Saturday, April 6, 2024

Kristina's aphorisms ("Les sentiments héroïques"), part 2

Sources:

Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 4, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1760
The aphorisms:

1. Toute autorité, & toute force doit toujours céder à la justice & à la raison.

2. On doit avoir assez d'intrépidité & de courage pour tous les périls & tous les malheurs de la vie, mais il n'en faut pas avoir assez pour oser se damner.

3. La Renommée est une menteuse qui flatte toujours la fortune, & ne connoît presque pas le mérite.

4. Il faut tâcher de mériter une belle & grande renommée; mais qu'elle soit favorable ou non, il faut toujours la mépriser.

5. Tous les Siecles & tous les Pays font naître de Grands-hommes, & même des Héros; mais la fortune & les occasions ne les font pas toujours connoître.

6. Quiconque a fait une grande action en sa vie n'en doit pas tirer vanité, il doit la compter pour rien, & tâcher de se surpasser toujours. On doit être toujours mal satisfait de soi-même, quelque contens que les autres paroissent de nous.

7. Il faut être attentif aux occasions, & n'en laisser jamais passer aucune sans se signaler s'il se peut.

8. Il ne faut pas tant estimer les gens pour leurs actions, que pour leur capacité, leurs sentimens & leurs desseins; la fortune a trop de part à tout le reste.

9. Tout homme qui craint la vue de son créancier, a l'ame ingrate & basse.

10. Il me semble que Dioclétien avoit raison de refuser l'Empire qu'on lui offrit après l'avoir quitté.

11. On fait un crime à César de s'être rendu maître de Rome, mais il me semble qu'on a tort; car pouvoit-il rendre un plus grand & plus important service à Rome, que de daigner lui commander.

12. Ceux qui tuérent César, firent plus de mal que ne firent Sylla, Marius, ni le Triumvirat, & la mort de César fut le plus grand des malheurs de Rome.

13. On ne sauroit pardonner à Brutus le meurtre de César: à cela près c'étoit un grand & honnête homme que Brutus.

14. On peut être un très-honnête homme, sans être un grand homme; mais on ne sauroit être un grand homme, sans être aussi un très-honnête homme.

15. Il vaut mieux mériter que posséder la fortune.

16. Le mérite personnel met la différence entre les Rois, & non pas leurs Etats.

17. La gloire & la félicité des Royaumes ne dépendent après Dieu que des qualités personnelles de leurs Rois.

18. Le caractére d'Alcibiade me plait infiniment.

19. Parmi les Philosophes, Socrate, Aristippe & Diogéne sont fort à mon gré; je ne voudrois pourtant pas être fait comme eux.

20. Il n'y a pas au Monde d'Animal plus sot, ni plus orgueilleux qu'un Pédant.

21. Tout Favori ou premier Ministre qui n'est pas aimé de son Maître, n'est pas trop en sûreté.

22. On se trompe quand on s'imagine que les Princes sont gouvernés par leurs Ministres: quelque foible que soit une Prince, il est toujours le plus fort; car ses Ministres dépendent de ses volontés & de ses caprices.

23. Les Directeurs des Princes ressemblent fort à ces gens qui apprivoisent les Tigres & les Lions; ils font faire à ces animaux cent tours & mille jeux. A les voir, il semble qu'ils soient entiérement soumis; cependant quand ils y pensent le moins, un coup de patte les renverse, & fait voir qu'on ne sauroit les apprivoiser.

24. Tout homme qui a le pouvoir en main s'en sert tôt ou tard.

25. Quand on a le malheur d'être né Sujet, on est bien plus heureux de l'être d'un grand & habile homme: c'est le dernier des malheurs que d'être à la discrétion d'un sot & malhonnête homme.

26. Toute l'habileté & l'autorité des Ministres ne consistent qu'à savoir étudier la capacité & le génie de leurs Princes, & à les bien seconder.

27. Les Princes sont quelquefois plus criminels par leur exemple, que par leurs actions mêmes.

28. Tout ce qui détruit l'estime & le respect que les hommes portent aux Princes, leur est mortel.

29. La véritable grandeur consiste non pas à faire tout ce qu'on veut, mais à ne vouloir que ce qu'on doit.

30. Quand une bonne action nous rendroit malheureux pour tout le reste de la vie, on ne doit jamais se repentir de l'avoir faite.

31. La fortune justifie bien des défauts, même des crimes; mais elle n'en console pas.

32. Il est du devoir d'un Prince de donner quelques momens de son tems à la lecture des bons Livres: ces momens ne sont pas perdus pour le Public, car ils corrigent & instruisent les Princes. Il faut savoir dérober ces momens à son sommeil, à ses repas, à ses divertissemens & à ses plaisirs, mais non pas à ses affaires ni à son devoir.

33. Il faut que les Princes étudient sur-tout le grand Livre du Monde; il faut qu'ils sachent lire dans les yeux des hommes, & jusques dans leurs cœurs, les sentimens que l'intérêt & la flatterie leur cachent avec tant de soin: cette science est rare, Dieu la donne à peu de gens; mais ceux qui l'ont, sont faits pour régner.

34. C'est en vain que les Princes espérent de savoir la vérité des autres, s'il ne se la disent pas eux-mêmes.

35. L'application & la défiance ne sont pas des vertus, mais des qualités si nécessaires aux Princes, qu'il est impossible qu'ils s'en puissent passer.

36. La plupart de ceux qui approchent les Princes, n'ont d'autre dessein que de leur plaîre, pour les mieux tromper.

37. Il faut plus se garder de ses amis, confidens & parens, que de ses ennemis; ils nous sont plus dangereux, parce qu'ils nous sont plus chers.

38. Quelque trompeuse que soit la Cour, les Princes sont presque toujours plus trompeurs, s'ils ne sont entiérement sots; ils ne sont jamais trompés que par eux-mêmes, & ce n'est que faute d'application & de défiance qu'ils tombent dans les piéges qu'on leur tend.

39. Les Princes ne sauroient être aimés, s'ils ne sont craints & estimés.

40. Il faut qu'une Prince rende sa personne plus redoutable que sa fortune, quelque grande qu'elle soit; mais il ne doit se rendre tel qu'aux méchans & aux ennemis de son Etat.

41. De quelque familiarité, & de quelque bonté qu'un Prince use envers ses amis, serviteurs ou parens, il faut qu'il sache y mêler toujours quelque chose de si grand, qu'il les fasse trembler; mais ce don vient du Ciel: la morgue que les Princes substituent à ce talent, ne fait pas cet effet.

42. Il y a des gens qui croyent se faire respecter en se transformant en Statues, mais c'est le secret de se rendre ridicule, & non pas terrible.

43. Les Tyrans & les gens cruels ne sont jamais craints; ils sont haïs.

44. On ne sauroit ni aimer ni respecter ce qu'on n'estime pas.

45. Quelque défiant, appliqué ou habile que soit un Prince, il est exposé aux tromperies & aux trahisons comme les Pilotes aux orages.

46. Quelque soupçonneux & défiant que soit un Prince, il faut qu'il ne condamne jamais personne sur le rapport d'autrui, sans l'avoir écouté; & l'on doit être toujours disposé, ou à justifier les innocens, ou à pardonner aux coupables, quand il y a lieu de le faire avec justice & raison.

47. On doit tenir pour suspect tout ce qui se dit au préjudice d'un tiers, & bien examiner si l'envie, la jalousie, la haine & mille autres passions, & mille sortes d'intérêts secrets, ne font pas parler les gens.

48. Quelque opinion qu'on ait de la probité des hommes, il ne faut pas s'y fier si fort, qu'on ne doute jamais ni de ce qu'ils nous disent, ni de ce qu'ils font; car les hommes peuvent toujours, ou être trompés, ou tromper; & s'ils ne nous manquent pas, ils peuvent nous manquer.

49. L'intérêt & les passions violentes rendent quelquefois les plus honnêtes gens du monde injustes & coupables, malgré eux-mêmes; il faut tout pardonner: l'homme est un abyme de miséres.

50. La plus grande offense qu'on puisse faire à un Prince, c'est de lui dire un mensonge.

51. Il faut vivre avec les gens d'une maniére si affable & si honnête, qu'ils soient presque forcés à nous dire tout ce qu'ils savent.

52. Il ne faut jamais donner sujet à personne de se repentir avec justice de nous avoir dit une vérité, ni un secret.

53. Dans la Cour tout est suspect; les caresses, les louanges, & les bons offices mêmes quelquefois n'ont pour but que de nuire.

54. La Vie est un trafic; on ne sauroit y faire de grands gains sans s'exposer à de grandes pertes.

55. La foiblesse est le plus grand défaut des Princes.

56. La grande familiarité qui fait mépriser les uns, fait plus respecter les autres. Il y a des gens, qui plus on les connoît, plus on les estime & plus on les craint.

57. Il faut savoir profiter de tout, aussi-bien de nos propres fautes & défautes, que de ceux d'autrui.

58. Il faut punir avec regret, & de récompenser avec joye.

59. Il faut punir dans la forme de Justice quand on peut; mais quand on ne peut pas, il faut toujours punir comme on peut.

60. Il faut laisser rarement impunis ceux qui méritent punition.

61. Il vaut mieux pardonner aux coupables, que de punir des innocens.

62. On doit le pardon à tout homme qui confesse sa faute, & se rend à discrétion.

63. Il ne faut jamais confier son secret à personne, que par nécessité ou à dessein.

64. Il ne faut pas être mystérieux, ni faire passer pour des secrets, des bagatelles qui ne méritent pas de l'être.

65. On doit se mettre en état de ne craindre ni soi-même, ni personne.

66. La plupart des hommes ne savent ni louer, ni blâmer avec justice: il faut avoir une très-grande indifférence pour tout ce qu'ils disent de nous.

67. La fortune déguise souvent les gens, mais les occasions les démasquent.

68. C'est au prix des terribles travaux & de bien des sueurs & du sang répandu qu'Alexandre & peu d'autres ont mérité leurs grands noms.

69. La fausse gloire s'acquiert à peu de frais, mais la véritable coûte cher aux hommes.

70. Quelque effort que fassent la fortune & la flatterie, elles ne sauroient faire devenir la fausse, une véritable gloire.

71. On compare des gens avec Alexandre le Grand, qui méritent à peine d'être comparés à son Bucéfale.

72. La nature nous dispose à la mort par la vieillesse, elle nous dégoûte peu à peu de la vie par les maladies, & les incommodités qui en sont inséparables: on mourroit presque inconsolable si l'on ne vieillissoit pas.

73. Il n'y a point d'homme si soit, ni si mal-habile dans le monde, qui ne soit propre à quelque chose.

74. Tout homme qui ne préfére pas son devoir & sa gloire à ses satisfactions, aises & plaisirs, n'est capable de rien de grand: il faut sçavoir se priver de tout, quand il est question d'y vaquer.

75. On fait grace aux criminels en les faisant mourir.

76. On peut difficilement connoître, ou juger du vrai mérite sans en avoir.

77. Quoi que nous disent les Philosophes, je tiens la pauvreté, les maladies, les douleurs corporelles pour de véritables maux, dont la raison ne sauroit nous consoler. La Religion seule nous fournit des consolations solides contre tous ces maux de la vie.

78. La vie ne peut être agréable sans la parfaite santé, & sans la vigueur de l'ame & du corps.

79. Les passions sont le sel de la vie: on n'est heureux, ni malheureux, qu'à proportion qu'on les a violentées.

80. Les passions ne sont ni injustes, ni criminelles; mais les objets qu'on leur donne, les rendent ou coupables ou légitimes.

81. L'orgueil doit servir à nous empêcher de faire des choses indignes d'un homme d'honneur.

82. L'amour & l'ambition doivent avoir Dieu pour objet: ce n'est qu'en lui seul qu'elles peuvent trouver de quoi se satisfaire abondamment & dignement.

83. On doit haïr l'injustice & les crimes, sans haïr ni les injustes, ni les criminels.

84. On doit punir sans colere & sans injustice.

85. La colére est souvent juste, mais pas toujours innocente.

86. La discrétion est une vertu qui assaisonne toutes les autres.

87. Le tempérament nous rend presque toujours ou sots, ou criminels.

88. L'envie & l'avarice sont des passions belles & indignes d'un honnête-homme, parce qu'elles ne sauroient avoir du rapport à Dieu.

89. La crainte, toute basse & indigne qu'elle est, devient noble & juste quand on ne craint que Dieu & le Crime.

90. La libéralité seroit la plus belle de toutes les vertus, si elle ne se détruisoit pas elle-même.

91. Il y a des gens si bienfaisans, qu'ils ont plus de mérite à savoir refuser les graces qu'on leur demande, qu'à les accorder.

92. Il y en a d'autres qui savent refuser & obliger, ce qui est bien rare & bien difficile.

93. C'est un grand malheur que d'être obligé à un mal-honnête homme.

94. Tout ce qui finit ne peut être insupportable; & le peu de durée de notre vie, peut & doit nous consoler de tous les maux de ce Monde.

95. Si nous sommes sots, ignorans, pauvres & malheureuse [sic], il faut s'en consoler. La mort nous guérira de tous ces maux, & il viendra un temps qui ne finira pas, où nous saurons tout, & où nous serons heureux & parfaits pour toute l'Eternité.

96. Les biens & les maux de ce Monde ressemblent fort à ces peintures de perspectives, qui nous amusent & nous trompent de tant de façons, & qui ne sont en effet qu'un peu de toile peinte, mais rien de réel.

97. Nous sommes presque toujours enfans, nous changeons à tous les âges nos amusemens & nos poupées, tout se proportionne peu à peu à notre capacité; mais au bout du compte on ne s'occupe qu'à des bagatelles, & chaque saison, & chaque âge, se rit de ceux qu'on vient de quitter, quoique l'occupation qui s'en ensuit, ne soit guéres plus sérieuse.

98. L'unique but de l'amour est d'aimer, & d'être aimé; il ne prétend rien de plus.

99. L'amour embellit l'objet aimé, & le rend à tous momens plus aimable; mais l'amour des gens qu'on ne sauroit aimer, importune furieusement.

100. La fidélité en amour n'est pas tant un mérite qu'une nécessité; elle seule distingue le vrai du faux.

Swedish translation (my own):

1. All auktoritet och all kraft måste alltid ge efter för rättvisa och förnuft.

2. Man måste ha tillräckligt med oförskämdhet och mod för livets alla faror och alla olyckor, men man måste inte ha tillräckligt för att våga fördöma sig själv.

3. Berömmelse är en lögnare som alltid smickrar lycka och nästan inte känner förtjänster.

4. Vi måste försöka förtjäna ett vackert och stort rykte; men vare sig det är gynnsamt eller inte, det måste alltid föraktas.

5. Alla sekler och alla länder föder stora män och till och med hjältar; men lyckan och möjligheterna gör dem inte alltid kända.

6. Den som har gjort en stor gärning i sitt liv bör inte vara stolt över det; han borde räkna det för ingenting och alltid försöka överträffa sig själv. Vi måste alltid vara missnöjda med oss ​​själva, hur nöjda andra än är med oss.

7. Vi måste vara uppmärksamma på möjligheter och aldrig låta någon passera utan att om möjligt signalera oss själva.

8. Människor bör inte värderas så mycket för sina handlingar som för deras förmåga, känslor och syften; lyckan har för stor del i allt annat.

9. Varje man som fruktar åsynen av sin borgenär har en otacksam och dålig själ.

10. Det förefaller mig som om Diocletianus hade rätt i att vägra det imperium som erbjöds honom efter att ha lämnat det.

11. Man gör ett brott mot Caesar att ha gjort sig till herre över Rom, men det förefaller mig som om man har fel; ty kunde han göra en större och viktigare tjänst åt Rom än att nedlåta sig att befalla henne?

12. De som dödade Caesar gjorde mer skada än Scylla, Marius eller Triumviratet; och Caesars död var den största av Roms olyckor.

13. Brutus kan inte förlåtas för mordet på Caesar; bortsett från det var Brutus en stor och ärlig man.

14. Man kan vara en mycket ärlig man utan att vara en stor man; men man kan inte vara en stor man utan att också vara en mycket ärlig man.

15. Det är bättre att förtjäna lyckan än att äga den.

16. Personliga förtjänster sätter skillnaden mellan kungar och inte deras stater.

17. Rikenas ära och lycka beror, näst Gud, endast på deras konungars personliga egenskaper.

18. Alcibiades karaktär glädjer mig oändligt mycket.

19. Bland filosoferna är Sokrates, Aristippus och Diogenes mycket till min smak; men jag skulle inte vilja bli gjord som dem.

20. Det finns inget djur i världen som är dummare eller stoltare än en pedant.

21. Varje gunstling eller premiärminister som inte är älskad av sin herre är inte för trygg.

22. Vi har fel när vi föreställer oss att furstar styrs av sina ministrar. Hur svag en furste än är, är han alltid den starkaste, ty hans ministrar är beroende av hans önskningar och nycker.

23. Furstarnas direktörer liknar starkt de människor som tämjer tigrar och lejon; de får dessa djur att utföra hundra trick och tusen spel. För att se dem verkar det som om de är helt undergivna; men när de minst tänker på det slår ett svep med tassen dem ner och visar att de inte går att tämja.

24. Varje man som har makten i sin hand använder den förr eller senare.

25. När man har oturen att födas till undersåte, är man mycket lyckligare att vara undersåte till en stor och skicklig man; det är den största olyckan att vara undersåte till en dåraktig och oärlig man.

26. All skicklighet och auktoritet hos ministrar består endast i att veta hur man studerar sina furstars förmåga och genialitet och att hjälpa dem väl.

27. Furstar är ibland mer kriminella genom sitt exempel än genom sina handlingar.

28. Allt som förstör den aktning och respekt män har för furstar är ödesdigert för dem.

29. Sann storhet består inte i att göra allt man vill, utan i att bara vilja ha det man måste.

30. När en god gärning gör oss olyckliga för resten av livet, bör vi aldrig ångra att vi gjort den.

31. Lyckan rättfärdigar många fel, till och med brott, men den tröstar dem inte.

32. Det är en furstes plikt att ge några ögonblick av sin tid till att läsa bra böcker. Dessa ögonblick går inte förlorade för allmänheten, ty de korrigerar och instruerar furstar. Man måste veta hur man stjäl dessa ögonblick från sin sömn, sina måltider, sina nöjen och sina nöjen, men inte från sina angelägenheter eller sin plikt.

33. Furstar bör särskilt studera stora boken som är världen; de måste kunna läsa i människors ögon och även i deras hjärtan de känslor som egenintresset och smickern så noga döljer för dem. Den här vetenskap är sällsynt, Gud ger den till få människor; men de som har det är gjorda att regera.

34. Det är förgäves att furstar hoppas få veta andras sanning om de inte själva berättar det.

35. Flit och misstro är inte dygder, utan egenskaper som är furstar så nödvändiga att det är omöjligt för dem att klara sig utan dem.

36. De flesta av dem som närmar sig furstar har ingen annan dessäng än att behaga dem, desto bättre att lura dem.

37. Man bör vara mer försiktig med sina vänner, förtrogna och släktingar än sina fiender; de är farligare för oss eftersom de är kärare för oss.

38. Hur bedrägligt hovet än må vara, är furstar nästan alltid mer vilseledande om de inte är helt och hållet dårar; de blir aldrig lurade utom av sig själva, och det är bara genom bristande tillämpning och misstro som de faller i de fällor som utsätts för dem.

39. Furstar kan inte älskas om de inte fruktas och uppskattas.

40. En furste måste göra sin person tvivelaktigare än sin förmögenhet, hur stor som helst; men han måste ge sig själv sådant endast till de ogudaktiga och till sin stats fiender.

41. Vilken förtrogenhet och godhet en furste än visar mot sina vänner, tjänare eller släktingar, så måste han alltid veta att blanda med det något så stort att han får dem att darra; men denna gåva kommer från himlen; den högmod som furstar ersätter denna talang har inte denna effekt.

42. Det finns människor som tror att de vinner respekt genom att förvandla sig själva till statyer, men det är hemligheten till att få sig själva att se löjliga ut och inte hemska.

43. Tyranner och grymma människor fruktas aldrig; de är hatade.

44. Vi kan varken älska eller respektera det vi inte uppskattar.

45. Hur misstroende, flitig eller skicklig en furste än är, så är han utsatt för svek som piloter utsätts för stormar.

46. ​​Hur misstänksam och misstroende en furste än må vara, så får han aldrig döma någon på en annans rapport utan att ha lyssnat på honom; och man måste alltid vara benägen att antingen rättfärdiga den oskyldige eller att benåda den skyldige när det är nödvändigt att göra det med rättvisa och förnuft.

47. Allt som sägs till skada för en tredje part måste hållas misstänkt, och vi måste noggrant undersöka om avund, svartsjuka, hat och tusen andra passioner och tusen sorters hemliga intressen inte får folk att tala.

48. Vilken uppfattning vi än har om människors hederlighet, så får vi inte lita så starkt på den att vi aldrig tvivlar på varken vad de säger till oss eller vad de gör; ty män kan alltid antingen bli lurade eller bedra; och om vi inte saknar dem, kan vi sakna dem.

49. Egenintresse och våldsamma passioner gör ibland de ärligaste människorna i världen orättvisa och skyldiga, trots sig själva; allt måste förlåtas. Människan är en avgrund av elände.

50. Den största förolämpningen som kan göras mot en furste är att berätta en lögn för honom.

51. Vi måste leva med människor på ett så vänligt och ärligt sätt att de nästan tvingas berätta allt de vet för oss.

52. Vi måste aldrig ge någon anledning att omvända sig med rättvisa för att ha berättat vare sig en sanning eller en hemlighet.

53. Vid hovet är allt misstänkt; smicker, lovord och till och med goda tjänster syftar ibland bara till att skada.

54. Livet är en trafik; man kan inte göra stora vinster utan att utsätta sig för stora förluster.

55. Svaghet är furstarnas största fel.

56. Den stora förtrogenhet som gör vissa föraktade gör andra mer respekterade. Det finns människor som ju mer man känner dem, desto mer uppskattar man dem och desto mer fruktar man dem.

57. Vi måste veta hur vi skall dra fördel av allt, både våra egna fel och brister och andras.

58. Man måste straffa med ånger och belöna med glädje.

59. Man måste straffa i form av rättvisa när man kan; men när man inte kan, måste man alltid straffa som man kan.

60. De som förtjänar straff bör sällan lämnas ostraffade.

61. Det är bättre att förlåta de skyldiga än att straffa de oskyldiga.

62. Vi är skyldiga förlåtelse till varje man som erkänner sitt fel och ger upp efter eget gottfinnande.

63. Man bör aldrig anförtro sin hemlighet till någon utom av nödvändighet eller dessäng.

64. Man skall inte vara hemlighetsfull, inte heller framstå som hemligheter bagateller som inte förtjänar att vara det.

65. Man måste sätta sig själv i en position att frukta varken sig själv eller någon.

66. De flesta människor vet inte hur man berömmer eller skyller med rätta; vi måste ha stor likgiltighet för allt de säger om oss.

67. Lyckan döljer ofta människor, men möjligheter avslöjar dem.

68. Det var på bekostnad av fruktansvärda mödor och mycket svett och utspillt blod som Alexander och få andra fick sina stora namn.

69. Falsk ära förvärvas billigt, men sann ära kostar människor dyrt.

70. Vilken ansträngning lycka och smicker än gör, kan de inte få lögn att bli sann ära.

71. Människor jämförs med Alexander den store som knappast förtjänar att jämföras med hans Bucephalus.

72. Naturen försätter oss till döden genom ålderdomen, den avskyr oss så småningom livet genom de sjukdomar och olägenheter som är oskiljaktiga från den. Vi skulle dö nästan otröstliga om vi inte åldrades.

73. Det finns inte en man i världen som inte är lämplig för något, hur oduglig han än må vara.

74. Varje människa som inte föredrar sin plikt och sin härlighet framför sin tillfredsställelse, lätthet och nöjen är kapabel till inget stort. Man måste veta hur man berövar sig själv allt när det gäller att komma igång.

75. Vi benådar brottslingar genom att döda dem.

76. Man kan knappast veta eller bedöma sanna förtjänster utan att ha det.

77. Vad filosoferna än säger till oss, anser jag fattigdom, sjukdom, kroppslig smärta vara verkliga smärtor av vilka resonen inte kan trösta oss. Enbart religionen förser oss med solida tröst mot alla dessa livets smärtor.

78. Livet kan inte vara behagligt utan perfekt hälsa och kraft i själ och kropp.

79. Passionerna är livets salt; vi är varken glada eller olyckliga utom i proportion som vi har brutit mot dem.

80. Passionerna är varken orättvisa eller kriminella, men de föremål som ges till dem gör dem antingen skyldiga eller legitima.

81. Stolthet bör tjäna till att hindra oss från att göra saker som är ovärdiga en hedersman.

82. Kärlek och ambition måste ha Gud för sitt föremål; det är bara i honom som de kan finna något att tillfredsställa sig själva rikligt och värdigt.

83. Vi måste hata orättvisor och brott utan att hata vare sig de orättvisa eller brottslingarna.

84. Man måste straffa utan ilska och utan orättvisa.

85. Ilska är ofta rättfärdig, men inte alltid oskyldig.

86. Diskretion är en dygd som kryddar alla andra.

87. Temperament gör oss nästan alltid antingen dumma eller kriminella.

88. Avund och girighet är vackra passioner och ovärdiga en ärlig man eftersom de inte kan relatera till Gud.

89. Rädsla, nedrig och ovärdig som den är, blir ädel och rättvis när man fruktar bara Gud och brott.

90. Liberalitet vore den finaste av alla dygder om den inte förstörde sig själv.

91. Det finns människor som är så välvilliga att de har mer förtjänst att veta hur man vägrar de nåder som begärs av dem än att ge dem.

92. Det finns andra som vet hur man vägrar och tvingar, vilket är mycket sällsynt och mycket svårt.

93. Det är en stor olycka att vara skyldig till en ohederlig man.

94. Allt som slutar kan inte vara outhärdligt; och livets korthet kan och bör trösta oss för all den här världens missförhållanden.

95. Om vi ​​är dumma, okunniga, fattiga och olyckliga, måste vi trösta oss själva. Döden kommer att bota oss från alla dessa ondska, och det kommer en tid som inte tar slut, då vi skall veta allt, och när vi skall vara lyckliga och perfekta i all evighet.

96. Det goda och onda i den här världen är mycket som de där perspektivmålningarna, som roar och lurar oss på så många sätt och som verkligen bara är lite målad duk, men de är inte verkliga.

97. Vi är nästan alltid barn, vi byter om våra nöjen och våra dockor i alla åldrar, allt proportioneras lite i taget efter vår förmåga; men äntligen är vi bara sysselsatta med småsaker och varje årstid, och varje tidsålder skrattar åt dem vi nyss lämnat, även om den sysselsättning som följer knappast är allvarligare.

98. Kärlekens enda syfte är att älska och att bli älskad; den gör anspråk på inget mer.

99. Kärlek förskönar det älskade föremålet och gör det hela tiden mer älskvärt, men kärleken till människor som man inte kan älska är rasande påfrestande.

100. Trohet i kärlek är inte så mycket en förtjänst som en nödvändighet; bara det skiljer det sanna från det falska.

English translation (my own):

1. All authority, and all force, must always yield to justice and reason.

2. One must have enough intrepidity and courage for all the perils and all the misfortunes of life, but one must not have enough to dare to damn oneself.

3. Fame is a liar who always flatters fortune and hardly knows merit.

4. We must try to deserve a beautiful and great renown; but whether favourable or not, it must always be despised.

5. All centuries and all countries give birth to great men, and even heroes; but fortune and opportunities do not always make them known.

6. Anyone who has done a great deed in his life should not take pride in it; he should count it for nothing and always try to surpass himself. We must always be unsatisfied with ourselves, however content others appear with us.

7. We must be attentive to opportunities and never let any pass without signaling ourselves if possible.

8. People should not be valued so much for their actions as for their ability, feelings and purposes; fortune has too much of a share in everything else.

9. Any man who fears the sight of his creditor has an ungrateful and base soul.

10. It seems to me that Diocletian was right to refuse the empire offered to him after having left it.

11. One does a crime against Caesar to have made oneself master of Rome, but it seems to me that one is wrong; for could he render a greater and more important service to Rome than to condescend to command her?

12. Those who killed Caesar did more harm than did Scylla, Marius, or the Triumvirate; and the death of Caesar was the greatest of Rome's misfortunes.

13. Brutus cannot be forgiven for the murder of Caesar; apart from that, Brutus was a great and honest man.

14. One can be a very honest man without being a great man; but one cannot be a great man without also being a very honest man.

15. It is better to merit fortune than to possess it.

16. Personal merit sets the difference between kings and not their states.

17. The glory and happiness of kingdoms depend, after God, only on the personal qualities of their kings.

18. The character of Alcibiades pleases me infinitely.

19. Among the philosophers, Socrates, Aristippus and Diogenes are very much to my liking; but I would not like to be made like them.

20. There is no animal in the world more foolish or more proud than a pedant.

21. Any favourite or prime minister who is not loved by his master is not too safe.

22. We are mistaken when we imagine that princes are governed by their ministers. However weak a prince may be, he is always the strongest, for his ministers depend on his wishes and caprices.

23. The directors of princes strongly resemble those people who tame tigers and lions; they make these animals perform a hundred tricks and a thousand games. To see them, it seems that they are entirely submissive; however, when they least think of it, a swipe of the paw knocks them down and shows that they cannot be tamed.

24. Every man who has power in his hand uses it sooner or later.

25. When one has the misfortune to be born a subject, one is much more fortunate to be the subject of a great and skillful man; it is the greatest of misfortunes to be at the discretion of a foolish and dishonest man.

26. All the skill and authority of ministers consist only in knowing how to study the capacity and genius of their princes and in assisting them well.

27. Princes are sometimes more criminal by their example than by their very actions.

28. Anything that destroys the esteem and respect men have for princes is fatal to them.

29. True greatness consists not in doing everything one wants, but in wanting only what one must.

30. When a good deed makes us unhappy for the rest of life, we should never regret having done it.

31. Fortune justifies many faults, even crimes, but it does not console them.

32. It is the duty of a prince to give a few moments of his time to reading good books. These moments are not lost on the public, as they correct and instruct princes. One must to know how to steal these moments from one's sleep, one's meals, one's amusements and one's pleasures, but not from one's affairs or one's duty.

33. Princes should especially study the great book of the world; they must know how to read in the eyes of men, and even in their hearts, the feelings which self-interest and flattery so carefully hide from them. This science is rare, God gives it to few people; but those who have it are made to rule.

34. It is in vain that princes hope to know the truth of others if they do not tell it themselves.

35. Application and distrust are not virtues, but qualities so necessary to princes that it is impossible for them to do without them.

36. Most of those who approach princes have no other design than to please them, the better to deceive them.

37. One should be more careful of one's friends, confidants and relatives than of one's enemies; they are more dangerous to us because they are dearer to us.

38. However deceitful the court may be, princes are almost always more deceptive if they are not entirely fools; they are never deceived except by themselves, and it is only through lack of application and mistrust that they fall into the traps set for them.

39. Princes cannot be loved if they are not feared and esteemed.

40. A prince must make his person more redoubtable than his fortune, however great; but he must render himself such only to the wicked and to the enemies of his State.

41. Whatever familiarity and kindness a prince shows towards his friends, servants or relatives, he must always know how to mix with it something so great that he makes them tremble; but this gift comes from Heaven; the haughtiness that princes substitute for this talent does not have this effect.

42. There are people who think they gain respect by turning themselves into statues, but that is the secret to making themselves look ridiculous and not terrible.

43. Tyrants and cruel people are never feared; they are hated.

44. We can neither love nor respect what we do not esteem.

45. However distrustful, diligent or skillful a prince may be, he is exposed to deceit and betrayal like pilots are exposed to storms.

46. ​​However suspicious and distrustful a prince may be, he must never condemn anyone on the report of another without having listened to him; and one must always be disposed either to justify the innocent or to pardon the guilty when it is necessary to do so with justice and reason.

47. Anything that is said to the detriment of a third party must be held suspect, and we must carefully examine whether envy, jealousy, hatred and a thousand other passions and a thousand kinds of secret interests do not make people speak.

48. Whatever opinion we have of people's probity, we must not trust it so strongly that we never doubt either what they say to us or what they do; for men can always either be deceived or deceive; and if we do not miss them, we can miss them.

49. Self-interest and violent passions sometimes make the most honest people in the world unjust and guilty, in spite of themselves; everything must be forgiven. Man is an abyss of miseries.

50. The greatest offense that can be done to a prince is to tell him a lie.

51. We must live with people in such an affable and honest manner that they are almost forced to tell us everything they know.

52. We must never give cause to anyone to repent with justice of having told us either a truth or a secret.

53. At court everything is suspect; flattery, praises, and even good services sometimes only aim to harm.

54. Life is a traffic; one cannot make great gains without exposing oneself to great losses.

55. Weakness is the greatest fault of princes.

56. The great familiarity which makes some despised makes others more respected. There are people who the more one knows them, the more one esteems them and the more one fears them.

57. We must know how to take advantage of everything, both our own faults and shortcomings and those of others.

58. One must punish with regret and reward with joy.

59. One must punish in the form of justice when one can; but when one cannot, one must always punish as one can.

60. Those who deserve punishment should rarely be left unpunished.

61. It is better to forgive the guilty than to punish the innocent.

62. We owe forgiveness to any man who confesses his fault and surrenders at discretion.

63. One should never confide one's secret to anyone except by necessity or by design.

64. One should not be mysterious, nor pass off as secrets trifles that do not deserve to be.

65. One must put oneself in a position to fear neither oneself nor anyone.

66. Most people do not know how to praise or blame justly; we must have great indifference to everything they say about us.

67. Fortune often disguises people, but opportunities unmask them.

68. It was at the cost of terrible labours and much sweat and spilled blood that Alexander and few others earned their great names.

69. False glory is cheaply acquired, but true glory costs men dearly.

70. Whatever effort fortune and flattery make, they cannot make falsehood become true glory.

71. People are compared with Alexander the Great who hardly deserve to be compared with his Bucephalus.

72. Nature disposes us to death through old age, it gradually disgusts us with life through the illnesses and inconveniences which are inseparable from it. We would die almost inconsolable if we did not grow old.

73. There is not a man in the world who is not suitable for something, no matter how unskilled he may be.

74. Any man who does not prefer his duty and his glory over his satisfactions, eases and pleasures is capable of nothing great. One must know how to deprive oneself of everything when it comes to getting down to business.

75. We pardon criminals by putting them to death.

76. One can hardly know or judge true merit without having it.

77. Whatever the philosophers tell us, I consider poverty, disease, bodily pain to be real pains for which reason cannot console us. Religion alone furnishes us with solid consolations against all these pains of life.

78. Life cannot be pleasant without perfect health and vigour of soul and body.

79. The passions are the salt of life; we are neither happy nor unhappy except in proportion as we have violated them.

80. The passions are neither unjust nor criminal, but the objects given to them render them either culpable or legitimate.

81. Pride should serve to keep us from doing things unworthy of a man of honour.

82. Love and ambition must have God for their object; it is only in Him that they can find something to satisfy themselves abundantly and worthily.

83. We must hate injustice and crimes without hating either the unjust or the criminals.

84. One must punish without anger and without injustice.

85. Anger is often righteous, but not always innocent.

86. Discretion is a virtue that seasons all the others.

87. Temperament almost always makes us either stupid or criminal.

88. Envy and avarice are beautiful passions and unworthy of an honest man because they cannot relate to God.

89. Fear, base and unworthy as it is, becomes noble and just when one fears only God and crime.

90. Liberality would be the finest of all virtues if it did not destroy itself.

91. There are people who are so benevolent that they have more merit in knowing how to refuse the graces that are asked of them than in granting them.

92. There are others who know how to refuse and oblige, which is very rare and very difficult.

93. It is a great misfortune to be obliged to a dishonest man.

94. Not everything that ends can be unbearable; and the shortness of our life can and should console us for all the ills of this world.

95. If we are stupid, ignorant, poor and unhappy, we must console ourselves. Death will cure us of all these evils, and there will come a time that will not end, when we will know everything, and when we will be happy and perfect for all eternity.

96. The good and evil in this world are very much like those paintings of perspectives, which amuse and deceive us in so many ways and which are indeed just a bit of painted canvas, but they are not real.

97. We are almost always children, we change our amusements and our dolls at all ages, everything is proportioned little by little to our capacity; but at the end of the day we are occupied only with trifles and every season, and every age laughs at those we have just left, although the occupation which ensues is hardly more serious.

98. The sole purpose of love is to love and to be loved; it claims nothing more.

99. Love embellishes the loved object and makes it more lovable at all times, but the love of people whom one cannot love is furiously importunate.

100. Fidelity in love is not so much a merit as a necessity; it alone distinguishes the true from the false.


Above: Kristina.

No comments:

Post a Comment