Source:
Lettres secrètes de Christine, Reine de Suède, page 19, published by the Cramer Brothers, 1761
The letter:
MONSIEUR,
J'ai beau me lever de grand matin, me coucher tard, dormir peu, je n'avance rien. Je n'ai pas un instant de libre. Les affaires politiques employent tout mon tems & me séchent. J'essuie des visites longues & importunes, dont je ne puis me débarrasser honnêtement; parce que je n'aime pas à faire crier après moi. Il me semble voir le diable avec ses cornes, à l'approche de ces tourmentes de Secrétaires, qui sont toujours sur mes talons.
J'ai beau me lever de grand matin, me coucher tard, dormir peu, je n'avance rien. Je n'ai pas un instant de libre. Les affaires politiques employent tout mon tems & me séchent. J'essuie des visites longues & importunes, dont je ne puis me débarrasser honnêtement; parce que je n'aime pas à faire crier après moi. Il me semble voir le diable avec ses cornes, à l'approche de ces tourmentes de Secrétaires, qui sont toujours sur mes talons.
J'ai beau les précher, leur tailler de la besogne, ils ne savent pas faire une panse d'A seuls. Ce sont de vieux enfans qu'il faut régenter sans cesse, & toujours en vain.
Quand pourrai-je, grands Dieux, me dépêtrer de ces ennuyeux personnages! une heure avec eux me paroît plus longue que l'éternité. Ils me poignent l'esprit & les oreilles, & me rendent toujours d'une humeur noire. Pourquoi faut-il qu'une Reine soit plus esclave que le plus vil & le plus obscur de ses sujets? Vantez tant que vous voudrez les brillantes & inestimables prérogatives de la royauté; s'il n'est pas possible d'y faire tout ce qu'on veut, sans s'exposer à la censure des hommes, j'aimerois mieux être Ninon que Christine.
English translation (my own):
Monsieur,
I can get up early, go to bed late, sleep little, I don't advance at all. I do not have a free moment to read. Political affairs take up all my time and they dry me out. I weave long and intrusive visits, of which I cannot rid myself honestly; because I do not like to be shouted for. I seem to see the Devil with his horns at the approach of the torment of secretaries, who are always on my heels.
I can get up early, go to bed late, sleep little, I don't advance at all. I do not have a free moment to read. Political affairs take up all my time and they dry me out. I weave long and intrusive visits, of which I cannot rid myself honestly; because I do not like to be shouted for. I seem to see the Devil with his horns at the approach of the torment of secretaries, who are always on my heels.
I cannot prick them, cut them off, they do not know how to make a belly of d'A alone. They are old children who must be constantly ruled, and always in vain.
When will I be able, great Gods, to get rid of these boring characters? An hour with them seems longer than eternity. They grip my mind and ears, and always put me in a black mood. Why must a queen be more a slave than the basest and most obscure of her subjects? Praise as much as you wish the brilliant and invaluable prerogatives of royalty; if it is not possible to do whatever one wants, without exposing oneself to the censorship of men, I would rather be Ninon [de l'Enclos] than Kristina.
Above: Kristina.
Above: Kristina.
Above: Ninon de l'Enclos.
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