Tuesday, March 1, 2022

Kristina's letter to Azzolino, dated February 22, 1668

Sources:

Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899






Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on February 22, 1668. The letters from the last few weeks are lost.

The letter:

22 fevr 1668
Vos lestres de 21 et du 28 mont donne bien de la Consolation apres une longe attente. Je Vous rens grace de celle que Vous me donnez en mapenenent la parfaitte sante de Sa S.te Vous asseurent que Vous ne pourrez me donner plus de ioye que de men asseurer. Je vous envoy vn pettitte Casette remplie du meillieur beaume Appoplectique quon puisse faire faire icy que iay fait faire expres pour Vous afin que Vous en fissiez vn present a Sa S.te (n'osant prendre moy mesme la liberte) si Vous iugez quil puisse estre agreable, Vous pouvez dire que Vous lavez ordonne expres pour len regaler. le dernier accident de Sa S.te me fist venir cette pense et ie Vous laurez envoye de lordinaire passe si la flegme de ces bestes qui le font ne me leus empeche par leur longeur. Jl est excelent dans tout les appolexsies paralisies Epilepsies et austres accidens semblables mais iay a vous donner vn avertissement qui me semble necssaire et Cest quil se faut garder de ne le mestre pas san necessite, Car lexperience nous a fait Conoistre quil Cause des maux de teste enrage, quant on sen sert Comme sen serve les gens du pays et sachez que Ceux du pay on accoustume de se le mestre tout les matin dans le temples et dans les narines pour se preserver du mauvais ayr, et pour cet effect Jl ny a personne icy qui n'en porte dans la poche une boete pour pouvoir de temps a austre renouveller cett onction. nous avons Voulu faire de mesme et moy et la maison sest pourveue de boete de poche pour Cette effect mais au lieu de nous faire du bien Cella nous Causa a touts et a moy en particulier de maux de teste si regles si Continuels et insupportables que Cela fallit a nous desesperer. et Cela arriva non seullement a moy mais a touts ceux de la maison au marquis Del Monte au pages au Valet de Chambre a pezza mesme qui en a plus besoin que tout le reste, mais hor de la dans les accidens arrives a luy, et a Gironimo del Monte nous aVons veu la vevrtu de son operation promte et merveillieuse, et Cela me fait iuger quon ne sen doit servir quen Cas de necessite et iay voulu Vous precautioner Contre l'inCommodite qui mest arrive par ce lon resit. Je souhaitte de tout mon Coeur quon nen aye pas besoin.

mes affaires de pommeranie Commencent a prendre un mellieur ply et iespere les redresser bientost tout a fait. pour mon Voiage de Suede iattens Vostre reponse pour me resoudre. Je Vous avoue que ie suis bien Combattue et que ie ne say a quoy me resoudre. lincertitude de la vie me fait horreur, et ie Crains de mexposer au denger de mourir san Confession. Car enfin si ie mourois en Suede san avoir vn prestre aupres de moy, seray ie excusable devan dieu et pourois ie me pardonner a moy mesme de mestre expose de Cette sorte pour des interest temporels qui ne merite valent pas linquietude que cette seule immagination me donne. iay de la sante ie suis forte et vigoureuse Jl est vray mais tout cela ne peut il pas manquer en un moment vne fievre vne pleuresie daustre accidents auquels mon temperament Chaux et boulliant me rendt suiete tout cela ne peut Jl pas emporter les plus robustes dans vint et quatre heures?

Je Conte pour rien de passer deux fois les mers d'austres accidens ou les voiages rendennt suiets nostre vie qui ne pendt qua un filet. Je me trouve dans une mauvaise dirextion qui est le f ☉ qui est a lAnt. de ♂. elle ma desia attaque deux fois la vie et ie ne say quel autre accident elle me prepare. mourir nest rien mais mourir sen Confession et vne horrible chose, Je ny puis panser sen fremir et ie voudrois que le pape me le defandit aller sen prestre. enfin a Vous dire Vray ie ne say ce que ie veux et mon irresolution me mest dans vn terrible embaras.

Jl ny a ycy rien de nouveau ie Vous envoy vne lestre de M. destrade qui Vous fera Conoistre lestat des affaires dHollande. si Vous pousez les affaires a Rome il est indubitable que le pape se verra seul larbitre entre les deux Couronnes et quon traittera la paix a rome, et ie voudrois quil me cousta quelque Chose du mien que cela arrivast.

le Connestable Vrangel a panse mourir ausi bien que sa femme Je m'estone que le pauvre Card.l pallotta qui estoit si long en toutte ses affaires aye employe si peu de temps a mourir mais la mort est brusque et fait peu de ceremonie

nous attendons a touts moments le prince de florence icy et moy ie suis plus a vous que iamais adieu

Je vous envoy les novelles de danese qui on mis enfin ma pacience a bout. ie Vous prie de luy donner de bonne reprimendes et ie Vous proteste que ie suis en si Colere Contre luy que si Vous le permetteriez, ie le licencieroy de mon servise Car iay remarque depuis lontemps tan de venein en cet homme et en ses lestres que ie suis tout a fait en Colere.

P. S. Je suis oblige a Sa S.te de mavoir oste Ninẏ de sur lestomaque, qui mestoit dausi dure digestion que le viandes du Caresme.

With modernised spelling:

Hambourg, 22 février 1668.
Vos lettres du 21 et du 28 [janvier] m'ont donné bien de la consolation après une longue attente. Je vous rends grâce de celle que vous me donnez en m'apprenant la parfaite santé de Sa Sainteté, vous assurant que vous ne pourrez me donner plus de joie que de m'en assurer. Je vous envoie une petite cassette remplie du meilleur baume apoplectique qu'on puisse faire ici, que j'ai fait faire exprès pour vous, afin que vous en fissiez un présent à Sa Sainteté (n'osant prendre moi-même la liberté). Si vous jugez qu'il puisse être agréable, vous pouvez dire que vous l'avez ordonné exprès pour l'en régaler. Le dernier accident de Sa Sainteté me fit venir cette pensée; et je vous l'aurais envoyé de l'ordinaire passé, si la flegme de ces bêtes qui le font, ne me l'eût empêché par leur longueur. Il est excellent dans toutes les apoplexies, paralysies, épilepsies, et autres accidents semblables; mais j'ai à vous donner un avertissement qui me semble nécessaire, et c'est qu'il se faut garder de ne le mettre pas sans nécessité, car l'expérience nous a fait connaître qu'il cause des maux de tête enragés quand s'en sert comme s'en servent les gens du pays. Et sachez que ceux du pays ont accoutumé de se le mettre tous les matins dans les tempes et dans les narines, pour se préserver du mauvais air; et pour cet effet il n'y a personne ici qui n'en porte dans la poche une botte, pour pouvoir de temps à autre renouveler cette onction. Nous avons voulu faire de même, et moi et la maison s'est pourvue de boîtes de poche pour cet effet; mais, au lieu de nous faire du bien, cela nous causa à tous, et à moi en particulier, des maux de tête si réglés, si continuels et insupportables que cela faillit à nous désespérer. Et cela arriva non seulement à moi, mais à tous ceux de la maison, au marquis del Monte, aux pages, au valet de chambre, à Pezza même, qui en a plus besoin que tout le reste; mais hors de là, dans les accidents arrivés à lui et à Geronimo del Monte, nous avons vu la vertu de son opération prompte et merveilleuse, et cela me fait juger qu'on ne s'en doit servir qu'en cas de nécessité; et j'ai voulu vous précautionner contre l'incommodité qui m'est arrivée, par ce long récit. Je souhaite de tout mon cœur qu'on n'en ait pas besoin.

Mes affaires de Poméranie commencent à prendre un meilleur pli, et j'espère les redresser bientôt tout à fait. Pour mon voyage de Suède, j'attends votre réponse pour me résoudre. Je vous avoue que je suis bien combattue, et que je ne sais à quoi me résoudre. L'incertitude de la vie me fait horreur, et je crains de m'exposer au danger de mourir sans confession. Car, enfin, si je mourais en Suède, sans avoir un prêtre auprès de moi, serais-je excusable devant Dieu et pourrais-je me pardonner à moi-même de m'être exposée de cette sorte pour des intérêts temporels, qui ne valent pas l'inquiétude que cette seule imagination me donne? J'ai de la santé, je suis forte et vigoureuse, il est vrai, mais tout cela ne peut-il pas manquer en un moment? Une fièvre, une pleurésie, d'autres accidents auxquels mon tempérament chaud et bouillant me rend sujette, tout cela ne peut-il pas emporter les plus robustes dans vingt et quatre heures?

Je compte pour rien de passer deux fois les mers, d'autres accidents où les voyages rendent sujette notre vie qui ne pend qu'à un filet. Je me trouve dans une mauvaise direction, qui est le f. ☉, qui est à l'ant. de ♂. Elle m'a déjà attaqué deux fois la vie, et je ne sais quel autre accident elle me prépare. Mourir n'est rien, mais mourir sans confession est une horrible chose; je n'y puis penser sans frémir, et je voudrais que le pape me le défendit aller sans prêtre. Enfin, à vous dire vrai, je ne sais ce que je veux, et mon irrésolution me met dans un terrible embarras.

Il n'y a ici rien de nouveau. Je vous envoie une lettre de M. d'Estrades qui vous fera connaître l'état des affaires de Hollande. Si vous poussez les affaires à Rome, il est indubitable que le pape se verra seul l'arbitre entre les deux Couronnes, et qu'on traitera la paix à Rome, et je voudrais qu'il me coutât quelque chose du mien que cela arrivât.

Le connêtable Wrangel a pensé mourir aussi bien que sa femme. — Je m'étonne que le pauvre cardinal Pallotta, qui était si long en toutes ses affaires, ait employé si peu de temps à mourir; mais la mort est brusque et fait peu de cérémonies.

Nous attendons à tous moments le prince de Florence ici, et moi je suis plus à vous que jamais. Adieu.

Je vous envoie les nouvelles de Danese, qui ont mis enfin ma patience à bout. Je vous prie de lui donner de bonnes réprimandes et je vous proteste que je suis en si colère contre lui que, si vous le permettiez, je le licencierais de mon service, car j'ai remarqué depuis longtemps tant de venin en cet homme et en ses lettres, que je suis tout à fait en colère.

P. S. — Je suis obligée à Sa Sainteté de m'avoir ôté Nini de sur l'estomac, qui m'était d'aussi dure digestion que les viandes du carême.

English translation (my own):

Hamburg, February 22, 1668.
Your letters of January 21 and 28 have given me a great deal of consolation after a long wait. I thank you for that which you give me by informing me of the perfect health of His Holiness, assuring you that you will not be able to give me more joy than to assure me of it. I am sending you a small box filled with the best apoplectic balm that can be made here, which I had made on purpose for you, so that you give a present to His Holiness (not daring to take the liberty myself). If you think it might be nice, you can say you ordered it on purpose to make it happy. The last accident of His Holiness brought this thought to me; and I would have sent it to you with the last ordinary if the phlegm of these beasts which make it had not prevented me from it by their length. It is excellent in all apoplexies, paralysis, epilepsies, and other similar accidents; but I have to give you a warning which seems to me necessary, and that is to be careful not to put it on unnecessarily, because experience has taught us that it causes rabid headaches when one uses it as the locals use it. And know that those of the country are accustomed to put it every morning in the temples and in the nostrils, to protect themselves from the bad air; and for this purpose there is no one here who does not carry a boot in his pocket, in order to be able to renew this anointing from time to time. We wanted to do the same, and I and the house have provided pocket boxes for this purpose; but, instead of doing us good, it caused all of us, and me in particular, headaches so settled, so continual and unbearable that it almost made us despair. And it happened not only to me, but to everyone in the house, to the Marquis del Monte, to the pages, to the valet, even to Pezza, who needs it more than anything else; but beyond that, in the accidents which happened to him and to Geronimo del Monte, we have seen the virtue of his prompt and marvelous operation, and that makes me think that it should only be used in case of necessity; and I wanted to caution you against the inconvenience that has happened to me, by this long story. I wish with all my heart that we didn't need it.

My Pomeranian affairs are starting to take a better turn, and I hope to straighten them out quite soon. As for my trip to Sweden, I am waiting for your response to resolve me. I confess that I am well conflicted, and that I do not know what to resolve. I have a horror of the uncertainty of life, and I fear exposing myself to the danger of dying without confession. Because, after all, if I died in Sweden, without having a priest with me, would I be excusable before God, and could I forgive myself for having exposed myself in this way for temporal interests which are not valid? Not the worry that this single imagination gives me? I am healthy, I am strong and vigorous, that is true, but cannot all this be lacking in a moment? A fever, a pleurisy, other accidents to which my hot and boiling temperament makes me subject, cannot all of this take away the most robust in twenty-four hours?

I count for nothing to cross the seas twice, other accidents where the voyages make subject our life which hangs only by a thread. I am in the wrong direction, which is the front of ☉, which is in the anterior of ♂. It has attacked me twice in my life, and I do not know what other accident it is preparing for me. To die is nothing, but to die without confession is a horrible thing; I cannot think of it without shuddering, and I would like the Pope to forbid me to go without a priest. Finally, to tell you the truth, I simply don't know what I want, and my irresolution puts me in a terrible embarrassment.

There is nothing new here. I am sending you a letter from Monsieur d'Estrades which will inform you of the state of affairs in Holland. If you push affairs in Rome, there is no doubt that the Pope will see himself alone as the arbiter between the two Crowns, and that peace will be dealt with in Rome, and I would like it to cost me something of mine for this to happen.

Constable Wrangel thought he would die as well as his wife. — I am astonished that poor Cardinal Pallotta, who was so long in all his affairs, spent so little time in dying; but death is sudden and makes few ceremonies.

We are still waiting for the Prince of Florence here, and I am more yours than ever. Goodbye.

I send you the news of Danese, which finally put my patience to the end. I beg you to give him a good reprimand and I protest that I am so angry with him that, if you would allow it, I would dismiss him from my service, for I have long noticed so much venom in this man and in his letters that I am quite angry.

P. S. — I am obliged to His Holiness to have removed Nini from my stomach, which was as hard to digest as the Lenten meats.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.

Notes: ☉ = astrological symbol for the sun.

♂ = astrological symbol for Mars.

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