Sources:
Histoire des princes de Condé pendant les XVIe et XVIIe siècles, volume 6, pages 698 to 708, published by Henri d'Orléans, duc d'Aumale, 1892
M. le Prince à Bruxelles (1653-1657): Affaires et négociations, article written by Henri d'Orléans, duc d'Aumale in Le Correspondant: religion, philosophie, politique, sciences, littérature, beaux-arts: tome cent soixante-sixième (nouvelle série, tome cent trentième), pages 813 to 826, 1892
The letter:
Vous sçavés que depuis dix ans la reyne de Suède m'avoit tesmoigné beaucoup d'estime et d'amitié par ses lettres et par ce qu'elle disoit de moy; j'y avois respondu avec beaucoup de respect en tous les rencontres qui s'estoient présentés; elle a continué de me traicter comme son amy particulier dans le temps de son abdication, dont elle me donna part et voulut mesme bien m'en demander mon approbation comme du seul homme du monde dont elle se seroit fachée de ne l'avoir pas; c'est ainsi qu'elle parloit dans une fort obligeante lettre qu'elle m'escrivit sur ce subject. Depuis elle me fit sçavoir par une autre despesche son arrivée en ce pays, où elle se rendit à l'Aigle d'Or à Anvers, en habit d'homme et sans femme à sa suite. Elle fit divers voyages par ces provinces en mesme esquipage jusques à qu'elle se fust tout à fait arrestée à Anvers, où, à l'heure mesme que le comte de Buquoy luy eust esté faire les compliments du roy et ceux de Mr l'archiduc, je luy despeschay Mr de Guitaut pour luy rendre mes debvoirs publiqs, comme je l'avois faict en particulier par Mr Viole, qui luy rendit mes lettres. Je luy depeschay depuis Mr Lenet lorsque Mr le comte de Fuensaldagne la fut voir; j'establis la Peyrère de résidence ordinaire auprès d'elle; ma femme n'obmit rien de ce qu'elle luy debvoit; aussi toutes les actions et toutes les paroles de cette reyne ne tesmoignoient-elles qu'une estime non pareille pour moy, une impatience extraordinaire de me voir; elle ne parloit de moy qu'avec des emportements qui me faisoient honte, et ne se proposoit de plaisirs en ce pays que pour les partager avec moy. Enfin vous ne sçauriés vous imaginer à quel point elle tesmoignoit estre mon amie.
Je ne sçay si je ne vous ay pas mandé que, peu de temps après son établissement à Anvers, elle manda Mr Chanut, ambassadeur de France en Holande, avec lequel elle avoit conservé une grande correspondance, et luy proposa de s'entremettre pour la paix entre les deux couronnes et pour la mienne particulière; elle despescha au comte de Fuensaldagne et à moy pour nous demander nostre consentement; je luy respondis (comme vous sçavés que j'ay faict en pareils rencontres) que je n'aurois jamais de traicté ni de négotiation que par le roy et avec luy, ainsi que je me remettois à ce que le comte luy respondroit, qui fut que fort volontiers Sa M:té luy remettroit ses intérests si du costé de France on vouloit en user de mesme. Cette proposition, que je croiois secrette entre vous et nous, fust divulguée par elle, et luy attira une lettre de l'ambassadeur Chanut, dont je vous envoye copie. Les peuples et surtout les religieux commencèrent à semer des bruits contre cette proposition de paix, disant que jamais Dieu ne la serviroit, tant qu'une reyne qui ne cognoissoit point de dieux ni de religion, qui n'avoit seulement pas un ministre de la sienne à sa suitte, qui professoit et preschoit publiquement l'athéisme, qui n'avoit que des discours libertins dans la bouche, et qui auctorisoit mesme en public les vices de toutes les nations et de tous les sexes, et qui ne disoit pas une parolle qui ne fust meslée d'un blasphème, s'en mesleroit. La mauvaise réputation en laquelle elle se mettoit (quoyque, comme vous sçavés, je ne sois pas scrupuleux) me faisoit peine, parceque j'estois tout à fait dans ses intérests et que j'aymois sa personne. Je vous confesse que je mourois d'impatience de la voir et que je me préparois mil divertissements de mon costé avec elle, comme elle faisoit du sien avec moy; et si l'honneur m'eust peu permettre de quitter l'armée avant qu'elle eust esté établie en quartiers, j'aurois esté à toute bride luy rendre mes debvoirs.
Mr l'archiduc la visita au mois de septembre; elle fust le recevoir au milieu de la rue à la sortie de son carosse, le reconduisit de mesme, luy donna une chaise égale à la sienne, dans laquelle il luy parla couvert. Chacun fut estonné de ce traictement, et, quoyqu'on n'en puisse faire un assés grand à une personne d'une aussi haulte naissance que Mr l'archiduc, on croioit que le cérémonial pouvoit en faire retrancher quelque chose et à Mr l'archiduc et à moy, qu'elle tesmoignoit vouloir traicter de mesme.
Il fault que vous sçachiés encore pour l'intelligence de toute cette affaire, que don Antoine Pimentel fust envoyé en qualité de résident auprès de cette reyne pendant qu'elle l'estoit encores, et, par des convenances que jusques à présent je ne sçay pas et que je ne veux pas mesme croire telles que le public les débite, il se mit intimement bien avec elle, persuada au roy, dans son dernier voyage qu'on luy fit faire tout exprès en Espagne, qu'il y avoit à tirer de grands avantages de la reyne de Suède, parceque c'estoit une personne fort extraordinaire (comme en vérité elle l'est), qu'elle avoit de grandes sommes d'argent et qu'elle avoit conservé toute sorte de crédit en Suède et en Allemagne. La suite fera voir au roy si on luy a dit vray ou non, je n'entre pas là dedans; mais, de vous à moy, six mois ne se passeront pas que S. M. ne soit désabusée et qu'elle ne cognoisse les intérests particuliers qui ont faict agir Pimentel de la sorte. Tant y a qu'il a faict que la reyne de Suède l'a demandé pour ambassadeur près de sa personne, pour l'y faire demeurer partout où elle ira avec le plus d'éclat et de prétexte.
Pour revenir à ce qui me touche, on ne peut mieux estre dans l'esprit de personne que j'estois dans celuy de la reyne de Suède, ni conserver plus de respect que j'en avois pour elle, jusques à ce que Pimentel y fust arrivé, auquel on commança à luy persuader qu'elle ne debvoit pas avoir d'amitié pour moy, et elle tesmoigna à Mr le président Viole (contre ce qu'elle avoit faict auparavant) qu'elle mettroit beaucoup de différance entre Mr l'archiduc et moy, et changea en toute chose de stile sur tout ce qui me regarde, comme j'en fus adverti. Je n'eus pas de peine à me persuader que l'on me jouoit cette pièce afin que, comme on sçait que je suis sensible sur les honneurs qui sont deubs à ma naissance, la reyne me les refusant, je me brouillasse avec elle, et que ceux qui de gayeté de cœur se brouillèrent autrefois avec moy quand je leur fis cognoistre les faultes qu'ils faisoient dans le service du roy, qui voulurent me brouiller avec Mr l'archiduc, qui me tendent mil pièges pour m'y brouiller tous les jours, qui ont empesché le prince François de Lorraine de me rendre ce qu'il me doibt, et qui consentent encores présentement à la deffance qu'il a faict aux Lorrains de me voir, quoyque j'aye tousjours laissé une liberté toute entière aux François de les visiter, voudroient encorre par le desmeslé qui naistroit (comme ils l'ont fait naistre) entre la reyne de Suède et moy, persuader en Espagne que je ne puis vivre en bonne intelligence avec personne, et par là couvrir leur mauvaise conduite envers moy, à laquelle pourtant je n'ay trouvé à dire que quand j'y ay veu le service du roy intéressé et mon parti à la veille de sa ruine. Le temps fera cognoistre au roy si j'ay eu raison de leur faire cognoistre leur faulte, et si, tant qu'on agira comme on a faict jusques à présent, nous ne serons tousjours pas malmenés, et nos ennemis communs triomphans. Pour éviter donc le piège que l'on m'avoit tendu avec la reyne de Suède, — pensant que, me laissant blesser par une notable différance qu'on luy feroit establir entre Mr l'archiduc et moy, je ne conserverois pas tout le respect que je doibs au caractère qu'elle a eu et à son sexe, et qu'ainsy, me brouillant avec elle, ils seroient parvenus à leur fin, — je despeschay Mr le président Viole à la reyne, qui jusques à l'arrivée de Pimentel luy avoit tesmoigné beaucoup de confiance et d'amitié, et luy fis dire que comme j'estois redevable à la maison de France (dont j'avois l'honneur d'estre premier prince du sang) du traictement que je recevrois d'elle, j'avois suspendu d'un demy jour l'impatience que j'avois de luy baiser les mains pour la supplier, pour une fois seulement et pour me descharger de mon obligation, de me le faire tel que je n'eusse nul subject de me plaindre d'elle, ny ma maison de moy. Elle respondit à Mr Viole que «par la mort Dieu» elle trouvoit fort estrange que je marchandasse avec elle et luy voulusse imposer des loix, qu'elle avoit résolu de me traicter fort favorablement, mais que, «par la teste Dieu», elle avoit tousjours fait une grande différance entre l'archiduc et moy, et que, si elle ne l'avoit traicté que comme un archiduc d'Austriche, elle sçavoit bien ce qu'elle avoit à faire, mais qu'elle l'avoit traicté comme s'il avoit esté fils de France ou d'Espagne; et après, revenant un peu de cest emportement, dit qu'elle escriroit à Mr le comte de Fuensaldagne et entretiendroit Mr de Pimentel pour prendre leurs advis.
A l'heure mesme, j'envoyai communiquer la lettre de Mr Viole au comte de Fuensaldagne par Mr Lenet, auquel il donna une lettre pour Pimentel, par laquelle il luy mandoit de dire à la reyne qu'elle estoit maistresse dans les estats du roy comme si elle estoit dans les siens propres pour faire ce qu'il luy plairoit, et qu'estant comme j'estois parent, allié du roy, et soubs sa protection, S. M. seroit fort aise qu'elle me donnast toute sorte de satisfaction. Je despeschay Mr Lenet en poste vers la reyne pour luy dire avec toute sorte de respect (comme il fit avec Mr Viole) que la très humble prière que je luy avois faicte n'avoit esté que par la considération de ma maison et non de ma personne, et qu'encores ne la luy aurois-je point faicte si personne avec qui j'eusse compétence ne l'avoit veue avant moy, parceque j'aurois receu tous les traictements qu'il luy auroit pleu de me faire, pourveu qu'elle ne m'eust pas distingué de ceux avec qui j'ay tousjours vescu avec égalité. Après beaucoup d'emportements de la reyne entremeslés de desplaisir de se voir en estat d'estre brouillée avec l'homme du monde qu'elle estimoit le plus (c'est ainsy qu'elle parloit de moy), ces messieurs luy remonstrèrent avec toute sorte de respect que j'estois fort aise du bon traictement qu'elle avoit faict à Mr l'archiduc, et que si elle l'avoit voulu traicter comme un infant d'Espagne ou un fils de France, je la priois de considérer que le premier prince du sang se traicte en France comme le dernier fils de France, sans différance aucune; que j'ay ma maison, mes privilèges, exemptions, et celles de mes commenceaux, comme ceux du roy et des fils de France, vérifiés à la cour des aides, deux maistrises de chaque mestier dans toutes les villes de France pour mon joyeux avènement à la dignité de premier prince du sang, mesme siège devant la reyne que Mrs les ducs d'Anjou et d'Orléans, mesme place dans son carrosse, mesme place, mesme traictement dans les parlements et dans les conseils; que Mr mon père avoit eu la place du duc de Savoye parmi les cardinaux à Rome; que nous précédons en France les cardinaux, les ducs de Savoye, de Lorraine et tous les souverains, hors les testes couronnées; que la reyne de Pologne m'avoit donné le fauteuil comme à Mr le duc d'Orléans; et sur ce que la reyne dit à ces messieurs qu'avec tout cela je ne me couvrois que peu devant Mr le duc d'Orléans, ils luy répartirent que je voulois bien luy rendre comme à mon aisné, et qui pouvoit estre mon maistre, ce que tous mes cadets me rendoient par mesme raison; et enfin la reyne, s'estant fort radoucie, renvoya Mr Lenet avec prière de me faire venir, et qu'elle me traicteroit si bien que, si je n'estois déraisonnable, j'aurois tout à faict subject de me louer d'elle. Je partis donc avec toutes les personnes de qualité qui sont dans mes intérests pour me rendre près de la reyne. Estant à my chemin, je reçois une lettre de Mr Viole, qui estoit resté à Anvers, par laquelle il me donnoit advis que la reyne estoit résolue de me recevoir hors de sa chambre, de ne me pas faire assoir parce qu'elle ne vouloit pas me donner de fauteuil, qu'elle me donneroit de l'altesse et me reconduiroit hors de son antichambre. Je vous confesse que je ne peux pas bien comprendre comme une femme qui se pique d'une si haulte philosophie, qui a quitté son royaulme, qui dit estre au dessus des loix, des opinions, des religions et des coustumes, s'advisast tout d'un coup (après avoir tant tesmoigné d'estime et d'amitié pour moy) de me piquer dans une partie aussi sensible que celle de l'honneur, sans préméditation, sans dessein et sans concert. De manière que, pour ne pas tomber dans le piège que je creus qu'on me dressoit, je renvoyay Mr Lenet en poste prier la reyne de trouver bon que je la surprisse à la comédie, pour éviter la peine de me venir recevoir en la rue, et que, mon carrosse se trouvant dans la cour près de la salle où jouoient les comédiens, elle éviteroit aussi de me conduire hors de sa maison. Sur quoy ayant demandé à Mr Lenet comme je me asseyrois, il luy respondit qu'il croioit qu'elle me feroit l'honneur de me donner un fauteuil par toutes les raisons qu'on luy avoit dit la veille. Sur quoy la reyne, s'estant mis[e] dans une grande colère, luy dit que «par la mort Dieu» elle n'en feroit rien.
Cependant j'arrivay à Anvers sans que rien fust ajusté. Messieurs Lenet et Viole firent cinq ou six voyages vers la reyne de Suède pour la disposer à me donner la satisfaction que j'avois raison de demander; elle sembloit s'y porter de temps à autre; mais comme elle alloit consulter Mr Pimentel, qui estoit chés elle, elle changeoit à tous moments. Enfin comme je me disposois à revenir à Bruxelles sans luy rendre aucuns debvoirs que de luy envoyer toute la noblesse françoise, afin de faire dores en avant par le respect du roy ce que je voulois faire auparavant par inclination, c'est à dire de bien vivre avec elle, je luy fis proposer par ces messieurs, qu'attendant qu'elle fust informée de ce qui est deub au premier prince du sang de France, pour luy tesmoigner que je ne cherchois qu'à estre de ses amis et à contribuer ce qui dépendroit de moy aux festes que le roy lui faisoit préparer, je la priois de trouver bon que je la visse incognito, comme il arrive souvent dans de pareilles contestations. Elle me le refusa d'abord, disant que «par la teste Dieu» elle ne se desdisoit jamais de ce qu'elle avoit résolu; et enfin, à force de supplication et de prières que la considération du roy me fit luy faire, elle me permit de la voir dans la presse de toute ma suitte, ce que je fis avec toute la gayeté qui me fut possible, aussy bien que le lendemain matin elle parut tout à fait satisfaite de ma façon d'agir avec elle; elle m'envoya son maistre d'hostel pour me visiter de sa part, me dire qu'elle estoit au désespoir que je n'eusse pas subject de me louer d'elle, qu'elle s'informeroit de tout ce que je luy avois faict dire, et me feroit tout le traictement qui m'estoit deub, et me demanderoit pardon de ne l'avoir pas fait plus tost. Elle envoya quérir ensuitte Mr de Guitaut, à qui elle répéta les mesmes choses et y en adjousta encores de plus obligeantes. Elle me pria d'aller à la comédie ce soir là; j'y consentis par les mesmes raisons du jour précédent, à condition que je serois dans la presse des gentilhommes qui estoient là, sans aucune distinction; cela fust fait ainsy; après la comédie je la remerciay dans la chambre, où elle me confirma tout ce qu'elle m'avoit faict dire par Guitaut; puis je pris congé d'elle et revins le lendemain à Bruxelles, où dès le soir je donnay part au comte par M. Lenet de tout ce que dessus et le chargeay de luy dire que j'avois esté deux jours à Anvers sans avoir apris que Mr de Pimentel y estoit que par la conduitte de la reyne de Suède, que tout le monde me disoit luy estre suggérée par luy. Le comte tesmoigna à M. Lenet qu'il s'emploiroit volontiers pour me faire avoir satisfaction de la reyne, et qu'il s'estonnoit de ce que Pimentel ne m'avoit rendu ses debvoirs, à moins que ce fust pour n'avoir pas sceu quel traictement je luy ferois en qualité d'ambassadeur. Mr Lenet luy répartit que je ne le cognoissois pas comme tel, que c'estoit à luy à me faire cognoistre par des lettres du roy sa qualité et les intentions de S. M., auxquelles je sçaurois bien me conformer.
Le lendemain Mr de Fuensaldagne alla à Anvers prier la reyne de venir faire son entrée à Bruxelles. Mr Lenet y alla avec luy sans en rapporter autre chose sinon que la reine s'informeroit de la justice de mes prétentions et me satisferoit. Au retour du comte, je fus le voir, luy donner part de toute ma conduite envers la reyne, et de la raison du service du roy qui me l'avoit faict avoir si modérée après un tel changement de sa part. Le comte me tesmoigna l'approuver; et luy ayant demandé son advis pour l'avenir, ne voulant rien faire que de concert avec luy aux choses ou le roy peut s'intéresser, il me dit qu'il me conseilloit de la voir à son arrivée en cette ville une fois seulement incognito, comme j'avois faict à Anvers, et qu'après je cessasse jusques à ce qu'elle se fust informée et m'eust donné toute satisfaction...
J'envoyay encores Mr Lenet pour sçavoir l'intention de la reyne par la bouche de Mr le comte de Fuensaldagne, ne voulant pas passer par le ministère de Pimentel, qui ne me voit point; et l'estant allé chercher au palais, la reyne, appercevant Mr Lenet, l'appela. J'oubliois à vous dire que le veille le duc François, après avoir longuement concerté avec la reyne, en fut receu de cette manière: elle sortit deux chambres au devant de luy, le reconduisit de mesme et l'entretint debout et couvert dans sa chambre. — De sorte que la reyne me fit l'honneur de proposer à Mr Lenet qu'elle estoit preste à me traicter comme elle avoit faicte Mr le prince François, qui est à peu près comme elle traicte Mr le duc d'Arscot ou Mr de Castelmore (Baas); car pour Mr de Pimentel, elle le faict assoir et s'enferme environ dix heures du jour avec luy; il l'accompagne à la promenade, à la comédie, et partout avec une familiarité qui faict desjà pester icy contre l'un et l'autre, tant par la jalousie de ceux qui cognoissent Pimentel et les raisons secrètes qui font faire cette comédie (et que le roy et Mr don Louis ignorent assurément) que par leur conduitte particulière; tout cela ne me touchant en rien, je continuray à vous dire que je me sentis piqué au dernier point de ce que la reyne de Suède, despouillée de ses estats, offroit de traicter le premier prince du sang de France comme le roy d'Espagne traicteroit un simple duc et pair, ou, pour comble d'honneur, comme le duc François, cadet de la maison de Loraine, auquel je ne donnerois pas la porte chés moy, comme vous sçavés que je ne la donne à pas un prince estranger.
J'allay trouver le comte de Fuensaldagne... Je dis ce que je creus debvoir dire sur le changement de l'esprit de la reyne pour moy, sur sa maison et sur la mienne, sur la royauté imaginaire, sur sa conduitte ridicule, et sur tout ce que l'on disoit de celle de Pimentel, afin que le comte mist ordre à toute chose. J'adjoustay mon desplaisir de ce que je voyois qu'on me faisoit copier le prince François en toute chose, qu'on me l'objectoit en tous rencontres, qu'on ne s'estoit pas contenté de souffrir que dans les estats du roy il ne me rendist pas ce qu'il me rendroit en France quand il seroit le vray duc de Loraine, en possession de ses estats, et comme j'avois tousjours offert de le traicter et offrois encores par la seule considération qu'on m'a dit qu'il est de la convenance du roy, pourveu qu'on l'obligeast à faire ce qu'il doibt envers moy, mais qu'on avoit encores voulu de gayeté de cœur me faire perdre Stenay et Clermont en souffrant qu'il refusast de les secourir, que depuis deux jours il avoit défendu à ses gens de me voir, et qu'enfin, estant venu dans les intérests du roy avec les establissements tels que je les avois, je n'ay pas seulement le desplaisir de me voir réduit où je suis, mais encores celuy de voir qu'on vient diminuer ce qui est deub à ma naissance, et j'ose dire à ma personne et aux services que j'ay rendus; et je ne peus me tenir de dire au comte que l'affaire d'Arras et la désertion d'une partie des trouppes du prince François, qui se sont allées rendre en France depuis dix jours, faict bien voir qui sert le roy plus utilement; et il fault que je voye venir tous les jours ces gens despouillés comblés de bien et de grandeur, pendant que j'expose ma vie et celle de mes amis, comme je feray fort constamment jusques au bout pour le service du roy!
Il me reste à vous dire que le comte me respondit fort civilement, approuva mes plaintes, me promit de s'employer pour en faire cesser le subject; et voilà l'estat où nous en sommes, duquel je vous confesse que je suis oultré de douleur, et contre la reyne de Suède et contre le prince François; je ne parle pas si on le leur faict faire ou non; il me suffit que Mr le comte de Fuensaldagne m'aye affirmé que les ministres du roy n'y ont point eu part pour ne souffrir pas des injures aussi touchantes que celles là.
With modernised spelling:
Vous savez que depuis dix ans la reine de Suède m'avait témoigné beaucoup d'estime et d'amitié par ses lettres et par ce qu'elle disait de moi; j'y avais répondu avec beaucoup de respect en tous les rencontres qui s'étaient présentés; elle a continué de me traiter comme son ami particulier dans le temps de son abdication, dont elle me donna part et voulut même bien m'en demander mon approbation comme du seul homme du monde dont elle se serait fâchée de ne l'avoir pas. C'est ainsi qu'elle parlait dans une fort obligeante lettre qu'elle m'écrivit sur ce sujet. Depuis elle me fit savoir par une autre dépêche son arrivée en ce pays, où elle se rendit à l'Aigle d'Or à Anvers, en habit d'homme et sans femme à sa suite. Elle fit divers voyages par ces provinces en même équipage jusqu'à qu'elle se fût tout à fait arrêtée à Anvers, où, à l'heure-même que le comte de Buquoy lui eût été faire les compliments du roi et ceux de Monsieur l'archiduc, je lui dépêchai Monsieur de Guitaut pour lui rendre mes devoirs publics, comme je l'avais fait en particulier par Monsieur Viole, qui luy rendit mes lettres.
Je lui dépêchai depuis Monsieur Lenet lorsque Monsieur le comte de Fuensaldaña la fut voir; j'établis La Peyrère de résidence ordinaire auprès d'elle; ma femme n'omit rien de ce qu'elle lui devait; aussi toutes les actions et toutes les paroles de cette reine ne témoignaient-elles qu'une estime non pareille pour moi, une impatience extraordinaire de me voir. Elle ne parlait de moi qu'avec des emportements qui me faisaient honte et ne se proposait de plaisirs en ce pays que pour les partager avec moi. Enfin, vous ne sauriez vous imaginer à quel point elle témoignait être mon amie.
Je ne sais si je ne vous ai pas mandé que, peu de temps après son établissement à Anvers, elle manda Monsieur Chanut, ambassadeur de France en Hollande, avec lequel elle avait conservé une grande correspondance, et lui proposa de s'entremettre pour la paix entre les deux Couronnes et pour la mienne particulière. Elle dépêcha au comte de Fuensaldaña et à moi pour nous demander notre consentement; je lui répondis (comme vous savez que j'ai fait en pareils rencontres) que je n'aurais jamais de traité ni de négociation que par le roi et avec lui, ainsi que je me remettais à ce que le comte lui répondrait, qui fut que fort volontiers Sa Majesté lui remettrait ses intérêts si du côté de France on voulait en user de même.
Cette proposition, que je croyais secrète entre vous et nous, fut divulgée par elle et lui attira une lettre de l'ambassadeur Chanut, dont je vous envoie copie. Les peuples et surtout les religieux commencèrent à semer des bruits contre cette proposition de paix, disant que jamais Dieu ne la servirait, tant qu'une reine qui ne connaissait point de dieux ni de religion, qui n'avait seulement pas un ministre de la sienne à sa suite, qui professait et prêchait publiquement l'athéisme, qui n'avait que des discours libertins dans la bouche, et qui autorisait même en public les vices de toutes les nations et de tous les sexes, et qui ne disait pas une parole qui ne fut mêlée d'un blasphème, s'en mêlerait. La mauvaise réputation en laquelle elle se mettait (quoique, comme vous savez, je ne sois pas scrupuleux) me faisait peine, parce que j'étais tout à fait dans ses intérêts et que j'aimais sa personne. Je vous confesse que je mourais d'impatience de la voir et que je me préparais mille divertissements de mon côté avec elle, comme elle faisait du sien avec moi; et si l'honneur m'eut pu permettre de quitter l'armée avant qu'elle eût été établie en quartiers, j'aurais été à toute bride lui rendre mes devoirs.
Monsieur l'archiduc la visita au mois de septembre; elle fut le recevoir au milieu de la rue à la sortie de son carrosse, le reconduisit de même, lui donna une chaise égale à la sienne, dans laquelle il lui parla couvert. Chacun fut étonné de ce traitement, et, quoiqu'on n'en puisse faire un assez grand à une personne d'une aussi haute naissance que Monsieur l'archiduc, on croyait que le cérémonial pouvait en faire retrancher quelque chose et à Monsieur l'archiduc et à moi, qu'elle témoignait vouloir traiter de même.
Il faut que vous sachiez encore, pour l'intelligence de toute cette affaire, que don Antoine Pimentel fut envoyé en qualité de résident auprès de cette reine pendant qu'elle l'était encore, et, par des convenances que jusqu'à présent je ne sais pas et que je ne veux pas même croire telles que le public les débite, il se mit intimement bien avec elle, persuada au roi dans son dernier voyage qu'on lui fit faire tout exprès en Espagne, qu'il y avait à tirer de grands avantages de la reine de Suède, parce que c'était une personne fort extraordinaire (comme en vérité elle l'est), qu'elle avait de grandes sommes d'argent et qu'elle avait conservé toute sorte de crédit en Suède et en Allemagne.
La suite fera voir au roi si on lui a dit vrai ou non, je n'entre pas là dedans; mais, de vous à moi, six mois ne se passeront pas que Sa Majesté ne soit désabusée et qu'elle ne connaisse les intérêts particuliers qui ont fait agir Pimentel de la sorte. Tant y a qu'il a fait que la reine de Suède l'a demandé pour ambassadeur près de sa personne, pour l'y faire demeurer partout où elle ira avec le plus d'éclat et de prétexte.
Pour revenir à ce qui me touche, on ne peut mieux être dans l'esprit de personne que j'étais dans celui de la reine de Suède, ni conserver plus de respect que j'en avais pour elle, jusqu'à ce que Pimentel y fût arrivé, auquel on commença à lui persuader qu'elle ne devait pas avoir d'amitié pour moi, et elle témoigna à Monsieur le président Viole (contre ce qu'elle avait fait auparavant) qu'elle mettrait beaucoup de différence entre Monsieur l'archiduc et moi et changea en toute chose de style sur tout ce qui me regarde, comme j'en fus averti.
Je n'eus pas de peine à me persuader que l'on me jouait cette pièce afin que, comme on sait que je suis sensible sur les honneurs qui sont dus à ma naissance, la reine me les refusant, je me brouillasse avec elle, et que ceux qui de gaieté de cœur se brouillèrent autrefois avec moi quand je leur fis connaître les fautes qu'ils faisaient dans le service du Roi, qui voulurent me brouiller avec Monsieur l'archiduc, qui me tendent mille pièges pour m'y brouiller tous les jours, qui ont empêché le prince François de Lorraine de me rendre ce qu'il me doit, et qui consentent encore présentement à la défence qu'il a fait aux Lorrains de me voir, quoique j'aie toujours laissé une liberté toute entière aux Français de les visiter, voudraient encorre par le démêlé qui naîtrait (comme ils l'ont fait naître) entre la reine de Suède et moi, persuader en Espagne que je ne puis vivre en bonne intelligence avec personne, et par là couvrir leur mauvaise conduite envers moi, à laquelle pourtant je n'ai trouvé à dire que quand j'y ai vu le service du Roi intéressé et mon parti à la veille de sa ruine.
Le temps fera connaître au roi si j'ai eu raison de leur faire connaître leur faute, et si, tant qu'on agira comme on a fait jusqu'à présent, nous ne serons toujours pas malmenés, et nos ennemis communs triomphants.
Pour éviter donc le piège que l'on m'avait tendu avec la reine de Suède, — pensant que, me laissant blesser par une notable différence qu'on lui ferait établir entre Monsieur l'archiduc et moi, je ne conserverais pas tout le respect que je dois au caractère qu'elle a eu et à son sexe, et qu'ainsi, me brouillant avec elle, ils seraient parvenus à leur fin, — je dépêchai Monsieur le président Viole à la reine, qui jusqu'à l'arrivée de Pimentel lui avait témoigné beaucoup de confiance et d'amitié, et lui fis dire que comme j'étais redevable à la Maison de France (dont j'avais l'honneur d'être premier prince du sang) du traitement que je recevrais d'elle, j'avais suspendu d'un demi-jour l'impatience que j'avais de lui baiser les mains pour la supplier, pour une fois seulement et pour me décharger de mon obligation, de me le faire tel que je n'eusse nul sujet de me plaindre d'elle, ni ma maison de moi.
Elle répondit à Monsieur Viole que «par la mort Dieu» elle trouvait fort étrange que je marchandasse avec elle et lui voulusse imposer des lois, qu'elle avait résolu de me traiter fort favorablement, mais que, «par la tête Dieu», elle avait toujours fait une grande différence entre l'archiduc et moi, et que, si elle ne l'avait traité que comme un archiduc d'Autriche, elle savait bien ce qu'elle avait à faire, mais qu'elle l'avait traité comme s'il avait été fils de France ou d'Espagne; et après, revenant un peu de cet emportement, dit qu'elle écrirait à Monsieur le comte de Fuensaldaña et entretiendrait Monsieur de Pimentel pour prendre leurs avis.
A l'heure même, j'envoyai communiquer la lettre de Monsieur Viole au comte de Fuensaldaña par Monsieur Lenet, auquel il donna une lettre pour Pimentel, par laquelle il lui mandait de dire à la reine qu'elle était maîtresse dans les états du Roi comme si elle était dans les siens propres pour faire ce qu'il lui plairait, et qu'étant comme j'étais parent, allié du roi, et sous sa protection, Sa Majesté serait fort aise qu'elle me donnât toute sorte de satisfaction.
Je dépêchai Monsieur Lenet en poste vers la reine pour lui dire avec toute sorte de respect (comme il fit avec Monsieur Viole) que la très humble prière que je lui avais faite n'avait été que par la considération de ma maison et non de ma personne, et qu'encore ne la lui aurais-je point faite si personne avec qui j'eusse compétence ne l'avait vue avant moi, parce que j'aurais reçu tous les traitements qu'il lui aurait plu de me faire, pourvu qu'elle ne m'eût pas distingué de ceux avec qui j'ai toujours vécu avec égalité.
Après beaucoup d'emportements de la reine entremêlés de déplaisir de se voir en état d'être brouillée avec l'homme du monde qu'elle estimait le plus (c'est ainsi qu'elle parlait de moi), ces messieurs lui remontrèrent avec toute sorte de respect que j'étais fort aise du bon traitement qu'elle avait fait à Monsieur l'archiduc, et que si elle l'avait voulu traiter comme un infant d'Espagne ou un fils de France, je la priais de considérer que le premier prince du sang se traite en France comme le dernier fils de France, sans différence aucune; que j'ai ma maison, mes privilèges, exemptions, et celles de mes commenceaux, comme ceux du roi et des fils de France, vérifiés à la Cour des aides, deux maîtrises de chaque métier dans toutes les villes de France pour mon joyeux avènement à la dignité de premier prince du sang, même siège devant la reine que Messieurs les ducs d'Anjou et d'Orléans, même place dans son carrosse, même place, même traitement dans les parlements et dans les conseils.
Que Monsieur mon père avait eu la place du duc de Savoie parmi les cardinaux à Rome; que nous précédons en France les cardinaux, les ducs de Savoie, de Lorraine et tous les souverains, hors les têtes couronnées; que la reine de Pologne m'avait donné le fauteuil comme à Monsieur le duc d'Orléans; et sur ce que la reine dit à ces messieurs qu'avec tout cela je ne me couvrais que peu devant Monsieur le duc d'Orléans, ils lui répartirent que je voulais bien lui rendre comme à mon aîné, et qui pouvait être mon maître, ce que tous mes cadets me rendaient par même raison; et enfin la reine, s'étant fort radoucie, renvoya Monsieur Lenet avec prière de me faire venir, et qu'elle me traiterait si bien que, si je n'étais déraisonnable, j'aurais tout à fait sujet de me louer d'elle.
Je partis donc avec toutes les personnes de qualité qui sont dans mes intérêts pour me rendre près de la reine. Étant à mi-chemin, je reçois une lettre de Monsieur Viole, qui était resté à Anvers, par laquelle il me donnait avis que la reine était résolue de me recevoir hors de sa chambre, de ne me pas faire asseoir parce qu'elle ne voulait pas me donner de fauteuil, qu'elle me donnerait de l'Altesse et me reconduirait hors de son antichambre. Je vous confesse que je ne peux pas bien comprendre comme une femme qui se pique d'une si haute philosophie, qui a quitté son royaume, qui dit être au-dessus des lois, des opinions, des religions et des coutumes, s'avisât tout d'un coup (après avoir tant témoigné d'estime et d'amitié pour moi) de me piquer dans une partie aussi sensible que celle de l'honneur, sans préméditation, sans dessein et sans concert. De manière que, pour ne pas tomber dans le piège que je crus qu'on me dressait, je renvoyai Monsieur Lenet en poste prier la reine de trouver bon que je la surprisse à la comédie, pour éviter la peine de me venir recevoir en la rue, et que, mon carrosse se trouvant dans la Cour près de la salle où jouaient les comédiens, elle éviterait aussi de me conduire hors de sa maison.
Sur quoi, ayant demandé à Monsieur Lenet comme je me assoirais, il lui répondit qu'il croyait qu'elle me ferait l'honneur de me donner un fauteuil par toutes les raisons qu'on lui avait dit la veille. Sur quoi la reine, s'étant mis[e] dans une grande colère, lui dit que «par la mort Dieu» elle n'en ferait rien.
Cependant j'arrivai à Anvers sans que rien fut ajusté. Messieurs Lenet et Viole firent cinq ou six voyages vers la reine de Suède pour la disposer à me donner la satisfaction que j'avais raison de demander; elle semblait s'y porter de temps à autre, mais comme elle allait consulter Monsieur Pimentel, qui était chez elle, elle changeait à tous moments.
Enfin, comme je me disposais à revenir à Bruxelles sans lui rendre aucuns devoirs que de lui envoyer toute la noblesse française, afin de faire dorénavant par le respect du roi ce que je voulais faire auparavant par inclination, c'est à dire de bien vivre avec elle, je lui fis proposer par ces messieurs, qu'attendant qu'elle fût informée de ce qui est dû au premier prince du sang de France, pour lui témoigner que je ne cherchais qu'à être de ses amis et à contribuer ce qui dépendrait de moi aux fêtes que le roi lui faisait préparer, je la priais de trouver bon que je la visse incognito, comme il arrive souvent dans de pareilles contestations.
Elle me le refusa d'abord, disant que «par la tête Dieu» elle ne se dédisait jamais de ce qu'elle avait résolu; et enfin, à force de supplication et de prières que la considération du roi me fit lui faire, elle me permit de la voir dans la presse de toute ma suite, ce que je fis avec toute la gaieté qui me fut possible, aussi bien que le lendemain matin elle parut tout à fait satisfaite de ma façon d'agir avec elle. Elle m'envoya son maître d'hôtel pour me visiter de sa part, me dire qu'elle était au désespoir que je n'eusse pas sujet de me louer d'elle, qu'elle s'informerait de tout ce que je lui avais fait dire, et me ferait tout le traitement qui m'était dû, et me demanderait pardon de ne l'avoir pas fait plus tôt.
Elle envoya quérir ensuite Monsieur de Guitaut, à qui elle répéta les mêmes choses et y en ajouta encores de plus obligeantes. Elle me pria d'aller à la comédie ce soir là; j'y consentis par les mêmes raisons du jour précédent, à condition que je serais dans la presse des gentilhommes qui étaient là, sans aucune distinction; cela fut fait ainsi. Après la comédie, je la remerciai dans la chambre, où elle me confirma tout ce qu'elle m'avait fait dire par Guitaut; puis je pris congé d'elle et revins le lendemain à Bruxelles, où dès le soir je donnai part au comte par M. Lenet de tout ce que dessus et le chargeai de lui dire que j'avais été deux jours à Anvers sans avoir appris que Monsieur de Pimentel y était que par la conduite de la reine de Suède, que tout le monde me disait lui être suggérée par lui.
Le comte témoigna à M. Lenet qu'il s'emploierait volontiers pour me faire avoir satisfaction de la reine, et qu'il s'étonnait de ce que Pimentel ne m'avait rendu ses devoirs, à moins que ce fût pour n'avoir pas su quel traitement je lui ferais en qualité d'ambassadeur. Monsieur Lenet lui répartit que je ne le connaissais pas comme tel, que c'était à lui à me faire connaître par des lettres du roi sa qualité et les intentions de Sa Majesté, auxquelles je saurais bien me conformer.
Le lendemain Monsieur de Fuensaldaña alla à Anvers prier la reine de venir faire son entrée à Bruxelles. Monsieur Lenet y alla avec lui sans en rapporter autre chose sinon que la reine s'informerait de la justice de mes prétentions et me satisferait. Au retour du comte, je fus le voir, lui donner part de toute ma conduite envers la reine, et de la raison du service du Roi qui me l'avait fait avoir si modérée après un tel changement de sa part. Le comte me témoigna l'approuver; et lui ayant demandé son avis pour l'avenir, ne voulant rien faire que de concert avec lui aux choses ou le roi peut s'intéresser, il me dit qu'il me conseillait de la voir à son arrivée en cette ville une fois seulement incognito, comme j'avais fait à Anvers, et qu'après je cessasse jusqu'à ce qu'elle se fût informée et m'eût donné toute satisfaction...
J'envoyai encore Monsieur Lenet pour savoir l'intention de la reine par la bouche de Monsieur le comte de Fuensaldaña, ne voulant pas passer par le ministère de Pimentel, qui ne me voit point; et l'étant allé chercher au palais, la reine, apercevant Monsieur Lenet, l'appela. J'oubliais à vous dire que le veille le duc François, après avoir longuement concerté avec la reine, en fut reçu de cette manière; elle sortit deux chambres au devant de lui, le reconduisit de même et l'entretint debout et couvert dans sa chambre. — De sorte que la reine me fit l'honneur de proposer à Monsieur Lenet qu'elle était prête à me traiter comme elle avait faite Monsieur le prince François, qui est à peu près comme elle traite Monsieur le duc d'Aerschot ou Monsieur de Castelmore (Baas); car pour Monsieur de Pimentel, elle le fait asseoir et s'enferme environ dix heures du jour avec lui; il l'accompagne à la promenade, à la comédie, et partout avec une familiarité qui fait déjà pester ici contre l'un et l'autre, tant par la jalousie de ceux qui connaissent Pimentel et les raisons secrètes qui font faire cette comédie (et que le roi et Monsieur Don Louis ignorent assurément) que par leur conduite particulière.
Tout cela ne me touchant en rien, je continuerai à vous dire que je me sentis piqué au dernier point de ce que la reine de Suède, dépouillée de ses états, offrait de traiter le premier prince du sang de France comme le roi d'Espagne traiterait un simple duc et pair, ou, pour comble d'honneur, comme le duc François, cadet de la maison de Lorraine, auquel je ne donnerais pas la porte chez moi, comme vous savez que je ne la donne à pas un prince étranger.
J'allai trouver le comte de Fuensaldaña... Je dis ce que je crus devoir dire sur le changement de l'esprit de la reine pour moi, sur sa maison et sur la mienne, sur la royauté imaginaire, sur sa conduite ridicule, et sur tout ce que l'on disait de celle de Pimentel, afin que le comte mît ordre à toute chose. J'ajoutai mon déplaisir de ce que je voyais qu'on me faisait copier le prince François en toute chose, qu'on me l'objectait en tous rencontres, qu'on ne s'était pas contenté de souffrir que dans les états du Roi il ne me rendît pas ce qu'il me rendrait en France quand il serait le vrai duc de Lorraine, en possession de ses états, et comme j'avais toujours offert de le traiter et offrais encores par la seule considération qu'on m'a dit qu'il est de la convenance du roi, pourvu qu'on l'obligeât à faire ce qu'il doit envers moi, mais qu'on avait encore voulu de gaieté de cœur me faire perdre Stenay et Clermont en souffrant qu'il refusât de les secourir, que depuis deux jours il avait défendu à ses gens de me voir, et qu'enfin, étant venu dans les intérêts du Roi avec les établissements tels que je les avais, je n'ai pas seulement le déplaisir de me voir réduit où je suis, mais encores celui de voir qu'on vient diminuer ce qui est dû à ma naissance, et j'ose dire à ma personne et aux services que j'ay rendus.
Et je ne pus me tenir de dire au comte que l'affaire d'Arras et la désertion d'une partie des troupes du prince François, qui se sont allées rendre en France depuis dix jours, fait bien voir qui sert le Roi plus utilement; et il faut que je voie venir tous les jours ces gens dépouillés comblés de bien et de grandeur, pendant que j'expose ma vie et celle de mes amis, comme je ferai fort constamment jusqu'au bout pour le service du Roi!
Il me reste à vous dire que le comte me répondit fort civilement, approuva mes plaintes, me promit de s'employer pour en faire cesser le sujet; et voilà l'état où nous en sommes, duquel je vous confesse que je suis outré de douleur, et contre la reine de Suède et contre le prince François. Je ne parle pas si on le leur fait faire ou non, il me suffit que Monsieur le comte de Fuensaldaña m'ait affirmé que les ministres du Roi n'y ont point eu part pour ne souffrir pas des injures aussi touchantes que celles-là.
Swedish translation (my own):
Ni vet att drottningen av Sverige i tio år hade visat mig mycket aktning och vänskap genom sina brev och genom vad hon sagt om mig; jag hade svarat henne med stor respekt i alla rencontres som hade uppstått. Hon fortsatte att behandla mig som sin speciella vän under tiden för sin abdikering, vilket hon informerade mig om och till och med ville be om mitt godkännande av det, ty jag var den ende mannen i världen som hon skulle ha varit arg på över att inte ha det. Så talade hon i ett mycket tillmötesgående brev som hon skrev till mig om detta ämne. Sedan dess informerade hon mig genom ett annat depesch om sin ankomst till detta land, där hon reste till L'Aigle d'Or i Antwerpen, i manskläder och utan att en kvinna följde efter henne. Hon gjorde olika resor genom dessa provinser med samma utrustning tills hon stannade helt i Antwerpen, dit jag, i samma ögonblick som greven av Buquoy hade kommit för att ge henne konungens och ärkehertigens komplimanger, skickade monsieur de Guitaut till henne för att offentliggöra mina plikter, vilket jag särskilt hade gjort genom monsieur Viole, som returnerade mina brev till henne.
Jag sände sedan monsieur Lenet till henne när greven av Fuensaldaña kom för att se henne; jag etablerade La Peyrère som ordinarie bostad hos henne; min hustru utelämnade ingenting av vad hon var skyldig henne, så alla handlingar och alla ord från denna drottning visade bara en oöverträffad aktning för mig och en utomordentlig otålighet att se mig. Hon talade bara om mig med utbrott som fick mig att skämmas och föreslog nöjen i det här landet bara för att dela dem med mig. Enfin, Ni kan inte föreställa Er i vilken utsträckning hon betygade att vara min vän.
Jag vet inte om jag inte berättade att hon kort efter hennes etablissemang i Antwerpen skickade bud efter monsieur Chanut, Frankrikes ambassadör i Holland, med vilken hon hade fört en stor korrespondens och erbjöd sig att medla för freden mellan de två Kronorna och för min i synnerhet. Hon depescherade till greven av Fuensaldaña och till mig för att be om vårt samtycke; jag svarade henne (som Ni vet jag gjorde i sådana rencontres) att jag aldrig skulle ha något fördrag eller förhandling utom genom konungen och med honom, så jag litade på vad greven skulle svara henne, vilket var att Hennes Majestät mycket gärna skulle lämna över hennes intressen till honom om de på den franska sidan skulle vilja göra detsamma.
Detta förslag, som jag trodde var hemligt mellan Er och oss, avslöjades av henne och lockade till sig ett brev från ambassadör Chanut, en kopia av vilket jag skickar Er. Folket, och särskilt munkarna, började så rykten mot detta fredsförslag och sade att Gud aldrig skulle tjäna det så länge som en drottning som varken kände gudar eller religion, som inte ens hade en egen predikant i sin svit, som offentligt bekände och predikade ateism, som bara hade libertina tal i sin mun, och som till och med offentligt godkände alla nationers och alla köns laster, och som inte sade något ord som inte var blandat med hädelse, skulle vara inblandad. Det dåliga ryktet hon gav sig själv (även om jag, som Ni vet, inte är noggrann) plågade mig, ty jag var helt i hennes intressen och jag älskade hennes person. Jag erkänner för Er att jag höll på att dö av otålighet att se henne och att jag förberedde tusentals egna underhållningar med henne, som hon gjorde sina med mig; och om hedern kunde ha tillåtit mig att lämna armén innan den hade upprättats i kvarter, skulle jag ha varit i full fart med att ge henne mina plikter.
Ärkehertigen besökte henne i september; hon gick för att ta emot honom mitt på vägen när han steg ur sin vagn, tog honom tillbaka på samma sätt, och hon gav honom en stol lika med hennes egen, i vilken han talade till henne täckt. Alla var förvånade över denna behandling, och även om man inte kunde ge en tillräckligt stor behandling till en person av så hög börd som ärkehertigen, trodde man att ceremonien kunde ta bort något från den och till ärkehertigen och mig, som hon betygade att hon ville bli behandlad på samma sätt.
Ni måste också veta, för att förstå hela denna affär, att don Antonio Pimentel sändes som resident till denna drottning medan hon fortfarande var där, och av bekvämligheter som jag hittills inte vet och jag inte ens vill tro, som allmänheten säger till dem, att han kom på intima villkor med henne, övertygade konungen på sin sista resa att han var tvungen att åka till Spanien med avsikt, vilket var stora fördelar att få från drottningen av Sverige, eftersom hon var en mycket extraordinär människa (som hon i sanning är), för att hon hade stora summor pengar och för att hon hade behållit alla slags krediter i Sverige och Tyskland.
Det som följer kommer att visa konungen om han fick veta sanningen eller inte, det skall jag inte gå in på; men mellan Er och mig kommer det inte att gå sex månader utan att Hans Majestät blir desillusionerad och känner till de särskilda intressen som fick Pimentel att agera på detta sätt. Så mycket att Sveriges drottning bad om honom som en ambassadör nära sin person, för att få honom att stanna där vart hon än går med mest prakt och pretext.
För att återvända till det som berör mig, så kan man inte vara bättre i någons sinne än jag var i Sveriges drottning, och inte heller behålla mer respekt än jag hade för henne, förrän Pimentel hade kommit, varvid vi började övertala henne att hon skulle inte ha någon vänskap för mig, och hon betygade president Viole (mot vad hon hade gjort tidigare) att hon skulle göra stor skillnad mellan ärkehertigen och jag, och hon ändrade sin stil i allt som berör mig, som jag varnades.
Jag hade inga svårigheter att övertyga mig själv om att den här pjäsen spelades för mig så att jag, eftersom man vet att jag är lyhörd för utmärkelserna på grund av min födelse, då drottningen vägrade mig dem, skulle falla ut med henne, och att de som av glädje i hjärtat en gång grälade med mig när jag gjorde dem kända för dem de misstag de gjorde i Konungens tjänst, som ville att jag skulle gräla med ärkehertigen, som satte ut tusen fällor för mig att gräla med dem varje dag, som hindrade prins François av Lothringen från att ge mig tillbaka vad han är skyldig mig, och som fortfarande samtycker nu till det förbud han gav lothringarna att träffa mig, även om jag alltid har lämnat fullständig frihet helt öppen för fransmännen att besöka dem, skulle ändå vilja, genom den tvist som skulle uppstå (såsom de låtit den uppstå) mellan Sveriges drottning och mig, övertyga Spanien om att jag inte kan leva på god fot med någon, och de skulle därigenom täcka deras dåliga uppförande mot mig, vilket jag dock endast fann att säga, när jag såg Konungens och mitt partis tjänst på tröskeln till dess undergång.
Tiden kommer att visa konungen om jag gjorde rätt i att göra dem medvetna om deras fel, och om vi, så länge man agerar som man har gjort hittills, ändå inte kommer att bli illa behandlade och våra gemensamma fiender segrar.
För att undvika den fälla som hade satts för mig med Sveriges drottning, — med tanke på att jag, genom att låta mig såras av en anmärkningsvärd skillnad som man skulle få henne att upprätta mellan ärkehertigen och mig, inte skulle bevara all respekt som jag var den karaktär hon hade och hennes kön skyldig, och att de sålunda, genom att gräla med henne, skulle ha nått sitt syfte, — sände jag president Viole till drottningen, som fram till Pimentels ankomst hade visat honom mycket förtroende och vänskap, och fick honom att säga att eftersom jag var skyldig Frankrikes hus (av vilket jag hade äran att vara den första prinsen av blodet) för den behandling som jag skulle få av henne, hade jag uppehållit otåligheten i en halv dag var förpliktad att kyssa hennes händer för att be henne för en gångs skull och för att befria mig från min skyldighet, att göra det mot mig eftersom jag inte skulle ha någon anledning att klaga på henne och inte heller mitt hus över mig.
Hon svarade monsieur Viole att hon, »vid Guds död«, tyckte att det var väldigt konstigt att jag förhandlade med henne och ville påtvinga henne lagar, att hon hade bestämt sig för att behandla mig mycket gynnsamt, men att »vid Guds huvud«, hon hade alltid gjort stor skillnad mellan ärkehertigen och mig, och att om hon bara hade behandlat honom som en ärkehertig av Österrike, visste hon väl vad hon hade att göra, men att hon hade behandlat honom som om han hade varit en son till Frankrike eller Spanien; och efteråt, när hon kom tillbaka lite från detta utbrott, sade hon att hon skulle skriva till greven av Fuensaldaña och tala med herr Pimentel för att få deras råd.
Samtidigt skickade jag brevet från monsieur Viole till greven av Fuensaldaña genom monsieur Lenet, till vilken han gav ett brev för Pimentel, genom vilket han sa åt honom att berätta för drottningen att hon var älskarinna i konungens stater som om hon var i sina egna för att göra vad hon ville, och att eftersom jag var en släkting och bundsförvant till konungen och under hans beskydd, skulle Hennes Majestät bli mycket glad om hon gav mig all slags tillfredsställelse.
Jag skickade monsieur Lenet en poste till drottningen för att berätta för henne med all slags respekt (som han gjorde med monsieur Viole) att den mycket ödmjuka bön som jag hade gjort till honom bara hade varit av hänsyn till mitt hus och inte för min person, och även då skulle jag inte ha gjort det mot henne om ingen som jag hade kompetens med hade sett det före mig, för jag skulle ha fått all den behandling som det skulle ha behagat henne att ge mig, förutsatt att hon inte skulle ha skiljt mig från dem som jag alltid har levt med egalitet.
Efter många utbrott från drottningen blandat med missnöje över att se sig själv vara i strid med den man som hon uppskattade mest i världen (det var så hon talade om mig), protesterade dessa herrar till henne med all slags respekt att jag var mycket nöjd med den goda behandling hon hade givit ärkehertigen, och att om hon hade velat behandla honom som ett spädbarn av Spanien eller en son av Frankrike, bad jag henne överväga att den första prinsen av blodet behandlas i Frankrike som Frankrikes störste son, utan någon skillnad; att jag har mitt hus, mina privilegier, befrielser och de som jag har börjat, liksom konungen och Frankrikes söner, verifierade vid hovet av medhjälpare, två mästerskap av varje yrke i alla Frankrikes städer för min glada tillkomst till den förste prinsen av blodets värdighet, samma plats inför drottningen som hertigarna av Anjou och Orléans, samma plats i hennes vagn, samma plats och samma behandling i parlament och i råd.
Att min far hade tagit hertigen av Savojens plats bland kardinalerna i Rom; att vi i Frankrike föregår kardinalerna, hertigarna av Savojen, av Lorraine och alla suveräner, exklusive krönta huvuden; att drottningen av Polen hade givit mig fåtöljen som hon gjorde till hertigen av Orléans; och på vad drottningen sade till dessa herrar att jag med allt detta bara täckte mig lite inför hertigen av Orléans, de berättade för honom att jag var villig att lämna tillbaka det till honom som mina äldsta, och vem kunde vara min herre, vilket alla mina yngra återvände till mig av samma anledning; och slutligen sände drottningen, efter att ha blivit mycket mjukare, monsieur Lenet tillbaka med en begäran om att få mig att komma, och att hon skulle behandla mig så väl att jag, om jag inte var orimlig, skulle ha all anledning att berömma henne.
Så jag lämnade med alla människor av kvalitet som ligger i mitt intresse för att gå nära drottningen. När jag var halvvägs där fick jag ett brev från monsieur Viole, som hade stannat kvar i Antwerpen, där han informerade mig om att drottningen var besluten att ta emot mig utanför sin kammare, att inte låta mig sitta ner eftersom hon inte ville ge mig en fåtölj, och att hon skulle ge mig lite höghet och leda mig ut ur sin förkammare. Jag erkänner för Er att jag inte fullt ut kan förstå hur en kvinna som stoltserar med en så hög filosofi, som har lämnat sitt rike, som säger sig stå över lagar, åsikter, religioner och seder, plötsligt skulle tänka (efter att ha visat så mycket aktning och vänskap för mig) att peta in mig på en plats som är så känslig som hederns, utan övervägande, utan dessäng och utan konsert. Så att jag, för att inte hamna i den fälla som jag trodde var fälld för mig, skickade tillbaka monsieur Lenet till sin post för att be drottningen att se lämpligt att jag överraskar henne vid komedin, för att slippa besväret att komma till ta emot mig på gatan, och att, eftersom min vagn stod på domstolen nära rummet där skådespelarna spelade, skulle hon också undvika att leda mig ut ur sitt hus.
Varpå han, efter att ha frågat monsieur Lenet hur jag skulle sitta, svarade att han trodde att hon skulle göra mig äran att ge mig en fåtölj av alla de skäl som hade berättats för henne dagen innan. Varpå drottningen, efter att ha blivit mycket arg, sade till honom att »vid Guds död« skulle hon inte göra något åt det.
Emellertid anlände jag till Antwerpen utan att något hade justerats. Messieurs Lenet och Viole gjorde fem eller sex resor till Sveriges drottning för att få henne att ge mig den satisfaktionen som jag hade rätt att begära; hon tycktes gå dit då och då, men när hon gick för att rådfråga herr Pimentel, som var hemma hos henne, ändrade hon sig hela tiden.
Slutligen, när jag beredde mig att återvända till Bryssel utan att betala henne några andra plikter än att skicka henne hela den franska adeln, för att hädanefter genom respekt för konungen göra vad jag tidigare ville göra av böjelse, det vill säga att leva gott med henne lät jag dessa herrar föreslå henne att, medan jag väntade på att hon skulle bli informerad om vad som beror på Frankrikes förste prins av blodet, att vittna för henne att jag bara sökte vara en av hennes vänner och att bidra till detta som skulle vara beroende av mig vid de firanden som konungen hade förberett för henne, jag bad henne att tänka att det skulle vara bra för mig att se henne inkognito, som ofta händer i sådana tävlingar.
Hon vägrade det till mig först och sade att hon »vid Guds huvud« aldrig vek från vad hon hade bestämt; och slutligen, på grund av bön och böner som kungens hänsyn fick mig att göra för henne, lät hon mig se henne i pressen i hela min svit, vilket jag gjorde med all den glädje som var möjligt för mig, också som att hon nästa morgon verkade ganska nöjd med mitt sätt att agera mot henne. Hon skickade sin hovmästare för att besöka mig å hennes vägnar, för att berätta att hon var förtvivlad över att jag inte hade någon anledning att berömma henne, att hon skulle fråga om allt jag hade sagt om henne och ge mig all den behandling som var på grund av mig, och hon skulle be om ursäkt för att hon inte hade gjort det tidigare.
Hon skickade sedan efter monsieur de Guitaut, till vilken hon upprepade samma saker och lade till ännu mer förpliktigade. Hon bad mig gå på komedin den kvällen; jag samtyckte till det av samma skäl som föregående dag, på villkor att jag skulle vara i pressen av de herrar som var där, utan någon skillnad; det gjordes så där. Efter komedin tackade jag henne i kammaren, där hon bekräftade för mig allt hon fått mig att säga genom monsieur Guitaut; sedan tog jag avsked med henne och återvände nästa dag till Bryssel, där jag på kvällen informerade greven genom monsieur Lenet om allt ovanstående och instruerade honom att berätta att jag hade varit två dagar i Antwerpen utan att ha fått veta att herr Pimentel var där endast genom Sveriges drottning agerande, som alla berättade för mig föreslagits honom av honom.
Greven betygade monsieur Lenet att han gärna skulle göra sitt bästa för att få mig att vara nöjd med drottningen, och att han var förvånad över att Pimentel inte hade återlämnat sina plikter till mig, såvida han inte visste vilken behandling jag skulle ge honom som ambassadör. Monsieur Lenet berättade för honom att jag inte kände honom som sådan, att det var upp till honom att genom brev från konungen meddela mig hans status och Hennes Majestäts avsikter, som jag skulle veta hur jag skulle rätta mig efter.
Dagen efter åkte herren av Fuensaldaña till Antwerpen för att be drottningen komma och göra hennes inträde i Bryssel. Monsieur Lenet gick dit med honom utan att rapportera något annat än att drottningen skulle fråga om rättvisan i mina anspråk och tillfredsställa mig. Vid grevens återkomst gick jag för att träffa honom, för att underrätta honom om allt mitt uppträdande gentemot drottningen och om anledningen till konungens tjänst som hade fått mig att uppträda så måttligt efter en sådan förändring från hennes sida. Greven visade mig att han godkände det; och efter att ha frågat henne om råd för framtiden, eftersom han inte ville göra något annat än i samråd med honom om saker som konungen kan vara intresserad av, berättade han för mig att han rådde mig att träffa henne när hon kom till denna stad endast en gång inkognito, som jag hade gjort i Antwerpen, och det slutar jag efteråt tills hon hade frågat och givit mig fullständig satisfaktion...
Jag sände åter monsieur Lenet för att få reda på drottningens avsikt genom munnen på greven av Fuensaldaña, som inte ville gå igenom Pimentels ämbete, som inte ser mig; och efter att ha gått för att hämta honom från palatset, kallade drottningen honom, när hon såg monsieur Lenet. Jag glömde att berätta att dagen innan hertig François, efter att ha konsulterat länge med drottningen, mottogs på detta sätt; hon gick ut två rum framför honom, tog tillbaka honom på samma sätt och höll honom stående och täckt i hans rum. — Så att drottningen gjorde mig den äran att föreslå monsieur Lenet att hon var beredd att behandla mig som hon hade behandlat prins François, vilket är ungefär detsamma som hon behandlar hertigen av Aerschot eller herren av Castelmore (Baas); för vad herr Pimentel beträffar, får hon honom att sätta sig och låser in sig hos honom i ungefär tio timmar om dagen; han följer med henne på promenader, på komedin och överallt med en förtrogenhet som redan får folk att rasa här mot båda, både genom avundsjukan hos dem som känner Pimentel och de hemliga skäl som gör att denna komedi skapade (och som konungen och don Ludvig är förvisso omedvetna om) endast genom sitt partikuljära beteende.
Allt detta rörde mig inte det minsta, jag kommer att fortsätta att berätta att jag kände mig extremt upprörd av det faktum att drottningen av Sverige, fråntagen sina herradömen, erbjöd sig att behandla den första prinsen av Frankrikes blod som hur konungen av Spanien skulle behandla en enkel hertig och pär, eller, för att höja äran, som hertig François, den yngste av huset av Lothringen, till vilken jag inte skulle ge dörren till mitt hem, eftersom Ni vet att jag inte ger den till en utländsk prins.
Jag gick för att finna greven av Fuensaldaña... Jag sade vad jag trodde att jag skulle säga om drottningens åsiktsändring för mig, om hennes hus och mitt, om inbillade kungligheter, om hennes löjliga beteende och om allt som sades om Pimentels, så att greven skulle ställa allt i ordning. Jag tillade mitt missnöje över det faktum att jag såg att jag tvingades kopiera prins François i allt, att det blev invändning mot honom i alla möten, att människor inte nöjde sig med att lida bara i konungens stater, han återvände inte till mig vad han skulle återvända till mig i Frankrike när han var den sanne hertigen av Lorraine, i besittning av sina stater, och som jag alltid hade erbjudit mig att behandla honom och fortfarande erbjudit av den enda hänsyn som jag fick att det är konungens bekvämlighet, förutsatt att han är skyldig att göra vad han är skyldig mig, men att de ändå hade velat av glädje få mig att förlora Stenay och Clermont genom att lida att han vägrade hjälpa dem, att han i två dagar hade förbjudit sitt folk att träffa mig, och att jag slutligen, efter att ha kommit i konungens intresse med de inrättningar som jag hade dem, inte bara har missnöjet att se mig själv reducerad till där jag är, utan också se att det som beror på min börd minskar, och jag vågar säga till min person och de tjänster jag har utfört.
Och jag kunde inte avstå från att berätta för greven att Arras-affären och desertering av en del av prins Françoiss trupper, som hade rest till Frankrike för tio dagar sedan, gör det klart vem som tjänar konungen mer användbart; och jag måste se dessa enkla människor komma varje dag, fyllda av godhet och storhet, medan jag avslöjar mitt och mina vänners liv, vilket jag kommer att göra mycket ständigt till slutet för konungens tjänst!
Det återstår för mig att berätta att greven svarade mig mycket hövligt, godkände mina klagomål, lovade mig att arbeta för att sätta stopp för ämnet; och detta är det tillstånd vi befinner oss i, för vilket jag erkänner att jag är upprörd av sorg, både mot Sveriges drottning och mot prins François. Jag talar inte om huruvida de är tvingade att göra det eller inte, det räcker för mig att greven av Fuensaldaña försäkrade mig om att kungens ministrar inte hade någon del i det för att inte utstå så rörande förolämpningar som dessa.
English translation (my own):
You know that for ten years the Queen of Sweden had shown me a lot of esteem and friendship through her letters and through what she said about me; I had responded to her with great respect in all the rencontres that had arisen. She continued to treat me as her special friend during the time of her abdication, of which she informed me and even wanted to ask for my approval of it, as I was the only man in the world from whom she would have been angry about not having it. This is how she spoke in a very obliging letter that she wrote to me on this subject. Since then she informed me by another dispatch of her arrival in this country, where she went to L'Aigle d'Or in Antwerp, in men's clothing and without one woman following her. She made various journeys through these provinces with the same equipage until she stopped completely at Antwerp, where, at the very moment when the Count of Buquoy had come to pay her the compliments of the King and those of the Archduke, I sent Monsieur de Guitaut to her to make my duties public, as I had done in particular through Monsieur Viole, who returned my letters to her.
I then dispatched Monsieur Lenet to her when the Count of Fuensaldaña came to see her; I established La Peyrère as ordinary residence with her; my wife omitted nothing of what she owed her, so all the actions and all the words of this queen only demonstrated an unparalleled esteem for me and an extraordinary impatience to see me. She only spoke of me with outbursts that made me ashamed and only proposed pleasures in this country so as to share them with me. Enfin, you cannot imagine to what extent she testified to be my friend.
I don't know if I did not tell you that, shortly after her establishment in Antwerp, she sent for Monsieur Chanut, the ambassador of France to Holland, with whom she had maintained a great correspondence, and offered to mediate for the peace between the two Crowns and for mine in particular. She dispatched to the Count of Fuensaldaña and to me to ask for our consent; I replied to her (as you know I did in such rencontres) that I would never have any treaty or negotiation except through the King and with him, so I relied on what the Count would answer her, which was that Her Majesty would very willingly hand over her interests to him if on the French side they would want to do the same.
This proposition, which I believed to be secret between you and us, was divulged by her and attracted a letter from Ambassador Chanut, a copy of which I am sending you. The people, and especially the monks, began to sow rumours against this proposition of peace, saying that God would never serve it for as long as a queen who knew neither gods nor religion, who did not even have a minister of her own in her suite, who publicly professed and preached atheism, who only had libertine speeches in her mouth, and who even authorised in public the vices of all nations and all sexes, and who did not say any word that was not mixed with blasphemy, would be involved. The bad reputation she was giving herself (although, as you know, I am not scrupulous) pained me, because I was entirely in her interests and I loved her person. I confess to you that I was dying of impatience to see her and that I was preparing a thousand entertainments of my own with her, as she did hers with me; and if honour could have allowed me to leave the army before it had been established in quarters, I would have been at full speed to render my duties to her.
The Archduke visited her in September; she went to receive him in the middle of the road as he got out of his carriage, took him back in the same way, and she gave him a chair equal to her own, in which he spoke to her covered. Everyone was astonished at this treatment, and, although one could not give a sufficiently great treatment to a person of such high birth as the Archduke, it was believed that the ceremonial could remove something from it and to the Archduke and me, whom she testified that she wanted to be treated in the same way.
You must also know, for the understanding of this whole affair, that Don Antonio Pimentel was sent as resident to this queen while she was still there, and, by conveniences that until now I don't know and I don't even want to believe as the public tells them, he got on intimate terms with her, convinced the King on his last journey that he was being made to go to Spain on purpose, that were great advantages to be had from the Queen of Sweden, because she was a very extraordinary person (as in truth she is), because she had large sums of money and because she had retained all kinds of credit in Sweden and Germany.
What follows will show the King whether he was told the truth or not, I won't go into that; but, between you and me, six months will not pass without His Majesty being disillusioned and knowing the particular interests which made Pimentel act in this way. So much so that the Queen of Sweden asked for him as an ambassador close to her person, to make him stay there wherever she goes with the most splendour and pretext.
To return to what touches me, one cannot be better in anyone's mind than I was in that of the Queen of Sweden, nor maintain more respect than I had for her, until Pimentel had arrived, at which we began to persuade her that she should not have any friendship for me, and she testified to President Viole (against what she had done previously) that she would make a lot of difference between the Archduke and I, and she changed her style in everything that concerns me, as I was warned.
I had no difficulty in persuading myself that this play was being played for me so that, as one knows that I am sensitive about the honours due to my birth, the Queen refusing them to me, I would fall out with her, and that those who, out of cheerfulness of heart, once fell out with me when I made known to them the mistakes they made in the service of the King, who wanted me to fall out with the Archduke, who set a thousand traps for me to quarrel with them every day, who prevented Prince François of Lorraine from giving me back what he owes me, and who still consent now to the prohibition he gave the Lorrainians from seeing me, although I have always left complete freedom entirely open to the French to visit them, would still like, through the dispute which would arise (as they caused it to arise) between the Queen of Sweden and me, to persuade Spain that I cannot live on good terms with anyone, and they would thereby cover their bad conduct towards me, which, however, I only found to say when I saw the service of the King concerned and my party on the eve of its ruin.
Time will show the King if I was right to make them aware of their fault, and if, as long as one acts as one has done until now, we will still not be mistreated, and our common enemies triumphant.
To avoid the trap that had been set for me with the Queen of Sweden, — thinking that, allowing myself to be wounded by a notable difference that one would make her establish between the Archduke and me, I would not preserve all the respect that I owe to the character she had and to her sex, and that thus, by quarreling with her, they would have reached their purpose, — I dispatched President Viole to the Queen, who until Pimentel's arrival had shown him a lot of confidence and friendship, and made him say that as I was indebted to the House of France (of which I had the honour of being the first Prince of the Blood) for the treatment that I would receive from her, I had suspended for half a day the impatience I had to kiss her hands to beg her, for once only and to relieve myself of my obligation, to do it to me as I would have no reason to complain about her, nor my house about me.
She replied to Monsieur Viole that, "by God's death", she found it very strange that I bargained with her and wanted to impose laws on her, that she had resolved to treat me very favourably, but that, "by God's head", she had always made a great difference between the Archduke and me, and that if she had only treated him as an Archduke of Austria, she knew well what she had to do, but that she had treated him as if he had been a son of France or Spain; and afterwards, coming back a little from this outburst, said that she would write to the Count of Fuensaldaña and would talk to Lord Pimentel to get their advice.
At the same time, I sent the letter from Monsieur Viole to the Count of Fuensaldaña through Monsieur Lenet, to whom he gave a letter for Pimentel, by which he told him to tell the Queen that she was mistress in the states of the King as if she were in her own states to do what she pleased, and that as I was a relative and ally of the King and under his protection, Her Majesty would be very happy if she gave me all kinds of satisfaction.
I dispatched Monsieur Lenet by post to the Queen to tell her with all sorts of respect (as he did with Monsieur Viole) that the very humble prayer that I had made to him had only been out of consideration for my house and not for my person, and even then I would not have done it to her if no one with whom I had competence had seen it before me, because I would have received all the treatment that it would have pleased her to give me, provided that she would not have distinguished me from those with whom I have always lived with equality.
After many outbursts from the Queen mixed with displeasure at seeing herself in a position to be at odds with the man whom she esteemed the most in the world (that is how she spoke of me), these gentlemen remonstrated to her with all kinds of respect that I was very happy with the good treatment she had given to the Archduke, and that if she had wanted to treat him like an infante of Spain or a son of France, I asked her to consider that the first Prince of the Blood is treated in France as the greatest son of France, without any difference; that I have my house, my privileges, exemptions, and those of my commenceaux, like those of the King and the sons of France, verified at the court of aides, two masteries of each profession in all the cities of France for my joyful advent to the dignity of first Prince of the Blood, the same seat before the Queen as the Dukes of Anjou and Orléans, the same place in her carriage, the same place, and the same treatment in parliaments and in councils.
That my father had taken the place of the Duke of Savoy among the cardinals in Rome; that in France we precede the cardinals, the Dukes of Savoy, of Lorraine and all the sovereigns, excluding crowned heads; that the Queen of Poland had given me the armchair as she did to the Duke of Orléans; and on what the Queen said to these gentlemen that with all this I only covered myself a little before the Duke of Orléans, they told him that I was willing to return it to him as my eldest, and who could be my master, which all my juniors returned to me for the same reason; and finally the Queen, having softened up greatly, sent Monsieur Lenet back with a request to have me come, and that she would treat me so well that, if I were not unreasonable, I would have every reason to praise her.
So I left with all the people of quality who are in my interests to go near the Queen. Being halfway there, I received a letter from Monsieur Viole, who had remained in Antwerp, in which he informed me that the Queen was resolved to receive me outside her chamber, to not let me sit down because she did not want to give me an armchair, and that she would give me some highness and lead me out of her antechamber. I confess to you that I cannot fully understand how a woman who prides herself on such a high philosophy, who has left her kingdom, who says she is above laws, opinions, religions and customs, would suddenly think (after having shown so much esteem and friendship for me) to poke me in a place as sensitive as that of honour, without premeditation, without design and without concert. So that, in order not to fall into the trap that I thought was being set for me, I sent Monsieur Lenet back to his post to ask the Queen to see fit that I surprise her at the comedy, to avoid the trouble of coming to receive me in the street, and that, my carriage being in the court near the room where the actors were playing, she would also avoid conducting me out of her house.
Whereupon, having asked Monsieur Lenet how I would sit, he replied that he believed that she would do me the honour of giving me an armchair for all the reasons that had been told to her the day before. Whereupon the Queen, having gotten very angry, told him that "by God's death" she would do nothing about it.
In the meantime, I arrived in Antwerp without anything having been adjusted. Messieurs Lenet and Viole made five or six trips to the Queen of Sweden to get her to give me the satisfaction that I was right to ask for; she seemed to go there from time to time, but as she went to consult Lord Pimentel, who was at her house, she changed all the time.
Finally, as I prepared to return to Brussels without paying her any duties other than sending her all the French nobility, in order to do henceforth through respect for the King what I wanted to do previously out of inclination, that is to say to live well with her, I had these gentlemen propose to her that, while waiting for her to be informed of what is due to the first Prince of the Blood of France, to testify to her that I was only seeking to be one of her friends and to contribute to this who would depend on me at the celebrations that the King had prepared for her, I asked her to think it would be good for me to see her incognito, as often happens in such contestations.
She refused it to me at first, saying that "by God's head" she never wavered from what she had resolved; and finally, by dint of supplication and prayers that the consideration of the King made me make for her, she allowed me to see her in the press of all my suite, which I did with all the cheerfulness that was possible for me, as well as that the next morning she seemed quite satisfied with my way of acting towards her. She sent her butler to visit me on her behalf, to tell me that she was in despair that I had no reason to praise her, that she would inquire about everything I had had said about her, and would give me all the treatment that was due to me, and she would beg my forgiveness for not having done it sooner.
She then sent for Monsieur de Guitaut, to whom she repeated the same things and added even more obliging ones. She asked me to go to the comedy that evening; I consented to it for the same reasons of the previous day, on condition that I would be in the press of the gentlemen who were there, without any distinction; it was done like this. After the comedy, I thanked her in the chamber, where she confirmed to me everything she had made me say through Guitaut; then I took leave of her and returned the next day to Brussels, where in the evening I informed the count through Monsieur Lenet of all the above and instructed him to tell him that I had been two days in Antwerp without having learned that Lord Pimentel was there only through the conduct of the Queen of Sweden, which everyone told me was suggested to him by him.
The Count testified to Monsieur Lenet that he would gladly do his best to make me have satisfaction with the Queen, and that he was surprised that Pimentel had not returned his duties to me, unless he did not know what treatment I would give him as ambassador. Monsieur Lenet told him that I did not know him as such, that it was up to him to let me know through letters from the King his status and Her Majesty's intentions, with which I would know how to conform.
The next day, the Lord of Fuensaldaña went to Antwerp to ask the Queen to come and make her entry into Brussels. Monsieur Lenet went there with him without reporting anything other than that the Queen would inquire about the justice of my claims and would satisfy me. On the Count's return, I went to see him, to inform him of all my conduct towards the Queen, and of the reason for the service of the King which had made me behave so moderately after such a change on her part. The Count showed me that he approved of it; and having asked her advice for the future, wanting to do nothing except in concert with him on things in which the King may be interested, he told me that he advised me to see her when she arrived in this city only once incognito, as I had done in Antwerp, and that afterwards I stop until she had inquired and given me complete satisfaction...
I again sent Monsieur Lenet to find out the Queen's intention by the mouth of the Count of Fuensaldaña, not wanting to go through the ministry of Pimentel, who does not see me; and having gone to fetch him from the palace, the Queen, seeing Monsieur Lenet, called him. I forgot to tell you that the day before Duke François, after having consulted at length with the Queen, was received in this manner; she went out two rooms in front of him, took him back in the same way and kept him standing and covered in his room. — So that the Queen did me the honour of proposing to Monsieur Lenet that she was ready to treat me as she had treated Prince François, which is pretty much the same as she treats the Duke of Aerschot or the Lord of Castelmore (Baas); because as for Lord Pimentel, she makes him sit down and locks herself in with him for about ten hours a day; he accompanies her on walks, at the comedy, and everywhere with a familiarity which already makes people rail here against both, both through the jealousy of those who know Pimentel and the secret reasons which make this comedy made (and which the King and Don Louis are certainly unaware of) only by their particular conduct.
All this not touching me in the slightest, I will continue to tell you that I felt extremely piqued by the fact that the Queen of Sweden, stripped of her dominions, offered to treat the first prince of the blood of France like how the King of Spain would treat a simple duke and peer, or, to heighten the honour, like Duke François, the youngest of the house of Lorraine, to whom I would not give the door into my home, as you know that I do not give it to a foreign prince.
I went to find the Count of Fuensaldaña... I said what I thought I should say about the change of the Queen's mind for me, about her house and mine, about imaginary royalty, about her ridiculous behaviour, and on everything that was said about that of Pimentel, so that the count would put everything in order. I added my displeasure at the fact that I saw that I was being made to copy Prince François in everything, that he was being objected to in all encounters, that people were not content to suffer only in the King's states he did not return to me what he would return to me in France when he was the true Duke of Lorraine, in possession of his states, and as I had always offered to treat him and still offered by the sole consideration that I was given that it is the King's convenience, provided that he is obliged to do what he owes to me, but that they had still wanted out of cheerfulness to make me lose Stenay and Clermont by suffering that he refused to help them, that for two days he had forbidden his people to see me, and that finally, having come in the interests of the King with the establishments such as I had them, I not only have the displeasure to see myself reduced to where I am, but also to see that what is due to my birth is reduced, and I dare say to my person and the services I have rendered.
And I could not refrain from telling the count that the affair of Arras and the desertion of part of the troops of Prince François, who had gone to France ten days ago, makes it clear who serves the King more usefully; and I must see these simple people come every day, filled with goodness and greatness, while I expose my life and that of my friends, as I will do very constantly until the end for the service of the King!
It remains for me to tell you that the Count answered me very civilly, approved my complaints, promised me to work to put an end to the subject; and this is the state we are in, for which I confess that I am outraged with grief, both against the Queen of Sweden and against Prince François. I am not talking about whether they are made to do it or not, it is enough for me that the Count of Fuensaldaña assured me that the King's ministers had no part in it so as not to suffer insults as touching as these.
Above: Kristina.
Above: Alfonso Pérez de Vivero, the Count of Fuensaldaña.
Above: Archduke Leopold Wilhelm of Austria.
Above: The Prince de Condé.
Notes: La Peyrère = Isaac La Peyrère, a French-born theologian, writer and lawyer. He was born into a Huguenot (French Protestant) family of Jewish ancestry, but towards the end of his life he converted to Catholicism, although the sincerity of his conversion has been questioned.
President Viole was the president of Brussels.
Monsieur Lenet = Pierre Lenet.
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