Source:
Journal d'un voyage à Paris en 1657-1658, pages 341 to 343, by Philip Zoete van Laeke, published by A. P. Faugère, 1862
The diary entry:
Le 24e, n'ayants pas treuvé mesdames de Caravas et des Reaux au logis, nous fusmes passer toute nostre apres disnée chez madame de Saint-Armant, où nous eusmes une assez belle et agreable conversation. On se mit à faire des contes de la reyne de Suede, et il y eust un abbé qui parmy les extravagances de cette princesse nous en raconta une qui est tout à fait bigearre: c'est qu'en une ville d'Italie elle demanda ce qu'il y avoit de plus beau et de plus remarquable à voir; on lui dit que c'estoit un lion qui estoit epouventablement grand, et qu'on ne le pouvoit voir que de haut en bas, tant il estoit furieux. Elle y alla, et y estant menée par beaucoup de personnes de qualité, et entre autres un homme qui lui avoit tesmoigné beaucoup d'attachement, elle luy demanda son chappeau qu'il luy presenta avec beaucoup de civilité; elle le prend, le iette dans la caverne du lion, et luy dit qu'elle avoit tant ouy parler de sa bravoure et de son courage, qu'elle luy donnoit le moyen d'en donner des preuves. Le gentilhomme tout estonné de ce procedé, alla treuver le gardeur du lion, et lui demanda comment il pourroit approcher cette beste. — Il luy repondit qu'il vestist une robe de toile blanche, et tinst un morceau de viande d'une main et de l'autre une dague, et que si le lion le caressoit, il luy presentast le premier, et s'il rugissoit, il se servist du dernier. Le gentilhomme alla en cet equipage dans la caverne, treuva le lion de bonne humeur, et luy presentant la chair, reprit son chappeau et s'en alla à cette inhumaine reyne, et luy dit qu'il avoit executé son commandement, et qu'il ne demandoit plus rien que la permission de se retirer d'aupres d'elle, apres luy avoir tesmoigné qu'il avoit esté assez temeraire que de hazarder sa vie pour luy plaire; et que si sa hardiesse avoit egalé son caprice, il ne desiroit plus d'estre reduit à la necessité de luy donner de si sottes marques d'un courage qu'il devoit mieux mesnager, puisqu'elle l'exposoit à si bon marché.
Voila comme un chacun debite tout ce qu'il sçait de cette reyne que le Roy vient de visiter à Fontainebleau, car on s'est enfin resolu à la cour de dissimuler cette execution qu'elle y a fait faire: en quoy l'on voit que les princes ne sont pas comme le reste des hommes; ils appreuvent les actions les uns des autres en public, bien que souvent ils les condamnent en particulier. On ne sçait pas bien ce qui s'est passé en cette entreveuë. Ce qu'on en publie, est qu'elle n'a duré qu'une heure, que la reyne vint recevoir le Roy dans la court du chasteau, et qu'apres les premiers compliments, elle se mit à exagerer les avantages que S. M. avoit remportés cette campagne en Flandres. On adiouste, mais ie croys qu'on le veut deviner, que dans une conversation secrete cette reyne dit au Roy, qu'elle estoit fort faschée de ce qui s'estoit passé en sa maison, mais qu'elle avoit eu de iustes causes de se defaire de Monaldeschi, et que si elle avoit failly, elle estoit preste de se ietter à ses pieds pour luy en demander pardon. On veut que le Roy luy ait respondu qu'il ne doutoit point qu'elle n'en eust iuste raison. La response estant ambiguë donne suiet au monde de la rapporter à l'action ou au pardon.
With modernised spelling:
Le 24e, n'ayants pas trouvé Mesdames de Caravas et des Reaux au logis, nous fûmes passer toute notre après-dînée chez Madame de Saint-Armant, où nous eûmes une assez belle et agréable conversation. On se mit à faire des contes de la reine de Suède, et il y eut un abbé qui, parmi les extravagances de cette princesse, nous en raconta une qui est tout à fait bigarrée: c'est qu'en une ville d'Italie, elle demanda ce qu'il y avait de plus beau et de plus remarquable à voir. On lui dit que c'était un lion qui était épouvantablement grand, et qu'on ne le pouvait voir que de haut en bas, tant il était furieux. Elle y alla, et y étant menée par beaucoup de personnes de qualité, et entre autres un homme qui lui avait témoigné beaucoup d'attachement, elle lui demanda son chapeau, qu'il lui présenta avec beaucoup de civilité. Elle le prend, le jette dans la caverne du lion, et lui dit qu'elle avait tant ouï parler de sa bravoure et de son courage, qu'elle lui donnait le moyen d'en donner des preuves.
Le gentilhomme, tout étonné de ce procédé, alla trouver le gardeur du lion et lui demanda comment il pourrait approcher cette bête. — Il lui répondit qu'il vêtît une robe de toile blanche et tînt un morceau de viande d'une main et de l'autre une dague, et que si le lion le caressait, il lui présentât le premier, et s'il rugissait, il se servît du dernier. Le gentilhomme alla en cet équipage dans la caverne, trouva le lion de bonne humeur, et, lui présentant la chair, reprit son chapeau et s'en alla à cette inhumaine reine, et lui dit qu'il avait exécuté son commandement, et qu'il ne demandait plus rien que la permission de se retirer d'auprès d'elle, après lui avoir témoigné qu'il avait été assez téméraire que de hasarder sa vie pour lui plaire; et que si sa hardiesse avait égalé son caprice, il ne désirait plus d'être réduit à la nécessité de lui donner de si sottes marques d'un courage qu'il devait mieux ménager, puisqu'elle l'exposait à si bon marché.
Voilà comme un chacun débite tout ce qu'il sait de cette reine que le roi vient de visiter à Fontainebleau, car on s'est enfin résolu à la cour de dissimuler cette exécution qu'elle y a fait faire. En quoi l'on voit que les princes ne sont pas comme le reste des hommes: ils appreuvent les actions les uns des autres en public, bien que souvent ils les condamnent en particulier.
On ne sait pas bien ce qui s'est passé en cette entrevue. Ce qu'on en publie est qu'elle n'a duré qu'une heure, que la reine vint recevoir le roi dans la cour du château, et qu'après les premiers compliments, elle se mit à exagérer les avantages que Sa Majesté avait remportés cette campagne en Flandre. On ajoute, mais je crois qu'on le veut deviner, que, dans une conversation secrète, cette reine dit au roi qu'elle était fort fâchée de ce qui s'était passé en sa maison, mais qu'elle avait eu de justes causes de se défaire de Monaldeschi, et que, si elle avait failli, elle était prête de se jetter à ses pieds pour lui en demander pardon. On veut que le roi lui ait répondu qu'il ne doutait point qu'elle n'en eût juste raison. La réponse, étant ambigue, donne sujet au monde de la rapporter à l'action ou au pardon.
Swedish translation (my own):
Den 24, efter att inte ha hittat mesdames de Caravas och des Reaux hemma, tillbringade vi hela eftermiddagen med madam de Saint-Armant, där vi hade ett ganska bra och trevligt samtal. Vi började berätta historier om Sveriges drottning, och det var en abbé som bland denna prinsessas utsvävningar berättade en som är ganska brokig: det var att hon i en stad i Italien frågade vad som var vackrast och märkligt att se. Hon fick veta att det var ett lejon som var fruktansvärt stort och bara kunde ses uppifrån och ned, för han var så rasande. Hon reste dit, och då hon leddes dit av många människor av hög kvalitet och bland andra en man som visat henne en stor tillgivenhet, bad hon honom om hans hatt, som han framställde för henne med stor artighet. Hon tog den, kastade den i lejonets grotta och berättade att hon hade hört så mycket om hans tapperhet och hans mod att hon gav honom möjlighet att bevisa dem.
Herrn, förvånad över detta förfarande, gick för att hitta lejonskötaren och frågade honom hur han kunde närma sig denna best. Han svarade att han bar en dräkt av vitt linne och höll en köttbit i ena handen och en dolk i den andra, och att om lejonet strök honom, skulle han offra den förra till honom, och om han vrålade använde han den senare. Herrn gick i denna utrustning in i grottan, fann lejonet i gott humör, och presenterade köttet för det, tog upp sin hatt igen, gick till denna omänskliga drottning och berättade för henne att han hade utfört hennes befallning och att han bad om inget annat än tillåtelse att dra sig tillbaka från henne, efter att ha vittnat för henne att han varit tillräckligt förhastad för att riskera sitt liv för att behaga henne; och att han, om hans djärvhet motsvarat hennes nyckfullhet, inte längre ville förminskas till nödvändigheten av att ge henne sådana fåniga märken av ett mod, som han bättre hade klarat av, sedan hon hade avslöjat honom så billigt.
Så här berättar alla allt han vet om denna drottning som konungen just har besökt i Fontainebleau, eftersom hovet äntligen har beslutat att dölja denna avrättning som hon hade utfört där. I detta ser man att furstar inte är som resten av människor: de godkänner varandras handlingar offentligt, fastän de ofta fördömer dem privat.
Vi vet inte riktigt vad som hände i den entrevue. Det som publiceras är att den bara varade en timme, att drottningen kom för att ta emot konungen på borggården till slottet, och att hon efter de första komplimangerna började överdriva de fördelar som Hans Majestät vunnit under denna kampanj i Flandern. Man tillägger, men jag tror att man vill gissa det, att denna drottning i ett hemligt samtal berättade för konungen att hon var mycket upprörd över vad som hade hänt i hans hus, men att hon hade haft en rättfärdig anledning att göra sig av med Monaldeschi, och att, om hon hade misslyckats, var hon beredd att kasta sig för hans fötter för att be om hans förlåtelse. Man vill att konungen skall ha svarat henne att han inte tvivlade på att hon hade rätt. Svaret är tvetydigt och ger världen anledning att relatera det till handling eller förlåtelse.
English translation (my own):
On the 24th, not having found Mesdames de Caravas and des Reaux at home, we spent our whole afternoon with Madame de Saint-Armant, where we had a rather fine and agreeable conversation. We began to tell tales of the Queen of Sweden, and there was an abbé who, among the extravagances of this princess, told us one which is quite variegated: it is that, in a city in Italy, she asked what was most beautiful and remarkable to see. She was told that it was a lion which was terribly large and could only be seen from top to bottom, for he was so furious. She went there, and, being led there by many people of quality, and, among others, a man who had shown her a great deal of affection, she asked him for his hat, which he presented to her with great civility. She took it, threw it into the lion's cave, and told him that she had heard so much about his bravery and his courage that she was giving him the means to prove it.
The gentleman, astonished at this procedure, went to find the lionkeeper and asked him how he could approach this beast. He replied that he wore a robe of white linen and held a piece of meat in one hand and a dagger in the other, and that if the lion stroked him, he would offer the former to him, and if he roared, he used the latter. The gentleman went in this equipage into the cave, found the lion in a good humour, and, presenting the flesh to it, took up his hat again, went to this inhuman Queen, and told her that he had carried out her command and that he asked for nothing more than permission to withdraw from her, after having testified to her that he had been rash enough to risk his life to please her; and that, if his boldness had equaled her caprice, he no longer wished to be reduced to the necessity of giving her such silly marks of a courage which he had better managed, since she had exposed him so cheaply.
This is how everyone recounts everything he knows about this Queen whom the King has just visited at Fontainebleau, because the court has finally resolved to conceal this execution which she had carried out there. In this one sees that princes are not like the rest of men: they approve of each other's actions in public, though often they condemn them in private.
We do not really know what happened in that interview. What is published is that it only lasted an hour, that the Queen came to receive the King in the courtyard of the castle, and that, after the first compliments, she began to exaggerate the advantages that His Majesty had won during this campaign in Flanders. One adds, but I think one wants to guess it, that, in a secret conversation, this Queen told the King that she was very upset about what had happened in his house, but that she had had righteous reason to get rid of Monaldeschi, and that, if she had failed, she was ready to throw herself at his feet to beg for his forgiveness. One wants the King to have answered her that he had no doubt that she was justly right. The response, being ambiguous, gives reason for the world to relate it to action or forgiveness.
Above: Kristina.
Above: King Louis XIV of France.
No comments:
Post a Comment