Friday, August 20, 2021

Excerpt from Marie Catherine le Jumel de Barneville, Madame d'Aulnoy's letter telling the backstory (mostly fabricated and exaggerated), anecdote and description from her friend Antonia Girón Enríquez de Rivera, the Countess of Lemos, visiting Kristina during her/his/their stay in Brussels in 1655, dated March 9, 1679

Sources:

Relation du voyage d'Espagne, volume 2, page 7, by Marie Catherine le Jumel de Barneville, Madame d'Aulnoy, 1691


The Ingenious and Diverting Letters of the Lady — Travels into Spain, page 83, 1692


The anecdote and description:

[La Comtesse de Lemos] me dit qu'elle avoit eu l'honneur d'accompagner l'Infante lorsqu'elle épousa le Roi Loüis XIII. qu'elle étoit une de ses Menines, & des plus jeunes qui fussent auprés d'elle: mais qu'elle avoit conservé une Idée si avantageuse de la Cour de France, & qu'elle aimoit si fort tout ce qui en venoit, qu'elle étoit toûjours ravie quand ella en pouvoit parler. Elle me pria de lui dire des nouvelles du Roi, de la Reine, de Monseigneur, & de Mademoiselle d'Orleans. Nous allons voir cette Princesse, ajoûta-t-elle avec un air de joye, elle va devenir la nôtre, & l'on peut dire que la France va enrichir l'Espagne. Je répondis à toutes les choses qui pouvoient satisfaire à sa curiosité, & elle m'en parut contente: elle me demanda comment se portoit la veuve du Comte de Fiesque. Je ne la connois pas par elle même, continua-t-elle, mais j'étois amie particuliere de son Mari, lorsqu'il étoit à Madrid pour les interêts du Prince de Condé. Il étoit né galant; je n'ai pas connu de Cavalier, dont l'esprit fut mieux tourné; il faisoit bien des Vers, & je me souviens même qu'il commença à ma priere une Comedie; où des personnes plus capables d'en juger que moi, trouverent de fort beaux endroits; elle auroit été admirable, s'il eût voulu se donner la peine de la finir: mais une fiévre lente, une profonde mélancolie, & une veritable devotion, l'arracherent tout d'un coup à l'Amour, & à tous les plaisirs de la vie. Je lui appris que la Comtesse de Fiesque étoit toûjours une des plus aimables Femmes de la Cour, & qu'elle n'avoit pas moins de merite que feu son Mari. Vous dites beaucoup, reprit elle, & l'estime que le Prince de Condé avoit pour lui, fait seule son Panegyrique. J'ai eu l'honneur de connoître ce Prince dans le tems qu'il étoit en Flandres, & que la Reine de Suede y vint. Vous avez vû cette Reine, dis je en l'interrompant, hé, Madame, veûillez de grace m'informer de quelques particularitez de son humeur. J'en sçai, dit-elle, d'assez singulieres, & je me ferai un plaisir de vous les raconter.

Le Roi d'Espagne envoya Don Antonio Pimentel en qualité d'Ambassadeur à Stokolm, pour découvrir les intentions des Suedois, autant que cela lui seroit possible. Ils étoient depuis long-tems opposez à la Maison d'Aûtriche, & l'on ne doutoit pas qu'ils ne fissent de nouveaux efforts pour la traverser, dans le dessein de faire élire pour Roi des Romains le Fils de l'Empereur. On chargea Pimentel de conduire cette affaire delicatement. Il étoit bien fait, galant, spirituel, & il réussit beaucoup mieux que l'on n'auroit ôsé se le promettre. Il connut d'abord le genie de la Reine, il entra aisement dans sa confidence. Il demêla que la nouveauté avoit des charmes puissans pour elle; que de cette foule d'Etrangers qu'elle attiroit à sa Cour, le dernier venu étoit le plus favorisé. Il se fit un Plan pour lui plaire, & il gagna si bien ses bonnes graces, qu'il étoit informé par elle même des choses les plus secrettes, & qu'elle devoit le moins lui dire; mais on peut prendre tous ses avantages, quand une fois on a trouvé le chemin du cœur. Celui de la Reine se prévint à tel point pour lui, qu'il se rendit le souverain Arbitre des volontez de cette Princesse, & par ce moyen il se mit bientôt en état d'écrire à l'Empereur & aux Electeurs des choses si positives & si agréables, qu'il leur fut aisé de juger que le Conseil de la Reine de Suede n'avoit aucune part à la déclaration qu'elle faisoit en faveur du Roi de Hongrie.

Cette intrigue étant consommée, on croyoit que le Roi rappelleroit Pimentel, parce qu'il ne paroissoit aucune Affaire qui demandât la presence d'un Ambassadeur. Mais s'il étoit inutile au Roi d'Espagne qu'il demeurât à Stokolm, la chose n'étoit pas égale du côté de la Reine, & elle ne negligea rien pour le conserver auprés d'elle. Il la suivit dans tous les lieux où elle alla depuis, & bien des Gens qui sont toûjours la dupe des apparences, jugerent lors qu'elle quitta sa Couronne à son Cousin, qu'elle le faisoit avec plaisir, parce qu'elle avoit les yeux secs, & qu'elle eut le courage de haranguer les Etats avec beaucoup de force & d'éloquence: Mais le Public étoit dans l'erreur sur les mouvemens secrets de cette Princesse. Son Ame dans ce même moment étoit penetrée de la plus vive douleur; elle étoit au desespoir de ceder au Prince Palatin un Sceptre qu'elle se trouvoit digne de porter toute seule, & dont elle étoit légitime heritiere.

Ce Prince eut l'adresse de faire déclarer, que si elle vouloit se marier, elle le choisiroit pour son Epoux. Aussi tôt que cette declaration fut faite, elle commença de souffrir de l'assujettissement dans lequel on la mettoit, & d'un autre côté le Peuple ne s'accommodoit pas d'être gouverné par une Fille. Il étudioit plus ses défauts, que ses belles qualitez. Le Prince y contribuoit sous main; la Reine qui étoit pénétrante s'en apperçût, elle remarqua l'inclination que l'on avoit pour lui, & les vœux que l'on faisoit pour le voir sur le Trône; elle en eut de la jalousie, & de ce premier mouvement, elle passa à ceux d'une haine secrette dont elle ne pouvoit arrêter le cours. La presence du Prince lui devint si insupportable, que s'en étant apperçû il se retira dans une Isle que l'on lui avoit donnée pour son Appanage: Mais il ne fit cette démarche qu'aprés avoir laissé de bonnes Mémoires à ses Creatures contre la conduite de la Reine.

Lors qu'elle se vit delivrée d'un objet dont la vûë la blessoit, elle ne ménagea plus les Grands, ni les Affaires de son Royaume; elle suivit le penchant qu'elle avoit pour les belles Lettres. Elle s'appliqua toute entiere à l'Etude. Son Esprit merveilleux faisoit des progrés admirables dans les Sciences les plus profondes; mais elles lui étoient moins nécessaires qu'une bonne conduite pour ménager sa gloire & ses interêts. Il arrivoit souvent qu'aprés avoir passé dans son Cabinet un certain nombre de jours, elle en paroissoit ensuite si dégoûtée, qu'elle traitoit les Auteurs d'ignorans, qui avoient l'esprit gâté, & qui gâtoient celui des autres; & quand les Seigneurs de sa Cour la voyoient dans cette disposition, ils l'approchoient avec plus de familiarité, & il n'étoit plus question que de goûter les plaisirs que l'Amour, les Comedies, le Bal, les Turnois, la Chasse, & les Promenades fournissent. Elle s'y donnoit toute entiere, rien ne pouvoit plus l'en tirer; mais elle ajoûtoit à ce defaut, celui d'enrichir les Etrangers aux dépens de son Etat.

Les Suedois commencerent d'en murmurer; la Reine en fut avertie, leurs plaintes lui parurent injustes, & peu respectueuses; elle en eut du dépit contr'eux, & elle fut si mal habile qu'elle s'en vengea contre elle même. En effet, à l'heure que l'on s'y attendoit le moins, & dans un tems où elle étoit encore en état de trouver des remedes moins violens, elle abandonna tout d'un coup sa Couronne & son Royaume à son Cousin; à ce Cousin, dis-je, qu'elle n'aimoit point, auquel elle souhaitoit tant de mal, & auquel elle fit tant de bien; elle ne croyoit pas que l'on pût en penetrer les motifs; elle pretendoit par ce grand trait de generosité, se distinguer entre les Heroïnes des premiers Siecles: mais en effet, la conduite qu'elle tint dans sa suite, ne la distingua qu'à son desavantage.

On la vit partir de Suede vêtuë d'une maniere bizare, avec un espece de Just'aucorps, une Juppe courte, des Bottes, un Mouchoir noüé au col, un Chapeau couvert de plumes, une Perruque, & derriere cette Perruque un Rond de cheveux nattez, tels que les Dames en portent en France lorsqu'elles sont coëffées, ce qui faisoit un effet ridicule. Elle défendit à toutes ses Femmes de la suivre; elle ne choisit que des hommes pour la servir & pour l'accompagner: elle disoit même ordinairement qu'elle n'aimoit pas les hommes, parce qu'ils étoient hommes, mais qu'elle les aimoit, parce qu'ils n'étoient pas Femmes: il sembloit qu'elle avoit renoncé à Son Sexe, en abandonnant ses Etats, quoi qu'elle eut quelquefois des foiblesses qui auroient fait honte aux moindres Femmes.

Le fidelle Pimentel passa en Flandres avec elle; & comme j'y étois alors, continua-t-elle, je l'y vis arriver; il me procura l'honneur de lui baiser la main, & il ne falloit pas moins que son credit pour y parvenir; car elle fit dire à toutes les Dames de Bruxelles & d'Anvers, qu'elle ne souhaitoit point qu'elles allassent chez elle. Elle ne laissa pas de me recevoir fort bien; & le peu qu'elle me dit, me parut plein d'esprit & d'une vivacité extraordinaire: mais elle juroit à tous momens comme un Soldat, & ses paroles & ses actions étoient si libres, pour ne pas dire si peu honnêtes, que si l'on a voit moins respecté son Rang, on ne se seroit guére soucié de sa personne.

Elle disoit à tout le monde qu'elle souhaitoit passionnément de voir le Prince de Condé; qu'il étoit devenu son Heros, que ses grandes actions l'avoient charmée; qu'elle avoit envie d'aller apprendre le métier de la Guerre sous lui. Le Prince n'avoit pas moins de curiosité de la voir, qu'elle en témoignoit pour lui. Au milieu de cette commune impatience, la Reine s'arrêta tout d'un coup sur quelques formalitéz, & sur quelques demarches qu'elle refusa de faire, lorsqu'il viendroit la saluër. Ces raisons l'empêcherent de la voir avec les Ceremonies accoûtumées: mais un jour que la Chambre de la Reine étoit pleine de Courtisans le Prince s'y glissa: soit qu'elle eût vû son Portrait, ou que son air martial le distinguât entre tous les autres, elle le démêla & le reconnut: elle voulut aussi tôt le lui témoigner, par des civilitez extraordinaires; il se retira sur le champ; elle le suivit pour le conduire. Alors il s'arrêta, & se contenta de lui dire ces mots, Ou tout, ou rien. Peu de jours aprés, on ménagea une entreveuë entre eux au Mail, qui est dans le Parc de Bruxelles. Ils s'y parlerent avec beaucoup d'honnêteté & beaucoup de froideur. ...

English translation (from source 2; quotation marks added by me, as they were not yet in use at the time):

[The Countess de Lemos] told me she had the Honour to Accompany the Infanta when she espoused Lewis the Thirteenth. That she became acquainted with the Prince of Conde when he was in Flanders, and the Queen of Sweden came thither. "You have seen this Queen", said I to her, interrupting her, "be pleased, Madam, to favour me with a Relation of some Particulars of her Humour."

"You must know then", said she, "that the King of Spain sent Don Antonio Pimentel in Quality of an Ambassador to Stockholm to discover, as much as in him lay, the Intentions of the Swedes. They had been long Enemies to the House of Austria, and it was not doubted but they would make new Attempts to thwart it, in the Design of making the Emperours Son King of the Romans; Pimentel was charged to carry on this Affair with great Circumspection. He was a Gallant, Witty and Handsome Person, and he succeeded better than could be expected. He immediately discovered the Queens Genius, and easily made himself her Confident. He soon perceived she was mightily charmed with Novelties, and that of the Crowd of Strangers which she drew to the Court, the last come was the most favoured. He made it his Task to please her, and gained so far on her Affections, that he became informed by her self of the most secret Affairs, and which she ought the most to conceal from him. But what cannot he do, who has found a way to the Heart. The Queen was so inclined to him, that he became the sole Disposer of the Affections of this Princess, and by this means was able to write to the Emperour, and to the Electors, things so certain and agreeable, as made them easily judge that the Queen of Swedelands Council had no part in the Declaration she made in favour of the King of Hungary."

"This Intrigue being at an end, 'twas thought the King would recal Pimentel, there appearing no occasion requiring the Presence of an Ambassador: But if it were needless for the King of Spain, that he should remain at Stockholm, 'twas not the same with the Queen, she neglecting nothing whereby to retain him near her. He attended where-ever she went since, and many, who were led by outward Appearances, judged when she left the Crown to her Cousin, she did it with great Satisfaction, because she did it with dry Eyes, and had the Courage to harangue the States with great Force and Eloquence; but the People were greatly mistaken in the secret Motives of this Princess. Her Soul at that time was pierced with the most lively Sorrow; she was not a little grieved to yield to the Prince Palatine a Scepter which she thought her self worthy to wield alone, and of which she was Lawful Heiress."

"This Prince had the Address to get it declared, that if she married she should chuse him for her Husband."

"Assoon as this Declaration was made, she began to feel the weight of the Subjection wherein she was placed; and on the other hand, the People did not well relish the being governed by a Woman. They insisted more on her Defects than they minded her Vertues. The Prince contributed under-hand thereto, and the Queen, who was penetrating, soon perceived it; she observed the Inclination the People had to him, and the wishes which were made to see him on the Throne; she grew every day more and more jealous of this, and past from hence such a deadly Hatred, that 'twas impossible for her to stop the Course of it. The Prince's presence became so insupportable to her, that perceiving it, he withdrew into an Island which belonged to him. But he set not out till he had left good Memoires to his Creatures against the Queens Conduct."

"When she saw her self delivered from an Object, whose sight was so great an Eye-sore, she drew off her Mind from the too intent pursuit of the Affairs of the Kingdom, and gave way to her Inclination to Books. Her marvellous Wit made, in a short time, admirable Progresses in the most profound Sciences; but these were not so needful to her as a good Conduct in the Management of her Honour and Interest. It often happens, that having spent several days in her Study, she would appear disgusted with her Books, saying, They were good for nothing but to waste the Spirits, and mis-lead Mens Judgments. When the Great Men of the Court saw her in this Disposition, they approacht her with more familiarity, and then the whole Business was to follow the Pleasures of Love, of Plays, Balls, Turneys, Huntings, and all other Diversions. She gave up her self entirely to them, and nothing could bring her off them; but she added to this Defect that of enriching Strangers, at the Expence of her own Subjects."

"The Swedes began to murmur at this; and the Queen was advertised of it; their Complaints appeared to be unjust, and little respectful; and being not a little offended at them, she was so unwise as to take Vengeance on her self. In effect, at the time when 'twas least expected, and when she was in a Condition to find less violent Remedies, she abandoned at one stroak her Crown and Kingdom to her Cousin; to this Cousin, I say, whom she was so far from loving, that she wish'd him all the ill she was able; and yet to whom she did so much good, she thought 'twas impossible for any to penetrate into the Motives of this. She pretended by this great stroak of Generosity, to distinguish her self from among the Heroina's of the most famous Ages: But in effect, the Conduct she held afterwards, distinguish'd her only to her Disadvantage."

"She was seen to set out from Swedeland in a very odd Dress for a Woman, with a kind of Justau Corps, a short Petticoat, with Boots and Cravat, in a Perriwig, a Hat covered with Feathers, and this Perriwig tied up in a lock behind, which seemed then very ridiculous. She forbad all her Women to follow her, choosing only Men to serve her, and attend her. She was wont ordinarily to say, That she did not love Men as Men, but because they were not Women. So that she seemed to have renounced her Sex in renouncing her States, although she had sometimes such Weaknesses, as would have made the meanest Women ashamed."

"The trusty Pimentel past over into Flanders with her, and I being then there", continues she, "I saw him arrive; he procured me the Honour to kiss her Hand, and there needed no less than his Credit to obtain this: For she sent word to all the Ladies of Brussels and Antwerp, she would excuse them for their Visits. Yet she received me very well, and the little she said to me, appeared full of Wit and extraordinary Vivacity; but she swore at every turn like a Soldier, and her Words and Actions were so free, not to say so dishonest, that were it not for her rank, her Person would have been little regarded."

"She spake before every Body of the passionate desire she had to see the Prince of Conde; that his great Actions had charmed her, and that she was desirous to learn the Trade of War under him. The Prince had no less desire to see her, than she testified to see him. In the midst of this mutual Impatience, the Queen stopt on a sudden on some Formalities and Steps which she refused to take, when he should come to Salute her. These Reasons hindred her from seeing him with the usual Ceremonies. But one day, when the Queen's Chamber was full of Courtiers, the Prince slipt therein; whether she had seen his Picture, or that his Martial Ayr had distinguished him from among other, she had singled him out, and knew him. She would immediately hereupon have testified as much to him, by extraordinary Civilities. He presently retired, and she followed to conduct him. Then he stopt, and contented himself with saying these Words, 'Either All, or Nothing.' Some few Days after, an Interview was set on foot to be between them in the Mall at the Park at Brussels, where they spake together with great Civility and much Coldness. ..."


Above: Kristina.


Above: Karl Gustav.


Above: The Prince de Condé.


Above: Marie Catherine le Jumel de Barneville, Madame d'Aulnoy.

No comments:

Post a Comment