Wednesday, August 7, 2019

Kristina's letter to the Comtesse de La Suze (APOCRYPHAL)

Kristina wrote this undated letter to Henriette de Coligny, Comtesse de La Suze.

Source:

Lettres secrètes de Christine, Reine de Suède, page 112, published by the Cramer Brothers, 1761


The letter:

MADAME,
Donnez-moi donc des nouvelles satisfaisantes de notre aimable infortunée & de son cher époux, plus malheureux encore qu'elle, puisqu'il est détenu inhumainement en prison, comme un criminel de lèse-majesté.

Je ne peux comprendre qu'un homme qu'on s'est plû d'élever, un favori qui s'est maintenu avec adresse dans les élans convulsifs de la fortune, qui a la parole du Roi d'épouser celle qui l'aime, puisse passer si brusquement du faîte des grandeurs dans l'abîme effrayant d'une ténébreuse prison: on n'a jamais vu pareil prodige; il étonne & révolte tout le monde.

A quoi sert donc de vivre, si l'on a plus de mauvais jours que de bons? Hélas! frêles humains, nous touchons à la vieillesse, & nous paroissons des enfans, tant le souvenir des jours agréables est léger. Nous n'avons pas vêcu, & nous mourons.

Non est vivere sed valere vitæ, dit le galant Martial; la vie n'est rien en elle-même, si l'on ne jouit point, & vivre c'est se porter bien, avoir le cœur gai, l'esprit libre, le corps sain & robuste; lire, boire, folâtrer nuit & jour; cela s'appelle vivre, jouir, & bien vivre. Sans toutes ces agréables miseres; vivre, c'est souffrir; vivre, c'est mourir.

Quelques anciens ont dit, qu'il étoit plus difficile de vivre que de mourir. Les Thraces se réjouissoient à la mort d'un citoyen, & pleuroient à la naissance d'un enfant, parce que, disoient-ils, la mort termine toutes les miseres de l'homme; au lieu que la vie est une source d'infirmités, de souffrances, & un tourment perpétuel. C'est un présent funeste que les Dieux nous ont fait dans leur courroux.

Je sais que la destinée ordinaire des courtisans est passagere, orageuse, brillante, mais souvent déplorable; que ces enfans gâtés de la fortune conservent rarement leur faveur jusqu'à la mort, soit que les Princes se lassent d'eux, quand ils leur ont tout donné, soit que les favoris se lassent eux-mêmes des Princes; quand ils n'ont plus rien à espérer de leur générosité, comme le dit gravement Tacite; Fato potentiæ rarò sempiternæ an satias capit, aut illos cùm omnia tribuerunt, aut hos cùm jam nihil reliquum est quod capiant.

On n'a jamais vû annoncer un mariage avec plus d'éclar, & jamais on n'a vû une rupture aussi subite & aussi desastreuse que celle du Comte de Lauzun.

Est-ce que cette belle Princesse n'aura point d'amis assez puissans ou assez adroits pour procurer la liberté à son cher époux. Celle qui se dépouilloit avec tant de générosité pour faire la fortune & le bonheur de son amant, doit tout sacrifier & tout oser pour le posséder.

Madame Grotius arracha son époux d'une citadelle, à la vue d'une garde nombreuse, & par un innocent stratagême, elle donna la liberté à celui qui l'avoit injustement perdue, en sauvant celle de sa patrie.

English translation (my own):

Madame,
Give me, then, satisfactory news of our amiable unfortunate and of her dear husband, more unhappy than herself, since he is inhumanely detained in prison, like a lèse-majesté criminal.

I can understand only one man who has been raised to raise, a favourite who has been adroitly maintained in the convulsive impulses of fortune, who has the word of the King to marry the one who loves him can pass so abruptly from the summit of grandeur into the frightful abyss of a dark prison. No such prodigy has ever been seen; he astonishes and revels everyone.

What is the use of living if you have more bad days than good ones? Alas! frail human beings, we touch old age, and we appear children, so much is the memory of pleasant days light. We have not lived, and we are dying.

Non est vivere sed valere vitæ, says the gallant Martial. Life is nothing in itself if one does not enjoy. To live is to be well, to have a cheerful heart, a free mind, a healthy and robust body; to read, drink and sport day and night: it's called living, enjoying, and living well. Without all these pleasant miseries, to live is to suffer; to live is to die.

Some elders have said that it was more difficult to live than to die. The Thracians rejoiced at the death of a citizen and wept at the birth of a child because, they said, death terminates all the miseries of man; whereas life is a source of infirmities, sufferings, and perpetual torment. It is a fatal present that the Gods made us in their wrath.

I know that the ordinary destiny of courtiers is transient, stormy, brilliant, but often deplorable; that these spoiled children of fortune rarely preserve their favour until death, whether the princes tire of them, when they have given them everything, or that the favourites tire themselves of the princes; when they have nothing to hope from their generosity, as Tacitus so gravely says; Fato potentiæ rarò sempiternæ an satias capit, aut illos cùm omnia tribuerunt, aut hos cùm jam nihil reliquum est quod capiant.

No marriage has ever been announced with more enlightenment, and never has there been a rupture as sudden and disastrous as that of the Comte de Lauzun.

Will not this beautiful Princess have friends strong enough or skillful enough to give her dear husband freedom? She who stripped herself so generously to make the fortune and happiness of her lover, must sacrifice everything and dare to possess it.

Madame Grotius wrested her husband from a citadel, at the sight of a large guard, and by an innocent stratageme, she gave liberty to the one who had unjustly lost her, by saving that of her country.


Above: Kristina.



Above: The Comtesse de La Suze.

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