Sources:
Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899
Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on January 5, 1667.
The letter:
quarante deusiesme lestre
du 5 Janv. 1667 —
Vostre Vint neuifisme lestre du 11 du passe me donne a Conoistre Vostre impacience de recevoir les memoires de ma Vie Comme que ie Vous ay promise, et Ie suis au desespoir de navoir pas peu iusques icy Vous satisfaire, et Vous prie de Croire quil ny a que limpossibilite mesme qui men ayt peu empecher. mes indispositions et occupations Continuelles, l'estre tous les iours accable de cent importuns de lun et de laustre sexe qui me font la Cour, et sur tout mes Chagrins mont rendu inCapables iusques icy de Vous satisfaire. a tout Cela Jl faut adiouster la Cruaute de lhiver insupportable Car a lheure que ie Vous escris Jl faut tenir lancre Continuellement aupres de feu pour lempecher de se glasser. mes dois me sont si geles que ie ne sauray tenir la plusme et en verite ie Crois que tout gele iusqves a lesprit en ce pays, quon peut dire maudit de dieu en toutte les manieres. le froit a augmente ma douleur de Coste dune maniere quelle me devient Casi insupportable. lon ny Voit pourtan auCune marque exterieure la Chair en cette endroit a sa Couleur ordinaire et naturelle Comme dan tout le reste Corps. il ny a ausi pas denfleure ny rien austre si non que ie sans beaucoup de douleur en y mestant la main. le lait ma soulage pour quelque iours mais Cela na pas dure et a present le mal est plus fort que iamais. ie suis ausi tourmente par des douleurs de teste et des migraines si frequantes que ie nay iamais endure de choses semblables inCommodités, et Jl ne passe pas de semaines que ie nen sois trois ou quattre iours incommode. pour la petitte biere elle mest a prasent autan en aversion que la grande, et ien bois plus depuis deux moix. Je boix leau Canelle qui me plaist et ne meschauffe plus puisquon la fait toutte pasle et peu Chargee et iay cette obligation a lhiver de boir a la glasse, ce qui estonne les gens du pays, du dernier estonnement, ausi bien que de Voir que ie porte la teste toutte neue et Vis dans vne Chambre ou Jl ny a pas de poille, et que ie ne porte iamais de foureure, et que ie dors dans vne Chambre ou Jl n'entre iamais du feu, mais Jl mest impossible de suffrir les Estuves, ny les foureures, et tous Ceux de ma maison sont de mon pareur, excepte le seul marquis de mallaspine qui a Commance a s'accoustumer aux estuves.
pour les Expositions du S. Sacrement Jl se fait ausi souvent que le temps et les Circonstances du lieu de permettent, et on Continuera tousiour de mesme. les Jesuites de ce pays sont vieux, paresseux froits, Comme le Climat, les pauvres Catoliques sont mal servis, et Jl ne peuvent suffrir que daustres prestre y viennet. les miens son inhabiles parce quils nont pas les langes du pays qui sont le famansois et l'alleman. Je tacheray dy pourvoir a mon depart. Je tiens quil nest pas impossible que cette vile accorde vne Eglise Catolique, mais Je ne Vous en parle pas car ie ne suis pas en estat de faire la depanse requise pour Cela, et Croiez moy que pour faire quelle Chose de Gran Et de bon en ses matieres, largent y fera plus que tout les oraisons de la bonne mort. neamoins en exposant le St. Sacrement Je ne saurois me resoudre davoir austre intention que celle de ladorer, et ne luy demanderay iamais austre grace que celle de le servir et de luy plaire iusques a la mort, aiant beaucoup dindifference et toutte la resignation quil faut avoir pour tout le reste.
Je vous envoy vne lestre de lionne qui deveroit Vous avoir este envoye par mes presedentes et a este oublie par ma faute dont ie Vous demande pardon.
Je vous envoy ausi les lestres dadamy et ma reponse quel que difficulte qui se puisse presenter, Jespere de venir a bout de tout, si se nest plus tost au moins lorsque ie seray en Suede, mais iespere de Vaincre tout avan ce temps la
Jl ny a ycy rien de nouveaux qui meritte de Vous estre escrit et le froit est si gran quil mest impossible de faire ma lestre plus longe adieu.
faites mes Compliments a tout nos amis et remerciez les du souvenir quil ont de moy les asseurent que mon amitie leur est acquise pour iamais. enCore vne fois adieu
With modernised spelling:
Quarante-deuxième lettre
du 5 janvier 1667
Votre vingt-neuvième lettre, du 11 du passé, me donne à connaître votre impatience de recevoir les Mémoires de ma Vie, que je vous ai promis, et je suis au désespoir de n'avoir pas pu jusqu'ici vous satisfaire, et vous prie de croire qu'il n'y a que l'impossibilité même qui m'en ait pu empêcher. Mes indispositions et occupations continuelles, l'être tous les jours accablée de cent importuns, de l'un et de l'autre sexe, qui me font la cour, et surtout mes chagrins m'ont rendue incapable jusqu'ici de vous satisfaire. A tout cela il faut ajouter la cruauté de l'hiver insupportable, car à l'heure que je vous écris il faut tenir l'encre continuellement auprès de feu pour l'empêcher de se glacer. Mes doigts me sont si gelés que je ne saurais tenir la plume, et, en vérité, je crois que toute gèle, jusqu'à l'esprit, en ce pays qu'on peut dire maudit de Dieu en toutes les manières. Le froid a augmenté ma douleur de côté d'une manière qu'elle me devient quasi insupportable. L'on n'y voit pourtant aucune marque extérieure; la chair en cet endroit a sa couleur ordinaire et naturelle, comme dans tout le reste du corps. Il n'y a aussi pas d'enflure, ni rien d'autre, sinon que je sens beaucoup de douleur en y mettant la main. Le lait m'a soulagée pour quelques jours, mais cela n'a pas duré, et à présent le mal est plus fort que jamais. Je suis aussi tourmentée par des douleurs de têtes et des migraines si fréquentes, que je n'ai jamais enduré de semblables incommodités, et il ne passe pas de semaine que je n'en sois trois ou quatre jours incommodée. Pour la petite bière, elle m'est à présent autant en aversion que la grande, et je n'en bois plus depuis deux mois. Je bois l'eau de cannelle qui me plaît et ne m'échauffe plus, puisqu'on la fait toutes pâle et peu chargée; et j'ai cette obligation à l'hiver de boire à la glace, ce qui étonne les gens du pays du dernier étonnement, aussi bien que de voir que je porte la tête toute nue et vis dans une chambre où il n'y a pas de poêle, que je ne porte jamais de fourrure, et que je dors dans une chambre où il n'entre jamais du feu; mais il m'est impossible de souffrir les étuves ni les fourrures, et tous ceux de ma maison sont de mon pareur, excepté le seul marquis de Malaspina, qui a commencé à s'accoutumer aux étuves.
Pour les expositions du S. Sacrement, il se fait aussi souvent que le temps et les circonstances du lieu de permettent, et on continuera toujours de même. Les jésuites de ce pays sont vieux, paresseux, froids comme le climat; les pauvres catholiques sont mal servis, et ils ne peuvent souffrir que d'autres prêtres y viennent. Les miens sont inhabiles, parce qu'ils n'ont pas les langues du pays, qui sont le famansois et l'allemand. Je tâcherai d'y pourvoir à mon départ. Je tiens qu'il n'est pas impossible que cette ville accorde une église catholique, mais je ne vous en parle pas, car je ne suis pas en état de faire la dépense requise pour cela; et croyez-moi que, pour faire quelque chose de grand et de bon en ces matières, l'argent y fera plus que toutes les oraisons de la bonne mort. Néanmoins, en exposant le S. Sacrement, je ne saurais me résoudre d'avoir autre intention que celle de l'adorer, et ne lui demanderai jamais autre grâce que celle de le servir et de lui plaire jusqu'à la mort, ayant beaucoup d'indifférence et toute la résignation qu'il faut avoir pour tout le reste.
Je vous envoie une lettre de Lionne, qui devrait vous avoir été envoyée par mes précédentes et a été oubliée par ma faute, dont je vous demande pardon.
Je vous envoie aussi les lettres d'Adami et ma réponse. Quelque difficulté qui se puisse présenter, j'espère de venir à bout de tout, si ce n'est plus tôt, au moins lorsque je serai en Suède; mais j'espère de vaincre tout avant ce temps-là.
Il n'y a ici rien de nouveau qui mérite de vous être écrit, et le froid est si grand qu'il m'est impossible de faire ma lettre plus longue. Adieu.
Faites mes compliments à tous nos amis et remerciez-les du souvenir qu'ils ont de moi, les assurant que mon amitié leur est acquise pour jamais. Encore une fois, adieu.
Swedish translation (my own):
Hamburg den 5 januari 1667
Ert tjugonionde brev, daterat den 11:e i det sista månad, låter mig känna till Er otålighet att få mina Levnadsminnen, som jag har lovat Er, och jag är förtvivlad över att inte ha kunnat tillfredsställa Er, och jag ber Er att tro att det bara var den omöjlighet som kunde ha hindrat mig från att göra det. Mina ständiga opassligheter och yrken, det att jag överväldigas varje dag av hundra påträngande människor, av båda könen, som gör mig deras kur, och särskilt mina sorger har hittills gjort mig oförmögen att tillfredsställa Er. Till allt detta måste läggas grymheten i den outhärdliga vintern, för när man skriver detta måste man hålla bläcket ständigt nära elden för att förhindra att det fryser. Mina fingrar är så frusna att jag inte kunde hålla pennan, och i sanning tror jag att allt fryser, även andan, i detta land som man kan säga är förbannat av Gud på alla sätt. Kylan har ökat min smärta åt sidan så att den blir nästan outhärdlig för mig. Ändå ses inget yttre märke; köttet här har sin vanliga och naturliga färg, som hos resten av kroppen. Det finns inte heller någon svullnad, inget annat än att jag känner mycket smärta när jag lägger handen på den. Mjölken lindrade mig i några dagar, men det varade inte, och nu är smärtan starkare än någonsin. Jag plågas också av huvudvärk och migrän så ofta att jag aldrig har utsatts för sådana olägenheter, och det går inte en vecka förbi att jag inte er något opasslig i tre eller fyra dagar. Jag ogillar den svagdrickan nu lika mycket som den starka, och jag har inte druckit den i två månader. Jag dricker kanelvattnet, som glädjer mig och hetar mig inte mer upp, eftersom allt är blekt och lätt chargé; och jag har denna skyldighet på vintern att dricka is, vilket förvånar lokalbefolkningen med den största förvåningen, liksom när de ser att jag bär mitt huvud nakent och bor i ett rum där det inte finns något ingen spis, att jag aldrig bär päls och att jag sover i en kammare där det aldrig finns eld; men det är omöjligt för mig att stå ut med kaminerna eller pälsarna, och alla som är i mitt hus är av min åsikt, utom allenast den markisen de Malaspina, som har börjat vänja sig vid kaminerna.
För utställningar av det heliga Sakramentet, görs det så ofta som tiden och platsens omständigheter tillåter det, och vi skall alltid fortsätta på samma sätt. Jesuiterna i detta land är gamla, lata, kalla som klimatet; de stackars katolikerna är dåligt betjänade och de kan inte tåla att andra präster kommer dit. Mina är oförmogna eftersom de inte har landets språk, som är flämska och tyska. Jag kommer att försöka försörja det när jag går. Jag anser att det inte är omöjligt att denna stad beviljar en katolsk kyrka, men jag talar inte med Er om det, ty jag har inte tillstånd att göra de nödvändiga utgifterna för det; och tro mig att, för att göra något stort och gott i dessa frågor, kommer pengar att göra mer än alla böner om den goda döden. Ändå kunde jag, när jag framför det heliga Sakramentet, inte få mig till att ha någon annan avsikt än att tillbedja det, och jag kommer aldrig att be om någon annan nåd än att tjäna och behaga det förrän döden har mycket att göra, med det likgiltighet och all avgång man måste ha för allt annat.
Jag sänder ett brev från de Lionne till Er, som borde ha skickats till Er med mina tidigare brev och glömts bort av mitt fel, för vilket jag ber om ursäkt.
Jag sänder Er också Adamis brev och mitt svar. Oavsett vilken svårighet som uppstår, hoppas jag kunna övervinna allt, om inte tidigare, åtminstone när jag är i Sverige; men jag hoppas kunna erövra allt innan dess.
Det finns inget nytt här som förtjänar att skrivas till Er, och kylan är så stor att det är omöjligt för mig att göra mitt brev längre. Farväl.
Giv alla våra vänner mina komplimanger och tacka dem för att de har kommit ihåg mig, och försäkra dem att min vänskap är hos dem för alltid. Återigen farväl.
English translation (my own):
Hamburg, January 5, 1667.
Your twenty-ninth letter, dated the 11th of last month, lets me know of your impatience to receive the memoirs of my life, which I have promised you, and I am in despair at not having been able to satisfy you, and I beg you to believe that it was only the very impossibility that could have prevented me from doing so. My continual indispositions and occupations, being overwhelmed every day by a hundred intrusive people of both sexes who court me, and especially my sorrows have so far rendered me incapable of satisfying you. To all this must be added the cruelty of the unbearable winter, because at the time of this writing one must keep the ink continually near the fire to prevent it from freezing. My fingers are so frozen that I could not hold the plume, and, in truth, I believe that everything freezes, even the spirit, in this country which one can say is cursed by God in every way. The cold has increased the pain in my side in a way that has made it almost unbearable to me. However, one does not see any external mark there; the flesh here has its ordinary and natural colour, as in all the rest of the body. There is also no swelling, or anything else, other than that I feel a lot of pain when I put my hand on it. The milk relieved me for a few days, but it didn't last, and now the pain is stronger than ever. I am also tormented by headaches and migraines so frequent that I have never endured such inconveniences, and not a week goes by that I am not three or four days indisposed. I dislike the small beer now as much as the large one, and I haven't been drinking it for two months. I am drinking the cinnamon water, which pleases me and does not heat me up any more, since it is all made pale and lightly loaded; and I have this obligation in the winter to drink ice, which amazes the locals with the greatest astonishment, as well as to see that I wear my head bare and live in a room where there is no stove, that I never wear fur, and that I sleep in a room where there is never a fire; but it is impossible for me to bear with the stoves or the furs, and all those in my house are of my opinion, except only the Marquis de Malaspina, who has begun to get used to the stoves.
For exhibitions of the Holy Sacrament, it is done as often as time and the circumstances of the place allow, and we shall always continue in the same way. The Jesuits of this country are old, lazy, cold as the climate; the poor Catholics are poorly served, and they cannot tolerate other priests coming there. Mine are incompetent, because they do not have the languages of the country, which are Flemish and German. I will try to provide for it when I leave. I hold that it is not impossible that this city grants a Catholic church, but I am not speaking to you about it, because I am not in a condition to make the necessary expenditure for it; and believe me that, in order to do something great and good in these matters, money will do more than all the prayers for a good death. Nevertheless, in exposing the Holy Sacrament, I could not bring myself to have any other intention than that of adoring it, and I will never ask for any other grace than that of serving and pleasing it until death, having much indifference and all the resignation one must have for everything else.
I am sending you a letter from de Lionne, which should have been sent to you with my previous letters and was forgotten by my fault, for which I beg your pardon.
I am also sending you Adami's letters and my reply. Whatever difficulty may arise, I hope to overcome everything, if not sooner, at least when I am in Sweden; but I hope to conquer everything before then.
There is nothing new here that deserves to be written to you, and the cold is so great that it is impossible for me to make my letter longer. Farewell.
Give my compliments to all of our friends and thank them for remembering me, assuring them that my friendship is with them forever. Once more, farewell.
Above: Kristina.
Above: Cardinal Decio Azzolino.
Notes: étuves = stoves; from Italian stufe.
pareur = opinion, view; from Italian parere.
It must be said that Kristina was taking care of herself/himself/themself in a rather strange way. She/he/they hardly ever went out and spent most of the day reading or writing in a room without a fire. Her/his/their visitors only stayed with her/him/them for a short time, unable to bear to remain bareheaded in a large, unheated room. On the other hand, in the evening, Kristina would gladly start reading near the fire. — The milk cure, which she/he/they began a few days later, was carried out in a very special way. The first day Kristina drank ten glasses of it — and, not having felt well at night, she/he/they stuck to this first attempt.
Kristina wrote "famansois" in place of "flamand". She/he/they could very well call "Flemish" Dutch, which was then in widespread use in Hamburg for business and which came very close to the Plattdeutsch dialect, generally spoken in families. — There was also in Hamburg a strong immigration from the Catholic Netherlands.
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