Monday, July 27, 2020

Kristina's letter to Pierre Hector Chanut, dated November 24/December 4 (New Style), 1654

Sources:

Page 25 in November 1654 (HHStAW Fonds 170 III No 842); 1651-1675; Korrespondenzen; Nassau-Oranien; Nassauische Territorien; Hessisches Hauptstaatsarchiv; Archives in Hessen


Lettres autographes de la collection de Troussures, page 522, by Paul Denis, 1912


Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 3, page 502, Pierre Hector Chanut, 1675


Mémoires concernant Christine, volume 1, page 457, Johan Arckenholtz, 1751


The letter (copy; Hessisches Staatsarchiv Darmstadt):

Pour toute response à vne Léttre, que vous faites valoir, en publiant des copies, Je vous diray, que tout ce qu'elle contient n'a aucun fondement. Vous n'avéz qu'à vous Souvenir, de ce qui S'est passé, et les procedez de Vôtre Cour, pour desavoüer le bruit, que vous croyéz Si fort au desavantage du Roy V:re Maistre. Pour les Espagnols, Je vous puis asseûrer, qu'ils Sont informéz des interéts de ceux, qui empéchent la paix, Et que bien loin de Se vanter d'en estre Sollicitéz; ils iugent, que l'on la desire moins, que iamais en France. Quoy qu'il en Soit, Je croy, que les Fanfaronnades ne Sont pas capables de leur faire peur, ni les Finesses de les tromper: Jls desirent la paix: mais Sans impatience; Et peut estre attendront ils pour la donner, que l'on Soit plus modeste en France. L'inconstance de la Fortune et celle de l'humeur des François, me fait croire, que les affaires ne demeureront pas longtemps en mesme estat. Et ie pense, que S'il arrive iamais au Roy V:re Maistre de iuger par luy mesme de Ses interéts il connoistra, que la Paix est le plus grand bien, qu'il puisse donner à Ses Sûjects, et que ie Suis veritablement Son amie, puis que ie la Souhaite à la France. etc.

With modernised spelling:

Pour toute réponse à une lettre que vous faites valoir en publiant des copies, je vous dirai que tout ce qu'elle contient n'a aucun fondement. Vous n'avez qu'à vous souvenir de ce qui s'est passé, et les procédés de votre Cour, pour désavouer le bruit, que vous croyez si fort au désavantage du Roi votre maître. Pour les Espagnols, je vous puis assurer qu'ils sont informés des intérêts de ceux qui empêchent la paix et que, bien loin de se vanter d'en être sollicités, ils jugent que l'on la désire moins que jamais en France.

Quoiqu'il en soit, je crois que les fanfaronnades ne sont pas capables de leur faire peur, ni les finesses de les tromper. Ils désirent la paix, mais sans impatience, et peut-être attendront-ils pour la donner que l'on soit plus modeste en France. L'inconstance de la fortune, et celle de l'humeur des Français, me fait croire que les affaires ne demeureront pas longtemps en même état; et je pense que, s'il arrive jamais au Roi votre maître de juger par lui-même de ses intérêts, il connaîtra que la paix est le plus grand bien qu'il puisse donner à ses sujets et que je suis véritablement son amie, puisque je la souhaite à la France, etc.

Denis' transcript of the letter:

MONSIEUR
Pour toutes responces a une lettre que vous faistes valoir en publiant les copies, je vous diray que tout ce quelle contient na aucun fondement; vous navez qua vous souvenir de ce quy sest passée et des procedez de vostre cour, pour désavoüer le bruit que vous croyez si fort au desavantage du Roy vostre maistre pour les Espagnols. je vous puis asseurer quils sont informez des interests de ceux qui empeschent la paix et que bien loing de se vanter den estre solicitez ilz jugent que lon la desire moins que jamais en France. quoy quil en soit je croy que les fanfaronnades ne sont pas capables de leur faire peur, ny les finesses de les tromper; ilz désirent la paix mais sans impatience, & peut estre attendront ilz a la donner que lon soit plus modeste en France. Linconstance de la fortune et celle de lhumeur des François me font croire que les affaires ne demeureront pas longtems en mesme estat, et je pense que sil arrive au Roy vostre maistre de juger par luy mesme de ses interestz il connoistra que je suis veritablement son amye puisque je la souhaitte à la France.
CHRISTINE.

With modernised spelling:

Monsieur,
Pour toutes réponses à une lettre que vous faites valoir en publiant les copies, je vous dirai que tout ce qu'elle contient n'a aucun fondement; vous n'avez qu'à vous souvenir de ce qui s'est passée et des procédés de votre cour pour désavouer le bruit que vous croyez si fort au désavantage du Roi votre maître pour les Espagnols. Je vous puis assurer qu'ils sont informés des intérêts de ceux qui empêchent la paix et que, bien loin de se vanter d'en être sollicités, ils jugent que l'on la désire moins que jamais en France. Quoiqu'il en soit, je crois que les fanfaronades ne sont pas capables de leur faire peur, ni les finesses de les tromper; ils désirent la paix, mais sans impatience, et peut-être attendront-ils à la donner que l'on soit plus modeste en France. L'inconstance de la fortune et celle de l'humeur des Français me font croire que les affaires ne demeureront pas longtemps en même état, et je pense que s'il arrive au Roi votre maître de juger par lui-même de ses intérêts, il connaîtra que je suis véritablement son amie, puisque je la souhaite à la France.
Christine.

Chanut's transcript of the letter:

Pour toute réponce à vostre lettre, que vous faites valoir en publiant des copies, je vous diray que tout ce qu'elle contient n'a aucun fondement, vous n'avez qu'à vous souvenir de ce qui s'est passé, & les procedez de vostre Cour, pour desavouër le bruit que vous croyez si fort au desavantage de vostre Maistre. Pour les Espagnols, je vous puis asseurer qu'ils sont informez des interests de ceux qui empeschent la Paix, & que bien loin de se vanter d'estre sollicitez, ils jugent qu'on la desire moins que jamais en France: Quoy qu'il en soit, je croy que les fanfaronnades ne sont pas capables de leur faire peur, ni les finesses de les tromper. Ils desirent la Paix, mais sans impatience, & peut-estre attendront-ils pour la donner que l'on soit modeste en France, l'inconstance de la fortune, & celle de l'humeur de France me fait croire, que les affaires ne demeureront pas long-temps en mesme estat, & je pense que s'il arrive jamais au Roy vostre Maistre de juger par luy-mesme de ses interests, il connoistra que la paix est le plus grand bien qu'il puisse donner à ses sujets, & que je suis veritablement son amie, puisque je l'ay souhaitée à la France
CHRISTINE.
Ce 4. Decembre 1654.

With modernised spelling:

Pour toute réponse à votre lettre que vous faites valoir en publiant des copies, je vous dirai que tout ce qu'elle contient n'a aucun fondement. Vous n'avez qu'à vous souvenir de ce qui s'est passé, et les procédés de votre Cour pour désavouer le bruit que vous croyez si fort au désavantage de votre maître. Pour les Espagnols, je vous puis assurer qu'ils sont informés des intérêts de ceux qui empêchent la paix et que, bien loin de se vanter d'être sollicités, ils jugent qu'on la désire moins que jamais en France. Quoiqu'il en soit, je crois que les fanfaronades ne sont pas capables de leur faire peur, ni les finesses de les tromper. Ils désirent la paix, mais sans impatience, et peut-être attendront-ils pour la donner que l'on soit modeste en France. L'inconstance de la fortune et celle de l'humeur de France me fait croire que les affaires ne demeureront pas longtemps en même état, et je pense que, s'il arrive jamais au Roi votre maître de juger par lui-même de ses intérêts, il connaîtra que la paix est le plus grand bien qu'il puisse donner à ses sujets, et que je suis véritablement son amie, puisque je l'ai souhaitée à la France.
Christine.
Ce 4 décembre 1654.

Arckenholtz's transcript of the letter:

Pour toute réponse à votre lettre, que vous faites valoir en publiant des Copies, je vous dirai que tout ce qu'elle contient, n'a aucun fondement, vous n'avez qu'à vous souvenir de ce qui s'est passé, & les procédés de votre Cour, pour désavouer le bruit que vous croïez si fort au desavantage de votre Maitre. Pour les Espagnols, je vous puis assurer, qu'ils sont informés des intérêts de ceux qui empêchent la Paix, & que bien loin de se vanter d'être sollicités, ils jugent, qu'on la desire moins que jamais en France. Quoiqu'il en soit, je crois que les fanfaronades ne sont pas capables de leur faire peur, ni les finesses de les tromper. Ils desirent la Paix, mais sans impatience, & peut-être attendront-ils pour la donner que l'on soit plus modeste en France. L'inconstance de la fortune; & celle de l'humeur de France me fait croire, que les affaires ne demeureront pas longtems en même état, & je pense que s'il arrive jamais au Roi votre Maitre de juger par lui-même de ses intérêts, il connoitra que la paix est le plus grand bien qu'il puisse donner à ses Sujèts, & que je suis véritablement son amie, puisque je l'ai souhaitée à la France
CHRISTINE.
d'Anvers ce 4 Decembre, 1654.

English translation (my own):

For any response to your letter, which you argue by publishing copies, I will tell you that everything in it has no basis, you just have to remember what happened, and the proceedings of your court, to disavow the rumour which you believe so strongly, to the disadvantage of your master. As for the Spaniards, I can assure you that they are informed of the interests of those who prevent peace, and that far from boasting of being solicited, they believe that it is less desired than ever in France. However that may be, I believe that boasting is not capable of scaring them, nor the finesse of deceiving them. They want peace, but without impatience, and perhaps they will wait until one is more modest in France before giving it. The inconstancy of fortune and that of the humour of France makes me believe that affairs will not remain for long in the same state, and I think that if it ever is up to the King your master to judge for himself of his interests, he will know that peace is the greatest good he can give to his subjects, and that I am truly his friend, since I have wished it for France.
Kristina.
Antwerp, December 4, 1654.

Swedish translation of the HSAD transcript (my own):

För något svar på ett brev som Ni hävdar genom att publicera kopior, kommer jag att säga att allt det innehåller är grundlöst. Ni behöver bara komma ihåg vad som skedde, och förfarandet i Ert hov, för att avfärda ryktet som Ni så starkt tror är till nackdel för Konungen, Er herre. När det gäller spanjorerna kan jag försäkra Er att de är informerade om intressena hos dem som förhindrar fred och att de, långt ifrån att skryta med att ha blivit efterfrågade för det, bedömer att det är mindre önskvärt än någonsin i Frankrike.

Oavsett vilket tror jag att skryt inte kan skrämma dem, inte heller finesser att lura dem. De vill ha fred, men utan otålighet, och kanske väntar de med att ge den tills det blir mer blygsamhet i Frankrike. Lyckans inkonstans och fransmännens humör får mig att tro att affärerna inte kommer att förbli i samma tillstånd länge; och jag tror att om det någonsin händer Konungen, Er herre, att själv bedöma hans intressen, så kommer han att veta att fred är det största goda han kan ge sina undersåtar och att jag verkligen är hans vän, som jag önskar det för Frankrike, osv.

English translation of the HSAD transcript (my own):

For any response to a letter that you claim by publishing copies, I will tell you that everything it contains is baseless. You only have to remember what happened, and the proceedings of your court, to disavow the rumour which you believe so strongly to be to the disadvantage of the King, your master. As for the Spaniards, I can assure you that they are informed of the interests of those who prevent peace and that, far from boasting of being solicited for it, they judge that it is less desired than ever in France.

Regardless, I believe that boasting is not capable of scaring them, nor subtleties of deceiving them. They want peace, but without impatience, and perhaps they will wait to give it until there is more modesty in France. The inconstancy of fortune, and that of the humour of the French, makes me believe that affairs will not remain in the same state for long; and I think that, if it ever happens to the King, your master, to judge his interests for himself, he will know that peace is the greatest good he can give to his subjects and that I am truly his friend, as I wish it for France, etc.


Above: Kristina.

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