Thursday, December 28, 2023

Kristina in Pierre Hector Chanut's memoirs, November 1646

Sources:

Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 71 to 77, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, 1675
Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 76 to 82, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826

Above: Kristina.

The excerpts:

NOVEMBRE 1646.
[Aprés que le sieur Chanut eut entretenu la Reine sur la conclusion de la paix, & la satisfaction de la Suede, ainsi que les Plenipotentiaires de France luy avoient ordonné, il alla trouver le Chancelier; mais quand il voulut luy redire les mesmes choses dont il avoit eu quelque satisfaction en apparence, il le trouva beaucoup plus difficile qu'elle, plus ferme, & plus preparé à luy debattre tout ce qu'il luy representoit, & mesme avec des maximes generales, sur lequelles il y avoit à contester à l'infini. Toutesfois sçachant de la bouche mesme de la Reine qu'il n'estoit pas si éloigné du fond de la paix comme il le desiroit paroître, & que ces coleres qu'il faisoit voir estoient coleres étudiées, & pour couvrir les desseins que la Suede avoit sur sa satisfaction, la conclusion fut enfin que la Pomeranie anterieure sans l'autre seroit à charge à la Suede; & ne suffiroit pas à entretenir la table d'un petit Duc; que Wismar estoit trop peu de choses pour avoir deux Maistres, & que la Suede n'avoit pas demandé l'Archevesché de Bremen, & l'Evesché de Ferden pour mettre à leur aise ceux, que l'on y envoyeroit pour Administrateurs, qu'il aimeroit mieux estre mort que d'avoir conseillé à sa Maistresse de se contenter de ces choses, & sous ces conditions; & qu'il seroit plus glorieux à la Suede qu'elle fût chassée de l'Allemagne par les armes des Ennemis; que d'y abandonner ses avantages par un lâche traité; que les Plenipotentiaires de Suede avoient des ordres suffisans pour traiter les affaires honnorables, mais non pas suivant les intentions des Imperiaux; & enfin il protesta qu'il employeroit tous ses soins & tous ses conseils à procurer la paix à l'Allemagne.]

Au sortir de cette conference le sieur Chanut alla retrouver la Reine à laquelle il rebattit les mesmes raisons, qu'il luy avoit déja dites touchant cette paix d'Allemagne; elle les receut tres-differement de son Chancelier, car elle les écoûta avec grande attention, & luy donna tout le loisir de dire ce que les Plenipotentiaires de France l'avoient chargé de representer; & enfin elle luy répondit; qu'il paroissoit assez qu'elle estoit suffisamment persuadée qu'il estoit temps de faire la Paix; qu'elle avoit plusieurs fois consideré la plus grande partie de ce qu'il luy disoit, & qu'elle estoit bien avertie des principales conditions sous lesquelles la satisfaction de la France estoit arrestée; qu'elle le remercioit du soin qu'il prenoit de luy en donner cette particuliere information, & de ses sentimens au sujet de la paix, ausquels elle defereroit toûjours beaucoup; qu'elle ne pouvoit rien ajoûter à ce qu'elle luy avoit déja sincerement témoigné, & de son inclination, & des ordres qu'elle avoit donnez pour en avancer la conclusion.

Or comme par le discours que sa Majesté luy fit; il jugea qu'elle ne s'offenceroit pas d'une instance plus pressante, il la supplia fort adroitement de luy vouloir donner une réponse plus precise: Sur quoy elle luy dit, qu'elle si confioit si fort en l'affection de la France, & en celle que ses Plenipotentiaires avoient fait paroître pour ses interests, qu'elle ne doutoit pas qu'ils ne fissent de grands efforts pour luy faire obtenir ce qu'elle avoit demandé, & qu'en tout cas ses Ministres avoient ordre de relâcher plûtost quelque chose, que de rompre. Ainsi il découvrit que les resolutions de la Reine, & du Senat, alloient à relâcher la Pomeranie ulterieure, si la chose ne se pouvoit faire autrement: & d'obtenir, par l'entremise des Plenipotentiaires de France, la ville de Stetin.

Mais sur l'avis, qui luy arriva d'une suspension d'armes proposée par les Mediateurs, elle ne la put jamais goûter, parce qu'elle croyoit que les conditions de la Paix seroient plûtost ajustées, que celles de cette suspension d'armes; outre qu'elle paroissoit avoir quelque scrupule d'arrêter le progrés des armées, qui, à son avis, estoit la seule cause de la Paix, & qu'il y avoit à craindre quelque diversité d'avis entre les Maréchaux de Turenne, & Wrangel, à cause qu'elle supposoit que la France avoit inclination à éparger le Duc de Baviere.

Il arriva en suite un Ambassadeur de la part du Duc de Neubourg, qui fit grand bruit à la Cour de Suede pour les interests de la Maison Palatine. Il declamoit continuellement contre le Duc de Baviere, ce qui ne déplaisoit pas à cette Cour, & neantmoins il n'y avoit pas d'apparence qu'il fist changer les resolutions. On donna neantmoins de nouveaux ordres aux Plenipotentiaires sur les affaires de cette Maison.

Les Suedois, qui estoient persuadez, que la ruine entiere de la Maison d'Austriche dépendoit de celle de l'Empereur, ne consideroient ny les bons, ny les mauvais succés, que la France avoit contre le Roy d'Espagne en Flandre, & en Italie: Ils ne faisoient pas mesme de reflexion sur cette grande armée navale de France, que l'on avoit envoyée à Portolongone, si le sieur Chanut, leur faisant remarquer la prodigieuse dépense de cét armement, ne leur eust ouvert les yeux pour connoître que la France ne pouvoit pas longtemps fournir à l'entretien de tant d'armées, & que par consequent il faloit serieusement penser à faire la Paix.

Mais les nouvelles, qui arriverent en Suede de la prise de Dunkerke par les François, ne donnerent pas de joye à la Cour; non seulement pour l'affection qu'elle portoit à la France, mais aussi pour l'interest du commerce de ce Royaume, qu'elle esperoit d'oresnavant devoir estre plus libre.

Il y avoit bien apparence que si quelque grand evenement ne changeoit la face des affaires, les Plenipotentiaires de France ne trouveroient pas trop de resistance dans les Suedois; & comme c'estoit le point le plus important qui se pouvoit traiter, le sieur Chanut relevoit toutes les conjectures qui pouvoient luy servir à penetrer les derniers sentiments de la Cour de Suede. Il en arriva une, qui sembloit luy découvrir la pensée de la Reine; car elle luy dit, que si la Paix se concluoit, elle entendoit que le Baron Oxenstiern demeurast à Osnabrug pour les Ceremonies, & les suites de l'execution; & que le sieur Salvius luy apporteroit le Traité pour y donner les ratifications necessaires. A quoy elle ajoûta, qu'elle desiroit, & esperoit de le voir par cette occasion. Il découvrit mesme que le sieur Salvius le desiroit aussi, & qu'il l'en avoit priée.

En ce temps les Plenipotentiaires de France dresserent un projet des accommodemens pour la ville de Stetin en faveur des Suedois, dont le sieur Chanut auroit bien souhaité d'avoir quelques particularitez. Car bien que ces choses fussent hors de l'étenduë de son Ministere, elles luy pouvoient servir à se donner créance, & à luy faire passage à ce qu'il devoit ou découvrir, ou insinuer.

D'ailleurs il estoit en peine de quelle façon on avoit pris à la Cour de France l'ouverture qu'il avoit faite de prendre l'occasion de faire dire un mot de recommandation au Comte de la Garde pendant qu'il estoit auprés de leurs Majestez en faveur de quatre Monasteres Catholiques de Bremen, & avant qu'il en eut l'aveu de la Cour, il se hazarda de prier la Reine de Suede de continuer encore l'année prochaine l'exemption qu'elle leur avoit accordée, asseuré qu'il estoit du tres-grand zele de la Reine Regente pour tout ce qui regardoit la Religion; mais sans y engager pourtant le nom de sa Majesté, il asseura seulement la Reine de Suede, que la faveur qu'elle feroit à ces Monasteres luy seroit tres-agreable.

Cependant il arriva des lettres à la Reine de la part de ses Plenipotentiaires, qui luy donnerent de l'émotion contre l'Electeur de Brandebourg. Car ils luy écrivoient que ce Prince faisoit de nouvelles propositions, & beaucoup moindres que les offres dernieres des Imperiaux; au sujet de la Pomeranie; & de l'air dont elle prit cette nouvelle, si elle n'eût point eu un dessein formé de faire la paix, elle auroit rompu sur cette difficulté; mais sa colere passée elle revint à souhaitter la conclusion, & à croire que la France, l'Empereur, & les Estats de l'Empire contraindroient cét Electeur de se mettre à la raison. Il sembloit mesme dans cette occasion qu'elle eût une alternative en l'esprit, & dont elle ne se vouloit pas ouvrir, qui estoit qu'en tout cas s'il se rendoit elle prendroit la Pomeranie entiere sans son consentement, avec celuy de l'Empereur, & l'agréement de celuy de l'Empire.

Et le 17 de Novembre le Comte Gustave Gustavesohn declara ses pretentions sur l'Evesché d'Osnabrug, & le dédommagement qu'ils souhaittoit; mais ses demandes estoient sans aucun fondement, on ne croyoit pas qu'il les deût opiniâtrer, s'il ne se voyoit en si bonne posture, que l'on n'osast le desobliger.

Au mesme-temps on apprît en la Cour de Suede, que le Grand Maistre de Dannemark estoit passé en Hollande pour aller en France servir d'Ambassadeur, & que pendant son sejour à la Haye, il avoit fait de grands reproches aux Estats, de ce qu'ils avoient contribué à la prise de Dunkerke, contre toutes les loix de la Politique.

Mais la nouvelle qui arriva ensuite, de la levée du siege d'Ausbourg, n'y apporta que fort peu de déplaisir: Car la Reine, & les principaux Ministres ayant dessein de faire la paix, ils apprehendoient que s'il arrivoit quelque notable avantage de part ou d'autre, cela n'empêcha la negociation. Ce qui les fâchoit le plus estoit que les Ennemis à Munster, & ailleurs s'en glorifioient beaucoup avec trop d'insolence.

Mais le bruit, qui courut peu de temps aprés, que les armées des Confederez avoient consenti à une suspension d'armes, ne plut point à la Cour de Suede. Car quoy qu'il eût esté à propos de la faire, si l'armée avoit esté toute composée de naturels Suedois, il estoit à craindre que les Allemans qui en faisoient la meilleure partie, ne se débandassent, ou pour se retirer chargez de butin, ou débauchez par une trop libre communication avec les Ennemis pendant la suspension.

Les deffiances que les Suedois avoient conceuës contre le Duc de Baviere estoient si fortes, que bien que ce Prince eût souvent de petits démêlez avec l'Empereur, on ne laissoit pas de croire qu'il estoit inseparable de la Maison d'Austriche, & qu'ils se reüniroient toûjours l'un & l'autre, lorsqu'ils s'agiroit de l'interest commun. Et les Ministres de Suede ne pouvoient s'empécher de dire que la France, qui croyoit attirer ce Prince, & le débaucher de son attachement pour la Maison d'Austriche, y seroit trompée.

With modernised spelling:

Novembre 1646.
[Après que le sieur Chanut eut entretenu la reine sur la conclusion de la paix et la satisfaction de la Suède, ainsi que les plénipotentiaires de France lui avaient ordonné, il alla trouver le chancelier; mais quand il voulut lui redire les mêmes choses dont il avait eu quelque satisfaction en apparence, il le trouva beaucoup plus difficile qu'elle, plus ferme et plus preparé à lui debattre tout ce qu'il lui représentait, et même avec des maximes générales, sur lequelles il y avait à contester à l'infini.

Toutefois, sachant de la bouche-même de la reine qu'il n'était pas si éloigné du fond de la paix comme il le désirait paraître, et que ces colères qu'il faisait voir étaient colères étudiées, et pour couvrir les desseins que la Suède avait sur sa satisfaction, la conclusion fut enfin que la Poméranie antérieure sans l'autre serait à charge à la Suède et ne suffirait pas à entretenir la table d'un petit duc.

Que Wismar était trop peu de choses pour avoir deux maîtres, et que la Suede n'avait pas demandé l'archevêché de Brême et l'évêché de Verden pour mettre à leur aise ceux, que l'on y enverrait pour administrateurs, qu'il aimerait mieux être mort que d'avoir conseillé à sa maîtresse de se contenter de ces choses, et sous ces conditions; et qu'il serait plus glorieux à la Suède qu'elle fût chassée de l'Allemagne par les armes des ennemis que d'y abandonner ses avantages par un lâche traité; que les plénipotentiaires de Suède avaient des ordres suffisants pour traiter les affaires honorables, mais non pas suivant les intentions des Imperiaux. Et, enfin, il protesta qu'il emploierait tous ses soins et tous ses conseils à procurer la paix à l'Allemagne.]

Au sortir de cette conférence, le sieur Chanut alla retrouver la reine, à laquelle il rebattit les mêmes raisons qu'il lui avait déjà dites touchant cette paix d'Allemagne. Elle les reçut très différemment de son chancelier, car elle les écouta avec grande attention et lui donna tout le loisir de dire ce que les plénipotentiaires de France l'avaient chargé de représenter.

Et enfin elle lui répondit qu'il paraissait assez qu'elle était suffisamment persuadée qu'il était temps de faire la paix, qu'elle avait plusieurs fois considéré la plus grande partie de ce qu'il lui disait, et qu'elle était bien avertie des principales conditions sous lesquelles la satisfaction de la France était arrêtée. Qu'elle le remerciait du soin qu'il prenait de lui en donner cette particulière information et de ses sentiments au sujet de la paix, auxquels elle déférerait toujours beaucoup; qu'elle ne pouvait rien ajouter à ce qu'elle lui avait déjà sincèrement témoigné et de son inclination et des ordres qu'elle avait donnés pour en avancer la conclusion.

Or, comme par le discours que Sa Majesté lui fit, il jugea qu'elle ne s'offenserait pas d'une instance plus pressante. Il la supplia fort adroitement de lui vouloir donner une réponse plus précise, sur quoi elle lui dit qu'elle si confiait si fort en l'affection de la France, et en celle que ses plénipotentiaires avaient fait paraître pour ses intérêts, qu'elle ne doutait pas qu'ils ne fissent de grands efforts pour lui faire obtenir ce qu'elle avait demandé et qu'en tout cas ses ministres avaient ordre de relâcher plutôt quelque chose que de rompre. Ainsi il découvrit que les résolutions de la reine, et du Sénat, allaient à relâcher la Poméranie ultérieure si la chose ne se pouvait faire autrement et d'obtenir, par l'entremise des plénipotentiaires de France, la ville de Stetin.

Mais sur l'avis qui lui arriva d'une suspension d'armes proposée par les médiateurs, elle ne la put jamais goûter, parce qu'elle croyait que les conditions de la paix seraient plutôt ajustées que celles de cette suspension d'armes, outre qu'elle paraissait avoir quelque scrupule d'arrêter le progrès des armées, qui, à son avis, était la seule cause de la paix, et qu'il y avait à craindre quelque diversité d'avis entre les maréchaux de Turenne et Wrangel à cause qu'elle supposait que la France avait inclination à éparger le duc de Bavière.

Il arriva ensuite un ambassadeur de la part du duc de Neubourg, qui fit grand bruit à la Cour de Suède pour les interests de la maison palatine. Il déclamait continuellement contre le duc de Bavière, ce qui ne déplaisait pas à cette Cour, et néanmoins il n'y avait pas d'apparence qu'il fît changer les résolutions. On donna néanmoins de nouveaux ordres aux plénipotentiaires sur les affaires de cette maison.

Les Suédois, qui étaient persuadés que la ruine entière de la Maison d'Autriche dépendait de celle de l'empereur, ne considéraient ni les bons ni les mauvais succès que la France avait contre le roi d'Espagne en Flandre et en Italie. Ils ne faisaient pas même de reflexion sur cette grande armée navale de France (que l'on avait envoyée à Porto Longone) si le sieur Chanut, leur faisant remarquer la prodigieuse dépense de cét armement, ne leur eût ouvert les yeux pour connaître que la France ne pouvait pas longtemps fournir à l'entretien de tant d'armées et que, par conséquent, il fallait sérieusement penser à faire la paix.

Mais les nouvelles qui arrivèrent en Suède de la prise de Dunkerque par les Français ne donnèrent pas de joie à la Cour, non seulement pour l'affection qu'elle portait à la France, mais aussi pour l'intérêt du commerce de ce royaume, qu'elle espérait dorénavant devoir être plus libre.

Il y avait bien apparence que si quelque grand événement ne changeait la face des affaires, les plénipotentiaires de France ne trouveraient pas trop de résistance dans les Suédois; et comme c'était le point le plus important qui se pouvait traiter, le sieur Chanut rélèvait toutes les conjectures qui pouvaient lui servir à pénétrer les derniers sentiments de la Cour de Suède. Il en arriva une qui semblait lui découvrir la pensée de la reine, car elle lui dit que si la paix se concluait, elle entendait que le baron Oxenstiern demeurât à Osnabrück pour les cérémonies et les suites de l'exécution, et que le sieur Salvius lui apporterait le traité pour y donner les ratifications nécessaires; à quoi elle ajouta qu'elle désirait et espérait de le voir par cette occasion. Il découvrit même que le sieur Salvius le désirait aussi et qu'il l'en avait priée.

En ce temps, les plénipotentiaires de France dressèrent un projet des accommodements pour la ville de Stetin en faveur des Suédois, dont le sieur Chanut aurait bien souhaité d'avoir quelques particularités, car, bien que ces choses fussent hors de l'étendue de son ministère, elles lui pouvaient servir à se donner créance et à lui faire passage à ce qu'il devait ou découvrir, ou insinuer.

D'ailleurs, il était en peine de quelle façon on avait pris à la Cour de France l'ouverture qu'il avait faite de prendre l'occasion de faire dire un mot de recommandation au comte de la Garde pendant qu'il était auprès de Leurs Majestés en faveur de quatre monastères catholiques de Brême et avant qu'il en eut l'aveu de la Cour, il se hasarda de prier la reine de Suède de continuer encore l'année prochaine l'éxemption qu'elle leur avait accordée, assuré qu'il était du très grand zèle de la reine-régente pour tout ce qui regardait la religion; mais, sans y engager pourtant le nom de Sa Majesté, il assura seulement la reine de Suède que la faveur qu'elle ferait à ces monastères lui serait très agréable.

Cependant, il arriva des lettres à la reine, de la part de ses plénipotentiaires, qui lui donnèrent de l'émotion contre l'électeur de Brandebourg, car ils lui écrivaient que ce prince faisait de nouvelles propositions et beaucoup moindres que les offres dernières des Imperiaux au sujet de la Poméranie; et, de l'air dont elle prit cette nouvelle, si elle n'eût point eu un dessein formé de faire la paix, elle aurait rompu sur cette difficulté. Mais, sa colère passée, elle revint à souhaiter la conclusion et à croire que la France, l'empereur, et les États de l'Empire contraindraient cet électeur de se mettre à la raison.

Il semblait même dans cette occasion qu'elle eût une alternative en l'esprit, et dont elle ne se voulait pas ouvrir, qui était qu'en tout cas s'il se rendait elle prendrait la Poméranie entière sans son consentement, avec celui de l'empereur et l'agréement de celui de l'empire.

Et, le 17 de novembre, le comte Gustave Gustafsson déclara ses prétentions sur l'évêché d'Osnabrück et le dédommagement qu'ils souhaitait, mais ses demandes étaient sans aucun fondement. On ne croyait pas qu'il les dût opiniâtrer s'il ne se voyait en si bonne posture que l'on n'osât le désobliger.

Au même temps, on apprit en la Cour de Suède que le grand maître de Danemark était passé en Hollande pour aller en France servir d'ambassadeur et que, pendant son séjour à La Haye, il avait fait de grands reproches aux États de ce qu'ils avaient contribué à la prise de Dunkerque, contre toutes les lois de la politique.

Mais la nouvelle qui arriva ensuite de la levée du siège d'Augsbourg, n'y apporta que fort peu de déplaisir, car la reine et les principaux ministres ayant dessein de faire la paix, ils appréhendaient que s'il arrivait quelque notable avantage de part ou d'autre, cela n'empêcha la négociation. Ce qui les fâchait le plus était que les ennemis à Münster et ailleurs s'en glorifiaient beaucoup avec trop d'insolence.

Mais le bruit qui courut peu de temps après que les armées des Confédérés avaient consenti à une suspension d'armes ne plut point à la Cour de Suède, car, quoiqu'il eût été à propos de la faire, si l'armée avait été toute composée de naturels Suédois, il était à craindre que les Allemands (qui en faisaient la meilleure partie) ne se débandassent ou pour se retirer chargés de butin, ou débauchés par une trop libre communication avec les ennemis pendant la suspension.

Les défiances que les Suédois avaient conçues contre le duc de Bavière étaient si fortes que, bien que ce prince eût souvent de petits démêlés avec l'empereur, on ne laissait pas de croire qu'il était inséparable de la Maison d'Autriche et qu'ils se réuniraient toujours l'un et l'autre lorsqu'ils s'agirait de l'intérêt commun. Et les ministres de Suede ne pouvaient s'empêcher de dire que la France, qui croyait attirer ce prince et le débaucher de son attachement pour la Maison d'Autriche, y serait trompée.

Swedish translation (by anonymous translator):

November 1646.
[Sedan Herr Chanut talat med Drottningen om Fredsslutet och Sveriges skadestånd såsom Franska Ministrarna befallt, skyndade han till Riks-Kansleren; men vid upprepandet af detsamma som hos Drottningen, hvaraf han ägt någon tillfredställelse, fann han denna Minister sträfvare och beredd att bestrida alla dess framställningar. Han visste likväl genom Drottningen, att Riks Kansleren ej var så emot freden som han önskade synas och hans vrede förställd för att betäcka Sveriges afsigter på skade-ersättning; beslutet blef, att Vor-Pommern ensamt skulle vara Sverige till last och otillräckligt att underhålla en liten Hertigs bord; Vismar vore nog litet för att äga tvenne Herrar, och Sverige hade ej begärt hvarken Brehmen eller Vehrden för att förnöja dess Administratorer; han ville häldre vara död än råda sin Drottning dertill och på sådana villkor; det skulle vara ärorikare för Sverige att förjagas ur Tyskland genom fiendens vapen än att der öfvergifva sina fördelar genom en feg Traktat. De Svenska Fullmägtiga hade tillräcklig befallning att underhandla om ärofulla ärender, men ej att foga sig efter de Kejserligas böjelser; han försäkrade sluteligen, att han skulle använda allt sitt bemödande för att förskaffa Tyskland fred.]

Herr Chanut gick ifrån honom åter till Drottningen, hos hvilken han upprepade samma skäl, angående Tysklands fred; olik sin Riks-Kansler, åhörde hon dem med största uppmärksamhet och gaf tillfälle att yttra allt hvad de Franska Plenipotentiairerne uppdragit honom. Sluteligen svarade hon, att hon vore fullkomligt öfvertygad, det tiden till fred var inne; hon hade flere gånger öfvervägt det han sagt, och var väl underrättad om de förnämsta vilkor, hvarvid Frankrike fästade sitt skadestånd; hon tackade för hans möda att underrätta henne derom och dess tankar i anseende till freden, hvarefter hon alltid skulle foga sig; hon hade föröfrigt intet att tillägga till det hon uppriktigt yttrat och befallningarne om Fredens påskyndande.

Han dömde af detta Hennes Majestäts tal, att hon icke förtörnades af en ifrigare enträgenhet, och bad försiktigt om ett mer bestämdt svar; hon yttrade då, att hon trodde så fast på Frankrikes och dess Plenipotentiariers tillgifvenhet, i anseende till hennes fördel, att hon ej tviflade, det ju de bemödade sig förskaffa henne hvad hon begärde och att i alla fall hennes Ministrar hade befallning heldre eftergifva något än bryta. Således upptäckte han, att Drottningen och Rådet beslutit lämna Hinter-Pommern, om det ej kunde ske annorlunda, och erhålla genom de Franska Fullmägtigas bemedling Staden Stettin.

Hon kunde icke älska underrättelsen att medlarne föreslagit vapenhvila, ty hon trodde fredsvillkoren förr uppgjorde; hon syntes dessutom äga någon betänklighet att hejda arméernas framsteg, hvilka, enligt hennes tanka, endast voro orsaken till freden, och frukta skilljaktiga meningar hos Fält-Marskalkerna Turenne och Wrangel, samt att Frankrike önskade skona Hertigen af Bayern.

Sluteligen ankom en Ambassadör ifrån Hertigen af Neuburg, som gjorde mycket buller vid Svenska Hofvet för Pfalz-Grefliga husets fördelar. Han talade högt emot Hertigen af Bayern, hvilket ej misshagade, men beslutet ändrades derföre icke, och man gaf ny befallning till Plenipotentiairerne i anseende till detta hus.

Svenskarna, öfvertygade att Österrikiska Husets undergång berodde af Kejsarens, betänkte hvarken Frankrikes motgång eller medgång emot Konungen af Spanien i Flandern och Italien. De påminte sig intet den stora sjömagt Frankrike skickat till Portolongone, om ej Herr Chanut anmärkt dess omkostnad, att Frankrike ej längre kunde underhålla så många arméer och att man måste tänka allfvarsamt på fred.

Nyheten om Dunkerkens intagande af Fransmännen glädde icke litet Hofvet, ej allenast i anseende till dess tillgifvenhet för Frankrike, men äfven för Rikets handel, hvars större frihet man härefter hoppades.

Det syntes äfven att om någon stor händelse förändrade sakernas utseende, skulle ej Franska Plenipotentiairerne finna stort motstånd hos de Svenska; Herr Chanut sökte derföre på allt sätt utforska Hofvets afsigter. Ett tillfälle syntes underrätta honom om Drottningens tänkesätt; ty hon yttrade, att om freden slöts, borde Baron Oxenstjerna qvarblifva i Osnabrüg i anseende till högtidligheterna och Traktatens verkställande; Herr Salvius skulle öfverföra den till bekräftelse och hon hoppades få se honom vid detta tillfälle; Herr Chanut upptäckte äfven, att Herr Salvius önskade det och derom anhållit.

De Franska Fullmägtige uppgjorde nu en förlikningsplan till Svenskarnas förmån, i anseende till Stetin, hvaraf Herr Chanut önskade känna de särskilta omständigheterna. Fastän detta var utom hans uppdrag, kunde det likväl gifva honom förtroende, och skaffa utväg till det han ärnade upptäcka eller föredraga.

Det bekymrade honom eljest huru man vid Franska Hofvet upptagit, att han skrifvit till Grefve de la Gardie till förmån för de fyra Katholska klostren i Brehmen, innan han dertill erhållit tillstånd. Han vågade likväl be Drottningen af Sverige äfven nästa år tillåta den frihet hon beviljat dem, försäkrad som han var om Drottningen Regentinnans stora nit för Religionen. Utan att tala uti Hennes Majestäts namn, försäkrade han likväl Drottningen, att den nåd hon bevisade dessa kloster skulle vara Drottningen Regentinnan högst angenäm.

Bref ankom till Drottningen från Plenipotentiairerne, hvilka uppbragte henne emot Kurförsten af Brandenburg. De skrefvo, att denna Prins gjorde nya förslag och obetydligare tillbud än de Kejserliga i anseende till Pommern. Det sätt hvarmed hon emottog denna nyhet ingaf förmodan, att om intet hennes afsigt var att sluta fred skulle hon nu brutit den; då hennes vrede var förbi, önskade hon dess afslutande och trodde att Frankrike, Kejsaren och Tyska Riks-Ständerna skulle förmå denna Kurförste till billighet. Vid detta tillfälle syntes äfven att hon hade något i sinne som hon ej ville yppa; att i alla fall taga Pommern utan hans, men med Kejsarens och Tyska Rikets samtyckte.

Den 17 November tillkännagaf Grefve Gustaf Gustafson dess anspråk på Osnabrüg och det skadestånd han önskade; hans påståenden voro utan grund, och han borde intet deruti framhärda, om hans belägenhet var så god att man ej vågade göra honom missnöjd.

Samma tid erför Svenska Hofvet att Danska Riks-Hofmästaren (Grand-maitre) farit genom Holland till Frankrike såsom Ambassadör och att han under sitt vistande i Haag gjorde Staterna stora förebråelser, derföre att de bidragit till intagandet af Dunkerken tvertemot all Statskonst.

Den tidning, som sedan ankom om upphäfvandet af belägringen för Augsburg, förorsakade föga missnöje; ty Drottningen och de förnämste Ministrarna, önskade fred, samt fruktade att någon utmärkt fördel på ena eller andra sidan skulle hindra underhandlingen; men att fienderna nu i Münster med stor förmätenhet skulle fröjda sig, förtörnade dem mest.

Underrättelsen att den förenade arméen samtyckt en vapenhvila behagade ej Svenska Hofvet, ehuru nödvändig den var; men då hela arméen icke bestod af infödda Svenskar, kunde Tyskarna, hvilka utgjorde bästa delen, kringsprida sig med byte eller förledas genom fritt umgänge med fienden.

Det misstroende Svenskarna fattat emot Hertigen af Bayern var så starkt att ehuru han ofta hade små stridigheter med Kejsaren trodde de honom vara oskiljaktig från Österrikiska huset, då fråga var om gemensamt bästa. Svenska Ministrarna sade, att Frankrike, som trodde fästa denna Prins och söndra honom från Österrikiska Huset, deruti bedragit sig.

English translation (my own):

November 1646.
[After Monsieur Chanut had spoken to the Queen about the conclusion of peace and the satisfaction of Sweden, as the plenipotentiaries of France had ordered him, he went to find the Chancellor; but when he wanted to tell him again the same things with which he had apparently had some satisfaction, he found him much more difficult than her, more firm and more prepared to debate with her everything he represented to her, and even with general maxims, about which there was endless dispute.

However, knowing from the Queen's own mouth that he was not so far from the depths of peace as he wanted to appear, and that these angers that he showed were studied angers, and to cover the designs that Sweden was satisfied, the conclusion was finally that the former Pomerania without the other would be a burden to Sweden and would not be enough to maintain the table of a little duke.

That Wismar was too small to have two masters, and that Sweden had not asked for the archbishopric of Bremen and the bishopric of Verden to put at their ease those who would be sent there as administrators, that he would rather be dead than having advised he mistress to be content with these things, and under these conditions; and that it would be more glorious for Sweden if it were driven from Germany by the arms of the enemies than to abandon its advantages there by a cowardly treaty; that the plenipotentiaries of Sweden had sufficient orders to deal with honourable affairs, but not according to the intentions of the Imperials. And, finally, he protested that he would use all his care and advice to bring peace to Germany.
]

At the end of this conference, Monsieur Chanut went to find the Queen, to whom he repeated the same reasons that he had already told her concerning this peace of Germany. She received them very differently from her Chancellor, because she listened to them with great attention and gave him plenty of time to say what the plenipotentiaries of France had charged him to represent.

And finally she replied to him that it seemed enough that she was sufficiently persuaded that it was time to make peace, that she had several times considered the greater part of what he said to her, and that she was well-informed of the main conditions under which the satisfaction of France was determined. That she thanked him for the care he took in giving her this particular information and for his sentiments on the subject of peace, to which she would always defer greatly, and that she could add nothing to what she had already sincerely testified to him about her inclination and the orders she had given to advance the conclusion.

Now, as by the discourse that Her Majesty made to him, he judged that she would not be offended by a more pressing request. He begged her very skillfully to give him a more precise answer, whereupon she told him that she had so much confidence in the affection of France, and in that which her plenipotentiaries had made apparent for her interests, that she had no doubt that they made great efforts to get her what she had asked for and that in any case her ministers had orders to release rather than break something. Thus he discovered that the resolutions of the Queen, and of the Senate, were going to release Farther Pomerania if it could not be done otherwise and to obtain, through the plenipotentiaries of France, the town of Stettin.

But upon the notice which reached her of a suspension of arms proposed by the mediators, she was never able to approve it, because she believed that the conditions of peace would be more adjusted than those of this suspension of arms,  besides that she seemed to have some scruple about stopping the progress of the armies, which, in her opinion, was the only cause of peace, and that there was to be feared some diversity of opinions between the marshals de Turenne and Wrangel, because she supposed that France had an inclination to spare the Duke of Bavaria.

An ambassador then arrived from the Duke of Neuburg, who made a big noise at the Swedish court for the interests of the Palatine House. He continually declaimed against the Duke of Bavaria, which did not displease this court, and nevertheless there was no appearance that he would change the resolutions. However, new orders were given to the plenipotentiaries regarding the affairs of this House.

The Swedes, who were persuaded that the entire ruin of the House of Austria depended on that of the Emperor, considered neither the good nor the bad successes that France had against the King of Spain in Flanders and in Italy. They would not even have reflected on this great naval army of France (which had been sent to Porto Longone) if Monsieur Chanut, pointing out to them the prodigious expense of this armament, had not opened their eyes to know that France could not long provide for the maintenance of so many armies and that it was therefore necessary to seriously think about making peace.

But the news which arrived in Sweden of the capture of Dunkirk by the French did not give joy to the court, not only for the affection it bore to France, but also for the interests of the commerce of this kingdom, that it hoped from now on it would be freer.

It seemed that if some great event did not change the face of affairs, the plenipotentiaries of France would not find too much resistance in the Swedes; and as it was the most important point that could be addressed, Monsieur Chanut raised all the conjectures which could help him to penetrate the final sentiments of the court of Sweden. One arrived who seemed to reveal to him the Queen's thoughts, for she told him that if peace was concluded, she intended that Baron Oxenstierna would remain in Osnabrück for the ceremonies and the aftermath of the execution, and that Lord Salvius would bring her the treaty to give the necessary ratifications; to which she added that she wanted and hoped to see him on this occasion. He even discovered that Lord Salvius also wanted it and that he had asked her to do so.

At this time, the plenipotentiaries of France drew up a project of accommodations for the town of Stettin in favour of the Swedes, of which Monsieur Chanut would have liked to have some particularities, because, although these things were outside the scope of his  ministry, they could serve to give him credence and to give him access to what he was to discover or insinuate.

Moreover, he was at a loss in what way the court of France had taken the opportunity he had made to take the opportunity to have a word of recommendation said to the Count de la Garde while he was near  of Their Majesties in favour of four Catholic monasteries of Bremen; and before he had the admission of the court, he ventured to ask the Queen of Sweden to continue next year the exemption which she had granted to them, assured that he was of the very great zeal of the Queen Regent for everything that concerned religion; but without, however, involving the name of Her Majesty, he only assured the Queen of Sweden that the favour she would do to these monasteries would be very pleasant to her.

In the meantime, letters arrived to the Queen, from her plenipotentiaries, which gave her emotion against the Elector of Brandenburg, because they wrote to her that this prince was making new proposals and much less than the last offers of the Imperials over Pomerania; and, from the way she took this news, if she had not had a formed intention of making peace, she would have broken off on this difficulty. But, her anger having passed, she returned to wishing for the conclusion and believing that France, the Emperor, and the Estates of the Empire would force this Elector to come to reason.

It even seemed on this occasion that she had an alternative in mind, and which she did not want to open up, which was that in any case, if he surrendered, she would take the whole of Pomerania without his consent, with that of the Emperor and the approval of that of the Empire.

And, on November 17, Count Gustaf Gustafsson declared his claims to the bishopric of Osnabrück and the compensation they wanted, but his demands were without any basis. One did not believe that he would have to persist with one if he did not see himself in such a good position that one did not dare to disobey him.

At the same time, it was learned at the court of Sweden that the Grand Master of Denmark had passed through Holland to go to France to serve as ambassador and that, during his stay in The Hague, he had made great reproaches to the Estates for what they had contributed to the capture of Dunkirk, against all the laws of politics.

But the news which subsequently arrived of the lifting of the siege of Augsburg brought very little displeasure, for the Queen and the principal ministers having the intention of making peace, they apprehended that if there came any notable advantage from one part or the other, this did not prevent negotiation. What angered them the most was that the enemies in Münster and elsewhere glorified themselves in it with too much insolence.

But the rumour which circulated shortly after that the armies of the Confederates had consented to a suspension of arms did not please the court of Sweden, because, although it would have been appropriate to do so, if the army had been entirely composed of natural Swedes, it was to be feared that the Germans (who made up the best part) would disband either to withdraw laden with booty or debauched by too free communication with the enemies during the suspension.

The mistrust that the Swedes had conceived against the Duke of Bavaria was so strong that, although this prince often had small quarrels with the Emperor, one still believed that he was inseparable from the House of Austria and that they would always come together when the common interest was at stake. And the ministers of Sweden could not help saying that France, which believed to attract this prince and debauch him from his attachment to the House of Austria, would be deceived.

Note: The Grand Master of Denmark = Corfitz Ulfeldt.

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