Source:
Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France, tome deuxième: Mémoires de Guy Joly, page 128, published by A. Petitot and Monmerqué, 1850
The account:
Ce fut en ce temps-là [1655] que la reine Christine vint à Rome. Elle avoit été invitée à ce voyage par Sa Sainteté, pour y confirmer d'une manière plus solennelle son abjuration à l'hérésie du Luther. Une action de cette nature devoit sans doute être traitée sérieusement et avec gravité; mais le Pape, s'abandonnant à son génie, n'en fit qu'une scène de théâtre remplie de fêtes, de pompe, de bagatelles et de vaines cérémonies. Il n'oublia rien de tout de qui pouvoit faire du bruit et de l'éclat, s'imaginant que c'étoit là le moyen de paroître aux yeux de toute l'Europe comme le principal auteur de cette cérémonie. Ce ne furent que régals, festins, danses, ballets, comédies, carrousels, mascarades, galanteries de toutes les espèces, pendant plus de trois mois: et le Pape les ordonnoit lui-même avec tant d'application, et les faisoit exécuter avec tant de magnificence, que la reine de Suède s'en moquoit elle-même, et tournoit Sa Sainteté en ridicule: comme aussi toutes les personnes sensées, qui voyoient bien qu'il sortoit de son caractère. Le cardinal de Retz ne négligea rien pour s'insinuer dans les bonnes grâces de cette princesse: à quoi il réussit assez dans le commencement, mais non pas si bien que le cardinal Azolin ou Pimentel. Il ne tenoit pourtant pas à lui qu'on ne crût qu'il y entroit aussi avant que personne; mais ceux qui voyoient les choses de plus près jugèrent, avec justice, qu'il y avoit plus de vanité que de réalité.
With modernised spelling:
Ce fut en ce temps-là [1655] que la reine Christine vint à Rome. Elle avait été invitée à ce voyage par Sa Sainteté, pour y confirmer d'une manière plus solennelle son abjuration à l'hérésie du Luther. Une action de cette nature devait sans doute être traitée sérieusement et avec gravité; mais le pape, s'abandonnant à son génie, n'en fit qu'une scène de théâtre remplie de fêtes, de pompe, de bagatelles et de vaines cérémonies. Il n'oublia rien de tout de qui pouvait faire du bruit et de l'éclat, s'imaginant que c'était là le moyen de paraître aux yeux de toute l'Europe comme le principal auteur de cette cérémonie. Ce ne furent que régals, festins, danses, ballets, comédies, carrousels, mascarades, galanteries de toutes les espèces, pendant plus de trois mois; et le pape les ordonnait lui-même avec tant d'application et les faisait exécuter avec tant de magnificence que la reine de Suède s'en moquait elle-même et tournait Sa Sainteté en ridicule, comme aussi toutes les personnes sensées, qui voyaient bien qu'il sortait de son caractère.
Le cardinal de Retz ne négligea rien pour s'insinuer dans les bonnes grâces de cette princesse, à quoi il réussit assez dans le commencement, mais non pas si bien que le cardinal Azzolin ou Pimentel. Il ne tenait pourtant pas à lui qu'on ne crût qu'il y entrait aussi avant que personne; mais ceux qui voyaient les choses de plus près jugèrent, avec justice, qu'il y avait plus de vanité que de réalité.
Swedish translation (my own):
Det var vid denna tid [1655] som drottning Kristina kom till Rom. Hon hade bjudits in till denna resa av Hans Helighet, för att på ett mer högtidligt sätt bekräfta hennes avsky av Luthers kätteri. En åtgärd av denna karaktär bör utan tvekan behandlas seriöst och med allvar; men påven, som övergav sig åt sitt ingenium, gjorde det till inget annat än en teaterscen fylld av fester, pompa, småsaker och fåfänga ceremonier. Han glömde inte något som kunde orsaka buller och briljans, och inbillade sig att detta var sättet att framstå i hela Europas ögon som den främsta författaren till denna ceremoni. Det fanns bara realer, fester, danser, baletter, komedier, karuseller, maskerader, galanterier av alla slag, i mer än tre månader; och påven själv beordrade dem med så mycket ansökningar och lät avrätta dem med sådan storhet att Sveriges drottning själv gjorde narr av dem och förlöjligade Hans Helighet, liksom alla förståndiga människor, som tydligt såg att han höll på att komma ur karaktär.
Kardinalen de Retz försummade ingenting för att insinuera sig i denna prinsessas goda graces, i vilken han lyckades ganska bra i början, men inte så bra som kardinal Azzolino eller Pimentel. Det var dock inte hans fel att folk inte trodde att han gick in där före någon annan; men de som såg saker och ting närmare bedömde med rättvisa att det fanns mer fåfänga än verkligheten.
English translation (my own):
It was at this time [1655] that Queen Kristina came to Rome. She had been invited to this trip by His Holiness, to confirm in a more solemn manner her abjuration of the heresy of Luther. An action of this nature should undoubtedly be treated seriously and with gravity; but the Pope, abandoning himself to his genius, made it nothing more than a theatrical scene filled with celebrations, pomp, trifles and vain ceremonies. He did not forget anything that could cause noise and brilliance, imagining that this was the way to appear in the eyes of all Europe as the principal author of this ceremony. There were only regales, feasts, dances, ballets, comedies, carousels, masquerades, gallantries of all kinds, for more than three months; and the Pope himself ordered them with so much application and had them executed with such magnificence that the Queen of Sweden herself made fun of them and ridiculed His Holiness, as did all sensible people who saw clearly that he was getting out of character.
Cardinal de Retz neglected nothing to insinuate himself into the good graces of this princess, in which he succeeded quite well in the beginning, but not so well as Cardinal Azzolino or Pimentel. However, it was not his fault that people did not believe that he entered there before anyone else; but those who saw things more closely judged, with justice, that there was more vanity than reality.
Above: Kristina.
Above: Pope Alexander VII.
Above: Cardinal de Retz.
Above: Cardinal Decio Azzolino.
Above: Antonio Pimentel.
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