Sunday, June 16, 2019

Kristina's letter to the Comtesse de Brégy, dated March 23/April 2 (New Style), 1653

Charlotte Saumaise de Chazan, Comtesse/Madame de Brégy (1619-1693) was a poetess, précieuse and dame d'honneur to Anne of Austria.

Kristina wrote this letter to the Comtesse on March 23/April 2 (New Style), 1653.

Sources:

Lettres de la Reyne de Suède et de quelques autres personnes, page 19, published by Pierre Colomies, 1680


Mémoires concernant Christine, volume 1, pages 356 to 357, Johan Arckenholtz, 1751

Christina, Queen of Sweden, pages 164 to 165, by Francis William Bain, 1890


The letter:

Je ne say ce qui m'empesche de vous dire des injures, aprés tout ce que vous m'avez fait pour m'y obliger. Quoy? faut-il aprés avoir gardé deux années le silence, que vous croyiez estre quite pour un simple baisemain, que je trouve dans la Lettre de vostre amy? A la verité, vous méritez pour le moins des reproches. Sachez que je suis quasi en colére, & que vostre silence a pensé m'offenser cruellement. Je le pardonne pourtant, à condition que vous ne soyez plus muette. A propos de vostre taciturnité, je suis tentée de vous citer les Pythagoriciens, mais à une ignorante comme vous, il n'en faut point parler; c'est pourquoy je m'en abstiens: De peur aussy de paroistre une Fée, je ne veux pas dire toutes les belles choses que j'ay ouy dire de ces bons Barbons. Parlez donc afin de n'estre pas soupçonnée d'estre de cette classe: Et pour vous faire connoistre ce que je veux de vous, mandez moy des nouvelles de vostre bonne Maistresse & de vostre jeune Prince; mandez moy les entretiens du Cercle, & les badineries du petit couché. Je ne veux pas savoir de vous les mysteres de l'Etat; quand la fantaisie me prendra d'en estre informée, je m'adresseray à tout autre qu'à vous, parce que je crois que vous ne les savez pas. Car enfin, si j'estois Roy de France, je vous croirois plûtost propre à toute autre chose qu'à gouverner, & je me servirois de vous pour autres affaires que pour celles d'Etat. Nous autres femmes n'y entendons gueres, & il n'y a que vostre incomparable Maistresse qui s'en soit meslée bien à propos. C'est le vray moyen pour vous raccommoder avec moy; je vous le recommande en vous disant adieu
CHRISTINE.
A Stockolm le 2 Avril 1653.

With modernised spelling:

Je ne sais ce qui m'empêche de vous dire des injures après tout ce que vous m'avez fait pour m'y obliger. Quoi? Faut-il, après avoir gardé deux années le silence, que vous croyiez être quitte pour un simple baise-main que je trouve dans la lettre de votre ami? A la vérité, vous méritez pour le moins des reproches. Sachez que je suis quasi en colère et que votre silence a pensé m'offenser cruellement. Je le pardonne pourtant, à condition que vous ne soyez plus muette. A propos de votre taciturnité, je suis tentée de vous citer les Pythagoriciens, mais à une ignorante comme vous, il n'en faut point parler; c'est pourquoi je m'en abstiens. De peur aussi de paraître une fée, je ne veux pas dire toutes les belles choses que j'ai ouï dire de ces bons barbons. Parlez donc afin de n'être pas soupçonnée d'être de cette classe; et, pour vous faire connaître ce que je veux de vous, mandez-moi des nouvelles de votre bonne maîtresse et de votre jeune prince. Mandez-moi les entretiens du cercle et les badineries du petit couché. Je ne veux pas savoir de vous les mystères de l'État; quand la fantaisie me prendra d'en être informée, je m'adresserai à tout autre qu'à vous, parce que je crois que vous ne les savez pas. Car enfin, si j'étais roi de France, je vous croirais plutôt propre à toute autre chose qu'à gouverner, et je me servirais de vous pour autres affaires que pour celles d'État. Nous autres femmes n'y entendons guère, et il n'y a que votre incomparable maîtresse qui s'en soit mêlée bien à propos. C'est le vrai moyen pour vous raccommoder avec moi; je vous le recommande en vous disant adieu.
Christine.
A Stockholm, le 2 avril 1653.

Arckenholtz's transcript of the letter (he corrected Kristina's grammar and spelling):

Je ne sai ce qui m'empêche de vous dire des injures, après tout ce que vous m'avez fait pour m'y obliger. Quoi? Faut-il après avoir gardé deux années le silence, que vous croiez en être quitte pour un simple baise-main, que je trouve dans la lettre de votre ami. A la vérité vous mérites pour le moins des reproches. Sachez que je suis quasi en colère & que votre silence a pense m'offenser cruellement. Je le pardonne pourtant à condition que vous ne soiez plus muette. A propos de votre taciturnité, je suis tentée de vous citer les Pythagoriciens, mais à une ignorante comme vous, il n'en faut point parler; c'est pourquoi je m'en abstiens: de peur aussi de paroitre une Fée, je ne veux pas dire toutes les belles choses que j'ai oui dire de ces bons Barbons. Parlez donc afin de n'être pas soupçonnée d'être de cette classe. Et pour vous faire connoître ce que je veux de vous, mandez-moi les entretiens du Cercle, & les badineries du petit couché. Je ne veux pas savoir de vous les misteres de l'Etat; quand la fantaisie me prendra d'en être informée, je m'addresserai a tout autre qu'à vous, parce que je crois que vous ne les savez pas. Car enfin si j'étois Roi en France, je vous croirois plûtôt propre à toute autre chose qu'à gouverner & je me servirois de vous pour autres affaires que pour celles d'Etat. Nous autres femmes n'y entendons guères, & il n'y a que votre incomparable Maitresse qui s'en soit mélée bien à propos. C'est le vrai moïen pour vous raccommoder avec moi; je vous le recommande en disant adieu.
CHRISTINE.

English translation (by Bain):

I can't tell what keeps me from using hard words to you, after all you have done to deserve them. What! after keeping silence for two years do you think you can cry quits by simply "kissing my hand" in your friend's letter. Really you ought at least to be scolded. Know that I am, so to speak, very angry with you, and that your silence has gone hard to wound me deeply. Still I pardon you, on condition you are dumb no longer. A propos of your silence, I am tempted to quote the Pythagoreans to you, but one must not speak of them to an ignoramus like you. So I refrain; neither will I mention all the fine things I have heard of those excellent Longbeards, for fear of being taken for a fairy. Speak, then, so as to escape the suspicion of belonging to their order. To tell you what I want, send me news of your excellent Mistress, and your young Prince; tell me of the conversations of your circle, and the playful ways of the little fellow. I will have no State secrets from you; when the fancy seizes me for them I will apply to some one else, for I believe you know nothing about them. In fact, were I king of France, I should consider you suited for quite other things than government, and employ you in a service quite distinct from that of the State. We women don't understand statecraft: your incomparable Mistress alone has shown herself an adept in it. This is the way to make up our quarrel, I commend it to you as I bid you adieu.
CHRISTINA

Swedish translation of the original version (my own):

Jag vet inte vad som hindrar mig från att förolämpa Er efter allt Ni har gjort för att tvinga mig att göra det. Vad? Efter att ha varit tyst i två år, måste Ni tro att Ni kan göra Er själv immun genom att ge mig en enkel kyss på handen, som jag ser i Er väns brev? I sanning förtjänar Ni åtminstone en förebråelse. Vet att jag nästan är arg, och att Er tystnad har kränkt mig grymt. Jag förlåter det dock under förutsättning att Ni inte längre är stum. Om Er tysthet är jag frestad att citera till Er från pytagoreerna, men för en okunnig som Ni är det inte nödvändigt att tala om det; det är därför jag avstår från det. Dessutom, av rädsla för att anses som en fe, vill jag inte säga allt det fina jag har hört sägas om dessa gamla goda gråskägger. Därför måste Ni tala så att jag inte misstänker Er för att vara bland dem. Och för att låta Er veta vad jag vill av Er, skicka mig nyheter om Er goda härskarinna och Er unge prins; berätta för mig om samtalen på Cercle och den lilla mannens badineries. Jag vill inte veta några statliga mysterier från Er; när lusten tar mig att bli informerad om dem, skall jag vända mig till någon annan än Er, ty jag tror att Ni inte känner dem. För, trots allt, om jag var konungen av Frankrike, skulle jag tro att Ni snarare var lämplig för allt annat än att regera, och jag skulle använda Er för andra angelägenheter än statens. Vi kvinnor kan knappast förstå det, och det är bara Er makalösa härskarinna som med rätta är inblandad i det. Detta är det verkliga sättet att försona Er med mig; jag rekommenderar det till Er när jag säger farväl.
Kristina.
Stockholm, den 2 april 1653.

English translation of the original version (my own):

I don't know what prevents me from insulting you after all that you have done to compel me to do so. What? After having kept silent for two years, must you think you can make yourself immune by giving me a simple kiss on the hand, which I find in your friend's letter? In truth, you at least deserve a reproach. Know that I am almost angry, and that your silence has offended me cruelly. I forgive it, however, on condition that you are no longer mute. About your taciturnity, I am tempted to quote to you from the Pythagoreans, but to an ignoramus like you, it is not necessary to speak about it; that is why I abstain from it. Also, for fear of coming off as a fairy, I don't want to say all the nice things I've heard said of these good old greybeards. Therefore, you must speak so that I won't suspect you of being among them. And, to let you know what I want from you, send me news of your good mistress and your young prince; tell me about the conversations at the Cercle, and the badineries of the little man. I don't want to know any mysteries of state from you; when the fancy takes me to be informed of them, I will address myself to anyone other than you, for I believe that you do not know them. For, after all, if I were King of France, I would believe you were rather fit for anything other than to govern, and I would use you for other affairs than those of state. We women can hardly understand it, and it is only your incomparable mistress who is rightly involved in it. This is the real way to reconcile yourself with me; I recommend it to you in bidding you farewell.
Kristina.
Stockholm, April 2, 1653.


Above: Kristina.


Above: Comtesse de Brégy.

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