Tuesday, March 1, 2022

Kristina's letter to Azzolino, dated December 28, 1667

Sources:

Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899






Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on December 28, 1667. The letters from the last two weeks are lost.

The letter:

28 Xbr. 1667 —
Je vous envoye vn billiet pour Sanchez qui Vous doit payer huit mille escus ie Vous lenvoyeray double pour lordinaire prochain devan qve ie parte dicy ie feray mes efforts pour Vous envoyer des sommes plus grandes ou plus pettittes Celon que loccasion se presentera mais ie vous enVoyeray le plus souvent de largent que ie pourois.

Vostre lestre du 3 du present, moblige au dela de ce que Vous pouvez Croire sur le suiet d'Adami. ie nesperay pas moins de Vous mais ausi ie merite que en usiez Comme Vous faittes. Ce que Vous me dittes sur la maniere de le Congedier est si iuste si raisonable quil faudroit navoir eu ny raison ny iustice si mes penses ne se fussent accordes avec les Vostres. Dieu mest tesmoin, et touts ceux que ie Vous ay Cite dan ma presedente que iay fait tout ce que iay peu pour envelopper sa folle Conduitte et la Chager aux austres, et de faire Voir en sa personne la deference et la Consideration que iay pour Vous, iusque la mesme que ie me suis prepare a suffrir touttes ses brutalites, san le regarder de travers sil eut Voulu me faire lhoneur de se faire Voir, et iay Voulu faire Courir icy le bruit que ie lenvoyois Conferer avec Vous sur mes affaire a Rome. mais Voyez mon malheur, Cepandant que ie Vais meditter tout Ces preparatifs Jl dit a Stocholme quil a quitte mon serVice quil ira droit a rome san passer par icy et fait un Vacarme qui le deshonore partout lorsque ie mefforce a sauver sa reputation. ie ne say Ce que ien dois presumer mais Jl y a desia si longtemps quil est party de Suede qui seroit icy quan Jl auoit fait ce Voiage a pie. Cepandant ie garde enCore Vos lestres aupres de moy, et ie le garderes iusques a lordinaire prochain et si entre icy et la on nen a pas des novvelles ie Vous les renvoyeray. Je Vous advoue que son procede me donne vne douleur mortelle et que ie nay gere eu daffaire en ma Vie qui maye tant afflige. sil Vient encore icy (ce que ie ne Crois pas) mon procede sera envers luy si honest que iespere que Vous seray satisfait de ma Conduitte, et que Vous conoistrez que ie puis tout sur moy quant il question de Vous plaire et de Vous obliger et ie feray Voir a toutte la trerre que vous mestes seul plus Considerable que touts les roy du monde ensemble.

Je Vous suis bien oblige du Commendement que Vous luy faittes de nescrire ny parler de moy quavec Veneration etc. mais Vous Verray quil ne Vous obbeyera pas Car Jl a parle de moy en Suede dune maniere qui Vous feroit horreur si Vous le saviez, ie ne lay pas seu quapres son depart et des gens me lon dit que ne peuent estre suspects de malice. mais cela nest rien. si pezza Vous parle iamais Jl Vous dria de quel air Jl a parle de Vous dans mon Anichambre a Rome et Jl sait des histoires de cet homme que si Vous le forcez a Vous les dire elle Vous feront horreur, et Vous Conoistre Combien cet homme est indigne de Vos bontes et de Vostre protexion.

Jl ny a rien de nouveaux icy qui merite de vous estre Communique Jattens Vos lestres avec impacience et nous enragons touts icy de froit. Vrangel est icy a qui iay mille obligations. Jl est effroẏablement mal satisfait du present gouvernement et a Raison

le roy de Suede est gerri toutt a fait mais Jl y a des gens qui Croẏe que cela ne durera pas, le temps nous esclairsira de cela et de bien daustre choses. Je Vous prie de remercier Sa Ste de la grace quil ma fait, sur le iour maigres.

Je seray satisfaitte et heureuse si ce que Vous me dittes sur la palleotti fust bien Vray tanto basta adieu

With modernised spelling:

Hambourg, 28 décembre 1667.
Je vous envoie une billet pour Sanchez qui vous doit payer huit mille écus; je vous l'enverrai double pour l'ordinaire prochain. Devant que je parte d'ici, je ferai mes efforts pour vous envoyer des sommes plus grandes ou plus petites, selon que l'occasion se présentera, mais je vous enverrai le plus souvent de l'argent que je pourrai.

Votre lettre du 3 du présent m'oblige au delà de ce que vous pouvez croire sur le sujet d'Adami. Je n'espérais pas moins de vous, mais aussi je mérite [que] vous en usiez comme vous faites. Ce que vous me dites sur la manière de le congédier est si juste, si raisonnable, qu'il faudrait n'avoir eu ni raison ni justice, si mes pensées ne se fussent accordées avec les vôtres. Dieu m'est témoin, et tous ceux que je vous ai cités dans ma précédente, que j'ai fait tout ce que j'ai pu pour envelopper sa folle conduite et la cacher aux autres, et de faire voir en sa personne la déférence et la considération que j'ai pour vous, jusque-là même, que je me suis préparée à souffrir toutes ses brutalités sans le regarder de travers, s'il eût voulu me faire l'honneur de se faire voir, et j'ai voulu faire courir ici le bruit que je l'envoyais conférer avec vous sur mes affaires à Rome. Mais voyez mon malheur: cependant que je vais méditer tous ces préparatifs, il dit à Stockholm qu'il a quitté mon service, qu'il ira droit à Rome, sans passer par ici, et fait un vacarme qui le déshonore partout, lorsque je m'efforce à sauver sa réputation.

Je ne sais ce que j'en dois présumer, mais il y a déjà si longtemps qu'il est parti de Suède qu'il serait ici quand il aurait fait ce voyage à pied. Cependant je garde encore vos lettres auprès de moi, et je les garderai jusqu'à l'ordinaire prochain, et si entre ici et là on n'en a pas de nouvelles, je vous les renverrai. Je vous avoue que son procédé me donne une douleur mortelle, et que je n'ai guère eu d'affaire en ma vie qui m'ait tant affligée. S'il vient encore ici (ce que je ne crois pas), mon procédé sera envers lui si honnête, que j'espère que vous serez satisfait de ma conduite, et que vous connaîtrez que je puis tout sur moi quand il [est] question de vous plaire et de vous obliger, et je ferai voir à toute la terre que vous m'êtes seul plus considérable que tous les Rois du monde ensemble.

Je vous suis bien obligée du commandement que vous lui faites de n'écrire ni parler de moi qu'avec vénération, etc. Mais vous verrez qu'il ne vous obéira pas, car il a parlé de moi en Suède d'une manière qui vous ferait horreur si vous le saviez; je ne l'ai pas su qu'après son départ, et des gens me l'ont dit que ne peuvent être suspects de malice. Mais cela n'est rien. Si Pezza vous parle jamais, il vous dira de quel air il a parlé de vous dans mon antichambre à Rome, et il sait des histoires de cet homme, que si vous le forcez à vous les dire, elles vous feront horreur, et vous connaîtrez combien cet homme est indigne de vos bontés et de votre protection.

Il n'y a rien de nouveau ici qui mérite de vous être communiqué. J'attends vos lettres avec impatience, et nous enrageons tous ici de froid. Wrangel est ici à qui j'ai mille obligations. Il est effroyablement mal satisfait du présent gouvernement, et a raison.

Le roi de Suède est guéri tout à fait, mais il y a des gens qui croient que cela ne durera pas; le temps nous éclaircira de cela et de bien d'autres choses. Je vous prie de remercier Sa Sainteté de la grâce qu'il m'a faite sur les jours maigres.

Je serai satisfaite et heureuse si ce que vous me dites sur la Palleotti fût bien vrai. Tanto basta. Adieu.

English translation (my own):

December 28, 1667. —
I am sending you a note for Sanchez, who must pay you eight thousand crowns; I will send it to you in duplicate for the next ordinary. Before I leave here, I will do my best to send you larger or smaller sums, depending on the opportunity, but I will send you money as often as I can.

Your letter of the 3rd of this month obliges me beyond what you can believe on the subject of Adami. I expected no less from you, but also I deserve that you use him as you do. What you tell me about how to dismiss him is so just, so reasonable, that there should not have been either reason or justice if my thoughts had not agreed with yours. God is a witness to me, and to all those I quoted to you in my previous letter, that I have done all I could to envelop his mad conduct and hide it from others, and to show deference in his person and the consideration that I have for you, until then, that I prepared myself to suffer all his brutalities without looking askance, if he would have wanted to do me the honour of being seen, and I wanted to spread the rumour here that I was sending him to confer with you about my business in Rome. But see my misfortune: while I am going to meditate on all these preparations, he says in Stockholm that he has left my service, that he will go straight to Rome, without going through here, and makes a noise which dishonours him everywhere, when I strive to save his reputation.

I do not know what to assume, but it has been so long since he left Sweden that he would be here when he made this trip on foot. However, I still keep your letters with me, and I will keep them until the next ordinary, and if between here and there there is no news, I will send them back to you. I confess that his process gives me mortal pain, and that I have hardly had any affair in my life which has afflicted me so much. If he still comes here (which I do not believe), my procedure will be so honest with him that I hope that you will be satisfied with my conduct, and that you will know that I can do all I can when it comes to please and oblige you, and I will show all the earth that you alone are more important to me than all the kings of the world put together.

I am very much obliged to you for the command you give him not to write or speak of me except with reverence, etc. But you will see that he will not obey you, for he has spoken of me in Sweden in a way which would horrify you if you knew; I did not know it until after his departure, and people told me that they cannot be suspected of malice. But this is nothing. If Pezza ever speaks to you, he will tell you how he spoke of you in my antechamber in Rome, and he knows this man's stories, that if you force him to tell you, they will horrify you, and you will know how unworthy of your kindness and protection this man is.

There is nothing new here that deserves to be communicated to you. I await your letters with impatience, and we here are all driven to exasperation by the cold. Wrangel is here, to whom I have a thousand obligations. He is appallingly unhappy with this government, and he is right.

The King of Sweden is completely healed, but there are people who believe that it will not last; time will enlighten us of this and many other things. I beg you to thank His Holiness for the grace he gave me on the Lent days.

I will be satisfied and happy if what you tell me about Palleotti is true. Tanto basta. Goodbye.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.

Notes: "I will be satisfied and happy if what you tell me about Palleotti is true" = It seems that Kristina is alluding here to the kidnapping of a nun of that name, an incident which had caused some scandal in Rome.

"tanto basta" = that's enough.

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