Friday, August 20, 2021

Pierre Hector Chanut's letter to Kristina, dated November 3/13 (New Style), 1654

Sources:

Pages 24 to 25 in November 1654 (HHStAW Fonds 170 III No 842); 1651-1675; Korrespondenzen; Nassau-Oranien; Nassauische Territorien; Hessisches Hauptstaatsarchiv; Archives in Hessen


Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 3, page 498, Pierre Hector Chanut, 1675


Mémoires concernant Christine, volume 1, page 456, Johan Arckenholtz, 1751


Kristina's response is here:




The letter (copy; Hessisches Staatsarchiv Wiesbaden):

Madame
Apres les bontés et les graces, dont il a plû à V. M. de me traitter, je ne pensois pas avoir jamais autre Supplication à Luy faire, Sinon, qu'elle voulut en tirer la reconnoissance perpetuelle, que Je Luy en dois, par mes tres humbles Services; & neantmoins je me trouve encor obligé d'ÿ avoir recours en vne occasion fort nouvelle et du tout impourveûë, puis qu'il ne me pouvoit tomber dans l'esprit, que l'honneur, que ie recevois d'aller Saluër V. M., me deût exposer au hazard de nuire à la gloire du Roy mon Maistre, et à l'interest de Ses affaires. — Cependant, Madame, j'apprens de tous costéz; que les Ennemis de S. M. publient au Subjét de cette faveur, que V. M. m'a faite de m'appeller à Anvers, qu'elle n'a esté que le pretexte du voyage, pour couvrir ma recherche, que j'allois faire de la part du Roy, afin d'obtenir la paix par l'entremise de V. M. comme Si les forces manquoyent à la France pour Soûtenir la guerre. Jl est vray, que ce mensonge est asséz détruit par l'Estat florissant des affaires du Roy, parce, qu'il a fait voir de grand en Ses inclinations, dans cétte derniere campagne: Mais les Estrangers, qui ne connoissent les choses éloignées, que par les relations, qu'on leur envoye, preoccupés déz longtemps, par vne Suitte continuelle des faux advis, peuvent estre Surpris aẏsément, par vne Supposition accompagnée de quelques circonstances qui les rendent vraySemblables. On Sçait en quelle qualité le Roy me tient en ces provinces. On m'en voit Sortir avec permission de S. M. et un passeport de Monsr. l'Archiduc pour aller à Anvers auprés de V. M. Jl n'y a rien de plus facile, que de donner une cause publique à ce voyage particulier, devant ceux, qui ne Sçavent point que V. M. me daigne bien regarder comme un ancien Serviteur, et que m'ayant veû pendant Six ans auprés d'elle Ministre d'un Roy Son Allié, Elle a pris la coustume de m'honnorer de Sa bienveillance. C'est pourquoy, Madame, ie Supplie tres humblement V. M. par la bonté qu'elle a pour moy, par Son equité en toutes choses, et par la verité, qu'elle estime tant: qu'il Luy plaise de me donner moyen de convaincre une opinion Si fausse et Si prejudiciable, et de me garentir mesme, dans le Conseil du Roy mon Maistre, du Scrupule, que ce bruit espandu en tant de Lieux Luy pourroit donner, que ie me Serois avancé Sans ordre à requerir V. M. de quelques diligences pour la Paix. Ce n'est pas que ie ne Sois tres certain, que S. M. n'en est point éloignée, et qu'elle consentira pour le repos des peuples, de donner quelque chose de Ses justes esperances: Mais le Roy Se connoit Luy mesme, Ses forces et Sa fortune: il Scait ce qu'il doit à Sa propre reputation, et ne demandera, ce qu'il est, en estat de donner. Je conjure V. M. avec tout respéct de Se Souvenir, que ce Sont les termes, dont ie Luy ay toûjours parlé, lors qu'il Luy a plû entrer d'elle mesme Sur le discours de la Paix: Et ie La Supplie tres humblement, que l'issüe de Ses dernieres Audiences, qu'elle m'a fait l'honneur de me donner, La rende Semblable à mil autres, que j'ay eûës en Suëde, dont ie ne Suis iamais Sorti, que rempli d'admiration pour Sa vertu, Satisfait pour les interests du Roy et de plus en plus engagé à estre &c. etc.

With modernised spelling:

Madame,
Après les bontés et les grâces dont il a plu à Votre Majesté de me traiter, je ne pensais pas avoir jamais autre supplication à lui faire sinon qu'elle voulût en tirer la reconnaissance perpétuelle que je lui en dois par mes très humbles services; et néanmoins je me trouve encore obligé d'y avoir recours en une occasion fort nouvelle et du tout impourvue, puisqu'il ne me pouvait tomber dans l'esprit que l'honneur que je recevois d'aller saluer Votre Majesté me dut exposer au hasard de nuire à la gloire du Roi mon maître et à l'intérêt de ses affaires.

Cependant, Madame, j'apprends de tous côtés que les ennemis de Sa Majesté publient au sujet de cette faveur que Votre Majesté m'a faite de m'appeller à Anvers, qu'elle n'a été que le prétexte du voyage pour couvrir ma recherche que j'allais faire de la part du Roi, afin d'obtenir la paix par l'entremise de Votre Majesté, comme si les forces manquaient à la France pour soutenir la guerre. Il est vrai que ce mensonge est assez détruit par l'état florissant des affaires du Roi, parce qu'il a fait voir de grand en ses inclinations dans cette dernière campagne; mais les étrangers, qui ne connaissent les choses éloignées que par les relations qu'on leur envoie, preoccupés dès longtemps par une suite continuelle des faux avis, peuvent être surpris aisément par une supposition accompagnée de quelques circonstances qui les rendent vraisemblables.

On sait en quelle qualité le Roi me tient en ces provinces. On m'en voit sortir avec permission de Sa Majesté et un passeport de Monsieur l'archiduc pour aller à Anvers auprès de Votre Majesté. Il n'y a rien de plus facile que de donner une cause publique à ce voyage particulier devant ceux qui ne savent point que Votre Majesté me daigne bien regarder comme un ancien serviteur et que, m'ayant vu pendant six ans auprès d'elle ministre d'un roi son allié, elle a pris la coutume de m'honorer de sa bienveillance.

C'est pourquoi, Madame, je supplie très humblement Votre Majesté, par la bonté qu'elle a pour moi, par son équité en toutes choses, et par la vérité qu'elle estime tant, qu'il lui plaise de me donner moyen de convaincre une opinion si fausse et si préjudiciable et de me garantir, même dans le Conseil du Roi mon maître, du scrupule que ce bruit épandu en tant de lieux lui pourrait donner, que je me serais avancé sans ordre à requérir Votre Majesté de quelques diligences pour la paix.

Ce n'est pas que je ne sois très certain que Sa Majesté n'en est point éloignée et qu'elle consentira pour le repos des peuples de donner quelque chose de ses justes espérances, mais le Roi se connait lui-même ses forces et sa fortune. Il sait ce qu'il doit à sa propre réputation et ne demandera ce qu'il est en état de donner.

Je conjure Votre Majesté avec tout respect de se souvenir que ce sont les termes dont je lui ai toujours parlé, lorsqu'il lui a plu entrer d'elle-même sur le discours de la paix, et je la supplie très humblement que l'issue de ses dernières audiences qu'elle m'a fait l'honneur de me donner la rende semblable à mille autres que j'ai eues en Suède, dont je ne suis jamais sorti que rempli d'admiration pour sa vertu, satisfait pour les intérêts du Roi, et de plus en plus engagé à être, etc., etc.

Chanut's transcript of the letter:

MADAME,
Apres les bontez, & les graces dont il a plû à V. M. de me traiter, je ne pensois pas avoir jamais autre supplication à luy faire, sinon qu'elle voulust en tirer la reconnoissance perpetuelle que je luy en dois, par mes tres-humbles services, & neantmoins je me trouve encore obligé d'y avoir recours en une occasion fort nouvelle, & du tout impreveuë, puisqu'il ne me pouvoit tomber dans l'esprit, que l'honneur que je recevois d'aller saluër V. M., me deût exposer au hazard de nuire à la gloire du Roy mon Maistre, & à l'interest de ses affaires; Cependant, Madame, j'apprends de tous costez, que les ennemis de sa Majesté publient au sujet de cette faveur que V. M. m'a faite de m'appeller à Anvers, qu'elle n'a esté que le pretexte du voyage, pour couvrir la recherche que j'allois faire de la part du Roy, afin d'obtenir la paix par l'entremise de Vostre Majesté, comme si les forces manquoient à la France pour soûtenir la guerre; Il est vray que ce mensonge est assez détruit par l'estat florissant des affaires du Roy, & parce qu'il a fait voir de grand en en cette derniere campagne; mais les Estrangers, qui ne connoissent les choses esloignées que par les relations qu'on leur envoye, preoccupez dés long-temps par une suite continuelle des faux avis, peuvent estre surpris aisément par une supposition accompagnée de quelques circonstances qui la rendent vray-semblable, on sçait en quelle qualité le Roy me tient en ces Provinces, on m'en voit sortir avec permission de sa Majesté, & un passe-port du Marquis de Carach, pour aller à Anvers auprés de Vostre Majesté, il n'y a rien de plus facile, que de donner une cause publique à ce voyage particulier, devant ceux qui ne sçavent point que Vostre Majesté me daigne bien regarder comme un ancien serviteur, & que m'ayant veu pendant six ans auprés d'elle Ministre d'un Roy son Allié, elle a pris la coustume de m'honnorer de sa bienveillance: c'est pourquoy, Madame, je supplie tres-humblement vostre Majesté par la bonté qu'elle a pour moy, par son équité en toutes choses, & par la verité qu'elle estime tant, qu'il luy plaise de me donner moyen de convaincre une opinion si fausse, & si prejudiciable, & de me garentir mesme dans le Conseil du Roy mon Maistre du scrupule que ce bruit a répandu en tant de lieux luy pourroit donner; que je me serois avancé sans ordre à requerir Vostre Majesté de quelques diligences pour la paix; ce n'est pas que je ne sois tres-certain, que V. M. n'en est pas esloignée, & qu'elle consentira pour le repos des peuples, de donner quelque chose de ces justes esperances; mais le Roy se connoist soy-mesme, ses forces, & sa fortune, il sçait ce qu'il doit à sa propre reputation, & ne demandera point ce qu'il est en estat de donner; je conjure V. M. avec tout respect de se souvenir que ce sont les termes dont je luy ay tousiours parlé, lorsqu'il luy a plû d'entrer d'elle-mesme sur le discours de la paix, & je la supplie tres-humblement, que l'issuë de ses dernieres Audiences qu'elle m'a fait l'honneur de me donner les rende semblables à mille autres que j'ay euës en Suede, dont je ne suis jamais sorti, que remply d'admiration pour sa vertu, satisfait pour les interests du Roy, & de plus en plus engagé à estre.
MADAME,
de vostre Majesté,
Le tres-humble, tres-obeissant, &
tres-obligé serviteur.
CHANVT.
Ce 13. Novembre 1654.

With modernised spelling:

Madame,
Après les bontés et les grâces dont il a plu à Votre Majesté de me traiter, je ne pensais pas avoir jamais autre supplication à lui faire, sinon qu'elle voulût en tirer la reconnaissance perpetuelle que je lui en dois par mes très humbles services, et néanmoins je me trouve encore obligé d'y avoir recours en une occasion fort nouvelle et du tout imprevue, puisqu'il ne me pouvait tomber dans l'esprit que l'honneur que je recevais d'aller saluer Votre Majesté me dut exposer au hasard de nuire à la gloire du Roi mon maître et à l'intérêt de ses affaires.

Cependant, Madame, j'apprends de tous côtés que les ennemis de Sa Majesté publient au sujet de cette faveur que Votre Majesté m'a faite de m'appeller à Anvers, qu'elle n'a été que le prétexte du voyage pour couvrir la recherche que j'allais faire de la part du Roi, afin d'obtenir la paix par l'entremise de Votre Majesté, comme si les forces manquaient à la France pour soutenir la guerre. Il est vrai que ce mensonge est assez détruit par l'état florissant des affaires du Roi et parce qu'il a fait voir de grand en en cette dernière campagne. Mais les étrangers, qui ne connaissent les choses éloignées que par les relations qu'on leur envoie, preoccupés dès longtemps par une suite continuelle des faux avis, peuvent être surpris aisément par une supposition accompagnée de quelques circonstances qui la rendent vraisemblable.

On sait en quelle qualité le Roi me tient en ces provinces, on m'en voit sortir avec permission de Sa Majesté et un passeport du marquis de Carache pour aller à Anvers auprès de Votre Majesté. Il n'y a rien de plus facile que de donner une cause publique à ce voyage particulier devant ceux qui ne savent point que Votre Majesté me daigne bien regarder comme un ancien serviteur et que, m'ayant vu pendant six ans auprès d'elle ministre d'un roi son allié, elle a pris la coutume de m'honorer de sa bienveillance. C'est pourquoi, Madame, je supplie très humblement Votre Majesté par la bonté qu'elle a pour moi, par son équité en toutes choses, et par la vérité qu'elle estime tant, qu'il lui plaise de me donner moyen de convaincre une opinion si fausse et si préjudiciable et de me garantir même dans le Conseil du Roi mon maître du scrupule que ce bruit a répandu en tant de lieux lui pourrait donner, que je me serais avancé sans ordre à requérir Votre Majesté de quelques diligences pour la paix.

Ce n'est pas que je ne sois très certain que Votre Majesté n'en est pas éloignée et qu'elle consentira, pour le repos des peuples, de donner quelque chose de ces justes espérances, mais le Roi se connaît soi-même ses forces et sa fortune. Il sait ce qu'il doit à sa propre réputation et ne demandera point ce qu'il est en état de donner. Je conjure Votre Majesté avec tout respect de se souvenir que ce sont les termes dont je lui ai toujours parlé lorsqu'il lui a plu d'entrer d'elle-même sur le discours de la paix; et je la supplie très humblement que l'issue de ses dernières audiences qu'elle m'a fait l'honneur de me donner les rende semblables à mille autres que j'ai eues en Suède, dont je ne suis jamais sorti que rempli d'admiration pour sa vertu, satisfait pour les intérêts du Roi, et de plus en plus engagé à être,
Madame,
de Votre Majesté
le très humble, très obéissant et très obligé serviteur.
Chanut.
Ce 13 novembre 1654.

Arckenholtz's transcript of the letter:

MADAME,
Après les bontés & les graces, dont il a plû à Votre Majesté de me traiter, je ne pensois pas avoir jamais autre supplication à lui faire, si non qu'elle voulût en tirer la reconnoissance perpétuelle que je lui en dois, par mes très-humbles services: & néanmoins je me trouve encore obligé d'y avoir recours en une occasion fort nouvelle, & du tout imprévuë, puisqu'il ne me pouvoit tomber dans l'esprit, que l'honneur que je recevois d'aller saluer V. M., me dût exposer au hazard de nuire à la gloire du Roi mon Maitre, & à l'intérêt de ses affaires; cependant, Madame, j'apprens de tous côtés, que les ennemis de Sa Majesté publient au sujèt de cette faveur que V. M. m'a faite de m'appeller à Anvers, qu'elle n'a été que le prétexte du voïage, pour couvrir la recherche que j'allois faire de la part du Roi, afin d'obtenir la paix par l'entremise de Votre Majesté, comme si les forces manquoient à la France pour soutenir la guerre. Il est vrai que ce mensonge est assez détruit par l'état florissant des affaires du Roi, & par ce qu'il a fait voir de grand en ces inclinations en cette dernière Campagne; mais les étrangers, qui ne connoissent les choses éloignées que par les relations qu'on leur envoïe, préoccupés dès longtems par une suite continuelle des faux avis, peuvent être surpris aisément par une supposition accompagnée de quelques circonstances qui la rendent vraisemblable. On sait en quelle qualité le Roi me tient en ces provinces, on m'en voit sortir avec permission de Sa Majesté, & un passeport de Mons: l'Archiduc pour aller à Anvers, auprès de V. M. Il n'y a rien de plus facile, que de donner une cause publique à ce voïage particulier, devant ceux qui ne savent point que V. M. me daigne bien regarder comme un ancien serviteur & que m'aiant vû pendant six ans auprès d'elle, Ministre d'un Roi son allié, elle a pris la coûtume de m'honnorer de sa bienveillance: C'est pourquoi, Madame, je supplie très-humblement V. M. par la bonté qu'elle a pour moi, par son équité en toutes choses, & par la vérité qu'elle estime tant, qu'il lui plaise de me donner moïen de convaincre une opinion si fausse, & si préjudiciable, & de me garantir même dans le Conseil du Roi mon Maitre du scrupule que ce bruit a répandu en tant de lieux, lui pourroit donner; que je me serois avancé sans ordre à requérir Votre Majesté de quelques diligences pour la paix; ce n'est pas que je ne sois très-certain, que Sa M. n'en est pas éloignée, & qu'elle consentira pour le repos des peuples, de donner quelque chose de ses justes espérances; mais le Roi se connoit soi-même, ses forces, & sa fortune, il sait ce qu'il doit à sa propre réputation, & ne demandera point ce qu'il est en état de donner; je conjure V. M. avec tout respect de se souvenir, que ce sont les termes dont je lui ai toûjours parlé, lorsqu'il lui a plû d'entrer d'elle-même sur le discours de la paix, & je la supplie très-humblement que l'issuë de ses dernières Audiences qu'elle m'a fait l'honneur de me donner, les rende semblables à mille autres que j'ai euës en Suède, dont je ne suis jamais sorti, que rempli d'admiration pour sa vertu, satisfait pour les intérêts du Roi, & de plus en plus engagé à être
Madame
de Votre Majesté
le très-humble, très-obéïssant
& très-obligé serviteur
CHANUT.
de la Haye 13 Novembre 1654.

English translation (my own):

Madame,
After the kindnesses and the graces with which it pleased Your Majesty to treat me, I never thought I had any other supplication to make to you, except that you wished to derive from it the perpetual gratitude that I owe you for it, by my very humble services. And nevertheless I still find myself obliged to have recourse to it on a very new occasion, and at all unforeseen, since it could not fall in my mind, except the honour which I received to go to greet Your Majesty, had to expose me to the hazard of injuring the glory of the King my master, and the interest of his affairs; however, Madame, I am hearing from all sides that His Majesty's enemies are publishing about this favour which Your Majesty has done me to call me to Antwerp, that it was only the pretext of the journey, to cover the research that I was going to make on behalf of the King, in order to obtain peace through Your Majesty, as if the forces were lacking in France to support the war. It is true that this lie is sufficiently destroyed by the flourishing state of the King's affairs, and by what he has shown great in these inclinations in this last campaign; but strangers, who know distant things only through the reports sent to them, preoccupied for a long time by a continual succession of false opinions, can be easily surprised by a supposition accompanied by some circumstances which make it probable. We know in what capacity the King holds me in these provinces, we see me leaving with permission from His Majesty, and a passport from the Archduke to go to Antwerp, to Your Majesty. There is nothing easier than to give a public cause to this particular trip, in front of those who do not know that Your Majesty deigns to regard me as a former servant and that having seen me for six years with you, Minister of the King your ally, you have adopted the custom of honouring me with your benevolence. This is why, Madame, I very humbly implore Your Majesty for the kindness which you have for me, for your equity in all things, and for the truth which you esteem so much, that it please you to give me a means to persuade an opinion so false, and so prejudicial, and to guarantee me even in the council of the King my master of the scruple which this rumour has spread in so many places, could give him; that I would have gone forward without order to request Your Majesty to carry out some diligence for the sake of peace. It is not that I am not very certain that His Majesty is not far from it, and that he will consent for the repose of the people, to give something of his just hopes; but the King knows himself, his strength, and his fortune, he does what he owes to his own reputation, and will not ask for what he is in a position to give; I beg Your Majesty with all respect to remember that these are the terms I have always spoken to you about, when it has pleased you to enter into the speech of peace on your own, and I beg you very humbly that the outcome of your last audiences that you did me the honour to give me, makes them like a thousand others that I have had in Sweden, from which I have never left, only filled with admiration for your virtue, satisfied for the interests of the King, and more and more committed to being,
Madame,
Your Majesty's
most humble, obedient and obliged servant
Chanut.
from The Hague, November 13, 1654.

Swedish translation of Chanut's transcript of the letter (my own):

Madam,
Efter den vänlighet och nåd med vilken Ers Majestät har nöjt sig att behandla mig, trodde jag aldrig att jag någonsin skulle ha någon annan vädjan att framföra till Er än att Ni har velat dra ur den den eviga tacksamhet som jag är skyldig Er genom min mycket ödmjuka tjänster, och likväl finner jag mig fortfarande skyldig att tillgripa det vid ett mycket nytt och helt oförutsett tillfälle, eftersom det inte kunde falla mig in att den ära som jag fick att gå att hälsa på Ers Majestät måste ha utsatt mig för risken att skada Konungens, min herres, ära och hans angelägenheters intressen.

Emellertid, madam, får jag veta från alla håll att Hans Majestäts fiender publicerar om denna tjänst som Ers Majestät har gjort mig för att kalla mig i Antwerpen, att det bara var resans förevändning för att täcka forskningen som jag skulle göra på Konungens vägnar för att genom Ers Majestät erhålla fred, som om styrkorna i Frankrike misslyckats med att stödja kriget. Det är sant att denna lögn är helt förstörd av det blomstrande tillståndet i Konungens angelägenheter och därför att han har gjort ett stort framträdande i detta sista fälttåg. Men utlänningar, som bara veta avlägsna saker från de rapporter som skickats till dem och som länge är upptagna av en ständig rad falska råd, kan lätt överraskas av ett antagande åtföljt av vissa omständigheter som gör det sannolikt.

Man vet i vilken egenskap Konungen förvarar mig i dessa provinser, man ser mig lämna dem med Hans Majestäts tillstånd och ett passeport från markisen de Carache för att åka till Antwerpen till Ers Majestät. Det finns inget lättare än att ge en offentlig anledning till just denna resa inför dem som inte vet att Ers Majestät värdar att betrakta mig som en före detta tjänare och att efter att ha sett mig i sex år som minister för en konung som är Er allierade, Ni har tagit Er till att hedra mig med Er välvilja. Det är därför, madam, jag mycket ödmjukt ber Ers Majestät genom den vänlighet som Ni har mot mig genom Er rättvisa i allt och genom den sanning som Ni uppskattar så mycket att det behagar Er att ge mig medel att övertyga en så falsk åsikt och så prejudicerlig och att garantera mig även i Konungens, min herres, Råd från den skrupel som detta betänkande spridit på så många ställen kunde ge honom, att jag utan order skulle ha avancerat att kräva att Ers Majestät skulle göra någon flit för freden.

Det är inte så att jag är mycket säker på att Ers Majestät inte är långt därifrån och att Ni kommer att gå med på att för folkets vila ge något av dessa rättvisa förhoppningar, men Konungen känner sina egna styrkor och sin lycka. Han vet vad han är skyldig sitt eget rykte, och han kommer ju inte att be om vad han kan ge. Jag ber Ers Majestät med all respekt att komma ihåg att detta är de villkor om vilka jag alltid har talat till er när det behagat er att av egen vilja inträda i fredens tal; och jag ber Er mycket ödmjukt att resultatet av Era sista audienser som Ni gjorde mig den äran att ge mig gör dem som tusen andra jag haft i Sverige, varifrån jag aldrig lämnat annat än fylld av beundran för Er dygd, nöjd för Konungens intressen, och mer och mer engagerad i att vara,
Madam,
Ers Majestäts
ödmjukaste, lydigaste och trognaste tjänare
Chanut.
Den 13 november 1654.

English translation of Chanut's transcript of the letter (my own):

Madame,
After the kindnesses and graces with which Your Majesty has been pleased to treat me, I did not think I would ever have any other plea to make to you except that you have wanted to draw from it the perpetual gratitude which I owe you by my very humble services, and nevertheless I still find myself obliged to have recourse to it on a very new and entirely unforeseen occasion, since it could not have occurred to me that the honour which I received of going to greet Your Majesty must have exposed me to the risk of harming the glory of the King, my master, and the interests of his affairs.

In the meantime, Madame, I learn from all sides that the enemies of His Majesty publish about this favour which Your Majesty has done me to call me in Antwerp, that it was only the pretext of the trip to cover the research that I was going to make on behalf of the King in order to obtain peace through Your Majesty, as if the forces in France failed to support the war. It is true that this falsehood is quite destroyed by the flourishing state of the King's affairs, and because he has made a great appearance in this last campaign. But foreigners, who only know distant things from the reports sent to them, and who are long preoccupied with a continual series of false advice, can easily be surprised by a supposition accompanied by some circumstances which render it verisimilar.

One knows in what capacity the King keeps me in these provinces, one sees me leave them with His Majesty's permission and a passport from the Marquis de Carache to go to Antwerp to Your Majesty. There is nothing easier than to give a public cause to this particular trip in front of those who do not know that Your Majesty deigns to regard me as a former servant and that, having seen me for six years as the minister of a king who is your ally, you have taken to honouring me with your benevolence. This is why, Madame, I very humbly beg Your Majesty, by the kindness you have for me by your fairness in all things and by the truth that you esteem so much that it pleases you to give me the means to convince an opinion so false and so prejudicial and to guarantee myself even in the Council of the King, my master, from the scruple which this report has spread in so many places could give him, that I would have advanced without order to require Your Majesty to do some diligence to peace.

It is not that I am very certain that Your Majesty is not far from it and that you will agree, for the repose of the people, to give something of these just hopes, but the King knows his own strengths and his fortune. He knows what he owes to his own reputation, and he will not ask for what he is able to give. I beg Your Majesty with all respect to remember that these are the terms of which I have always spoken to you when it pleased you to enter of your own accord into the speech of peace; and I very humbly beg you that the outcome of you last audiences which you did me the honour of giving me make them like a thousand others I have had in Sweden, from whence I have never left except filled with  admiration for your virtue, satisfied for the interests of the King, and more and more engaged to being,
Madame,
Your Majesty's
most humble, most obedient and most faithful servant
Chanut.
November 13, 1654.

Swedish translation of the HSAD transcript (my own):

Madam,
Efter den vänlighet och nåd med vilken det behagade Ers Majestät att behandla mig, trodde jag aldrig att jag någonsin skulle ha någon annan bön till Er än att Ni skulle vilja härleda den eviga tacksamhet som jag är skyldig Er genom mina mycket ödmjuka tjänster; och likväl finner jag mig fortfarande nödsakad att tillgripa det vid ett alldeles nytt och helt oväntat tillfälle, då det inte kunde falla mig in att den ära jag fått av att gå att hälsa på Ers Majestät skulle utsätta mig för risken att skada konungens, min herres, ära och hans angelägenheters intressen.

Men, madam, jag får veta från alla håll att Hans Majestäts fiender publicerar om denna tjänst som Ers Majestät gjorde mig för att kalla mig till Antwerpen, att det bara var förevändningen för resan för att täcka mitt sökande som jag skulle göra på uppdrag av Konungen för att genom Ers Majestät erhålla fred, som om Frankrike saknade styrkor att stödja kriget. Det är sant att denna lögn är alldeles förstörd av det blomstrande tillståndet i Konungens angelägenheter, emedan han visade sina böjelser mycket i detta sista fälttåg; men utlänningar, som endast veta avlägsna saker genom de till dem skickade rapporterna, länge upptagna av en ständig rad falska åsikter, kan lätt överraskas av ett antagande åtföljt av ett fåtal omständigheter som göra dem sannolika.

Man vet i vilken egenskap Konungen håller mig i dessa provinser. Man ser mig lämna med tillstånd från Hans Majestät och ett passeport från ärkehertigen för att åka till Antwerpen för att vara nära Ers Majestät. Det finns inget lättare än att ge en offentlig anledning till just denna resa inför dem som inte vet att Ers Majestät värdar att betrakta mig som en före detta tjänare och att, efter att ha sett mig i sex år som er minister för en konung, Er allierad,  Ni tog seden att hedra mig med Er välvilja.

Det är därför, madam, jag ödmjukt ber Ers Majestät, genom den vänlighet Ni har mot mig, genom Er rättvisa i allt och genom den sanning som Ni värdesätter så mycket, att det behagar Er att ge mig ett sätt att döma en åsikt så falsk och så fördomsfull och att garantera mig själv, även i Konungens, min herres, Råd, från den skrupel som detta rykte som har spridit sig på så många ställen kunde ge honom, att jag skulle ha avancerat mig utan order att begära Ers Majestät för lite flit för fred.

Det är inte så att jag inte är särskilt säker på att Hans Majestät inte är långt därifrån och att han kommer att gå med på att resten av folket skall ge något av sina rättvisa förhoppningar, men Konungen själv känner till sina styrkor och sin fortun. Han vet vad han är skyldig sitt eget rykte och kommer bara att be om vad han kan ge.

Jag förmanar Ers Majestät med all respekt att komma ihåg att detta är de villkor om vilka jag alltid har talat till Er, när det behagade Er att gå in i fredens diskurs, och jag ber Er mycket ödmjukt att frågan om hennes sista audienser som Ni  gjorde mig den äran att ge mig, gör det likt tusen andra, som jag hade i Sverige, från vilket jag aldrig lämnade annat än full av beundran för din dygd, tillfredsställd för Konungens intressen och mer och mer engagerad att vara, osv., osv.

English translation of the HSAW transcript (my own):

Madame,
After the kindness and graces with which it pleased Your Majesty to treat me, I did not think I would ever have any other supplication to make to you other than that you would want to derive the perpetual gratitude that I owe you through my very humble services; and nevertheless I still find myself obliged to resort to it on a very new and completely unexpected occasion, as it could not occur to me that the honour I have received from going to greet Your Majesty would expose me to the risk of harming the glory of the King, my master, and the interests of his affairs.

However, Madame, I learn from all sides that His Majesty's enemies are publishing about this favour that Your Majesty did me to call me to Antwerp, that it was only the pretext for the trip to cover my search that I was going to make on behalf of the King, in order to obtain peace through the intermediary of Your Majesty, as if France lacked the forces to support the war. It is true that this lie is quite destroyed by the flourishing state of the King's affairs, because he showed his inclinations greatly in this last campaign; but foreigners, who only know distant things through the reports sent to them, preoccupied for a long time by a continual series of false opinions, can easily be surprised by a supposition accompanied by a few circumstances which make them probable.

One knows in what capacity the King holds me in these provinces. One sees me leaving with permission from His Majesty and a passport from the Archduke to go to Antwerp to be near Your Majesty. There is nothing easier than to give a public cause for this particular trip before those who do not know that Your Majesty deigns to regard me as a former servant and that, having seen me for six years as your  minister of a King, your ally, you took the custom of honouring me with your benevolence.

This is why, Madame, I most humbly beg Your Majesty, by the kindness you have for me, by your equity in all things, and by the truth which you esteem so much, that it please you to give me a means to convict an opinion so false and so prejudicial and to guarantee myself, even in the Council of the King, my master, from the scruple which this rumour that has spread in so many places could give him, that I would have advanced myself without order to request Your Majesty for a few diligences for peace.

It is not that I am not very certain that His Majesty is not far from it and that he will agree for the rest of the people to give something of his just hopes, but the King himself knows his strengths and his fortune. He knows what he owes to his own reputation and will only ask for what he is able to give.

I conjure Your Majesty with all respect to remember that these are the terms of which I have always spoken to you, when it pleased you to enter into the discourse of peace, and I very humbly beg you that the issue of her last audiences which you did me the honour of giving me, makes it similar to a thousand others that I had in Sweden, from which I never left except full of admiration for your virtue, satisfied for the interests of the King, and more and more engaged to being, etc., etc.


Above: Kristina.

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