Saturday, June 10, 2023

Kristina in Pierre Hector Chanut's memoirs, July 1646

Sources:

Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 44 to 48, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, 1675
Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 53 to 56, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826

Above: Kristina.

The excerpts:

IUILLET 1646.
En ce temps la question pour la Cure de Walenhorst prit feu dans Osnabrug, & l'affaire vint à ce point, que le sieur de la Barde, qui y estoit Resident, en écrivit au sieur Chanut, & avec chaleur, où il luy marquoit plusieurs contraventions à l'Alliance, & plusieurs manquemens de paroles au Baron Oxenstiern Plenipotentiaire, quelques procedés peu respectueux envers la France & un mépris affecté, qu'il avoit fait de son entremise en faveur des habitans Catholiques de cette Cure, & qui passerent en quelque façon jusques à sa personne: Mais le sieur Chanut apprehendant que s'il faisoit voir cette lettre à la Reine, il n'eût le Chancelier sur les bras, il resolut de la luy communiquer à luy-mesme, & luy faire valoir cette observation envers luy; l'assurer qu'il n'en parleroit point à la Reine de Suede, & luy demander, que comme grand Ministre, & bon Pere, il apportât les remedes necessaires a ces dures façon d'agir, qui, en un fait si delicat que celuy de la Religion, produiroit enfin de mauvais effets. Mais comme il apprehendoit que le Chancelier ne prit la chose de haut, & que la colere ne l'emportât à vouloir que la chose éclattât; afin de justifier son fils des plaintes du sieur de la Barde, il y proceda avec beaucoup de précaution pour empescher son émotion, & pour luy faire connoître que pouvant faire une chose qui luy deplairoit, il s'en abstenoit à sa consideration, le priant de n'en point parler à la Reine, & protestant qu'il n'attendoit le remede que de luy seul. Pour cét effet il resolut de ne luy pas faire voir cette lettre, mais d'en faire comme un abbregé en Latin: où il n'oublia rien de la substance des choses, sans faire aucune reflexion trop importante du Baron Oxenstiern, parce qu'il auroit esté difficile à un pere de la lire sans émotion: Le Chancelier trouva cette maniere d'agir si obligeante, qu'il luy fit le lendemain mille caresses, & il y avoit apparence qu'il accommoderoit l'affaire par quelque voye raisonnable, pourveu que les choses ne fussent point en tel estat, qu'il y allât de l'honneur de son fils de relâcher.

En ce temps l'armement, qui se continuoit en Pologne, augmentoit le soupçon que l'on avoit en Suede; & dans une Audience que le sieur Chanut eut du Chancelier, il ne le put guerir de l'ombrage que luy donnoient ces gens de guerre: Il disoit que le plus favorable jugement qu'on en pourroit faire, estoit que le Roy de Pologne craignoit une subite invasion des Turcs, & qu'il vouloit avoir des Forces prestes, & pour luy resister, & pour s'opposer aux Suedois, s'il estoit vray, comme on le publioit, qu'ils le voulussent attaquer; ou pour luy-mesme rompre la Tréve, si dans le cours de la campagne il arrivoit quelque disgrace aux armées Suedoises, & il appelloit cela une conjecture benigne, qui luy sembloit la plus probable; & que si l'on eût voulu prendre les apparences au pis, il auroit cru qu'on en vouloit directement à la Suede, parce que les principaux Chefs, qui avoient commission pour ces levées, estoient fort ennemis des Suedois.

Cependant le Comte Magnus destiné pour l'Ambassade de France commença ses adieux par un festin tres-magnifique qu'il fit à la Reine, au Senat, aux Princes, & aux Princesses, qui tous furent cinq heures à table; ensuite dequoy il fit danser un balet pour le divertissement de la Reine, où il ne dansa point à cause qu'on jugea qu'il n'estoit pas de la qualité d'Ambassadeur de se relâcher à ces divertissemens, ou parce qu'il n'en eut pas le loisir. Il faisoit estat d'emmener avec luy le Prince Adolphe Palatine Cousin germain de la Reine, âgé de seize à dix-sept ans, qui passeroit en France incognito pour apprendre ses exercices; & il devoit estre assisté par le sieur Starbourg Allemand, Conseiller Aulique de Suede, homme de grand experience, qui sous le feu Roy avoit esté Ambassadeur auprés du Grand Seigneur, & du Prince de Transylvanie, & avoit rendu de grands services à cette Couronne.

Mais une lettre que l'on intercepta du General Gléen, mit tout le Senat de Suede en fort grande émotion; elle portoit qu'il avoit ordre de Duc de Bavieres de ne rien entreprendre contre les François, avec lesquels il avoit conclu une Tréve; l'apprehension que causa cette lettre fut augmentée par une autre du Marechal de Turenne, qui mandoit qu'ils s'estoit excusé de joindre si promptement ses troupes avec celles de Suede, parce qu'il n'en avoit point d'ordre de la Cour, & ne le pouvoit avoir de trois semaines. Le Connestable de Suede pour s'éclaircir sur cet embarras envoya prier le sieur de Cerisantes à disner chez luy, parce qu'il le croyoit fort instruit dans les intentions de la France, & qu'il estoit encore Ministre de Suede; celuy-cy aprés luy avoir fait voir par mille raisons qu'il n'estoit pas croyable que la France songeât à un accommodement sans la participation de la Suede, luy dit qu'il engageoit son honneur, que cette lettre n'estoit qu'un artifice des Ennemis, & qu'il connoissoit trop le gouvernement de la France, & de ses Ministres, pour les croire capables d'une telle infidelité.

With modernised spelling:

Juillet 1646.
En ce temps, la question pour la cure de Walenhorst prit feu dans Osnabrück, et l'affaire vint à ce point, que le sieur de la Barde, qui y était résident, en écrivit au sieur Chanut, et avec chaleur, où il lui marquait plusieurs contraventions à l'alliance et plusieurs manquements de paroles au baron Oxenstiern, plénipotentiaire, quelques procédés peu respectueux envers la France et un mépris affecté qu'il avait fait de son entremise en faveur des habitants catholiques de cette cure et qui passèrent en quelque façon jusqu'à sa personne. Mais le sieur Chanut, appréhendant que s'il faisait voir cette lettre à la reine, il n'eut le chancelier sur les bras, il résolut de la lui communiquer à lui-même et lui faire valoir cette observation envers lui; l'assurer qu'il n'en parlerait point à la reine de Suède; et lui demander que, comme grand ministre et bon père, il apportât les remèdes nécessaires a ces dures façon d'agir qui, en un fait si délicat que celui de la religion, produirait enfin de mauvais effets.

Mais, comme il appréhendait que le chancelier ne prit la chose de haut, et que la colère ne l'emportât à vouloir que la chose éclatât, afin de justifier son fils des plaintes du sieur de la Barde, il y procéda avec beaucoup de précaution pour empêcher son émotion; et, pour lui faire connaître que pouvant faire une chose qui lui déplairait, il s'en abstenait à sa considération, le priant de n'en point parler à la reine et protestant qu'il n'attendait le remède que de lui seul. Pour cet effet, il résolut de ne lui pas faire voir cette lettre, mais d'en faire comme un abrégé en latin, où il n'oublia rien de la substance des choses, sans faire aucune réflexion trop importante du baron Oxenstiern, parce qu'il aurait été difficile à un père de la lire sans émotion. Le Chancelier trouva cette manière d'agir si obligeante qu'il lui fit le lendemain mille caresses, et il y avait apparence qu'il accommoderait l'affaire par quelque voie raisonnable, pourvu que les choses ne fussent point en tel état qu'il y allât de l'honneur de son fils de relâcher.

En ce temps, l'armement qui se continuait en Pologne augmentait le soupçon que l'on avait en Suède; et dans une audience que le sieur Chanut eut du chancelier, il ne le put guérir de l'ombrage que lui donnaient ces gens de guerre. Il disait que le plus favorable jugement qu'on en pourrait faire était que le roi de Pologne craignait une subite invasion des Turcs et qu'il voulait avoir des forces prêtes, et pour lui résister et pour s'opposer aux Suédois, s'il était vrai, comme on le publiait, qu'ils le voulussent attaquer; ou pour lui-même rompre la trêve, si dans le cours de la campagne il arrivait quelque disgrace aux armées suédoises, et il appellait cela une conjecture bénigne qui lui semblait la plus probable; et que, si l'on eût voulu prendre les apparences au pis, il aurait cru qu'on en voulait directement à la Suède, parce que les principaux chefs qui avaient commission pour ces levées étaient fort ennemis des Suédois.

Cependant, le comte Magnus, destiné pour l'ambassade de France, commença ses adieux par un festin très magnifique qu'il fit à la reine, au Sénat, aux princes, et aux princesses, qui tous furent cinq heures à table; ensuite dequoi il fit danser un ballet pour le divertissement de la reine, où il ne dansa point, à cause qu'on jugea qu'il n'était pas de la qualité d'ambassadeur de se relâcher à ces divertissements, ou parce qu'il n'en eut pas le loisir. Il faisait état d'emmener avec lui le prince Adolphe palatine, cousin germain de la reine, âgé de seize à dix-sept ans, qui passerait en France incognito pour apprendre ses exercices; et il devait être assisté par le sieur Starbourg, Allemand, conseiller aulique de Suède, homme de grand experience, qui, sous le feu roi, avait été ambassadeur auprès du Grand Seigneur et du prince de Transylvanie, et avait rendu de grands services à cette Couronne.

Mais une lettre que l'on intercepta du général Gléen mit tout le Sénat de Suède en fort grande émotion. Elle portait qu'il avait ordre de duc de Bavière de ne rien entreprendre contre les Français, avec lesquels il avait conclu une trêve. L'appréhension que causa cette lettre fut augmentée par une autre du maréchal de Turenne, qui mandait qu'ils s'était excusé de joindre si promptement ses troupes avec celles de Suède, parce qu'il n'en avait point d'ordre de la Cour et ne le pouvait avoir de trois semaines.

Le connétable de Suède, pour s'éclaircir sur cet embarras, envoya prier le sieur de Cerisantes à dîner chez lui, parce qu'il le croyait fort instruit dans les intentions de la France et qu'il était encore ministre de Suède; celui-ci, après lui avoir fait voir par mille raisons qu'il n'était pas croyable que la France songeât à un accommodement sans la participation de la Suède, lui dit qu'il engageait son honneur que cette lettre n'était qu'un artifice des ennemis et qu'il connaissait trop le gouvernement de la France et de ses ministres pour les croire capables d'une telle infidélité.

Swedish translation (by anonymous translator):

Juli 1646.
Frågan om Pastoratet Walenhorst behandlades nu med ifver i Osnabrüg och Herr de la Barde skref derom till Herr Chanut, tillkännagifvande vissa öfverträdelser i Alliansen; att Baron Oxenstjerna ej hållit ord, med föga aktning behandlat Frankrike och föraktat dess bemedling i anseende till Katholikerna i detta Pastorat. Men Herr Chanut, som fruktade att visa Drottningen brefvet och derigenom stöta Riks-Kansleren, beslöt meddela honom det med försäkran, att ej nämna något för henne. Herr Chanut ärnade äfven föreställa att han, som stor Minister och god far, borde anskaffa nödvändiga botemedel emot detta sträfva handlingssätt i en sak så ömtålig som Religionens och som kunde medföra elaka följder. Han fruktade likväl att Riks-Kansleren skulle bli ond och uppenbara saken för att rättfärdiga sin son, men han dolde sin rörelse med stor försigtighet och bad Herr Chanut ej nämna något för Drottningen, lofvande sjelf afhjelpa saken. Herr Chanut beslöt derföre ej visa brefvet men göra utdrag på latin utan tydliga anmärkningar öfver Baron Oxenstjerna. Riks-Kansleren fann detta handlingssätt förbindligt, och bevisade honom dagen derpå stor höflighet; det syntes som han på något tjenligt sätt skulle bilägga saken allenast man ej sårade sonens heder.

Pohlens rustning ökade Sveriges misstankar, hvilke Herr Chanut ej heller kunde qväfva hos Riks-Kansleren. Han sade, att det bästa omdöme man kunde fälla var att Konungen af Pohlen, fruktande Turkarnes hastiga inbrott, ville hålla sin armé färdig emot dem och Svenskarna, i fall de ville anfalla honom, eller han sjelf bryta vapenhvilan, om under Fälttåget någon olycka drabbade Svenska vapnen; detta kallade han en vänlig och mest sannolik gissning. Men skulle man tro det värsta så ville Konungen rakt anfalla Sverige, ty de förnämsta befälhafvarne hvilka värfvat tropparne voro dess fiender.

Grefve Magnus tog afsked genom en präktig fest åt Drottningen, Rådet, Prinsarna och Prinsessorna, hvilka alla voro fem timar vid bordet; derefter uppfördes en ballett hvaruti likväl han sjelf ej deltog i anseende till sin egenskap af Ambassadör. Han värderade högt att föra med sig Pfalz-Grefven, Prins Adolf Johan, Drottningens kusin, 17 år gammal, som skulle resa incognito till Frankrike för att lära ridderliga öfningar. Grefve Magnus skulle biträdas af Herr Starbourg en Tysk, Svenskt Hof-Råd, af stor erfarenhet som under den aflidne Konungens regering varit Ambassadör hos Stor-Herren och Prinsen af Transylvanien samt gjort landet stora tjenster.

Ett bref som man uppsnappat ifrån General Gléen, satte hela Svenska Rådet i rörelse; det innehöll, att han hade Hertigens af Bayern befallning att intet företaga emot Fransmännen med hvilka denna Prins slutat stillestånd; denna fruktan förökades genom ett annat, ifrån Fält-Marskalken Wrangel, som berättade att Generalen ursäktade att han ej så hastigt kunde förena sig med Svenska tropparna, utan sitt Hofs befallning, hvilken icke kunde på trenne veckor erhållas. Svenska Riks-Marsken, bjöd för att förvissa sig härom, Herr de Cerisantes till middagen emedan han trodde honom underrättad om Frankrikes afsigter. Denne bevisade, att Frankrike ej tänkte på förlikning utan Sveriges deltagande, försäkrade honom på sin heder att detta bref blott var en list af fienderne och att han kände för mycket Franska Regeringen och dess Ministrar för att tro dem i stånd till ett sådant bedrägeri.

English translation (my own):

July 1646.
At this time, the question for the vicarage of Walenhorst caught fire in Osnabrück, and the affair came to such a point that Monsieur de la Barde, who was resident there, wrote to Monsieur Chanut, and with warmth, where he marked several contraventions of the alliance and several breaches of words to Baron Oxenstierna, the plenipotentiary, some disrespectful procedures towards France and an affected contempt which he had shown through his intervention in favour of the Catholic inhabitants of this vicarage and which passed in some way way up to his person. But Monsieur Chanut, apprehending that if he showed this letter to the Queen, he would not have the Chancellor on his hands, resolved to communicate it to him himself and make him assert this observation towards him; to assure him that he would not mention it to the Queen of Sweden;  and to ask him that, as a great minister and a good father, he bring the necessary remedies to these harsh ways of acting which, in a matter so delicate as that of religion, would in the end produce bad effects.

But, as he apprehended that the Chancellor would take the matter high, and that his anger would prevail in wanting the affair to burst, in order to justify his son from Monsieur de la Barde's complaints, he proceeded with great precaution to prevent his emotion;  and, to let him know that being able to do a thing which would displease him, he abstained from it in his consideration, begging him not to speak of it to the Queen and assuring that he expected the remedy from him alone. For this purpose, he resolved not to show her this letter, but to make it as an abridgment in Latin, in which he forgot nothing of the substance of things, without making any too important reflection of Baron Oxenstierna, because it would have been difficult for a father to read it without emotion. The Chancellor found this manner of acting so obliging that he gave him a thousand compliments the next day, and it appeared that he would settle the affair by some reasonable means, provided that things were not in such a state that it would harm his son's honour to release it.

At this time, the armament which continued in Poland increased the suspicion which was felt in Sweden; and in an audience which Monsieur Chanut had with the Chancellor, he could not cure him of the umbrage which these men of war gave him. He said that the most favourable judgment that could be made of it was that the King of Poland feared a sudden invasion of the Turks and that he wanted to have forces ready, both to resist him and to oppose the Swedes, if it was true, as it was published, that they wished to attack him; or for himself to break the truce, if in the course of the campaign some disgrace should happen to the Swedish armies, and he called that a benign conjecture which seemed to him the most probable; and that, if one had wished to take appearances at worst, he would have believed that one was directly angry with Sweden, because the principal chiefs who had commission for these levies were strong enemies of the Swedes.

In the meantime, Count Magnus, destined for the French embassy, ​​began his farewell with a very magnificent banquet which he gave to the Queen, to the Senate, to the princes, and to the princesses, who were all at table for five hours; then he had a ballet danced for the entertainment of the Queen, in which he did not dance, because it was judged that it was not of the quality of an ambassador to relax at these entertainments, or because he did not have the time. He mentioned taking with him the Prince Palatine Adolf, the Queen's first cousin, aged between sixteen and seventeen, who would pass through France incognito to learn his exercises; and he was to be assisted by Lord Starbourg, German, the court councilor of Sweden, a man of great experience, who, under the late King, had been ambassador to the Great Lord and the Prince of Transylvania, and had rendered great services to this Crown.

But a letter which was intercepted from General Gléen made the whole Senate of Sweden very excited. It bore that he had orders from the Duke of Bavaria not to take any action against the French, with whom he had concluded a truce. The apprehension caused by this letter was increased by another from Maréchal de Turenne, who said that he had excused himself for joining his troops so promptly with those of Sweden, because he had no orders from the Court and could not have them for three weeks.

The Constable of Sweden, to clear up this embarrassment, sent to ask Lord de Cerisantes to dine with him, because he believed him well-informed in the intentions of France and that he was still Minister of Sweden; the latter, after having shown him a thousand reasons why it was not credible that France should think of an accommodation without the participation of Sweden, told him that he pledged on his honour that this letter was only an artifice of the enemy, and that he knew the government of France and its ministers too well to believe them capable of such infidelity.

Note: Lord Starbourg = Paul Strasburgh.

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