Saturday, September 11, 2021

Kristina's letter to Azzolino, dated January 23/February 2 (New Style), 1667

Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899






Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on January 23/February 2 (New Style), 1667.

The letter:

quarante sixsiesme
lestre du 2 febr. 1667
Jay Commence ma derniere en Vous tesmoingant mon inquietude pour nostre Jmperiali, et Je ne Vous ceheray pas que iay ouvert Vostre trente troissiesme lestre du 8 du passe en tremblent pour luy, mais ausi ma ioye a este grande en apprenent sa gerison, et le soin quil a de se souvenir de moy ausi bien que tous nos austres amis a qui ie suis tres oblige et leur rens fidellement amitie pour amitie Vous priant de les en assurer et de tesmoinger particulierement a Jmperiali linterest que ie prans a sa Conservation.

pour Vous parler de la mienne Je nay rien de nouveau. ie Continue dans le mesme estat, et fais ce que ie peux pour me maintenir. quelque froit que Vous Voulez a Romme Celluy que nous suffrons icy et ie Vous asseure quil fait plus fort dans ma Chambre daudience quil ne fait dan la place Navonne a lheure que ie Vous parle et cest Vous dire vne Verite sens exageration, et ce froit mestent très Contraire ie nespere pas destre mieux devant le printemps. lexcercise du Volant mest tres agreable et utile et Vos speculations me le rendent enCore plus agreable et ne manqueray pas de le Continuer Comme Vous souhaittez. Cepandant Jl est Certain que touts maux son de la ratte mais Je doutte si laẏr de Rome m'en gerira et Je pense que Vous nignorez pas pourquoy ien doutte.

Je suis ravi de Voir se que Vous me dittes sur la lestre que iay escrit au roy de france. on est trop heureux quan on a quelque part en Vostre appropation est en Vostre estime en escrivant celle a Mr. de lionne, iay Considere la facilite quil y a de tout imprimer en france, mais Je ne men susẏe pas outre que ie suis persuade que devan que cela Arive Je ne seray plus au monde, et mesme quant iy seray ie men Consoleray, Car Je ne sauray Craindre Ceux que ie nestime pas.

Cest depuis vn fort long temps que les Couriers de Suede ne Vienne plus, et Jen suis fort en paine le passage du belt est si dangereux et difficile en cette saison quil ne sen faut pas estonner. attens auec grande impacience des lestre d'Adamy pour Voir ce quil aura fait et pour Voir de quelle maniere on aura prix le bruit que iay fait Courir de mon arrivee. Vous raisonne for bien sur tout Ce qui se passe en Suede, et nos sentiments Convienne fort. Vous Vous trompez seullement a Croire quon ne Voudra pas me laisser sortir de Suede, Car lon ne peut my arrester quen me donnant la liberte de Consience et lexcercise de la religion et on ne me le donnera iamais, si vne diette ne me le donne, mais ie ne sai ce qui arrivera Car Je suis enCore en doutte si ie Voudrois my trouver ou non, ayant des fortes et grandes raisons dun Coste et daustre et ie ne me suis pas enCore determinee. ie ne manqueray pas de Vous faire part de mes resolutions quant ie les aures prise.

Si le Concors des Suedois Vous donne de la Joye, Jl fait enrager Ceux qvi governe on men fait vn Crime et on se plaint du bon acceul que ie leur fais. disent que ie les Charme touts et que ie les rens rebelles et infidelles au roy leur Maistre, et Jls en ont tan de ialousie que cela leur fait enrager sur tout les amities que Vrangel me fait leur font desesperer. Jugez si lon Voudra que ie demeure en Suede, pour mes amis que iy demeure ou que ien sorte Je say segret de les Conserver, et le present gouvernement y travalliera puisament pour moy Car leur procedes macquiet plus damys et me les Conservera plus que touts mes soins.

Je vous envoy la lestre de change ordinaire. Je Vous envoy ma derniere reponse a de lionne. Je suis ravẏe du soin que le pape pren de la dignite de Vous austre; ie Voudrois quon fitt tout ce qui se doit faire. touts ce que Vous me Confiez demeurera segret, mais daustres lestres que les miennes on parle de la Congregation, et du mariage de la soeur du prince Pamfile avec Gravina. Je Vous dis cela afin que Vous ne maccusiez pas davoir publie Vos segrets. pour la liste des Cardl qui son de la Congregation elle ne se saura pas Car ie Crois quon ne la sait pas. ycy il ny a rien de nouveau qui merite de Vous estre escrit.

Je sui a Vous de la maniere de tousiours adieu

P. S. 2 fevr 1667
Joubliois de Vous parler dans ma lestre des tableaux que Vous me proposez, du feu Carlo Jmperiali. si Vous les Voulez acheter Je Vous prie de me le faire savoir Car Je travallieray pour trouver de largent pour cela, san troubler nos austres affaires. sil estoit permis de chosir les meillieurs cela seroit enCore mieux, mais ie me remets entierement a vous. on Vous envoye la lestre pour don Mario quoy que ie nay pas receu la sienne, et pour D. Berenice ausi.

With modernised spelling:

Hambourg, 2 février 1667.
J'ai commencé ma dernière en vous témoignant mon inquiétude pour notre Imperiali, et je ne vous cacherai pas que j'ai ouvert votre trente-troisième lettre du 8 du passé en tremblant pour lui; mais aussi ma joie a été grande en apprenant sa guérison, et le soin qu'il a de se souvenir de moi, aussi bien que tous nos autres amis, à qui je suis très obligée et leur rends fidèlement amitié pour amitié, vous priant de les en assurer et de témoigner particulièrement à Imperiali l'intérêt que je prends à sa conservation.

Pour vous parler de la mienne, je n'ai rien de nouveau. Je continue dans le même état et fais ce que je peux pour me maintenir. Quelque froid que vous voulez à Rome, celui que nous souffrons ici est [tel], je vous assure, qu'il ne fait dans la place Navonne à l'heure que je vous parle, et c'est vous dire une vérité sans exagération, et ce froid m'étant très contraire, je n'espère pas d'être mieux avant le printemps. L'exercice du volant m'est très agréable et utile, et vos spéculations me le rendent encore plus agréable, et [je] ne manquerai pas de le continuer, comme vous souhaitez. Cependant il est certain que tous [les] maux sont de la rate, mais je doute si l'air de Rome m'en guérira, et je pense que vous n'ignorez pas pourquoi j'en doute.

Je suis ravie de voir ce que vous me dites sur la lettre que j'ai écrite au roi de France. On est trop heureux quand on a quelque part en votre approbation et en votre estime. En écrivant celle à Lionne, j'ai considéré la facilité qu'il y a de tout imprimer en France; mais je ne m'en soucie pas, outre que je suis persuadée qu'avant que cela [n']arrive, je ne serai plus au monde, et même quand j'y serais, je m'en consolerais, car je ne saurais craindre ceux que je n'estime pas.

C'est depuis un fort long temps que les courriers de Suède ne viennent plus, en j'en suis fort en peine. Le passage du Belt est si dangereux et difficile en cette saison, qu'il ne s'en faut pas étonner. J'attends avec grande impatience des lettres d'Adami, pour voir ce qu'il aura fait et pour voir de quelle manière on aura pris le bruit que j'ai fait courir de mon arrivée. Vous raisonnez fort bien sur tout ce qui se passe en Suède, et nos sentiments conviennent fort. Vous vous trompez seulement à croire qu'on ne voudra pas me laisser sortir de la Suède; car l'on ne peut m'y arrêter qu'en me donnant la liberté de conscience et l'exercice de la religion, et on ne me le donnera jamais si une Diète ne me le donne; mais je ne sais ce qui arrivera, car je suis encore en doute si je voudrais m'y trouver ou non, ayant des fortes et grandes raisons pour un côté et l'autre, et je ne me suis encore déterminée. Je ne manquerai pas de vous faire part de mes résolutions, quand je les aurais prises.

Si le concours des Suédois vous donne de la joie, il fait enrager ceux qui gouvernent: on m'en fait un crime, et on se plaint du bon accueil que je leur fais. Ils disent que je les charme tous et que je les rends rebelles et infidèles au Roi leur maître, et ils en ont tant de jalousie que cela les fait enrager; surtout les amitiés que Wrangel me fait les font désespérer. Jugez si l'on voudra que je demeure en Suède! — Pour mes amis, que j'y demeure ou que j'en sorte, je sais [le] secret de les conserver, et le présent gouvernement y travaillera puissament pour moi, car leur procédé m'acquiert plus d'amis et me les conservera plus que tous mes soins.

Je vous envoie la lettre de change ordinaire. — Je vous envoie ma dernière réponse à de Lionne. Je suis ravie du soin que le pape prend de la dignité de vous autres: je voudrais qu'on fit tout ce qui se doit faire. Tout ce que vous me confiez demeurera secret, mais d'autres lettres que les miennes ont parlé de la congrégation et du mariage de la sœur du prince Pamphili avec Gravina. Je vous dis cela afin que vous ne m'accusiez pas d'avoir publié vos secrets. Pour la liste des cardinaux qui sont de la congrégation, elle ne se saura pas; car je crois qu'on ne la sait pas. Ici il n'y a rien de nouveau qui mérite de vous être écrit.

Je suis à vous de la manière de toujours. Adieu.

P. S. (2 février 1667). — J'oubliais de vous parler dans ma lettre des tableaux, que vous me proposez, du feu Carlo Imperiali. Si vous les voulez acheter, je vous prie de me le faire savoir: car je travaillerai pour trouver de l'argent pour cela, sans troubler nos autres affaires. S'il était permis de choisir les meilleurs, cela serait encore mieux, mais je me remets entièrement à vous. On vous envoie la lettre pour don Mario, quoique je n'aie pas reçu la sienne, et pour D. Berenice aussi.

English translation (my own):

46th letter from [Hamburg],
February 2, 1667.
I started my last letter by showing you my concern for our Imperiali, and I will not hide from you that I opened your thirty-third letter of the 8 of last month while trembling for him; but also my joy was great in learning of his healing, and the care he took to remember me, as well as all our other friends, to whom I am very obliged and beg them faithfully for friendship, begging you to assure them of this and to express particularly to Imperiali the interest I take in his preservation.

To tell you about mine, I have nothing new. I continue in the same state and do what I can to maintain myself. Whatever cold you want in Rome, the one we are suffering here is such, I assure you, that it does not get in Piazza Navona as I speak to you, and that is to tell you the truth without exaggeration, and this cold being very contrary to me; I do not hope to be better before spring. The practice of driving is very enjoyable and useful to me, and your speculations make it even more enjoyable to me, and I will not fail to continue it, as you wish. However, it is certain that all ailments are of the spleen, but I doubt whether the air of Rome will cure me of it, and I think you are not unaware of why I doubt it.

I am delighted to see what you tell me about the letter I wrote to the King of France. One is too happy when one has something in your approval and in your esteem. In writing this one to Monsieur de Lionne, I considered how easy it is to print everything in France; but I do not care, apart from being convinced that before that happens, I will no longer be in the world, and even when I am there, I would be consoled, because I could not fear those that I don't value.

It has been a long time since couriers from Sweden have stopped coming, and I am very much in pain. The passage of the Belt is so dangerous and difficult in this season that it is not surprising. I await with great impatience the letters from Adami to see what he will have done and to see how one will have taken the rumour that I have spread of my arrival. You reason very well about everything that is going on in Sweden, and our feelings are very suitable. You are only mistaken in believing that they will not want to let me out of Sweden, for I can only be stopped there by them giving me freedom of conscience and the exercise of religion, and I will never be given it if a Riksdag does not give it to me; but I do not know what will happen because I am still in doubt whether I would like to be there or not, having strong and great reasons for one side and the other, and I have not yet determined it myself. I will not fail to share my resolutions with you when I have taken them.

If the concourse of the Swedes gives you joy, it infuriates those who govern; they make it a crime of me, and they complain about the good reception I'm giving them. They say that I charm them all and that I make them rebellious and unfaithful to the King their master; and they have so much jealousy that it infuriates them, the friendships that Wrangel makes me especially put them in despair. Judge if they will want me to stay in Sweden! — As for my friends, whether I live there or leave, I know the secret of keeping them, and the present government will work powerfully for me, because their process acquires me more friends and will keep them for me more that all my care.

I send you the ordinary bill of exchange. — I am sending you my last reply to Monsieur de Lionne. I am delighted with the care the Pope takes of your dignity; I want us to do everything that needs to be done. Everything you tell me will remain secret, but letters other than mine have spoken of the congregation and the marriage of Prince Pamphili's sister to Gravina. I am telling you this so that you will not accuse me of having published your secrets. As to the list of cardinals who are in the congregation, she will not know because I think we don't know it. There is nothing new here that deserves to be written to you.

I am yours the way I always have been. Farewell.

P. S. (February 2, 1667). — I forgot to tell you in my letter about the paintings you are offering me of the late Carlo Imperiali. If you want to buy them, please let me know, because I will work to find money for it without disturbing our other affairs. If it were allowed to choose the best, it would be even better, but I put myself entirely in your hands. One sends you the letter for Don Mario, although I have not received his, and for Donna Berenice as well.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.

Notes: The negligence with which this letter is written can be explained by the migraine and the black humour from which Kristina was suffering.

Piazza Navona was, in Kristina's time, one of the rendezvous of the elegant world in Rome.

"The concourse of the Swedes" = the visits made by Swedish lords to Kristina. An audience at her/his/their house was, of course, a much sought-after distraction by officers from Wrangel's corps, encamped not far from Hamburg.

Kristina's letter to de Lionne, dated January 22, 1667, was printed by Arckenholtz in volume 3, page 273 of his four-volume series on Kristina's life.

Mario and Berenice were the brother and sister-in-law of Pope Alexander VII.

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