Tuesday, April 23, 2024

Manuscript edition (Montpellier): Kristina's parents, birth and infancy (chapter 4 of the 1681 autobiography)

Sources:

Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Papiers de Christine de Suède, complément; Papiers de Christine de Suède, complément II; Rédactions diverses; Naissance et mort de la religion catholique en Suède, [s. d.] (digitisation pages 133v-134r to 139v-140r)


Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Papiers de Christine de Suède, complément II, : , 1601-1700.

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Copyright SCDI-UPV - Collections Université de Montpellier (shelfmark H 258 and shelfmark H 258 bis 2).

Compare with the version published by Arckenholtz in 1759 (closer to the Riksarkivet version):










Above: Kristina.

Manuscript copy transcript of the letter/first chapter (Montpellier; Andreas Galdenblad's transcript; with Kristina's handwriting in italics):

Cap. 4.
Ce fust d'un Si grand homme et d'un Si grand Roy que Vous auez uoulu me faire naistre. Ce fust d'une Si Auguste maison que Vous auez uoulu tirer mon Origine. Ce fust Sur une Si braue et Triomphante nation que Vous auez uoulu me faire regner mais La Suite de cet[te] histoire fera uoir que c'estoient les moindres faueurs, et des graces dont Vous m'auez combleés. Ce fust Le Roy mon pere espousa lanne 1618 la Princesse Electorale Marie Eleonore de Brandebourg fille aisnée de L'Electeur de ce nom, que le Roy mon Pere espousa, parce qu'en ce temps lā c'estoit le party le plus digne de Luy parmy les Princes Protestants, au quel le malheur de Sa naissance attachoit Son choix, et l'alliance de ce Prince Luy estoit de quelque consideration pour la guerre qu'il auoit alors auec la Pologne. Cette Princesse qui avoit une beauté qui estoit accompagnée de touttes les bonnes qualitéz de Son Sexe, uescut auec le Roy dans une union assez douce a laquelle rien ne manquoit Si non la Succession; La Reine ma Mere n'ayant donné qu'un fils et une fille au monde qui estoient morts peu de temps apres leur naissance, Ce fust ce qui rendit la mienne Si importante. Le Roy obtient enfin ce qu'il avoit Si fort desiré dans un Voyage qu'il fist en finlande où la Reine Se trouua grosse de moy dans Åbo, ce qui leur donna a tous les deux une fausse joye, puis qu'ils Se persuaderent que l'Enfant estoit masle. La Reine ma Mere m'a asseuré que tous les Signes la tromperent et luy persuaderent que ie l'estois. Elle eust des Songes qu'Elle croyoit misterieux et mon Pere en eust aussi qui leur presagerent la future grandeur de leur enfant. Les Diuins et les Astrologues qui Sont tousjours prests a flatter les Princes, les asseurerent que la Reine estoit enceinte d'un masle, enfin on Se flatta, on espera, et on arriua jusques au terme que Vous Seigneur auez prescrit a tous ceux qui entrent dans la vie. La Cour estoit alors de retour a Stockholme, Le Roy y estoit aussi; mais il estoit considerablement malade, et des Astrologues qui Se trouuerent present[s] a ma naissance asseurerent unanimement que le point de ma naissance qu'ils uoyoient approcher, estoit tel qu'il estoit impossible qu'il ne coustast la vie ou au Roy, ou a la Reine, ou a l'Enfant. Jls asseurerent aussi que Si l'Enfant pouuoit Suruiure les 24. heures, il Seroit quelque chose de fort grand. C'est dans une Si terribles constitution des Astres que ie uiens au monde l'année 1626 le 18 Decemb. vne heure deuant minuict. Jl faut remarquer que le Roy Gustaue le Grand mon Pere estoit néz le 19. du mesme mois, de Sorte qu'il n'y eust que peu d'heures de difference entre le point de nostre naissance; de plus ce qu'il y a d'admirable est que nous auons tous deux le Soleil, Venus, Mercure et Mars dans les mesmes Signes et degrez ce qui est une obseruation assez curieuse, et un accident tres rare qu'on ne manqua pas de faire de rema[r]que[r] de[s] lors. Je naquis Sous l'ascendant du coeur du Lion et dans le point de la nouuelle Lune. C'est le fatal moment dans lequel Vous auiez ordonné depuis toutte l'eternité ma naissance. Je nasquis coiffeé + depuis la teste jusquaux genoux, n'ayant que le uisage, les bras et les jambes libres, Ce qui fist a croire aux femmes occupées a me receuoir que i'estois un masle: Ce bruit remplit tout le Palais d'une fausse joye qui abusa le Roy mesme pour quelques heures; outre l'esperance et le desir qui aiderent a tromper tout le monde, ce fust encore une espece de rugissement Jmperieux et extr[a]o[r]dinaire dune voy grosse que ie fis entendre de le moment que ie fust Sortie du uentre de ma Mere; mais ce fust un grand embaras pour les femmes quand elles S'apparceurent de leur erreur. On estoit en peine comment desabuser le Roy, mais on resolut de le laisser dans cet aggreable erreur jusques au lendemain. Le lendemain Quant il fust question de le desabuser; La Princesse Sa Soeur prist cette commission. Elle me porta entre Ses bras, quoy qu'il faisoit un froid horrible, en estat de me faire uoir au Roy et de Luy faire connoistre ce qu'Elle n'osoit Luy dire. Apres m'auoir couché Sur Son lict, Elle donna au Roy le moyen de Se desabuser Luy mesme. Ce grand Prince n'en tesmoigna aucune Surprise, Jl me prist entre Ses bras, me baisa et me fist un accüeil aussi fauorable comme S'il n'eust pas esté trompé dans Son attente. Jl dit a la Princesse, «Remercions Dieu ma Soeur, Je Scay de bonne part que cette fille me vaudra bien un garçon; Je prie Dieu qu'il me la conserue puisqu'il me l'a donneé. Je ne Souhaitte rien de plus, Car ie Suis content.» Jl ordonna qu'on celebrast ma naissance par les coups de Canon de la tour de la Ville, des uaissaux et du port, et que toutte la Ville fust en feu et rejouissance comme Si on auoit eu un uray masle. La Princesse pour Luy faire Sa Cour voulut le flatter qu'il estoit encore jeune, que la Reine l'estoit aussi, et qu'Elle Luy donneroit bientost un garson: mais le Roy Luy respondit, «ma Soeur ie Suis content, Je prie Dieu qu'il me la conserue»; aprés cela il me baisa, et me renuoya auec Sa benediction. et Jl parut Si content qu'il estonna tout le monde mais Jl fust ausi grand en cett' occasion, comme en touttes celles de Sa Vie. Cependant on tarda de desabuser ma Mere, jusques a ce qu'Elle fust en estat de Souffrir un tel deboire. On me Baptisa au plustost et on me donna le Nom de Christine au[x] S. fond[s]. le ministre luterien qui me Ba[p]tisa qui estoit le grandt aumonier du Roy me fist mar[q]ua le front Le signe du signe de la St. Croix auec leau du bastéme, et menrola san sauoir ce quil fist faisoit dans Vostre Milice des ce moment heureux Car Jl est certain que ce quil fist estoit contre lusage ordinaire des luteriens on luy en fist vn[e] affaire Comme dune supers[t]ition [...] et il sen defendit tira auec paine tout ce que i'escris ie le Scay de l'ay Sceu de la bouche de la Reine ma Mere, et de celle de la Princesse Catarine ma tante qui me l'ont conté Cent fois ainsi. Dès que ie nasquis Je donnois vn Solennel demanty aux Astrologues et Diuins Car a leur barbe, Car ie me portois bien. Le Roy guerit et la Reine ma Mere aussi. Le Roy disoit de moy en riant, «Elle ua estre habile, Car Elle nous a tous trompés.» La Reine ma Mere qui auoit touttes les foiblesses aussi bien que touttes les uertus de Son Sexe, estoit inconsolable, Elle ne pouuoit me Souffrir. touttes les prieres du Roy ne pouuoient m'obtenir le pardon, a peine toutte Son authorité peut l'obtenir; mais il prist enfin mon party d'une telle maniere qu'il fist connoistre qu'il uouloit estre obey. La Reine ne me pouuoit Souffrir parce qu'Elle disoit que j'estois laide, et Elle n'auoit pas grant tort Car Jestois basanee Comme une pettitte Maure, mais apres que ie fus devenue vn peu plus grande Je commençois peu a peu a Ressembler Si fort a mon Pere qu'Elle commenca aussi de m'aimer. Mon Pere m'aimoit d'une maniere extraordinaire et tendre, et ie respondois aussi a Son amitié auec une tendresse qui Surpassoit mon age, ne pouuant non plus Souffrir ma Mere, et il Sembloit que ie connoissois les differences de leurs merites et de leur Sentiments, et que ie Commencay de rendre justice par eux des le berceau: On me uoyoit riante et tranquille entre les bras du Roy, mais on ne povvoit me consoler quand j'estois entre les bras de la Reine. Ce recit paroistera aux lecteurs comme a moy mesme des bagatelles, mais on me force a le dire; et que peut on dire d'un enfant qui naist, quand on est forcé d'en parler pour le faire connoistre? Jl arriua peu des jours apres qu'on m'eust donné le baptesme qu'une grosse poutre tomba et fallit a escrasser [...] mon berceau Sans me donner la moindre atteinte. Ce fust un miracle qui me Sauua et qu'on admira comme tel, Car ie deuois perir. Mais Vostre puissante main me defendit et me conserua. pour quoy Seigneur n'auez uous pas permys que ie mourusse dans mon innocence? que i'aurois esté heureuse de perir deuant que d'estre coulpable et ingrate envers Vous comme je Suis! que j'aurois esté heureuse il y a long temps d'aller, ie jouirai de Vous desia, Jl y [a] long temps que desia ie nagerois desia dans la gloire et dans la felicité, et J'aurois esté Je serois du nombre de cette heureuse et glorieuse troupe qui Vous Suiuent par tout, et a qui Vous apprennez ce langage Secret qui n'est entendu que de Vous et d'eux. Cependant quoy que mon indignité m'aye différé cet' ineffable bonheur, puis que Vous l'auez uoulu ie dois Vous remercier de m'auoir conserueé vne vie qui est a Vous de tant de maniere[s]. quoy qu'il en Soit Jl faloit viure et Vous m'auez vo[u]lu me rendre triomphante jusques dans mon Berceau; Vous auez uoulu me faire naistre enuironneé des laurie[rs] et des Palmes, Je dormis a l[']abris de leur ombre mon premier Someil, et Je fus nourrie parmy les Trophées; Jl Sembloit que la gloire, la Victoire et la fortune et la gloire badinoient avec moy, le Throne me Seruit de berceau, et j'estois a peine neé qu'il falloit y monter. Le Roy mon Pere qui m'aimoit eperduement, Conuoqua les Estats Generaux l'an 1627 dans le mois de [...] Jl m'y fist prester homage, et la Suede a genoux m'adora jusq[ues] dans mon berceau.

With modernised spelling:

Chapitre 4.
Ce fut d'un si grand homme et d'un si grand roi que vous [Dieu] avez voulu me faire naître. Ce fut d'une si auguste maison que vous avez voulu tirer mon origine. Ce fut sur une si brave et triomphante nation que vous avez voulu me faire régner, mais la suite de cette histoire fera voir que c'étaient les moindres faveurs et des grâces dont vous m'avez comblées. Le roi mon père épousa l'année 1618 la princesse électorale Marie Éléonore de Brandebourg, fille aînée de l'électeur de ce nom, parce qu'en ce temps-là c'était le parti le plus digne de lui parmi les princes protestants, auquel le malheur de sa naissance attachait son choix, et l'alliance de ce prince lui était de quelque considération pour la guerre qu'il avait alors avec la Pologne.

Cette princesse, qui avait une beauté qui était accompagnée de toutes les bonnes qualités de son sexe, vécut avec le roi dans une union assez douce, à laquelle rien ne manquait sinon la succession. La reine ma mère n'ayant donné qu'un fils et une fille au monde qui étaient morts peu de temps après leur naissance, ce fut ce qui rendit la mienne si importante.

Le roi obtint enfin ce qu'il avait si fort désiré dans un voyage qu'il fit en Finlande, où la reine se trouva grosse de moi dans Åbo, ce qui leur donna à tous les deux une fausse joie, puisqu'ils se persuadèrent que l'enfant était mâle. La reine ma mère m'a assuré que tous les signes la trompèrent et lui persuadèrent que je l'étais. Elle eut des songes qu'elle croyait mystérieux, et mon père en eut aussi, qui leur presagèrent la future grandeur de leur enfant. Les divins et les astrologues, qui sont toujours prêts a flatter les princes, les assurèrent que la reine était enceinte d'un mâle. Enfin, on se flatta, on espéra, et on arriva jusqu'au terme que vous avez prescrit à tous ceux qui entrent dans la vie.

La Cour était alors de retour à Stockholm. Le roi y était aussi, mais il était considérablement malade, et des astrologues qui se trouvèrent présents à ma naissance assurèrent unanimement que le point de ma naissance, qu'ils voyaient approcher, était tel qu'il était impossible qu'il ne coutât la vie ou au roi, ou à la reine, ou à l'enfant. Ils assurèrent aussi que si l'enfant pouvait survivre les 24 heures, il serait quelque chose de fort grand.

C'est dans une si terrible constitution des astres que je vins au monde l'année 1626, le 18 décembre, une heure devant minuit. Il faut remarquer que le roi Gustave le Grand, mon père, était né le 19 du même mois, de sorte qu'il n'y eût que peu d'heures de différence entre le point de notre naissance. De plus, ce qu'il y a d'admirable est que nous avons tous deux le soleil, Vénus, Mercure et Mars dans les mêmes signes et degrés, ce qui est une observation assez curieuse et un accident très rare qu'on ne manqua de rema[r]que[r] dès lors. Je naquis sous l'ascendant du cœur du Lion et dans le point de la nouvelle lune. C'est le fatal moment dans lequel vous aviez ordonné depuis toute l'éternité ma naissance.

Je naquis coiffée depuis la tête jusqu'aux genoux, n'ayant que le visage, les bras et les jambes libres, ce qui fit à croire aux femmes occupées à me recevoir que j'étais un mâle. Ce bruit remplit tout le palais d'une fausse joie qui abusa le roi même pour quelques heures; outre l'espérance et le désir qui aidèrent à tromper tout le monde, ce fut encore une espèce de rugissement impérieux et extr[a]o[r]dinaire d'une voix grosse que je fis entendre de le moment que je fut sortie du ventre de ma mère, mais ce fut un grand embarras pour les femmes quand elles s'aperçurent de leur erreur.

On était en peine comment désabuser le roi, mais on résolut de le laisser dans cet agréable erreur jusqu'au lendemain. Le lendemain, quand il fut question de le désabuser, la princesse sa sœur prit cette commission. Elle me porta entre ses bras, quoiqu'il faisait un froid horrible, en état de me faire voir au roi et de lui faire connaître ce qu'elle n'osait lui dire. Après m'avoir couché sur son lit, elle donna au roi le moyen de se désabuser lui-même.

Ce grand prince n'en témoigna aucune surprise. Il me prit entre ses bras, me baisa et me fit un accueil aussi favorable comme s'il n'eût pas été trompé dans son attente. Il dit à la princesse: «Remercions Dieu, ma sœur. Je sais de bonne part que cette fille me vaudra bien un garçon. Je prie Dieu qu'il me la conserve, puisqu'il me l'a donneé. Je ne souhaite rien de plus, car je suis content.»

Il ordonna qu'on célébrât ma naissance par les coups de canon de la tour de la ville, des vaisseaux et du port, et que toute la ville fut en feu et réjouissance, comme si on avait eu un vrai mâle.

La princesse, pour lui faire sa cour voulut le flatter qu'il était encore jeune, que la reine l'était aussi, et qu'elle lui donnerait bientôt un garçon; mais le roi lui répondit: «Ma sœur, je suis content. Je prie Dieu qu'il me la conserve.»

Après cela, il me baisa et me renvoya avec sa bénédiction, et il parut si content qu'il étonna tout le monde; mais il fut aussi grand en cette occasion comme en toutes celles de sa vie.

Cependant, on tarda de désabuser ma mère jusqu'à ce qu'elle fût en état de souffrir un tel déboire.

On me baptisa au plus tôt, et on me donna le nom de Christine aux saints fonts. Le ministre luthérien qui me ba[p]tisa, qui était le grand aumônier du roi me mar[q]ua le front du signe de la Saint Croix avec l'eau du bastême [sic] et m'enrolla, san[s] savoir ce qu'il fit, dans votre milice dès ce moment heureux; car il est certain que ce qu'il fit était contre l'usage ordinaire des luthériens. On lui en fit un[e] affaire comme d'une supers[t]ition, et il s'en tira avec peine. Tout ce que j'écris, je l'ai su de la bouche de la reine ma mère et de celle de la princesse Catherine ma tante, qui me l'ont conté cent fois ainsi.

Dès que je naquis, je donnais un solennel démenti aux astrologues et divins à leur barbe. Je me portais bien, le roi guérit, et la reine ma mère aussi. Le roi disait de moi en riant: «Elle va être habile, car elle nous a tous trompés.»

La reine ma mère, qui avait toutes les faiblesses aussi bien que toutes les vertus de son sexe, était inconsolable. Elle ne pouvait me souffrir. Toutes les prières du roi ne pouvaient m'obtenir le pardon, à peine toute son autorité peut l'obtenir; mais il prit enfin mon parti d'une telle manière qu'il fit connaître qu'il voulait être obéi. La reine ne me pouvait souffrir parce qu'elle disait que j'étais laide, et elle n'avait pas grand tort, car j'étais basanée comme une petite Maure; mais après que je fus devenue un peu plus grande, je commençais peu à peu à ressembler si fort à mon père qu'elle commença aussi de m'aimer.

Mon père m'aimait d'une manière extraordinaire et tendre, et je répondais aussi à son amitié avec une tendresse qui surpassait mon âge, ne pouvant non plus souffrir ma mère; et il semblait que je connaissais les différences de leurs mérites et de leur[s] sentiments et que je commençais de rendre justice par eux dès le berceau. On me voyait riante et tranquille entre les bras du roi, mais on ne pouvait me consoler quand j'étais entre les bras de la reine. Ce récit paraîtra aux lecteurs, comme à moi-même, des bagatelles, mais on me force a le dire; et que peut-on dire d'un enfant qui naît quand on est forcé d'en parler pour le faire connaître?

Il arriva, peu des jours après qu'on m'eût donné le baptême, qu'une grosse poutre tomba et fa[i]llit à écrasser mon berceau sans me donner la moindre atteinte. Ce fut un miracle qui me sauva et qu'on admira comme tel, car je devais périr; mais votre puissante main me défendit et me conserva.

Pourquoi, Seigneur, n'avez-vous pas permis que je mourusse dans mon innocence? Que j'aurais été heureuse de périr devant que d'être coupable et ingrate envers vous comme je suis! J'aurais été heureuse il y a longtemps, je jouirais de vous déjà, déjà je nagerais dans la gloire et dans la félicité, et je serais du nombre de cette heureuse et glorieuse troupe qui vous suivent partout et à qui vous apprenez ce langage secret qui n'est entendu que de vous et d'eux.

Cependant, quoique mon indignité m'ait différé cet ineffable bonheur, puisque vous l'avez voulu, je dois vous remercier de m'avoir conservée une vie qui est à vous de tant de manieres. Quoiqu'il en soit, il fallait vivre, et vous m'avez voulu me rendre triomphante jusque dans mon berceau. Vous avez voulu me faire naître environnée des lauriers et des palmes, je dormis à l'abris de leur ombre mon premier sommeil, et je fus nourrie parmi les trophées; il semblait que la victoire, la fortune et la gloire badinaient avec moi. Le trône me servit de berceau, et j'étais à peine née qu'il fallait y monter. Le roi mon père, qui m'aimait éperduement, convoqua les États Généraux l'an 1627, dans le mois de [...]. Il m'y fit prêter hommage, et la Suède à genoux m'adora jusque dans mon berceau.

Swedish translation (my own):

Kapitel 4.
Det var från en så stor man och en så stor konung som Du [Gud] ville låta mig födas. Det var från ett så högt hus som Du ville spåra mitt ursprung. Det var över en sådan modig och triumferande nation som Du ville att jag skulle regera, men resten av denna berättelse kommer att visa att detta var de minsta ynnest och nåder som Du har överöst mig med. Konungen, min far, gifte sig år 1618 med kurfurstinnan Maria Eleonora av Brandenburg, den äldsta dottern till kurfursten med det namnet, ty det vid den tiden var det parti som var mest värdigt honom bland de protestantiska furstarna vilket olyckan vid hans födelse fäste hans val, och denna furstes förbund var honom av någon hänsyn för det krig han då hade med Polen.

Denna furstinna, som hade en skönhet som åtföljdes av sitt köns alla goda egenskaper, levde med konungen i en ganska ljuv förening, i vilken ingenting saknades utom tronföljden. Drottningen, min mor, hade bara fött en son och en dotter som dog kort efter födseln, vilket var det som gjorde min så viktig.

Konungen fick slutligen vad han så starkt önskat under en resa han gjorde till Finland, där drottningen befann sig havande med mig i Åbo, vilket gav dem båda en falsk glädje, eftersom de övertalade sig själva att barnet var manligt. Drottningen, min mor, försäkrade mig att alla tecken bedrog henne och övertalade henne att jag verkligen var manlig. Hon hade drömmar som hon trodde var mystiska, och min far hade också dem, som förebådade deras barns framtida storhet. Spåmännen och astrologerna, som alltid är redo att smickra furstar, försäkrade dem att drottningen var havande med ett manligt barn. Till sist smickrade man sig, hoppades man, och nådde man det mål som Du har föreskrivit för alla dem som går in i livet.

Hovet var då tillbaka i Stockholm. Konungen var också där, men han var avsevärt sjuk, och astrologerna som var närvarande vid min födelse försäkrade enhälligt att tiden för min födelse, som de såg närma sig, var sådan att det var omöjligt att det inte skulle kosta konungens, drottningens eller barnets liv. De försäkrade också att om barnet kunde överleva dygnet, så skulle det bli något väldigt stort.

Det var i en sådan hemsk konstitution av stjärnorna som jag kom till världen år 1626, den 18 december, en timme före midnatt. Det bör noteras att konung Gustav den store, min far, föddes den 19 i samma månad, så att det bara skilde några timmars skillnad mellan punkten för våra födslar. Vad som dessutom är beundransvärt är att vi båda har solen, Venus, Merkurius och Mars i samma tecken och grader, vilket är en ganska märklig observation och en mycket sällsynt olycka som man inte misslyckades att lägga märke till från och med då. Jag föddes under uppstigningen av Lejonets hjärta och i nymånens punkt. Detta är det ödesdigra ögonblicket då Du hade beordrat min födelse sedan all evighet.

Jag föddes i en segerhuva från huvudet till knäna, med bara ansiktet, armarna och benen fria, vilket ledde till att kvinnorna som tog emot mig trodde att jag var en man. Detta rykte fyllde hela slottet med en falsk glädje som bedrog till och med konungen under några timmar; förutom hopp och lust, som hjälpte till att lura alla, var det också ett slags imponerande och extraordinärt vrål från en stark röst som jag lät höras från det ögonblick jag kom ut ur mors mage, men det var en stor pinsamhet för kvinnorna när de uppfattade sitt misstag.

Man var osäker på hur man skulle ta konungen ur sin villfarelse, men de beslöt att lämna honom i denna trevliga villfarelse till nästa dag. Dagen efter, när det var dags att missbruka honom, tog prinsessan, hans syster, detta uppdrag. Hon bar mig i sina armar, fastän det var fruktansvärt kallt, i stånd att visa mig för konungen och låta honom veta vad hon inte vågade berätta för honom. Efter att ha lagt mig på sin säng gav hon konungen möjlighet att ta sig själv ur sin villfarelse.

Den här store fursten visade ingen överraskning. Han tog mig i sin famn, kysste mig och gav mig ett så gynnsamt välkomnande som om han inte hade blivit lurad i sin väntan. Han sade till prinsessan: »Låt oss tacka Gud, min syster. Jag vet med säkerhet att denna flicka kommer att vara mig värd en pojke. Jag ber till Gud att han bevarar henne åt mig, ty han har gett henne till mig. Jag önskar inte något mer, för jag är nöjd.«

Han beordrade att min födelse skulle firas med kanoneld från stadstornet, skeppen och hamnen och att hela staden skulle vara i eld och jubel, som om man hade ett riktigt manligt barn.

Prinsessan, för att betala sitt hov till honom, ville smickra honom att han ännu var ung, att drottningen också var det och att hon snart skulle ge honom en pojke; men konungen svarade: »Min syster, jag är nöjd. Jag ber till Gud att bevara henne åt mig.«

Efter det kysste han mig och skickade iväg mig med sin välsignelse, och han verkade så nöjd att han förvånade alla; men han var lika stor vid det här tillfället som på alla i hans liv.

Men en fördröjde att ta min mor ur hennes villfarelse tills hon var i ett tillstånd att drabbas av en sådan eftersmak [besvikelse].

Jag döptes så snart som möjligt, och jag fick namnet Kristina vid de heliga dopfuntarna. Den lutherske prästen som döpte mig, som var konungens hovpredikant, markerade min panna med det Heliga Korsets tecken med dopets vatten och skrev in mig, utan att veta vad han gjorde, i Din milis från det lyckliga ögonblicket; ty det är säkert att det han gjorde var emot lutheranernas vanliga bruk. Man behandlade det som en vidskepelse på honom, och han kom undan med svårighet. Allt jag skriver lärde jag mig från munnen på min mor drottningen och prinsessan Katarina, min faster, som berättade det till mig såhär hundra gånger.

Så snart jag föddes gav jag ett högtidligt och fast förnekande till astrologerna och spåmännen. Jag mådde bra, konungen återhämtade, och det gjorde drottningen, min mor, också. Konungen sade skrattande om mig: »Hon blir nog slug, för hon har bedragit oss alla.«

Drottningen, min mor, som hade alla svagheter såväl som alla dygder av sitt kön, var otröstlig. Hon kunde inte lida mig. Alla konungens böner kunde inte få nåd för mig, knappast all hans auktoritet kunde få det; men han tog slutligen min sida på ett sådant sätt att han gjorde det känt att han ville lydas. Drottningen kunde inte lida mig ty hon sade att jag var ful, och hon hade inte mycket fel, ty jag var så mörk som en liten morinna; men efter att jag blivit lite äldre började jag så småningom likna min far så mycket att hon också började älska mig.

Min far älskade mig på ett utomordentligt och ömt sätt, och jag svarade också på hans vänskap med en ömhet som översteg min ålder, och kunde inte heller lida min mor; och det verkade som om jag visste skillnaderna av deras förtjänster och av deras känslor och att jag började göra rättvisa av dem från vaggan. Man såg mig skrattande och lugn i konungens famn, men man kunde inte trösta mig när jag var i drottningens famn. Den här historien kommer att framstå för läsare, som för mig själv, som bagateller, men jag är tvungen att säga det; och vad kan man säga om ett barn som föds när man tvingas tala om det för att göra det känt?

Det hände, några dagar efter att jag hade blivit döpt, att en stor bjälke föll och misslyckades att krossa min vagga, utan att tillfoga mig den minsta skada. Det var ett mirakel som räddade mig och som beundrades som sådant, ty jag skulle gå under; men Din kraftfulla hand försvarade och bevarade mig.

Varför, Herre, lät Du mig inte dö i min oskuld? Hur glad jag skulle ha varit att gå under innan jag var skyldig och otacksam mot Dig som jag är! Jag skulle ha varit lycklig för länge sedan, jag skulle njuta av Dig redan, redan jag skulle simma i ära och i lycka, och jag skulle vara bland de glada och härliga trupp som följer Dig överallt och som Du lär ut detta hemliga språk som bara förstås av Dig och dem.

Men även om min ovärdighet har skjutit upp denna outsägliga lycka till mig, som Du har velat det, måste jag ändå tacka Dig för att Du har bevarat för mig ett liv som är Ditt på så många sätt. Oavsett, jag var tvungen att leva, och Du ville få mig att triumfera även i min vagga. Du ville att jag skulle födas omgiven av lagrar och palmer, jag sov i skydd av deras skugga min första sömn, och uppfostrades bland troféerna; det verkade som om segern, lyckan och äran lekte med mig. Tronen fungerade som min vagga, och jag var knappt född förrän jag var tvungen att bestiga den. Konungen, min far, som älskade mig högt, tillkallade Ständerna år 1627, i månaden [...]. Han fick mig att hyllas där, och Sverige på knäna dyrkade mig även i min vagga.

English translation (my own):

Chapter 4.
It was from such a great man and such a great king that You [God] wanted to let me be born. It was from such an august house that You wanted to trace my origin. It was over such a brave and triumphant nation that You wanted me to reign, but the rest of this story will show that these were the smallest favours and graces with which You have showered me. The King, my father, married, in the year 1618, the electoral princess Maria Eleonora of Brandenburg, the eldest daughter of the Elector of that name, because at that time it was the party most worthy of him among the Protestant princes to whom the misfortune of his birth attached his choice, and the alliance of this prince was of some consideration to him for the war he then had with Poland.

This princess, who had a beauty which was accompanied by all the good qualities of her sex, lived with the King in a fairly sweet union, in which nothing was missing except the succession. The Queen, my mother, had only given birth to one son and one daughter who died shortly after birth, which was what made mine so important.

The King finally obtained what he had so strongly desired during a trip he made to Finland, where the Queen found herself pregnant with me in Åbo, which gave them both a false joy, as they persuaded themselves that the child was male. The Queen, my mother, assured me that all the signs deceived her and persuaded her that indeed I was male. She had dreams that she believed to be mysterious, and my father also had them, which presaged the future greatness of their child. The diviners and the astrologers, who are always ready to flatter princes, assured them that the Queen was pregnant with a male. Finally, one flattered oneself, one hoped, and one reached the end which You have prescribed for all those who enter into life.

The court was then back in Stockholm. The King was also there, but he was considerably ill, and the astrologers who were present at my birth unanimously assured that the point of my birth, which they saw approaching, was such that it was impossible for it not to cost the life of either the King, or of the Queen, or of the child. They also assured that if the child could survive 24 hours, it would become something very great.

It was in such a terrible constitution of the stars that I came into the world in the year 1626, on December 18, an hour before midnight. It should be noted that King Gustav the Great, my father, was born on the 19th of the same month, so that there were only a few hours' difference between the point of our births. Furthermore, what is admirable is that we both have the sun, Venus, Mercury and Mars in the same signs and degrees, which is a rather curious observation and a very rare accident which one did not fail to notice from then on. I was born under the ascendant of the heart of Leo and in the point of the new moon. This is the fatal moment in which You had ordered my birth since all eternity.

I was born in a caul from my head down to my knees, with only my face, arms and legs free, which led the women occupied to receive me to believe that I was a male. This rumour filled the entire castle with a false joy which deceived even the King for a few hours; in addition to hope and desire, which helped to deceive everyone, it was also a kind of imperious and extraordinary roar from a strong voice that I let be heard from the moment I came out of my mother's belly, but it was a great embarrassment for the women when they perceived their error.

One was at a loss how to disabuse the King, but they resolved to leave him in this pleasant error until the next day. The next day, when it was time to disabuse him, the Princess, his sister, took this commission. She carried me in her arms, although it was horribly cold, in a position to show me to the King and to let him know what she did not dare to tell him. After having laid me on her bed, she gave the King the means to disabuse himself.

This great prince showed no surprise. He took me in his arms, kissed me and gave me such a favourable welcome as if he had not been deceived in his waiting. He said to the princess: "Let us thank God, my sister. I know for a fact that this girl will be worth a boy to me. I pray to God that He preserve her for me, as He has given her to me. I do not wish for anything more, for I am content."

He ordered that my birth be celebrated with cannonfire from the city tower, the ships and the port, and that the whole city be in fire and rejoicing, as if one had had a real male.

The Princess, to pay her court to him, wanted to flatter him that he was still young, that the Queen was too, and that she would soon give him a boy; but the King replied: "My sister, I am content. I pray to God to preserve her for me."

After that he kissed me and sent me away with his blessing, *and* he appeared so content that he astonished everyone; but he was as great on this occasion as on all those of his life.

However, one delayed disabusing my mother until she was in a state to suffer such an aftertaste [disappointment].

I was baptised as soon as possible, and I was given the name Kristina at the sacred fonts. The Lutheran minister who baptised me, who was the King's grand chaplain, marked my forehead with the sign of the Holy Cross with the water of baptism and enrolled me, without knowing what he was doing, into Your militia from that happy moment; for it is certain that what he did was against the ordinary usage of the Lutherans. One treated it as a superstition of him, and he got away with it with difficulty. Everything I write, I learned from the mouths of the Queen my mother and that of Princess Katarina, my aunt, who told it to me like this a hundred times.

As soon as I was born, I gave a solemn and solid denial to the astrologers and diviners. I was doing well, the King recovered, and the Queen, my mother, too. The King laughingly said of me: "She will be clever, for she has deceived us all."

The Queen, my mother, who had all the weaknesses as well as all the virtues of her sex, was inconsolable. She could not suffer me. All the King's prayers could not obtain a pardon for me, hardly all his authority could obtain it; but he finally took my side in such a way that he made it known that he wanted to be obeyed. The Queen could not suffer me because she said I was ugly, and she was not greatly wrong, because I was as swarthy as a little Moor; but after I grew a little older, I gradually began to resemble my father so much that she also began to love me.

My father loved me in an extraordinary and tender manner, and I also responded to his amity with a tenderness that surpassed my age, not being able to suffer my mother either; and it seemed that I knew the differences of their merits and of their feelings and that I began to do justice by them from the cradle. One saw me laughing and tranquil in the arms of the King, but one could not console me when I was in the arms of the Queen. This story will appear to readers, as to myself, to be trifles, but I am forced to say it; and what can one say about a child who is born when one is forced to talk about it to make it known?

It happened, a few days after I had been baptised, that a large beam fell and failed to crush my cradle, without causing me the slightest injury. It was a miracle which saved me and which was admired as such, for I was to perish; but Your powerful hand defended and preserved me.

Why, Lord, did You not allow me to die in my innocence? How happy I would have been to perish before being guilty and ungrateful towards You as I am! I would have been happy a long time ago, I would be enjoying You already, already I would be swimming in glory and in felicity, and I would be among the number of this happy and glorious troop who follow You everywhere and to whom You teach this secret language which is only understood by You and them.

However, although my indignity has deferred this ineffable happiness to me, as You have willed it, I must thank You for having preserved for me a life which is Yours in so many ways. Regardless, I had to live, and You wanted to make me triumphant even in my cradle. You wanted me to be born surrounded by laurels and palms, I slept in the shelter of their shadow my first sleep, and I was nourished among the trophies; it seemed that victory, fortune and glory were playing with me. The throne served as my cradle, and I was barely born before I had to mount it. The King, my father, who loved me passionately, summoned the Estates General in the year 1627, in the month of [...]. He made me be paid homage there, and Sweden on its knees adored me even in my cradle.

Notes: Gustav Adolf and Maria Eleonora were married in 1620; they had first met in 1618.

In reality, and in the castle chapel, making the sign of the Cross over an infant's forehead during baptism was just as much a Lutheran custom as a Catholic one. A different liturgy was used in the castle chapel than in the other churches in Sweden, such as by maintaining gestures like the sign of the Cross, so it is questionable that the priest did it through instinct and was accused of superstition.

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