Saturday, December 9, 2023

Excerpt from Cardinal Jules Mazarin's letter to the Maréchal de Turenne, dated October 27/November 6 (New Style), 1648

Source:

Collection des lettres et mémoires trouvés dans les porte-feuilles du maréchal de Turenne, volume 1, pages 72 to 75, edited and published by Count Philippe Henri de Grimoard, 1782
The letter excerpt:

Monsieur.
... Quand on a concouru de notre part, au desir que la Couronne de Suède témoignoit d'achever promptement la paix de l'Empire, & qu'en effet nous l'avons désirée & approuvée de tout notre pouvoir, ç'a été par des motifs très-puissans & des raisons convaincantes; mais dont quelques-unes ont changé depuis, par la rencontre des affaires, comme dans le monde, & notamment dans les actions des armées, rien ne demeure long-temps en un même état. En premier lieu, nous avions à craindre que la Suède qui vouloit la paix, & à qui nos ennemis offroient carte blanche sur les conditions, & lui auroient encore accordé davantage, si elle eût voulu se séparer de la France, ne se fût enfin laissée porter à une défaction pareille à celle des Hollandois, sur le même prétexte que ceux-ci ont plus, que nous voulions pour nos intérêts particuliers, les empêcher de jouir de ce bien: cette raison subsiste encore aujourd'hui, & étoit si forte, qu'elle devroit être seule capable, de nous faire donner les mains à la paix de l'Empire, quand même d'ailleurs nous y eussions eu des préjudices notables, au lieu des avantages que nous avons remportés.

En second lieu, nous considérions l'incertitude des événemens des armes, & que la perte d'une bataille pouvoit mettre en compromis, tout le fruit des travaux d'une longue guerre, & faire reprendre le dessus à l'Empereur & à son parti; au lieu que par un traité fait à temps, les Couronnes alliées pouvoient s'assurer pour jamais, des conquêtes très-importantes, & qui mettroient leur nom & leur puissance en éternelle considération en Allemagne: cette raison-ci a changé depuis de face, par les heureux succès, dont il a plu à Dieu bénir les armes confédérées dans la Bavière & dans la Bohême, qui ont réduit l'Empereur en l'état d'avoir plutôt à craindre sa ruine totale, dans la continuation de la guerre, que d'en espérer sa ressource; mais c'eût été mal reconnoître les graces du ciel, si les prospérités qu'il nous a accordées, nous eussent fait changer des conseils & des résolutions de paix, que nous avions déjà prises par d'autres motifs; aussi Leurs Majestés & la Reine de Suède, se sont trouvées si éloignées d'un pareil sentiment, qu'elles ont cru ne pouvoir mieux répondre & profiter de ces graces, qu'en montrant d'autant plus de modération, & plus de passion de conclure promptement la paix, comme il est arrivé. ...

Je vous ai déjà donné avis des ordres, qu'on a envoyés à M. Servien, de commencer à traiter avec Madame la Landgrave de Hesse, pour avoir ses troupes, sous le commandement du Général Geis; on lui en a fait depuis peu une recharge, afin qu'il ne s'y perde pas de temps.

Cependant voici la conjoncture venue, d'appliquer aussi de votre côté, pour mettre à effet, ce à quoi je vous ai si souvent prié de jetter des dispositions par avance, d'engager avec nous, quelques bons Chefs de l'armée de Suède & de celle de Bavière, de ceux qui sont les plus accrédités parmi la soldatesque, & plus capables de la bien maintenir, & de la faire vivre avec ordre & discipline; & je crois que pour celle de Bavière, M. de Tracy pourra être un instrument fort propre, si vous jugez à propos de le faire passer en ces quartiers-là, sous d'autres prétextes. Mais comme je vous ai entretenu diverses fois assez amplement sur cette matiere, vous ayant même envoyé des extraits de lettres de M. Chanut, afin que vous vissiez les conseils, que nous donnoit la Reine de Suède sur le choix desdits Officiers; je n'aurai rien à ajouter présentement, si ce n'est de vous prier, de bien peser l'importance de la chose; parce qu'il est impossible cela étant, que vous ne donniez après des soins extraordinaires; puisqu'outre le service du Roi qui sera toujours en vous ce motif le plus puissant, l'intérêt particulier de votre gloire, se rencontre encore, à fortifier le plus qu'il se peut, les troupes qui doivent servir sous votre commandement. ...

With modernised spelling:

Monsieur.
... Quand on a concouru de notre part au désir que la Couronne de Suède témoignait d'achever promptement la paix de l'Empire, et qu'en effet nous l'avons désirée et approuvée de tout notre pouvoir, ç'a été par des motifs très puissants et des raisons convaincantes; mais dont quelques-unes ont changé depuis, par la rencontre des affaires, comme dans le monde, et notamment dans les actions des armées, rien ne demeure longtemps en un même état.

En premier lieu, nous avions à craindre que la Suède, qui voulait la paix et à qui nos ennemis offraient carte blanche sur les conditions et lui auraient encore accordé davantage, si elle eût voulu se séparer de la France, ne se fût enfin laissée porter à une défaction pareille à celle des Hollandais, sur le même prétexte que ceux-ci ont plus, que nous voulions pour nos intérêts particuliers, les empêcher de jouir de ce bien. Cette raison subsiste encore aujourd'hui et était si forte qu'elle devrait être seule capable de nous faire donner les mains à la paix de l'Empire, quand même d'ailleurs nous y eussions eu des préjudices notables, au lieu des avantages que nous avons remportés.

En second lieu, nous considérions l'incertitude des événements des armes et que la perte d'une bataille pouvait mettre en compromis tout le fruit des travaux d'une longue guerre et faire reprendre le dessus à l'empereur et à son parti; au lieu que par un traité fait à temps, les Couronnes alliées pouvaient s'assurer pour jamais, des conquêtes très importantes et qui mettraient leur nom et leur puissance en éternelle considération en Allemagne.

Cette raison-ci a changé depuis de face par les heureux succès dont il a plu à Dieu bénir les armes confédérées dans la Bavière et dans la Bohême, qui ont réduit l'empereur en l'état d'avoir plutôt à craindre sa ruine totale dans la continuation de la guerre que d'en espérer sa ressource; mais c'eût été mal reconnaître les graces du ciel si les prospérités qu'il nous a accordées nous eussent fait changer des conseils et des résolutions de paix que nous avions déjà prises par d'autres motifs; aussi Leurs Majestés et la reine de Suède se sont trouvées si éloignées d'un pareil sentiment qu'elles ont cru ne pouvoir mieux répondre et profiter de ces grâces qu'en montrant d'autant plus de modération et plus de passion de conclure promptement la paix, comme il est arrivé. ...

Je vous ai déjà donné avis des ordres, qu'on a envoyés à Monsieur Servien, de commencer à traiter avec Madame la landgrave de Hesse pour avoir ses troupes, sous le commandement du général Geis; on lui en a fait depuis peu une recharge, afin qu'il ne s'y perde pas de temps.

Cependant voici la conjoncture venue, d'appliquer aussi de votre côté, pour mettre à effet, ce à quoi je vous ai si souvent prié de jetter des dispositions par avance, d'engager avec nous, quelques bons chefs de l'armée de Suède et de celle de Bavière, de ceux qui sont les plus accrédités parmi la soldatesque et plus capables de la bien maintenir et de la faire vivre avec ordre et discipline; et je crois que pour celle de Bavière, Monsieur de Tracy pourra être un instrument fort propre si vous jugez à propos de le faire passer en ces quartiers-là sous d'autres prétextes. Mais, comme je vous ai entretenu diverses fois assez amplement sur cette matiere, vous ayant même envoyé des extraits de lettres de Monsieur Chanut, afin que vous vissiez les conseils, que nous donnait la reine de Suède sur le choix desdits officiers.

Je n'aurai rien à ajouter présentement si ce n'est de vous prier de bien peser l'importance de la chose, parce qu'il est impossible, cela étant que vous ne donniez après des soins extraordinaires; puisqu'outre le service du roi, qui sera toujours en vous ce motif le plus puissant, l'intérêt particulier de votre gloire, se rencontre encore à fortifier le plus qu'il se peut les troupes qui doivent servir sous votre commandement. ...

Swedish translation (my own):

Monsieur,
... När man bidrog till den önskan som Sveriges Krona visade att skyndsamt uppnå rikets fred, och när vi i själva verket önskade och godkände den med all vår makt, var det av mycket kraftfulla och tvingande skäl; men av vilka några sedan dess har förändrats, genom mötet med angelägenheter i världen, och särskilt i arméernas handlingar, ingenting förblir i samma tillstånd länge.

Först och främst var vi tvungna att frukta att Sverige, som ville ha fred och som våra fiender erbjöd carte blanche på villkoren och skulle ha beviljat det ännu mer om det hade velat skilja sig från Frankrike, äntligen skulle ha låtit sig föras bort till ett nederlag liknande holländarnas, med samma förevändning att de har mer, som vi ville för våra särskilda intressen, för att hindra dem från att njuta av detta goda. Detta skäl finns kvar än idag och var så starkt att det borde vara det enda som kunde få oss att förena händerna i imperiets fred, även om vi hade lidit betydande skada där, istället för de fördelar som vi vann.

För det andra övervägde vi osäkerheten i militära händelser och att förlusten av ett slag kunde äventyra alla frukterna av arbetet i ett långt krig och få kejsaren och hans parti att återta övertaget;  medan de allierade kronorna genom ett fördrag som slöts i tid kunde säkra sig själva mycket viktiga erövringar som skulle sätta deras namn och makt i evig övervägande i Tyskland.

Detta skäl har sedan dess ändrat ansikte genom de lyckliga framgångar med vilka det har behagat Gud att välsigna de konfedererade vapen i Bayern och Böhmen, vilka har reducerat kejsaren till det tillstånd att behöva frukta hans totala undergång i krigets fortsättning än att hoppas  för sin resurs; men det skulle ha varit ett misslyckande att erkänna himlens nåder om välståndet den gav oss hade fått oss att ändra de råd och beslut om fred som vi redan hade fattat av andra skäl; även Deras Majestäter och Sveriges drottning befann sig så långt ifrån en sådan känsla att de trodde sig icke kunna svara bättre och utnyttja dessa nåder än genom att visa desto mera måttlighet och mer passion för att skyndsamt sluta freden, som det skedde. ...

Jag har redan givit Er besked om de order, som sändes till monsieur Servien, att börja behandla med madam landtgrevinnan av Hessen för att få hennes trupper under general Geis befäl; en har nyligen gett honom en uppladdning så att han inte slösar tid.

Emellertid, här har konjunkturen kommit att också gälla på Er sida, att genomföra det som jag så ofta har bett Er att ordna med i förväg, att engagera sig med oss, några bra ledare för den svenska armén och den av Bayern, av dem som är de mest ackrediterade bland soldatesken och mest kapabla att underhålla det väl och få det att leva med ordning och disciplin; och jag tror att monsieur de Tracy kan vara ett mycket lämpligt instrument för Bayerns del om man anser det lämpligt att föra honom till dessa distrikt under andra förevändningar. Men eftersom jag flera gånger har talat ganska utförligt med Er om detta ämne, har jag till och med skickat Er utdrag ur brev från monsieur Chanut, så att Ni kan se de råd som Sveriges drottning givit oss om valet av nämnda officerare.

Jag har intet att tillägga för närvarande utom att be Er noggrant väga sakens betydelse, eftersom det är omöjligt att Ni, så är fallet, inte ger extraordinär omsorg efteråt; emedan förutom konungens tjänst, som alltid skall vara det mäktigaste motivet hos Er, finns det särskilda intresset för Er ära också i att så mycket som möjligt stärka de trupper som måste tjäna under Ert befäl. ...

English translation (my own):

Monsieur,
... When one contributed to the desire that the Crown of Sweden showed to promptly achieve the peace of the Empire, and when in fact we desired and approved it with all our power, it was for very powerful and compelling reasons; but some of which have since changed, through the encounter of affairs, as in the world, and particularly in the actions of armies, nothing remains in the same state for long.

First of all, we had to fear that Sweden, which wanted peace and to which our enemies offered carte blanche on the conditions and would have granted it even more if it had wanted to separate from France, would finally have allowed itself to be carried away to a defeat similar to that of the Dutch, on the same pretext that they have more, that we wanted for our particular interests, to prevent them from enjoying this good. This reason still remains today and was so strong that it should be the only one capable of making us join hands in the peace of the Empire, even if we had suffered significant harm there, instead of the advantages that we won.

Secondly, we considered the uncertainty of military events and that the loss of a battle could compromise all the fruits of the work of a long war and cause the Emperor and his party to regain the upper hand; whereas, by a treaty made in time, the allied Crowns could secure for themselves very important conquests which would put their name and their power in eternal consideration in Germany.

This reason has since changed face by the happy successes with which it has pleased God to bless the confederate arms in Bavaria and Bohemia, which have reduced the Emperor to the state of having to fear his total ruin in the continuation of the war than to hope for its resource; but it would have been a failure to recognise the graces of Heaven if the prosperity it granted us had made us change the advice and resolutions of peace that we had already taken for other reasons; also Their Majesties and the Queen of Sweden found themselves so far from such a feeling that they believed they could not respond better and take advantage of these graces than by showing all the more moderation and more passion to promptly conclude the peace, as it happened. ...

I have already given you notice of the orders, which were sent to Monsieur Servien, to begin treating with Madame the Landgravine of Hesse to have her troops, under the command of General Geis; one has recently given him a recharge so that he does not waste time.

In the meantime, here the conjuncture has come to also apply on your side, to put into effect what I have so often asked you to make arrangements for in advance, to engage with us, some good leaders of the army of Sweden and that of Bavaria, of those who are the most accredited among the soldiers and most capable of maintaining it well and making it live with order and discipline; and I believe that for that of Bavaria, Monsieur de Tracy could be a very suitable instrument if you judge it appropriate to bring him to these districts under other pretexts. But, as I have spoken to you several times quite extensively on this subject, having even sent you extracts from letters from Monsieur Chanut, so that you can see the advice given to us by the Queen of Sweden on the choice of said officers.

I will have nothing to add at present except to ask you to carefully weigh the importance of the thing, because it is impossible, that being so, for you not to give extraordinary care afterwards; since besides the service of the King, which will always be the most powerful motive in you, the particular interest of your glory is also found in strengthening as much as possible the troops which must serve under your command. ...


Above: Kristina.


Above: Cardinal Jules Mazarin.


Above: The Maréchal de Turenne.

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