Thursday, February 17, 2022

Kristina's letter to Azzolino, dated October 5, 1667

Sources:

Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899





Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on October 5, 1667.

The letter:

5 ottob. 1667 —
Je Crains que Cette ordinaire ne me portera pas de Vos lestres et cela maffligera fort si lopinion de mon depart Vous aura fait resoudre a me priver de cette consolation.

Javois ordonne a Machiati de porter a Borri de ma part la defense d'entrer en ma maison et iavois defendu a touts ceux qui sont a moy de Converser avec luy et ie nay revoque cet ordre san Consulter touts les prestres qui sont icy les quels touts mont vnanimement asseure que ie devois le revoquer et quil ny avoit nulle raison que pourroit mobliger a le donner, et D. Arbostino na pas hesite de masseurer que je pouvois ladmettre san aucun scrupule Cela ma oblige a le suffrir Comme tan daustre quon suffre icy et me suis Contente de luy defandre ma Chapelle et ma Messe et Cest Comme Vous Voiez sur la parole de tout nos prestres que iay revoque cet ordre si iay mal fait ie demande pardon a Sa S.te et au S.t office et Jespere de lobtenir de mon ignorence. pour le Marquis del Monte Jl doit sa Vie a Borri qui apres dieu la gerẏ dune maladie qui avoit fait perdre le latin aux autres medicins, et le pauvre Marquis se mouroit san Borri a la barbe de Machiati, quoy que le Marquis se fust ostine de ne vouloir pas se servir de Borri. mais il y a este a la fin force, et ie le tiens gerẏ entierement et sil se fust servi plus tost de luy Jl se seroit esparnge vn moy ou six semaine de maladie. Voila la verite toutte pure, mais cela nenpechera pas que ie nuse pour le peu de temps qui nous reste destre icy de toutte les precautions que Vous souhaittez sur son suiet.

nous avons icy une nouvelle Considerable et sest que les francois fon Courir le bruit que le Ollandois prenne leur parti et Veulent partager avec la france le pays bas

si ce la est ie tiens quon ne fera pa la paix mais iay de la paine a Croire Cette nouvelle qui seroit la derniere destruxion de la Maison dAustriche si elle se trouvoit vraye Car on nen demeureroit pas la et ce seroit a l'Ollande et a la france a partager lEurope Car dan lestat des chose ie Conte pour rien tout le reste cet a dire la Suede lAngleterre et tout cela, Car pour lAlemange ie ne luy fais pas lhoneur de la conter ils mourront Contens le verre a la main Cet tout. en Angleterre Jl y a grandt apparence de troubles. Wrangel est enCore icy il est gerri. pour moy ie Je partiray infaliblement au Vintiesme d'ottobre. Cepandant Je suis occupe a la depeche de Clairet qui partira a la fin de cette semaine ou au Commencement de laustre il Vous portera touts les informations necessaires et ie le suiveray dasse prest et seray Vostre veritable amẏe iusques a la mort adieu ne Vous inquiette pas pour moy et Croiez que non obstant la rage des predicans toutte la Ville a gran regret de mon depart

With modernised spelling:

Hambourg, 5 octobre 1667.
Je crains que cet ordinaire ne me portera pas de vos lettres, et cela m'affligera fort si l'opinion de mon départ vous aura fait résoudre à me priver de cette consolation.

J'avais ordonné à Macchiati de porter à Borri de ma part la défense d'entrer en ma maison, et j'avais défendu à tous ceux qui sont à moi de converser avec lui; et je n'ai révoqué cet ordre sans consulter tous les prêtres qui sont ici, lesquels tous m'ont unanimement assurée que je devais le révoquer et qu'il n'y avait nulle raison que pourrait m'obliger à le donner, et D. Arbostino n'a pas hésité de m'assurer que je pouvais l'admettre sans aucun scrupule. Cela m'a obligée à le souffrir comme tant d'autres qu'on souffre ici, et [je] me suis contentée de lui défendre ma chapelle et ma messe, et c'est, comme vous voyez, sur la parole de tous nos prêtres que j'ai révoqué cet ordre. Si j'ai mal fait, je demande pardon à Sa Sainteté et au Saint-Office, et j'espère de l'obtenir de mon ignorance.

Pour le marquis del Monte, il doit sa vie à Borri, qui, après Dieu, l'a guéri d'une maladie qui avait fait perdre le latin aux autres médecins, et le pauvre marquis se mourait sans Borri à la barbe de Macchiati, quoique le marquis se fût obstiné de ne vouloir pas se servir de Borri. Mais il y a été à la fin forcé, et je le tiens guéri entièrement; et s'il se fût servi plus tôt de lui, il se serait épargné un mois ou six semaines de maladie. Voilà la vérité toute pure; mais cela n'empêchera pas que je n'use, pour le peu de temps qui nous reste d'être ici, de toutes les précautions que vous souhaitez sur son sujet.

Nous avons ici une nouvelle considérable, et c'est que les Français font courir le bruit que les Hollandais prennent leur parti et veulent partager avec la France les Pays-Bas.

Si cela est, je tiens qu'on ne fera pas la paix, mais j'ai de la peine à croire cette nouvelle, qui serait la dernière destruction de la maison d'Autriche, si elle se trouvait vraie; car on n'en demeurerait pas là, et ce serait à la Hollande et à la France à partager l'Europe; car dans l'état des choses je compte pour rien tout le reste, c'est-à-dire la Suède, l'Angleterre et tout cela; car pour l'Allemagne je ne lui fais pas l'honneur de la compter. Ils mourront contents le verre à la main: c'est tout.

En Angleterre, il y a grande apparence de troubles. Wrangel est encore ici; il est guéri.

Pour moi, je partirai infailliblement au vingtième d'octobre. Cependant je suis occupée à la dépêche de Clairet, qui partira à la fin de cette semaine ou au commencement de l'autre. Il vous portera toutes les informations nécessaires, et je le suivrai d'assez près, et serai votre véritable amie jusqu'à la mort. Adieu. Ne vous inquiétez pas pour moi et croyez que, nonobstant la rage des prédicants, toute la ville a grand regret de mon départ.

English translation (my own):

October 5, 1667.
I fear that this ordinary will not bring me your letters, and it will distress me greatly if the opinion of my departure will have made you resolve to deprive me of this consolation.

I had ordered Macchiati to forbid Borri to enter my house on my part, and I had forbidden all those who are mine to converse with him; and I did not revoke this order without consulting all the priests who are here, who all unanimously assured me that I had to revoke it and that there was no reason that could oblige me to give it, and Don Arbostino didn't hesitate to make sure I could admit it without any qualms. This forced me to suffer him like so many others that we suffer here, and I was content to defend my chapel and my Mass to him, and it is, as you see, on the word of all our priests that I revoked this order. If I have done wrong, I ask forgiveness from His Holiness and the Holy Office, and I hope to obtain it from my ignorance.

For the Marquis del Monte, he owes his life to Borri, who, after God, cured him of a disease which had caused the other doctors to lose their Latin, and the poor Marquis was dying without Borri at Macchiati's beard, although the Marquis was obstinate in refusing to make use of Borri. But he was forced into it in the end, and I hold him to be completely healed; and if he had made use of him earlier, he would have saved himself a month or six weeks of illness. This is the pure truth; but that will not prevent me from using, for the little time that remains for us to be here, of all the precautions that you wish on his subject.

We have considerable news here, and it is that the French are spreading the rumour that the Dutch are taking their side and want to share the Netherlands with France.

If so, I hold that we will not make peace, but I have difficulty believing this news, which would be the last destruction of the house of Austria, if it were true; for we would not stop there, and it would be up to Holland and France to share Europe; because in the state of things I count for nothing all the rest, that is to say, Sweden, England and all that; because for Germany I do not do her the honour of counting it. They will die happy, glass in hand: that is all.

In England there is a great deal of trouble. Wrangel is still here; he's healed.

As for me, I will inevitably leave on the twentieth of October. However, I am busy with the dispatch from Clairet, which will leave at the end of this week or at the beginning of the next. He will bring you all the information you need, and I will follow him fairly closely, and be your true friend until death. Goodbye. Don't worry about me; and believe that, notwithstanding the rage of the preachers, the whole town is very sorry at my departure.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.

Note: suffer = to allow.

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