Saturday, March 18, 2023

Kristina in Pierre Hector Chanut's memoirs, March 1646 (New Style dates used)

Sources:

Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 17 to 22, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, 1675
Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 26 to 30, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826

Above: Kristina.

The excerpts:

MARS 1646.
... Avant que la Reine partît pour Cupreberg, dans une Audience qu'elle donna au sieur Chanut, elle estoit demeurée d'accord que puisque la France ne pouvoit pas davantage, elle se contenteroit que le sieur de Rosenhan son Resident, assistât aux conferences qui se feroient chez le sieur Contarini; on ne douta point qu'à son retour le Chancelier ne la divertît de cette resolution, plus qu'il opiniâtroit si fort le contraire. Le sieur de saint Romain avoit à prendre garde comment il parleroit à la Reine, parce qu'il estoit dangereux de presser ledit Chancelier, qui pouvoit mettre par ses avis, & par son adresse du desordre dans son esprit.


... Il courut un bruit que la Reine de Suede songeoit à se marier, mais ceux qui la connoissoient jugeoient autrement des choses, & ses plus confidens ne croyoient pas qu'il y eût rien de resolu là dessus, & qu'elle avoit peine (veu sa façon de vivre) de faire part à un mary de son authorité, & de sa gloire. On ne rapporte qu'une seule raison qui la pût induire à cela, qui estoit la crainte que la ligue de cette Maison ne vinst à manquer; ce qui auroit causé de grand troubles dans cet Estat.

Une des plus grandes difficultez que le sieur Chanut trouva dans sa negociation, fut de traiter en sorte avec la Reine de Suede, que l'attachement qu'il avoit aux sentimens de cette Princesse, ne parût pas, & ne donnât aucun ombrage au Chancelier, auquel il vouloit persuader qu'il attendoit de luy seul la resolution de toutes les affaires. D'autre costé, il faloit oster à la Reine l'opinion qu'elle pouvoit avoir, qu'il doutât de son intelligence en la decision des affaires, & de sa pleine authorité; & il y avoit apparence, que le Chancelier estant vieux, & voyant que la Reine vouloit prendre connoissance de toutes choses, ne souhaiteroit pas une absoluë dependance de sa direction.

La Maison de la Garde estoit alors en une haute consideration en Suede; mais comme le Connestable ne voyoit presque goute, il se méloit de peu d'affaires, & il n'assistoit que dans les conseils d'importance, & le Comte Magnus son fils estoit trop jeune, pour y estre appellé; si bien que tout revenoit à la Reine, par necessité, pour le courant des affaires.

Enfin la Reine de Suede retourna de Cupreberg, & des Provinces du Nord le 23 de Mars, & il sembla à son arrivée que la Cour voulût changer de face. On ne voyoit que jalousie de toutes parts; & la Reine qui se croyoit traversée dans ses desseins par le Chancelier, donna beau jeu aux Deputez de France de faire plainte de ses Ambassadeurs à Osnabrug, paroissant fort disposée à entendre ce qu'ils luy voudroient dire contre leur façon d'agir. La mes-intelligence venoit de ce que la Reine avant son depart avoit nommé le Comte Magnus pour son Ambassadeur extraordinaire en France, ce que le Chancelier n'approuvoit pas; & la Reine pour le choquer, pria les Agens de France de parler audit Comte des affaires, & se declara pour luy ouvertement; ce qui fit que le Chancelier ne vid point la Reine, que cinq jours aprés son retour, & depuis cette premiere fois il s'abstint d'aller à la Cour sous pretexte de son indisposition, & mesme il disoit qu'il estoit temps qu'il se retirât des affaires, & qu'il ne vouloit plus songer qu'à son repos. Le Comte Magnus de son costé, pour détourner cette jalousie, disoit qu'il n'estoit pas encore bien certain d'aller en France, & qu'il croyoit devoir plûtost aller en Allemagne. La Reine voyant les desordres, qui estoient en sa Cour, & dans son armée, resolut d'envoyer le Prince Charles Palatin pour commander ses troupes; afin non seulement de faire cesser la jalousie qui estoit entre les Chefs, mais encor pour avoir à leur teste une personne en qui elle pût prendre une entiere confiance.

Pendant toutes ses contestations les Agens de France marcherent bride en main, & ne voulant pas choquer en cette occasion le Chancelier, ils se conduisirent auprés de luy avec toutes sortes de déferences possibles, & ne parlerent que fort modestement de leurs affaires, parce que son fils y avoir le principal interest: Mais voyant qu'ils ne pouvoient avoir une seconde audience de luy, & qu'il s'excusoit toûjours sur son peu de santé, ils poursuivirent l'audience auprés de la Reine, & l'ayant obtenuë ils parlerent des affaires sans interesser les personnes.

Cependant il courut un bruit à Stokolm que l'Electeur de Brandebourg avoit dessein de demander la Reine de Suede en Mariage; mais enfin on apprit que ce bruit venoit du costé de la Prusse, & que c'estoit seulement un compliment que le Comte de Brégy avoit avancé à cét Electeur par complaisance dans l'entretien qu'il avoit eu avec luy.

With modernised spelling:

Mars 1646.
... Avant que la reine partît pour Kopparberg, dans une audience qu'elle donna au sieur Chanut, elle était demeurée d'accord que puisque la France ne pouvait pas davantage, elle se contenterait que le sieur de Rosenhane, son résident, assistât aux conférences qui se feraient chez le sieur Contarini; on ne douta point qu'à son retour le chancelier ne la divertît de cette résolution, plus qu'il opiniâtrait si fort le contraire. Le sieur de Saint-Romain avait à prendre garde comment il parlerait à la reine, parce qu'il était dangereux de presser ledit chancelier, qui pouvait mettre par ses avis et par son adresse du désordre dans son esprit.


... Il courut un bruit que la reine de Suède songeait à se marier, mais ceux qui la connaissaient jugeaient autrement des choses, et ses plus confidents ne croyaient pas qu'il y eût rien de résolu là-dessus et qu'elle avait peine (vu sa façon de vivre) de faire part à un mari de son autorité et de sa gloire. On ne rapporte qu'une seule raison qui la pût induire à cela, qui était la crainte que la ligue de cette maison ne vînt à manquer, ce qui aurait causé de grand troubles dans cet État.

Une des plus grandes difficultés que le sieur Chanut trouva dans sa négociation fut de traiter en sorte avec la reine de Suède que l'attachement qu'il avait aux sentiments de cette princesse ne parût pas et ne donnât aucun ombrage au chancelier, auquel il voulait persuader qu'il attendait de lui seul la résolution de toutes les affaires. D'autre côté, il fallait ôter à la reine l'opinion qu'elle pouvait avoir qu'il doutât de son intelligence en la décision des affaires et de sa pleine autorité; et il y avait apparence que le chancelier, étant vieux et voyant que la reine voulait prendre connaissance de toutes choses, ne souhaiterait pas une absolue dépendance de sa direction.

La maison de la Garde était alors en une haute considération en Suède, mais comme le connêtable ne voyait presque goute, il se mêlait de peu d'affaires et il n'assistait que dans les conseils d'importance, et le comte Magnus, son fils, était trop jeune pour y être appellé — si bien que tout revenait à la reine, par nécessité, pour le courant des affaires.

Enfin, la reine de Suède retourna de Kopparberg et des provinces du Nord le 23 de mars, et il sembla à son arrivée que la Cour voulût changer de face. On ne voyait que jalousie de toutes parts, et la reine, qui se croyait traversée dans ses desseins par le chancelier, donna beau jeu aux députés de France de faire plainte de ses ambassadeurs à Osnabrück, paraissant fort disposée à entendre ce qu'ils lui voudraient dire contre leur façon d'agir. La mésintelligence venait de ce que la reine, avant son départ, avait nommé le comte Magnus pour son ambassadeur extraordinaire en France, ce que le chancelier n'approuvoit pas; et la reine, pour le choquer, pria les agents de France de parler audit comte des affaires et se déclara pour lui ouvertement. Ce qui fit que le chancelier ne vit point la reine que cinq jours après son retour, et depuis cette première fois, il s'abstint d'aller à la Cour sous prétexte de son indisposition, et même il disait qu'il était temps qu'il se retirât des affaires, et qu'il ne voulait plus songer qu'à son repos.

Le comte Magnus, de son côté, pour détourner cette jalousie, disait qu'il n'était pas encore bien certain d'aller en France et qu'il croyait devoir plutôt aller en Allemagne. La reine, voyant les désordres qui étaient en sa Cour et dans son armée, résolut d'envoyer le prince Charles palatin pour commander ses troupes, afin non seulement de faire cesser la jalousie qui était entre les chefs, mais encore pour avoir à leur tête une personne en qui elle put prendre une entière confiance.

Pendant toutes ses contestations, les agents de France marchèrent bride en main, et, ne voulant pas choquer en cette occasion le chancelier, ils se conduisirent auprès de lui avec toutes sortes de déférences possibles et ne parlèrent que fort modestement de leurs affaires, parce que son fils y avoir le principal intérêt. Mais, voyant qu'ils ne pouvaient avoir une seconde audience de lui, et qu'il s'excusait toujours sur son peu de santé, ils poursuivirent l'audience auprès de la reine, et, l'ayant obtenue, ils parlèrent des affaires sans intéresser les personnes.

Cependant, il courut un bruit à Stockholm que l'électeur de Brandebourg avait dessein de demander la reine de Suède en mariage, mais enfin on apprit que ce bruit venait du côté de la Prusse et que c'était seulement un compliment que le comte de Brégy avait avancé à cet électeur par complaisance dans l'entretien qu'il avait eu avec lui.

Swedish translation (by anonymous translator):

Mars 1646.
... Innan Drottningen reste till Kopparberget tillstod hon uti ett företräde åt Herr Chanut, att hon skulle åtnöja sig, om Herr Rosenhane, dess Resident, biträdde vid conferencerne hos Herr Contarini; man tviflade ej att ju Riks-Kansleren vid hennes återkomst skulle afvända henne från detta beslut efter han så ifrigt satte sig deremot. Herr St. Romain måste för öfrigt gifva noga akt på hvad sätt han talade till Drottningen, i anseende till Riks-Kansleren, hvilken genom sina råd kunde förvilla hennes tänkesätt.


... Ryktet utbredde sig ... att Drottningen af Sverige ärnade gifta sig, men dess förtrogne trodde att hon intet härom beslutit och (enligt sitt lefnadssätt) hade svårt att dela sin makt och ära med en man. Det var blott ett enda skäl, som dertill kunde förmå henne, nemligen fruktan, att om Konungahuset utslocknade, stor förvirring skulle uppkomma.

Den största svårighet för Herr Chanut uti sin underhandling var att behandla Drottningen af Sverige så, att dess tillgifvenhet för hennes tänkesätt ej syntes och ingaf Riks-Kansleren misstankar, hvilken han ville öfvertyga att han endast väntade hans afgörande af sakerne. Man måste äfven betaga Drottningen tankan, att han tviflade på hennes omdöme och makt; Riks-Kansleren var gammal, såg Drottningens afsigt att underrätta sig om sakerne och önskade ej bero af hennes vilja.

De la Gardiska slägten var då i högt anseende i Sverige, men som Fältherren var nästan blind, så blandade han sig ej i statssaker och var blott i Rådet vid vigtiga tillfällen. Hans son Grefve Magnus var likväl nog ung för att ditkallas, så att allt berodde nödvändigt af Drottningen i anseende till ärendernes lopp.

Hon återkom d. 25 Mars ifrån Kopparberget, och det syntes då som hofvet ville ombyta utseende. Blott afvund herrskade hos alla partier och Drottningen, som trodde sig hindrad i sina afsigter genom Riks-Kansleren, gaf de Franska utskickade öppet rum att klaga öfver hennes Ambassadörer i Osnabrüg samt synes äfven vara ganska benägen att afhöra dem. Missförståndet uppkom deraf, att Drottningen före sin afresa utnämnt Grefve Magnus till Ambassadör i Frankrike, hvilket ogillades af Riks-Kansleren; Drottningen, för att stöta denne Minister, bad sändebuden tala med Grefven om statssaker och förklarade sig sjelf öppet för honom. Riks-Kansleren såg derföre ej Drottningen förrän fem dagar efter hennes återkomst och allt sedan afhöll han sig ifrån Hofvet, under förebärande af opasslighet. Han sade äfven, att det var tid att draga sig från ärenderne och blott tänka på lugnet. Grefve Magnus, för att afvända denna afund, yttrade att det vore ännu ovisst, om han skulle resa till Frankrike och trodde sig häldre böra resa till Tyskland. Drottningen, som blef varse oordningen vid dess hof och armé, beslöt skicka Pfalzgrefven Prins Carl, för att föra befälet öfver arméen, på det ej endast afunden skulle upphöra emellan de befälhafvande, men äfven för att ställa i spetsen, en person, till hvilken hon kunde hysa ett fullkomligt förtroende.

Under alla dessa tvistigheter gingo sändebuden försigtigt till väga, och ville ej stöta Riks-Kansleren. De uppförde sig derföre emot honom med all slags politisk foglighet, och talade ganska förbehållsamt om deras angelägenheter, deruti hans son hade så stor del. Men då de sågo, att de ej kunde få det andra företrädet hos honom, sökte och erhöllo de ett hos Drottningen, då de omtalade allt utan att nämna personerne.

Emellertid gick ryktet i Stockholm, att Kurförsten af Brandenburg begärte Drottningens hand, men slutligen erfor man, att detta kom från Preussens sida, och endast var en artighet, som Grefve de Bregy sagt Kurförsten.

English translation (my own):

March 1646.
... Before the Queen left for Kopparberg, in an audience she gave to Monsieur Chanut, she had agreed that since France could do no more, she would be content for Lord Rosenhane, her resident, to attend the conferences which would take place with Signor Contarini; there was no doubt that, upon her return, the Chancellor would divert her from this resolution, moreover that he would strongly hold the contrary. Monsieur de Saint-Romain had to take care how he would speak to the Queen, because it was dangerous to press the said Chancellor, who, by his advice and his address, could put disorder in her mind.


... There was a rumour that the Queen of Sweden was thinking of marrying, but those who knew her judged things differently, and her closest confidants did not believe that there was anything resolved on it and that she would struggle (given her way of life) to share her authority and her glory with a husband. Only one reason is reported which could induce her to this, which was the fear that the league of this House would fail, which would have caused great trouble in this State.

One of the greatest difficulties which Monsieur Chanut found in his negotiation was to deal with the Queen of Sweden in such a way that the attachment which he had to the feelings of this princess did not appear to give any umbrage to the Chancellor, to whom he wished to persuade that he alone expected the resolution of all affairs. On the other hand, it was necessary to remove from the Queen the opinion she might have that he doubted her intelligence in the decision of affairs and her full authority; and it appeared that the Chancellor, being old and seeing that the Queen wanted to know everything, would not wish absolute dependence on her direction.

The House of de la Gardie was then held in high esteem in Sweden, but as the Constable could hardly see a thing, he interfered in few affairs and only assisted in important councils, and Count Magnus, his son, was too young to be called there — so that everything fell to the Queen, by necessity, for the running of affairs.

Finally, the Queen of Sweden returned from Kopparberg and the northern provinces on the 23rd of March, and it seemed on her arrival that the court wished to change faces. There was only jealousy on all sides, and the Queen, who believed herself crossed in her designs by the Chancellor, gave free reign to the deputies of France to complain about her ambassadors at Osnabrück, seeming very willing to hear what they would like to say against their way of acting. The misunderstanding arose from the fact that the Queen, before her departure, had appointed Count Magnus as her ambassador extraordinary to France, which the Chancellor did not approve of; and the Queen, so as to shock him, begged the agents of France to speak to the said Count about affairs, and she openly declared herself for him. This meant that the Chancellor did not see the Queen until five days after her return, and since that first time, he refrained from going to Court on the pretext of his indisposition, and he even said that it was time he retired from affairs, and that he wanted to think only of his rest.

Count Magnus, for his part, in order to avert this jealousy, said that he was not yet quite certain about going to France and that he thought he ought rather to go to Germany. The Queen, seeing the disorders which were in her court and in her army, resolved to send the Prince Palatine Karl to command her troops, in order not only to put an end to the jealousy which was between the chiefs, but also to have at their head someone she could trust completely.

During all these disputes, the agents of France marched rein in hand, and, not wishing to offend the Chancellor on this occasion, they behaved toward him with all possible deference and spoke only very modestly of their affairs, because his son had the main interest there. But, seeing that they could not have a second audience with him, and that he was still making excuses about his poor health, they continued the audience with the Queen, and, having obtained it, they talked about affairs without getting people involved.

In the meantime, there was a rumour in Stockholm that the Elector of Brandenburg intended to ask for the Queen of Sweden's hand in marriage, but at last it was learned that this rumour came from the side of Prussia and that it was only a compliment that the Count de Brégy had advanced to this Elector out of complacency in the interview he had had with him.

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