Sources:
Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899
Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on July 25, 1668.
The letter:
25 Juliet 1668 —
Jay tan de Consideration pour Vous que ie mabstiendray de Vous repondre a la lestre que Vous mavez escrit du 30 passe parce quil me semble quil en faut vser ansin Cette maniere estant la plus honeste et pour Vous et pour moy. Jespere Cepandant qve mes presedentes Vous auront fait Conoistre que ma Confience ny mon amitie ne sont pas diminues pour Vous, et que le temps Vous esclairsira du reste.
Je Vous envoye un abbrege de toutte la depanse que iay fait depuis que ie suis icy. Je Vous envoy ausi ausi toutte les lestres que iay escrittes a Rosenbac et ie Continueray de mesme a lavenir, et puisque Vous desirez savoir les nouelles de Suede Je Vous les donneray telles que ie les ay
la proposition publique de la diette Concer les reglements ordinaires de lestat et de la police. on demande des Contributions et des subsides aux lestats aux quels ils nont pas Voulu Consentir encore au Contraire il Veulent reformer vn bonne partie des impositions et mesme des ceux qui ne depandent que de lautorite absolue du Roy, ce qui est inouy la Regence demande plus dautorite aux estats et le senat si oppose, on Crie on dispute la desus diversement les Cabales les intriges sont san nombre. les estats, on Voulu Chasser les nouveau senateurs du nombre du Conseil disant quil nestoits pas legitimement Crees aiant este faits hors de la diette. mais enfin Comme seust este affronter toutte le senat et la Regence, et tan dhoneste famillies en genneral et bien dhonestes gens en particulier, Jl on este quittes pour en demander mille pardon en promettent de ne retomber plus en une semblable faute. a present on est occuppe a se plaindre les vns des austres et a se raccommoder, mais touttes les occupations et le grandt desir quon a de finir la diette avec precipitation nempeche pas Mesr. les Regens de se promener pour quelque iours a la Campange. Voẏci a plus pres tout ce que ie say iusque auiourdhuy qui merite de Vous estre mande
pour mes affaires iay lieu desperer quil auront vne tres heureuse et glorieuse fin, si les affaires ne Change du blanc au noir, de quoy ie ne Voy pas dapparence. mes lestres Vous apprenderont le reste et ie men rapporte
toutte ses Considerations mont fait resoudre a differer mon Voiage de Suede esperant de pouvoir reusir sen prendre cette paine mais ce qui my fait resoudre le plus est la Crainte de Voir finir la diette devan que iy puisse arriver et mon interest est de la faire durer Comme les lestres escrittes a Rosenbac Vous feront Conoistre. outre Cela ie Crains que si laffaire de polonge Venoit a esclater pendant mon seiour en Suede, que [ce] seroit mestre ma vie et ma liberte en [vn dan]ger si manifeste que ie seroi[s inex]cusable adavoir Commis vne t[elle fa]ute. Cela ma fait resoudre a temporiser un peu Voiant les affaires dans vne si favorable disposition pour moy, et Craingant que mon arrive ne deconserte tout et ne donne prise sur moy a mes ennemis. ie Veux Voir enCore vn peu quel destin sera Celluy de Rosenbac, Car de la maniere quil sy prendt iose casi asseurer quil reusira a souhait, et ie Voy quon a envie de me satisfaire. si laffaire de la Religion et laffaire de Bremen reusist Cest la toutte puissance de dieu qui les font reusir. iespere beaucoup mais ie Crains beaucoup ausi. on a Consenti desia vnanimement a tout le reste disant franchement quon ne pouvoit me les refuser ny avec raison ny avec iustice lon dit que lAmbassadeur dollande a propose vne Aliance a la Suede et que les Estats offre des subsides annuels pour attacher a eux la Suede pour tousiours et la detacher entierement a la france ie Vousdrois que cela fust Vray Car en ce Cas iauray bien de largent. pour Vous parler et repondre sur les affaires de polonge ie Vous diray que si le pape me favorise le pronostique du Vielliard pouroit ne se rendre pas impossibles. Jatens Vostre reponse la desus avec impacience mais namiere Vous de Voir encore la sinpatie qui nous fait parler Casi en mesme temps de la polonge. en Verite sest trop estant malheureuse Comme ie suis, et ie crains que Vous le deveniez ausi par simpatie. quoy quil en soit ne pouvant Vous asseurer de rien, iose Vous asseurer de cette vnique et Constante Verite qui est que touttes vos Cruautes ny touts Vos mauvais traittements ne Changeront iamais la Constante et fidele amitie que ie Vous professeray iusques a la mort adieu.
Je ne Vous envoy pas les lestres de Rosenbac Car iusques icy ils sont escrittes en Alleman, et mes reponces Vous en feront Conoistre le Conteneu. a lavenir Jl seront en franois Car ie le luy ay ordonne et Vous saurez tout se qui se passe.
With modernised spelling:
Hambourg, 25 juillet 1668.
J'ai tant de considération pour vous que je m'abstiendrai de vous répondre à la lettre que vous m'avez écrite du 30 passé, parce qu'il me semble qu'il en faut user ainsi, cette manière étant la plus honnête et pour vous et pour moi. J'espère cependant que mes précédentes vous auront fait connaître que ma confiance ni mon amitié ne sont pas diminuées pour vous, et que le temps vous éclaircira du reste.
Je vous envoie un abrégé de toute la dépense que j'ai faite depuis que je suis ici. Je vous envoie aussi toutes les lettres que j'ai écrites à Rosenbach et je continuerai de même à l'avenir, et puisque vous désirez savoir les nouvelles de Suède, je vous les donnerai telles que je les ai.
La proposition publique de la Diète concer[ne] les règlements ordinaires de l'État et de la police. On demande des contributions et des subsides aux États auxquels ils n'ont pas voulu consentir encore. Au contraire, ils veulent réformer une bonne partie des impositions et même de ceux [sic] qui ne dépendent que de l'autorité absolue du roi, ce qui est inouï. La régence demande plus d'autorité aux États, et le sénat s'y oppose; on crie, on dispute là-dessus diversement; les cabales, les intrigues sont sans nombre. Les États, ont voulu chasser les nouveaux sénateurs du Conseil, disant qu'ils n'étaient pas légitimement créés, ayant été faits hors de la Diète. Mais enfin, comme c'eût été affronter tout le sénat et la régence, et tant d'honnêtes familles en général, et bien d'honnêtes gens en particulier, ils ont été quittes pour en demander mille pardons, en promettant de ne retomber plus en une semblable faute. A présent, on est occupé à se plaindre les uns des autres et à se raccommoder; mais toutes les occupations et le grand désir qu'on a de finir la Diète avec précipitation, n'empêche[nt] pas messieurs les régents de se promener pour quelques jours à la campagne. Voici à plus près tout ce que je sais jusqu'aujourd'hui, qui mérite de vous être mandé.
Pour mes affaires, j'ai lieu d'espérer qu'elles auront une très heureuse et glorieuse fin, si les affaires ne changent du blanc au noir, de quoi je ne vois pas d'apparence. Mes lettres vous apprendront le reste, et je m'en rapporte.
Toutes ces considérations m'ont fait résoudre à différer mon voyage de Suède, espérant de pouvoir réussir sans prendre cette peine, mais ce qui m'y fait résoudre le plus est la crainte de voir finir la Diète devant que j'y puisse arriver, et mon intérêt est de la faire durer, comme les lettres écrites à Rosenbach vous feront connaître. Outre cela, je crains que si l'affaire de Pologne venait à éclater pendant mon séjour en Suède, que ce serait mettre ma vie et ma liberté en un danger si manifeste, que je serais inexcusable d'avoir commis une telle faute. Cela m'a fait résoudre à temporiser un peu, voyant les affaires dans une si favorable disposition pour moi, et craignant que mon arrivée ne déconcerte tout, et ne donne prise sur moi à mes ennemis. Je veux voir encore un peu quel destin sera celui de Rosenbach, car, de la manière qu'il s'y prend, j'ose quasi assurer qu'il réussira à souhait, et je vois qu'on a envie de me satisfaire. Si l'affaire de la religion et l'affaire de Brême réussit, c'est la toute-puissance de Dieu qui les font [sic] réussir. J'espère beaucoup, mais je crains beaucoup aussi. On a consenti déjà unanimement à tout le reste, disant franchement qu'on ne pouvait me les refuser ni avec raison ni avec justice. L'on dit que l'ambassadeur de Hollande a proposé une alliance à la Suède, et que les États offrent des subsides annuels pour attacher à eux la Suède pour toujours, et la détacher entièrement à la France. Je voudrais que cela fût vrai, car en ce cas j'aurais bien de l'argent. Pour vous parler et répondre sur les affaires de Pologne, je vous dirai que si le pape me favorise, le pronostic du vieillard pourrait ne se rendre pas impossible. J'attends votre réponse là-dessus avec impatience, mais n'admirez-vous de voir encore la sympathie qui nous fait parler quasi en même temps de la Pologne? En vérité c'est trop, étant malheureuse comme je suis, et je crains que vous le deveniez aussi par sympathie. Quoi qu'il en soit, ne pouvant vous assurer de rien, j'ose vous assurer de cette unique et constante vérité qui est que toutes vos cruautés ni tous vos mauvais traitements ne changeront jamais la constante et fidèle amitié que je vous professerai jusqu'à la mort. — Adieu.
Je ne vous envoie pas les lettres de Rosenbach, car jusqu'ici elles sont écrites en allemand, et mes réponses vous en feront connaître le contenu. A l'avenir, ils seront en français, car je le lui ai ordonné, et vous saurez tout ce qui se passe.
English translation (my own):
July 25, 1668.
I have so much consideration for you that I will refrain from replying to the letter you wrote to me on the 30th of last month, because it seems to me that it should be done so, this manner being the most honest both for you and for me. In the meantime, I hope that my previous letters will have let you know that my confidence and my friendship are not diminished for you, and that time will clear up the rest for you.
I'm sending you a summary of all the expense I've had since I've been here. I am also sending you all the letters I wrote to Rosenbach and I will continue the same in the future, and since you want to know the news from Sweden, I will give them to you as I have them.
The Riksdag's public proposal concerns ordinary state and police regulations. Contributions and subsidies are requested from Estates to which they have not yet wanted to consent. On the contrary, they want to reform a good part of the impositions and even of those which depend only on the absolute authority of the King, which is unheard of. The regency demands more authority from the Estates, and the Senate is opposed to it; one shouts, one argues about it variously; the cabals, the intrigues are without number. The Estates wanted to expel the new senators from the Council, saying that they were not legitimately created, having been made outside the Riksdag. But after all, as it would have been to face the whole Senate and the regency, and so many honest families in general, and many honest people in particular, they were quits to ask for a thousand pardons, promising not to fall back again in a similar fault. Now they are busy complaining about each other and making amends; but all the occupations and the great desire which one has to finish the Riksdag with haste, do not prevent the regents from going for a few days out in the country. Here is more closely all that I know until today, which deserves to be informed to you.
For my affairs, I have reason to hope that it will have a very happy and glorious end, if the business does not change from white to black, which I do not see the appearance of. My letters will tell you the rest, and I trust that.
All these considerations made me resolve to postpone my journey to Sweden, hoping to be able to succeed without taking this trouble, but what makes me resolve the most is the fear of seeing the Riksdag end before I can get there, and my interest is to make it last, as the letters written to Rosenbach will make you known. Besides that, I fear that if the Polish affair were to explode during my stay in Sweden, it would be putting my life and my freedom in such obvious danger that I would be inexcusable to have committed such a fault. This made me resolve to procrastinate a little, seeing business in such a favourable disposition for me, and fearing that my arrival would disconcert everything, and give my enemies a hold on me. I want to see a little more what fate will be that of Rosenbach, because, from the way he goes about it, I dare to almost assure that he will succeed as he wishes, and I see that they want to satisfy me. If the religion affair and the Bremen affair succeed, it is the omnipotence of God that makes them succeed. I hope a lot, but I fear a lot too. We have already unanimously agreed to everything else, saying frankly that they could not be refused to me either with reason or with justice. It is said that the Dutch ambassador proposed an alliance to Sweden, and that the states offer annual subsidies to attach Sweden to themselves forever, and to detach her entirely from France. I wish that were true, because in that case I would have a lot of money. To speak to you and answer on Polish affairs, I will tell you that if the Pope favours me, the old man's prognosis might not be made impossible. I'm impatiently awaiting your answer on this, but don't you still admire the sympathy that makes us talk about Poland almost at the same time? In truth, it is too much, being unhappy as I am, and I fear that you will become so too out of sympathy. Anyway, not being able to assure you of anything, I dare to assure you of this unique and constant truth, which is that neither all your cruelties nor all your ill-treatment will ever change the constant and faithful friendship that I will profess to you unto death. — Goodbye.
I am not sending you Rosenbach's letters, because so far they have been written in German, and my replies will let you know their contents. In the future, they will be in French, because I have ordered it, and you will know everything that is going on.
Above: Kristina.
Above: Cardinal Decio Azzolino.
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