Source:
Oraison funèbre de Pierre Gassendi, pages 8 to 10, published by Nicolas Taxil, 1882
The letter:
A la Serenissime Reyne de Svède.
MADAME,
Lors que l'on nous donna l'heureuse nouuelle de l'approche de Vostre Majesté; ie commençois à mettre sous la presse cette Harangue funèbre de Monsieur Gassendi, que i'auois fréchement receuë de Provence. Ie ressentis d'abord, à dire le vray, vne bien violante tentation de quitter mon travail, et me ioindre à cette foule prodigieuse, qui sortit, par la porte du Rosne: à ce soir là, comme si Lyon, tout hors de luy mesme en cette rencontre, eut voulu temoigner la ioye qui le transportoit à l'arrivée de V. M. Mais enfin une passion plus dominante, comme elle estoit plus légitime, l'emporta sur ma curiosité, et le dessein que m'inspira tout à coup mon bon Génie, de consacrer ce discours à Vostre Majesté, me fit vaincre l'extreme desir que i'arois de la voir. Ie songeay que V. M. qui ne s'entend pas seulement aux subtilitez les plus déliées de l'Escole, comme les philosophes ordinaires, mais qui possede parfaitement la belle Geometrie, et toutes les finesses de cette nouuelle Physique, dont on découure tous les iours des routes inconnuës, verroit de bon œil les loüanges d'vn Heros à qui cette Diuine sçience est si fort obligée. Il me souvient d'auoir oüy dire à ce parfait Amy qu'il auoit eu l'honneur de recevoir de tres doctes et tres obligées lettres de Vostre Majesté, qui a tousiours fait cas de sa rare modestie, iointe auec vne erudition consommée. Les Eloges auantageux qu'il donnoit en diuerses rencontres à vos divines qualitez, me firent dès lors conceuoir pour Vostre personne, vn ressentiment respectuëux, et vne estime infinie que i'ay tâché de faire paroître en toutes les occasions où mes characteres ont eü lieu de faire éclatter vos louanges. Et comme ie suis en possession iusques à cette heure d'imprimer tout ce qui est party de ce grand Philosophe, comme tout ce qui a paru icy de glorieux à V. M. ie ne pouuois m'aquiter plus heureusement de l'vn et de l'autre deuoir, qu'en offrant à V. M. son panegyrique. I'auroy encore cette obligation à Monsieur Gassendi, maintenant mesme qu'il n'est plus, de m'auoir procuré ce glorieux auantage de rendre mes respects à vne Reyne dont tout Lyon est passionné; dont les Sçauants adorent l'esprit merueilleux, les polis admirent l'adresse dans tous les exercices de galanterie, et de qui tout le peuple ne peut assez comtempler la beauté, qui brille, comme sur son Trône dans ces yeux charmans, où la douceur meslée auec la seuerité, inspire l'amour et la veneration tout ensemble. Que si ie n'ose pas aspirer si haut, que d'approcher d'vne Princesse, dont les regards favorables peuuent rendre bien-heureux les plus grands Roys, ie serois trop glorieux, si jettant les yeux sur le present que ie luy offre, Elle y agrée la tres humble protestation que ie fais d'estre toute ma vie auec vn profond respect,
MADAME,
DE V. M.
Le tres humble, tres obeissant et tres obligé seruiteur,
GUILLAUME BARBIER,
Imprimeur du Roy.
With modernised spelling:
A la Sérénissime Reine de Suède.
Madame,
Lorsque l'on nous donna l'heureuse nouvelle de l'approche de Vostre Majesté, je commençais à mettre sous la presse cette harangue funèbre de Monsieur Gassendi, que j'avais fraîchement reçue de Provence. Je ressentis d'abord, à dire le vrai, une bien violente tentation de quitter mon travail et me joindre à cette foule prodigieuse, qui sortit par la porte du Rhône, à ce soir là, comme si Lyon, tout hors de lui-même en cette rencontre, eut voulu témoigner la joie qui le transportait à l'arrivée de Votre Majesré. Mais, enfin, une passion plus dominante, comme elle était plus légitime, l'emporta sur ma curiosité, et le dessein que m'inspira tout à coup mon bon génie, de consacrer ce discours à Votre Majesté, me fit vaincre l'extrême désir que j'aurais de la voir.
Je songeai que Votre Majesté, qui ne s'entend pas seulement aux subtilités les plus déliées de l'école, comme les philosophes ordinaires, mais qui possède parfaitement la belle géometrie et toutes les finesses de cette nouvelle physique, dont on découvre tous les jours des routes inconnues, verrait de bon œil les louanges d'un héros à qui cette divine science est si fort obligée. Il me souvient d'avoir ouï dire à ce parfait ami qu'il avait eu l'honneur de recevoir de tres doctes et tres obligées lettres de Votre Majesté, qui a toujours fait cas de sa rare modestie, jointe avec une érudition consommée. Les éloges avantageux qu'il donnait en diverses rencontres à vos divines qualités me firent dès lors concevoir pour votre personne un ressentiment respectueux et une estime infinie que j'ai tâché de faire paraître en toutes les occasions où mes caractères ont eu lieu de faire éclater vos louanges.
Et comme je suis en possession jusqu'à cette heure d'imprimer tout ce qui est parti de ce grand philosophe, comme tout ce qui a paru ici de glorieux à Votre Majesté, je ne pouvais m'acquitter plus heureusement de l'un et de l'autre devoir qu'en offrant à Votre Majesté son panégyrique. J'aurai encore cette obligation à Monsieur Gassendi, maintenant même qu'il n'est plus, de m'avoir procuré ce glorieux avantage de rendre mes respects à une reine dont tout Lyon est passionné; dont les savants adorent l'esprit merveilleux, les polis admirent l'adresse dans tous les exercices de galanterie, et de qui tout le peuple ne peut assez comtempler la beauté qui brille comme sur son trône dans ces yeux charmants, où la douceur, mêlée auec la sévérité, inspire l'amour et la vénération tout ensemble.
Que si je n'ose pas aspirer si haut que d'approcher d'une princesse, dont les regards favorables peuvent rendre bienheureux les plus grands rois, je serais trop glorieux si, jettant les yeux sur le présent que je lui offre, elle y agrée la tres humble protestation que je fais d'être toute ma vie avec un profond respect,
Madame,
de Votre Majesté
le très humble, très obéissant et très obligé serviteur
Guillaume Barbier,
imprimeur du Roi.
Swedish translation (my own):
Till den Durchlauchtigste Drottning av Sverige.
Madam,
När vi fick den lyckliga nyheten om Ers Majestäts närmande, började jag trycka på det här begravningstal för monsieur Gassendi, som jag rättnu hade fått från Provence. Jag kände först, om jag skall säga sanningen, en mycket våldsam frestelse att lämna mitt arbete och ansluta mig till denna fantastiska skara som lämnade vid dörren till Rhône denna kväll där, som om Lyon, helt av sig själv i denna rencontre, skulle har velat betyga om den glädje som förde den till Ers Majestäts ankomst. Men slutligen, en mer dominerande passion, eftersom den var mer legitim, segrade över min nyfikenhet och den dessäng som mitt goda geni plötsligt inspirerade mig att ägna denna diskurs åt Ers Majestät, fick mig att övervinna den extrema önskan jag skulle ha att få se Er.
Jag trodde att Ers Majestät, som inte bara förstår de finaste finesser i skolan, som vanliga filosofer, utan som perfekt besitter den vackra geometrin och alla subtiliteterna i denna nya fysik, av vilka vi upptäcker varje dag okända vägar, skulle se positivt på hyllningarna av en hjälte som denna gudomliga vetenskap är så mycket förpliktad. Jag minns att jag hörde denna perfekta vän säga att han hade haft äran att få mycket lärda och mycket skyldiga brev från Ers Majestät, som alltid uppskattade hans sällsynta blygsamhet i kombination med hans fulländade lärdom. De fördelaktiga lovord, som han vid olika möten gav till Era gudomliga egenskaper gjorde att jag från och med då för Er person uppfattade en respektfull tacksamhet och en oändlig aktning som jag har försökt visa vid alla de tillfällen då mina karaktärer fått Era lovord att lysa.
Och då jag fram till denna tid är i besittning av att trycka allt som har kommit från denne store filosof, liksom allt som här har framstått som ärofullt för Ers Majestät, kunde jag inte frigöra mig lyckligare från den ena och den andra plikten än att erbjuda Ers Majestät hans panegyrik. Jag skall fortfarande ha denna skyldighet gentemot monsieur Gassendi, även nu när han inte finns mer, för att jag har skaffat mig denna härliga fördel att visa min respekt för en drottning för vilken hela Lyon brinner; vars underbara ande de lärda avgudar, vars skicklighet i alla tapperhetsövningar de artiga beundrar, och vars skönhet alla människor inte tillräckligt kan begrunda den skönhet som lyser lika mycket på Er tron som i Era charmerande ögonen, där sötma, blandad med stränghet, inspirerar kärlek och vördnad tillsammans.
Om jag vågade sträva så högt att närma mig en prinsessa vars gynnsamma utseende kan göra de största kungarna lyckliga, skulle jag vara för härlig om Ni, med mina ögon på presenten jag erbjuder henne, accepterar den mycket ödmjuka försäkran jag ger för att vara allt mitt liv med djup respekt,
Madam,
Ers Majestäts
ödmjukaste, lydigaste och mest förbunden tjänare
Guillaume Barbier,
Konungens tryckare.
English translation (my own):
To the Most Serene Queen of Sweden.
Madame,
When we were given the happy news of Your Majesty's approach, I began to press this funeral harangue from Monsieur Gassendi, which I had just received from Provence. I first felt, to tell the truth, a very violent temptation to leave my work and join this prodigious crowd, which left by the door of the Rhône, on this evening there, as if Lyons, quite out of itself in this meeting, would have liked to testify the joy which transported it to the arrival of Your Majesty. But, finally, a more dominant passion, as it was more legitimate, prevailed over my curiosity and the design which my good genius suddenly inspired in me to devote this discourse to Your Majesty, made me overcome the extreme desire I would have to see you.
I thought that Your Majesty, who does not understand only the finest subtleties of the school, like ordinary philosophers, but who perfectly possesses the beautiful geometry and all the subtleties of these new physics, of which we discover every day unknown roads, would look favourably on the praises of a hero to whom this divine science is so much obliged. I remember having heard this perfect friend say that he had had the honour of receiving very learned and very obliged letters from Your Majesty, who always valued his rare modesty, combined with his consummate erudition. The advantageous praises which he gave in various meetings to your divine qualities made me from then on conceive for your person a respectful gratitude and an infinite esteem which I have tried to show on all the occasions when my characters have caused your praise to shine.
And as I am in possession up to this time of printing everything that has come from this great philosopher, like everything that has appeared glorious here to Your Majesty, I could not acquit myself more happily of the one and the other duty than in offering Your Majesty his panegyric. I will still have this obligation to Monsieur Gassendi, even now that he is no more, for having procured me this glorious advantage of paying my respects to a Queen for whom all Lyons is passionate; whose marvelous spirit the scholars adore, whose skill in all the exercises of gallantry the polite admire, and whose beauty all the people cannot sufficiently contemplate the beauty which shines as much on your throne as in those charming eyes, where sweetness, mixed with severity, inspires love and veneration together.
If I dared aspire so high as to approach a princess whose favourable looks can make the greatest kings happy, I would be too glorious if, casting my eyes on the present I offer her, you accept the very humble assistance I make to be all my life with deep respect,
Madame,
Your Majesty's
most humble, most obedient and most obliged servant
Guillaume Barbier,
Printer of the King.
Above: Kristina.
Above: Pierre Gassendi.
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