Thursday, December 28, 2023

Kristina in Pierre Hector Chanut's memoirs, October 1646 (New Style dates used)

Sources:

Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 61 to 71, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, 1675
Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 67 to 76, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826

Above: Kristina.

The excerpts:

OCTOBRE 1646.
La Suede auroit eu grand sujet de s'allarmer d'un autre bruit qui courut, que la France se voyant abandonné[e] par les Estats des Païs-bas, avoit pensé à se sauver comme dans un naufrage, & avoit promptement fait en particulier sa composition, qu'on tenoit fort secrete, afin de garder quelque bienseance à l'égard de la Suede, si les Plenipotentiaires de France n'eussent donné une communication fort exacte au sieur de Rosenhan de tout ce qu'ils avançoient en cette negociation, comme s'ils eussent preveu ce bruit qui devoit courir; & il en avoit si bien informé la Reine de Suede sa Maîtresse, & ses Ministres, qu'on imputa ce bruit à la malice des ennemis des deux Couronnes, & à la crainte des Estats de l'Empire: Il sembloit mesme que ces fausses allarmes estoient utiles à la France: car cette Nation se confiant en sa bonne fortune se seroit aisément persuadée que la France leur avoit toute l'obligation de ses avantages.

Cependant on attendoit avec impatience ce que le Maréchal de Turenne seroit dans l'armée des Confederez, pour juger des intentions de la France; & comme on tenoit pour certain que l'Empereur ne consentiroit jamais à la paix generale, que forcé & pressé dans ses Estats, & dans ceux de Baviere; on disoit, que si les armes de France ne contribuoient à ce dessein, il ne faloit plus douter qu'elle ne s'attendist à un traité particulier dont elle avoit des asseurances. Mais quoy que pût dire la Suede sur sa satisfaction, on appercevoit que ses Ministres avoient peur de se declarer inutilement, & ils esperoient que le succés de la Campagne pourroit bien réduire l'Empereur à tel point qu'il se chargeroit de la satisfaction entiere de la satisfaction entiere de la Brandebourg pour les deux Pomeranies, & mesme ils estoient resolus d'offrir à l'Electeur de l'assister en ses pretentions de Cleves & de Julliers.

Mais le sieur Chanut ayant receu des lettres, par lesquelles on le prioit de vouloir, au nom de leurs Majestez, proposer un mariage entre la Reine de Suede, & le Cardinal de Pologne, & que ce Prince le tiendroit à saveur; toutesfois comme il n'avoit nul ordre là-dessus, & qu'il ne voyoit point de jour en cette affaire, il ne s'y voulut pas engager. Car bien que les Estats de Pologne l'eussent souhaitté, la Reine ne s'y seroit jamais resoluë, & quand la Reine l'auroit desiré, jamais les Estats n'y auroient consenty. La disproportion d'âge, les pretentions de la Maison sur cette Couronne, la diversité de Religion, sa robe de Jesuite, & plusieurs autres raisons rendoient cette affaire absolument impossible.

Il vint au mesme temps des lettres d'Allemagne, qui disoient que la paix ne tenoit plus qu'à regler la satisfaction de la Couronne de Suede; & les Plenipotentiaires de France écrivirent aussi au sieur Chanut de faire tous ses efforts auprés de la Reine, & de ses Ministres, pour les porter aux facilitez necessaires pour cette grande conclusion. On esperoit de voir en cette conjoncture s'il y avoit quelque foy dans le procedé des Imperiaux, & on disoit qu'il faloit que la Suede, en ce point de crise, se declarât de son inclination à la paix, ou à la guerre.

Elle continuoit neantmoins toûjours ses soupçons sur la negociation du Grand Maître de Dannemark en Hollande; mais on esperoit de s'en éclaircir par le succés de ce qui arriveroit d'un Vaisseau pris en la derniere guerre de Hollande, & jugé en suite de bonne prise à Amsterdam, lequel toutesfois avoit esté arrêté aux Côtes de Norwégue à la requeste de l'ancien proprietaire Danois, à qui le Roy son Maistre l'avoit fait rendre. On pretendoit que cela estoit dïrectement contre le traité de paix, c'est pourquoy la Reine, afin de sçavoir quelque estoit l'intention du Roy de Dannemark, luy avoit envoyé un Gentilhomme exprés. Les clairs-voyans disoient, qu'il se trouveroit au fait de ce Vaisseau quelques particularitez qui donneroient couleur à cét arrest, sans qu'on le pût faire passer pour une infraction de la paix.

On preparoit cependant en Suede l'embarquement de huit cens hommes effectifs du Regiment du Colonel Hamilton Escossois. Les uns disoient que c'estoit pour passer en Pomeranie, & les autres croyoient qu'ils iroient en Livonie, où estoit le Maréchal Horn: Car quoy qu'on eut toute certitude des desseins du Roy de Pologne contre le Turc, le Chancelier n'avoit jamais voulu se laisser vaincre à ces apparences, & soûtenoit toûjours qu'en bon raisonnement les Polonois devoient avoir toute autre pensée que d'irriter le Grand Seigneur.

Mais la France ayant besoin de Vaisseaux pour fortifier la flotte qu'elle avoit dessein de mettre en mer, elle écrivit au sieur Chanut de se mettre en devoir d'en acheter, & d'en faire les propositions à la Reine en attendant que le sieur du Quesne luy portât les ordres pour le prix, & le reste des conventions; & sur tout de proposer à la Reine de prendre la moitié du prix de l'achapt en sel sur les Côtes de France; ce que le sieur Chanut ayant fait, elle répondit qu'elle n'étoit pas assez intelligente en cette matiere, & qu'elle en prendroit avis de son Chancelier. Le sieur Chanut songea aussi-tost de le prevenir, mais comme on ne luy avoit point prescrit à quel prix on donneroit le sel, & si seroit au prix du Marchand, ou à plus haut prix, il apprehendoit de luy communiquer cette affaire jusqu'à ce qu'il eut les dernieres resolutions de France, craignant que ce Ministre, à qui la Reine en vouloit parler, ne rendit l'affaire de trop difficile execution, & qu'il ne falut passer par la rigueur de son avis.

Mais comme les Plenipotentiaires de France à Munster ne pensoient qu'à la conclusion de la paix, ils écrivirent au sieur Chanut d'en ménager les facilitez necessaires de la part de la Suede, & comme il n'avoit pas des ordres suffisans pour cela, en les attendant il ne laissoit pas d'en parler aux Ministres comme de luy-mesme, & sans doute que la liberté qu'il prenoit de faire ces avances auparavant que de leur en parler avec le poids, & la ceremonie, que le nom, & l'autorité de leurs Majestez devoient donner, ne nuisit pas à son dessein: car de cette maniere, découvrant peu à peu les mouvemens de cette Cour, il esperoit que l'on envoyeroit aux Ministres de Suede à Osnabrug quelque ordre plus favorable pour l'acommodement avec l'Electeur de Brandebourg, parce que la Reine estant persuadée que la paix luy estoit utile la desiroit veritablement. Que neantmoins les Suedois ne laisseroient pas de jouër toutes sortes de personnages pour essayer d'obtenir la Pomeranie entiere avant que de relâcher aucune chose.

Le Chancelier de Suede témoigna prendre de l'ombrage de ce que les Plenipotentiaires de France avoient esté long-temps sans voir ceux de Suede, & bien qu'il ne pût blâmer au fond ce qu'ils avoient avancé avec les Imperiaux, il faisoit bien connoître qu'il eût bien desiré que l'on en eût auparavant conferé avec les Suedois; mais il estoit bien à propos que ces Messieurs gardant une exacte fidelité, ne descendissent pas à des déferences trop basses avec cette Nation.

Cependant le Baron Oxenstiern ayant resolu de faire un tout en Suede, en écrivit à son pere, qui en demanda la permission à la Reine; mais sa Majesté luy refusa, aprés l'avoir fait juge[r] luy-mesme des inconveniens qui pouvoient arriver de sa retraite d'Osnabrug sur le point de la conclusion de la paix, avec promesse que si elle ne se faisoit pendant l'hyver, elle ne luy refuseroit point cette grace au Printemps.

La Reine ayant ensuite communiqué au Chancelier l'ouverture que le sieur Chanut luy avoit faite de la condition du payement en sel pour la moitié du prix de quatre Vaisseaux que leurs Majestez vouloient acheter en Suede, le Chancelier y fit grande difficulté, sur l'usage de tout le Royaume, qui dés long-temps estoit accoûtumé au sel d'Espagne qu'on estimoit beaucoup plus propre pour le poisson. Ce qui ayant esté rapporté au sieur Chanut, il luy fit connoître qu'en France on estoit d'un avis tout contraire, & que tous les Maistres de Navires François, qui alloient à la pesche des Moruës sur les Côtes de Canada, avoient souvent éprouvé que le sel de France estoit sans comparaison plus propre pour leur poisson, que celuy d'Espagne, trop acre & trop desséchant, & qu'en tous cas c'estoit une experience à faire pour l'utilité, & le commerce entre les deux Royaumes. Le Chancelier luy promit d'en conferer avec les Officiers de l'Admirauté & les Marchants pour luy en rendre une réponse certaine.

Au mois de Janvier de l'année 1646, on convoqua les Estats de Suede, on disoit que c'estoit pour resoudre le couronnement de la Reine, & faire quelques Reglemens d'importance pour le dedans du Royaume; mais on ne croyoit pas qu'il s'y deût parler du mariage de la Reine, laquelle n'avoit encore rien resolu dans son esprit sur un sujet qui luy estoit si important.

Mais bien que le sieur Chanut n'eût point de lettres ni de France ni de ses Plenipotentiaires à Munster, il crut neantmoins qu'il ne pouvoit plus differer de parler à la Reine de Suede, & luy representer de la part de la France toutes les considerations qui la devoient porter à se relâcher de quelque chose en faveur du repos de la Chrestienté. Il luy fit remarque que la facilité de la France, qui avoit déja fait connoître à l'Empire qu'elle se contenteroit de peu de chose pour sa satisfaction, donnoit cét avantage à la Suede; qu'il sembloit alors qu'elle fut seule arbitre de la paix, & que comme cela luy estoit extremement glorieux, elle en devoit user de sorte qu'elle gagnât l'affection de toute l'Europe, en luy procurant une paix tant desirée; mais qu'elle devoit craindre d'autre côté, par cette mesme raison de se rendre odieuse à tous les peuples, & de se charger devant Dieu de tous les malheurs de la guerre, si elle seule empêchoit la conclusion d'une negociation si avancée par le petit interest du plus au moins dans la Pomeranie.

La Reine luy répondit qu'elle tenoit à honneur que leurs Majestez luy voulussent donner leurs conseils, qu'elle les recevoit comme de ses amis les plus asseurez, pour qui elle avoit beaucoup de respect; que toutes ses raisons l'avoient disposée de faire de sa part tout ce qu'elle pourroit pour avancer la paix en conservant l'honneur, & la seureté de son Estat; qu'elle esperoit de l'amitié de leurs Majestez, qu'aprés avoir obtenu ce qu'elles avoient desiré pour leur satisfaction, qu'elles employeroient leurs offices pour luy en procurer une proportionnée aux travaux, & aux dépenses d'une si longue guerre; & que les ordres qu'elle avoit donnez à ses Plenipotentiaires feroient connoître ses bonnes intentions; mais qu'elle prevoyoit qu'il y auroit difficulté pour accommoder les Estats d'Allemagne de differente Religion, & mesme pour ne point s'empêcher de témoigner de l'indignation contre le Duc de Saxe d'être peu zelé à soutenir les avantages des Protestans. Toutesfois quelque mine qu'elle fist, il paroissoit que la Suede n'aimoit la Religion que par raison d'Estat.

Mais estant arrivée le 20 Octobre un Courrier en Suede de la convocation de la Diette en Pologne, on y envoya sous pretexte de quelques occasions legeres, un Gentilhomme qui devoit y arriver dans le temps qu'elle se tiendroit, avec esperance d'apprendre facilement tout ce qui s'y passeroit, la Nation Polonoise estant fort libre à parler, & principalement en ces assemblées generales; mais l'avis qu'on receut qu'il estoit arrivé depuis peu un Envoyé du Roy de Pologne à Munster donna quelque jalousie, & on ne manqua pas à s'informer du sieur Chanut s'il n'avoit aucun avis de ce qu'il y alloit negocier.

En ce temps-là le Lantgrave de Hesse Cassel ayant fait ses plaintes à la Cour de Suede, que nonobstant que le Maréchal Wrangel eut fait connoître au Lantgrave Georges d'Armstat, qu'il estoit à propos qu'il mît bas les armes, afin de rendre la calme à la Hesse, il n'y avoit pas voulu obeïr, on fit passer de Pomeranie en Hesse le Comte Gustave Casimir avec trois mille cinq ce[n]s hommes pour la secourir.

Sur ces entrefaites le Courrier de Munster apporta une lettre au sieur Chanut, contenant une relation tres-longue & tres-exacte de l'estat present du traité, & un ordre de tout ce qu'il avoit à negocier, dont le principal point estoit de faire une instance fort pressante, que l'on envoyast promptement un pouvoir suffisant à Osnabrug pour s'accommoder aux propositions, & ouvertures raisonnables, qui seroient presentées, afin de remedier aux difficultez déja formées, & à celles qui pourroient naître, de crainte que la necessité de consulter la Suede sur tous les moyens d'accommodemens dont on s'aviseroit ne tirât la negociation en des longueurs dangereuses.

Quand à l'autre point qui regardoit les pretentions des Suedois, il y avoit lieu d'esperer qu'ils relâcheroient quelque chose de leurs Ministres sembloit peu à peu s'amollir. Ainsi tout se disposoit apparemment à un succés fort favorable.

Mais la réjouïssance de cette Cour fut extréme aprés la reception de la lettre du Comte Magnus Ambassadeur Extraordinaire en France; elle fut leuë publiquement au Senat, & rafermit les esprits par l'asseurance qu'il donnoit de la fidelité de la France, & du bon traitement qu'il y avoit receu; de sorte qu'il y avoit sujet d'esperer que la paix d'Allemagne se faisant, la Suede n'auroit aucune repugnance de lier avec la France une amitié tres-étroite.

Aprés que le sieur Chanut eut entretenu la Reine sur la conclusion de la paix, & la satisfaction de la Suede, ainsi que les Plenipotentiaires de France luy avoient ordonné, il alla trouver le Chancelier; mais quand il voulut luy redire les mesmes choses dont il avoit eu quelque satisfaction en apparence, il le trouva beaucoup plus difficile qu'elle, plus ferme, & plus preparé à luy debattre tout ce qu'il luy representoit, & mesme avec des maximes generales, sur lequelles il y avoit à contester à l'infini. Toutesfois sçachant de la bouche mesme de la Reine qu'il n'estoit pas si éloigné du fond de la paix comme il le desiroit paroître, & que ces coleres qu'il faisoit voir estoient coleres étudiées, & pour couvrir les desseins que la Suede avoit sur sa satisfaction, la conclusion fut enfin que la Pomeranie anterieure sans l'autre seroit à charge à la Suede; & ne suffiroit pas à entretenir la table d'un petit Duc; que Wismar estoit trop peu de choses pour avoir deux Maistres, & que la Suede n'avoit pas demandé l'Archevesché de Bremen, & l'Evesché de Ferden pour mettre à leur aise ceux, que l'on y envoyeroit pour Administrateurs, qu'il aimeroit mieux estre mort que d'avoir conseillé à sa Maistresse de se contenter de ces choses, & sous ces conditions; & qu'il seroit plus glorieux à la Suede qu'elle fût chassée de l'Allemagne par les armes des Ennemis; que d'y abandonner ses avantages par un lâche traité; que les Plenipotentiaires de Suede avoient des ordres suffisans pour traiter les affaires honnorables, mais non pas suivant les intentions des Imperiaux; & enfin il protesta qu'il employeroit tous ses soins & tous ses conseils à procurer la paix à l'Allemagne. ...

With modernised spelling:

Octobre 1646.
La Suède aurait eu grand sujet de s'alarmer d'un autre bruit qui courut que la France, se voyant abandonné[e] par les États des Pays-Bas, avait pensé à se sauver comme dans un naufrage et avait promptement fait en particulier sa composition qu'on tenait fort secrète, afin de garder quelque bienséance à l'égard de la Suède si les plénipotentiaires de France n'eussent donné une communication fort exacte au sieur de Rosenhane de tout ce qu'ils avançaient en cette négociation, comme s'ils eussent prévu ce bruit qui devait courir; et il en avait si bien informé la reine de Suède, sa maîtresse, et ses ministres qu'on imputa ce bruit à la malice des ennemis des deux Couronnes et à la crainte des États de l'Empire. Il semblait même que ces fausses alarmes étaient utiles à la France, car cette nation, se confiant en sa bonne fortune, se serait aisément persuadée que la France leur avait toute l'obligation de ses avantages.

Cependant, on attendait avec impatience ce que le maréchal de Turenne serait dans l'armée des Confédérés, pour juger des intentions de la France; et comme on tenait pour certain que l'empereur ne consentirait jamais à la paix générale que forcé et pressé dans ses états et dans ceux de Bavière, on disait que si les armes de France ne contribuaient à ce dessein, il ne fallait plus douter qu'elle ne s'attendît à un traité particulier dont elle avait des assurances. Mais, quoique pût dire la Suede sur sa satisfaction, on apercevait que ses ministres avaient peur de se déclarer inutilement, et ils espéraient que le succès de la campagne pourrait bien réduire l'empereur à tel point qu'il se chargerait de la satisfaction entière de la satisfaction entière de la Brandebourg pour les deux Poméranies, et même ils étaient résolus d'offrir à l'électeur de l'assister en ses prétentions de Clèves et de Juliers.

Mais le sieur Chanut ayant reçu des lettres par lesquelles on le priait de vouloir, au nom de Leurs Majestés, proposer un mariage entre la reine de Suède et le cardinal de Pologne, et que ce prince le tiendrait à saveur, toutefois comme il n'avait nul ordre là-dessus, et qu'il ne voyait point de jour en cette affaire, il ne s'y voulut pas engager. Car, bien que les États de Pologne l'eussent souhaité, la reine ne s'y serait jamais résolue, et quand la reine l'aurait désiré, jamais les États n'y auraient consenti. La disproportion d'âge, les prétentions de la Maison sur cette Couronne, la diversité de religion, sa robe de jésuite, et plusieurs autres raisons rendaient cette affaire absolument impossible.

Il vint au même temps des lettres d'Allemagne qui disaient que la paix ne tenait plus qu'à régler la satisfaction de la Couronne de Suède; et les plénipotentiaires de France écrivirent aussi au sieur Chanut de faire tous ses efforts auprès de la reine, et de ses ministres, pour les porter aux facilités nécessaires pour cette grande conclusion. On espérait de voir en cette conjoncture s'il y avait quelque foi dans le procédé des Imperiaux, et on disait qu'il fallait que la Suède, en ce point de crise, se déclarât de son inclination à la paix ou à la guerre.

Elle continuait néanmoins toujours ses soupçons sur la négociation du grand maître de Danemark en Hollande, mais on espérait de s'en éclaircir par le succès de ce qui arriverait d'un vaisseau pris en la dernière guerre de Hollande, et jugé en suite de bonne prise à Amsterdam, lequel toutefois avait été arrêté aux côtes de Norvège à la requête de l'ancien proprietaire danois, à qui le roi son maître l'avait fait rendre. On prétendait que cela était directement contre le traité de paix; c'est pourquoi la reine, afin de savoir quelque était l'intention du roi de Danemark, lui avait envoyé un gentilhomme exprès. Les clairvoyants disaient qu'il se trouverait au fait de ce vaisseau quelques particularités qui donneraient couleur à cet arrêt, sans qu'on le pût faire passer pour une infraction de la paix.

On préparait cependant en Suède l'embarquement de huit cents hommes effectifs du régiment du colonel Hamilton, Écossais. Les uns disaient que c'était pour passer en Poméranie, et les autres croyaient qu'ils iraient en Livonie, où était le maréchal Horn, car quoiqu'on eut toute certitude des desseins du roi de Pologne contre le Turc, le chancelier n'avait jamais voulu se laisser vaincre à ces apparences et soutenait toujours qu'en bon raisonnement les Polonais devaient avoir toute autre pensée que d'irriter le grand seigneur.

Mais la France ayant besoin de vaisseaux pour fortifier la flotte qu'elle avait dessein de mettre en mer, elle écrivit au sieur Chanut de se mettre en devoir d'en acheter et d'en faire les propositions à la reine en attendant que le sieur du Quesne lui portât les ordres pour le prix et le reste des conventions et surtout de proposer à la reine de prendre la moitié du prix de l'achat en sel sur les côtés de France, ce que le sieur Chanut ayant fait, elle répondit qu'elle n'était pas assez intelligente en cette matière et qu'elle en prendrait avis de son chancelier.

Le sieur Chanut songea aussitôt de le prevenir, mais comme on ne lui avait point prescrit à quel prix on donnerait le sel et si serait au prix du marchand ou à plus haut prix, il appréhendait de lui communiquer cette affaire jusqu'à ce qu'il eût les dernières résolutions de France, craignant que ce ministre à qui la reine en voulait parler ne rendit l'affaire de trop difficile exécution et qu'il ne fallut passer par la rigueur de son avis.

Mais comme les plénipotentiaires de France à Münster ne pensaient qu'à la conclusion de la paix, ils écrivirent au sieur Chanut d'en ménager les facilités nécessaires de la part de la Suède, et comme il n'avait pas des ordres suffisants pour cela, en les attendant il ne laissait pas d'en parler aux ministres comme de lui-même, et sans doute que la liberté qu'il prenait de faire ces avances auparavant que de leur en parler avec le poids et la cérémonie que le nom et l'autorité de Leurs Majestés devaient donner ne nuisit pas à son dessein. Car de cette manière, découvrant peu à peu les mouvements de cette Cour, il espérait que l'on enverrait aux ministres de Suède à Osnabrück quelque ordre plus favorable pour l'acommodement avec l'électeur de Brandebourg, parce que la reine, étant persuadée que la paix lui était utile, la désirait véritablement. Que néanmoins les Suédois ne laisseraient pas de jouer toutes sortes de personnages pour essayer d'obtenir la Poméranie entière avant que de relâcher aucune chose.

Le chancelier de Suède témoigna prendre de l'ombrage de ce que les plénipotentiaires de France avaient été longtemps sans voir ceux de Suède, et bien qu'il ne pût blâmer au fond ce qu'ils avaient avancé avec les Imperiaux, il faisait bien connaître qu'il eût bien désiré que l'on en eût auparavant conféré avec les Suédois; mais il était bien à propos que ces messieurs, gardant une exacte fidélité, ne descendissent pas à des déférences trop basses avec cette nation.

Cependant, le baron Oxenstiern ayant résolu de faire un tout en Suède, en écrivit à son père, qui en demanda la permission à la reine; mais Sa Majesté lui refusa après l'avoir fait juge[r] lui-même des inconvenients qui pouvaient arriver de sa retraite d'Osnabrück sur le point de la conclusion de la paix, avec promesse que si elle ne se faisait pendant l'hiver, elle ne lui refuserait point cette grâce au printemps.

La reine, ayant ensuite communiqué au chancelier l'ouverture que le sieur Chanut lui avait faite de la condition du payement en sel pour la moitié du prix de quatre vaisseaux que Leurs Majestés voulaient acheter en Suède, le chancelier y fit grande difficulté sur l'usage de tout le royaume, qui dès longtemps était accoutumé au sel d'Espagne, qu'on estimait beaucoup plus propre pour le poisson. Ce qui ayant été rapporté au sieur Chanut, il lui fit connaître qu'en France on était d'un avis tout contraire et que tous les maîtres de navires français, qui allaient à la pêche des morues sur les côtes de Canada, avaient souvent éprouvé que le sel de France était sans comparaison plus propre pour leur poisson que celui d'Espagne, trop acre et trop desséchant, et qu'en tous cas c'étoit une expérience à faire pour l'utilité et le commerce entre les deux royaumes. Le chancelier lui promit d'en conférer avec les officiers de l'amirauté et les marchands pour lui en rendre une réponse certaine.

Au mois de janvier de l'année 1646, on convoqua les États de Suède. On disait que c'était pour résoudre le couronnement de la reine et faire quelques réglements d'importance pour le dedans du royaume; mais on ne croyait pas qu'il s'y dût parler du mariage de la reine, laquelle n'avait encore rien résolu dans son esprit sur un sujet qui lui était si important.

Mais bien que le sieur Chanut n'eût point de lettres ni de France ni de ses plénipotentiaires à Münster, il crut néanmoins qu'il ne pouvait plus différer de parler à la reine de Suède et lui représenter de la part de la France toutes les considérations qui la devaient porter à se relâcher de quelque chose en faveur du repos de la chrétienté. Il lui fit remarque que la facilité de la France, qui avait déjà fait connaître à l'Empire qu'elle se contenterait de peu de chose pour sa satisfaction, donnait cet avantage à la Suède, qu'il semblait alors qu'elle fut seule arbitre de la paix, et que, comme cela lui était extrêmement glorieux, elle en devait user de sorte qu'elle gagnât l'affection de toute l'Europe en lui procurant une paix tant désirée; mais qu'elle devait craindre d'autre côté, par cette même raison de se rendre odieuse à tous les peuples et de se charger devant Dieu de tous les malheurs de la guerre si elle seule empêchait la conclusion d'une négociation si avancée par le petit intérêt du plus au moins dans la Poméranie.

La reine lui répondit qu'elle tenait à honneur que Leurs Majestés lui voulussent donner leurs conseils, qu'elle les recevait comme de ses amis les plus assurés, pour qui elle avait beaucoup de respect, que toutes ses raisons l'avaient disposée de faire de sa part tout ce qu'elle pourrait pour avancer la paix en conservant l'honneur et la sûreté de son état, qu'elle espérait de l'amitié de Leurs Majestés, qu'après avoir obtenu ce qu'elles avaient désiré pour leur satisfaction, qu'elles emploieraient leurs offices pour lui en procurer une proportionnée aux travaux et aux dépenses d'une si longue guerre; et que les ordres qu'elle avait donnés à ses plénipotentiaires feraient connaître ses bonnes intentions; mais qu'elle prevoyait qu'il y aurait difficulté pour accommoder les États d'Allemagne de différente religion, et même pour ne point s'empêcher de témoigner de l'indignation contre le duc de Saxe d'être peu zélé à soutenir les avantages des protestants.

Toutefois, quelque mine qu'elle fît, il paraissait que la Suède n'aimait la religion que par raison d'état.

Mais, étant arrivée le 20 octobre un courrier en Suède de la convocation de la Diète en Pologne, on y envoya, sous prétexte de quelques occasions légères, un gentilhomme qui devait y arriver dans le temps qu'elle se tiendrait, avec espérance d'apprendre facilement tout ce qui s'y passerait, la nation polonaise étant fort libre à parler, et principalement en ces assemblées générales; mais l'avis qu'on reçut qu'il était arrivé depuis peu un envoyé du roi de Pologne à Münster donna quelque jalousie, et on ne manqua pas à s'informer du sieur Chanut s'il n'avait aucun avis de ce qu'il y allait négocier.

En ce temps-là, le landgrave de Hesse-Cassel ayant fait ses plaintes à la Cour de Suède que nonobstant que le maréchal Wrangel eut fait connaître au landgrave Georges de Darmstadt qu'il était à propos qu'il mît bas les armes, afin de rendre la calme à la Hesse, il n'y avait pas voulu obéir. On fit passer de Poméranie en Hesse le comte Gustave Casimir avec trois mille cinq cents hommes pour la secourir.

Sur ces entrefaites le courrier de Münster apporta une lettre au sieur Chanut, contenant une relation très longue et très exacte de l'état présent du traité, et un ordre de tout ce qu'il avait à négocier, dont le principal point était de faire une instance fort pressante, que l'on envoyât promptement un pouvoir suffisant à Osnabrück pour s'accommoder aux propositions, et ouvertures raisonnables qui seraient presentées, afin de remedier aux difficultés déjà formées, et à celles qui pourraient naître, de crainte que la nécessité de consulter la Suède sur tous les moyens d'accommodements dont on s'aviserait ne tirât la négociation en des longueurs dangereuses.

Quand à l'autre point qui regardait les prétentions des Suédois, il y avait lieu d'espérer qu'ils relâcheraient quelque chose de leurs ministres semblait peu à peu s'amollir. Ainsi tout se disposait apparemment à un succès fort favorable.

Mais la réjouissance de cette Cour fut extrême après la reception de la lettre du comte Magnus, ambassadeur extraordinaire en France; elle fut lue publiquement au Sénat et raffermit les esprits par l'assurance qu'il donnait de la fidélité de la France et du bon traitement qu'il y avait reçu, de sorte qu'il y avait sujet d'espérer que la paix d'Allemagne se faisant, la Suède n'aurait aucune repugnance de lier avec la France une amitié très étroite.

Après que le sieur Chanut eut entretenu la reine sur la conclusion de la paix et la satisfaction de la Suède, ainsi que les plénipotentiaires de France lui avaient ordonné, il alla trouver le chancelier; mais quand il voulut lui redire les mêmes choses dont il avait eu quelque satisfaction en apparence, il le trouva beaucoup plus difficile qu'elle, plus ferme et plus preparé à lui debattre tout ce qu'il lui représentait, et même avec des maximes générales, sur lequelles il y avait à contester à l'infini.

Toutefois, sachant de la bouche-même de la reine qu'il n'était pas si éloigné du fond de la paix comme il le désirait paraître, et que ces colères qu'il faisait voir étaient colères étudiées, et pour couvrir les desseins que la Suède avait sur sa satisfaction, la conclusion fut enfin que la Poméranie antérieure sans l'autre serait à charge à la Suède et ne suffirait pas à entretenir la table d'un petit duc.

Que Wismar était trop peu de choses pour avoir deux maîtres, et que la Suede n'avait pas demandé l'archevêché de Brême et l'évêché de Verden pour mettre à leur aise ceux, que l'on y enverrait pour administrateurs, qu'il aimerait mieux être mort que d'avoir conseillé à sa maîtresse de se contenter de ces choses, et sous ces conditions; et qu'il serait plus glorieux à la Suède qu'elle fût chassée de l'Allemagne par les armes des ennemis que d'y abandonner ses avantages par un lâche traité; que les plénipotentiaires de Suède avaient des ordres suffisants pour traiter les affaires honorables, mais non pas suivant les intentions des Imperiaux. Et, enfin, il protesta qu'il emploierait tous ses soins et tous ses conseils à procurer la paix à l'Allemagne. ...

Swedish translation (by anonymous translator; I have fixed a typo):

Oktober 1646.
Sverige hade stor orsak att oroa sig öfver ryktet att Frankrike, öfvergifvet af Nederländska Staterna, ärnade frälsa sig från ett skepsbrott och hastigt ingått särskilt förlikning, hvilken hölls ganska hemlig för att iakttaga någon anständighet i anseende till Sverige; men Franska Ministrarna hade gifvit Herr Rosenhane ganska noga del af denna underhandling liksom de förutsedt detta rykte, hvilket ansågs uppfunnit af begge Hofvens fiender och Tyska Riks-Ständernas fruktan, helst Herr Rosenhane derom underrättat sin Drottning och hennes Ministrar; denna onödiga oro syntes Frankrike äfven nyttig, ty Sverige, förtröstande på sin lycka, skulle lätt kunna anse sig orsak till Frankrikes fördelar.

För att bedömma Frankrikes tänkesätt, väntades med otålighet hvad Marskalken Turenne skulle uträtta i den Förenade arméen; man ansåg för säkert, att Kejsaren ej skulle samtycka till allmän fred förr, än han anfölls i sina egna Stater och i Bayern; man sade att om Frankrikes vapen ej verkade till detta ändamål, var ingen tvifvel att det ju väntade en särskilt traktat, hvarom det ägde försäkran. Hvad än Sverige yttrade i anseende till dess ersättning, blef man varse att dess Ministrar voro rädde att onödigtvis förklara sig; de hoppades att fälttågets framgång skulle förmå Kejsaren åtaga sig Brandenburgs förnöjande i anseende till Pommern och de hade äfven beslutit tillbjuda Kurförsten bistånd uti dess anspråk på Cleve och Jülich.

Herr Chanut erhöll bref med begäran att i deras Majestäters namn föreslå giftermål emellan Drottningen af Sverige och Kardinalen af Pohlen; som han ej dertill var befalld och ansåg saken svår, åtog han sig det intet. Fästan Pohlska Ständerna det önskade hade Drottningen aldrig kunnat besluta det, och om Drottningen åstundade det hade Svenska Ständerna aldrig samtyckt dertill. Åldern, Kardinalens slägts anspråk på Svenska Kronan, Religionens olikhet, hans Jesuit-drägt och flere aldra skäl gjorde denna sak alldeles omöjlig.

Bref från Tyskland innehöllo samma tid, att freden endast berodde på Svenska Kronans skadestånd; Franska Ministrarna skrefvo till Herr Chanut att på allt sätt förmå Drottningen och dess Ministrar till ett slut. Man hoppades nu få se om de Kejserliga tänkte ärligt och Sverige i denna krisis förklarade böjelse till fred eller krig.

Danska Riks-Hofmästarens (Grand-maistre) underhandling i Holland misstänktes alltid, men man hoppades bli upplyst genom händelsen med ett skepp, tagit i sista Holländska kriget, dömt för god pris i Amsterdam, ickedessmindre återtagit på Norrska kusten och återgifvit Danska ägaren på Konungens befallning. Man påstod att detta var emot fredstraktaten; Drottningen hade, för att få veta Konungens af Danmark afsigt ditskickat en adelsman. De klarsynte sade, att händelsen med skeppet likväl ej kunde anses som ett fredsbrott.

Man utrustade i Sverige 800 man af den skottska Öfversten Hamiltons Regemente. Några sade, att de skulle föras åt Pommern, och andra åt Lifland till Fält-Marskalken Horn. Ehuru osäker om Konungens af Pohlen plan emot Turken, påstod alltid Riks-Kansleren att Polackarna tänkte på helt annat.

Frankrike behöfde skepp till sin flottas förstärkande; man skref till Herr Chanut att föreslå Drottningen deras uppköpande i väntan på Herr du Quesne och att emottaga Salt från Frankrike för halfva summan. Hon svarade, att hon ej förstod sig derpå och skulle inhämta sin Riks-Kanslers tankar. Herr Chanut beslöt derom underrätta honom, men som priset icke var öfverenskommet, dröjde han till Frankrikes sista beslut ankommit fruktande, att denne Minister skulle göra svårigheter.

Då Franska Ministrarna blott tänkte på fredsslutet, skrefvo de till Herr Chanut att han skulle förmå Sverige till eftergift i dess fordringar; men som han ej ägde tillräckling befallning, talte han vid de Svenska Ministrarna såsom af sig sjelf innan han brukade Deras Majestäters namn; detta skadade icke hans afsigt; han upptäckte på detta sätt småningom Hofvets tänkesätt och hoppades att man skulle skicka Svenska Ministrarna i Osnabrug mer gynnade befallning om förlikning med Kurförsten af Brandenburg, ty Drottningen var öfvertygad att freden var henne nyttig och åstundade den verkligen. Svenskarna skulle likväl spela alla möjliga roler för att erhålla Pommern innan de lemnade något annat.

Riks-Kansleren yttrade misstankar derföre att Franska Ministrarna på lång tid ej såg de Svenska, och ehuru han intet kunde tadla deras underhandling med de Kejserliga, lät han likväl förstå, att man bordt förut gemensamt öfverlägga; det vore passande att dessa Herrar iakttogo en noga trofasthet emot hvarandra och ej visade denna nation för stor foglighet.

Baron Oxenstjerna hade beslutit resa till Sverige, hvilket Hennes Majestät vägrade i anseende till de olägenheter, som derigenom kunde inträffa vid fredens afslutande i Osnabrug; likväl med löfte att om hon ej tillät det om vintern, skulle han ej vägra denna nåd till våren.

Drottningen underrättade slutligen Riks-Kansleren om vilkoren för köpet af skeppen, hvarvid han gjorde svårigheter då hela riket var vant vid Spanskt Salt, hvilket ansågs bättre till fisk-insaltning. Herr Chanut förklarade då att man i Frankrike var af motsatt tanka och alla Franska Skepps-Kapitener hvilka fiskade Kabiljo på Canadas kuster ofta beviste att Franska Saltet var utan jemförelse bättre än det Spanska, såsom bittert och torkande; i alla fall en erfarenhet nyttig för begge Rikenas handel. Riks-Kansleren lofvade öfverlägga med Amiralitets-Officerarna och köpmännen, innan han afgaf bestämdt svar.

Man sammankallade Svenska Ständerna i Januari månad 1647 för att besluta om Drottningens kröning och vidtaga författningar för Rikets inre angelägenheter, men man trodde att ej fråga skulle uppstå om Drottningens giftermål då hon sjelf icke beslutit en så vigtig sak.

Då Herr Chanut hvarken erhöll bref från Frankrike eller Münster, ansåg han sig likväl ej längre böra uppskjuta att föreställa Drottningen på Frankrikes vägnar, att hon borde afstå ifrån något för Kristenhetens lugn, helst Frankrike medan gifvit tillkänna, att det för sin del vore nöjdt med litet; det blef derigenom lättare för Sverige, att synas såsom det efter godtyckte afgjorde freden och ärofullare att vinna hela Europas tillgifvenhet genom skänken af en efterlängtad ro; men å andra sidan borde Sverige frukta att göra sig förhatligt för alla nationer, att ensamt ansvara inför Gud för krigets olyckor, om det endast för Pommerns skull aflägsnade den så långt gångna fredsunderhandlingen.

Drottningen svarade: att hon ansåg sig hedrad af Deras Majestäters råd, såsom ifrån de pålitligaste vänner, för hvilka hon hade stor vördnad, och att alla skäl förmådde henne för sin del påskynda freden i det hon bevarade Statens ära och säkerhet; hon hoppades att Deras Majestäter sedan de erhållit skadestånd skulle använda deras välvilja, för att skaffa en efter hennes mödor och omkostningar i ett så långt krig lämpad ersättning; den befallning hon gifvit sina Ministrar tillkännagaf hennes goda afsigter, men hon förutsåg svårigheten att förena de af olika Religion varande Tyska Ständerna, och äfven att ej yttra sin harm öfver Hertigens af Saxen ringa nit att understödja Protestanterna. Hvad utseende det än antog, syntes Sverige endast älska sin Religion af politiska skäl.

Sedan en kurir ankommit den 20 October med underrättelse om Riksdagens sammankallande i Pohlen, ditskickades en adelsman i hopp att erhålla underrättelse om allt, ty Pohlska nationen talar fritt i synnerhet vid Riksdagar; Nyheten om en Pohlsk Ministers ankomst till Münster ingaf någon afvund och man frågade Herr Chanut om han ej kände hvarom detta sändebud skulle underhandla.

Landt-Grefven af Hessen Cassel beklagade sig vid Svenska Hofvet, att oaktadt Fält-Marskalken Wrangel antydt Landt-Grefven Georg af Darmstadt att nedlägga vapen och återskänka Hessen lugn, ville han ej lyda; man skickade derföre dit och till Pommern Grefve Gustaf Casimir, med 5500 man.

Vid samma tid aflemnade en kurir från Münster bref till Herr Chanut, innehållande en lång och noga berättelse om underhandlingens närvarande tillstånd, och befallning att påyrka, det tillräcklig fullmakt att lämpa sig efter de antagliga förslagen, genast skickades till Osnabrüg samt derigenom rödja ur vägen alla svårigheter. Detta var af fruktan för nödvändigheten att rådfråga Sverige om alla medel till förlikning, hvarigenom ett farligt uppskof kunde förorsakas.

Man hoppades för öfrigt att Sveriges anspråk skulle något eftergifvas då dess Ministrars sträfhet syntes småningom försvinna; allt bådade således en lycklig utgång.

Hofvets glädje blef ytterlig vid ankomsten af ett bref från Ambassadören Grefve Magnus, hvilket offenteligen upplästes i Rådet, stärkte alla sinnen med försäkringar om Frankrikes trohet och om det goda bemötande han erhållit. Han gaf äfven förhoppning att Freden med Tyskland icke skulle hindra Sverige att fast och vänskapligt förbinda sig med Frankrike.

Sedan Herr Chanut talat med Drottningen om Fredsslutet och Sveriges skadestånd såsom Franska Ministrarna befallt, skyndade han till Riks-Kansleren; men vid upprepandet af detsamma som hos Drottningen, hvaraf han ägt någon tillfredställelse, fann han denna Minister sträfvare och beredd att bestrida alla dess framställningar. Han visste likväl genom Drottningen, att Riks Kansleren ej var så emot freden som han önskade synas och hans vrede förställd för att betäcka Sveriges afsigter på skade-ersättning; beslutet blef, att Vor-Pommern ensamt skulle vara Sverige till last och otillräckligt att underhålla en liten Hertigs bord; Vismar vore nog litet för att äga tvenne Herrar, och Sverige hade ej begärt hvarken Brehmen eller Vehrden för att förnöja dess Administratorer; han ville häldre vara död än råda sin Drottning dertill och på sådana villkor; det skulle vara ärorikare för Sverige att förjagas ur Tyskland genom fiendens vapen än att der öfvergifva sina fördelar genom en feg Traktat. De Svenska Fullmägtiga hade tillräcklig befallning att underhandla om ärofulla ärender, men ej att foga sig efter de Kejserligas böjelser; han försäkrade sluteligen, att han skulle använda allt sitt bemödande för att förskaffa Tyskland fred. ...

English translation (my own):

October 1646.
Sweden would have had great reason to be alarmed by another rumour which circulated that France, seeing itself abandoned by the Estates of the Netherlands, had thought of saving itself as if in a shipwreck and had promptly made its composition in particular that one kept it very secret, in order to maintain some decorum with regard to Sweden if the plenipotentiaries of France had not given very exact communication to Lord Rosenhane of everything they put forward in this negotiation, as if they would have foreseen this rumour which was to spread; and he had so well informed the Queen of Sweden, his mistress, and her ministers that this rumour was attributed to the malice of the enemies of the two Crowns and to the fear of the Estates of the Empire. It even seemed that these false alarms were useful to France, because this nation, trusting in its good fortune, would have easily convinced itself that France owed them all the obligation of its advantages.

In the meantime, one impatiently awaited that the Maréchal de Turenne would be in the army of the Confederates, to judge the intentions of France; and as it was held for certain that the Emperor would never consent to general peace unless forced and pressed in his states and in those of Bavaria, it was said that if the arms of France did not contribute to this design, there could no longer be any doubt that it did not expect a particular treaty of which it had assurances. But, whatever Sweden might say about its satisfaction, it was perceived that its ministers were afraid of declaring themselves unnecessarily, and they hoped that the success of the campaign might well reduce the Emperor to such an extent that he would take charge of the complete satisfaction of Brandenburg for the two Pomeranias, and they were even resolved to offer to the elector to assist him in his claims to Cleves and Gülich.

But Monsieur Chanut having received letters by which he was asked to wish, in the name of Their Majesties, to propose a marriage between the Queen of Sweden and the Cardinal of Poland, and that this prince would consider it, however as he did not have orders on this, and as he saw no light in this matter, he did not want to get involved in it. For, although the Estates of Poland had wished it, the Queen would never have resolved to it, and if the Queen had desired it, the Estates would never have consented to it. The disproportion of age, the claims of the house to this Crown, the diversity of religion, his Jesuit dress, and several other reasons made this affair absolutely impossible.

At the same time, letters came from Germany which said that peace only depended on settling the satisfaction of the Crown of Sweden; and the plenipotentiaries of France also wrote to Monsieur Chanut to make every effort with the Queen and her ministers to provide them with the necessary facilities for this great conclusion. One hoped to see at this juncture if there was any faith in the procedure of the Imperials, and it was said that it was necessary for Sweden, at this point of crisis, to declare its inclination towards peace or war.

It nevertheless still continued its suspicions about the negotiation of the Grand Master of Denmark in Holland, but one hoped to clarify this by the success of what would happen to a vessel taken in the last Dutch war, and subsequently judged to be of good quality, taken in Amsterdam, which however had been arrested on the coast of Norway at the request of the former Danish owner, to whom the King, his master, had it returned. This was claimed to be directly against the peace treaty; wherefore the Queen, in order to know what the intention of the King of Denmark was, had sent him a gentleman on purpose. The clairvoyants said that there would be some particularities about this vessel which would give colour to this judgment, without it being possible to pass it off as a breach of the peace.

In the meantime, preparations were being made in Sweden for the embarkation of eight hundred effective men from the regiment of Colonel Hamilton, a Scot. Some said that it was to pass into Pomerania, and others believed that they would go to Livonia, where Marshal Horn was, because although they were completely certain of the designs of the King of Poland against the Turk, the Chancellor never wanted to let himself be defeated by these appearances and always maintained that in good reasoning the Poles must have every thought other than irritating the Great Lord.

But France, needing vessels to strengthen the fleet that it intended to put to sea, wrote to Monsieur Chanut to undertake to purchase some and to make proposals to the Queen while waiting for Monsieur du Quesne to bring her orders for the price and the rest of the conventions and above all to propose to the Queen to take half the price of the purchase in salt on the coasts of France, which Monsieur Chanut having done, she replied that she was not intelligent enough in this matter and that she would take advice from her Chancellor.

Monsieur Chanut immediately thought of warning her, but as he had not been told at what price the salt would be given and whether it would be at the merchant's price or at a higher price, he was afraid of communicating this matter to her until he had the final resolutions from France, fearing that this minister to whom the Queen wanted to speak about it would make the matter too difficult to execute and that it would be necessary to go through the rigour of his opinion.

But as the French plenipotentiaries in Münster only thought of the conclusion of peace, they wrote to Monsieur Chanut to arrange the necessary facilities from Sweden, and as he did not have sufficient orders for this, while waiting for them he did not stop talking about it to the ministers as if about himself, and no doubt the liberty he took in making these advances before speaking to them about it with the weight and ceremony that the name and the authority Their Majesties had to give did not harm his design. For in this way, discovering little by little the movements of this court, he hoped that some more favourable order would be sent to the Swedish ministers at Osnabrück for the accommodation with the Elector of Brandenburg, because the Queen, being persuaded that peace was useful to him, truly desired it. That nevertheless the Swedes would not stop playing all kinds of characters to try to obtain the whole of Pomerania before releasing anything.

The Chancellor of Sweden testified that he was took umbrage at the fact that the plenipotentiaries of France had gone a long time without seeing those of Sweden, and although he could not fundamentally blame what they had advanced with the Imperials, he made it well known that he would have liked to have previously conferred with the Swedes; but it was very appropriate that these gentlemen, maintaining exact loyalty, did not descend to too low deference with this nation.

In the meantime, Baron Oxenstierna, having resolved to return to Sweden, wrote to his father, who asked the Queen's permission; but Her Majesty refused him after having made him judge himself of the inconveniences which could arise from his retreat from Osnabrück on the point of the conclusion of peace, with a promise that if it did not take place during the winter, she would not deny him this grace in the spring.

The Queen, having then communicated to the Chancellor the overture that Monsieur Chanut had made to her regarding the condition of payment in salt for half the price of four vessels that Their Majesties wanted to purchase in Sweden, the Chancellor made great difficulty on the usage of the entire kingdom, which had long been accustomed to Spanish salt, which was considered much cleaner for fish. This having been reported to Monsieur Chanut, he informed him that in France there was a completely contrary opinion and that all the masters of French ships, who went fishing for cod on the coasts of Canada, had often experienced that the salt of France was incomparably cleaner for their fish than that of Spain, too acrid and too drying, and that in any case it was an experiment to be carried out for the benefit and commerce between the two kingdoms. The Chancellor promised to confer with the officers of the Admiralty and the merchants to give him a certain answer.

In January of the year 1646, the Estates of Sweden were called together. It was said that it was to resolve the coronation of the Queen and to make some regulations of importance for the interior of the kingdom; but it was not believed that it was necessary to speak of the marriage of the Queen, who had not yet resolved anything in her mind on a subject which was so important to her.

But although Monsieur Chanut had no letters either from France or from his plenipotentiaries in Münster, he nevertheless believed that he could no longer delay speaking to the Queen of Sweden and representing to her on behalf of France all the considerations which should lead her to relax something in favour of the repose of Christianity. He pointed out to her that the ease of France, which had already made it known to the Empire that it would be content with little for its satisfaction, gave this advantage to Sweden, which it then seemed as if it was alone  arbiter of peace, and that, as this was extremely glorious to her, she should use it in such a way that she would win the affection of all Europe by providing it with a much-desired peace; but that she must fear on the other hand, for the same reason of making herself odious to all peoples and of burdening herself before God with all the misfortunes of the war if she alone prevented the conclusion of a negotiation so advanced by the little interest from more to less in Pomerania.

The Queen replied that she was honoured that Their Majesties wanted to give her their advice, that she received it as from her most trusted friends, for whom she had a great deal of respect, that all her reasons had disposed her to do on her part everything she could to advance peace while preserving the honour and security of her state, which she hoped for from the friendship of Their Majesties, that after having obtained what they had desired for their satisfaction, that they would use their offices to provide her with one proportionate to the labours and expenses of such a long war; and that the orders she had given to her plenipotentiaries would make known her good intentions; but that she anticipated that there would be difficulty in accommodating the Estates of Germany of different religions, and even in not refraining from showing indignation against the Duke of Saxony for being little zealous in supporting the advantages  Protestants.

However, whatever appearance it made, it seemed that Sweden only loved religion for reasons of state.

But, a courier of the convocation of the Sejm in Poland having arrived in Sweden on October 20, they sent there, under the pretext of some light occasions, a gentleman who was to arrive there in the time that it would be held, with the hope of  easily learn everything that would happen there, the Polish nation being very free to speak, and mainly in these general assemblies; but the notice that we received that an envoy from the King of Poland had recently arrived in Münster gave rise to some jealousy, and one did not fail to inquire of Monsieur Chanut if he had any notice of what he was going to negotiate.

At that time, the Landgrave of Hesse-Cassel having made his complaints to the court of Sweden, notwithstanding that Marshal Wrangel had informed Landgrave Georg of Darmstadt that it was appropriate for him to lay down his arms, in order to restore calm to Hesse, he did not want to obey. Count Gustav Kasimir was sent from Pomerania to Hesse with three thousand, five hundred men to help it.

In the meantime, the courier from Münster brought a letter to Monsieur Chanut, containing a very long and very exact account of the present state of the treaty, and an order of everything he had to negotiate, the main point of which was to make a very pressing request that sufficient power be promptly sent to Osnabrück to accommodate the reasonable proposals and overtures which would be presented, in order to remedy the difficulties already formed, and those which might arise, lest the necessity to consult Sweden on all the means of accommodation that might come to mind without dragging the negotiation into dangerous lengths.

As for the other point, which concerned the pretensions of the Swedes, there was reason to hope that they would release something from their ministers seemed little by little to soften. Thus everything was apparently geared towards a very favourable success.

But the rejoicing of this court was extreme after the reception of the letter from Count Magnus, extraordinary ambassador to France; it was read publicly in the Senate and strengthened minds by the assurance he gave of the loyalty of France and the good treatment he had received there, so that there was reason to hope that once the peace of Germany was established, Sweden would have no reluctance to establish a very close friendship with France.

After Monsieur Chanut had spoken to the Queen about the conclusion of peace and the satisfaction of Sweden, as the plenipotentiaries of France had ordered him, he went to find the Chancellor; but when he wanted to tell him again the same things with which he had apparently had some satisfaction, he found him much more difficult than her, more firm and more prepared to debate with her everything he represented to her, and even with general maxims, about which there was endless dispute.

However, knowing from the Queen's own mouth that he was not so far from the depths of peace as he wanted to appear, and that these angers that he showed were studied angers, and to cover the designs that Sweden was satisfied, the conclusion was finally that the former Pomerania without the other would be a burden to Sweden and would not be enough to maintain the table of a little duke.

That Wismar was too small to have two masters, and that Sweden had not asked for the archbishopric of Bremen and the bishopric of Verden to put at their ease those who would be sent there as administrators, that he would rather be dead than having advised he mistress to be content with these things, and under these conditions; and that it would be more glorious for Sweden if it were driven from Germany by the arms of the enemies than to abandon its advantages there by a cowardly treaty; that the plenipotentiaries of Sweden had sufficient orders to deal with honourable affairs, but not according to the intentions of the Imperials. And, finally, he protested that he would use all his care and advice to bring peace to Germany. ...

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