Wednesday, August 21, 2019

Kristina's letter to Azzolino, dated June 20/30 (New Style), 1666

Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino during her/his/their stay in Hamburg on June 20/30 (New Style), 1666.




Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), Baron Carl Bildt, 1899


https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Letters_by_Christina_of_Sweden_to_Cardinal_Decio_Azzolino_(1666%E2%80%931668)

The letter:

15.me lestre d'Ambur, 30 Juin 1666
Jl mest impossible de Vous repondre sur le Conteneu de Vostre lestre estant encore si incertaine que ie la suis de sur lestat de mes affaires, puis que ie ne sauray encore Vous parler avec Certitude de la diette dont dependent touts mes resolutions. lordinaire de Suede passe portoit dans mes lestres que le Jour de la diette nestoit pas encore resolue et qu'on ne savoit pas si elle se feroit ou non, cette langeur et incertitvde me fait mourir desespoir et de chagrin, et pou achever à me desesperer le Courier ordinarie de Suede qui est arrive ce matin ne ma apporte aucune sorte de lestre. l'On me Croit en Chemain et Je Crois que cest la raison pourquoy lon ne mescrit plus, et Je suis force d'attendre lordinaire prochain pour diviner ce que ie dois deuenir, et Ce sera demain que ie le sauray celuy qui doit arriver de Suede qui est poprement lordinarie de Suede, Car celuy qui est arrive au Jourdhuy ne porte pas tousiour des lestres de Suede quoyquil le porte sovvent, ou plutost quelquefois, Cependant Je suis icy ocupe a minformer de lestat de mes affaires, et a revoir mes Contes tan ceux dv Gouverneur gene que d'Appelman Thexeira et les austres, et a disposer le tout de la meillieure maniere quil me sera possible, Je trouve que la Couronne me doit beaucoupe plus que mes ministres ne mont fait savoir, et Je seray encore a lignorer si ie ne l'evsse trouve de moy mesme. Si la Couronne et les estats me rendent iustice Comme iespere que ie sortiray auec grande facilite de toutte mes dettes et en auray encore de largent davance. Mon seul malheur est le mauvais estat ou la Couronne se trouve qvi est tel que ie noseray Vous en faire la description, Car Vous ne me croiries pas. Jay toutte mon esperance en la diette Car ie suis persvade que tost ou tard elle se fera et qu'on ne poura pas la differer ausi long temps que lon souhaitte de sen passer.

Je souhaitterois de tout mon Coeur que le proiets dAdami puisse reusir, et ie lespere ausi que iauray autand de revenus quil Vous fait esperer et ie Vous assure que Jemployeray toutte mon application a les faire reusir encore plus grandes et ie ne desespere pas den venir a bout neamoins ie noseray encore Vous asseurer de rien, si ce nest de mes soins et de mon application.

Vous me donnes bien de la Joye en masseurant que mon depart a donne du deplaisir a Rome, et de la duree de ce deplaisir. lon me fait honeur et iustice Car ie merite bien que rome me regrette, puisque mon absense me donne une douleur mortelle. mais admires la perversite de mon destin qui me prive pour trop logn temps de la ioye que ie donneray et receveray de mon retour. Je ne say quel Compliment on Vous a fait sur ce suiet mais de la maniere que men parles Vous m'en faittes Venir vne estrange Curiosite. ie lay cherge dans Vos Chiffre mais ie ne lay pas trovve Cepandant pour ma Consolation ne me prive pas de la Joye que ses sortes de petite nouvelles me donnent et qui sont si propres pour Charmer et pour adoucir mes inquietvdes, mais nes ce pas quon Vous trompe ou Vous flatte sur un suiet ou tout le monde Conoist Votre interest, et pour men tirer de doutte faittes moy savoir toutte les particularites et Circonstance qui me seront si agreables. au reste iay su quant iestois a ferare la Vitoire des Veneciens leur prise et Confiscation des barques, la paix de modene et de Mantoue et Vous pardon de ne Vous lavoir pas escrit.

Jcy Jl ny a rien de nouueau la Victoire des Ollandois se Confirme de toutte part. les Anglois nont pas laisse de faire des feu ioye Comme sil eussent Vaincus, et se sont publie les Victorieux a londre ou les Ambasadeurs de Sude ont celebre la fuite avec de feu de ioye allusmés asse mal appropos dauton plus quaucun austre ministre a londre n'a fait autan. adieu ie Vous suis entierement accquise.

With modernised spelling (with Kristina's spelling mistakes preserved as much as possible):

15[iè]me lettre de Hambourg, 30 juin 1666.
Il m'est impossible de vous répondre sur le contenu de votre lettre, étant encore si incertaine que je la suis de sur l'état de mes affaires, puisque je ne saurais encore vous parler avec certitude de la Diète dont dépendent toutes mes résolutions.

L'ordinaire de Suède passé portait dans mes lettres que le jour de la Diète n'était pas encore résolu et qu'on ne savait pas si elle se ferait ou non. Cette langueur et incertitude me fait mourir de désespoir et de chagrin, et, pour achever à me désespérer, le courrier ordinaire de Suède qui est arrivé ce matin ne m'a apporté aucune sorte de lettre. L'on me croit en chemain [sic] et je crois que c'est la raison pourquoi l'on ne m'écrit plus, et je suis forcée d'attendre l'ordinaire prochain pour devenir ce que je dois devenir, et ce sera demain que je le saurai par celui qui doit arriver de Suède, qui est p[r]oprement l'ordinaire de Suède, car celui qui est arrivé aujourd'hui ne porte pas toujours des lettres de Suède, quoiqu'il les porte souvent ou plutôt quelquefois.

Cependant je suis ici occupée à m'informer de l'état de mes affaires, et à revoir mes comptes, tant ceux du gouverneur général que d'Appelman, Texeira et les autres, et à disposer le tout de la meillieure [sic] manière qu'il me sera possible. Je trouve que la Couronne me doit beaucoup plus que mes ministres ne trouvé de moi-même. Si la Couronne et les États me rendent justice, comme j'espère, je sortirai avec grande facilité de toutes mes dettes et en aurai encore de l'argent d'avance. Mon seul malheur est le mauvais état où la Couronne se trouve, qui est tel que je n'oserai vous en faire la description, car vous ne me croiriez pas. J'ai toute mon espérance en la Diète, car je suis persuadée que tôt ou tard elle se fera, et qu'on ne pourra pas la différer aussi longtemps que l'on souhaite de s'en passer.

Je souhaiterais de tout mon cœur que le projet d'Adami puisse réussir, et j'espère aussi que j'aurai autant de revenus qu'il vous fait espérer, et je vous assure que j'emploierai toute mon application à les faire réussir encore plus grands, et je ne désespère pas d'en venir à bout. Néa[n]moins je n'oserai encore vous assurer de rien, si ce n'est de mes soins et de mon application.

Vous me donnez bien de la joie en m'assurant que mon départ a donné du déplaisir à Rome, et de la durée de ce déplaisir. L'on me fait honneur et justice, car je mérite bien que Rome me regrette, puisque mon absence me donne une douleur mortelle. Mais admirez la perversité de mon destin qui me prive pour trop longtemps de la joie que je donnerais et receverais [sic] de mon retour. Je ne sais quel compliment on vous a fait sur ce sujet, mais de la manière que vous m'en parlez, vous m'en faites venir une étrange curiosité. Je l'ai cherché dans vos chiffres, mais je ne l'ai pas trouvé. Cependant, pour ma consolation, ne me privez pas de la joie que ces sortes de petites nouvelles me donnent, et qui sont si propres pour charmer et pour adoucir mes inquiétudes; mais n'est-ce pas qu'on vous trompe ou qu'on vous flatte sur un sujet où tout le monde connaît votre intérêt, et, pour m'en tirer de doute, faites-moi savoir toutes les particularités et circonstances qui me seront si agréables.

Au reste, j'ai su quand j'étais à Ferrare la vi[c]toire des Vénetiens [sic], leur prise et confiscation des barques, la paix de Modène et de Mantoue, et vous [demande] pardon de ne vous l'avoir pas écrit.

Ici il n'y a rien de nouveau. La victoire des Hollandais se confirme de toute part. Les Anglais n'ont pas laissé de faire des feux [de] joie, comme s'ils eussent vaincu, et se sont publiés les victorieux à Londres, où les ambassadeurs de Suède ont célébré la fuite avec des feux de joie allumés assez mal à propos, d'autant plus qu'aucun autre ministre à Londres n'a fait autant.

Adieu, je vous suis entièrement acquise.

With modernised spelling (Bildt's transcript):

Hambourg, 30 juin 1666
Il m'est impossible de vous répondre sur le contenu de votre lettre, étant encore si incertaine que je la suis de sur l'état de mes affaires, puisque je ne saurais encore vous parler avec certitude de la Diète dont dépendent toutes mes résolutions.

L'ordinaire de Suède passé portait dans mes lettres que le jour de la Diète n'était pas encore résolu et qu'on ne savait pas si elle se ferait ou non. Cette langueur et incertitude me fait mourir de désespoir et de chagrin, et, pour achever à me désespérer, le courrier ordinaire de Suède qui est arrivé ce matin ne m'a apporté aucune sorte de lettre. L'on me croit en chemin et je crois que c'est la raison pourquoi l'on ne m'écrit plus, et je suis forcée d'attendre l'ordinaire prochain pour devenir ce que je dois devenir, et ce sera demain que je le saurai par celui qui doit arriver de Suède, qui est proprement l'ordinaire de Suède, car celui qui est arrivé aujourd'hui ne porte pas toujours des lettres de Suède, quoiqu'il les porte souvent ou plutôt quelquefois.

Cependant je suis ici occupée à m'informer de l'état de mes affaires, et à revoir mes comptes, tant ceux du gouverneur général que d'Appelman, Texeira et les autres, et à disposer le tout de la meilleure manière qu'il me sera possible. Je trouve que la Couronne me doit beaucoup plus que mes ministres ne trouvé de moi-même. Si la Couronne et les États me rendent justice, comme j'espère, je sortirai avec grande facilité de toutes mes dettes et en aurai encore de l'argent d'avance. Mon seul malheur est le mauvais état où la Couronne se trouve, qui est tel que je n'oserai vous en faire la description, car vous ne me croiriez pas. J'ai toute mon espérance en la Diète, car je suis persuadée que tôt ou tard elle se fera, et qu'on ne pourra pas la différer aussi longtemps que l'on souhaite de s'en passer.

Je souhaiterais de tout mon cœur que le projet d'Adami puisse réussir, et j'espère aussi que j'aurai autant de revenus qu'il vous fait espérer, et je vous assure que j'emploierai toute mon application à les faire réussir encore plus grands, et je ne désespère pas d'en venir à bout. Néanmoins je n'oserai encore vous assurer de rien, si ce n'est de mes soins et de mon application.

Vous me donnez bien de la joie en m'assurant que mon départ a donné du déplaisir à Rome, et de la durée de ce déplaisir. L'on me fait honneur et justice, car je mérite bien que Rome me regrette, puisque mon absence me donne une douleur mortelle. Mais admirez la perversité de mon destin qui me prive pour trop longtemps de la joie que je donnerais et recevrais de mon retour. Je ne sais quel compliment on vous a fait sur ce sujet, mais de la manière que vous m'en parlez, vous m'en faites venir une étrange curiosité. Je l'ai cherché dans vos chiffres, mais je ne l'ai pas trouvé. Cependant, pour ma consolation, ne me privez pas de la joie que ces sortes de petites nouvelles me donnent, et qui sont si propres pour charmer et pour adoucir mes inquiétudes; mais n'est-ce pas qu'on vous trompe ou qu'on vous flatte sur un sujet où tout le monde connaît votre intérêt, et, pour m'en tirer de doute, faites-moi savoir toutes les particularités et circonstances qui me seront si agréables.

Au reste, j'ai su quand j'étais à Ferrare la victoire des Vénitiens, leur prise et confiscation des barques, la paix de Modène et de Mantoue, et vous [demande] pardon de ne vous l'avoir pas écrit.

Ici il n'y a rien de nouveau. La victoire des Hollandais se confirme de toute part. Les Anglais n'ont pas laissé de faire des feux [de] joie, comme s'ils eussent vaincu, et se sont publiés les victorieux à Londres, où les ambassadeurs de Suède ont célébré la fuite avec des feux de joie allumés assez mal à propos, d'autant plus qu'aucun autre ministre à Londres n'a fait autant.

Adieu, je vous suis entièrement acquise.

English translation (my own):

Hamburg, June 30, 1666.
It is impossible for me to answer you as to the content of your letter, being still so uncertain as I am on the state of my affairs, since I cannot yet speak with certainty of the Riksdag, on which all my resolutions depend.

The past of Sweden, in my letters, showed that the day of the Riksdag was not yet resolved, and that it was not known whether it would be done or not. This languour and uncertainty makes me die of despair and sorrow, and, to complete my despair, the ordinary Swedish courier who arrived this morning brought me no kind of letter. They believe me on the way and I think that is the reason why they do not write to me anymore, and I am forced to wait for the next ordinary to become what I have to become, and it will be tomorrow that I will know it by the one who must arrive from Sweden, which is the ordinary of Sweden, because whoever has arrived today does not always carry letters from Sweden, although he carries them often or rather sometimes.

But here I am, busy informing myself of the state of my affairs and reviewing my accounts, both those of the Governor General and Appelman, Texeira and others, and disposing of everything in the best possible way that will be possible for me. I find that the Crown owes me much more than my ministers have let me know, and I would still be ignorant of it if I had not found out on my own. If the Crown and the States do me justice, as I hope, I will come out with great ease of all my debts and will still have some money in advance. My only misfortune is the bad state in which the Crown is, which is such that I dare not describe it to you, for you would not believe me. I have all my hope in the Riksdag, for I am persuaded that sooner or later it will happen, and that one will not be able to postpone it as long as one wishes to do without it.

I would like with all my heart that Adami's project can succeed, and I also hope that I will have as much income as you can hope for, and I assure you that I will use all my application to make them succeed again bigger, and I do not despair of overcoming it. Nevertheless, I will not dare to assure you of anything except my care and my application.

You give me much joy by assuring me that my departure has given Rome no pleasure, and the duration of this displeasure. They do me honour and justice, for I deserve Rome to regret me, since my absence gives me a mortal pain. But admire the perversity of my destiny, which deprives me for too long of the joy I would give and receive from my return. I do not know what compliment you have been given on this subject, but in the way you tell me about it, you make me come to a strange curiosity. I looked for it in your numbers, but I did not find it. In the meantime, for my consolation, do not deprive me of the joy which these kinds of little news give me, and which are so apt to charm and to soften my anxieties; but is it not that they deceive you or flatter you on a subject in which everybody knows your interest, and, to get out of doubt, let me know all the peculiarities and circumstances, which will be so nice.

For the rest, I knew when I was in Ferrara the victory of the Venetians, their capture and confiscation of the boats, the peace of Modena and Mantua, and beg your pardon for not having written it to you.

Here there is nothing new. The victory of the Dutch is confirmed on all sides. The English did not stop making bonfires, as if they had conquered, and published the victorious ones in London, where the ambassadors of Sweden celebrated the flight with bonfires lit up rather badly, especially since no other minister in London has done so much.

Farewell, I am entirely yours.


Above: Kristina.


Above: Decio Azzolino.

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