Monday, March 7, 2022

Kristina's letters to Azzolino, dated February 26/March 7 (New Style), 1668

Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899









Kristina wrote these letters to Cardinal Decio Azzolino on February 26/March 7 (New Style), 1668.

The letters:

7 Mars 1668 —
Jay receu en mesme temps Vos lestre du 4 et 11 du passe et Vous remercie des nouvelles quelles Contiennent ausi bien que de la relation du Carneval qui a este le plus beau et le plus digne quon et le plus magnifique quon pouvoit souhaitter. La Mascherade m'avoit vn peu allarme, Car ie Craingois quon ne m'eust enleve linvention et le dessain que iay a la teste pour faire vne a mon retour, mais Vous mavez Console en masseurant quon avoit prix le Monte Etna Car ie nay pas eu de desain sur luy.

Je suis bien heureuse au reste de voir que Vous estes satisfait du procede que iay use envers Adamy, iespere que lorsque Vous saurez bien des Choses quon ne Vous peut escrire Vous le serez enCore plus.

le prince de Toscane est veneu icy et en est parti hier pour se retourner a florence Jl ma veu et a use tres honestement avec moẏ ie suis tres satisfaitte de luy, et il a eu la bonte de tesmoinger a tout le monde quil estoit ausi tres satisfait de moy Je lay traitte Quasi de la maniere que Vous austres Cardinaux avec cette differance que son traittemant a este inferieur aux Vostre. durant son seiour nous avons fait vn peu treve avec la barbarie du pays et nous avons este Comme en songe en Jtalie. le prince nest pas bien fait de Corps mais cest vn tres honest homme. apres le primier Compliment quil me fist dausi bonne grace et ausi galament quon peut imaginer Jl ne me dit pas trois paroles quil ne me parla de vous. Je luy dis que Vous meritiez lhoneur quil Vous faisoit par Vostre merite personel et par la profession particuliere que Vous faisiez destre Amy et serviteur de tout luy et de toutte sa maison et cela fournit de matiere a la ConVersation en presence de deux Cent personne qui nous escoutoit et ne nous attendoit pas. le prince parle fransois Espangol et attent lAlleman il est savant devot a beaucop desprit et bien tourne et lon peut dire que Cest un tres honest homme. Jl a fait partout de grandes liberalites et sest acquis lestime vniverselle de tout le monde avec iustice. Jl a un homme rare avec luy qui est le fameux Moniglia a qui Jay bien donne de lovrage Car Jl ma promis de me faire vne Comedie en prose avec des intermedẏ en musique vne austre pour vn opera en Musique mesme, et une austre piesse Comique ridicule pour estre recite. Cet un homme de tres bon goust et savant et nous nous accordons de mon sentiment quil ne faut Jamais mesler le serieux et le ridicule, et sil lexcecute Comme Jl en parle ie Crois quil en fera quelque Chose de bon. Jl ma fait Crever de rire en me racontant tout ses reflexions sur ces pays cy dont effectivement la barbarie est inConsevable. Jl Va faire le Voiage du prince en Vers burlesques, et ma promis de me lenvoie quant Je seray a Rome

en Suede le senat Commence a retourner et Jl ny manque plus que le Gran Chancelier qui devoit arriver en huit Jours. on se prepare a la diette et on a raison on a fait arester le Comte Steinberg qui est fort de mes amis on ne sait pas enCore pourquoy mais on le saura bientost. ie Crois que cest pour moy lamour de moy quoyquon donnera daustre Couleur a la Chose mais ie Vois trop Clair et lon ne me peut tromper. on Veut faire peur au gens et on sẏ prendt mal Vous verrez bientost des Choses estanges et la Suede touche de pres a une grande revolution nous verrons qui en profitera

Jattens Vostre reponse avec impacience pour me resoudre aux voiage de Suede ou pour ne my resoudre pas. pour mon retour a Rome et Vos presentiments ie nay rien a Vous dire la desus si ce nest que Vostre coeur Vous dit asseurement ce quil desire et ie masseure que Vous mattendez. ma douleur est que ie ne puis demantir vos presentiments sen Vous faire vn gran deplaisir, mais mes resolutions depandent Comme ie Vous ay dit de Vostre reponse.

Vrangel le Conestable arriva hier icy ie le trouve bien Casse de maladie et de Chagrin ie voudrois que Vous eusiez peu escoutter la Conversation que avons eu ensemble. sa feme nest pas encore gerri, et il nest pas bien luy mesme ie Crains que sa vie ne sera pas longe si la Suede le pert elle perdera en luy tout ce qui luy reste de grand, et moy ie feray vne perte irreparable du plus grandt Ami que iay parmi les Suedois. adieu Vous nen avez pas au monde qui Vous soit plus fidelle que moy adieu

...

7 Mars 1668
ie Crois que laffaire don Vous me parlez touchant lenereprise de lorient merite que ie Vous en face vne lestre particulier pour Y repondre. Je vous diray donc que ce que ie Vous escrivis il y a quelque temps touchant larme quon devoit former nestoit pas vne pense qui soit veneu de ma teste, ie Vous lescrivis Comme vn discour du peuple qui a mesme rempli toutte les gacettes de ces pays, qui ont dit cette sotise Comme beaucoup daustres. mais puisque Vous men parlez dun ayr qui est un peu plus serieux que nestoit Celluy avec le quel ie Vous lescrivis iy feray vn peu plus de reflexion, et feray ce que Vous me dittes, qui est de Cultiver le disposition en Ce quartiers, quoyque ie ne Voye rien a faire icy et que tout doit venir de Rome Car les odres de Sa S.te doivent asseurement tout regler en cette affaire et sa seulle autorite Volonte doit Conduire lentreprise et la proteger. pour des soldats et du monde ie Vous repondt que Sa S.te naura qua Commander, et pourveu quil y aye de largent on en aura plus quon nen voudra. Je Vous feray un petit proiet de maniere quil faudra Conduire cette entreprise, laquelle toutte grande et difficile quelle est ie Crois quon pouroit avec laide de Dieu en Venir a bout si Sa S.te sy aplique Car de quoy ne seroit on pas Capable sous les auspice du si grandt pape que, pour moy ie ne tiens rien impossible. mais Jl faut avoir esgardt a prem. au temps, Car Jl faut employer pour le moins vne anne ou peut estre deux pour les preparatifs

2. Jl faut avoir de largent pour entretenir vne grande et puissante Arme par mer et par terre avec toutte ces apparence, et quelque reserve en Cas de malheur

3. Jl faut penser a vn redevous, par mer et par terre et a un port Capable de mestre une grande Arme a labrẏ

4. Jl faut vn Cheff pour Commander cette Arme sous les auspices et l'Autorite de Sa S.te avec vn pouvoir absolu, qui ne soit depandant que de Sa S.te seulle

5. Jl se faut garder de trouppes auxillieres Comme de la peste, et tout les secours quon doit pretendre des princes Xstiens est d'ouvrir leur ports, et de permettre les levees les recrues et les passages dans leur Estats et provinces. et dans larme par mer et par terre on ne doit suffrir pas vn soldat ny matelot qui ay austre depandance que celle de Sa S.te

Voila mon sentiment a plus pres, mais Je ne suis pas si temeraire que de me flatter de lesperance quon puisse penser a moy en un tel Cas. Je Conois ma foiblesse et me Crois tout a fait indigne dun tel honeur. neamoins si iy suis appele ie vous repons de mon respect et de ma fidelite pour Sa S.te et pour lEglise Cest la seulle Chose de laquelle ie puis repondre avec laide de dieu, et que ma part dans cette entreprise ne sera austre que la fatige et le danger, et que ie mestimerois tres heureuse et tres glorieuse de perir dans une telle entreprise.

pour ce qui est dy obliger les polonois mon sentiment est quon ne peut rien esperer de ce Coste. la foiblesse du roy et celle de lestat et trop grande et mon avis seroit quil se faut bien garder dattirer le Turk de se Coste la Car cest la partie foible de la Xstiente et si le Turc nous attaque par la nous sommes perdus. pour les Moscovites Jl sont trop eloinges. pour les Cosaques si lon le Voudra Je say comment Jl sy faut prendre, et si Sa S.te le Commande Je say commendt Jl les aura tout a fait a sa disposition, quant Jl sera temps, et quand on y Voudra penser serieusement, et ie tiens que cet auec ces barbares la quon pourra faire merveillie. si Sa S.te veut que ie men mesle ie nattens que ces ordres pour la servir Car ie Crois que si elle permet que ie my applique que ie pourois la servir mieux quauqun austre Car ẏay des Correspondances segrettes avec eux et Je suis fache que ie naye seu plustost quon pensoit a cela. mais nimportte iy travallieray et tacheray de reparer le temps perdu.

ie Crois que Vous este bien estonne de me Voir Cosaque mais ne vous en estonne pas de cela non plus que si Vous apprens vn iour que ie soit devenu loux garrou Car en ce maudit paẏs le desespoir fait penser a tout. et pourveu quon ne devienne pas alleman tout reste est moins barbare. a ce propos ie vous diray que les mulets du prince de Toscane on eu icy un terrible Cortege et ses bestes icy sont estonnes de voir des mulets dune figure differente de la leure adieu Je vous feray part au plus tost de me reveries que Vous Considerez Comme des Chatteaux d'Espange.

With modernised spelling:

Hambourg, 7 mars 1668.
J'ai reçu en même temps vos lettres du 4 et 11 du passé, et vous remercie des nouvelles qu'elles contiennent aussi bien que de la relation du carnaval, qui a été le plus beau et le plus magnifique qu'on pouvait souhaiter. La mascarade m'avait un peu alarmée, car je craignais qu'on ne m'eût enlevé l'invention et le dessein que j'ai à la tête pour [en] faire une à mon retour; mais vous m'avez consolé en m'assurant qu'on avait pris le mont Etna, car je n'ai pas eu de dessein sur lui. Je suis bien heureuse, au reste, de voir que vous êtes satisfait du procédé que j'ai usé envers Adami; j'espère que lorsque vous saurez bien des choses qu'on ne vous peut écrire, vous le serez encore plus.

Le prince de Toscane est venu ici, et en est parti hier pour se retourner à Florence. Il m'a vue et a usé très honnêtement avec moi; je suis très satisfaite de lui; il a eu la bonté de témoigner à tout le monde qu'il était aussi très satisfait de moi. Je l'ai traité quasi de la manière que vous autres cardinaux, avec cette différence, que son traitement a été inférieur au vôtre. Durant son séjour nous avons fait un peu trève avec la barbarie du pays, et nous avons été comme en songe en Italie. Le prince n'est pas bien fait de corps, mais c'est un très honnête homme. Après le premier compliment qu'il me fit, d'aussi bonne grâce et aussi galamment qu'on peut imaginer, il ne me dit pas trois paroles, qu'il ne me parla de vous. Je lui dis que vous méritiez l'honneur qu'il vous faisait par votre mérite personnel et par la profession particulière que vous faisiez d'être ami et serviteur de lui et de toute sa maison. Et cela fournit de matière à la conversation en présence de deux cent personnes qui nous écoutaient et ne nous attendaient pas. Le prince parle français, espagnol, et attend l'allemand; il est savant, dévot, a beaucoup d'esprit et bien tourné, et l'on peut dire que c'est un très honnête homme. Il a fait partout de grandes libéralités et s'est acquis l'estime universelle de tout le monde avec justice.

Il a un homme rare avec lui, qui est le fameux Moneglia, à qui j'ai bien donné de l'ouvrage, car il m'a promis de me faire une comédie en prose, avec des intermedii en musique, une autre pour un opéra en musique même, et une autre pièce comique ridicule pour être récitée. C'est un homme de très bon goût et savant, et nous nous accordons de mon sentiment qu'il ne faut jamais mêler le sérieux et le ridicule, et s'il l'exécute comme il en parle, je crois qu'il en fera quelque chose de bon. Il m'a fait crever de rire en me racontant toutes ses réflexions sur ces pays-ci dont, effectivement, la barbarie est inconcevable. Il va faire le voyage du prince en vers burlesques, et m'a promis de me l'envoyer quand je serai à Rome.

En Suède, le Sénat commence à retourner, et il n'y manque plus que le grand chancelier, qui devait arriver en huit jours. On se prépare à la Diète, et on a raison. On a fait arrêter le comte Steinbergh, qui est fort de mes amis, on ne sait pas encore pourquoi, mais on le saura bientôt. Je crois que c'est pour l'amour de moi, quoiqu'on donnera d'autre couleur à la chose; mais je vois trop clair et l'on ne me peut tromper. On veut faire peur aux gens, et on s'y prend mal. Vous verrez bientôt des choses étranges, et la Suède touche de près à une grande révolution; nous verrons qui en profitera.

J'attends votre réponse avec impatience pour me résoudre au voyage de Suède, ou pour ne m'y résoudre pas. Pour mon retour à Rome et vos pressentiments, je n'ai rien à vous dire là-dessus, si ce n'est que votre cœur vous dit assurément ce qu'il désire, et je m'assure que vous m'entendez. Ma douleur est que je ne puis démentir vos pressentiments sans vous faire un grand déplaisir, mais mes résolutions dépendent, comme je vous ai dit, de votre réponse.

Wrangel, le connêtable, arriva hier ici. Je le trouve bien cassé de maladie et de chagrin. Je voudrais que vous eussiez pu écouter la conversation que [nous] avons eue ensemble. Sa femme n'est pas encore guérie, et il n'est pas bien lui-même; je crains que sa vie ne sera pas longue. Si la Suède le perd, elle perdra en lui tout ce qui lui reste de grand, et moi je ferai une perte irréparable du plus grand ami que j'aie parmi les Suédois. Adieu, — vous n'en avez pas au monde qui vous soit plus fidèle que moi. — Adieu.

...

Je crois que l'affaire dont vous me parlez, touchant l'entreprise de l'Orient, mérite que je vous en fasse une lettre particulière pour y répondre. Je vous dirai donc que ce que je vous écrivis il y a quelque temps, touchant l'armée qu'on devait former, n'était pas une pensée qui soit venue de ma tête; je vous l'écrivis comme un discours du peuple qui a même rempli toutes les gazettes de ces pays, qui ont dit cette sottise comme beaucoup d'autres. Mais, puisque vous m'en parlez d'un air qui est un peu plus sérieux que n'était celui avec lequel je vous l'écrivis, j'y ferai un peu plus de réflexion, et ferai ce que vous me dites, qui est de cultiver les dispositions en ces quartiers; quoique je ne voie rien à faire ici et que tout doit venir de Rome, car les ordres de Sa Sainteté doivent assurément tout régler en cette affaire, et sa seule autorité [et] volonté doit conduire l'entreprise et la protéger. Pour des soldats et du monde, je vous réponds que Sa Sainteté n'aura qu'à commander, et, pourvu qu'il y ait de l'argent, on en aura plus qu'on n'en voudra. Je vous ferai un petit projet de [la] manière qu'il faudra conduire cette entreprise, laquelle, toute grande et difficile qu'elle est, je crois qu'on pourrait, avec l'aide de Dieu, en venir à bout si Sa Sainteté s'y applique. Car de quoi ne serait-on pas capable, sous les auspices d'un si grand pape que, pour moi, je ne tiens rien impossible? Mais il faut avoir égard à:

Au temps, car il faut employer pour le moins une année, ou peut-être deux pour les préparatifs;

Il faut avoir de l'argent pour entretenir une grande et puissante armée, par mer et par terre, avec toutes ses apparences et quelque réserve en cas de malheur;

Il faut penser à un rendez-vous par mer et par terre, et à un port capable de mettre une grande armée à l'abri;

Il faut un chef pour commander cette armée, sous les auspices et l'autorité de Sa Sainteté, avec un pouvoir absolu qui ne soit dépendant que de Sa Sainteté seule;

Il se faut garder de troupes auxiliaires comme de la peste, et tout le secours qu'on doit prétendre des princes chrétiens, est d'ouvrir leurs ports et de permettre les levées des recrues et les passages dans leurs États et provinces. Et, dans l'armée par mer et par terre, on ne doit souffrir pas un soldat ni matelot qui ait autre dépendance que celle de Sa Sainteté.

Voilà mon sentiment à plus près, mais je ne suis pas si téméraire que de me flatter de l'espérance qu'on puisse penser à moi en un tel cas. Je connais ma faiblesse et me crois tout à fait indigne d'un tel honneur. Néanmoins si j'y suis appelée, je vous réponds de mon respect et de ma fidélité pour Sa Sainteté et pour l'Église; c'est la seule chose de laquelle je puis répondre avec l'aide de Dieu, et que ma part dans cette entreprise ne sera autre que la fatigue et le danger, et que je m'estimerais très heureuse et très glorieuse de périr dans une telle entreprise.

Pour ce qui est d'y obliger les Polonais, mon sentiment est qu'on ne peut rien espérer de ce côté. La faiblesse du roi et celle de l'État est trop grande. Et mon avis serait qu'il se faut bien garder d'attirer le Turc de ce côté-là, car c'est la partie faible de la Chrétienté, et si le Turc nous attaque par là, nous sommes perdus. Pour les Moscovites, ils sont trop éloignés. Pour les Cosaques, si l'on le voudra, je sais comment il s'y faut prendre, et si Sa Sainteté le commande, je sais comment il les aura tout à fait à sa disposition quand il sera temps, et quand on y voudra penser sérieusement, et je tiens que c'est avec ces barbares-là qu'on pourra faire merveille. Si Sa Sainteté veut que je m'en mêle, je n'attends que ses ordres pour la servir, car je crois que si elle permet que je m'y applique, que je pourrais la servir mieux qu'aucun autre, car j'ai des correspondances secrètes avec eux et je suis fâchée que je n'aie su plutôt qu'on pensait à cela. Mais n'importe, j'y travaillerai et tâcherai de réparer le temps perdu.

Je crois que vous êtes bien étonné de me voir Cosaque, mais ne vous en étonnez pas de cela, non plus que si [je] vous apprends un jour que je sois devenue loup-garou, car, en ce maudit pays, le désespoir fait penser à tout. Et pourvu qu'on ne devienne pas Allemand, tout le reste est moins barbare. A ce propos, je vous dirai que les mulets du prince de Toscane ont eu ici un terrible cortège, et ces bêtes ici sont étonnées de voir des mulets d'une figure différente de la leur. — Adieu. — Je vous ferai part au plus tôt de mes rêveries, que vous considérez comme des châteaux d'Espagne.

English translations (my own):

March 7, 1668. —
I received at the same time your letters of the 4th and 11th of last month, and thank you for the news they contain as well as for the relation of the carnival, which was the most beautiful and the most magnificent that one could wish. The masquerade had alarmed me a little, for I feared that they might have taken away the invention and the plan I have in mind to make one on my return; but you consoled me by assuring me that Mount Etna had been taken, for I had no design on it. I am very happy, moreover, to see that you are satisfied with the procedure I used towards Adami; I hope that when you know many things that cannot be written to you, you will be even more so.

The Prince of Tuscany came here and left yesterday to return to Florence. He saw me and used to be very honest with me; I am very satisfied with him; he was kind enough to tell everyone that he was also very satisfied with me. I treated him almost the way you cardinals did, with the difference that his treatment was inferior to yours. During his stay we made a little truce with the barbarism of the country, and we were as in a dream in Italy. The prince is not well made, but he is a very honest man. After the first compliment he paid me, with as good grace and as gallantly as one can imagine, he did not say three words to me, than he spoke to me about you. I told him that you deserved the honour he was doing you by your personal merit and by the particular profession you made of being a friend and servant of him and of his whole household. And that provides material for conversation in the presence of two hundred people who were listening to us and not expecting us. The prince speaks French, Spanish, and expects German; he is learned, devout, has a lot of wit and well turned out, and one could say that he is a very honest man. He made great presents everywhere and won the universal esteem of everyone with justice.

He has a rare man with him, who is the famous Moneglia, to whom I have given a lot of work, because he has promised to make me a prose comedy, with intermedii in music, another for an opera to music, even, and another ridiculous comic piece to be recited. He is a man of very good taste and learned, and one agrees with my feeling that one should never mix the serious and the ridiculous, and if he executes it as he talks about it, I believe that he will do something good. He made me burst out laughing by telling me all his thoughts on these countries whose barbarism is, indeed, inconceivable. He is going to make the prince's journey in burlesque verse, and has promised to send it to me when I am in Rome.

In Sweden, the Senate begins to return, and all that is missing is the Grand Chancellor, who was due to arrive in eight days. We are preparing for the Riksdag, and we are right. Count Steinberg, who is a close friend of mine, was arrested; we don't yet know why, but we'll find out soon. I think it's for the love of me, although the thing will be given a different colour; but I see too clearly and I cannot be deceived. One wants to scare people, and one is doing it wrong. You will soon see strange things, and Sweden is close to a great revolution; we'll see who benefits.

I look forward to your response to resolve myself to travel to Sweden, or not to resolve myself to it. Regarding my return to Rome and your forebodings, I have nothing to say to you about it except that your heart certainly tells you what it desires, and I make sure you hear me. My pain is that I cannot deny your forebodings without causing you great displeasure, but my resolutions depend, as I told you, on your answer.

Wrangel, the constable, arrived here yesterday. I find him very broken with illness and grief. I wish you could have heard the conversation we had together. His wife is not yet healed, and he is not well himself; I fear his life will not be long. If Sweden loses him, she will lose all that is great in her, and I will make an irreparable loss of the greatest friend I have among the Swedes. Farewell, — you have no one in the world who is more faithful to you than I. — Goodbye.

...

March 7, 1668.
I believe that the affair of which you speak to me concerning the enterprise of the East deserves that I write you a particular letter to answer it. I will tell you therefore that what I wrote to you some time ago concerning the army which was to be formed was not a thought which came from my head; I wrote it to you like a discourse of the people who even filled all the newspapers of those countries, who spoke this stupidity like many others. But, since you speak to me with an air which is a little more serious than was the one with which I wrote it to you, I will give it a little more thought, and do what you tell me, which is to cultivate the dispositions in these districts; although I see nothing to be done here and everything must come from Rome, for the orders of His Holiness must certainly settle everything in this matter, and his sole authority and will must lead the business and protect it. As for soldiers and the world, I answer you that His Holiness will have only to command, and as long as there is money we will have more than we want. I will make a little project for you of the way it will be necessary to conduct this enterprise, which, great and difficult as it is, I believe that we could, with the help of God, come to an end if His Holiness applies to it. Because what would we not be capable of under the auspices of such a great pope that, for me, I hold nothing impossible? But we must have regard to:

1. In time, for at least one year must be employed, or perhaps two, for the preparations;

2. It is necessary to have money to maintain a large and powerful army, by sea and by land, with all its appearances and some reserve in case of misfortune;

3. We must think of a rendezvous by sea and by land, and of a port capable of sheltering a large army;

4. A leader is needed to command this army under the auspices and authority of His Holiness, with absolute power which is dependent only on His Holiness alone;

5. It is necessary to beware of auxiliary troops like the plague, and all the assistance which one must claim from the Christian princes is to open their ports and to allow the levies of the recruits and the passages in their States and provinces. And, in the army by sea and by land, one should not suffer a soldier or sailor who has other dependence than that of His Holiness.

Here is my feeling closer, but I am not so reckless as to flatter myself with the hope that one can think of me in such a case. I know my weakness and believe myself quite unworthy of such an honour. Nevertheless, if I am called, I answer you for my respect and my fidelity for His Holiness and for the Church; it is the only thing to which I can answer with the help of God, and that my part in this enterprise will be none other than fatigue and danger, and that I would consider myself very happy and very glorious to perish in a such business.

As for forcing the Poles to do so, my feeling is that we cannot hope for anything from this side. The weakness of the King and that of the state is too great. And my opinion would be that we must be careful not to attract the Turk to that side, because it is the weak part of Christendom, and if the Turk attacks us from there, we are lost. As for the Muscovites, they are too far away. As for the Cossacks, if you like, I know how to go about it, and if His Holiness commands it, I know how he will have them entirely at his disposal when the time is right, and when the time is right. think seriously, and I hold that it is with these barbarians that we can do wonders. If His Holiness wants me to get involved, I only await his orders to serve him, because I believe that if he allows me to apply myself, I could serve him better than any other, because I have secret correspondence with them and I am sorry that I rather did not know that this was being thought about. But no matter what, I will work on it and try to make up for lost time.

I believe that you are very surprised to see me Cossack, but do not be surprised by that any more than if I inform you one day that I became a werewolf, because, in this accursed country, despair makes one think of all. And as long as one doesn't become German, everything else is less barbaric. In this connection, I will tell you that the mules of the Prince of Tuscany have had a terrible procession here, and these animals here are astonished to see mules with a different face than theirs. — Goodbye. — I will tell you as soon as possible of my dreams, which you consider to be castles in Spain.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.


Above: Ferdinando II de Medici, Grand Prince of Tuscany.

Notes: Kristina used "attendaient" for "entendaient" and vice versa.

Giovanni Andrea Moneglia (1626-1700), physician to the Grand Ducal family of Tuscany. — Moneglia was as esteemed as a poet and playwright as he was as a doctor. He left three volumes of dramas and comedies.

Steinberg was arrested for threats against Count Johan Gabriel Stenbock, who had obtained the office of Grand Squire of the kingdom, to which he himself aspired.

The zeal of Pope Clement IX for the defense of Candia (today the island of Crete), and his efforts to rescue Venice in its struggle against Ottoman power, are well known. Kristina had always been passionately interested in the question of the East.

"because I have secret correspondences with them" = perhaps by the prince of Moldavia, Gheorghe Ștefan. — There is no trace of this correspondence in the Azzolino archives, nor in the Montpellier collection.

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