Saturday, February 17, 2024

"La Gazette de France" on Maria Eleonora's escape to Denmark, dated October 7/17 (New Style), 1640

Source:

Recueil des toutes les gazettes, nouvelles, relations, extraordinaires et autres recits des choses avenues toute l'année 1640 (№ 144, Gazette), pages 777 to 779, published 1641, by Théophraste Renaudot; Gallica, Bibliothèque nationale de France

Above: Maria Eleonora.

The report:

De Hambourg, le 17 Octobre 1640.
Vous avez desja sceu le voyage de la Reine vefve de Suéde en Dannemarc; en voici les particularitez, lesquelles ne paroistront point tardives à ceux qui considereront la difficulté qu'il y a d'en descouvrir la verité, ne vous donnant pas mesmes ce recit que sur la foy d'vne impression des Suisses: qui nous apprend que tandis que cette Reine estoit à Gottenbourg il y a deux ans, voyant qu'elle ne pouvoit pas facilement executer cette entreprise qu'elle avoit desja formée, elle fit publier qu'incontinent apres son retour à Gripsholm, elle feroit tous les mois trois jours de jûne: Ce qu'elle continua jusques au vingt & vniesme Iuillet dernier dans sa chambre, où elle demeuroit seule avec vne sienne Damoiselle, sans se laisser voir à personne pendant ces trois jours, non pas mesmes à son Ministre qui faisoit les prieres devant la porte de sa chambre, où elle avoit fait provision de vivres. Ledit jour 21 Iuillet elle fit mine de vouloir pour la derniere fois jusner six jours, afin d'accomplir entiérement le vœu qu'elle avoit fait: Elle envoya en suite son Maistre d'Hostel à Stromsholm pour y faire préparer son logement où elle disoit se vouloir rendre dans 15 jours: puis fit apporter dans sa chambre six napes de grosse toile, où l'on envelopa secretemẽt ses meilleures hardes. Le 22 elle commanda qu'on lui aprestast tout ce qu'il lui falloit de vivres pour faire sa derniere dévotion qui se devoit commãcer le lendemain. Elle avoit auparavant fait faire deux selles de velours, & vn Gentil-homme de sa chambre, auquel elle avoit communiqué son intention, avoit fait venir 4 chevaux dans le parc proche du chasteau, sous pretexte de les mettre à l'herbe, mais c'estoit pour n'avoir point la peine de les faire tirer de l'escurie, lors qu'elle en auroit affaire, de peur de descouvrir son dessein. Elle avoit aussi fait faire vne porte pour entrer de sa chambre au jardin & vne longue allée qui finissoit dans vne prairie: le long de laquelle allée, elle fit mettre plusieurs linceuls, feignant que ce fust pour les faire blanchir, mais c'estoit pour y passer sans estre veuë. Le 23 Iuillet on porta donc des vivres pour six jours dans sa chambre, où elle entra le matin avec vne de ses Damoiselles nommée Bulocoren, qui estoit venuë l'année passée de Dannemarc pour estre à son service. La nuit suivante elle monta à cheval avec cette sienne Damoiselle, ce Gentil-homme de sa chambre apellé Pogrel & vn peintre Alemã qui lui avoit esté envoyé de Dãnemarc. Avec lesquels ayant passé pres la ville de Trossa, ils arrivérẽt à vne lieuë de la, dans le village de Dargenge: où elle feignit estre la fille d'vn bourgeois de Nicoping & le peintre Aleman vn marchãd, qui se disoit amoureux d'elle, & qu'ils avoient esté contrains de se retirer, à cause que leurs parents ne vouloient pas consentir à leur mariage: au travers desquelles feintes neantmoins paroissoit vne Majesté en cette Reine, capable de descouvrir sa condition par tout ailleurs que parmi des païsans, & dans vn village. Le 24 ils se mirent dans vne barque qui les porta entre des rochers trois lieuës dans la mer: d'où ils entrèrent dans vne galére qui les attendoit: sur laquelle ayans encor fait deux lieuës, il se mirent le 25 en deux navires de guerre Danois qui les attendoient. Le 29 son Maistre d'hostel estant retourné à Gripsholm, demanda ce que faisoit la Reine. A quoy son Ministre, qui estoit tousjours à sa porte en prieres & psalmodies à leur mode, respondit, qu'il n'y avoit que Dieu qui le sceust: «car», luy dit-il, «quand je prie & chante, personne ne me respond de la chambre comme auparavant.» A quoy la femme de ce Maistre d'hostel, qui estoit logée au dessus, ajousta que depuis quelques jours elle n'avoit oüi aucun bruit chez la Reine: ce qui obligea de heurter à la porte de l'anti-chambre: mais personne ne se presentant pour l'ouvrir, on la fit rompre, & lors on trouva le cabinet & tous les coffres ouverts, d'où l'on avoit osté tout ce qui se pouvoit aizément emporter: mesmes vu lict de parade que le défunt Roy de Suede lui avoit fait faire estimé 30 mil escus, n'y estant resté que huit plaques d'argent & quelques autres choses de petit prix. Cette nouvelle ayant fort étonné toute la Cour de Süede, on envoya aussi tost 30 hommes apres elle pour en apprendre le détail: qui furent jusques audit village de Dargenge: mais n'y ayans trouvé que le cousteau de la Damoiselle Bulocoren, sur lequel son nom estoit gravé, & les chevaux susdits laissez dans le village, ils les amenérẽt: sans continüer plus avant leur chemin. Duquel voyage le temps nous apprendra encor plus particulierement les autres circonstances, les motifs & les suites.

With modernised spelling:

De Hambourg, le 17 octobre 1640.
Vous avez déjà su le voyage de la reine-veuve de Suède en Danemark; en voici les particularités, lesquelles ne paraîtront point tardives à ceux qui considéreront la difficulté qu'il y a d'en découvrir la vérité, ne vous donnant pas mêmes ce recit que sur la foi d'une impression des Suisses, qui nous apprend que tandis que cette reine était à Gothembourg il y a deux ans, voyant qu'elle ne pouvait pas facilement exécuter cette entreprise qu'elle avait déjà formée, elle fit publier qu'incontinent après son retour à Gripsholm, elle ferait tous les mois trois jours de jeûne, ce qu'elle continua jusqu'au vingt et unième juillet dernier dans sa chambre, où elle demeurait seule avec une sienne damoiselle, sans se laisser voir à personne pendant ces trois jours, non pas même à son ministre, qui faisait les prières devant la porte de sa chambre, où elle avait fait provision de vivres.

Ledit jour, 21 juillet, elle fit mine de vouloir pour la dernière fois jeûner six jours, afin d'accomplir entièrement le vœu qu'elle avait fait. Elle envoya ensuite son maître d'hôtel à Strömsholm pour y faire préparer son logement, où elle disait se vouloir rendre dans 15 jours, puis fit apporter dans sa chambre six napes de grosse toile, où l'on enveloppa secrètement ses meilleures hardes.

Le 22, elle commanda qu'on lui apprêtât tout ce qu'il lui fallait de vivres pour faire sa dernière dévotion qui se devait commencer le lendemain. Elle avait auparavant fait faire deux selles de velours, et un gentilhomme de sa chambre, auquel elle avait communiqué son intention, avait fait venir 4 chevaux dans le parc proche du château, sous prétexte de les mettre à l'herbe; mais c'était pour n'avoir point la peine de les faire tirer de l'écurie, lors qu'elle en aurait affaire, de peur de découvrir son dessein. Elle avait aussi fait faire une porte pour entrer de sa chambre au jardin et une longue allée qui finissait dans une prairie, le long de laquelle allée, elle fit mettre plusieurs linceuls, feignant que ce fût pour les faire blanchir, mais c'était pour y passer sans être vue.

Le 23 juillet, on porta donc des vivres pour six jours dans sa chambre, où elle entra le matin avec vne de ses damoiselles nommée [Bülow], qui était venue l'année passée de Danemark pour être à son service. La nuit suivante, elle monta à cheval avec cette sienne damoiselle, ce gentilhomme de sa chambre, appellé Pogrell, et un peintre allemand qui lui avait été envoyé de Danemark. Avec lesquels ayant passé près la ville de Trosa, ils arrivèrent à une lieue delà, dans le village de Daginge, où elle feignit être la fille d'un bourgeois de Nyköping et le peintre allemand un marchand qui se disait amoureux d'elle et qu'ils avaient été contraints de se retirer, à cause que leurs parents ne voulaient pas consentir à leur mariage, au travers desquelles feintes néanmoins paraissait une majesté en cette reine capable de découvrir sa condition par tout ailleurs que parmi des paysans et dans un village.

Le 24, ils se mirent dans une barque qui les porta entre des rochers trois lieues dans la mer, d'où ils entrèrent dans une galère qui les attendait, sur laquelle ayants encore fait deux lieues, il se mirent le 25 en deux navires de guerre danois qui les attendaient.

Le 29, son maître d'hôtel étant retourné à Gripsholm, demanda ce que faisait la reine, à quoi son ministre, qui était toujours à sa porte en prières et psalmodies à leur mode, répondit qu'il n'y avait que Dieu qui le sût. «Car», lui dit-il, «quand je prie et chante, personne ne me répond de la chambre comme auparavant.»

A quoi la femme de ce maître d'hôtel, qui était logée au-dessus, ajouta que depuis quelques jours elle n'avait ouï aucun bruit chez la reine, ce qui obligea de heurter à la porte de l'antichambre; mais personne ne se présentant pour l'ouvrir, on la fit rompre; et lors on trouva le cabinet et tous les coffres ouverts, d'où l'on avait ôté tout ce qui se pouvait aisément emporter, même vu lit de parade que le défunt roi de Suède lui avait fait faire estimé 30 mille écus, n'y étant resté que huit plaques d'argent et quelques autres choses de petit prix.

Cette nouvelle ayant fort étonné toute la Cour de Suède, on envoya aussitôt 30 hommes après elle pour en apprendre le détail, qui furent jusqu'audit village de Daginge; mais n'y ayants trouvé que le couteau de la damoiselle [Bülow], sur lequel son nom était gravé, et les chevaux susdits laissés dans le village, ils les amenèrent, sans continuer plus avant leur chemin. Duquel voyage le temps nous apprendra encor plus particulièrement les autres circonstances, les motifs et les suites.

Swedish translation (my own):

Från Hamburg, den 17 oktober 1640.
Ni har redan hört talas om Sveriges änkedrottningens resa till Danmark; här är särdragen, som inte kommer att visa sig sent för dem som kommer att överväga svårigheten att upptäcka sanningen, inte ens ge dig denna redogörelse annat än på grundval av ett intryck från schweizarna, som lär oss att medan denna drottning var i Göteborg två  år sedan, då hon såg att hon inte lätt kunde genomföra detta företag, som hon redan hade bildat, lät hon offentliggöra att hon omedelbart efter återkomsten till Gripsholm varje månad skulle göra tre dagars fasta, vilket hon fortsatte till den tjugoförsta juli sist i hennes rum, där hon stannade ensam med sin dam utan att låta någon se henne under dessa tre dagar, inte ens hennes präst, som bad bönerna framför dörren till hennes rum, där hon hade fyllt på med mat.

Den nämnda dagen, den 21 juli, låtsades hon för sista gången vilja fasta i sex dagar, för att fullt ut uppfylla det löfte hon avlagt. Hon skickade sedan sin hovmästare till Strömsholm för att få sitt logi iordningställt, där hon sa att hon ville återvända om 15 dagar, lät sedan föra sex stora dukdukar till sitt rum, där hennes bästa kläder i hemlighet var inslagna.

Den 22 beordrade hon att alla proviant hon behövde förberedas för hennes sista andakt, som skulle börja nästa dag. Hon hade förut låtit göra två sammetssadlar, och en herre i hennes kammare, till vilken hon meddelat sin avsikt, hade fört 4 hästar till parken nära slottet, under förevändning att lägga ut dem till gräs; men det var för att inte ha besväret att få dem borttagna från stallet när hon skulle ta itu med dem, av rädsla för att upptäcka hennes dessäng. Hon lät också göra en dörr för att komma in från sitt rum till trädgården och en lång stig som slutade i en äng, längs vilken gång hon lät placera flera vant, låtsades att det var för att bleka dem, men det var för henne att kunna passera där osynligt.

Den 23 juli fördes sex dagars proviant till hennes rum, där hon gick in på morgonen med en av sina unga damer, som hette Bülow, som förra året hade kommit från Danmark för att stå till hennes tjänst. Följande natt red hon till häst med denna sin unga dam, denne herre i hennes kammare, som hette Pogrell, och en tysk målare som hade skickats till henne från Danmark. Med vilken de, efter att ha passerat nära Trosa stad, anlände en liga bortom den, till byn Daginge, där hon utgav sig för att vara dotter till en borgare från Nyköping och den tyske målaren en köpman, som sade sig vara kär i henne och att de blivit tvungna att dra sig ur, därför att deras föräldrar inte ville samtycka till deras äktenskap, varigenom finter det likväl framträdde en majestät hos denna drottning som kunde upptäcka hennes tillstånd någon annanstans än bland bönder och i en by.

Den 24 steg de i en båt som förde dem mellan klipporna tre led ut i havet, varifrån de gick in i en galär som väntade på dem, på vilken de efter att ha rest ytterligare två ligor, den 25 steg in i två danska örlogsfartyg som väntade på dem.

Den 29, då hennes hovmästare återvänt till Gripsholm, frågade vad drottningen sysslade med, varpå hennes minister, som alltid stod vid hennes dörr i böner och sånger på deras sätt, svarade att det bara var Gud som visste det. »Ty«, sade han, »när jag ber och sjunger, svarar ingen mig från rummet som förut.«

Till detta tillade hustrun till denne hovmästare, som vistades på övervåningen, att hon under flera dagar inte hade hört något ljud från drottningen, vilket gjorde det nödvändigt att knacka på förkammarens dörr; men ingen kom fram för att öppna den, den var bruten; och så fann man skåpet och alla kistorna öppna, från vilka allt, som lätt kunde tas bort, borttagits, till och med den lit de parade, som framlidne konungen av Sverige gjort åt henne, uppskattad till 30 tusen écus; bara åtta silverplåtar och lite andra billiga saker fanns kvar där.

Efter att denna nyhet mycket förvånat hela Sveriges hov, sändes genast 30 män efter henne för att få veta detaljerna, som gick ända till nämnda by Daginge; men efter att endast ha funnit damen Bülows kniv, på vilken hennes namn var inristat, och de förutnämnda hästarna kvar i byn, förde de dem utan att fortsätta resan längre. Hur tidsresor kommer att lära oss ännu mer speciellt de andra omständigheterna, motiven och följderna.

English translation (my own):

From Hamburg, October 17, 1640.
You have already heard about the journey of the Dowager Queen of Sweden to Denmark; here are the particularities, which will not appear late to those who will consider the difficulty of discovering the truth, not even giving you this account except on the basis of an impression from the Swiss, which teaches us that while this queen was at Gothenburg two years ago, seeing that she could not easily carry out this enterprise which she had already formed, she caused it to be published that immediately after her return to Gripsholm, she would make every month three days of fasting, which she continued until the twenty-first of July last in her room, where she remained alone with her lady without letting anyone see her during these three days, not even her minister, who said the  prayers in front of the door of her room, where she had stocked up on food.

On the said day, July 21, she pretended to want to fast for six days for the last time, in order to fully fulfill the vow she had made. She then sent her maître d'hôtel to Strömsholm to have her lodgings prepared, where she said she wanted to return in 15 days, then had six large canvas tablecloths brought to her room, where her best clothes were secretly wrapped.

On the 22nd, she ordered that all the provisions she needed be prepared for her last devotion, which was to begin the next day. She had previously had two velvet saddles made, and a gentleman of her chamber, to whom she had communicated her intention, had brought 4 horses to the park near the castle, under the pretext of putting them out to grass; but it was so as not to have the trouble of having them removed from the stable when she had to deal with them, for fear of discovering her design. She also had a door made to enter from her room to the garden and a long path which ended in a meadow, along which path she had several shrouds placed, pretending that it was to whiten them, but it was for her to be able to pass there without being seen.

On July 23, six days' worth of provisions were brought to her room, where she entered in the morning with one of her young ladies, named Bülow, who had come last year from Denmark to be at her service. The following night she rode on horseback with this her young lady, this gentleman of her chamber, called Pogrell, and a German painter who had been sent to her from Denmark. With whom, having passed near the town of Trosa, they arrived a league beyond it, in the village of Daginge, where she pretended to be the daughter of a burgher from Nyköping, and the German painter a merchant who said he was in love with her and that they had been forced to withdraw because their parents did not want to consent to their marriage, through which feints there nevertheless appeared a majesty in this Queen, capable of discovering her condition anywhere other than among peasants and in a village.

On the 24th, they got into a boat which carried them between rocks three leagues into the sea, from where they entered a galley which was waiting for them, on which having traveled another two leagues, on the 25th they got into two Danish warships that awaited them.

On the 29th, her maître d'hôtel having returned to Gripsholm, asked what the Queen was doing, to which her minister, who was always at her door in prayers and chants in their fashion, replied that it was only God who knew it. "For", said he, "when I pray and sing, no one answers me from the room as before."

To which the wife of this maître d'hôtel, who was staying upstairs, added that for several days she had not heard any noise from the Queen, which made it necessary to knock on the antechamber door; but no one came forward to open it, it was broken; and then one found the cabinet and all the chests open, from which everything that could easily be taken away had been removed, even the lit de parade that the late King of Sweden had made for her, estimated at 30 thousand écus; only eight silver plates and a few other inexpensive things remained there.

This news having greatly astonished the entire court of Sweden, 30 men were immediately sent after her to learn the details, who went as far as the said village of Daginge; but having only found the knife of the lady Bülow, on which her name was engraved, and the aforementioned horses left in the village, they brought them, without continuing their journey any further. How time travels will teach us even more particularly the other circumstances, the motives and the consequences.

Notes: Bülow = Anna Sophia von Bülow.

Pogrell = Georg Pogrell.

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