Thursday, June 13, 2019

Kristina's letter to Azzolino, dated February 6/16 (New Style), 1667

Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on February 6/16 (New Style), 1667, showing her/his/their interest in alchemy.






Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899

https://litteraturbanken.se/forfattare/BildtC/titlar/ChristineEtAzzolino/sida/311/faksimil

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Letters_by_Christina_of_Sweden_to_Cardinal_Decio_Azzolino_(1666%E2%80%931668)

The letter:

Quarante huittiesme lestre du
16 febr. 1667 —
Jay en fin receu vostre trentecinquiesme lettre du 22 Janv. qui ma este retarde depuis le mecredi iusques au dimangee par les mesmes accidens qui font retarder tous les Couriers dan cette saison, et Je vois que vos lettres on touts vn mesme destin, car les mienne ne vous avoit pas este redves. pour repondre ala vostre Je vous diray que ce qve vous me mandes sur le propos des Commedies de lambassadevr de france mavroit donne beaucoup de ioye si ie pouvois me flatter que vostre santiment saccorde avec celluy de Rome sur limpatience de mon retour. mais pour mon malhevr Il faut que vous et Rome ne soies iamais daccord sur mon suiet, car du temps heureux que vous souhaities mon retour Il estoit indifferant a Rome et a present quil ne lest pas a Rome Il lest si fort a vous quil ny a rien de plus mais ie cois quil ne vous est pas indifferant vous le crainges sans doutte Comme la chose du monde la plus odieuse, Car Je pense que vous ne haijses rien tant que ma presence. mais nen parlons plus vous estes pour longtemps hor dece danger

La pretention de Solari est Veritable et vous mobligerez de le satisfaire. Javois de largent tout prest pour le satisfaire a mon depart mais le trouble ou Jestois me le fit ovblier de luy donner son argent, et ie me nen suis apersue de ma faute quen estant arive icy, et Jay oublie de vous lescrire, et pour vostre information iay emprunte cet argent pour le donner au MaJorqvin qvant il est part et ce de luy que ie vous devan finir ma lettre.

Je vous envoy les lettres dAdami et ma reponse qui vous feront Conoistre lestat de mes affaires. Je viendrais a bout de tout auec vn peu de temps et de patiance, et Jespere de faire dosel ce qve iay fait du reste mais ivsquy icy Jl ne sen est pas trovve personne qui 'ayt voulu lentreprendre. Jay trouve desia icy un homme qui veut prendre toute la pomeranie et Jespere den trovver encore pour osel sinon plus tost au moins qvant Je seray en Suede moy mesme en Suede et Je vous prie destre assure que ie ne partiray pas dicy que tot cela ne soit adiuste et Thexeira content.

pour retourner donc au MaJorcvin Je vous diray quil est vray que vous maves fait rire de bon Coevr, mais ausi vous maves mis dans vne Curiosite que ie ne vous puis exprimer.

mais Je ne veux pas savoir plus que vous voules que ie sache, et ie vous diray tout ce que ie say qui est que vous aves raison de dire que le Maiorchin savoit plus qvaucun austre, et quil y a quelque gran mýstere dans son Vase de fer. tout ce que ie say est quil y mettoit sa matiere pilee dans ce Vase et leschauffauoit avec vn fev leger tenant le trou bouche pour quelqve moments et apres Il lovvroit et laissoit exhaler la fvmee durant vn miserere et puis lostoit dv feu et Il repetoit son operation trois fois et Voila tout ce que ien say. Sa matiere nestoit austre chose si non le Cinobre Mineral ov la miniere de Mercure, pour les matieres enferme dan la petitte fiole de Verre qui me laissa Il massura que cestoit les Mercures de Six metaux, car le Vvlgaire a ce quil dit ny estoit pas. Pour la matiere concegle Il disoit ausi que cestoit de la mesme sorte, et quil avoit prepare cette matiere pour en faire un miroir dor Jl contoit des merveillies, et lestimoit plus que la piere. il confessoit pourtan a son depart quil ne pouvoit lachever et me laissa tout ce la entre les mains me promettent de revenir. Il disoit que qvant son miroir estoit parfait Il ne faloit faire austre chose sinon de raccler vn peu et le mesler avec les mercures quen vn moment ce la en Veritable piere des filosofe mais si puissante et pretieuse quil ny a point de paroles pour exprimer sa vertu, et que cette piere saugmentoit de quantite par le mercure vulgaire. Voila tout ce que ien say ie voudrois que cela pouvoit servir a vostre intention. pour lhomme Jl ne ma iamais demande de largent Je luy donne cet argent que iempruntois de Solari de mon propre mouvement Jl sen alla et ie ne nen ay iamais plus eu de nouvelles ce fut Giulio Celi qui me le fit Conoistre et Jl partiroit ensemble de Rome et Giulio Celi retourna peu de iours devan que ie partis, et si tost que ie le seus ie luy demandois des nouvelles de mon homme et Jl me dit quil sestoit separe de luy a Napoli, et quil luy avoit fait a Croire que iavois voulu le faire tuer et Comme ie nen avois iamais eu la pense cela me scandalisa fort ie suis party la desus et nen say pas davantage. mon opinion est quil y de verites a vne partie de ce quil a dit mais quil ne savoit pas tout ce quil faut faire pour mettre la derniére main a leuvre. quoy quil en soit, Giulio Celi sil est encore a rome vous en poura dire des nouuelles, et quoy quil en dise du mal Je ne lauray pas creu sil ne meust assure quil luy eust dit que ie voulois le faire tuer et ie vous proteste que ie nay iamais eu la pensée

pour le mercure des filosofe si vous estes asse heureux pour lavoir iamais Jl vous apprendra luy mesme a le travalier, et vous me demandes ce que ie voudrois savoir en tous cas si vous ne reusisies au primier Coup ne vous rebuttes pas et attendes mon retour Car Jespere de povvoir vous repondre alors sur toutes vos questions et de vous faire voir des verites qui semble des fables a ceux qui nont pas veux lexperiences que iay veu moy mesme et que iespere dobtenir si mon malheur nest trop grand ie ne vous dis rien de plus pour cette fois, quand il me sera permis de vous dire quelque de plus ie ne manqueray de vous faire part de tout. Je vous prie cependant de Conserver tout ce que aves trouue dans ma galerie des matieres du maiorquin, et den avoir soin, Car tout cela nous servira un iour adieu le Gran Conestable wrangel arrivera icy dans vne heure ou deux. on parle dune treve de quarante cinque annes entre espange et portugal le temps nous apprendra ce quil en faut croire.

Il peust estre ausi que tout que [...] ce que Giulio a dit soit faux cest a vous a lexaminer car ie nay pas eu le loisir.

Ilsebrandz envoýe extraordinarie des Estat genraux d'ollande en Suede ma rendue leur lettre de leur part quil a trouue icy en arrivant Je vous envoy la copie.

With modernised spelling (with Kristina's spelling mistakes preserved as much as possible):

Quarante-huitième lettre du 16 février 1667. —
J'ai enfin reçu votre trente-cinquième lettre du 22 janvier, qui m'a été retardée depuis le me[r]credi jusqu'au dimange [sic] par les mêmes accidents qui font retarder tous les courriers dans cette saison; et je vois que vos lettres ont toutes un même destin, car les miennes ne vous avaient pas été rendues. Pour répondre à la vôtre, je vous dirai que ce que vous me mandez sur le propos des comédies de l'ambassadeur de France m'aurait donné beaucoup de joie, si je pouvais me flatter que votre sentiment s'accorde avec celui de Rome sur l'impatience de mon retour. Mais, pour mon malheur, il faut que vous et Rome ne soyez jamais d'accord sur mon sujet; car du temps heureux que vous souhaitiez mon retour, il était indifférent à Rome, et à présent qu'il ne l'est pas à Rome, il l'est si fort à vous qu'il n'y a rien de plus. Mais je c[r]ois qu'il ne vous est pas indifférent: vous le craingez [sic] sans doute comme la chose du monde la plus odieuse, car je pense que vous ne haïssez rien tant que ma présence. Mais n'en parlons plus, vous êtes pour longtemps hors de ce danger!

La prétention de Solari est véritable, et vous m'obligerez de le satisfaire. J'avais de l'argent tout prêt pour le satisfaire à mon départ, mais le trouble où j'étais, me le fit oublier de lui donner son argent, et je ne m'en suis aperçue de ma faute qu'en étant arrivée ici, et j'ai oublié de vous l'écrire, et pour votre information j'ai emprunté cet argent pour le donner au Majorquin, quand il est parti, et c'est de lui, que je vous [parlerai] devant finir ma lettre.

Je vous envoie les lettres d'Adami et ma réponse, qui vous feront connaître l'état de mes affaires. Je viendrai à bout de tout avec un peu de temps et de patience, et j'espère de faire d'Ösel ce que j'ai fait du reste, mais jusqu'ici il ne s'en est pas trouvé personne qui ait voulu l'entreprendre. J'ai trouvé déjà ici un homme qui veut prendre tout la Poméranie, et j'espère d'en trouver encore pour Ösel, sinon plus tôt, au moins quand je serai en Suède; et je vous prie d'être assuré que je ne partirai pas d'ici que tout cela ne soit ajusté et Texeira content.

Pour retourner donc au Majorquin, je vous dirai qu'il est vrai que vous m'avez fait rire de bon cœur, mais aussi vous m'avez mis dans une curiosité, que je ne vous puis exprimer. Mais je ne veux pas savoir plus que vous voulez que je sache; et je vous dirai tout ce que je sais, qui est que vous avez raison de dire que le Majorquin savait plus qu'aucun autre, et qu'il y a quelque grand mystère dans son vase de fer. Tout ce que je sais est qu'il y mettait sa matière pilée dans ce vase et l'échauffauait [sic] avec un feu léger, tenant le trou bouché pour quelque moment, et après il l'ouvrait et laissait exhaler la fumée durant un miserere, et puis l'ôtait du feu, et il répétait son opération trois fois; et voilà tout ce que j'en sais. Sa matière n'était autre chose sinon le cinobre minéral ou la minière de mercure; pour les matières enfermées dans la petite fiole de verre qu'i[l] me laissa, il m'assura que c'était les mercures de six métaux; car le vulgaire, à ce qu'il dit, n'y était pas. Pour la matière conceglée [sic], il disait aussi que c'était de la même sorte, et qu'il avait préparé cette matière pour en faire un miroir d'or. Il contait des merveilles et l'estimait plus que la pierre. Il confessait pourtant à son départ qu'il ne pouvait l'achever et me laissa tout cela entre les mains, me promettant de revenir. Il disait que quand son miroir était parfait, il ne fallait faire autre chose sinon de racler un peu et le mêler avec les mercures; qu'en un moment cela [se convertirait] en véritable pierre des philosophes, mais si puissante et précieuse qu'il n'y a point de paroles pour exprimer sa vertu, et que cette pierre s'augmentait de quantité par le mercure vulgaire. Voilà tout ce que j'en sais: je voudrais que cela pourrait servir à votre intention. Pour l'homme, il ne m'a jamais demandé de l'argent. Je lui donnai cet argent, que j'empruntai de Solari, de mon propre mouvement. Il s'en alla, et je n'en ai jamais plus eu de nouvelles.

Ce fut Giulio Celi qui me le fit connaître, et ils partirent ensemble de Rome, et Giulio Celi retourna peu de jours devant que je partis, et sitôt que je le sus, je lui demandai des nouvelles de mon homme, et il me dit qu'il s'était séparé de lui à Naples, et qu'il lui avait fait croire que j'avais voulu le faire tuer, et comme je n'en avais jamais eu la pensée, cela me scandalisa fort. Je suis partie là-dessus et n'en sais pas davantage.

Mon opinion est qu'il y [a] des vérités à une partie de ce qu'il a dit, mais qu'il ne savait pas tout ce qu'il faut faire pour mettre la dernière main à l'œuvre. Quoiqu'il en soit, Giulio Celi, s'il est encore à Rome, vous en pourra dire des nouvelles, et quoiqu'il en dise du mal, je ne l'aurais pas cru, s'il ne m'eût assuré qu'il lui eût dit que je voulais le faire tuer, et je vous proteste que je n'ai jamais eu la pensée. Pour le mercure des philosophes, si vous êtes assez heureux pour l'avoir jamais, il vous apprendra lui-même à le travaillier [sic], et vous me demandez ce que je voudrais savoir. En tous cas, si vous ne réussissez au primier [sic] coup, ne vous rebutez pas, et attendez mon retour; car j'espère de pouvoir vous répondre alors sur toutes vos questions, et de vous faire voir des vérités qui semblent des fables à ceux qui n'ont pas vu l'expérience que j'ai vue moi-même et que j'espère d'obtenir, si mon malheur n'est trop grand. Je ne vous dis rien de plus pour cette fois; quand il me sera permis de vous dire quelque [chose] de plus, je ne manquerai de vous faire part de tout.

Je vous prie cependant de conserver tout ce que [vous] avez trouvé dans ma galerie des matières du Majorquin, et d'en avoir soin; car tout cela nous servira un jour. Adieu.

Le grand connétable Wrangel arrivera ici dans une heure ou deux. On parle d'une trêve de quarante-cinque [sic] années entre Espange [sic] et Portugal: le temps nous apprendra ce qu'il en faut croire.

Il peut être aussi que tout ce que Giulio a dit soit faux: c'est à vous à l'examiner, car je n'ai pas eu le loisir.

Ysbrandtz, envoyé extraordinaire des États Gén[é]raux de [H]ollande en Suède, m'a rendu leur lettre de leur part, qu'il a trouvée ici en arrivant; je vous envoie la copie.

With modernised spelling (Bildt's transcript):

Hambourg, 16 février 1667
J'ai enfin reçu votre trente-cinquième lettre du 22 janvier, qui m'a été retardée depuis le mercredi jusqu'au dimanche par les mêmes accidents qui font retarder tous les courriers dans cette saison; et je vois que vos lettres ont toutes un même destin, car les miennes ne vous avaient pas été rendues. Pour répondre à la vôtre, je vous dirai que ce que vous me mandez sur le propos des comédies de l'ambassadeur de France m'aurait donné beaucoup de joie, si je pouvais me flatter que votre sentiment s'accorde avec celui de Rome sur l'impatience de mon retour. Mais, pour mon malheur, il faut que vous et Rome ne soyez jamais d'accord sur mon sujet; car du temps heureux que vous souhaitiez mon retour, il était indifférent à Rome, et à présent qu'il ne l'est pas à Rome, il l'est si fort à vous qu'il n'y a rien de plus. Mais je crois qu'il ne vous est pas indifférent: vous le craignez sans doute comme la chose du monde la plus odieuse, car je pense que vous ne haïssez rien tant que ma présence. Mais n'en parlons plus: vous êtes pour longtemps hors de danger!

La prétention de Solari est véritable, et vous m'obligerez de le satisfaire. J'avais de l'argent tout prêt pour le satisfaire à mon départ, mais le trouble où j'étais, me le fit oublier de lui donner son argent, et je ne m'en suis aperçue de ma faute qu'en étant arrivée ici, et j'ai oublié de vous l'écrire, et pour votre information j'ai emprunté cet argent pour le donner au Majorquin, quand il est parti, et c'est de lui, que je vous [parlerai] devant finir ma lettre.

Je vous envoie les lettres d'Adami et ma réponse, qui vous feront connaître l'état de mes affaires. Je viendrai à bout de tout avec un peu de temps et de patience, et j'espère de faire d'Ösel ce que j'ai fait du reste, mais jusqu'ici il ne s'en est pas trouvé personne qui ait voulu l'entreprendre. J'ai trouvé déjà ici un homme qui veut prendre tout la Poméranie, et j'espère d'en trouver encore pour Ösel, sinon plus tôt, au moins quand je serai en Suède; et je vous prie d'être assuré que je ne partirai pas d'ici que tout cela ne soit ajusté et Texeira content.

Pour retourner donc au Majorquin, je vous dirai qu'il est vrai que vous m'avez fait rire de bon cœur, mais aussi vous m'avez mis dans une curiosité, que je ne vous puis exprimer. Mais je ne veux pas savoir plus que vous voulez que je sache; et je vous dirai tout ce que je sais, qui est que vous avez raison de dire que le Majorquin savait plus qu'aucun autre, et qu'il y a quelque grand mystère dans son vase de fer. Tout ce que je sais est qu'il y mettait sa matière pilée dans ce vase et l'échauffait avec un feu léger, tenant le trou bouché pour quelque moment, et après il l'ouvrait et laissait exhaler la fumée durant un miserere, et puis l'ôtait du feu, et il répétait son opération trois fois; et voilà tout ce que j'en sais. Sa matière n'était autre chose sinon le cinobre minéral ou la minière de mercure; pour les matières enfermées dans la petite fiole de verre, qu'il me laissa, il m'assura que c'était les mercures de six métaux; car le vulgaire, à ce qu'il dit, n'y était pas. Pour la matière congelée, il disait aussi que c'était de la même sorte, et qu'il avait préparé cette matière pour en faire un miroir d'or. Il contait des merveilles et l'estimait plus que la pierre. Il confessait pourtant à son départ qu'il ne pouvait l'achever et me laissa tout cela entre les mains, me promettant de revenir. Il disait que quand son miroir était parfait, il ne fallait faire autre chose sinon de racler un peu et le mêler avec les mercures; qu'en un moment cela [se convertirait] en véritable pierre des philosophes, mais si puissante et précieuse qu'il n'y a point de paroles pour exprimer sa vertu, et que cette pierre s'augmentait de quantité par le mercure vulgaire. Voilà tout ce que j'en sais: je voudrais que cela pourrait servir à votre intention. Pour l'homme, il ne m'a jamais demandé de l'argent. Je lui donnai cet argent, que j'empruntai de Solari, de mon propre mouvement. Il s'en alla, et je n'en ai jamais plus eu de nouvelles. — Ce fut Giulio Celi qui me le fit connaître, et ils partirent ensemble de Rome, et Giulio Celi retourna peu de jours devant que je partis, et sitôt que je le sus, je lui demandai des nouvelles de mon homme, et il me dit qu'il s'était séparé de lui à Naples, et qu'il lui avait fait croire que j'avais voulu le faire tuer, et comme je n'en avais jamais eu la pensée, cela me scandalisa fort. Je suis partie là-dessus et n'en sais pas davantage.

Mon opinion est qu'il y [a] des vérités à une partie de ce qu'il a dit, mais qu'il ne savait pas tout ce qu'il faut faire pour mettre la dernière main à l'œuvre. Quoi qu'il en soit, Giulio Celi, s'il est encore à Rome, vous en pourra dire des nouvelles, et quoiqu'il en dise du mal, je ne l'aurais pas cru, s'il ne m'eût assuré qu'il lui eût dit que je voulais le faire tuer, et je vous proteste que je n'ai jamais eu la pensée. Pour le mercure des philosophes, si vous êtes assez heureux pour l'avoir jamais, il vous apprendra lui-même à le travailler, et vous me demandez ce que je voudrais savoir. En tous cas, si vous ne réussissez au premier coup, ne vous rebutez pas et attendez mon retour; car j'espère de pouvoir vous répondre alors sur toutes vos questions, et de vous faire voir des vérités qui semblent des fables à ceux qui n'ont pas vu l'expérience que j'ai vue moi-même et que j'espère d'obtenir, si mon malheur n'est trop grand. Je ne vous dis rien de plus pour cette fois; quand il me sera permis de vous dire quelque [chose] de plus, je ne manquerai de vous faire part de tout.

Je vous prie cependant de conserver tout ce que [vous] avez trouvé dans ma galerie des matières du Majorquin, et d'en avoir soin; car tout cela nous servira un jour. Adieu.

Le grand connétable Wrangel arrivera ici dans une heure ou deux. On parle d'une trêve de quarante-cinq années entre Espagne et Portugal: le temps nous apprendra ce qu'il en faut croire.

Il peut être aussi que tout ce que Giulio a dit soit faux: c'est à vous à l'examiner, car je n'ai pas eu le loisir.

Isbrandtz, envoyé extraordinaire des États Généraux de Hollande en Suède, m'a rendu leur lettre de leur part, qu'il a trouvée ici en arrivant: je vous envoie la copie.

Swedish translation (my own):

Hamburg, den 16 februari 1667.
Jag har äntligen erhållit Ert trettiofemte brev av den 22 januari, som försenades för mig från onsdag till söndag genom samma olyckor, som göra att all post försenas denna säsong; och jag ser att alla Era brev har samma öde, ty mina hade inte återlämnats till Er. För att svara på Ert, skall jag säga Er att det Ni berättar om den franske ambassadörens komedier skulle ha givit mig stor glädje, om jag kunde smickra mig för att Er känsla överensstämmer med Roms om otåligheten inför min återkomst. Men tyvärr för mig får Ni och Rom aldrig komma överens om mitt ämne; ty i de lyckliga tider, som Ni önskade min återkomst, var han likgiltig i Rom, och nu när han inte är i Rom, är han så likgiltig för Er, att det inte finns något mer. Men jag tror inte att han är likgiltig för Er; Ni fruktar honom utan tvekan som det mest avskyvärda i världen, för jag tror att Ni inte hatar något så mycket som min närvaro. Men låt oss inte säga mer om det; Ni är utom fara under lång tid!

Solaris anspråk är äkta, och Ni kommer att förplikta mig att tillfredsställa honom. Jag hade pengar redo för att tillfredsställa honom när jag gick, men den krångel jag var i fick mig att glömma att ge honom hans pengar, och jag insåg mitt fel först när jag kom här, och jag glömde att skriva det till Er, och för Er information lånade jag dessa pengar för att ge dem till majorkanen, när han reste, och det är om honom jag skall tala med Er innan jag avslutar mitt brev.

Jag skickar Er Adamis brev och mitt svar, som kommer att informera Er om läget i mina angelägenheter. Jag kommer att övervinna allt med lite tid och tålamod, och jag hoppas kunna göra med Ösel vad jag har gjort med resten, men hittills har ingen hittats som har velat åta sig det. Jag har redan funnit en man här, som vill ta hela Pommern, och jag hoppas att finna mer till Ösel, om inte förr, åtminstone när jag är i Sverige; och jag ber Er att vara säker på att jag inte kommer att lämna förrän allt detta är avgjort och Texeira är nöjd.

Så för att återvända till majorkanen skall jag säga Er att det är sant att Ni fick mig att skratta hjärtligt, men Ni gjorde mig också nyfiken, vilket jag inte kan uttrycka för Er. Men jag vill inte veta mer än Ni vill att jag skall veta; och jag skall berätta allt jag vet, vilket är att Ni har rätt i att säga att majorkanen visste mer än någon annan, och att det finns något stort mysterium i hans järnvas. Allt jag vet är att han stoppade sitt slagna materia i den här vasen och värmde den med en lätt eld, höll hålet igentäppt en stund, och sedan öppnade han det och lät röken andas ut för en miserere, och sedan tog han upp den ur elden, och han upprepade sin operation tre gånger; och det här är allt jag vet. Dess materia var ingenting annat än mineralet cinnober eller kvicksilvermalmen; för de saker som var inneslutna i den lilla glasflaskan, som han lämnade mig, försäkrade han mig att det var kvicksilver av sex metaller; ty de vulgära, som han säger, fanns inte där. För det frusna materialet sade han också att det var av samma slag, och att han hade förberett detta material för att göra en gyllene spegel. Han berättade underverk och uppskattade den mer än stenen. Men när han gick erkände han att han inte kunde avsluta det och lämnade allt det i mina händer och lovade att komma tillbaka. Han sade att när hans spegel var perfekt, kunde inget annat göras än att skrapa den lite och blanda den med kvicksilvret; att den om ett ögonblick skulle bli en veritabel sten för filosoferna, men så kraftfull och dyrbar att det inte finns några ord för att uttrycka dess dygd, och att denna sten ökades i mängd av vulgärt kvicksilver. Det här är allt jag vet om det, jag önskar att det kunde vara användbart för Er. När det gäller mannen, han bad mig aldrig om pengar. Jag gav honom de här pengarna, som jag lånade av Solari, på eget initiativ. Han gick bort och jag hörde aldrig från honom igen. Det var Giulio Celi som presenterade honom för mig, och de lämnade Rom tillsammans, och Giulio Celi återvände några dagar innan jag reste, och så snart jag hörde det, frågade jag honom om nyheter om min man, och han berättade för mig att han hade blivit separerad från honom i Neapel, och att han hade fått honom att tro att jag hade velat få honom dödad, och eftersom jag aldrig hade tänkt på det, skandaliserade det mig mycket. Jag lämnade det och vet inte mer.

Min uppfattning är att det finns sanningar i en del av det han sade, men han visste inte riktigt vad som krävs för att sätta pricken över det. Hur det än må vara, Giulio Celi, om han fortfarande är i Rom, så kommer Ni att kunna berätta för Er om det, och fastän han säger dåliga saker om det, skulle jag inte ha trott honom, om han inte hade försäkrat mig att han  hade sagt till honom att jag ville få honom dödad, och jag protesterar för Er att jag aldrig tänkt på det. När det gäller filosofernas kvicksilver, om Ni har turen att någonsin ha det, kommer det att lära Er hur Ni arbetar med det, och Ni frågar mig vad jag skulle vilja veta. I vilket fall som helst, om Ni inte lyckas vid första försöket, ge inte upp och vänta på min återkomst, för jag hoppas kunna svara Er då på alla Era frågor, och få Er att se sanningar som verkar fabler till dem som inte sett den erfarenhet som jag själv sett och som jag hoppas få, om min olycka inte är för stor. Jag berättar inte något mer för Er den här gången; när jag får lov att berätta något mer, kommer jag inte att underlåta att låta Er veta allt.

Jag ber Er under tiden att behålla allt Ni har funnit i mitt galleri av majorkanska material och att ta hand om dem; för allt detta kommer att vara användbart för oss en dag. Farväl.

Riksmarsken Wrangel kommer hit om en timme eller två. Det talas om en vapenvila på fyrtiofem år mellan Spanien och Portugal; tiden kommer att visa oss vad vi skall tro.

Det kan också vara så att allt Giulio sa är fel; det är upp till Er att undersöka det, ty jag har inte haft tid.

Ysbrandtz, envoajé extraordinarie för Generalstaterna i Holland i Sverige, återlämnade deras brev till mig från dem, som han fann här, när han anlände; jag skickar kopian till Er.

English translation (my own):

Hamburg, February 16, 1667.
I have finally received your thirty-fifth letter of January 22, which was delayed for me from Wednesday to Sunday by the same accidents which cause all mail to be delayed this season; and I see that your letters all have the same fate, for mine had not been returned to you. To reply to yours, I will tell you that what you tell me about the comedies of the French ambassador would have given me great joy, if I could flatter myself that your feeling agrees with that of Rome on the impatience for my return. But, unfortunately for me, you and Rome must never agree on my subject; for in the happy times that you wished for my return, he was indifferent in Rome, and now that he is not in Rome, he is so indifferent to you that there is nothing more. But I don't think he's indifferent to you; you doubtless fear him as the most odious thing in the world, because I think you hate nothing so much as my presence. But let's say no more about it; you are out of danger for a long time!

Solari's claim is genuine, and you will oblige me to satisfy him. I had money all ready to satisfy him when I left, but the trouble I was in made me forget to give him his money, and I only realised my fault when I arrived.  here, and I forgot to write it to you, and for your information I borrowed this money to give it to the Majorcan, when he left, and it is of him that I will speak to you before finishing my letter.

I send you Adami's letters and my reply, which will let you know the state of my affairs. I will overcome everything with a little time and patience, and I hope to do with Ösel what I have done with the rest, but so far no one has been found who has wanted to undertake it. I have already found a man here who wants to take all of Pomerania, and I hope to find more for Ösel, if not sooner, at least when I am in Sweden; and I beg you to be assured that I will not leave until all this is settled and Texeira is content.

So to return to the Majorcan, I will tell you that it is true that you made me laugh heartily, but you also made me curious, which I cannot express to you. But I don't want to know more than you want me to know; and I will tell you all I know, which is that you are right to say that the Majorcan knew more than anyone else, and that there is some great mystery in his iron vase. All I know is that he put his pounded matter in this vase and warmed it with a light fire, keeping the hole plugged for some time, and then he opened it and let the smoke exhale for a miserere, and then he took it out of the fire, and he repeated his operation three times; and that's all I know. Its matter was nothing but the mineral cinnabar or the ore of mercury; for the matters enclosed in the little glass vial, which he left me, he assured me that it was the mercury of six metals; for the vulgar, as he says, were not there. For the frozen material, he also said that it was of the same kind, and that he had prepared this material to make a golden mirror. He told marvels and esteemed it more than the stone. However, when he left he confessed that he could not finish it and left all that in my hands, promising to come back. He said that when his mirror was perfect, nothing else could be done except to scrape it a little and mix it with the mercury; that in a moment it would become a veritable stone of the philosophers, but so powerful and precious that there are no words to express its virtue, and that this stone was increased in quantity by vulgar mercury. That is all I know about it, I wish it could be useful for you. As for the man, he never asked me for money. I gave him this money, which I borrowed from Solari, on my own initiative. He left, and I never heard from him again. It was Giulio Celi who introduced him to me, and they left Rome together, and Giulio Celi returned a few days before I left, and as soon as I heard of it, I asked him for news of my man, and he told me that he had gotten separated from him in Naples, and that he had made him believe that I had wanted to have him killed, and as I had never thought of it, that scandalised me greatly. I left on it and do not know more.

My opinion is that there are truths to some of what he said, but he didn't quite know what it takes to put the finishing touches on it. Be that as it may, Giulio Celi, if he is still in Rome, you will be able to tell you about it, and although he says bad things about it, I would not have believed him, if he had not assured me that he had told him that I wanted to have him killed, and I protest to you that I never had the thought. As for the mercury of the philosophers, if you are lucky enough to ever have it, it will teach you how to work it, and you ask me what I would like to know. In any case, if you don't succeed at the first try, don't give up and wait for my return, because I hope to be able to answer you then on all your questions, and to make you see truths which seem fables to those who have not seen the experience which I have seen myself and which I hope to obtain, if my misfortune is not too great. I am not telling you anything more this time; when I will be allowed to tell you something more, I will not fail to let you know everything.

I beg you, in the meantime, to keep all that you have found in my gallery of Majorcan materials, and to take care of them; because all this will be useful to us one day. Farewell.

Grand Constable Wrangel will arrive here in an hour or two. There is talk of a truce of forty-five years between Spain and Portugal; time will tell us what to believe.

It could also be that everything Giulio said is wrong; it's up to you to examine it, because I haven't had the time.

Ysbrandtz, extraordinary envoy of the States General of Holland in Sweden, returned their letter to me from them, which he found here when he arrived; I am sending you the copy.


Above: Kristina, year 1661.


Above: Cardinal Decio Azzolino.

Notes: The Majorcan was an alchemist.

Since her arrival in Hamburg, Kristina had been in correspondence with the famous chemist Johann Rudolf Glauber. From July 5, 1666 she sent him an alchemical questionnaire, to which she asked for "perfect and categorical" answers (German autograph minute in the Azzolino Archives), and which she had sent to him through Giosuè Abendsur. The correspondence continued until Glauber's death in 1668, but the scholar's replies are missing.

The above notes are from Bildt; he was mistaken in that Glauber actually died in 1670.

No comments:

Post a Comment