Sources:
Recüeil des harangues qui ont esté faites à la reyne de Suede, page 202, published by Claude Bardin, 1660
Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 3, page 280, Pierre Hector Chanut, 1675
Monumenta varia inedita variisque linguis conscripta, volume 2, pages 66 to 67, by Joachim Friedrich Feller, 1714
Mémoires concernant Christine, volume 1, page 395, Johan Arckenholtz, 1751
Kristina's response to this letter:
The letter:
De la Haye le 10. Feurier 1654.
MADAME,
Pendant que le bruit qui s'est respandu par tout, que VOSTRE MAIESTÉ pense à se décharger du gouuernement de son Royaume exerce les discours des hommes, ie n'en puis parler auec ceux qui en raisonnent en indifferent, comme d'vn probléme politique, n'y m'en taire deuant VOSTRE MAIESTÉ dont l'honneur & la gloire sont les plus precieux interests que i'aye au monde. I'auouë, MADAME, la foiblesse de mon Ame, & ie l'auouë sans honte, voyant que tous les autres, & ceux particulierement qui font profession d'honorer VÔTRE MAIESTÉ, ne pensent qu'auec frayeur à vn dessein si extraordinaire. Ie suis saisi d'estonnement & de crainte, lors que ie me represente la suite incertaine d'vne si haute resolution, mais ie reuiens de mon apprehension, & ie me r'affermis sur ces deux considerations; l'vne est que VOSTRE MAIESTÉ se connoist elle-mesme, & toutes les choses humaines, plus parfaitement que nous ne le sçaurions comprendre.
— Non ulla futuri
O Virgo noua te facies inopinaue terret.
L'autre que ie sçay, & ie le sçay pource que VOSTRE MAIESTÉ me l'a dit, qu'elle se laissera tousiours conduire aux mouuemens de la Prouidence Diuine, qui veille sur ceux qui luy soûmettent leurs Conseils, pour les plier & les tourner en sorte que les éuenemens en soient tousiours heureux. C'est, MADAME, ce qui m'assure à l'esgard de VOSTRE MAIESTÉ, que ie regarde seule en ce changement qu'elle medite, car il n'en peut arriuer en la deuotion & au respect que i'ay pour elle. Mes obligations sont pures, sans temps & sans condition, il n'y aura iamais de diuersité qu'aux manieres dont il plaira à VOSTRE MAIESTÉ, d'vser de mon obeïssance, qui ne peut ny diminuer, ny croistre en Zele & en Fidelité; Ie suis,
MADAME,
De Vostre Majesté,
Le tres-humble, tres-obeïssant
& tres-fidele seruiteur,
CHANVT.
With modernised spelling:
De la Haye, le 10 février 1654.
Madame,
Pendant que le bruit qui s'est répandu partout que Votre Majesté pense à se décharger du gouvernement de son royaume exerce les discours des hommes, je n'en puis parler avec ceux qui en raisonnent en indifférent comme d'un problème politique, Ni m'en taire devant Votre Majesté dont l'honneur et la gloire sont les plus précieux intérêts que j'aie au monde. J'avoue, Madame, la faiblesse de mon âme; et je l'avoue sans honte, voyant que tous les autres, et ceux particulièrement qui font profession d'honorer Votre Majesté ne pensent qu'avec frayeur à un dessein si extraordinaire. Je suis saisi d'étonnement et de crainte lorsque je me représente la suite incertaine d'une si haute résolution, mais je reviens de mon appréhension, et je me raffermis sur ces deux considérations: l'une est que Votre Majesté se connaît elle-même et toutes les choses humaines plus parfaitement que nous ne le saurions comprendre.
— Non ulla futuri,
O Virgo, nova te facies inopinave terret.
L'autre que je sais, et je le sais, pource que Votre Majesté me l'a dit qu'elle se laissera toujours conduire aux mouvements de la Providence Divine, qui veille sur ceux qui lui soumettent leurs conseils pour les plier et les tourner en sorte que les événements en soient toujours heureux. C'est, Madame, ce qui m'assure à l'égard de Votre Majesté que je regarde seule en ce changement qu'elle médite, car il n'en peut arriver en la dévotion et au respect que j'ai pour elle. Mes obligations sont pures, sans temps et sans conditions. Il n'y aura jamais de diversité qu'aux manières dont il plaira à Votre Majesté d'user de mon obéissance, qui ne peut ni diminuer, ni croître en zèle et en fidélité. Je suis,
Madame,
de Votre Majesté
le très humble, très obéissant
et très fidèle serviteur
Chanut.
Chanut's transcript of the letter:
MADAME,
Pendant que le bruit qui s'est respandu par tout, que Vostre Majesté pense à se descharger du Gouvernement de son Royaume, exerce tous les discours des hommes, je n'en puis parler avec ceux qui en raisonnent en indifferends, comme d'un probleme politique, ni m'en taire devant vostre Majesté, dont le bon-heur, & la gloire sont les plus precieux interests de ma joye du monde; j'avouë, Madame, la foiblesse de mon ame, & je l'avouë sans honte, voyant que tous les autres, & ceux principalement qui font profession d'honorer vostre Majesté ne pensent qu'avec frayeur à un dessein si extraordinaire, je suis saisi d'étonnement, & de crainte, lorsque je me represente la suite incertaine d'une si haute resolution; mais je reviens de mes apprehensions, & je me raffermis sur ces deux considerations, l'une que vostre Majesté se connoist elle-mesme, & toutes les choses humaines plus parfaitement que nous ne le sçaurions comprendre; L'autre que je sçais, & je le sçais, parce que vostre Majestè me l'a dit, qu'elle se laissera tousiours conduire aux mouvemens de la Providence Divine, qui veille sur ceux qui lui soumettent leurs conseils pour les plier, & les tourner, en sorte que les evenemens en soient tousiours heureux; c'est Madame, ce qui m'asseure à l'esgard de vostre Majesté, que je regarde seule en ce changement, qu'elle medite: car de ma part il n'en peut arriver en la devotion, & au respect que j'ay pour elle, mes obligations sont pures, sans temps, & sans condition, & il ne peut arriver de diversité, qu'aux manieres, dont il plaira à vostre Majesté d'user de mon obeissance, qui ne peut ni croistre, ni diminuer en zele, & en fidelité. Ie suis,
MADAME,
De vostre Majesté,
Le tres-humble, tres-obeissant,
& tres-obligé serviteur,
CHANVT.
With modernised spelling:
Madame,
Pendant que le bruit qui s'est répandu partout que Votre Majesté pense à se décharger du gouvernement de son royaume exerce tous les discours des hommes, je n'en puis parler avec ceux qui en raisonnent en indifférence comme d'un problème politique, ni m'en taire devant Votre Majesté, dont le bonheur et la gloire sont les plus précieux intérêts de ma joie du monde. J'avoue, Madame, la faiblesse de mon âme; et je l'avoue sans honte, voyant que tous les autres, et ceux principalement qui font profession d'honorer Votre Majesté ne pensent qu'avec frayeur à un dessein si extraordinaire.
Je suis saisi d'étonnement et de crainte lorsque je me représente la suite incertaine d'une si haute résolution; mais je reviens de mes appréhensions, et je me raffermis sur ces deux considérations: l'une, que Votre Majesté se connaît elle-même et toutes les choses humaines plus parfaitement que nous ne le saurions comprendre. L'autre que je sais, et je le sais, parce que Votre Majesté me l'a dit qu'elle se laissera toujours conduire aux mouvements de la Providence Divine, qui veille sur ceux qui lui soumettent leurs conseils pour les plier et les tourner, en sorte que les événements en soient toujours heureux. C'est, Madame, ce qui m'assure à l'égard de Votre Majesté que je regarde seule en ce changement qu'elle médite; car, de ma part, il n'en peut arriver en la dévotion et au respect que j'ai pour elle. Mes obligations sont pures, sans temps et sans conditions, et il ne peut arriver de diversité qu'aux manières dont il plaira à Votre Majesté d'user de mon obéissance, qui ne peut ni croître, ni diminuer en zèle et en fidélité. Je suis,
Madame,
de Votre Majesté
Le très humble, très obéissant
et très obligé serviteur,
Chanut.
Feller's transcript of the letter:
Madame.
Pendant que le bruit, qui s'est repandu par tout, que V. M. pense à se decharger du Gouvernement de son Royaume, exerce les discours des hommes, je n'en puis parler avec ceux, qui en raisonnent en difference, comme d'un probleme politique, ny m'en taire devant V. M. dont l'honneur & la gloire sont les plus precieux Interets que j'aye au monde. J'advouë, Madame, la foiblesse de mon ame, & je l'advouë sans honte, voyant que tous les autres, & ceux particulierement, qui font profession d'honorer V. M. ne pensent qu'avec frayeur à un dessein si extraordinaire. Je suis saisy d'étonnement & de crainte, lorsque je me represente la suite incertaine d'une si haute resolution, mais je reviens de mes apprehensions, & je me raffermis sur ces deux considerations; L'une est, que V. M. se cognoist elle mesme, & touttes les choses humaines plus parfaitement que nous ne le sçaurions comprendre non ulla malorum ò Virgo, nova te facies inopinave terret: L'autre, que je sçais pour ce que V. M. me l'a dit, qu'elle se laisseroit toujours conduire aux mouvemens de la providence divine, qui veillent sur ceux, qui luy sousmettent leurs conseils pour les plier & les former en sorte, que les evenemens en soyent toujours heureux. C'est Madame ce qui m'assure à l'esgard de V. M. que je regarde seulle en ce changement qu'elle medite, car il n'en peut arriver en la devotion & au respect que j'ay pour elle: mes obligations sont pures sans tems & sans condition, il n'y aura jamais de diversité qu'aux manieres, dont il plaira à V. M. d'user de mon obeissance, qui ne peut diminuer ny croistre en zele & en fidelité, je suis &c.
With modernised spelling:
Madame,
Pendant que le bruit qui s'est répandu partout que Votre Majesté pense à se décharger du gouvernement de son royaume, exerce les discours des hommes, je n'en puis parler avec ceux qui en raisonnent en différence comme d'un probleme politique, ni m'en taire devant Votre Majesté, dont l'honneur et la gloire sont les plus precieux intérêts que j'aie au monde. J'avoue, Madame, la faiblesse de mon âme, et je l'avoue sans honte, voyant que tous les autres, et ceux particulièrement qui font profession d'honorer Votre Majesté ne pensent qu'avec frayeur à un dessein si extraordinaire.
Je suis saisi d'étonnement et de crainte lorsque je me représente la suite incertaine d'une si haute résolution, mais je reviens de mes appréhensions, et je me raffermis sur ces deux considérations. L'une est que Votre Majesté se connaît elle-même et toutes les choses humaines plus parfaitement que nous ne le saurions comprendre. Non ulla malorum, o Virgo, nova te facies inopinave terret.
L'autre, que je sais pource que Votre Majesté me l'a dit, qu'elle se laisserait toujours conduire aux mouvements de la Providence Divine, qui veillent sur ceux qui lui soumettent leurs conseils pour les plier et les former, ensorte que les événements en soient toujours heureux. C'est, Madame, ce qui m'assure à l'égard de Votre Majesté que je regarde seule en ce changement qu'elle médite, car il n'en peut arriver en la dévotion et au respect que j'ai pour elle. Mes obligations sont pures, sans temps et sans condition. Il n'y aura jamais de diversité qu'aux manières, dont il plaira à Votre Majesté d'user de mon obéissance, qui ne peut diminuer ni croître en zèle et en fidélité. Je suis, etc.
Arckenholtz's transcript of the letter:
Madame
Pendant que le bruit, qui s'est répandu partout, que Votre Majesté pense à se décharger du Gouvernement de son Roïaume, éxerce les discours des hommes, je n'en puis parler avec ceux qui en raisonnent en indifférent, comme d'un problême politique, ni m'en taire devant Votre Majesté, dont l'honneur & la gloire sont les plus précieux intérêts que j'aïe du monde. J'avoue, Madame, la foiblesse de mon ame, & je l'avouë sans honte, voïant que tous les autres, & ceux particulièrement qui font profession d'honnorer V. M., ne pensent qu'avec fraïeur à un dessein si extraordinaire. Je suis saisi d'étonnement & de crainte lorsque je me représente la suite incertaine d'une si haute résolution, mais je reviens de mon apréhension, & je me raffermis sur ces deux considérations, l'une est que V. M. se connoit elle-même, & toutes les choses humaines plus parfaitement que nous ne le saurions comprendre.
- - - Non ulla futuri,
O Virgo, nova te facies inopinave terret.
L'autre que je sai, & je le sai pour ce que V. M. me l'a dit, qu'elle se laissera toûjours conduire aux mouvemens de la Providence Divine, qui veille sur ceux qui lui soumettent leurs conseils, pour les plier & les tourner ensorte que les événemens en soïent toûjours heureux. C'est, Madame, ce qui m'assure à l'égard de V. M. que je regarde seule en ce changement qu'elle médite, car il n'en peut arriver en la dévotion & au respect que j'ai pour elle. Mes obligations sont pures, sans tems & sans conditions, il n'y aura jamais de diversité qu'aux manières dont il plaira à Votre Majesté d'user de mon obéissance, qui ne peut ni diminuer, ni croître en zèle & fidélité. Je suis.
Madame
de Votre Majesté
Le très-humble, très-obéissant & très-fidèle Serviteur
CHANUT.
à la Haye ce Janvier 1654.
English translation (my own):
Madame,
While the rumour, which has spread everywhere, that Your Majesty is thinking of relieving yourself of the government of your kingdom exercises the speeches of men, I cannot speak of it with those who reason indifferently, as of a political problem, nor can I keep silent before Your Majesty, whose honour and glory are the most precious interests that I have in the world. I admit, Madame, the weakness of my soul; and I admit it without shame, seeing that all the others, and particularly those who profess to honour Your Majesty, think with fear of such an extraordinary design. I am seized with astonishment and fear when I imagine the uncertain result of such a high resolution, but I return from my apprehension, and I strengthen myself on these two considerations: one is that Your Majesty knows yourself and all human things more perfectly than we could understand.
- - - Non ulla futuri,
O Virgo, nova te facies inopinave terret.
The other one I know, and I know it for what Your Majesty has told me, that you will always allow yourself to be led to the movements of divine Providence, which watches over those who submit their advice to it, to bend them and turn them around ensures that events are always happy. This, Madame, is what assures me with regard to Your Majesty that I am looking alone in this change which you are meditating, for it cannot happen in the devotion and respect that I have for you. My obligations are pure, timeless and without conditions, there will never be any diversity except in the ways in which Your Majesty will please to use my obedience, which can neither diminish nor increase in zeal and fidelity. I am
Your Majesty's
Most humble, most obedient and most faithful servant
Chanut.
from The Hague, January 1654.
Swedish translation of the original (my own):
Haag, den 10 februari 1654.
Madam,
Medan ryktet som har spridits överallt att Ers Majestät funderar på att avsätta Ert rikes regering utövar människors tal, kan jag inte tala om det med dem som resonerar likgiltigt om det som ett politiskt problem, och jag kan inte heller hålla tyst om det innan. Ers Majestät, vars ära och ära är de dyrbaraste intressen jag har i världen. Jag bekänner, madam, min själs svaghet; och jag bekänner den utan skam, ty jag ser att alla andra, och särskilt de som bekänner sig att hedra Ers Majestät, bara tänker med rädsla för en sådan extraordinär dessäng. Jag grips av häpnad och rädsla när jag föreställer mig det osäkra resultatet av ett så högt beslut, men jag återhämtar mig från min oro, och jag stärker mig på dessa två överväganden: den ena är att Ers Majestät känner sig själv och alla mänskliga ting bättre än vi kan förstå.
— Non ulla futuri,
O Virgo, nova te facies inopinave terret.
Den andra saken som jag vet, och jag vet det, eftersom Ers Majestät sade till mig att Ni alltid vill låta Er ledas av den gudomliga försynens rörelser, som vakar över dem som ger sitt råd till den att böja och vända dem så att händelser alltid är glada. Det är, madam, det som försäkrar mig med avseende på Ers Majestät att jag ser ensam på denna förändring som Ni mediterar, ty den inte kan ske i den hängivenhet och respekt som jag har för Er. Mina skyldigheter är rena, tidlösa och ovillkorliga. Det skall aldrig finnas mångfald utom på de sätt på vilka det behagar Ers Majestät att använda min lydnad, som varken kan minska eller öka i iver och trohet. Jag är,
Madam,
Ers Majestäts
ödmjukaste, lydigaste
och trognaste tjänare
Chanut.
English translation of the original (my own):
The Hague, February 10, 1654.
Madame,
While the rumour that has spread everywhere that Your Majesty is thinking of discharging the government of your kingdom exercises the speeches of men, I cannot speak of it with those who reason about it indifferently as a political problem, nor can I keep quiet about it before Your Majesty, whose honour and glory are the most precious interests I have in the world. I confess, Madame, the weakness of my soul; and I confess it without shame, seeing that all the others, and particularly those who profess to honour Your Majesty, only think with fear of such an extraordinary design. I am seized with astonishment and fear when I imagine the uncertain result of such a lofty resolution, but I recover from my apprehension, and I strengthen myself on these two considerations: one is that Your Majesty knows herself and all human things more perfectly than we can comprehend.
— Non ulla futuri,
O Virgo, nova te facies inopinave terret.
The other thing that I know, and I do know it, because Your Majesty told me that you will always allow yourself to be led by the movements of Divine Providence, which watches over those who submit their advice to it to bend and turn them so that events are always happy. It is, Madame, what assures me with regard to Your Majesty that I look alone at this change that you are meditating, because it cannot happen in the devotion and respect that I have for you. My obligations are pure, timeless and unconditional. There will never be diversity except in the ways in which it pleases Your Majesty to use my obedience, which can neither diminish nor increase in zeal and fidelity. I am,
Madame,
Your Majesty's
most humble, most obedient
and most faithful servant
Chanut.
Above: Kristina.
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