Thursday, March 2, 2023

Olivier Patru's speech to Kristina on behalf of the Académie Française upon her/his/their arrival in Paris, August 29/September 8 (New Style), 1656

Sources:

Recüeil des harangues qui ont esté faites à la reyne de Suede, pages 135 to 145, published by Claude Bardin, 1660


Plaidoyers et œuvres diverses de Monsieur Patru, de l'Academie Françoise: nouvelle édition, volume 1, pages 711 to 717, published by Sébastien Mabre-Cramoisy, 1681


Mémoires concernant Christine, volume 1, pages 536 to 538, Johan Arckenholtz, 1751


The speech:

MADAME,
Si l'Academie Françoise prend la hardiesse de saluër vostre Majesté, & de luy offrir ses respects tres-humbles, c'est vostre seule bonté qui l'a pû rendre si hardie. Cette Lettre également belle & obligeante, vostre Tableau dont Vous l'avez honorée, sont de si hautes faveurs, qu'elle a crû qu'en cette rencontre rien ne seroit moins pardonnable, qu'un ingrat, qu'un lasche silence. En effet, quand nous pensons qu'une grande Reine n'a pas dédaigné de jetter les yeux sur nous, & de nous envoyer des extrémitez du Septentrion d'illustres marques de son estime; nous ne pouvons aujourd'huy moins faire que d'adorer les divines mains qui nous ont fait tant de graces.

C'est, MADAME, un devoir si juste qui nous amene en ce lieu, où nous venons pour contempler vostre Majesté, & luy rendre ce culte religieux que le monde entier doit à sa vertu. Et certainement, si on considere les actions de vostre vie, on y trouvera je ne sçay quoy de si élevé, qu'il obscurcit toute la gloire des Monarques les plus fameux. Jamais naissance ne fut plus heureuse que la vostre. Il n'y a rien que de merveilleux en vostre personne sacrée. Tout vostre Regne n'est qu'une suite de triomphes & de succés étonnans. La nature & la fortune vous ont donné tout ce qu'elles ont de plus précieux. Toutefois, MADAME, ce n'est point là le tresor de vostre cœur; & marchant dans ce sentier épineux où on ne voit que les traces des Heros, vous avez cherché quelque chose de plus rare encore que tous les dons de la nature & de la fortune. Vostre Majesté a donc pû, dans sa plus tendre jeunesse, environnée de tout ce qui peut seduire l'ame ou l'amollir; elle a pû, dis-je, résister au chant de Sirenes, & s'appliquer à l'étude de la Sagesse. Que je trouve de grandeur dans cette premiere démarche! Combien de Reines, mais combien de Rois comptera-t-on depuis la fondation du monde qui ayent bruslé d'une ardeur si noble? Qu'une Princesse, pour concevoir un si beau feu, doit estre éclairée, qu'elle doit estre au dessus de tout le vain faste des Diadêmes!

Mais quelle rapidité, quel progrés si prodigieux! Souffrez, MADAME, que je le dise, si ce n'est pour vostre gloire, que ce soit pour l'ornement de nostre siecle. La connoissance des Langues, où nous consumons les jours & les nuits & le plus beau de nostre âge, n'a esté que le divertissement de vostre enfance. Les Lettres humaines n'ont point de fruit, n'ont point de fleur, que vos mains Royales n'ayent cueïllie. Il n'y a rien dans tout le cercle des Sciences, que vostre esprit, cét esprit si vaste, n'ait penetré. Vous avez fait ce que tres-peu d'hommes ont pû faire, ce que jamais fille ni femme n'osa tenter; & tout cela presque à l'entrée de vostre vie, tout cela, MADAME, au milieu des pompes de vostre Cour, au milieu de tous les empeschemens de la Royauté. Qu'on cherche, qu'on remuë toute l'Histoire, qu'on fouïlle dans toute l'Antiquité: on ne trouvera rien de semblable; on ne trouvera, ni cette assiduité, ni cette vigueur d'esprit, & moins encore cét amour de la Vertu, que rien ne peut ni lasser ni vaincre. Voilà, MADAME, voilà cét or tout divin; voilà les rubis, les diamans & les perles dont vous faites tout vostre tresor. C'est de ces richesses immortelles, que vostre soif ne peut s'étancher; ce sont les biens que vos veilles, que vos travaux cherchent tous les jours, & qui ont fait tout le bonheur de vostre regne.

Vous avez, aux yeux de toute l'Europe, donné la Paix à vos ennemis, & couronné par une fin si triomphante & vos victoires & les victoires du grand Gustave. Le vulgaire pourra peut-estre s'en imaginer d'autres causes; mais à dire vray, un évenement si mémorable n'est deû qu'à la force de nos Conseils. Ce n'est ni l'experience de vos Capitaines, ni la valeur de vos soldats; c'est vostre Sagesse seule, qui a donné de la terreur à l'Aigle Romaine: c'est cette invincible fermeté; ce sont toutes ces magnanimes habitudes que vous vous estes formées dans vostre sçavant cabinet. Ainsi, MADAME, tandis que dans le secret de ces retraites illuminées, Vostre Majesté consultoit les morts, & s'instruisoit avec eux en la science de regner, elle faisoit plus toute seule, que ne faisoient toutes ses armées: elle achevoit en effet la guerre, & travailloit d'une maniere inoûïe à l'exaltation de son Trône, au salut ou au repos de ses Peuples. Je ne diray point combien vous avez embelli vostre Royaume, aprés l'avoir si glorieusement agrandi. Je ne diray point que Stokolm & la Suéde ont changé de face; que l'air, que le Ciel y est plus doux; & que vous avez inspiré à vos Sujets, à cette belliqueuse Nation, l'amour des beaux Arts, & des connoissances honnestes. Toutes ces choses sont grandes sans doute: mais qui ne sçait que toutes ces choses sont des fruits de ces belles heures si utilement consumées; sont des fruits de cét arbre si précieux, dont les racines sont ameres à la verité, mais ses branches sont toutes couvertes de pommes d'or? Cependant ce n'est pas là tout ce que Vostre Majesté doit elle-mesme à la Science.

Car enfin, MADAME, c'est cette divine fille du Ciel, qui a comme commencé le grand œuvre de vostre sanctification. C'est par ses lumieres que, foulant aux piés toutes les grandeurs humaines, vous estes si heureusement venuë à la source des lumieres. C'est dans cette voye que le Saint Esprit vous a prise, pour vous conduire au Tabernacle, & à la gloire du Saint des Saints. Une Princesse, qui toute sa vie n'a travaillé qu'à cultiver sa raison, qu'à enrichir, qu'à purifier son ame, meritoit, si je l'ose dire, que le Ciel s'ouvrist pour elle, & que la grace de Dieu vivant vinst consacrer une vertu toute celeste. Quel vaisseau plus précieux, quelle fleur plus pure, ou plus belle, pouvoit recevoir cette éternelle rosée? Et la splendeur du Tres-haut pouvoit-elle habiter un Temple plus magnifique, plus auguste? Heureuse la Suéde, si elle regarde, comme elle doit, un spectacle qui a réjoûï le Ciel & la Terre: heureuse, si elle écoute le Pere des misericordes, qui l'appelle par la voix d'un si grand éxemple!

Je finis, MADAME; aussi bien je crains d'abuser de vostre bonté. Mais avant que de finir, souffrez, s'il vous plaist, que l'Academie Françoise se plaigne de sa fortune. Elle n'a rien si ardemment desiré, que cette celébre journée; elle n'a rien tant souhaité, que de contempler cette divine Princesse, dont la vie toute pleine de merveilles fait tout l'embellissement de nos jours. Elle vous voit veritablement, elle vous contemple; mais, bon Dieu, que d'amertume parmi cette joye, quand elle pense que dans un moment elle va perdre, & peut-estre pour jamais, vostre adorable presence. Dans cette dure extrémité, trouvez bon, MADAME, qu'elle vous conjure de l'aimer toûjours: pardonnez ce mot à son transport, à sa douleur. Elle ne vous dira point que ses enfans sçavent donner l'immortalité aux actions heroïques; que ses enfans, soit qu'ils parlent le langage ou des hommes ou des Dieux, se font entendre dans tous les climats de l'Univers: en l'estat où son malheur qu'elle voit si proche l'a réduite, tout ce qui peut la flater, l'offense. Vostre Majesté se souviendra pourtant, s'il lui plaist, qu'une Compagnie qui doit sa naissance à un triomphant Monarque; qui fut élevée, qui fut nourrie comme dans le sein d'un illustre Cardinal dont la memoire durera autant que les siecles; qu'une Compagnie si chere autrefois à ces grandes ames, n'est indigne ni des pensées, ni peut-estre de l'amour de l'incomparable Christine. Cependant, MADAME, vostre Tableau nous consolera, si rien nous peut consoler dans nostre infortune. Vostre image en vostre absence sera le plus cher objet de nos yeux: nous luy rendrons nos hommages, nos respects; nous luy ferons nos sacrifices. Elle regnera à jamais dans nos Assemblées: & si les Muses Françoises se peuvent promettre quelque chose de l'équitable posterité, la gloire de ce Portrait passera dans tout l'avenir; & le fameux Palladium, deviendra jaloux de vostre auguste Peinture.

With modernised spelling:

Madame,
Si l'Académie Française prend la hardiesse de saluer Votre Majesté et de lui offrir ses respects très humbles, c'est votre seule bonté qui l'a pu rendre si hardie. Cette lettre également belle et obligeante, votre tableau dont vous l'avez honorée, sont de si hautes faveurs qu'elle a cru qu'en cette rencontre rien ne serait moins pardonnable qu'un ingrat, qu'un lâche silence. En effet, quand nous pensons qu'une grande reine n'a pas dédaigné de jetter les yeux sur nous et de nous envoyer des extrêmités du Septentrion d'illustres marques de son estime, nous ne pouvons aujourd'hui moins faire que d'adorer les divines mains qui nous ont fait tant de grâces.

C'est, Madame, un devoir si juste qui nous amène en ce lieu, où nous venons pour contempler Votre Majesté et lui rendre ce culte religieux que le monde entier doit à sa vertu. Et, certainement, si on considère les actions de votre vie, on y trouvera je ne sais quoi de si élevé qu'il obscurcit toute la gloire des monarques les plus fameux. Jamais naissance ne fut plus heureuse que la vôtre. Il n'y a rien que de merveilleux en votre personne sacrée.

Tout votre règne n'est qu'une suite de triomphes et de succès étonnants. La nature et la fortune vous ont donné tout ce qu'elles ont de plus précieux. Toutefois, Madame, ce n'est point là le trésor de votre cœur et marchant dans ce sentier épineux où on ne voit que les traces des héros. Vous avez cherché quelque chose de plus rare encore que tous les dons de la nature et de la fortune. Votre Majesté a donc pu, dans sa plus tendre jeunesse, environnée de tout ce qui peut séduire l'âme ou l'amollir. Elle a pu, dis-je, résister au chant de sirènes et s'appliquer à l'étude de la sagesse.

Que je trouve de grandeur dans cette premiere démarche! Combien de reines, mais combien de rois, comptera-t-on depuis la fondation du monde qui ayent brûlé d'une ardeur si noble? Qu'une princesse, pour concevoir un si beau feu, doit être éclairée qu'elle doit être au-dessus de tout le vain faste des diadèmes!

Mais quelle rapidité, quel progrès si prodigieux! Souffrez, Madame, que je le dise; si ce n'est pour votre gloire, que ce soit pour l'ornement de notre siècle. La connaissance des langues, où nous consumons les jours et les nuits et le plus beau de notre âge, n'a été que le divertissement de votre enfance. Les lettres humaines n'ont point de fruit, n'ont point de fleur, que vos mains royales n'aient cueillie.

Il n'y a rien dans tout le cercle des sciences que votre esprit, cet esprit si vaste, n'ait pénétré. Vous avez fait ce que très peu d'hommes ont pu faire, ce que jamais fille ni femme n'osa tenter; et tout cela presque à l'entrée de votre vie, tout cela, Madame, au milieu des pompes de votre Cour, au milieu de tous les empêchements de la royauté. Qu'on cherche, qu'on remue toute l'histoire, qu'on fouille dans toute l'antiquité, on ne trouvera rien de semblable. On ne trouvera ni cette assiduité, ni cette vigueur d'esprit, et moins encore cet amour de la vertu que rien ne peut ni lasser ni vaincre. Voilà, Madame, voilà cet or tout divin, voilà les rubis, les diamants et les perles dont vous faites tout votre trésor. C'est de ces richesses immortelles que votre soif ne peut s'étancher. Ce sont les biens que vos veilles que vos travaux cherchent tous les jours et qui ont fait tout le bonheur de votre règne.

Vous avez, aux yeux de toute l'Europe, donné la paix à vos ennemis et couronné par une fin si triomphante et vos victoires et les victoires du grand Gustave. Le vulgaire pourra peut-être s'en imaginer d'autres causes; mais, à dire vrai, un évenement si mémorable n'est dû qu'à la force de nos conseils. Ce n'est ni l'expérience de vos capitaines, ni la valeur de vos soldats; c'est votre sagesse seule qui a donné de la terreur à l'aigle romaine. C'est cette invincible fermeté, ce sont toutes ces magnanimes habitudes que vous vous êtes formées dans votre savant cabinet.

Ainsi, Madame, tandis que dans le secret de ces retraites illuminées, Votre Majesté consultait les morts et s'instruisait avec eux en la science de regner. Elle faisait plus toute seule que ne faisaient toutes ses armées. Elle achevait en effet la guerre et travaillait d'une manière inouïe à l'éxaltation de son trône, au salut ou au repos de ses peuples.

Je ne dirai point combien vous avez embelli votre royaume, après l'avoir si glorieusement aggrandi. Je ne dirai point que Stockholm et la Suède ont changé de face, que l'air, que le ciel y est plus doux, et que vous avez inspiré à vos sujets, à cette belliqueuse nation, l'amour des beaux arts et des connaissances honnêtes. Toutes ces choses sont grandes, sans doute; mais qui ne sait que toutes ces choses sont des fruits de ces belles heures si utilement consumées — sont des fruits de cet arbre si précieux, dont les racines sont amères à la vérité, mais ses branches sont toutes couvertes de pommes d'or?

Cependant ce n'est pas là tout ce que Votre Majesté doit elle-même à la science. Car, enfin, Madame, c'est cette divine fille du Ciel, qui a comme commencé le grand œuvre de votre sanctification. C'est par ses lumières que, foulant aux pieds toutes les grandeurs humaines, vous êtes si heureusement venue à la source des lumières. C'est dans cette voie que le Saint Esprit vous a prise pour vous conduire au tabernacle et à la gloire du Saint des Saints. Une princesse qui toute sa vie n'a travaillé qu'à cultiver sa raison, qu'à enrichir, qu'à purifier son âme, méritait, si je l'ose dire, que le Ciel s'ouvrît pour elle et que la grâce de Dieu vivant vint consacrer une vertu toute céleste. Quel vaisseau plus précieux, quelle fleur plus pure, ou plus belle, pouvait recevoir cette éternelle rosée? Et la splendeur du Très-Haut, pouvait-elle habiter un temple plus magnifique, plus auguste? Heureuse la Suède, si elle regarde, comme elle doit, un spectacle qui a réjoui le Ciel et la terre! Heureuse, si elle écoute le Père des miséricordes, qui l'appelle par la voix d'un si grand exemple!

Je finis, Madame; aussi bien je crains d'abuser de votre bonté. Mais, avant que de finir, souffrez, s'il vous plaît, que l'Académie Française se plaigne de sa fortune. Elle n'a rien si ardemment désiré que cette célèbre journée, elle n'a rien tant souhaité que de contempler cette divine princesse, dont la vie toute pleine de merveilles fait tout l'embellissement de nos jours. Elle vous voit véritablement, elle vous contemple; mais, bon Dieu, que d'amertume parmi cette joie quand elle pense que dans un moment elle va perdre, et peut-être pour jamais, votre adorable présence! Dans cette dure extrêmité, trouvez bon, Madame, qu'elle vous conjure de l'aimer toujours — pardonnez ce mot à son transport, à sa douleur.

Elle ne vous dira point que ses enfants savent donner l'immortalité aux actions héroïques, que ses enfants, soit qu'ils parlent le langage ou des hommes ou des dieux, se font entendre dans tous les climats de l'univers. En l'état où son malheur qu'elle voit si proche l'a réduite, tout ce qui peut la flatter l'offense. Votre Majesté se souviendra pourtant, s'il lui plaît, qu'une compagnie qui doit sa naissance à un triomphant monarque, qui fut élevée, qui fut nourrie comme dans le sein d'un illustre cardinal dont la mémoire durera autant que les siècles, qu'une Compagnie si chère autrefois à ces grandes âmes n'est indigne ni des pensées, ni, peut-être, de l'amour de l'incomparable Christine.

Cependant, Madame, votre tableau nous consolera, si rien nous peut consoler dans notre infortune. Votre image en votre absence sera le plus cher objet de nos yeux. Nous lui rendrons nos hommages, nos respects, nous lui ferons nos sacrifices. Elle régnera à jamais dans nos assemblées; et si les Muses françaises se peuvent promettre quelque chose de l'équitable postérité, la gloire de ce portrait passera dans tout l'avenir; et le fameux Palladium deviendra jaloux de votre auguste peinture.

Arckenholtz's transcript of the speech:

MADAME,
Si l'Académie Françoise prend la hardiesse de saluer Votre Majesté, & de lui offrir ses respects très-humbles, c'est votre seule bonté qui l'a pû rendre si hardie. Cette lettre également belle & obligeante, votre tableau dont Vous l'avez honorée, sont de si hautes faveurs qu'elle a cru qu'en cette rencontre rien ne seroit moins pardonnable, qu'un ingrat, qu'un lâche silence. En effèt, quand nous pensons qu'une grande Reine n'a pas dédaigné de jetter les yeux sur nous, & de nous envoïer des extrêmités du Septentrion d'illustres marques de son estime, nous ne pouvons aujourd'hui moins faire que d'adorer les divines mains qui nous ont fait tant de graces.

C'est Madame, un devoir si juste, qui nous améne en ce lieu, où nous venons pour contempler Votre Majesté, & lui rendre ce culte religieux que le monde entier doit à sa vertu. Et certainement, si on considére les actions de votre vie, on y trouvera je ne sai quoi de si élevé, qu'il obscurcit toute la gloire des Monarques les plus fameux. Jamais naissance ne fut plus heureuse que la vôtre. Il n'y a rien que de merveilleux en votre Personne sacrée. Tout votre règne n'est qu'une suite de triomphes & de succès étonnans. La nature & la fortune Vous ont donné tout ce qu'elles ont de plus précieux. Toutefois, Madame, ce n'est point-là le trésor de votre cœur & marchant dans ce sentier épineux où on ne voit que les traces des Héros, Vous avez cherché quelque chose de plus rare encore que tous les dons de la nature & de la fortune. Votre Majesté a donc pû dans sa plus tendre jeunesse, environnée de tout ce qui peut séduire l'ame ou l'amollir, Elle a pû, dis-je, résister au chant de Sirenes, & s'appliquer à l'étude de la sagesse. Que je trouve de grandeur dans cette prémière démarche! Combien de Reines, mais combien de Rois comptera-t-on depuis la fondation du monde, qui aïent brûlé d'une ardeur si noble? Qu'une Princesse, pour conçevoir un si beau feu, doit être éclairée, qu'elle doit être au-dessus de tous les vains fastes des Diadémes!

Mais quelle rapidité, quel progrès si prodigieux! Souffrez, Madame, que je le dise, si ce n'est pour votre gloire, que ce soit pour l'ornement de notre siécle. La connoissance des langues, où nous consumons les jours & les nuits & le plus beau de notre âge, n'a été que le divertissement de votre enfance. Les lettres humaines n'ont point de fruit, n'ont point de fleur que vos mains Roïales n'aïent cueilli. Il n'y a rien dans tout le cercle des sçiences, que votre esprit si vaste n'ait pénétré. Vous avez fait ce que très-peu d'hommes ont pû faire, ce que jamais fille ni femme n'osa tenter; & tout cela presqu'à l'entrée de votre vie, tout cela, Madame, au milieu des pompes de votre Cour, au milieu de tous les empêchemens de la Roïauté. Qu'on cherche, qu'on remuë toute l'histoire, qu'on fouille dans toute l'antiquité: on ne trouvera rien de semblable: on ne trouvera ni cette assiduité, ni cette vigueur d'esprit, & moins encore cet amour de la vertu, que rien ne peut ni lasser ni vaincre. Voilà, Madame, voilà cet or tout divin, voilà les rubis, les diamans & les perles dont Vous faites tout votre trésor. C'est de ces richesses immortelles que votre soif ne peut s'étancher: ce sont les biens que vos veilles, que vos travaux cherchent tous les jours & qui ont fait tout le bonheur de votre régne.

Vous avez, aux yeux de toute l'Europe, donné la paix à vos ennemis, & couronné par une fin si triomphante & vos victoires & les victoires du Grand Gustave. Le vulgaire pourra peut-être s'en imaginer d'autres causes: mais à dire vrai, un événement si mémorable, n'est dû qu'à la force de nos Conseils. Ce n'est ni l'expérience de vos Capitaines, ni la valeur de vos Soldats: c'est votre sagesse seule qui a donné de la terreur à l'Aigle Romaine: c'est cette invincible fermeté: ce sont toutes ces magnanimes habitudes que Vous Vous êtes formées dans votre savant Cabinèt. Ainsi, Madame, tandis que dans le secrèt de ces retraites illuminées, Votre Majesté consultoit les morts, & s'instruisoit avec eux en la sçience de régner, elle faisoit plus toute seule que ne faisoient toutes ses armées: elle achevoit en effèt la guerre, & travailloit d'une manière inouië à l'éxaltation de son Trône, au salut & au repos de ses peuples. Je ne dirai point combien Vous avez embelli votre Roïaume, après l'avoir si glorieusement aggrandi. Je ne dirai point que Stockholm & la Suède ont changé de face: que l'air, que le Ciel y est plus doux; & que Vous avez inspiré à vos sujèts, à cette belliqueuse nation, l'amour des beaux Arts, & des connoissances honnêtes. Toutes ces choses sont grandes sans doute: mais qui ne sait, que toutes ces choses sont des fruits de ces belles heures si utilement consumées, sont des fruits de cet arbre si précieux, dont les racines sont amères à la verité, mais les branches sont toutes couvertes de pommes d'or? Cependant ce n'est pas-là tout ce que V. M. doit elle-même à la sçience.

Car enfin, Madame, c'est cette divine fille du Ciel, qui a comme commencé le grand œuvre de votre sanctification. C'est par ses lumières que, foulant aux piés toutes les grandeurs humaines, Vous êtes si heureusement venuë à la source des lumières. C'est dans cette voïe que le saint-Esprit Vous a prise pour Vous conduire au Tabernacle, & à la gloire du Saint des Saints. Une Princesse qui toute sa vie n'a travaillé qu'à cultiver sa raison, qu'à enrichir, qu'à purifier son ame, méritoit, si je l'ose dire, que le Ciel s'ouvrit pour elle, & que la grace de Dieu vivant vint consacrer une vertu toute céleste. Quel vaisseau plus précieux, quelle fleur plus pure ou plus belle pouvoit recevoir une éternelle rosée? Et la splendeur du Très-Haut pouvoit-elle habiter un Temple plus magnifique, plus auguste? Heureuse la Suède si elle regarde comme elle doit, un spectacle qui a réjoui le Ciel & la Terre! Heureuse, si elle écoute le Père des miséricordes, qui l'appelle par la voïe d'un si grand éxemple!

Je finis, Madame, aussi bien je crains d'abuser de votre bonté. Mais avant que de finir, souffrez, s'il vous plait, que l'Académie Françoise se plaigne de sa fortune. Elle n'a rien si ardemment desiré, que cette célèbre journée; elle n'a rien tant souhaitê, que de contempler cette divine Princesse, dont la vie toute pleine de merveilles, fait tout l'embellissement de nos jours. Elle Vous voit véritablement, elle Vous contemple. Mais, bon Dieu, que d'amertume parmi cette joïe, quand elle pense que dans un moment elle va perdre, & peut-être pour jamais, votre adorable personne. Dans cette dure extrêmité, trouvez bon, Madame, qu'elle Vous conjure de l'aimer toûjours, pardonnez ce mot à son transport, à sa douleur. Elle ne Vous dira point que ses enfans savent donner l'immortalité aux actions heroïques; que ses enfans, soit qu'ils parlent le langage ou des hommes ou des Dieux, se font entendre dans tous les Climats de l'univers: en l'état où son malheur, qu'elle voit si proche, l'a réduite, tout ce qui peut la flater, l'offense. Votre Majesté se souviendra pourtant, s'il lui plait, qu'une Compagnie qui doit sa naissance à un triomphant Monarque, qui fut élevée, qui fut nourrie, comme dans le sein d'un illustre Cardinal dont la mémoire durera autant que les siécles, qu'une Compagnie si chére autrefois à ces grandes ames, n'est indigne, ni des pensées, ni peut-être de l'amour de l'incomparable Christine. Cependant, Madame, votre tableau nous consolera, si rien nous peut consoler dans notre infortune. Votre image en votre absence sera le plus cher objèt de nos yeux: nous lui rendrons nos hommages, nos respects: nous lui ferons nos sacrifices. Elle régnera à jamais dans nos assemblées: & si les Muses Françoises se peuvent promettre quelque chose de l'équitable postérité, la gloire de ce portrait passera dans tout l'avenir, & le fameux Palladium deviendra jaloux de votre auguste peinture.

Bardin's transcript of the speech:

MADAME,
Si l'Academie Françoise prend la hardiesse de salüer VOSTRE MAIESTÉ, & de luy offrir ses respects tres-humbles, c'est vostre seule bonté qui la pû rendre si hardie. Cette lettre égallement belle & obligeante, vostre tableau, dont vous l'auez honnorée, sont de si hautes faueurs qu'elle a creu qu'en cette rencontre rien ne seroit moins pardonnable qu'vn silence lasche & ingrat. En effet, quand nous pensons qu'vne grande Reyne n'a pas dédaigné de ietter les yeux sur nous, & de nous enuoyer des extremitez du Septentrion, d'illustres marques de son estime, nous ne pouuons aujourd'huy moins faire que d'adorer les diuines mains qui nous ont fait tant de graces. C'est, MADAME, vn deuoir si iuste qui nous amene en ce lieu où nous venons pour contempler VÔTRE MAIESTÉ, & luy rendre ce culte religieux, que le monde entier doit à sa vertu. Et certainement si on considere les actions de vostre vie, on y trouuera ie ne sçay quoy de si éleué, qu'il obscurcit toute la gloire des Monarques les plus fameux. Iamais naissance ne fut plus heureuse que la vostre; Il n'y a rien que de merueilleux en vostre Personne Sacrée; tout vostre regne n'est qu'vne suite de Triomphes & de succez estonnans: La Nature & la Fortune vous ont donné tout ce qu'elles ont de plus precieux. Toutesfois, MADAME, ce n'est point là le thresor de vostre cœur, & marchant dans ce sentier épineux, où on ne voit que les traces des Heros, vous auez cherché quelque chose de plus rare encore que tous les dons de la nature & de la fortune. VOSTRE MAIESTÉ a donc pû dans sa plus tendre ieunesse, enuironnée de tout ce qui peut seduire l'ame ou l'amollir: Elle a pû, dis-ie, resister au chant des Sirennes, & s'appliquer à l'étude de la Sagesse. Que ie trouue de grandeur dans cette premiere démarche! Combien de Reynes? mais combien de Roys comptera-t'on depuis la fondation du monde, qui ayent brûlé d'vne ardeur si noble? qu'vne Princesse pour conceuoir vn si beau feu doit estre éclairée, qu'elle doit estre au dessus de tout le vain faste des diadémes. Mais quelle rapidité, quel progrez si prodigieux! Souffrez, MADAME, que ie le dise, si ce n'est pour vostre gloire, que ce soit pour la gloire du genre humain. La connoissance des Langues où nous consumons les iours & les nuits, n'a esté que le diuertissement de vostre enfance; Il n'y a rien dans tout le vaste cercle des Sciences, où vostre Esprit sublime n'ait penetré: Les belles lettres n'ont point de fruict, n'ont point de fleur que vos mains Royalles n'ayent cueillie; Vous auez fait ce que tres-peu d'hommes ont pû faire, & ce que iamais Fille ny Femme n'osa tenter, & tout cela, MADAME, presque à l'entrée de vostre vie, tout cela au milieu des pompes de vostre Cour, & de tous les empeschemens de la Royauté. Qu'on cherche, qu'on remuë toute l'Histoire, qu'on foüille dans toute l'Antiquité, on ne trouuera rien de semblable; on ne trouuera ny cette assiduité, ny cette vigueur d'esprit, & moins encore cét amour de la vertu, que rien ne peut ny lasser ny vaincre. Voila, MADAME, voila les biens que vos veilles vous ont acquis: Voila les biens que vous ne tenez de personne, que personne ne vous peut rauir, & qui ont fait toute la felicité de vostre regne. Vous auez à la veuë de toute l'Europe donné la paix à vos ennemis, & couronné par vne fin si memorable les Victoires du Grand Gustaue & les vostres. Le vulgaire pourra peut-estre s'en imaginer d'autres causes, mais à vray dire, vn éuenement si glorieux n'est deu qu'à la force de vos Conseils, ce n'est ny l'experience de vos Capitaines, ny la valeur de vos soldats, c'est vostre Sagesse seule qui a donné de la terreur à l'Aigle Romaine. C'est cette inuincible fermeté, ce sont toutes ces magnanimes habitudes que vous vous estes formées dans vostre sçauant cabinet. Ainsi, MADAME, tandis que dans le secret de ses retraittes illuminées VOSTRE MAIESTÉ consultoit les morts, & s'instruisoit auec eux en la science de regner elle faisoit plus toute seule que ne faisoient toutes ses Armées; elle acheuoit en effet la guerre, & trauailloit d'vne maniere inoüye au repos, & à la tranquilité de ses peuples. Ie ne diray point combien vous auez embelly vostre Royaume, apres l'auoir si glorieusement agrandy. Ie ne diray point que Stolkom, & la Suede ont changé de face; que l'air, que le Ciel y est plus doux, & que vous auez inspiré à vos sujets, à cette belliqueuse Nation, l'amour des beaux arts, & des connoissance[s] honnestes: Toutes ces choses sont grandes sans doute, mais qui ne sçait que toutes ces choses sont des fruicts de ces belles heures si utilement consumées; Sont des fruicts de cét arbre merueilleux, dont les racines sont ameres à la verité, mais dont les branches sont toutes couuertes de pommes d'or. Cependant ce n'est pas là tout ce que VOSTRE MAIESTÉ doit elle-mesme à la Science. Car enfin; MADAME, c'est cette diuine Fille du Ciel, qui a comme commancé le grand Oeuure de vostre sanctification: C'est par ses lumieres que foulant aux pieds toutes les grandeurs humaines, vous estes si heureusement venuë à la source des lumieres: C'est dans cette voye que le Saint Esprit vous a prise pour vous conduire au Tabernacle, & à la gloire du Saint des Saints. Vne Princesse qui toute sa vie n'a trauaillé qu'à cultiuer sa raison, qu'à enrichir, qu'à purifier son ame, meritoit si ie l'ose dire, que le Ciel s'ouurit pour elle & que la grace de Dieu viuant vint consacrer vne vertu toute Celeste. Quel vaisseau plus precieux, quelle fleur plus pure ou plus belle pouuoit receuoir une éternelle rosée, & la splendeur du Tres-haut pouuoit-elle habiter vn Temple, ou plus magnifique ou plus auguste. Heureuse la Suede, si elle regarde comme elle doit vn spectacle qui a réjoüy le Ciel & la terre! heureuse si elle écoute le Pere des misericordes qui l'apelle par la voix d'vn si grand exemple. Ie finis, MADAME, aussi bien ie crains d'abuser de vôtre bonté, mais auant que de finir, souffrez s'il vous plaist que l'Academie Françoise se pleigne de sa fortune. Elle n'a rien si ardamment desiré que cette celebre iournée; elle n'a rien tant souhaitté que de contempler cette Princesse de miracles, dont la renommée fait tous les iours tant de grands recits; elle vous voit veritablement, elle vous contemple, mais bon Dieu! que cette ioye a d'amertume, quãd elle pense que dãs vn moment elle va perdre & peut estre pour iamais vostre adorable presence. Dans cette dure extremité trouuez bon, MADAME, qu'elle vous conjure de l'aymer toûjours, pardonnez ce mot, ou à son transport ou à sa douleur. Elle ne vous dira point que ses enfans sçauent donner l'immortalité aux actions heroïques: que ses enfans, soit qu'ils parlent le langage ou des hommes ou des Dieux, se font entendre dans tous les climats de l'Vniuers; En l'estat où son mal-heur qu'elle voit si proche la reduite, tout ce qui peut la flatter l'offence. Mais MADAME, souuenez-vous s'il vous plaist, qu'vne Compagnie qui doit sa naissance à vn Triomphant Monarque; qu'vne Compagnie, qu'vn Illustre Cardinal, dont la memoire durera autant que les siecles, a éleuée, & comme nourrie dans son sein: souuenez-vous, dis-je, que l'ouurage de ces grandes ames, n'est peut estre pas indigne des pẽsées de l'incomparable Christine. Cependant, MADAME, vostre Tableau nous consolera, si rien nous peut consoler dans nostre infortune. Vostre image en vostre absence sera le plus cher objet de nos yeux; nous luy rendrons nos hommages, nos respects, nous luy ferons nos sacrifices: elle regnera à iamais dans nos assemblées. Et si les Muses Françoises peuuent se promettre quelque chose de l'équitable posterité; la gloire de ce Portrait passera dans tout l'aduenir, & le fameux Palladium deuiendra jaloux de vostre auguste Peinture.

With modernised spelling:

Madame,
Si l'Académie Française prend la hardiesse de saluer Votre Majesté et de lui offrir ses respects très humbles, c'est votre seule bonté qui l'a pu rendre si hardie. Cette lettre également belle et obligeante, votre tableau dont vous l'avez honorée, sont de si hautes faveurs qu'elle a cru qu'en cette rencontre rien ne serait moins pardonnable qu'un silence lâche et ingrat. En effet, quand nous pensons qu'une grande reine n'a pas dédaigné de jetter les yeux sur nous et de nous envoyer des extrêmités du Septentrion d'illustres marques de son estime, nous ne pouvons aujourd'hui moins faire que d'adorer les divines mains qui nous ont fait tant de grâces. C'est, Madame, un devoir si juste qui nous amène en ce lieu où nous venons pour contempler Votre Majesté et lui rendre ce culte religieux que le monde entier doit à sa vertu.

Et, certainement, si on considère les actions de votre vie, on y trouvera je ne sais quoi de si élevé qu'il obscurcit toute la gloire des monarques les plus fameux. Jamais naissance ne fut plus heureuse que la vôtre. Il n'y a rien que de merveilleux en votre personne sacrée. Tout votre règne n'est qu'une suite de triomphes et de succès étonnants. La nature et la fortune vous ont donné tout ce qu'elles ont de plus précieux. Toutefois, Madame, ce n'est point là le trésor de votre cœur et marchant dans ce sentier épineux où on ne voit que les traces des héros; vous avez cherché quelque chose de plus rare encore que tous les dons de la nature et de la fortune. Votre Majesté a donc pu, dans sa plus tendre jeunesse, environnée de tout ce qui peut séduire l'âme ou l'amollir. Elle a pu, dis-je, résister au chant des sirènes et s'appliquer à l'étude de la sagesse.

Que je trouve de grandeur dans cette première démarche! Combien de reines, mais combien de rois, comptera-t-on depuis la fondation du monde, qui ayent brûlé d'une ardeur si noble? Qu'une princesse, pour concevoir un si beau feu, doit être éclairée, qu'elle doit être au-dessus de tout le vain faste des diadèmes. Mais quelle rapidité, quel progrès si prodigieux! Souffrez, Madame, que je le dise, si ce n'est pour votre gloire, que ce soit pour la gloire du genre humain. La connaissance des langues, où nous consumons les jours et les nuits, n'a été que le divertissement de votre enfance. Il n'y a rien dans tout le vaste cercle des sciences où votre esprit sublime n'ait pénétré. Les belles lettres n'ont point de fruit, n'ont point de fleur que vos mains royales n'aient cueillie.

Vous avez fait ce que très peu d'hommes ont pu faire, et ce que jamais fille ni femme n'osa tenter; et tout cela, Madame, presque à l'entrée de votre vie, tout cela au milieu des pompes de votre Cour, et de tous les empêchements de la royauté. Qu'on cherche, qu'on remue toute l'histoire, qu'on fouille dans toute l'antiquité, on ne trouvera rien de semblable. On ne trouvera ni cette assiduité, ni cette vigueur d'esprit, et moins encore cet amour de la vertu que rien ne peut ni lasser ni vaincre. Voilà, Madame, voilà les biens que vos veilles vous ont acquis. Voilà les biens que vous ne tenez de personne, que personne ne vous peut ravir, et qui ont fait toute la félicité de votre règne.

Vous avez, à la vue de toute l'Europe, donné la paix à vos ennemis et couronné par une fin si mémorable les victoires du grand Gustave et les vôtres. Le vulgaire pourra peut-être s'en imaginer d'autres causes, mais, à vrai dire, un événement si glorieux n'est dû qu'à la force de vos conseils. Ce n'est ni l'expérience de vos capitaines, ni la valeur de vos soldats: c'est votre sagesse seule qui a donné de la terreur à l'aigle romaine. C'est cette invincible fermeté, ce sont toutes ces magnanimes habitudes, que vous vous êtes formées dans votre savant cabinet.

Ainsi, Madame, tandis que dans le secret de ses retraites illuminées Votre Majesté consultait les morts et s'instruisait avec eux en la science de régner. Elle faisait plus toute seule que ne faisaient toutes ses armées. Elle achevait en effet la guerre et travaillait d'une manière inouïe au repos et à la tranquillité de ses peuples.

Je ne dirai point combien vous avez embelli votre royaume après l'avoir si glorieusement aggrandi. Je ne dirai point que Stockholm et la Suède ont changé de face, que l'air, que le ciel y est plus doux, et que vous avez inspiré à vos sujets, à cette belliqueuse nation, l'amour des beaux arts et des connaissances honnêtes. Toutes ces choses sont grandes, sans doute, mais qui ne sait que toutes ces choses sont des fruits de ces belles heures si utilement consumées — sont des fruits de cet arbre merveilleux, dont les racines sont amères à la vérité, mais dont les branches sont toutes couvertes de pommes d'or?

Cependant, ce n'est pas là tout ce que Votre Majesté doit elle-même à la science. Car, enfin, Madame, c'est cette divine fille du Ciel qui a comme commencé le grand œuvre de votre sanctification. C'est par ses lumières que, foulant aux pieds toutes les grandeurs humaines, vous êtes si heureusement venue à la source des lumières. C'est dans cette voie que le Saint Esprit vous a prise pour vous conduire au tabernacle et à la gloire du Saint des Saints. Une princesse qui toute sa vie n'a travaillé qu'à cultiver sa raison, qu'à enrichir, qu'à purifier son âme, méritait, si je l'ose dire, que le Ciel s'ouvrît pour elle et que la grace de Dieu vivant vint consacrer une vertu toute céleste. Quel vaisseau plus précieux, quelle fleur plus pure ou plus belle pouvait recevoir une éternelle rosée? Et la splendeur du Très-Haut, pouvait-elle habiter un temple ou plus magnifique ou plus auguste? Heureuse la Suède si elle regarde, comme elle doit, un spectacle qui a réjoui le Ciel et la terre! Heureuse si elle écoute le Père des miséricordes qui l'appelle par la voix d'un si grand exemple!

Je finis, Madame, aussi bien je crains d'abuser de votre bonté, mais avant que de finir, souffrez, s'il vous plaît, que l'Académie Française se plaigne de sa fortune. Elle n'a rien si ardemment désiré que cette célèbre journée, elle n'a rien tant souhaité que de contempler cette princesse de miracles, dont la renommée fait tous les jours tant de grands recits. Elle vous voit véritablement, elle vous contemple; mais, bon Dieu, que cette joie a d'amertume quand elle pense que dans un moment elle va perdre, et peut-être pour jamais, votre adorable présence! Dans cette dure extrêmité, trouvez bon, Madame, qu'elle vous conjure de l'aimer toujours — pardonnez ce mot, ou à son transport ou à sa douleur.

Elle ne vous dira point que ses enfants savent donner l'immortalité aux actions héroïques, que ses enfants, soit qu'ils parlent le langage ou des hommes ou des dieux, se font entendre dans tous les climats de l'univers. En l'état où son malheur qu'elle voit si proche la réduite, tout ce qui peut la flatter l'offense. Mais, Madame, souvenez-vous, s'il vous plaît, qu'une compagnie qui doit sa naissance à un triomphant monarque, qu'une compagnie, qu'un illustre cardinal, dont la mémoire durera autant que les siècles, a élevée et comme nourrie dans son sein. Souvenez-vous, dis-je, que l'ouvrage de ces grandes âmes n'est peut-être pas indigne des pensées de l'incomparable Christine. Cependant, Madame, votre tableau nous consolera, si rien nous peut consoler dans notre infortune.

Votre image en votre absence sera le plus cher objet de nos yeux. Nous lui rendrons nos hommages, nos respects, nous lui ferons nos sacrifices. Elle régnera à jamais dans nos assemblées; et si les Muses françaises peuvent se promettre quelque chose de l'équitable postérité, la gloire de ce portrait passera dans tout l'avenir; et le fameux Palladium deviendra jaloux de votre auguste peinture.

Swedish translation (my own):

Madam,
Om den Franska Akademin tar sig djärvheten att hälsa Ers Majestät och erbjuda Er sin mest ödmjuka respekt, är det bara Er vänlighet som kunde ha gjort det så djärvt. Detta brev lika vackert och förpliktande, Er bild med vilken Ni har hedrat den är så höga ynnest att den har trott att ingenting i detta möte skulle vara mindre förlåtligt än en otacksam och feg tystnad. Ja, när vi tror att en stor drottning inte har föraktat att kasta sina ögon på oss och att sända oss från Nordens yttersta höjder berömda märken av sin aktning, kan vi inte göra mindre idag än att tillbe de gudomliga händer som har givit oss så många nåder.

Det är, madam, en sådan rättvis plikt som för oss till denna plats där vi kommer för att begrunda Ers Majestät och ge Er den religiösa tillbedjan som hela världen är skyldig Er dygd. Och visst, om vi överväger Ert livs handlingar, kommer vi att finna i dem något så högt att det skymmer all ära hos de mest kända monarker. Aldrig har en börd varit lyckligare än den Er. Det finns bara underbara saker i Er heliga person.

Hela Er regeringstid är bara en serie av häpnadsväckande triumfer och framgångar. Naturen och lyckan har givit Er sina mest värdefulla saker. Men, madam, detta är inte Ert hjärtas skatt att gå på denna taggiga stig där man bara ser spåren av hjältar. Ni har sökt något ännu ovanligare än alla gåvor från naturen och lyckan. Ers Majestät var därför i Er ömmaste ungdom omgiven av allt som kan förföra själen eller mjuka upp den. Ni kunde, säger jag, motstå sirensången och beflita Er i att studera visdom.

Vilken storhet jag finner i detta första steg! Hur många drottningar, men hur många konungar, kommer vi att räkna sedan världens grundläggning som har brunnit med en sådan ädel iver? Att en prinsessa, för att få en så vacker eld, måste upplysas, att hon måste vara framför allt diademernas fåfänga pompa!

Men vilken snabbhet, vilka fantastiska framsteg! Tillåt mig, madam, att säga det; om inte för Er ära, låt det vara för vårt sekels prydnad. Kunskapen om språk, där vi tillbringar våra dagar och nätter och de största i vår tid, var ju bara Er barndoms underhållning. Mänskliga brev har ingen frukt, ingen blomma, som Era kungliga händer inte har plockat. Det finns inget i hela vetenskapens krets som Ert stora sinne inte har kunnat förstå.

Ni har gjort det som väldigt få män har kunnat göra, vad varken flicka eller kvinna någonsin vågat försöka;  och allt detta nästan i början av Ert liv, allt detta, madam, mitt i Ert hovs pompa och ståt, mitt i alla kungligheters hinder. Om vi ​​söker, om vi går igenom hela historien, om vi rotar igenom hela antiken, kommer vi inte att hitta något liknande. Vi kommer varken att finna denna envishet eller denna kraft i sinnet, och ännu mindre denna kärlek till dygden, som ingenting varken kan trötta ut eller besegra. Här, madam, här är detta gudomliga guld, här är rubinerna, diamanterna och pärlorna som Ni gör alla Era skatter av. Det är efter dessa odödliga rikedomar som Er törst inte kan släckas. Dessa är de varor som Era vakor och Ert arbete söker varje dag och som har gjort all lycka under Ert regement.

Ni har i hela Europas ögon givit fred åt Era fiender och krönts av ett sådant triumferande slut både Era segrar och den store Gustavs segrar. Den vulgära kommer kanske att kunna föreställa sig andra orsaker; men, för att säga sanningen, en sådan minnesvärd händelse beror bara på styrkan i vårt råd. Det är varken Era kapteners erfarenhet eller Era soldaters tapperhet, det är bara Er visdom som har givit skräck åt den romerska örnen. Det är denna oövervinnerliga fasthet, det är alla dessa storsint vanor som Ni skapat i Ert lärda kabinett. Sålunda, madam, under dessa upplysta reträtters hemlighet rådfrågade Ers Majestät de döda och lärde sig med dem vetenskapen om att regera. Ni gjorde mer ensam än alla Era arméer gjorde. Ni gjorde verkligen slut på kriget och arbetade på ett oerhört sätt för att höja Er tron, för Ert folks frälsning och fred.

Jag kommer inte att säga hur mycket Ni har förskönat Ert rike, efter att ha utvidgat det så härligt. Jag skall inte säga att Stockholm och Sverige har ändrat ansikte, att luften och himlen är mildare där och att Ni i Era ämnen, i denna krigiska nation, inspirerat kärleken till de sköna konsterna och ärlig kunskap. Alla dessa saker är utan tvekan stora; men vem vet inte att alla dessa saker är frukterna av de vackra timmarna som så nyttigt konsumeras — frukterna av detta dyrbara träd, vars rötter verkligen är bittra, men vars grenar alla är täckta med gyllena äpplen? Detta är dock inte allt som Ers Majestät själv är skyldig vetenskapen.

För i slutändan, madam, är det denna gudomliga himmelska dotter som har börjat det stora verket med Er helgelse. Det är genom dess ljus som Ni, genom att trampa på all mänsklig storhet, så lyckligt har kommit till ljusets källa. Det är på detta sätt som den Helige Ande har tagit Er för att leda Er till tabernaklet och till det Heligastes härlighet. En prinsessa som hela sitt liv har arbetat enbart för att odla sitt förnuft, bara för att berika och rena sin själ, förtjänade, om jag vågar säga det, att himlen öppnade sig för henne och att den levande Guds nåd kom att helga en helt himmelsk dygd. Vilket dyrbarare kärl, vilken renare eller vackrare blomma kunde ta emot en evig dagg? Och den Högstes prakt, kunde den bo i ett mer storartat tempel, mer upphöjd? Lyckligt är Sverige om det ser, som det borde, på ett skådespel som har fröjt himmel och jord! Lycklig är det om det lyssnar till barmhärtighetens Fader, som kallar henne till ett sådant stort förebild!

Jag avslutar, madam, ty jag är rädd för att missbruka Er vänlighet. Men innan jag avslutar, tillåt, om Ni vill, att den Franska Akademin klagar över sin lycka. Den har inte önskat något så brinnande som denna berömda dag; den har inte önskat sig så mycket som att betrakta denna gudomliga prinsessa vars liv, fullt av underverk, gör alla våra dagars utsmyckning. Den ser Er verkligen, den betraktar Er; men, gode Gud, vilken bitterhet är det i denna glädje när den tänker att den om ett ögonblick kommer att förlora, och kanske för alltid, Er tillbedjansvärda person! I denna hårda ytterlighet, finn det gott, madam, att det ber dig att alltid älska det — förlåt detta ord för dess transport, dess smärta.

Den kommer inte att berätta för Er att dess barn vet hur man ger odödlighet åt heroiska handlingar, att dess barn, vare sig de talar människornas eller gudarnas språk, gör sig hörda i alla universums klimat; i det tillstånd till vilket dess olycka, som den ser så nära, har reducerat den, allt som kan smickra den kränker den. Ers Majestät kommer dock att minnas, om Ni vill, att ett sällskap som har sin födelse att tacka en triumferande monark, som uppfostrades som i en berömd kardinals sköte, vars minne kommer att bestå så länge som seklerna, att en sällskap så förut kärt för dessa stora själar är varken ovärdigt tankarna eller kanske kärleken till den makalösa Kristina.

Emellertid, madam, kommer Er målning att trösta oss, om inget kan trösta oss i vår olycka. Er bild i Er frånvaro kommer att vara det käraste föremålet för våra ögon. Vi skall ge Er vår hyllning och vår respekt, vi skall göra våra uppoffringar till Er. Ni skall regera för evigt i våra församlingar; och om de franska muserna kan lova sig själva något från en rättvis eftervärld, kommer detta porträtts ära att övergå i framtiden, och det berömda Palladium kommer att bli avundsjuk på Er höga målning.

English translation (my own):

Madame,
If the French Academy takes the boldness to greet Your Majesty and to offer you its most humble respects, it is your kindness alone that could have made it so bold. This letter, equally beautiful and obliging, your picture with which you have honoured it, are such high favours that it has believed that in this meeting nothing would be less pardonable than an ungrateful and cowardly silence. Indeed, when we think that a great Queen has not disdained to cast her eyes on us and to send us from the extremities of the North illustrious marks of her esteem, we cannot do less today than to adore the divine hands which have given us so many graces.

It is, Madame, such a just duty that brings us to this place where we come to contemplate Your Majesty and render to you that religious worship which the whole world owes to your virtue. And certainly, if we consider the actions of your life, we will find in them something so lofty that it obscures all the glory of the most famous monarchs. Never was a birth happier than yours. There are only wonderful things in your sacred person.

Your whole reign is but a series of astonishing triumphs and successes. Nature and fortune have given you their most precious things. However, Madame, this is not the treasure of your heart, walking in this thorny path where one sees only the traces of heroes. You have sought something even rarer than all the gifts of nature and fortune. Your Majesty was therefore, in your most tender youth, surrounded by everything that can seduce the soul or soften it. You were able, I say, to resist the siren song and apply yourself to the study of wisdom.

What greatness I find in this first step!  How many queens, but how many kings, will we count since the foundation of the world who have burned with such a noble ardour? That a princess, to conceive such a beautiful fire, must be enlightened, that she must be above all the vain pomp of diadems!

But what rapidity, what prodigious progress! Allow me, Madame, to say it; if not for your glory, let it be for the ornament of our century. The knowledge of languages, in which we consume our days and nights and the greatest of our age, was only the entertainment of your childhood. Human letters have no fruit, no flower, that your royal hands have not plucked. There is nothing in the whole circle of science that your vast mind has not penetrated.

You have done what very few men have been able to do, what neither girl nor woman ever dared to attempt; and all this almost at the beginning of your life, all this, Madame, in the midst of the pomp of your court, in the midst of all the impediments of royalty. If we search, if we go through all of history, if we rummage through all of antiquity, we will find nothing similar. We will find neither this assiduity, nor this vigour of mind, and still less this love of virtue, which nothing can either weary or conquer. Here, Madame, here is this divine gold, here are the rubies, the diamonds and the pearls of which you make all your treasure. It is for these immortal riches that your thirst cannot be quenched. These are the goods which your vigils and labours seek every day and which have made all the happiness of your reign.

You have, in the eyes of all Europe, given peace to your enemies and crowned by such a triumphant end both your victories and the victories of the great Gustav. The vulgar will perhaps be able to imagine other causes; but, to tell the truth, such a memorable event is only due to the strength of our advice. It is neither the experience of your captains nor the valour of your soldiers, it is your wisdom alone which has given terror to the Roman eagle. It is this invincible firmness, it is all these magnanimous habits that you formed in your learned cabinet. Thus, Madame, while in the secrecy of these illuminated retreats Your Majesty consulted the dead and learned with them the science of reigning. You did more alone than all your armies did. You indeed ended the war and laboured in an unheard-of manner for the exaltation of your throne, for the salvation and peace of your people.

I will not say how much you have embellished your kingdom, after having enlarged it so gloriously. I will not say that Stockholm and Sweden have changed their face, that the air and the sky are milder there and that you have inspired in your subjects, in this warlike nation, the love of the fine arts and honest knowledge. All these things are undoubtedly great; but who does not know that all these things are fruits of those beautiful hours so usefully consumed — the fruits of this precious tree, whose roots are indeed bitter, but whose branches are all covered with golden apples? However, this is not all that Your Majesty yourself owes to science.

For, in the end, Madame, it is this divine daughter of Heaven who has begun the great work of your sanctification. It is through its lights that, trampling on all human greatness, you have so happily come to the source of the lights. It is in this way that the Holy Spirit has taken you to lead you to the tabernacle and to the glory of the Holy of Holies. A princess who all her life has worked only to cultivate her reason, only to enrich and purify her soul, deserved, if I dare say it, that Heaven open itself for her, and that the grace of the living God came to consecrate an entirely heavenly virtue. What more precious vessel, what purer or more beautiful flower could receive an eternal dew? And the splendour of the Most High, could it dwell in a temple more magnificent, more august? Happy is Sweden if she looks, as she should, at a spectacle which has delighted Heaven and earth! Happy is she if she listens to the father of mercies, who calls her by way of such a great example!

I am finishing, Madame, for I fear to abuse your kindness. But before I finish, allow, if you please, that the French Academy complains about its fortune. It has desired nothing so ardently as this famous day; it has wished for nothing so much as to contemplate this divine princess whose life, full of marvels, makes all the embellishment of our days. It truly sees you, it contemplates you; but, good God, what bitterness is amid this joy when it thinks that in a moment it will lose, and perhaps forever, your adorable person! In this harsh extremity, find it good, Madame, that it begs you to love it always — pardon this word for its transport, its pain.

It will not tell you that its children know how to give immortality to heroic actions, that its children, whether they speak language or men or gods, make themselves heard in all the climates of the universe; in the state to which its misfortune, which it sees so near, has reduced it, anything that can flatter it offends it. Your Majesty will remember, however, if you please, that a company which owes its birth to a triumphant monarch, which was brought up and nurtured as in the bosom of an illustrious Cardinal, whose memory will last as long as the centuries, that a company so formerly dear to these great souls is unworthy neither of the thoughts nor perhaps of the love of the incomparable Kristina.

In the meantime, Madame, your painting will console us, if nothing can console us in our misfortune. Your image in your absence will be the dearest object of our eyes. We will pay you our homage and our respects, we will make our sacrifices to you. You will reign forever in our assemblies; and if the French Muses can promise themselves something from equitable posterity, the glory of this portrait will pass into the future, and the famous Palladium will become jealous of your august painting.

Swedish translation of the original (my own):

Madam,
Om den Franska Akademin tar sig djärvheten att hälsa Ers Majestät och erbjuda Er sin mycket ödmjuka respekt, är det bara Er vänlighet som kunde ha gjort det så djärvt. Detta lika vackra och förpliktigade brev, Er målning med vilken Ni hedrat den, är så höga ynnest att den har trott att ingenting i detta möte skulle vara mindre förlåtligt än en otacksam och feg tystnad. Ja, när vi tror att en stor drottning inte har föraktat att kasta sina ögon på oss och att från nordens yttersta gränser sända till oss berömda märken av sin aktning, kan vi inte göra mindre idag än att tillbedja de gudomliga händer som har givit oss så många nåder.

Det är, madam, en sådan rättvis plikt som för oss till denna plats där vi kommer för att begrunda Ers Majestät och ge Er den religiösa dyrkan som hela världen är skyldig Er dygd. Och visst, om vi överväger Ert livs handlingar, kommer vi att finna i dem något så högt att det skymmer all ära hos de mest kända monarker. Aldrig har en börd varit lyckligare än den Er. Det finns bara underbara saker i Er heliga person.

Hela Er regeringstid är bara en serie av häpnadsväckande triumfer och framgångar. Naturen och lyckan har givit Er sina mest värdefulla saker. Men, madam, det här är inte Ert hjärtas skatt att gå denna taggiga väg där man bara ser spåren av hjältar. Ni har sökt något ännu ovanligare än alla gåvor från naturen och lyckan. Ers Majestät kunde därför i Er ömmaste ungdom vara omgiven av allt som kan förföra själen eller mjuka upp den. Ni kunde, säger jag, motstå sirensången och beflita Er i att studera visdomen.

Vilken storhet jag finner i detta första steg! Hur många drottningar, men hur många konungar, kommer vi att räkna sedan världens grundläggning som har brunnit med sådan ädel iver? Att en prinsessa, för att få en så vacker eld, måste upplysas att hon framför allt måste vara diademens fåfänga pompa!

Men vilken snabbhet, vilka fantastiska framsteg!  Tillåt, madam, att jag säger det; om inte för Er ära, låt det vara till vårt sekels prydnad. Kunskapen om språk, där vi konsumerar dagarna och nätterna och de största i vår tid, var ju bara Er barndoms underhållning. Mänskliga brev har ingen frukt, ingen blomma, som Era kungliga händer inte har plockat.

Det finns ingenting i hela vetenskapens krets som Ert sinne, det stora sinnet, inte har trängt igenom. Ni har gjort det som väldigt få män har kunnat göra, vad varken flicka eller kvinna någonsin vågat försöka; och allt detta nästan i början av ditt liv, allt detta, madam, mitt i Ert hovs pompa och ståt, mitt i alla kungligheters hinder. Om vi ​​söker, om vi går igenom hela historien, om vi rotar igenom hela antiken, kommer vi inte att hitta något liknande. Vi kommer varken att finna denna envishet eller denna andekraft och ännu mindre denna kärlek till dygden, som ingenting varken kan trötta ut eller övervinna. Här, madam, här är detta gudomliga guld, här är rubinerna, diamanterna och pärlorna som Ni gör alla Era skatter av. Det är efter dessa odödliga rikedomar som Er törst inte kan släckas. Dessa är de varor som Era vakor och Ert arbete söker varje dag och som har gjort all lycka i Ert regement.

Ni har i hela Europas ögon givit fred åt Era fiender och krönts av ett sådant triumferande slut både Era segrar och den store Gustavs segrar. Den vulgära kommer kanske att kunna föreställa sig andra orsaker; men, för att säga sanningen, en sådan minnesvärd händelse beror bara på styrkan i vårt råd. Det är varken Era kapteners erfarenhet eller Era soldaters tapperhet; det var bara Er visdom som skrämde den romerska örnen. Det är denna oövervinnerliga fasthet, det är alla dessa storsint vanor som Ni har skapat i Ert lärda kabinett.

Sålunda, madam, under hemligheten av dessa upplysta reträtter, rådfrågade Ers Majestät de döda och lärde sig med dem vetenskapen om att regera. Ni gjorde mer på egen hand än alla Era arméer gjorde. Ni avslutade verkligen kriget och arbetade på ett oerhört sätt för att höja Er tron, för Ert folks frälsning och fred.

Jag kommer inte att säga hur mycket Ni har förskönat Ert rike, efter att ha utvidgat det så härligt. Jag skall inte säga att Stockholm och Sverige har ändrat ansikte, att luften och himlen är mildare där, och att Ni i Era ämnen, i denna krigiska nation, inspirerat kärleken till de sköna konsterna och ärlig kunskap. Alla dessa saker är fantastiska, utan tvekan; men vem vet inte att alla dessa saker är frukter av dessa vackra timmar som så nyttigt konsumeras — är frukterna av detta dyrbara träd, vars rötter verkligen är bittra, men dess grenar är alla täckta med gyllena äpplen?

Detta är dock inte allt som Ers Majestät själv är skyldig vetenskapen. Ty, äntligen, madam, det är denna gudomliga dotter av himmelen som började det stora arbetet med Er helgelse. Det är genom dess ljus som Ni, genom att trampa på all mänsklig storhet, så lyckligt har kommit till ljusets källa. Det är på detta sätt som den Helige Ande har tagit Er för att leda Er till tabernaklet och till det Heligastes härlighet. En prinsessa som hela sitt liv har arbetat enbart för att odla sitt förnuft, bara för att berika och rena sin själ, förtjänade, om jag får säga så, att himlen öppnade sig för henne och att den levande Guds nåd kom att helga en allrahimmelsk dygd. Vilket dyrbarare kärl, vilken renare eller vackrare blomma, skulle kunna ta emot denna eviga dagg? Och skulle den Högstes prakt kunna bo i ett mer storartat, mera upphöjd tempel? Lyckligt är Sverige om det ser, som det borde, ett skådespel som har fröjt himmel och jord! Lycklig är det om det lyssnar till barmhärtighetens Fader, som kallar det genom rösten av ett så stort föredöme!

Jag avslutar, madam; dessutom fruktar jag att missbruka Er vänlighet. Men innan jag avslutar, låt den Franska Akademin klaga på sin lycka. Den har inte önskat något så brinnande som denna berömda dag, den har inte önskat något så mycket som att betrakta denna gudomliga prinsessa, vars liv, fullt av underverk, gör alla våra dagars utsmyckning. Den ser Er verkligen, den betraktar Er; men, gode Gud, vilken bitterhet är det mitt i denna glädje när den tror att den om ett ögonblick kommer att förlora, och kanske för alltid, Er tillbedjansvärda närvaro! I denna hårda ytterlighet, finn det gott, madam, att den ber Er att alltid älska den — förlåt detta ord för dess transport, dess smärta.

Den kommer inte att berätta för Er att dess barn vet hur man ger odödlighet åt heroiska handlingar, att dess barn, oavsett om de talar människornas eller gudarnas språk, gör sig hörda i universums alla klimat. I det tillstånd till vilket dess olycka, som den ser så nära, har reducerat den, kränker allt som kan smickra den. Ers Majestät kommer dock att minnas, om Ni vill, att ett sällskap som är skyldigt sin födelse till en triumferande monark, som uppfostrades och fick näring som i en berömd kardinals sköte vars minne kommer att bestå så länge som seklerna, att ett sällskap en gång så kära för dessa stora själar är varken ovärdigt tankarna eller kanske kärleken till den makalösa Kristina.

Emellertid, madam, kommer Er målning att trösta oss, om inget kan trösta oss i vår olycka. Er bild i Er frånvaro skall vara det käraste föremålet för våra ögon. Vi skall ge Er vår hyllning och respekt, vi skall göra våra uppoffringar till Er. Ni skall regera för evigt i våra församlingar; och om de franska muserna kunna lova sig själva något av en rättvis eftervärld, kommer detta porträtts ära att övergå i all framtid; och det berömda Palladium kommer att bli avundsjuk på Er höga målning.

English translation of the original (my own):

Madame,
If the French Academy takes the boldness to salute Your Majesty and to offer you its very humble respects, it is your kindness alone that could have made it so bold. This equally beautiful and obliging letter, your painting with which you have honoured it, are such high favours that it has believed that in this meeting nothing would be less pardonable than an ungrateful and cowardly silence. Indeed, when we think that a great Queen has not disdained to cast her eyes on us and to send to us from the extremities of the North illustrious marks of her esteem, we cannot do less today than to adore the divine hands that have given us so many graces.

It is, Madame, such a just duty that brings us to this place, where we come to contemplate Your Majesty and render to you that religious worship which the whole world owes to your virtue. And, certainly, if we consider the actions of your life, we will find in them something so lofty that it obscures all the glory of the most famous monarchs. Never was a birth happier than yours. There are only wonderful things in your sacred person.

Your whole reign is but a series of astonishing triumphs and successes. Nature and fortune have given you their most precious things. However, Madame, this is not the treasure of your heart, walking this thorny path where one sees only the traces of heroes. You have sought something even rarer than all the gifts of nature and fortune. Your Majesty was therefore able, in your most tender youth, to be surrounded by everything that can seduce the soul or soften it. You were able, I say, to resist the siren song and apply yourself to the study of wisdom.

What greatness I find in this first step! How many queens, but how many kings, will we count since the foundation of the world who have burned with such noble ardour? That a princess, to conceive such a beautiful fire, must be enlightened that she must be above all the vain pomp of diadems!

But what rapidity, what prodigious progress! Allow, Madame, that I say it; if not for your glory, let it be for the adornment of our century. The knowledge of languages, where we consume the days and the nights and the greatest of our age, was only the entertainment of your childhood. Human letters have no fruit, no flower, that your royal hands have not plucked.

There is nothing in the whole circle of science that your mind, that vast mind, has not penetrated. You have done what very few men have been able to do, what neither girl nor woman ever dared to attempt; and all this almost at the beginning of your life, all this, Madame, in the midst of the pomp of your court, in the midst of all the impediments of royalty. If we search, if we go through all of history, if we rummage through all of antiquity, we will find nothing similar. We will find neither this assiduity, nor this vigour of spirit, and even less this love of virtue, which nothing can neither weary nor overcome. Here, Madame, here is this divine gold, here are the rubies, the diamonds and the pearls of which you make all your treasure. It is for these immortal riches that your thirst cannot be quenched. These are the goods that that your labours seek every day and that have made all the happiness of your reign.

You have, in the eyes of all Europe, given peace to your enemies and crowned by such a triumphant end both your victories and the victories of the great Gustav. The vulgar will perhaps be able to imagine other causes; but, to tell the truth, such a memorable event is only due to the strength of our advice. It is neither the experience of your captains, nor the valour of your soldiers; it was your wisdom alone that terrified the Roman eagle. It is this invincible firmness, it is all these magnanimous habits that you have formed in your learned cabinet.

Thus, Madame, while in the secrecy of these illuminated retreats, Your Majesty consulted the dead and learned with them the science of reigning. You did more on your own than all your armies did. You indeed ended the war and worked in an unheard-of way for the exaltation of your throne, for the salvation and peace of your people.

I will not say how much you have embellished your kingdom, after having enlarged it so gloriously.  I will not say that Stockholm and Sweden have changed their face, that the air and the sky are milder there, and that you have inspired in your subjects, in this warlike nation, the love of the fine arts and honest knowledge. All these things are great, no doubt; but who does not know that all these things are fruits of those beautiful hours so usefully consumed — are fruits of this precious tree, whose roots are indeed bitter, but its branches are all covered with golden apples?

However, this is not all that Your Majesty yourself owes to science. Because, finally, Madame, it is this divine daughter of Heaven who began the great work of your sanctification. It is through its lights that, trampling on all human greatness, you have so happily come to the source of the lights. It is in this way that the Holy Spirit has taken you to lead you to the tabernacle and to the glory of the Holy of Holies. A princess who all her life has worked only to cultivate her reason, only to enrich and purify her soul, deserved, if I may say so, that Heaven open itself for her and that the grace of the living God came to consecrate an all-heavenly virtue. What more precious vessel, what purer or more beautiful flower, could receive this eternal dew? And could the splendour of the Most High dwell in a more magnificent, more august temple? Happy is Sweden if she watches, as she should, a spectacle which has rejoiced Heaven and earth! Happy is she if she listens to the Father of mercies, who calls her by the voice of such a great example!

I finish, Madame; moreover, I fear to abuse your kindness. But, before I finish, please allow the French Academy to complain about its fortune. It has desired nothing so ardently as this famous day, it has desired nothing so much as to contemplate this divine princess, whose life, full of marvels, makes all the embellishment of our days. It truly sees you, it contemplates you; but, good God, what bitterness is amid this joy when it thinks that in a moment it will lose, and perhaps forever, your adorable presence! In this hard extremity, find it well, Madame, that it begs you to love it always — pardon this word for its transport, its pain.

It will not tell you that its children know how to give immortality to heroic actions, that its children, whether they speak the language of men or gods, make themselves heard in all the climates of the universe. In the state to which its misfortune, which it sees so near, has reduced it, anything that can flatter it offends it. Your Majesty will remember, however, if you please, that a company which owes its birth to a triumphant monarch, which was raised and was nourished as in the bosom of an illustrious cardinal whose memory will last as long as the centuries, that a company once so dear to these great souls is unworthy neither of the thoughts nor, perhaps, of the love of the incomparable Kristina.

In the meantime, Madame, your painting will console us, if nothing can console us in our misfortune. Your image in your absence will be the dearest object of our eyes. We will pay you our homage and our respects, we will make our sacrifices to you. You will reign forever in our assemblies; and if the French Muses can promise themselves something of equitable posterity, the glory of this portrait will pass into all the future; and the famous Palladium will become jealous of your august painting.

Swedish translation of Bardin's transcript of the speech (my own):

Madam,
Om den Franska Akademin tar sig djärvheten att hälsa Ers Majestät och erbjuda Er sin mycket ödmjuka respekt, är det bara Er vänlighet som kunde ha gjort den så djärvt. Detta lika vackra och tillmötesgående brev, Er bild med vilken Ni har hedrat den, är så höga ynnest att den har trott att ingenting i detta möte skulle vara mindre förlåtligt än en feg och otacksam tystnad. Ja, när vi tror att en stor drottning inte har föraktat att kasta sina ögon på oss och att sända oss från nordens yttersta höjder av hennes aktning, kan vi inte göra mindre idag än att tillbe de gudomliga händerna som har givit oss så  många nåder. Det är, madam, en sådan rättvis plikt som för oss till denna plats där vi kommer för att begrunda Ers Majestät och betala Er denna religiösa dyrkan som hela världen är skyldig Er dygd.

Och visst, om vi överväger Ert livs handlingar, kommer vi att finna i dem något så högt att det skymmer all ära hos de mest kända monarker. Aldrig har en börd varit lyckligare än den Er. Det finns bara underbara saker i Er heliga person. Hela Er regeringstid är bara en serie av häpnadsväckande triumfer och framgångar. Naturen och lyckan har givit Er sina mest värdefulla saker. Men, madam, detta är inte Ert hjärtas skatt, och när Ni går denna taggiga väg, där man bara ser spåren av hjältar, har Ni sökt något ännu sällsyntare än alla naturens och lyckans gåvor. Ers Majestät kunde därför i Er ömmaste ungdom vara omgiven av allt som kan förföra själen eller mjuka upp den. Ni kunde, säger jag, motstå sirensången och beflita Er i att studera visdomen.

Vilken storhet jag finner i detta första steg! Hur många drottningar, men hur många konungar, kommer vi att räkna sedan världens grundläggning som har brunnit med en sådan ädel iver? Att en prinsessa, för att få en så vacker eld, måste upplysas, att hon måste vara framför allt diademernas fåfänga pompa. Men vilken snabbhet, vilka fantastiska framsteg! Tillåt, madam, att jag säger det; om inte för Er ära, låt det vara för mänsklighetens ära. Kunskapen om språk, där vi konsumerar våra dagar och nätter, var ju bara Er barndoms underhållning. Det finns ingenting i hela den stora kretsen av vetenskaperna där Er sublima ande inte har trängt igenom. Les belles lettres har ingen frukt, ingen blomma som Era kungliga händer inte har plockat.

Ni har gjort vad mycket få män har kunnat göra, och som varken flicka eller kvinna någonsin vågat försöka; och allt detta, madam, nästan i början av Ert liv, allt detta mitt i Ert hovs pompa och ståt och alla kungligheters hinder. Om vi ​​söker, om vi går igenom hela historien, om vi rotar igenom hela antiken, kommer vi inte att finna något liknande. Vi kommer varken att finna denna envishet eller denna andekraft, och än mindre denna kärlek till dygden som ingenting kan varken trötta ut eller övervinna. Här, madam, här är varorna som Era vakor har skaffat åt Er. Dessa är de gods som Ni inte har från någon, som ingen kan ta från Er och som har gjort Ert regement så lyckligt.

Ni har, i hela Europas åsyn, givit fred åt Era fiender och krönt med ett sådant minnesvärt slut den store Gustavs och Era egna segrar. De vulgära kommer kanske att kunna föreställa sig andra orsaker, men för att säga sanningen, en sådan härlig händelse beror bara på styrkan i Ert råd. Det är varken Era kapteners erfarenhet eller Era soldaters tapperhet: det är bara Er vishet som har givit skräck åt den romerska örnen. Det är denna oövervinnerliga fasthet, det är alla dessa storsint vanor, som Ni har skapat i Ert lärda kabinett.

Alltså, madam, medan Era upplysta reträtter var hemliga, rådfrågade Ers Majestät de döda och lärde sig med dem vetenskapen om att regera. Ni gjorde mer på egen hand än alla Era arméer gjorde. Ni avslutade verkligen kriget och arbetade på ett oerhört sätt för Ert folks fred och lugn.

Jag kommer inte att säga hur mycket Ni har förskönat Ert rike efter att ha utvidgat det så härligt. Jag kommer inte att säga att Stockholm och Sverige har ändrat ansikte, att luften eller himlen är mildare där, och att Ni har inspirerat i Era ämnen, i denna krigiska nation, kärleken till de sköna konsterna och ärlig kunskap. Alla dessa saker är fantastiska, utan tvekan; men vem vet inte att alla dessa saker är frukterna av dessa vackra timmar som så nyttigt förbrukas — frukterna av detta underbara träd, vars rötter verkligen är bittra, men vars grenar alla är täckta med gyllena äpplen?

Detta är dock inte allt som Ers Majestät själv är skyldig vetenskapen. För, äntligen, madam, det är denna gudomliga dotter av himmelen som började det stora arbetet med Er helgelse. Det är genom dess ljus som Ni, genom att trampa på all mänsklig storhet, så lyckligt har kommit till ljusets källa. Det är på detta sätt som den Helige Ande har tagit Er för att leda Er till tabernaklet och till det Heligastes härlighet. En prinsessa som hela sitt liv har arbetat enbart för att odla sitt förnuft bara för att berika och rena sin själ, förtjänade, om jag får säga så, att himlen öppnades för henne och att den levande Guds nåd kom att helga en himmelsk dygd.  Vilket dyrbarare skepp, vilken renare eller vackrare blomma, kunde ta emot en evig dagg? Och kunde den Högstes prakt bo i ett tempel antingen mer magnifik eller mer upphöjd? Lyckligt är Sverige om det ser, som det borde, ett skådespel som har fröjt himmel och jord! Lycklig är det om det lyssnar till barmhärtighetens Fader, som kallar det genom rösten av ett så stort föredöme!

Jag avslutar, madam, eftersom jag fruktar att missbruka Er vänlighet, men innan jag avslutar, tillåt, om Ni vill, att den Franska Akademin klagar över sin lycka. Den har inte önskat något så brinnande som denna berömda dag, den har inte önskat något så mycket som att betrakta denna mirakelprinsessa vars berömmelse gör så många fantastiska historier varje dag. Den ser Er verkligen, den betraktar Er; men, gode Gud, vilken bitterhet denna glädje har när den tänker att den om ett ögonblick kommer att förlora, och kanske för alltid, Er tillbedjansvärda närvaro! I denna hårda ytterlighet, finn det gott, madam, att den ber Er att alltid älska den — förlåt detta ord, antingen för dess transport eller för dess smärta.

Den kommer inte att berätta för Er att dess barn vet hur man ger odödlighet åt heroiska handlingar, att dess barn, oavsett om de talar människornas eller gudarnas språk, gör sig hörda i universums alla klimat. I det tillstånd där dess olycka att den ser så nära minskar den, så kränker allt som kan smickra den. Men, madam, kom ihåg att ett sällskap som är skyldigt sin födelse till en triumferande monark, som ett sällskap som en berömd kardinal vars minne kommer att bestå så länge som seklerna, har höjt och nästan fostrat vid sitt bröst. Kom ihåg, säger jag, att dessa stora själars arbete kanske inte är ovärdigt den makalösa Kristinas tankar. Emellertid, madam, kommer Er målning att trösta oss, om inget kan trösta oss i vår olycka.

Er bild i Er frånvaro skall vara det käraste föremålet för våra ögon. Vi skall hylla dig, vi skall ge Er vår respekt, vi skall göra våra uppoffringar till Er. Ni skall regera för evigt i våra församlingar; och om de franska muserna kunna lova sig själva något av en rättvis eftervärld, kommer detta porträtts ära att övergå i all framtid; och det berömda Palladium kommer att bli avundsjuk på Er höga målning.

English translation of Bardin's transcript of the speech (my own):

Madame,
If the French Academy takes the boldness to salute Your Majesty and to offer you its very humble respects, it is your kindness alone that could have made it so bold. This equally beautiful and obliging letter, your picture with which you have honored it, are such high favours that it has believed that in this meeting, nothing would be less pardonable than a cowardly and ungrateful silence. Indeed, when we think that a great queen has not disdained to cast her eyes on us and to send us from the extremities of the North illustrious marks of her esteem, we cannot do less today than to adore the divine hands that have given us so many graces. It is, Madame, such a just duty that brings us to this place where we come to contemplate Your Majesty and pay you this religious worship which the whole world owes to your virtue.

And, certainly, if we consider the actions of your life, we will find in them something so lofty that it obscures all the glory of the most famous monarchs. Never was a birth happier than yours. There are only wonderful things in your sacred person. Your whole reign is but a series of astonishing triumphs and successes. Nature and fortune have given you their most precious things. However, Madame, this is not the treasure of your heart, and, in walking this thorny path where one sees only the traces of heroes, you have sought something even rarer than all the gifts of nature and of fortune. Your Majesty was therefore able, in your most tender youth, to be surrounded by everything that can seduce the soul or soften it. You were able, I say, to resist the siren song and apply yourself to the study of wisdom.

What greatness I find in this first step! How many queens, but how many kings, will we count since the foundation of the world who have burned with such a noble ardour? That a princess, to conceive such a beautiful fire, must be enlightened, that she must be above all the vain pomp of diadems. But what rapidity, what prodigious progress! Allow, Madame, that I say it; if not for your glory, let it be for the glory of the human race. The knowledge of languages, where we consume our days and nights, was only the entertainment of your childhood. There is nothing in the whole vast circle of the sciences where your sublime spirit has not penetrated. Les belles lettres have no fruit, no flower that your royal hands have not picked.

You have done what very few men have been able to do, and what neither girl nor woman ever dared to attempt; and all this, Madame, almost at the beginning of your life, all this in the midst of the pomp of your Court, and all the impediments of royalty. If we search, if we go through all of history, if we rummage through all of antiquity, we will find nothing similar. We will find neither this assiduity, nor this vigour of spirit, and even less this love of virtue which nothing can either weary or overcome. Here, Madame, here are the goods that your vigils have acquired for you. These are the goods which you hold from no one, which no one can take from you, and which have made your reign so happy.

You have, in view of all Europe, given peace to your enemies and crowned with such a memorable end the victories of the great Gustav and your own. The vulgar will perhaps be able to imagine other causes, but, to tell the truth, such a glorious event is only due to the strength of your advice. It is neither the experience of your captains nor the valour of your soldiers: it is your wisdom alone which has given terror to the Roman eagle. It is this invincible firmness, it is all these magnanimous habits, that you have formed in your learned cabinet.

Thus, Madame, while in the secrecy of your illuminated retreats Your Majesty consulted the dead and learned with them the science of reigning. You did more on her own than all your armies did. You indeed ended the war and worked in an unheard-of way for the peace and tranquility of your people.

I will not say how much you have embellished your kingdom after having enlarged it so gloriously. I will not say that Stockholm and Sweden have changed their face, that the air or the sky is milder there, and that you have inspired in your subjects, in this warlike nation, the love of the fine arts and honest knowledge. All these things are great, no doubt; but who does not know that all these things are the fruits of these beautiful hours so usefully consumed — the fruits of this marvelous tree, whose roots are indeed bitter, but whose branches are all covered with golden apples?

However, this is not all that Your Majesty yourself owes to science.  Because, finally, Madame, it is this divine daughter of Heaven who began the great work of your sanctification. It is through its lights that, trampling on all human greatness, you have so happily come to the source of the lights. It is in this way that the Holy Spirit has taken you to lead you to the tabernacle and to the glory of the Holy of Holies. A princess who all her life has worked only to cultivate her reason only to enrich and purify her soul, deserved, if I may say so, that Heaven was opened for her and that the grace of the living God came to consecrate an all heavenly virtue. What more precious vessel, what purer or more beautiful flower, could receive an eternal dew? And could the splendour of the Most High dwell in a temple either more magnificent or more august? Happy is Sweden if she watches, as she should, a spectacle which has rejoiced Heaven and earth! Happy is she if she listens to the Father of mercies, who calls her by the voice of such a great example!

I finish, Madame, as I well fear abusing your kindness, but before I finish, allow, if you please, that the French Academy complains about its fortune. It has desired nothing so ardently as this famous day, it has desired nothing so much as to contemplate this princess of miracles, whose fame makes so many great histories every day. It truly sees you, it contemplates you; but, good God, what bitterness this joy has when it thinks that in a moment it will lose, and perhaps forever, your adorable presence! In this harsh extremity, find it well, Madame, that it beg you to love it always — forgive this word, either of its transport or of its pain.

It will not tell you that its children know how to give immortality to heroic actions, that its children, whether they speak the language of men or gods, make themselves heard in all the climates of the universe. In the state in which its misfortune that it sees so close reduces it, anything that can flatter it offends it. But, Madame, please remember that a company which owes its birth to a triumphant monarch, which a company which an illustrious cardinal, whose memory will last as long as the centuries, has raised and  almost nurtured at his breast. Remember, I say, that the work of these great souls is perhaps not unworthy of the thoughts of the incomparable Kristina. In the meantime, Madame, your painting will console us, if nothing can console us in our misfortune.

Your image in your absence will be the dearest object of our eyes. We will pay you our homage, our respects, we will make our sacrifices to you. You will reign forever in our assemblies; and if the French Muses can promise themselves something of equitable posterity, the glory of this portrait will pass into all the future; and the famous Palladium will become jealous of your august painting.


Above: Kristina.


Above: Olivier Patru.

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