausi mes ministres de pomeranie pour pouvoir donner la derniere main a touts mes affaires en ces quartiers la, et en ie Vous puis asseurer que devan que ie parte dicy le tout sera adiouste dune maniere quil ny aura rien a desirer ny pour mon interest ny pour ma seurete a lavenir.
Wrangel le Conestable a este icy, qui se porte bien a merveillie. Jl ma invite pour la Centiesme fois a Stade et iay enfin accepte le party, luy disan ie Vous satisfairay et ie veux en mesme temps aller prendre chez vous la possession du privilege quon qu'on ma donne du libre excercice de ma religion dan touts les estats du Roymaume de Suede Car la saison ne me permettent pas d'aller en Suede ie Veux au moins iouir icy de mon privilege. Jl est parti la desu lunedi passe et retournera bientost icy menlever dicy. ie seray deux ou trois iours a Stade, et de la ie Continueray mon Voiage pour lJtalie san plus retourner icy et iespere destre infaliblement devan les Saints a Rome ou peu de iours apres.
ie ne Vous parle plus des affaires de polonge le pape me fait trop de grace et ie luy suis trop obligee quel quen soit le succes il mest asse indifferent mais ie seray ravie davoir une telle obligation a Sa S.te et iestime sa faveur plus que la Couronne mesme ie Vous prie de len asseurer.
Jl ny a rien qui merite de Vous estre dit de plus, et esperent davoir bientost la satisfaction de Vous Voir Je lattens avec vne impacience inCroiable cet heureux moment quant se devroit estre le dernier de ma Vie adieu
Je viens de recevoir Vostre lestre du 25 passe et suis ravẏe de Voir que les sentiments du nonce se sont acordes avec les miens sur le succes de la faction de france en polonge Vous Voẏez que iay penetre la Verite ausitost qu'auqun austre Je ne doutte nullement de ce que Vous me dittes et Vous en remercie de tout mon Coeur
With modernised spelling:
Hambourg, 12 septembre 1668.
Je suis ravie de voir que vous êtes content de moi. Je m'efforcerai de vivre avec vous d'une manière qui méritera du moins que vous le soyez toujours.
Je vous envoie les copies des lettres que j'ai écrites à Rosenbach, lesquelles vous feront connaître l'heureux état de mes affaires, et je vous proteste que je ne plains plus ni mes peines ni mes travaux passés, puisqu'il a plu à Dieu d'y donner une si heureuse fin.
Je vois bien que vous n'avez pas entendu le chant des sirènes et que vous y donnez une autre explication que celle qui est entendue sous cet[te] énigme, mais j'espère de vous expliquer le tout au plus tôt. Pour la charge de gouverneur de mes domaines, je ne l'ai promise à personne, et ce n'est pas ma faute que bien des gens s'en font flattés; tout ce que j'ai fait est de n'avoir pas voulu désabuser personne jusqu'à ce que mes affaires fussent faites, et j'ai cru qu'il était de la politique d'en laisser jouir à celui qui la possède jusqu'à ce qu'il la quitte de lui-même. Cette conduite m'a réussi jusqu'ici, et j'espère qu'elle sera approuvée de vous quand vous saurez mes raisons. Pour celui à qui je la donnerai, qui est Gustave Kurck, c'est un homme qui m'a toujours très bien et fidèlement servie, et surtout en ces dernières conjonctures, et il y a plus de huit ans qu'il a la survivance de cette charge, que je lui donnai alors pour le récompenser des importants services qu'il me rendit en la Diète de ce temps-là.
Pour l'affaire de l'échange, vous verrez par les lettres que je vous envoie, que cette affaire est entièrement rompue pour cette fois; mais elle est en un état qu'il ne tiendra qu'à moi de la renouer quand il me plaira, et je ne doute pas qu'avec un peu de temps cette affaire ne se fasse de la manière que je l'ai projetée. Je ne vous réponds rien sur vos craintes, car si vous étiez informé de l'état des choses vous verriez que vous craignez ce que vous devriez le plus souhaiter, si vous aimez mes avantages et mes intérêts.
Je suis toute occupée à la disposition de mon voyage. J'attends Momma de moment en moment pour accorder avec lui en gros sur ce qui me reste d'exiger de mes revenus dans les provinces et pour conclure avec lui l'affaire d'Öland, que je me suis exprès réservé de conclure après la fin de la Diète, pour des raisons importantes dont le marquis del Monte vous aura pu dire une partie, selon les ordres que je lui ai donnés. Je vous dirai le reste. J'attends aussi mes ministres de Poméranie pour pouvoir donner la dernière main à toutes mes affaires en ces quartiers-là, et en [cela] je vous puis assurer que devant que je parte d'ici, le tout sera ajusté d'une manière qu'il n'y aura rien à désirer, ni pour mon intérêt, ni pour ma sûreté à l'avenir.
Wrangel le connétable a été ici, qui se porte bien à merveille. Il m'a invitée pour la centième fois à Stade et j'ai enfin accepté le parti, lui disant: «Je vous satisferai et je veux en même temps aller prendre chez vous la possession du privilège qu'on m'a donné du libre exercice de ma religion dans tous les États du royaume de Suède, car la saison ne me permettant pas d'aller en Suède, je veux au moins jouir ici de mon privilège.» Il est parti là-dessus, lundi passé, et retournera bientôt ici m'enlever d'ici. Je serai deux ou trois jours à Stade, et de là je continuerai mon voyage pour l'Italie, sans plus retourner ici, et j'espère d'être infailliblement devant les Saints à Rome, ou peu de jours après.
Je ne vous parle plus des affaires de Pologne; le pape me fait trop de grâce, et je lui suis trop obligée. Quel qu'en soit le succès, il m'est assez indifférent, mais je serai ravie d'avoir une telle obligation à Sa Sainteté et j'estime sa faveur plus que la couronne même: je vous prie de l'en assurer.
Il n'y a rien qui mérite de vous être dit de plus, et espérant d'avoir bientôt la satisfaction de vous voir, je l'attends avec une impatience incroyable, cet heureux moment, quand ce devrait être le dernier de ma vie. Adieu.
Je viens de recevoir votre lettre du 25 passé, et suis ravie de voir que les sentiments du nonce se sont accordés avec les miens sur le succès de la faction de France en Pologne. Vous voyez que j'ai pénétré la vérité aussitôt qu'aucun autre. Je ne doute nullement de ce que vous me dites, et vous en remercie de tout mon cœur.
English translation (my own):
September 12, 1668. —
I'm glad to see that you're content with me. I will strive to live with you in a way that at least deserves that you always are.
I am sending you copies of the letters I wrote to Rosenbach, which will let you know the happy state of my affairs, and I assure you that I no longer regret either my pains or my past labours, since it has pleased God to give it such a happy ending.
I see that you have not heard the siren song and that you give it another explanation than that which is heard under this enigma, but I hope to explain everything to you as soon as possible. As for the charge of governor of my domains, I have not promised it to anyone, and it is not my fault that many people are flattered by it; I only did not want to disabuse anyone until my affairs were finished, and I thought it was policy to let whoever owns it enjoy it until until he leaves it vacant. This conduct has succeeded me so far, and I hope that it will be approved by you when you know my reasons. As for the one to whom I will give it, it is Gustav Kurck, he is a man who has always served me very well and faithfully, and especially in these last conjunctures, and for more than eight years he has the survival of this office, which I then gave him to reward him for the important services he rendered me in the Riksdag of that time.
As for the affair of the exchange, you will see by the letters which I send to you that this matter is entirely broken off for this time; but it is in such a state that it is up to me to retie it when I please, and I have no doubt that with a little time this affair will be finished in the way that I had planned. I answer you nothing on your fears, because if you were informed of the state of things, you would see that you fear what you should wish most, if you love my advantages and my interests.
I'm all busy preparing for my trip. I am waiting for Mumma from moment to moment to come to an agreement with him in general terms on what remains for me to claim from my income in the provinces and to conclude the Öland affair with him, which I have expressly reserved for myself to conclude after the end of the Riksdag, for important reasons of which the Marquis del Monte will have been able to tell you in part, according to the orders I gave him. I'll tell you the rest. I am also waiting for my Pomeranian ministers to be able to put the finishing touches on all my affairs in these quarters, and in this I can assure you that before I leave here, everything will be adjusted in a way that there will be nothing left to desire, neither for my interest, nor for my safety in the future.
Constable Wrangel has been here, doing wonderfully well. He invited me for the hundredth time to Stade and I finally accepted the invitation, saying to him: "I will satisfy you, and at the same time I want to go and take possession of the privilege that I have been given free exercise of my religion in all the estates of the kingdom of Sweden; because the season does not allow me to go to Sweden, I want at least to enjoy my privilege here." He left there last Monday and will be back here soon to take me away from here. I will be two or three days at Stade, and from there I shall continue my trip to Italy, without returning here, and I hope to be infallibly ahead of All Saints' Day in Rome, or a few days later.
I will no longer speak to you of the affairs of Poland; the Pope gives me too much grace, and I am too much obliged to him. Whatever the success, I am rather indifferent to it, but I will be delighted to have such an obligation to His Holiness, and I value his favour more than the crown itself; I beg you to assure him of it.
There is nothing more that deserves to be said to you, and hoping to have the satisfaction of seeing you soon, I await it with incredible impatience, this happy moment, when it should be the last of my life. Farewell.
I have just received your letter of the 25th of last month, and am delighted to see that the feelings of the nuncio have agreed with mine on the success of the French faction in Poland. You see that I have penetrated the truth as soon as anyone else. I have no doubts about what you tell me, and I thank you with all my heart.
Above: Kristina.
Above: Cardinal Decio Azzolino.
Notes: Kristina, as usual, had very optimistic illusions. As Rosenbach's reports are missing, it is not possible to decide whether this is due to his dispatches or to the temperament of the Queen. Probably both.
"... at the same time I want to go and take possession of the privilege that I have been given free exercise of my religion in all the estates of the kingdom of Sweden" = Here again Kristina is wrong. This privilege was only granted for one locality, in the duchies of Bremen or Verden, which she/he/they remained free to choose.
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