Tuesday, March 21, 2023

Kristina in Pierre Hector Chanut's memoirs, April 1646

Sources:

Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 23 to 29, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, 1675
Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 32 to 38, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826

Above: Kristina.

The excerpts:

AVRIL 1646.
... Le Sieur de Meules écrivit au sieur Chanut, que le General Koningsmark retardoit le passage des troupes de France sous pretexte de leur faire montrer leurs passeports, afin d'en débaucher la milice. Le sieur Chanut en fit de grandes plaintes à la Reine, qui desapprouva ce procedé, & promit d'en écrire à ce General. Mais la division, qui se trouvoit alors en la Cour de Suede, n'embarrassoit pas peu les affaires; car le Comte Magnus, dont le credit croissoit tous les jours, donnoit une extrême jalousie à la Maison d'Oxenstiern pour qui la Reine avoit une aversion secrette.

Il n'y avoit pas seulement des differends en la Cour de Suede, il y eut aussi grand bruit à Osnabrug entre les Catholiques, & les Protestans sur la promotion d'un Curé, les deux parties disant que le deffunt estoit de leur Religion; sur quoy l'on demeura d'accord entre les Ambassadeurs de Suede, & le Comte d'Avaux, que l'on deputeroit certain nombre de personnes des deux partis pour informer, comme Commissaires, de la Créance du deffunt Curé, & de l'estat present des Paroissiens; mais l'accommodement fut empesché par celuy qui faisoit pour l'Administrateur en cét Evesché, dont estoit pourveu Monsieur Gustave fils naturel du deffunt Roy de Suede. Dequoy le Sieur Chanut ayant fait plainte à la Reine, elle luy promit d'écrire, que sans avoir égard à cet empeschement, on y procedât ainsi qu'il avoit esté resolu entre les Ambassadeurs.

En ce temps-là il arriva à Stokolm un Gentil-homme de la part de la Langrave de Hesse-Cassel, qui pour couvrir le dessein de son voyage semoit par tout des Manifestes des droits de la Maison de Hesse-Cassel contre celle de Hesse d'Armstadt, & disoit qu'il avoit ordre de passer à Conisberg pour le Mariage qui estoit arresté entre son Maistre le Lantgrave de Hesse-Cassel, & la sœur de l'Electeur de Brandebourg.

Cependant les Deputez de Brémen pressoient leur derniere audiance, & il estoit aisé de juger qu'ils n'en auroient pas grande satisfaction; car on avoit resolu en Suede de conserver cet Archevesché pour enveloper le Roy de Dannemark, & s'étendre plus avant sur l'Ocean.

Il courut en mesme temps un bruit en Suede, que le Roy de France épousoit l'Infante d'Espagne; ce qui donna une grande allarme en cette Cour: Mais le sieur Chanut fit bientost évanoüir ce soupçon; en faisant voir à la Reine une Lettre de Mendez de Haro au Marquis de Castel Rodrigo, que l'on avoit interceptée dans un vaisseau Espagnol qui avoit esté pris par les Croizeurs de Zelande, que le sieur Brasset luy envoya, où ce Ministre avoüoit, que l'esperance de la conclusion du Traité que Peñaranda ménageoit avec les Suedois, estoit leur derniere table pour les garentir du naufrage: D'où le sieur Chanut prit occasion de faire connoître à la Reine, par la confession propre des ennemis des deux Couronnes, leur foiblesse, & la force de leur union.

A l'arrivée du sieur de saint Romain en Suede nous avions proposé d'expliquer le sujet de son voyage, mais la disposition des affaires ne l'ayant pas premis, nous en dirons quelque chose avant que de le tirer hors de Stokolm, pendant que l'on dressera ses depesches, & qu'il disposera son voyage pour retourner auprés des Plenipotentiaires de France. Il estoit passé en Suede par leur ordre, & sa legation consistoit en trois chefs. Le premier estoit une plainte couverte contre les Plenipotentiaires de Suede, de leur peu de franchise, & du peu de deference dont ils usoient envers ceux de France. Le second concernoit l'admission des Residens aux conferences à Munster & à Osnabrug; & le troisiéme, de demander que les Eveschez ne fussent point compris dans ce que la Suede vouloit retenir pour sa satisfaction.

Il fut êcouté sur le premier avant qu'il le voulut; & la Reine ne dissimula point que ce desordre venoit de la mauvaise humeur du Baron Oxenstiern, dont elle estoit tres-mal satisfaite: Elle dit qu'elle sçavoit bien qu'il estoit d'un naturel rude & difficile, mais qu'elle luy avoit écrit de sorte, qu'elle se tenoit bien asseurée qu'il se rendroit doresnavant plus traitable.

Pour le second, la Reine sembloit y donner les mains, mais le Chancelier l'en empescha, & luy persuada que l'on ne pouvoit admettre le sieur de la Barde aux Conferences, sans blesser la reputation de la Couronne de Suede, & qu'il faloit que toutes choses fussent égales; & il la mania si bien, qu'elle dit qu'elle ne pouvoit consentir ce second chef, que son Resident le sieur de Rosenhan ne fust admis aux Conferences de Monsieur le Nonce, & qu'elle ordonneroit à ses Ministres de rendre ponctuellement la pareille à ce que les Plenipotentiaires de France feroient de leur part; si bien qu'il ne paroissoit que deux moyens pour cét accommodement, l'un que Monsieur le Nonce souffrist la presence du sieur de Rosenhan, ou de conferer directement avec les Ministres de l'Empereur où seroit le Resident de Suede, en presence des Mediateurs qui s'y voudroient trouver, & qu'il se trouveroit peut-estre en ce second moyen quelque avantage pour éclaircir tous les scrupules, qui pourroient naître, que les Mediateurs ne fussent pas entierement desinteressez.

Le dernier Chef demeura sans resolution precise, mais non pas sans esperance d'en avoir une favorable, quand les affaires de la paix approcheroient de leur conclusion: car les François estoient fondez sur les articles formels de leurs traitez, & la France ne pouvoit avec justice, & sans blesser sa reputation, appuyer, ou consentir l'alienation des biens Ecclesiastiques. La Reine de Suede, pour répondre à ce dernier Chef, disoit, qu'elle ne s'estoit point opposée à ce que la France avoit demandé pour sa satisfaction, qu'elle ne pouvoit retenir aucune chose, où il n'y eut de grandes plaintes, & de forces oppositions, & que personne n'ayant un droit de pleine proprieté sur ces biens d'Eglise, on s'en pouvoit accommoder avec moins d'envie, qu'en cela le Roy n'avoit nul interest que celuy de son zele pour la Religion, & mesme elle passa jusques à dire, qu'elle estoit resoluë de retenir l'Archevesché de Bremen, & l'Evesché de Feten, & que pour les autres, sçavoir Minden, Osnabrug, & Alberstat elle ne les retiendroit pas si la paix ne dépendoit que de la restitution de ces deux Eveschez.

Il arriva en ce temps des ordres de la Cour au sieur Chanut, qui luy enjoignoient de découvrir, s'il se pouvoit, les pensées de la Cour de Suede sur la paix, & à quelle condition on la voudroit; mais tous les Ministres estoient tellement sur leurs gardes, qu'ils ne répondoient que fort lentement, mesme sur les questions les plus indifferentes, de peur de dire quelque chose qui portât consequence ou qui fist juger de leur inclination: tout ce qu'on en pouvoit tirer alors n'estoit que des conjectures sur l'estat present où se trouvoit la Cour, qui estoit comme partagé; d'un côté par la Reine, la Maison du Connestable, les premiers Princes, & le Maréchal Torstenshon; & de l'autre par le Chancelier Oxenstiern, le Maréchal Horn, le General Wrangel, & tous ceux du Senat, qui regardoient les Princes, & le Connestable comme Estrangiers. Ce dernier party estoit moins affectionné à la paix que celuy de la Reine, qui avoit dessein de desarmer afin d'établir son autorité pendant la paix, & quand il faudroit armer, de commettre ses troupes entre les mains de personnes affidées. Cependant le sieur Chanut, sous pretexte du commerce des nouvelles qui luy venoient de France, qu'il avoit liberté de debiter à la Reine, & à tous ses Ministres, tâchoit de profiter en ces conferences, des paroles qui leur échappoient souvent malgré toute leur retenuë, & de découvrir quelque chose de leurs intentions.

La Reine, qui se voyoit traversée par ce Party du Chancelier pour établir le sien plus fortement, resolut enfin d'envoyer le Comte Magnus Ambassadeur extraordinaire en France, & mesme elle fit partir le sieur de S. André Escuyer de ce Comte, pour y aller preparer son équipage: car la Reine, qui l'affectionnoit extremement, vouloit qu'il y parût avec éclat; & par les dispositions que l'on remarquoit dans l'esprit de cette Princesse, le sieur Chanut jugea qu'il estoit important d'informer le Roy, qu'il ne pouvoit rien faire de plus agréable à la Reine de Suede, que de combler de faveurs & de caresses la personne de son Ambassadeur, & que sans doute il tireroit de là un notable avantage, en ce que si quelqu'un d'oresnavant avoit part dans les Conseils de cette Princesse, il estoit probable que ce seroit luy plûtost qu'un autre, qu'ainsi la France s'acquereroit un puissant amy; & que si la Reine se reservoit l'entier gouvernement de son Royaume, ce seroit un motif pour augmenter son amitié pour la France, voyant qu'on auroit deferé à son choix, & à sa bien-veillance pour le Comte: On jugeoit qu'elle embrasseroit plûtost ce dernier party, & qu'elle voudroit regner absolument: car quoy qu'elle traitât toûjours le Chancelier avec le respect dû à son merite & à son âge, il paroissoit toûjours neantmoins un peu de jalousie, & de repugnance, & elle tâchoit peu à peu de détruire l'opinion que l'on avoit de son pouvoir dans les affaires.

With modernised spelling:

Avril 1646.
... Le sieur de Meules écrivit au sieur Chanut que le général Königsmarck retardait le passage des troupes de France sous prétexte de leur faire montrer leurs passeports, afin d'en débaucher la milice. Le sieur Chanut en fit de grandes plaintes à la reine, qui désapprouva ce procédé et promit d'en écrire à ce général. Mais la division qui se trouvait alors en la Cour de Suède n'embarrassait pas peu les affaires, car le comte Magnus, dont le crédit croissait tous les jours, donnait une extrême jalousie à la maison d'Oxenstiern, pour qui la reine avait une aversion secrète.

Il n'y avait pas seulement des differénds en la Cour de Suède, il y eut aussi grand bruit à Osnabrück entre les catholiques et les protestants sur la promotion d'un curé, les deux parties disant que le défunt était de leur religion, sur quoi l'on demeura d'accord entre les ambassadeurs de Suède et le comte d'Avaux que l'on députerait certain nombre de personnes des deux partis pour informer, comme commissaires, de la créance du défunt curé et de l'état présent des paroissiens. Mais l'accommodement fut empêché par celui qui faisait pour l'administrateur en cet evêché, dont était pourvu monsieur Gustave, fils naturel du défunt roi de Suède. De quoi le sieur Chanut ayant fait plainte à la reine, elle luy promit d'écrire que, sans avoir égard à cet empêchement, on y procédât ainsi qu'il avait été résolu entre les ambassadeurs.

En ce temps-là, il arriva à Stockholm un gentilhomme de la part de la landgrave de Hesse-Cassel, qui, pour couvrir le dessein de son voyage, semait partout des manifestes des droits de la Maison de Hesse-Cassel contre celle de Hesse-Darmstadt et disait qu'il avait ordre de passer à Königsberg pour le mariage qui était arrêté entre son maître le landgrave de Hesse-Cassel et la sœur de l'électeur de Brandebourg.

Cependant, les députés de Brêmen pressaient leur dernière audience, et il était aisé de juger qu'ils n'en auraient pas grande satisfaction, car on avait résolu en Suède de conserver cet archevêché pour envelopper le roi de Danemark et s'étendre plus avant sur l'océan.

Il courut en même temps un bruit en Suède que le roi de France épousait l'infante d'Espagne, ce qui donna une grande alarme en cette Cour; mais le sieur Chanut fit bientôt évanouir ce soupçon en faisant voir à la reine une lettre de Mendez de Haro au marquis de Castelo Rodrigo que l'on avait interceptée dans un vaisseau espagnol, qui avait été pris par les croiseurs de Zélande, que le sieur Brasset lui envoya, où ce ministre avouait que l'espérance de la conclusion du traité que Peñaranda ménageait avec les Suédois était leur dernière table pour les garentir du naufrage. D'où le sieur Chanut prit occasion de faire connaître à la reine par la confession propre des ennemis des deux Couronnes, leur faiblesse, et la force de leur union.

A l'arrivée du sieur de saint Romain en Suède, nous avions proposé d'expliquer le sujet de son voyage, mais la disposition des affaires ne l'ayant pas premis, nous en dirons quelque chose avant que de le tirer hors de Stockholm, pendant que l'on dressera ses dépêches et qu'il disposera son voyage pour retourner auprès des plénipotentiaires de France. Il était passé en Suède par leur ordre, et sa légation consistait en trois chefs. Le premier était une plainte couverte contre les plénipotentiaires de Suède, de leur peu de franchise et du peu de déférence dont ils usaient envers ceux de France. Le second concernait l'admission des résidents aux conférences à Münster et à Osnabrück, et le troisième de demander que les evêchés ne fussent point compris dans ce que la Suède voulait retenir pour sa satisfaction.

Il fut écouté sur le premier avant qu'il le voulut, et la reine ne dissimula point que ce désordre venait de la mauvaise humeur du baron Oxenstiern, dont elle était très mal satisfaite. Elle dit qu'elle savait bien qu'il était d'un naturel rude et difficile, mais qu'elle lui avait écrit de sorte qu'elle se tenait bien assurée qu'il se rendrait dorénavant plus traitable.

Pour le second, la reine semblait y donner les mains, mais le chancelier l'en empêcha et luy persuada que l'on ne pouvait admettre le sieur de la Barde aux conférences sans blesser la réputation de la Couronne de Suède et qu'il fallait que toutes choses fussent égales; et il la mania si bien qu'elle dit qu'elle ne pouvait consentir ce second chef, que son résident le sieur de Rosenhane ne fût admis aux conférences de Monsieur le nonce, et qu'elle ordonnerait à ses ministres de rendre ponctuellement la pareille à ce que les plénipotentiaires de France feraient de leur part, si bien qu'il ne paraissait que deux moyens pour cet accommodement. L'un, que monsieur le nonce souffrît la présence du sieur de Rosenhane, ou de conférer directement avec les ministres de l'empereur où serait le résident de Suède, en présence des médiateurs qui s'y voudraient trouver, et qu'il se trouverait peut-être en ce second moyen quelque avantage pour éclaircir tous les scrupules qui pourraient naître, que les mediateurs ne fussent pas entièrement désintéressés.

Le dernier chef demeura sans résolution précise, mais non pas sans espérance d'en avoir une favorable quand les affaires de la paix approcheraient de leur conclusion, car les Français étaient fondés sur les articles formels de leurs traités, et la France ne pouvait avec justice et sans blesser sa réputation, appuyer ou consentir l'aliénation des biens ecclésiastiques. La reine de Suède, pour répondre à ce dernier chef, disait qu'elle ne s'était point opposée à ce que la France avait demandé pour sa satisfaction, qu'elle ne pouvait retenir aucune chose où il n'y eut de grandes plaintes et de forces oppositions, et que, personne n'ayant un droit de pleine propriété sur ces biens d'Église, on s'en pouvait accommoder avec moins d'envie, qu'en cela le roi n'avoit nul intérêt que celui de son zèle pour la religion, et même elle passa jusqu'à dire qu'elle était résolue de retenir l'archevêché de Brêmen et l'evêché de Verden, et que pour les autres, savoir Minden, Osnabrück, et Halberstadt, elle ne les retiendrait pas si la paix ne dépendait que de la restitution de ces deux evêchés.

Il arriva en ce temps des ordres de la Cour au sieur Chanut qui luy enjoignaient de découvrir, s'il se pouvait, les pensées de la Cour de Suède sur la paix et à quelle condition on la voudrait; mais tous les ministres étaient tellement sur leurs gardes qu'ils ne répondaient que fort lentement, même sur les questions les plus indifférentes, de peur de dire quelque chose qui portât conséquence ou qui fît juger de leur inclination. Tout ce qu'on en pouvait tirer alors n'était que des conjectures sur l'état présent où se trouvait la Cour, qui était comme partagé: d'un côté par la reine, la maison du connêtable, les premiers princes, et le maréchal Torstensson; et de l'autre par le chancelier Oxenstiern, le maréchal Horn, le général Wrangel, et tous ceux du Sénat, qui regardaient les princes et le connêtable comme étrangers. Ce dernier parti était moins affectionné à la paix que celui de la reine, qui avait dessein de désarmer afin d'établir son autorité pendant la paix, et, quand il faudrait armer, de commettre ses troupes entre les mains de personnes affidées.

Cependant, le sieur Chanut, sous prétexte du commerce des nouvelles qui lui venaient de France qu'il avait liberté de debiter à la reine et à tous ses ministres, tâchait de profiter en ces conférences des paroles qui leur échappaient souvent malgré toute leur retenue, et de découvrir quelque chose de leurs intentions.

La reine, qui se voyait traversée par ce parti du chancelier pour établir le sien plus fortement, résolut enfin d'envoyer le comte Magnus, ambassadeur extraordinaire, en France, et même elle fit partir le sieur de S. André, écuyer de ce comte, pour y aller preparer son équipage. Car la reine, qui l'affectionnait extrêmement, voulait qu'il y parût avec éclat; et par les dispositions que l'on remarquait dans l'esprit de cette princesse, le sieur Chanut jugea qu'il était important d'informer le roi qu'il ne pouvait rien faire de plus agréable à la reine de Suède que de combler de faveurs et de caresses la personne de son ambassadeur et que sans doute il tirerait de là un notable avantage, en ce que, si quelqu'un dorénavant avait part dans les conseils de cette princesse, il était probable que ce serait lui plutôt qu'un autre, qu'ainsi la France s'acquérirait un puissant ami; et que, si la reine se réservait l'entier gouvernement de son royaume, ce serait un motif pour augmenter son amitié pour la France, voyant qu'on aurait déféré à son choix et à sa bienveillance pour le comte.

On jugeait qu'elle embrasserait plutôt ce dernier parti et qu'elle voudrait régner absolument, car, quoiqu'elle traitât toujours le chancelier avec le respect dû à son merite et à son âge, il paraissait toujours néanmoins un peu de jalousie et de répugnance, et elle tâchait peu à peu de détruire l'opinion que l'on avait de son pouvoir dans les affaires.

Swedish translation (by anonymous translator):

April 1646.
... Herr de Meules skref till Herr Chanut, att General Königsmark hindrade Franska tropparnes tåg, under förevändning, att se deras pass, men för att förleda milisen. Herr Chanut klagade hos Drottningen, som ogillade detta uppförande och lofvade skrifva till denna General. Men det oenighet, som då rädde vid Svenska Hofvet, intrasslade ej litet angelätenheterna, ty Grefve Magnus, hvars anseende hvar dag tilltog, ingaf den största afund åt Oxenstjernska slägten, för hvilken Drottningen hade en hemlig afsky.

Det var ej endast tvister i Sverige, ej endast stridigheter vid dess Hof, men äfven ännu större i Osnabrug emellan Katholiker och Protestanter, i anseende till en Kyrkoherde-lägenhet; begge partierne tvistade om den aflidnes religion; slutligen öfverenskommo Svenska Ambassadörerne och Grefve d'Avaux, att personer af begge partierne skulle utses för att underrätta sig om den aflidne och om församlingens tillstånd, men förlikningen hindrades genom Administratoren af Stiftet Herr Gustaf den aflidne Konungens af Sverige naturliga son. Herr Chanut beklagade sig häröfver hos Drottningen, som lofvade skrifva att man oaktadt deta hinder skulle följa Ambassadörernes beslut.

En Adelsman ankom på Landt-Grefvens af Hessen-Cassel vägnar, till Stockholm; för att dölja afsigten med hans resa, utspriddes öfver allt Manifester om Huset Hessen-Cassels rätt framför Hessen-Darmstadt, och han sade sig vara befald att fara genom Königsberg, i anseende till det äktenskap som var beslutit emellan dess Herre och systern till Kurförsten af Brandenburg.

De Brehmiske Deputerade påskyndade deras sista audiens, men det var lätt att se, att de ej skulle få stor tillfredsställelse; ty man hade i Sverige beslutit behålla detta Ärkebiskops-Stift, för att insnärja Konungen af Danmark, och utsträcka sig framåt Ocean.

Det var äfven ett rykte i Sverige, att Konungen af Frankrike skulle gifta sig med Infantinnan af Spanien, hvilket ingaf detta Hof en stor oro men Herr Chanut qväfde den snart, då han visade Drottningen ett bref från Mendez de Haro till Marquis de Castel Rodrigo, hvilket funnits på ett Spanskt skepp, tagit vid Zeland. Denna Minister erkände uti skrifvelsen, att hoppet om fred med Svenskarne genom Pennarandas bemedling, var sista tillflykten. Herr Chanut bevisade således Drottningen, genom fiendernas egen bekännelse, deras svaghet och alliansens styrka.

Herr St. Romains resa till Sverige, var anbefald af Franska Ministrarne i Osnabrüg, för trenne orsaker; först att beklaga sig öfver de Svenska, deras förbehållsamhet och afvighet; för det andra öfver Residenternes inlåtande uti öfverläggningarne, och för det tredje, hindra att Sverige ej skulle behålla Biskopsstiften till sin ersättning.

Han afhördes, i ansende till första punkten, så mycket han ville, och Drottningen dolde ej, att denna oordning kom ifrån Baron Oxenstjernas elaka lynne, hvaröfver hon var missnöjd: hon yttrade att han var stråf och ogen, men att hon skrifvit till honom, och var försäkrad att han derigenom skulle bli fogligare.

Den andra punkten syntes Drottningen understödja, men Riks-Kansleren öfvertalade henne, att man ej kunde inlåta Herr de la Barde i öfverläggningarne, utan att såra Svenska Kronans heder och att alla saker måste vara lika; han ledde henne så väl, att hon sade sig ej kunna samtycka till andra punkten, nemligen: att hennes Resident Herr Rosenhane, ej fick bivista öfverläggningarne hos Nuntien, och hon skulle anbefalla sina Ministrar ett lika uppförande som de Franska; alltså vore ej annat än tvenne medel till förlikning, antingen skulle Nuntien tåla Herr Rosenhanes närvaro, eller omedelbart öfverlägga med de Kejserlige och Fredsmedlarne, tillika med Svenska Residenten; kanhända var uti detta sista medel någon fördel att undanröja alla betänkligheter, hvilka uppkommo deraf, att Medlarne ej voro fullkomligt oegennyttiga.

Den sista punkten blef oafgjord, men ej utan hopp om gynnande utgång vid fredsslutets annalkande; ty Frankrike höll sig vid Traktatens ordalydelse, och kunde ej med rättvisa, och utan att såra sin heder, understödja och samtycka de Andeliga godsens afsöndring. Drottningen af Sverige, för att besvara detta, yttrade, att hon ej satt sig emot Frankrikes förnöjande, kunde icke behålla något som man klagade öfver och som väckte starka motsägelser; ingen hade full rättighet öfver Kyrkans egendom och man kunde förlikas med mindre afvund; Konungen hade häruti ej annan fördel än religionens, tilläggande, att hon beslutit behålla Ärkebiskops-Stiftet Brehmen och Biskops-Stiftet Vehrden, men intet de öfriga, nemliga Minden, Osnabrüg och Halberstadt, om Freden endast berodde på deras återlemnande.

Herr Chanut erhöll samma tid befallning från sitt Hof, att upptäcka om det var möjligt, Svenska Hofvets tankar i anseende till freden, och hvad vilkor det fordrade; men alla, Ministrarne voro på sin vakt, och svarade ganska trögt, äfven på de obetydligaste frågor, af fruktan att yppa sina tänkesätt. Allt hvad man deraf kunde sluta, var ej annat än gissningar om Hofvets närvarande tillstånd, som var liksom deladt; på en sida Drottningen, Fältherrens slägt, Pfalzgrefvarne och Fält-Marskalken Torstenson; på den andra, Riks-Kansleren Oxenstjerna, Fält-Marskalken Horn, General Wrangel, och alla af Rådet, hvilka ansågo Prinsarne och Fälthern såsom utlänningar. Detta sistnämnda parti var mindre böjdt för freden än Drottningens; hvilket åstundade nedlägga vapnen, för att under freden stadga sitt anseende, och om de måste återtagas, anförtro härarne åt sina förtrognas befäl. Herr Chanut, under förevändning att meddela Drottningen och alla dess Ministrar nyheter från Frankrike, sökte begagna sig af deras öfverläggningar, af de ord som undföllo dem oaktadt all förbehållsamhet, för att upptäcka deras tankar.

Drottningen, hindrad genom Riks-Kanslerens parti, beslöt för att förstärka sitt eget skicka Grefve Magnus som Ambassadör till Frankrike och ditsände hans stallmästare Herr S. André för att ställa allt i ordning till hans ankomst. Som hon mycket gynnade Grefven, ville hon att han der skulle synas med stor glans. I anseende till de anslag som märktes i denna Prinsessas lynne, ansåg Herr Chanut nödigt underrätta Konungen, att han intet kunde göra något angemänare, än att öfverhopa med ynnest denna Ambassadör, hvarigenom utan tvifvel en utmärkt fördel skulle skördas; det var troligt att endast Grefve Magnus hädanefter skulle deltaga i denna Prinsessas rådslag och Frankrike således vinna en mäktig vän. Om Drottningen förbehöll sig ensamt Regeringen så skulle det bli ett skäl att öka dess vänskap för Frankrike då hon såg att man fogat sig efter hennes välvilja för Grefven. Man trodde, att hon antog helst att regera enväldigt; ty ehuru hon alltid behandlade Riks-Kansleren med skyldig vördnad för hans förtjenst och ålder, så syntes likväl ett slags afvund och motvillja. Hon försökte äfven småningom att förstöra den tanka man hade om sin makt.

English translation (my own):

April 1646.
... Monsieur de Meules wrote to Monsieur Chanut that General Königsmarck was delaying the passage of the troops from France under the pretext of making them show their passports, in order to debauch the militia. Monsieur Chanut made serious complaints about it to the Queen, who disapproved of this procedure and promised to write to this General. But the division which was at the Court of Sweden was not a little embarrassing to affairs, for Count Magnus, whose credit grew daily, aroused extreme jealousy in the house of Oxenstierna, for which the Queen had a secret aversion.

There were not only disputes in the court of Sweden, but there was also great noise in Osnabrück between the Catholics and the Protestants on the promotion of a priest, the two parts saying that the deceased was of their religion, whereupon it was agreed between the ambassadors of Sweden and the Comte d'Avaux that a certain number of persons from both parties would be deputed to inform, as commissioners, of the debt of the deceased parish priest and of the present state of the parishioners. But the accommodation was prevented by the person who acted as administrator in this bishopric, which was provided by Lord Gustav, the natural son of the late King of Sweden. Monsieur Chanut having complained to the Queen thereupon, she promised to write to him that, regardless of this impediment, they would proceed as had been resolved between the ambassadors.

At that time, there arrived in Stockholm a gentleman from the Landgrave of Hesse-Cassel, who, to cover the purpose of his journey, sowed everywhere manifestos of the rights of the House of Hesse-Cassel against that of Hesse-Darmstadt and said that he had orders to go to Königsberg for the marriage which had been arranged between his master, the Landgrave of Hesse-Cassel, and the sister of the Elector of Brandenburg.

In the meantime, the deputies of Bremen were hurrying their last audience, and it was easy to judge that they would not be very satisfied, because it had been resolved in Sweden to keep this archdiocese to surround the King of Denmark and extend itself further on the ocean.

At the same time, there was a rumour in Sweden that the King of France was marrying the Infanta of Spain, which caused great alarm in this Court; but Monsieur Chanut soon dispelled this suspicion by showing the Queen a letter from Mendez de Haro to the Marquis de Castelo Rodrigo, which had been intercepted in a Spanish vessel, which had been taken by the cruisers of Zeeland, which Monsieur Brasset sent to him, where this minister confessed that the hope of concluding the treaty that Peñaranda arranged with the Swedes was their last table to save them from shipwreck. Monsieur Chanut therefore took the opportunity to make known to the Queen, by the proper confession of the enemies of the two Crowns, their weakness and the strength of their union.

On the arrival of the Sieur de Saint Romain in Sweden, we offered to explain the subject of his trip, but the arrangement of affairs not having allowed him, we will say something about it before pulling him out of Stockholm, while one prepares his despatches and he is planning his journey to return to the plenipotentiaries of France. He had passed through Sweden by their order, and his legation consisted of three main points. The first was a covert complaint against the plenipotentiaries of Sweden, for their lack of frankness and the little deference they showed towards those of France. The second concerned the admission of the residents to the conferences at Münster and Osnabrück, and the third to demand that the bishoprics should not be included in what Sweden wished to retain for its satisfaction.

He was listened to on the first before he wanted to, and the Queen did not conceal that this disorder came from the bad humour of Baron Oxenstierna, with whom she was very ill satisfied. She said she was well aware that he was of a rough and difficult nature, but that she had written to him so that she felt assured that he would henceforth make himself more tractable.

For the second, the Queen seemed to be consenting, but the Chancellor prevented her from doing so and persuaded her that Monsieur de la Barde could not be admitted to the conferences without hurting the reputation of the Swedish Crown and that it was necessary that all things were equal; and he handled it so well that she said that she could not agree to this second point, that her resident, Lord Rosenhane, would not be admitted to the conferences of the nuncio, and that she would order her ministers to reciprocate punctually to what the plenipotentiaries of France would do on their part, so that there appeared to be only two means for this accommodation. One, that the nuncio should suffer the presence of Lord Rosenhane, or to confer directly with the ministers of the Emperor where the resident of Sweden would be, in the presence of the mediators who would like to be there, and that he would perhaps find in this second means some advantage in clearing up all the scruples that might arise if the mediators were not entirely disinterested.

The last point remained without definite resolution, but not without hope of having a favourable one when the affairs of peace neared their conclusion, for the French were founded on the formal articles of their treaties, and France could not, with justice and without injuring its reputation, support or consent to the alienation of ecclesiastical property. The Queen of Sweden, to answer this last point, said that she had not opposed what France had asked for her satisfaction, that she could not retain anything where there were not great complaints and opposing forces, and that, no one having a right of full ownership of these Church assets, one could accommodate oneself with less envy, that in this the King had no interest other than that of his zeal for religion, and she even went so far as to say that she was resolved to retain the archbishopric of Bremen and the bishopric of Verden, and that for the others, namely Minden, Osnabrück, and Halberstadt, she would not retain if peace only depended on the restitution of these two bishoprics.

Orders from the court arrived at this time to Monsieur Chanut enjoining him to discover, if possible, the thoughts of the court of Sweden on peace and on what conditions it would be desired; but all the ministers were so on their guard that they answered only very slowly, even on the most indifferent questions, for fear of saying something which carried consequence or which could make their inclination be judged. All that could be drawn from it then was only conjecture about the present state of the court, which was as if divided: on one side by the Queen, the house of the Constable, the first princes, and the Marshal Torstensson; and on the other by Chancellor Oxenstierna, Marshal Horn, General Wrangel, and all those of the Senate, who regarded the princes and the constable as foreigners. This last party was less fond of peace than that of the Queen, who intended to disarm in order to establish her authority during peace, and, when it was necessary to arm, to commit her troops into the hands of trusted persons.

In the meantime, Monsieur Chanut, under the pretext of trading in news which came to him from France which he was free to debit to the Queen and to all her ministers, tried to take advantage in these conferences of the words which often escaped them in spite of all their restraint and to discover something of their intentions.

The Queen, who saw herself traversed by this party of the Chancellor in order to establish her own more strongly, finally resolved to send Count Magnus, ambassador extraordinary, to France, and she even made Lord S. André, the equerry of this Count, leave to go there to prepare his equipage. For the Queen, who was extremely fond of him, wanted him to appear there with brilliance; and by the disposition which was noticed in the mind of this princess, Monsieur Chanut judged that it was important to inform the King that he could do nothing more agreeable to the Queen of Sweden than to shower favours and flatteries on the person of his ambassador and that no doubt he would derive a notable advantage from this, in that, if anyone henceforth had a share in the advice of this princess, it was likely that it would be him rather than another, that thus France would acquire a powerful friend; and that, if the Queen reserved the entire government of her kingdom to herself, that would be a motive for increasing her friendship for France, seeing that her choice and her benevolence for the Count would have been deferred to.

It was judged that she would rather embrace the latter party and that she would want to reign absolutely, for, although she always treated the Chancellor with the respect due to his merit and his age, he nevertheless always appeared a little jealous and repugnant, and she tried little by little to destroy the opinion that one had of her power in affairs.

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