Sources:
Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899
Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on September 28, 1667.
The letter:
28 Sept. 1667.
Vostre lestre du 3 du present mopporta une une Consolation que toutte leloquance de Ciceron ny Celle de Demosthene ny la Vostre mesme qui Vaut mieux que la leure nest pas Capable dexprimer. la ioye et la Veneration avec la quelle iay receu la lestre dont Sa S.te a voulu honorer estoit telle que ie fally a partir de la main pour aller a Rome mais mon malheur me donna a Conoistre que ie nestois pas en estat dexecuter enCore une si iuste envie et quil me reste enCore plus de Vint iours qui me sambleront autan des Eternites pour trainer mon impacience iusques a bout la Consideration que Vous faittes sur le temps de mon arrive et la mesme que iay fait et ie suis asse malheureuse pour ne pouvoir pas esperer destre a Rome devan le 15 ou 20 de novembre, ne pouvant pas partir dycy devant le 20 ottobre Car iy suis arreste iusques a ce temps par une indispensable necessite de mes affaires
Cepandant Je Vous prie dasseurer Sa S.te que je repondiray a ses bontes en touts temps et en touts lieux avec tan Vene de Veneration de Respect et dobbiessance que ie me rendray digne de la Continuation de ses faveurs et de la tendresse paternelle dont Jl mhonore, et Jespere que ma presence et mes servises me laugmenteront et me la Conserveront dune maniere a faire ma gloire destre ayme et Considere dun si grandt pape et ie me prepare a me Voir reCompense avec usure de touts les outrages que iay suffert autrefois, et ie meforceray a meforcer a rendre Sa S.te si satisfaitte de moy que iespere quil aura de la ioye a me rendre iustice. cest de quoy Vous pour repondre pour moy.
Je ne manqueray pas de Vous informer ponntuellement de mon depart. Cepandant vous navez qua me prescrire le iour que vous Voulez que ientre a Rome et de [...] qui me puisse empecher destre pontuel. Jexpedieray pour cet effect dans peu de iour Clairet qui Vous porte toute les informations necessaires, et quelque information de plus qui Vous sera tres agreable a savoir, et si tost que Vous aurez receu la presente ne mescrivez plus icy mais faitte que ie trouve de Vos lestres a Augusta pour pouvoir regler mon Voiage a Vostre mode. Je ne pretents pas que Vous prenniez la paine de Vennir me renContrer, vous me ferez trop de grace si Vous ne Vous enfuiez a mon arrive de Rome. enfin quelque resolution que Vous prenniez ie seray Contente de tout ce que Vous ferez, et ie partiray infaliblement du 20 du prochain dyci au plus long et Vous pouvez Vous regler la desus, mais Je Vous donneray encore vne information plus exacte et ponntuelle par les lestres que Clairet Vous portera dans peu de iour.
Jl ny a icy rien de nouveau. Vrangel et enCore au lit mais Jl se porte vn peu mieu et ie Crois quil le poura quitter bien tost. Jl a Voulu faire vn effort pour prendre lair mais Jl y a mal reusi et ie panse que Cela a recule sa sante pour quelque iour le Chagrin et la mauvaise satisfaction quil a de la Cour de Suede Contribu beaucoup a son mal.
Le Marquis de Monte est entierement gery et Jl merite la grace que Vous luy faittes de Continuer de laimer Comme auparavant.
lon dit pour Certain que lEmpereur a enfin resolu de secourir le pays bas si largent de france qui est alle a Vienne, ne lenpeche. Les Ollandois se declareront infaliblement pour lEspange lon ne sest pas enCore quel partye prendra lAngletrere qui iusques icy permet les leves aux deux partyes. lEspange fait vn si gran party aux Ollandois pour les engager quil est estonnant de Voir a quoy ils se resolve en cette extremite.
larme de france est en quartiers d'hyver, et cette Campange est finie.
lassamble de Colonge a fait enfin a fait sa proposition. on ne sait enCore ce qui en resultera de cette assamblee. tout ce quon peut asseurer avec Verite est quon ẏ boira furieusement a la sante du bien publique et de la liberte dAllemange Ce quon y fera de plus le temps le fera Conoistre a Ratisbonne on fait de mesme et la ausi bien qua Colonge on prent de largent de touts ceux qui en Veulent donner. Voila un peu de mots la Constitution present de lAllemange. en Suede on fait Casi autan, mais on ne reCoit et on ne donne pas dargent parce quon nen a point, et que lesperance et perdu den avoir, Car Jl ny a pas de Comedie qvi donne de largent aux spectateurs, et Cest le presonage quon a prix. on Veut offrir la mediation et Come cest la qualite que toutte lEurope prendt presente ment ie Conseillie au pape de prendre Celle dArbitre quil luy appartient.
Je Vous enVoy un memoire de M. de lionne qui me Vient de Bruxselles. ie supose que les Espangols yci Vous lont Communique ausi bien qua moy mais en tout Cas ie ne saurois menpecher de Vous lenVoyer. iy Voy avec ioye que si les Conseils de lionne sont suivis, les affaires de Castro ninquieteront plus Rome. ie suis au desespoir de Voir que les affaires resolutions du roy la desus Vous sont eschapes, mais ie ne doutte pas que Vous ne le sachiez, et ie tacheray de les savoir ausi de mon Cote devan que de partir.
[...] exact de lestat de mes affaires. Cepandant Je Vous prie destre persuade que Vous trouverez que mes malheurs non apporte aucun Changement a mon amitie que ie Vous Conserveray inviolable iusques a la mort adieu
au nom de dieu oste Vous de la teste ces terreurs paniques que Vous avez pour moy et Croẏez que tout est Calme ici et que ie suis autant en seurete icy qua Rome mesme
With modernised spelling:
Hambourg, 28 septembre 1667.
Votre lettre du 3 du présent m'apporta une consolation que toute l'éloquence de Cicéron ni celle de Démosthène, ni la vôtre même, qui vaut mieux que la leur, n'est pas capable d'exprimer. La joie et la vénération avec laquelle j'ai reçu la lettre dont Sa Sainteté a voulu m'honorer était telle que je faillis à partir de la main pour aller à Rome; mais mon malheur me donna à connaître que je n'étais pas en état d'éxecuter encore une si juste envie, et qu'il me reste encore plus de vingt jours, qui me sembleront autant d'éternités, pour traîner mon impatience jusqu'au bout. La considération que vous faites sur le temps de mon arrivée est la même que j'ai faite, et je suis assez malheureuse pour ne pouvoir pas espérer d'être à Rome devant le 15 ou 20 de novembre, ne pouvant pas partir d'ici devant le 20 octobre; car j'y suis arrêtée jusqu'à ce temps par une indispensable nécessité de mes affaires.
Cependant je vous prie d'assurer Sa Sainteté que je répondrai à ses bontés, en tous temps et en tous lieux, avec tant de vénération, de respect et d'obéissance, que je me rendrai digne de la continuation de ses faveurs et de la tendresse paternelle dont il m'honore, et j'espère que ma présence et mes services me l'augmenteront et me la conserveront d'une manière à faire ma gloire d'être aimée et considérée d'un si grand pape; et je me prépare à me voir récompensée avec usure de tous les outrages que j'ai soufferts autrefois, et à m'efforcer à rendre Sa Sainteté si satisfaite de moi, que j'espère qu'il aura de la joie à me rendre justice. C'est de quoi vous pour[rez] répondre pour moi.
Je ne manquerai pas de vous informer ponctuellement de mon départ. Cependant vous n'avez qu'à me prescrire le jour que vous voulez que j'entre à Rome et de me le faire savoir à Augusta, et je vous promets qu'il n'y aura que la mort ou une maladie qui me puisse empêcher d'être ponctuelle. J'expédierai pour cet effet dans peu de jours Clairet, qui vous porte toutes les informations nécessaires, et quelque information de plus qui vous sera très agréable à savoir, et si tôt que vous aurez reçu la présente, ne m'écrivez plus ici, mais faites que je trouve de vos lettres à Augusta pour pouvoir régler mon voyage à votre mode. Je ne prétends pas que vous preniez la peine de venir me rencontrer; vous me ferez trop de grâce si vous ne vous enfuyez à mon arrivée à Rome. Enfin, quelque résolution que vous preniez, je serai contente de tout ce que vous ferez, et je partirai infailliblement du 20 du prochain d'ici au plus long; et vous pouvez vous régler là-dessus; mais je vous donnerai encore une information plus exacte et ponctuelle par les lettres que Clairet vous portera dans peu de jours.
Il n'y a ici rien de nouveau. Wrangel est encore au lit, mais il se porte un peu mieux, et je crois qu'il le pourra quitter bientôt. Il a voulu faire un effort pour prendre l'air, mais il y a mal réussi, et je pense que cela a reculé sa santé pour quelques jours. Le chagrin et la mauvaise satisfaction qu'il a de la Cour de Suède contribuent beaucoup à son mal.
Le marquis [del] Monte est entièrement guéri, et il mérite la grâce que vous lui faites de continuer de l'aimer comme auparavant.
L'on dit pour certain que l'Empereur a enfin résolu de secourir le Pays-Bas, si l'argent de France, qui est allé à Vienne, ne l'empêche. Les Hollandais se déclareront infailliblement pour l'Espagne; l'on ne sait pas encore quel parti prendra l'Angleterre, qui jusqu'ici permet les levées aux deux partis. L'Espagne fait un si grand parti aux Hollandais pour les engager, qu'il est étonnant de voir à quoi ils se résolvent en cette extrémité.
L'armée de France est en quartiers d'hiver, et cette campagne est finie.
L'assemblée de Cologne enfin a fait sa proposition. On ne sait encore ce qui en résultera de cette assemblée. Tout ce qu'on peut assurer avec vérité est qu'on y boira furieusement à la santé du bien public et de la liberté d'Allemagne. Ce qu'on y fera de plus, le temps le fera connaître. A Ratisbonne, on fait de même, et là, aussi bien qu'à Cologne, on prend de l'argent de tous ceux qui en veulent donner. Voilà un peu de mots la constitution présent de l'Allemagne. En Suède on fait quasi autant, mais on ne reçoit et on ne donne pas d'argent, parce qu'on n'en a point, et que l'espérance est perdue d'en avoir, car il n'y a pas de comédie qui donne de l'argent aux spectateurs, et c'est le personnage qu'on a pris. On veut offrir la médiation, et comme c'est la qualité que toute l'Europe prend présentement, je conseille au pape de prendre celle d'arbitre, qui lui appartient.
Je vous envoie un mémoire de M. de Lionne, qui me vient de Bruxelles. Je suppose que les Espagnols vous l'ont communiqué aussi bien qu'à moi; mais en tout cas je ne saurais m'empêcher de vous l'envoyer. J'y vois avec joie que si les conseils de Lionne sont suivis, les affaires de Castro n'inquiéteront plus Rome. Je suis au désespoir de voir que les résolutions du Roi là-dessus vous sont échappées, mais je ne doute pas que vous ne le sachiez, et je tâcherai de le savoir aussi de mon côté devant que de partir.
Je me réserve à vous entretenir plus au long par la lettre que Clairet vous apportera et qui vous rendra un compte exact de l'état de mes affaires. Cependant je vous prie d'être persuadé que vous trouverez que mes malheurs n'ont apporté aucun changement à mon amitié, que je vous conserverai inviolable jusqu'à la mort. Adieu.
Au nom de Dieu, ôtez-vous de la tête ces terreurs paniques que vous avez pour moi, et croyez que tout est calme ici et que je suis autant en sûreté ici qu'à Rome même.
English translation (my own):
Hamburg, September 28, 1667.
Your letter of the 3rd of this month brought me a consolation which neither all the eloquence of Cicero, neither that of Demosthenes, nor even yours, which is better than theirs, is not capable of expressing. The joy and veneration with which I received the letter with which His Holiness wanted to honour me was such that I almost left to go to Rome; but my misfortune let me know that I was not yet in a position to carry out such a just desire, and that I still have more than twenty days, which will seem like so many eternities to me, to drag my impatience to the end. The consideration you make about the time of my arrival is the same as I did, and I am unhappy enough that I cannot hope to be in Rome before the 15th or 20th of November, not being able to leave here before October 20; because I was stopped there until this time by an indispensable necessity of my business.
However, I ask you to assure His Holiness that I will respond to his kindness, at all times and in all places, with such reverence, respect and obedience that I will make myself worthy of the continuation of his favours and the paternal tenderness with which he honours me, and I hope that my presence and my services will increase it and keep it for me in a way that will make my glory to be loved and considered by such a great Pope; and I prepare to see myself rewarded with wear and tear for all the outrages I once suffered, and to strive to make His Holiness so satisfied with me, that I hope he will have joy in doing me justice. That is what you can answer for me.
I will be sure to inform you punctually of my departure. In the meantime you only have to prescribe the day that you want me to enter Rome and let me know in Augusta, and I promise you that only death or illness can prevent me from being punctual. I will send Clairet for this purpose in a few days, who will bring you all the necessary information, and some more information which will be very pleasant for you to know, and so soon as you will have received this present, do not write to me anymore here, but let me find some of your letters to Augusta so that I may arrange my trip as you wish. I'm not claiming that you bother to come and meet me; you will do me too much favour if you do not flee when I arrive in Rome. Finally, whatever resolution you take, I will be happy with whatever you do, and I will leave infallibly from the 20th of the next here to the longest, and you can settle on that; but I will give you still more exact and punctual information through the letters Clairet will bring you in a few days.
There is nothing new here. Wrangel is still in bed, but he's doing a little better, and I think he'll be able to get out soon. He wanted to make an effort to get some fresh air, but was not successful, and I think that that put his health down for a few days. The grief and the poor satisfaction he has with the Swedish court contribute much to his illness.
The Marquis del Monte is fully healed, and he deserves the grace you give him to continue to love him as before.
It is said for sure that the Emperor has finally resolved to help the Netherlands, if the money from France, which went to Vienna, does not prevent it. The Dutch will declare themselves infallibly for Spain; it is not yet known which side England will take, which has hitherto allowed levies to both parties. Spain is making such a great deal of the Dutch to engage them that it is astonishing to see what they are resolving in this extremity.
The army of France is in winter quarters, and this campaign is over.
Finally, the Cologne assembly made its proposal. We do not yet know what will result from this assembly. All that can be assured with truth is that it will be drunk furiously to the health of the public good and the liberty of Germany. What more will be done there, time will show. In Regensburg, one does the same, and there, as well as in Cologne, one takes money from all those who want to give it. Here are a few words the present constitution of Germany. In Sweden one does almost as much, but one does not receive and does not give money, because they haven't any, and the hope is lost to have any, because there is no comedy that gives the spectators money, and that's the personage we took. One wishes to offer mediation, and as this is the quality that all of Europe is currently taking, I advise the Pope to take that of arbiter, which belongs to him.
I am sending you a memorandum from Monsieur de Lionne, who comes to me from Brussels. I suppose the Spanish communicated it to you as well as to me; but in any case I could not help sending it to you. I can see with joy that if de Lionne's advice is followed, Castro's affairs will no longer worry Rome. I am in despair to see that the King's resolutions on this have escaped you, but I have no doubt that you will know it, and I will try to find out from my side also before leaving.
I reserve the right to speak to you at greater length by the letter Clairet will bring you and which will give you an exact account of the state of my affairs. In the meantime, I beg you to be persuaded that you will find that my misfortunes have brought no change to my friendship, that which will keep you inviolable to you unto death. Goodbye.
In the name of God, get rid of these panicked terrors that you have for me, and believe that all is calm here and that I am as safe here as in Rome itself.
Above: Kristina.
Above: Cardinal Decio Azzolino.
Notes: Augusta = Augsburg.
"I can see with joy that if de Lionne's advice is followed, Castro's affairs will no longer worry Rome." = France had supported the claims of the Duke of Parma to regain possession of the Duchy of Castro, of which he had been stripped by Pope Urban VIII.
"In the name of God, get rid of these panicked terrors that you have for me, and believe that all is calm here and that I am as safe here as in Rome itself." = Azzolino's fears had been aroused by a letter from Texeira, dated August 10, 1667, in which he said that one was not immune to the danger of new disorders (after the Hamburg riot at the mansion Kristina was staying in).
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