Thursday, August 7, 2025

Kristina in Pierre Hector Chanut's memoirs, October 1647

Sources:

Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 178 to 192, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, printed by Pierre du Marteau, 1675 (1677 edition); original at the Bavarian State Library (Bamberg, Staatsbibliothek)


Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 186 to 199, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826; original at The British Library



Above: Kristina.

The account:

Sur le commencement d'Octobre de l'année 1647. on intercepta quelques lettres du Duc de Bavieres, qu'il écrivoit au Duc de Wirtemberg, & à l'Electeur de Cologne, par lesquelles il se voyoit que ce Prince n'estoit point hors des termes de reconciliation avec l'Empereur, & qu'il attendoit l'évenement des affaires pour prendre party. Ces lettres donnerent deux craintes aux Suedois, l'une qu'il ne se joignist aux Ennemis, s'il arrivoit quelque disgrace à l'armée Suedoise; l'autre, que demeurant neutre, il s'alliast ensuite à la France: car la Suede mettoit son interest en ce point d'avoir toûjours le dessus sur la France dans les affaires d'Allemagne, & pretendoit conserver cét avantage, tant que la France, suivant ses anciennes maximes favoriseroit le party Protestant; parce que la Suede estant, & par la situation des Estats, plus voisine, & par la Communauté de Religion, plus unie d'affection, il n'estoit pas vray-semblable qu'ils s'attachassent jamais autant à la France qu'aux Suedois; mais s'il arrivoit que les Catholiques s'unissans cherchassent la protection de la Couronne de France, il estoit apparent, qu'il se formeroit un Corps bien puissant dans lequel les Suedois auroient peu de credit.

Et comme la France faisoit dessein de mettre une puissante Flotte en Mer, elle songea à assembler toutes les choses necessaires pour cette entreprise; on envoya un memoire en Suede au sieur Chanut, pour faire un achapt de masture, de planches, & de gouldron, avec ordre de fretter deux Flustes pour les porter jusques à Toulon, & mesme de les achepter, s'il trouvoit que le ménage fut meilleur, que de les prendre à fret. Mais cét ordre luy arriva trop tard: car il ne se trouvoit point de Flustes en ce temps-là à Stokolm, ni à Gottembourg, qui pussent entreprendre ce voyage; & il apprit qu'on n'arriveroit jamais à temps à Riga pour trouver des Vaisseaux à fret, à cause qu'ils se retiroient tous avant les glaces de peur d'en estre surpris; & que quand on en trouveroit, ce ne seroient pas des Navires qui voulussent se harder à passer le détroit, ni s'exposer au peril des Corsaires d'Alger, & de Tunis, n'ayant ni canons, ni armes, ni hommes de resolution. De plus, qu'il n'y auroit point de Masts à Riga, ni à Gottembourg, parce qu'on ne les y apportoit qu'en hyver, lorsque les neiges avoient applani les chemins; & que les Hollandois avoient enlevé tout ce qu'il y avoit dés le Printemps. Le sieur Chanut ayant appris toutes ces choses, écrivit en France, qu'il estoit d'avis qu'on prist des Vaisseaux à fret à Amsterdam, qu'on les auroit à meilleur compte, & qu'ils seroient plûtost en France partant d'Amsterdam au commencement de Mars; que ceux qui sortiroient des Ports de Suede apres les glaces; joint qu'on avoit porté tant de mâture à Amsterdam; & qu'il s'y estoit bâty si peu de Vaisseaux, que les mâts y estoient à meilleur marché qu'à Riga, ou à Gottembourg; de quoy il ne faloit pas s'étonner, car dans les Marchandises il y a certains reflus qui les abaissent quelquesfois au dessous de leur prix.

On luy écrivit aussi de France, qu'il acheta deux cens milliers de poudre, s'il la pouvoit avoir à quinze richedales le cent; mais ayant trouvé que le Maistre des Moulins ou elle se saisoit estoit mort, & que les Magazins estoient vuides, il fut obligé d'en parler à la Reine de Suede, & au Connétable, pour en avoir de la Couronne. La proposition agrea au Conseil de Suede, & ils trouverent bon que la France prist le chemin de faire sa provision de poudre en Suede, on deputa un Commissaire pour en faire le prix avec luy; mais n'ayant pû s'accorder, parce qu'il avoit ses ordres precis à quinze richedales, & que la Reine luy dit qu'elle ne la pouvoit donner à moins de seize, il crût qu'il seroit plus avantageux d'en tirer de Hollande, où il avoit appris qu'elle estoit à meilleur marché. C'est pourquoy il remercia la Reine de ce qu'elle luy conserver cette bonne volonté, & il fit entendre aux principaux Officiers du Conseil, qui luy disoient qu'elle estoit plus chere en Hollande qu'en Suede, qu'ils estoient mal-informez du prix de Hollande, & qu'il ne faloit pas qu'ils estimassent les choses sur le pied, qu'elles avoient esté achetées autrefois, mais sur le courant.

On luy ordonna ensuite d'acheter quelques canons de 25 livres de balle, mais la Couronne n'en avoit point à vendre, & il fut obligé d'en prendre huit pieces du sieur de Geer, qu'il eut à bien meilleur marché qu'il n'auroit eu ceux de la Couronne. Il y en avoit aussi huit pieces de pur cuivre de douze livres de balle entre les mains du Fondeur de Kupreberg; mais son Commissionnaire les tenoit si cheres qu'il resolut d'attendre que le Maistre fut de retour. Voyant donc qu'il ne luy estoit pas possible de rencontrer tous les canons qu'il avoit ordre d'acheter, il proposa comme de luy-mesme à la Reine, & aux grands Officiers d'accommoder leurs Majestez pour la Campagne prochaine, de quatre grands Vaisseaux de guerre moyennant des conditions raisonnables. La proposition leur plust d'abord, parce qu'ils l'envisagerent comme un moyen d'exercer la Marine aux dépens du Roy, & de faire voir leurs armes en la Mediterranée; mais ils craignoient aussi de se dégarnir de leurs Vaisseaux: car ils en avoient déja vendu quatre à la France, outre plusieurs autres petits dont ils s'estoient deffaits. Et ils apprehendoient de plus, qu'ayant affaire d'argent pour le couronnement, ils ne pussent pas fournir à la dépense de cét armement; Toutesfois, considerant que par cette voye ils pourroient obliger la France à une assistance pareille, ils se resolurent de faire un effort. Il n'y avoit gueres de difficulté ni de peril en cette condition reciproque, & il n'étoit pas à croire que jamais la Suede demandât à la France l'usage de ses Vaisseaux de guerre aussi cherement qu'elle luy feroit payer le prest des siens; Ce qui les embarrassoit estoit la crainte que les Hollandois ne prissent ombrage de cette paction particuliere d'une assistance reciproque, & ne la considerassent comme un Traité formel, qui les regardoit au cas qu'ils vinssent à se broüiller avec la Suede.

Parmi l'embarras que produisoient ces achapts en Suede, on eut nouvelle que l'armée Suedoise estoit engagée dans le païs ennemy, & que celle de l'Empereur estoit plus forte en nombre d'hommes; ce qui donna de l'apprehension à la Reine; mais les lettres qu'elle en recevoit toutes les semaines, qui luy apprenoient les petits progrés que ses troupes faisoient de temps en temps, la soulageoient un peu d'autre côté: Le Duc de Bavieres la tenoit toûjours en cervelle, & quoy que ce Prince l'asseurât qu'il ne se deporteroit point de la neutralité, elle ne laissoit pas d'estre continuellement en crainte, parce qu'elle sçavoit que s'il venoit à prendre party il feroit pancher indubitablement la balance. D'ailleurs elle avoit de l'inquietude de ce qu'il ne restituoit point les places qu'il tenoit dans le Wittemberg conformément au Traité d'Alliance. Ce qui faisoit dire aux Suedois que la France avoit pour ce Prince une condescendence honteuse qui l'empescheroit de se déterminer.

On apprehendoit en France que la demande excessive que faisoit la Suede pour la satisfaction de sa Milice ne portast l'Allemagne dans le desespoir, & que lassée de la guerre, & des Estrangers, elle ne se reünist en un Corps. C'est pourquoy on jugeoit qu'une Paix faite à propos, pourveu qu'elle se fit de concert, asseureroit les Conquestes des Couronnes, qui avoient plus besoin que jamais d'estre en intelligence, & que la Paix d'Espagne devoit preceder, ou estre conjointe à celle de l'Empire: Sur quoy le sieur Chanut ayant voulu pressentir, quoy qu'avec toutes les precautions imaginables, les sentimens de la Suede, il faillit à donner de grands ombrages.

Dans le mesme temps le General Wrangel donna avis à la Reine de la rupture du Duc de Bavieres, & luy envoya son manifeste, qui fut leu en plein Senat. On y remarqua qu'il pretendoit renoncer à la neutralité avec la Suede, & la conserver avec la France, de qui il ne se plaignoit point. Cette nouvelle causa une grande émotion, & plusieurs soupçonnerent que cette alienation du Duc de Bavieres estoit le commencement d'une nouvelle ligue du party Catholique, pratiquée par les Ambassadeurs de France, dans laquelle le Roy & la Reine avoient la meilleure part; ce qui donnoit une grande terreur, & quelques-uns oserent dire au desavantage de la France, qu'elle, & ses Ministres amusoient sa Majesté de complimens, & de civilitez, qu'elle êcoutoit avec trop de credulité, pendant que leurs Majestez Tres Chrestiennes tramoient sous main des intelligences pour ruiner les affaires de la Suede en Allemagne: La Reine toutesfois ne put jamais se persuader cette infidelité de la France, elle n'estoit pas neantmoins sans inquietude, lors qu'elle pensoit au déplaisir qu'elle recevroit, si son amitié estoit méprisée en France, & que son Conseil luy put reprocher d'y avoir esté trompée. Dans cét embarras d'esprit elle dit au sieur Chanut que c'estoit une occasion, où elle éprouveroit si toutes les paroles d'estime, & d'affection qu'il luy avoit si souvent portées de la part de leurs Majestez, estoient des veritez, ou des civilitez malignes, qu'elle esperoit de la generosité de la Reine, & de la prudence de son Conseil, qu'on ne luy laisseroit point à combattre seule les forces de l'Empereur, & du Duc de Bavieres, & que sans doute la France ne resteroit pas en neutralité avec un Prince si infidelle, qu'au contraire elle romproit pour jamais avec luy, & que Dieu beniroit les armes des deux Couronnes, pourveu qu'elles demeurassent bien unies pour se venger; mais que s'il arrivoit autrement elle n'auroit jamais de confiance en la foy de qui que ce fust; & qu'enfin elle esperoit que leurs Majestez par leur procedé luy donneroient de quoy fermer la bouche à tous ceux qui n'avoient pas approuvé jusques icy son affection pour la France. Pour la tirer de ces deffiances le sieur Chanut luy dit, que ceux des siens qui avoient pris ombrage de la fidelité de la France par le manquement du Duc de Bavieres, avoient témoigné en cela plus de crainte que de jugement, & que l'observation exacte de l'Alliance pendant dix-sept années en des temps, & des occasions plus difficiles estoit une assez bonne asseurance pour l'avenit [sic]; que le payement effectif du subside entier, duquel volontairement elle avoit elle-mesme remis la moitié, n'estoit pas une cajolerie; que le refus d'entrer sans l'agrément de la Suede en Alliance avec le Duc de Bavieres, qui en avoit sollicité leur[s] Majestez, n'estoit point un compliment, mais une defference d'amitié, & il l'asseura avec tant de fermeté de la part de leur[s] Majestez, que nulle consideration, & nul avantage n'estoient capables de les faire consentir à blesser la foy de l'Alliance, qu'elle perdit la plus grande partie de ses craintes. Elle le pria de voir ensuite les grands Officiers, & les Principaux du Senat, afin de dissiper les mauvaises opinions qu'ils avoient, & les asseurer qu'il n'y avoit rien à craindre du côté de la France. Voyant donc que tout estoit si suspect à cause de l'imagination de cette Ligue Catholique, il trouva à propos de ne point celler que la France avoit esté recherchée par les Evesques de Wirstburg, & de Bemberg, de peur qu'estant sceu d'ailleurs cela n'augmenta la deffiance; il leur dit aussi qu'on avoit répondu sur leurs offres, qu'on n'y pouvoit entendre qu'à condition qu'ils continueroient aux Suedois le payement des contributions ordinaires, & il apprit ensuite que ces Evesques recherchoient en mesme temps la Reine de Suede d'accommodement.

Sur ces entrefaites on rendit à cette Princesse une lettre; qui estoit venuë sous une autre envelope, que celle de son pacquet, on l'ouvrit au Senat, & on trouva qu'elle estoit du Duc de Bavieres, & qu'elle contenoit les mesmes raisons qu'il avoit écrites au General Wrangel; ce qu'il y avoit de particulier estoit qu'il insistoit extraordinairement sur l'excessive demande de la satisfaction de la Milice de Suede, comme le principal sujet de rompre, & declaroit ouvertement qu'il observeroit la neutralité avec la France, comme voulant insinuer qu'il en avoit parole, & asseurance de la part de leurs Majestez.

Il est vray que le Duc de Bavieres avoit esté tres-maltraité, & en sa personne, & en celle de l'Electeur de Cologne son frere, & la mauvaise conduite de la Suede estoit telle qu'on pouvoit dire que ses Ministres ne faisoient pas ce qu'ils pouvoient pour ménager la bonne volonté de ce Prince. Mais en l'émotion des esprits, & au milieu des apprehensions qu'ils avoient conceuës; il y avoit du peril de proposer la moindre chose, qui pût faire croire que la France jugeast cette faute de l'Electeur digne d'excuse.

Parmy l'embarras que causa cette nouvelle du changement du Duc de Bavieres, on apprit de France, que le Maréchal de Turenne avoit ordre de repasser en Allemagne aussi tost qu'il le pourroit faire. Si bien que cette bonne nouvelle, & la frasque du Duc de Bavieres donna jour au sieur Chanut de prendre son temps, & de demander fort civilement qu'on fist raison à la France de la perte que son armée avoit faite, & dont il n'estoit pas raisonnable que celle du Maréchal Konismark profitast; qu'entre ses Alliez, & les amis, il faloit observer une justice équitable, & ne point répondre, qu'il ne tenoit pas aux Suedois que les mutins ne retournassent parmy les troupes de France, mais considerer que deux mille sept cens Cavaliers estoient passez dans les armées de Suede; qu'ainsi il en faloit rendre un pareil nombre, & que cela ne prejudicioit point au bien des deux Couronnes, puisque leur[s] Majestez les employeroient contre l'Ennemy commun en Allemagne.

Parmy l'embarras que causa cette nouvelle du changement de Duc de Bavieres, on apprit de France, que le Maréchal de Turenne avoit ordre de repasser en Allemagne aussi tost qu'il le pourroit faire. Si bien que cette bonne nouvelle, & la frasque du Duc de Bavieres donna jour au sieur Chanut de prendre son temps, & de demander fort civilement qu'on fist raison à la France de la perte que son armée avoit faite, & dont il n'estoit pas raisonnable que celle du Maréchal Konismark profitast; qu'entre ses Alliez, & les amis, il faloit observer une justice équitable, & ne point répondre, qu'il ne tenoit pas aux Suedois que les mutins ne retournassent parmy les troupes de France, mais considerer que deux mille sept cens Cavaliers estoient passez dans les armées de Suede; qu'ainsi il en faloit rendre un pareil nombre, & que cela ne prejudicioit point au bien des deux Couronnes, puisque leur[s] Majestez les employeroient contre l'Ennemy commun en Allemagne.

Cependant un Officier de la Garnison de Wismar écrivit au sieur Chanut, pour luy donner avis que c'estoit luy qui avoit fait toutes les diligences, pour découvrir les pratiques de ceux qui avoient entrepris sur la Ville, & qui avoient avoüé qu'il y avoit eu quelque intelligence contre le service du Roy; qu'il avoit en main tous les papiers, dont ils avoient esté trouvez saisis, & que si on le vouloit faire rembourser des frais honnestes, qu'il avoit faits en cette affaire, il les remettroit à Weimar, entre les mains de qui il voudroit: Le sieur Chanut luy fit réponse qu'il s'addressast pour cela au sieur des Meules à Hambourg, parce que c'estoit une affaire qui regardoit les levées qu'on disoit que ces gens devoient faire de l'argent de France, & les mener au service d'Espagne, & qu'il ne vouloit point traiter en secret avec un Officier Suedois, qui sembloit vouloir donner ces papiers au déceu du Gouverneur du Wismar. Il découvrit que c'estoit un pauvre Officier, qui se tenoit au lit saute d'habits, & qui dans l'esperance de tirer quelque argent luy avoit découvert ces pratiques. La Reine l'avoit déja averty des mesmes choses, mais cét homme luy nomma quelques uns des Auteurs, & entr'autres les nommez Meuler, Kniphausen, & luy dit qu'on en sçauroit davantage d'un prisonnier qui estoit encore à Wismar. Le sieur Chanut en recompense de cét avis luy donna quelques richedales, & obtint ensuite de la Reine une lettre au Commendant de Wismar pour faire interroger ce prisonnier sur cette affaire. Il apprit aussi que ce Kniphausen estoit un bastard de la Maison dont il portoit le nom.

L'émotion qu'avoit causée la nouvelle du Traité d'entre le Duc de Bavieres, & la France s'appaisoit un peu, mais la serenité ne retourna point qu'on n'eût appris que leurs Majestez Tres-Chrestiennes n'attendoient point observer le Traité d'Ulm fait avec ce Duc, puisqu'il avoit rompu avec leurs Alliez. C'estoit quelque chose d'assez surprenant que la Reine de Suede, qui avoit toûjours paru intrepide en toutes autres occasions; & ferme sur la bonne foy de la la [sic] France, tremblast à cette nouvelle, tandis que ses Ministres, qui en avoient douté, soûtenoient que cela ne pouvoit pas estre. La raison qu'on en peut alleguer est, qu'aprés avoir pris le party de la France dans son Conseil en plusieurs rencontres, elle sembloit estre comme responsable de sa fidelité, laquelle venant à manquer tout le reproche en fust tombé infailliblement sur elle: c'est ce qui tenoit son esprit continuellement agité de crainte; Mais le sieur Chanut luy rendit tout-à-fait le calme, lorsqu'il l'asseura que le Maréchal de Turenne avoit ordre de quitter le Luxembourg, & qu'on travailloit à luy envoyer de nouvelles troupes pour le faire passer avec plus de force en Allemagne. La joye qu'elle en eut luy fit dire que son retour feroit mentir quelques-uns des Estats de l'Empire, qui avoient asseuré comme une verité aux Ambassadeurs de Suede à Osnabrug, qu'ils avoient entendu à Munster de la bouche des Ministres de France, que le Maréchal de Turenne ne repasseroit plus en Allemagne quoy qu'il arrivast.

Ceux qui discouroient sur l'action du Duc de Bavieres, disoient qu'elle ne leur ostoit pas l'esperance de la Paix, parce que ce Prince ayant interest de mourir en Paix, il estoit à croire qu'il pensoit encore à réduire l'Empereur: mais on jugeoit qu'il y seroit trompé, & qu'il ne seroit pas l'arbitre des affaires, comme il se le promettoit. Car il passoit pour constant en Suede, que les Princes de la Maison d'Austriche ne vouloient point de Paix, ce que l'on avoit reconnu par une lettre interceptée du Roy d'Espagne au Marquis de Castel-Rodrigo, où il luy recommandoit entre autres choses de n'épargner ceux des Estats, qu'il avoit gagnez, ainsi qu'il l'avoit heureusement pratiqué du vivant du deffunt Prince.

Le Chancelier Oxenstiern raisonnant sur la rupture de Bavieres, disoit, qu'il ne penetroit pas bien encore si l'Electeur avoit eu dessein de tromper la France, dés lorsqu'il estoit entré dans le Traité d'Ulm, & si l'action de Jean de Wert estoit un jeu, ou une trahison, mais que sur ce qui luy en parroissoit, il ne croyoit pas que le Duc de Bavieres se fust engagé en ce Traité par un conseil secret avec l'Empereur, ni aussi qu'il eût dessein de l'observer ponctuellement, mais pour reprendre haleine, & se rendre redoutable aux deux partis, & que s'il eut eu des quartiers d'assez grande étenduë pour faire subsister son armée sans la ruiner ni son païs, peut-estre n'auroit il pas rompu si tost la neutralité: qu'il n'avoit pas voulu joindre ses forces à celles de l'Empereur, parce qu'il n'avoit pas encore un Chef auquel il eut confiance, & que peut-estre aussi ne voudroit, il pas que la Maison d'Austriche fût délivrée de la crainte des armes de Suede, qu'il estoit à croire que ces deux armées si long-temps en presence l'une de l'autre, ne se separeroient point sans combat, qui selon toutes les apparences seroit furieusement opiniâtre, il profiteroit du succés, relevant le vaincu contre le victorieux.

On jugea aussi que l'Empereur, qui faisoit paroître tant de soûmission pour cét Electeur, n'en usoit de la sorte que pour l'attirer dans son party, à dessein de le tromper apres, & gagner temps, dans la suite duquel la Maison d'Austriche esperoit prendre ses avantages, & demeurer tres-unie, & qu'au contraire tous ses ennemis se lasseroient, ou se diviseroient. Les conjectures du Chancelier estoient appuyées sur ce que l'Electeur avoit recherché la France d'un Traité, & requis son intercession pour conserver les Places qu'il tenoit dans le Wirtemberg, & élargir ses quartiers; a quoy leurs Majestez n'avoient point voulu entendre jusques à ce qu'elles sceussent que cette negociation ne déplairoit point à la Suede; mais il trouvoit fort étrange que les Plenipotentiaires de Suede eussent consenti à ce Traité, & disoit qu'il avoient fait tres-imprudemment de se declarer sur ce sujet sans consulter la Reine, puisqu'il estoit à juger que l'Ambassadeur de France ne leur avoit fait point cette ouverture sans ordre de son Maistre.

Apres toutes ces pensées ayant donné Audience au sieur Chanut, il luy dit, que la France ce demeurant dans les termes de son Alliance, elle ne pouvoit traiter avec le Duc de Bavieres sans le consentement de la Suede; que le Traité d'Ulm n'estoit point une neutralité, mais simplement une suspension d'armes; & il luy demanda si la France auroit trouvé bon que la Suede eust fait alliance avec l'Empereur dans le temps d'une Treve telle que les Mediateurs l'avoient n'agueres proposée. A quoy le sieur Chanut se contenta de dire pour réponse, qu'il y avoit bien de la difference, & que l'Empereur estoit le principal Ennemy des deux Couronnes, contre lequel estoient dressées toutes les Alliances. Cette Audiance se conclud par l'instance que ledit sieur Chanut luy fit du remplacement des Cavaliers, qui estoient passez de l'armée du Maréchal de Turenne, en celle de Konismark: A quoy il répondit, que deux mille Reîtres ne causeroient aucun differend entre leurs Majestez, & la Reine de Suede sa Maistresse, quand il y auroit occasion de leur donner cette satisfaction; & qu'il luy demanderoit volontiers à ce propos qu'elle recompense la France avoit donnée à la Suede, quand les troupes Weimariennes estoient passées à son service. «Estes-vous bien asseuré», luy repliqua le sieur Chanut, «que ces troupes fussent au service, & à la devotion de la Suede entre les mains du Duc Bernard de Weimar?» mais le Chancelier ne répondit que par un soûris.

With modernised spelling:

Sur le commencement d'octobre de l'année 1647, on intercepta quelques lettres du duc de Bavière qu'il écrivait au duc de Wurtemberg et à l'électeur de Cologne, par lesquelles il se voyait que ce prince n'était point hors des termes de réconciliation avec l'empereur et qu'il attendait l'événement des affaires pour prendre parti.

Ces lettres donnèrent deux craintes aux Suédois: l'une, qu'il ne se joignît aux ennemis s'il arrivait quelque disgrâce à l'armée suédoise; l'autre, que, demeurant neutre, il s'alliât ensuite à la France, car la Suède mettait son intérêt en ce point d'avoir toujours le dessus sur la France dans les affaires d'Allemagne et prétendait conserver cet avantage tant que la France, suivant ses anciennes maximes, favoriserait le parti protestant; parce que la Suède étant et par la situation des états plus voisine et par la communauté de religion plus unie d'affection, il n'était pas vraisemblable qu'ils s'attachassent jamais autant à la France qu'aux Suédois; mais s'il arrivait que les catholiques, s'unissants, cherchassent la protection de la Couronne de France, il était apparent qu'il se formerait un corps bien puissant dans lequel les Suédois auraient peu de crédit.

Et, comme la France faisait dessein de mettre une puissante flotte en mer, elle songea à assembler toutes les choses nécessaires pour cette entreprise. On envoya un mémoire en Suède au sieur Chanut pour faire un achat de mâture, de planches et de goudron, avec ordre de fretter deux flûtes pour les porter jusqu'à Toulon, et même de les acheter s'il trouvait que le ménage fut meilleur que de les prendre à fret.

Mais cet ordre lui arriva trop tard, car il ne se trouvait point de flûtes en ce temps-là à Stockholm, ni à Gothembourg, qui pussent entreprendre ce voyage; et il apprit qu'on n'arriverait jamais à temps à Riga pour trouver des vaisseaux à fret, à cause qu'ils se retiraient tous avant les glaces, de peur d'en être surpris, et, que quand on en trouverait, ce ne seraient pas des navires qui voulussent se harder à passer le détroit, ni s'exposer au péril des corsaires d'Alger et de Tunis, n'ayant ni canons, ni armes, ni hommes de résolution.

De plus, qu'il n'y aurait point de mâts à Riga, ni à Gothembourg, parce qu'on ne les y apportait qu'en hiver, lorsque les neiges avaient applani les chemins, et que les Hollandais avaient enlevé tout ce qu'il y avait dès le printemps. Le sieur Chanut, ayant appris toutes ces choses, écrivit en France qu'il était d'avis qu'on prît des vaisseaux à fret à Amsterdam, qu'on les aurait à meilleur compte, et qu'ils seraient plutôt en France, partant d'Amsterdam au commencement de mars, que ceux qui sortiraient des ports de Suède après les glaces, joint qu'on avait porté tant de mâture à Amsterdam; et qu'il s'y était bâti si peu de vaisseaux que les mâts y étaient à meilleur marché qu'à Riga ou à Gothembourg — de quoi il ne fallait pas s'étonner, car dans les marchandises il y a certains réflux qui les abaissent quelquefois au-dessous de leur prix.

On lui écrivit aussi de France qu'il acheta deux cent milliers de poudre s'il la pouvait avoir à quinze richedales le cent; mais, ayant trouvé que le maître des moulins où elle se saisait était mort, et que les magasins étaient vides, il fut obligé d'en parler à la reine de Suède et au connétable pour en avoir de la Couronne. La proposition agréa au Conseil de Suède, et ils trouvèrent bon que la France prît le chemin de faire sa provision de poudre en Suède.

On députa un commissaire pour en faire le prix avec lui; mais, n'ayant pu s'accorder, parce qu'il avait ses ordres précis à quinze richedales et que la reine lui dit qu'elle ne la pouvait donner à moins de seize, il crut qu'il serait plus avantageux d'en tirer de Hollande, où il avait appris qu'elle était à meilleur marché.

C'est pourquoi il remercia la reine de ce qu'elle lui conserver cette bonne volonté, et il fit entendre aux principaux officiers du Conseil, qui lui disaient qu'elle était plus chère en Hollande qu'en Suède, qu'ils étaient mal informés du prix de Hollande, et qu'il ne fallait pas qu'ils estimassent les choses sur le pied qu'elles avaient été achetées autrefois, mais sur le courant.

On lui ordonna ensuite d'acheter quelques canons de 25 livres de balle, mais la Couronne n'en avait point à vendre, et il fut obligé d'en prendre huit pièces du sieur de Geer, qu'il eut à bien meilleur marché qu'il n'aurait eu ceux de la Couronne. Il y en avait aussi huit pièces de pur cuivre de douze livres de balle entre les mains du fondeur de Kopparberg; mais son commissionnaire les tenait si chères qu'il résolut d'attendre que le maître fut de retour.

Voyant donc qu'il ne lui était pas possible de rencontrer tous les canons qu'il avait ordre d'acheter, il proposa comme de lui-même à la reine et aux grands officiers d'accommoder Leurs Majestés pour la campagne prochaine de quatre grands vaisseaux de guerre, moyennant des conditions raisonnables.

La proposition leur plut d'abord, parce qu'ils l'envisagèrent comme un moyen d'exercer la marine aux dépens du roi et de faire voir leurs armes en la Méditerranée; mais ils craignaient aussi de se dégarnir de leurs vaisseaux, car ils en avaient déjà vendu quatre à la France, outre plusieurs autres petits dont ils s'étaient défaits; et ils appréhendaient de plus qu'ayant affaire d'argent pour le couronnement, ils ne pussent pas fournir à la dépense de cet armement.

Toutefois, considérant que par cette voie ils pourraient obliger la France à une assistance pareille, ils se résolurent de faire un effort. Il n'y avait guère de difficulté, ni de péril en cette condition réciproque, et il n'était pas à croire que jamais la Suède demandât à la France l'usage de ses vaisseaux de guerre aussi chèrement qu'elle lui ferait payer le prêt des siens.

Ce qui les embarrassait était la crainte que les Hollandais ne prissent ombrage de cette paction particulière d'une assistance réciproque et ne la considérassent comme un traité formel qui les regardait, au cas qu'ils vinssent à se brouiller avec la Suède.

Parmi l'embarras que produisaient ces achats en Suède, on eut nouvelle que l'armée suédoise était engagée dans le pays ennemi et que celle de l'empereur était plus forte en nombre d'hommes, ce qui donna de l'appréhension à la reine; mais les lettres qu'elle en recevait toutes les semaines, qui lui apprenaient les petits progrès que ses troupes faisaient de temps en temps, la soulageaient un peu d'autre côté.

Le duc de Bavière la tenait toujours en cervelle, et quoique ce prince l'assurât qu'il ne se déporterait point de la neutralité, elle ne laissait pas d'être continuellement en crainte, parce qu'elle savait que s'il venait à prendre parti, il ferait pencher indubitablement la balance.

D'ailleurs, elle avait de l'inquiétude de ce qu'il ne restituait point les places qu'il tenait dans le Wurtemberg conformément au traité d'alliance, ce qui faisait dire aux Suédois que la France avait pour ce prince une condescendence honteuse qui l'empêcherait de se déterminer.

On appréhendait en France que la demande excessive que faisait la Suède pour la satisfaction de sa milice ne portât l'Allemagne dans le désespoir et que, lassée de la guerre et des étrangers, elle ne se réunît en un corps. C'est pourquoi on jugeait qu'une paix faite à propos, pourvu qu'elle se fit de concert, assurerait les conquêtes des Couronnes, qui avaient plus besoin que jamais d'être en intelligence, et que la paix d'Espagne devait précéder ou être conjointe à celle de l'empire; sur quoi le sieur Chanut, ayant voulu pressentir, quoiqu'avec toutes les précautions imaginables, les sentiments de la Suède, il faillit à donner de grands ombrages.

Dans le même temps, le général Wrangel donna avis à la reine de la rupture du duc de Bavière et lui envoya son manifeste, qui fut lu en plein Sénat. On y remarqua qu'il prétendait renoncer à la neutralité avec la Suède et la conserver avec la France, de qui il ne se plaignait point.

Cette nouvelle causa une grande émotion, et plusieurs soupçonnèrent que cette aliénation du duc de Bavière était le commencement d'une nouvelle ligue du parti catholique, pratiquée par les ambassadeurs de France, dans laquelle le roi et la reine avaient la meilleure part — ce qui donnait une grande terreur, et quelques-uns osèrent dire, au désavantage de la France, qu'elle et ses ministres amusaient Sa Majesté de compliments et de civilités, qu'elle écoutait avec trop de crédulité pendant que Leurs Majestés Très Chrétiennes tramaient sous main des intelligences pour ruiner les affaires de la Suède en Allemagne.

La reine, toutefois, ne put jamais se persuader cette infidélité de la France. Elle n'était pas néanmoins sans inquiétude lorsqu'elle pensait au déplaisir qu'elle recevrait si son amitié était méprisée en France, et que son Conseil lui put reprocher d'y avoir été trompée. Dans cet embarras d'esprit, elle dit au sieur Chanut que c'était une occasion où elle éprouverait si toutes les paroles d'estime et d'affection qu'il lui avait si souvent portées de la part de Leurs Majestés étaient des vérités ou des civilités malignes, qu'elle espérait de la générosité de la reine et de la prudence de son Conseil qu'on ne lui laisserait point à combattre seule les forces de l'empereur et du duc de Bavière, et que sans doute la France ne resterait pas en neutralité avec un prince si infidèle.

Qu'au contraire, elle romprait pour jamais avec lui, et que Dieu benirait les armes des deux Couronnes, pourvu qu'elles demeurassent bien unies pour se venger, mais que, s'il arrivait autrement, elle n'aurait jamais de confiance en la foi de qui que ce fût; et qu'enfin elle espérait que Leurs Majestés, par leur procédé, lui donneraient de quoi fermer la bouche à tous ceux qui n'avaient pas approuvé jusqu'ici son affection pour la France.

Pour la tirer de ces défiances, le sieur Chanut lui dit que ceux des siens qui avaient pris ombrage de la fidélité de la France par le manquement du duc de Bavière avaient témoigné en cela plus de crainte que de jugement, et que l'observation exacte de l'alliance pendant dix-sept années en des temps et des occasions plus difficiles était une assez bonne assurance pour l'avenir; que le paiement effectif du subside entier, duquel volontairement elle avait elle-même remis la moitié n'était pas une cajolerie.

Que le refus d'entrer sans l'agrément de la Suède en alliance avec le duc de Bavière, qui en avait sollicité Leurs Majestés, n'était point un compliment, mais une déférence d'amitié, et il l'assura avec tant de fermeté de la part de Leurs Majestés que nulle considération et nul avantage n'étaient capables de les faire consentir à blesser la foi de l'alliance, qu'elle perdit la plus grande partie de ses craintes.

Elle le pria de voir ensuite les grands officiers et les principaux du Sénat, afin de dissiper les mauvaises opinions qu'ils avaient, et les assurer qu'il n'y avait rien à craindre du côté de la France.

Voyant donc que tout était si suspect à cause de l'imagination de cette ligue catholique, il trouva à propos de ne point celer que la France avait été recherchée par les évêques de Wurtemberg et de Bamberg, de peur qu'étant su d'ailleurs, cela n'augmenta la défiance. Il leur dit aussi qu'on avait répondu sur leurs offres, qu'on n'y pouvait entendre qu'à condition qu'ils continueraient aux Suédois le paiement des contributions ordinaires, et il apprit ensuite que ces évêques recherchaient en même temps la reine de Suède d'accommodement.

Sur ces entrefaites on rendit à cette princesse une lettre, qui était venue sous une autre enveloppe que celle de son paquet. On l'ouvrit au Sénat, et on trouva qu'elle était du duc de Bavière et qu'elle contenait les mêmes raisons qu'il avait écrites au général Wrangel. Ce qu'il y avait de particulier était qu'il insistait extraordinairement sur l'excessive demande de la satisfaction de la milice de Suède comme le principal sujet de rompre et déclarait ouvertement qu'il observerait la neutralité avec la France, comme voulant insinuer qu'il en avait parole et assurance de la part de Leurs Majestés.

Il est vrai que le duc de Bavière avait été très maltraité et en sa personne et en celle de l'électeur de Cologne son frère, et la mauvaise conduite de la Suède était telle qu'on pouvait dire que ses ministres ne faisaient pas ce qu'ils pouvaient pour ménager la bonne volonté de ce prince. Mais en l'émotion des esprits, et au milieu des appréhensions qu'ils avaient conçues, il y avait du péril de proposer la moindre chose qui put faire croire que la France jugeât cette faute de l'électeur digne d'excuse.

Parmi l'embarras que causa cette nouvelle du changement du duc de Bavière, on apprit de France que le maréchal de Turenne avait ordre de repasser en Allemagne aussi tôt qu'il le pourrait faire. Si bien que cette bonne nouvelle, et la frasque du duc de Bavière, donna jour au sieur Chanut de prendre son temps et de demander fort civilement qu'on fît raison à la France de la perte que son armée avait faite, et dont il n'était pas raisonnable que celle du maréchal Königsmarck profitât; qu'entre ses alliés et les amis il fallait observer une justice équitable et ne point répondre qu'il ne tenait pas aux Suédois que les mutins ne retournassent parmi les troupes de France, mais considérer que deux-mille sept cents cavaliers étaient passés dans les armées de Suède; qu'ainsi il en fallait rendre un pareil nombre, et que cela ne préjudiciait point au bien des deux Couronnes, puisque Leur[s] Majestés les emploieraient contre l'ennemi commun en Allemagne.

Cependant un officier de la garnison de Wismar écrivit au sieur Chanut pour lui donner avis que c'était lui qui avait fait toutes les diligences pour découvrir les pratiques de ceux qui avaient entrepris sur la ville et qui avaient avoué qu'il y avait eu quelque intelligence contre le service du Roi; qu'il avait en main tous les papiers dont ils avaient été trouvez saisis, et que si on le voulait faire rembourser des frais honnêtes qu'il avait faits en cette affaire, il les remettrait à Weimar, entre les mains de qui il voudrait.

Le sieur Chanut lui fit réponse qu'il s'adressât pour cela au sieur de Meules à Hambourg, parce que c'était une affaire qui regardait les levées qu'on disait que ces gens devaient faire de l'argent de France et les mener au service d'Espagne, et qu'il ne voulait point traiter en secret avec un officier suédois qui semblait vouloir donner ces papiers au déçu du gouverneur du Wismar.

Il découvrit que c'était un pauvre officier qui se tenait au lit saute d'habits et qui, dans l'espérance de tirer quelque argent, lui avait découvert ces pratiques. La reine l'avait déjà averti des mêmes choses, mais cet homme lui nomma quelques-uns des auteurs et, entre autres, les nommés Müller, Kniphausen, et lui dit qu'on en saurait davantage d'un prisonnier qui était encore à Wismar.

Le sieur Chanut, en récompense de cet avis, lui donna quelques richedales et obtint ensuite de la reine une lettre au commendant de Wismar pour faire interroger ce prisonnier sur cette affaire. Il apprit aussi que ce Kniphausen était un bâtard de la maison dont il portait le nom.

L'émotion qu'avait causée la nouvelle du traité d'entre le duc de Bavière et la France s'appaisait un peu, mais la sérénité ne retourna point qu'on n'eût appris que Leurs Majestés Très Chrétiennes n'attendaient point observer le traité d'Ulm fait avec ce duc puisqu'il avait rompu avec leurs alliés. C'était quelque chose d'assez surprenant que la reine de Suède, qui avait toujours paru intrépide en toutes autres occasions et ferme sur la bonne foi de la France, tremblât à cette nouvelle, tandis que ses ministres, qui en avaient douté, soutenaient que cela ne pouvait pas être.

La raison qu'on en peut alléguer est qu'après avoir pris le parti de la France dans son Conseil en plusieurs rencontres, elle semblait être comme responsable de sa fidélité, laquelle venant à manquer, tout le reproche en fut tombé infailliblement sur elle. C'est ce qui tenait son esprit continuellement agité de crainte, mais le sieur Chanut lui rendit tout à fait le calme lorsqu'il l'assura que le maréchal de Turenne avait ordre de quitter le Luxembourg et qu'on travaillait à lui envoyer de nouvelles troupes pour le faire passer avec plus de force en Allemagne.

La joie qu'elle en eut lui fit dire que son retour ferait mentir quelques-uns des États de l'Empire, qui avaient assuré comme une vérité aux ambassadeurs de Suède à Osnabrück qu'ils avaient entendu à Münster de la bouche des ministres de France que le maréchal de Turenne ne repasserait plus en Allemagne, quoiqu'il arrivât.

Ceux qui discouraient sur l'action du duc de Bavière disaient qu'elle ne leur ôtait pas l'espérance de la paix, parce que ce prince, ayant intérêt de mourir en paix, il était à croire qu'il pensait encore à réduire l'empereur; mais on jugeait qu'il y serait trompé et qu'il ne serait pas l'arbitre des affaires, comme il se le promettait.

Car il passait pour constant en Suède que les princes de la Maison d'Autriche ne voulaient point de paix, ce que l'on avait reconnu par une lettre interceptée du roi d'Espagne au marquis de Castel Rodrigo, où il lui recommandait, entre autres choses, de n'épargner ceux des États qu'il avait gagnés, ainsi qu'il l'avait heureusement pratiqué du vivant du défunt prince.

Le chancelier Oxenstiern, raisonnant sur la rupture de Bavière, disait qu'il ne pénétrait pas bien encore si l'électeur avait eu dessein de tromper la France dès lorsqu'il était entré dans le traité d'Ulm, et si l'action de Jean de Werth était un jeu, ou une trahison; mais que, sur ce qui lui en paraissait, il ne croyait pas que le duc de Bavière se fût engagé en ce traité par un conseil secret avec l'empereur, ni aussi qu'il eût dessein de l'observer ponctuellement, mais pour reprendre haleine et se rendre redoutable aux deux partis, et que, s'il eut eu des quartiers d'assez grande étendue pour faire subsister son armée sans la ruiner, ni son pays, peut-être n'aurait il pas rompu si tôt la neutralité.

Qu'il n'avait pas voulu joindre ses forces à celles de l'empereur parce qu'il n'avait pas encore un chef auquel il eut confiance et que peut-être aussi ne voudrait-il pas que la Maison d'Autriche fût délivrée de la crainte des armes de Suède; qu'il était à croire que ces deux armées, si longtemps en présence l'une de l'autre, ne se sépareraient point sans combat, qui selon toutes les apparences serait furieusement opiniâtre. Il profiterait du succès, relevant le vaincu contre le victorieux.

On jugea aussi que l'empereur, qui faisait paraître tant de soumission pour cet électeur, n'en usait de la sorte que pour l'attirer dans son parti, à dessein de le tromper après et gagner temps, dans la suite duquel la Maison d'Autriche espérait prendre ses avantages et demeurer très unie, et, qu'au contraire, tous ses ennemis se lasseraient ou se diviseraient.

Les conjectures du chancelier étaient appuyées sur ce que l'électeur avait recherché la France d'un traité et requit son intercession pour conserver les places qu'il tenait dans le Wurtemberg et élargir ses quartiers; à quoi Leurs Majestés n'avaient point voulu entendre, jusqu'à ce qu'elles sussent, que cette négociation ne déplairait point à la Suède.

Mais il trouvait fort étrange que les plénipotentiaires de Suède eussent consenti à ce traité et disait qu'il avaient fait très imprudemment de se déclarer sur ce sujet sans consulter la reine, puisqu'il était à juger que l'ambassadeur de France ne leur avait fait point cette ouverture sans ordre de son maître.

Après toutes ces pensées, ayant donné audience au sieur Chanut, il lui dit que, la France ce demeurant dans les termes de son alliance, elle ne pouvait traiter avec le duc de Bavière sans le consentement de la Suède; que le traité d'Ulm n'était point une neutralité, mais simplement une suspension d'armes; et il lui demanda si la France aurait trouvé bon que la Suède eût fait alliance avec l'empereur dans le temps d'une trêve telle que les médiateurs l'avaient naguère proposée.

A quoi le sieur Chanut se contenta de dire pour réponse qu'il y avait bien de la différence et que l'empereur était le principal ennemi des deux Couronnes, contre lequel étaient dressées toutes les alliances.

Cette audience se conclut par l'instance que ledit sieur Chanut lui fit du remplacement des cavaliers qui étaient passés de l'armée du maréchal de Turenne en celle de Königsmarck, à quoi il répondit que deux mille reîtres ne causeraient aucun différend entre Leurs Majestés et la reine de Suède, sa maîtresse, quand il y aurait occasion de leur donner cette satisfaction; et qu'il lui demanderait volontiers à ce propos quelle récompense la France avait donnée à la Suède quand les troupes weimariennes étaient passées à son service.

«Êtes-vous bien assuré», lui répliqua le sieur Chanut, «que ces troupes fussent au service et à la dévotion de la Suède entre les mains du duc Bernard de Weimar?»

Mais le chancelier ne répondit que par un souris.

Swedish translation (by anonymous translator):

I början af Oktober 1647, uppsnappades någre bref ifrån Hertigen af Bayern till Hertigen af Wirtemberg och Kurförsten af Cöln, hvaraf syntes att denna Prins var aflägsnad från försoning med Kejsaren och endast väntade utgången för att taga sitt parti. Dessa bref ingåfvo Svenskarna fruktan, att han antingen skulle förena sig med fienderna, om någon olycka drabbade Svenska vapnen, eller blifva neutral och sedan förena sig med Frankrike: ty Sverige ansåg sin fördel att alltid råda öfver Frankrike i Tysklands angelägenheter och sökte bevara denna öfverlägsenhet så länge Frankrike, enligt sin gamla sats, gynnade Protestanterna; Ty Sverige var, genom sina Länders läge, närmare granne, genom Religionens gemensamhet mer af tillgifvenhet förenadt med dem; det var derföre ej sannolikt att de skulle fästa sig häldre vid Frankrike än vid Svenskarna. Men om det hände att Katholikerna förenade sig och sökte Franska kronans beskydd så skulle ett mäktigt förbund uppkomma deruti Svenskarna ägde föga anseende.

Frankrike sökte att sätta en stor Flotta i sjön och skickade derföre till Herr Chanut en uppsats på master, bräder och tjära, som skulle uppköpas samt ordres att frakta eller köpa tvenne skepp att föra allt detta till Toulon. Denna befallning kom för sent, ty skepp funnos då hvarken i Stockholm eller Götheborg som kunde företaga denna resa; master kunde ej få köpas [h]varken der eller i Riga; de ditfördes endast om vintern då snön jemnat vägarna och Holländarna togo bort allt om våren. Herr Chanut skref då till Frankrike att man kunde frakta skepp i Amsterdam för bättre pris och att de derifrån förr skulle hinna fram till Frankrike i början af Mars månad, än ifrån Sverige efter islossningen; master voro i Amsterdam der få skepp bygdes för bättre pris än i Riga eller Götheborg.

Man skref till honom äfven ifrån Frankrike, att han skulle köpa 200 centner krut a 15 R:dr centnern: men då ägaren till krutqvarnen var död och Magazinerna toma, måste han anhålla hos Drottningen och Fältherren att få köpa det af kronan. Förslaget behagade Rådet, som fann godt att Frankrike köpte krut i Sverige och utsåg en Kommissarie att uppgöra priset, men man kunde ej öfverenskomma derom emedan han hade befallning att ej gå längre än till 15 R:dr och Drottningen sade sig ej kunna aflåta något under 16 R:dr; han trodde derföre fördelaktigare att der var bättre köp; han tackade Drottningen för det hon ville lämna, bad henne fortfara med sin goda vilja, lät Rådet förstå att de voro illa underrättade, som sade att priset i Holland var dyrare än i Sverige, och att sakerna ej borde värderas efter deras fordna, men nuvarande pris.

Han fick äfven befallning att köpa några 14-pundiga kanoner, men kronan hade inga att aflåta och han köpte 8 stycken af Herr de Geer för bättre köp. Han bekom äfven 8 stycken 12-pundige af ren koppar (af gjutaren vid Kopparberget;) men dess Kommissionär höllt dem så dyra, att han måste vänta gjutarens återkomst. Då han såg det var omöjligt att köpa alla kanoner här, föreslog han, såsom af sig sjelf, Drottningen och dess förnämsta Officerare att biträda Deras Majestäter med 4 stora krigsskepp vid nästa fälttåg emot hederliga villkor. Förslaget behagade dem i början, såsom ett medel att öfva sjömakten på Konungens bekostnad, och låta deras vapen visa sig i medelhafvet, men de fruktade att borttaga flere skepp då 4 redan voro sålde åt Frankrike utan flere andra smärre, som de gjort sig af med. De fruktade äfven att då krönings-omkostningarna skulle bestridas, kunde de ej företaga denna utrustning. Då de likvist betänkte att de härigenom kunde förmå Frankrike till ett dylikt bistånd, beslöto de bemöda sig derom; hvarken fara eller svårigheter uppkommo genom detta ömsesidiga villkor. Man kunde ej heller tro att Sverige skulle begära af Frankrike krigsskepp, för så stor betalning som det tog för lånet af sina egna. Det som de mest fruktade var att Holländarna kunde misstänka detta särskilta fördrag om ömsesidigt bistånd och anse det såsom en verklig Traktat riktad emot dem, i fall de stötte sig med Sverige.

Under villrådigheten, som denna handel förorsakade i Sverige, ankom underrättelse att Svenska arméen inträngt uti fiendens land och att Kejsaren var manstarkare, hvilket ingaf Drottningen fruktan, men de bref hon bekom alla veckor om de små framsteg hennes troppar tidtals gjorde, tröstade henne. Hertigen af Bayern oroade henne alltid; ehuru denna Prins försäkrade att han ej skulle öfverskrida neutraliteten upphörde icke denna rädsla ty hon visste likväl att om hon tog något parti, bestämdes jemnvikten. Hon oroade sig äfven deröfver att han, enligt Traktaten, ej återställde de orter hon innehade i Wittemberg (Wirtemberg). Svenskarna sade derföre att Frankrike hade en skamlig eftergifvenhet för denna Furste, hvilken hindrade honom att taga ett beslut.

Man trodde i Frankrike, att Sveriges omåttliga påstående om satisfaktion för sin Milis bringade Tyskland i förtviflan, som, tröttadt af krig och främlingars förtryck, skulle förena sig i massa. Man ansåg derföre att en fred, sluten i tjenlig tid och gemensamt skulle begära de begge kronornas eröfringar samt att de nu mer än förr borde vara i öfverensstämmelse; Freden med Spanien borde ske förut eller i sammanhang med Tyska Rikets. Då Herr Chanut ville undersöka detta, oagtadt all möjlig försigtighet, var han nära att uppväcka misstankä [sic].

General Wrangel underrättade på samma tid Drottningen om Hertigens af Bayern brytning och sände dess Manifest, som blef uppläst inför hela Rådet. Man anmärkte deruti att han påstod sig öfvergifva neutraliteten med Sverige och bibehålla den med Frankrike, öfver hvilket han ej beklagade sig. Denna nyhet förorsakade en stor rörelse och flere misstänkte att Hertigens söndring var början till en ny liga af Katholikerna, uppgjord af Franska Ambassadörerne, uti hvilken Konungen och Drottningen hade största del; detta ingaf stor förskräckelse och några vågade säga till Frankrikes skada att det och dess Ministrar roade Hennes Majestät med artigheter; hvilka hon afhörde med nog stor lättrohet under det att Deras Allra-Christeligaste Majestäter uppgjorde ränkor att förstöra Svenska sakerne i Tyskland: Drottningen kunde aldrig öfvertyga sig om denna Frankrikes trolöshet och var likväl ej utan oro, då hon tänkte på den sorg hon skulle erfara om dess vänskap var föragtad i Frankrike; samt att dess Råd kunde förebrå henne att derigenom vara bedragen. Under denna villrådighet sade hon Herr Chanut, att denna händelse skulle bevisa, om alla uttryck af aktning och tillgifvenhet han så ofta nyttjat på Deras Majestäters vägnar voro verkliga eller illvilliga artigheter: hon hoppades af Drottningens och dess Råds försigtighet, att man ej skulle lemna henne ensam stridande emot Kejsaren och Hertigen af Bayern; Frankrike skulle utan tvifvel icke förblifva neutralt med en så trolös Prins. Hon skulle deremot för alltid bryta med honom och Gud välsigna de begge kronornas vapen, allenast de blefvo förenade för att hämnas; men om det skedde annorlunda, skulle hon ej hysa förtroende till hvem som helst, och hoppades sluteligen att Deras Majestäters uppförande skulle tillsluta munnen på alla dem, som aldrig gillat Hennes tillgifvenhet för Frankrike. För att betaga henne detta misstroende sade Herr Chanut, att de af hennes egna, som misstänkt Frankrikes trohet i anseende till Hertigens brytning, visat mer fruktan, än omdömeskraft; att ett troget iagtagande af Förbundet uti 17 år vid svårare tider och tillfällen vore en god säkerhet för det tillkommande; att verkliga betalningen af hela Subsidie-summan, hvaraf hon godvilligt afstått hälften, ej var ett smek; vägran att förbinda sig utan Sveriges samtycke med Hertigen, som derom anhållit hos Deras Majestäter, var ej en artighet, men ett vänskapsprof; han försäkrade så kraftigt på Deras Majestäters vägnar, att ingen betänklighet eller fördel kunde förmå dem att förnärma förbundet, så att hon förlorade största delen af sin fruktan. Hon bad honom sluteligen besöka hennes Ministrar och förnämsta Rådsherrar för att förskingra deras elaka tänkesätt samt försäkra, att de intet hade något att frukta på Frankrikes sida. Då han såg att allt var så misstänkt i anseende till denna inbillade Katholska liga, fann han tjenligt att icke dölja, det Fran[k]rikes förbund blifvit sökt af Biskopparna af Wirtenberg och Bamberg af fruktan att om det sedermera blef kunnigt, skulle det öka misstroendet, att de ej kunde gå in derpå så framt de icke betalte Svenskarna de vanliga pålagorna. Han hörde sedan, att dessa Biskoppar sökte på samma tid förlikning med Drottningen af Sverige.

Emedlertid öfverlemnades denna Prinsessa ett bref, ankommit under ett annat omslag; det öppnades i Rådet och befanns vara från Hertigen af Bayern, innehållande samma skäl, som han skrifvit till General Wrangel; han föregaf egenteligen Svenska milisens öfverdrifna satisfaktion såsom orsak till sin söndring och förklarade uppenbart, att han skulle iakttaga neutraliteten med Frankrike, liksom tilkännagifvande, att han hade Deras Majestäters försäkran och löfte.

Det är sannt att Hertigen blifvit illa behandlad så väl i anseende till dess person som dess brors, Kurförstens af Cöln, och Sveriges elaka upförande var sådant, att man kunde säga, att dess Ministrar gjorde intet som kunde skaffa dem denna Furstes välvilja. Men under sinnenas gäsning och fruktan var det farligt föreslå det minsta, som kunde ingifva tankan att Frankrike ansåg detta Kurförstens fel värdigt ursäkt.

Under villervallan i anseende till underrättelsen om Hertigens af Bayern förändring, hördes från Frankrike, att Marskalken Turenne blifvit befalld återgå till Tyskland så fort som möjligt. Denna goda nyhet och den om Bayerns brytning gaf Herr Chanut anledning att begagna tiden och ganska höfligt begära, att man ersatte Frankrike den förlust dess armé lidit, emedan det ej var lämpligt att Fältmarskalken Königsmark drog nytta deraf; Emellan vänner och bundsförvanter måste rättvisan noga iakttagas, och man borde ej svara att det icke berodde af Svenskarna om de upproriske återvände till Franska tropparna, men betänka att 2700 Ryttare öfvergått till Svenska arméen; ett lika antal borde tillbakasändas och detta skulle ej skada de begge kronornes bästa, då Deras Majestäter skulle nyttja dessa troppar emot den gemensamma fienden i Tyskland.

En Officer vid Garnisonen i Wismar underrättade emedlertid Herr Chanut att det var han som funnit utvägar att upptäcka stämplingarna emot staden och Konungens tjenst, att man bekänt, att alla papper voro tagne och i hans händer; om man ville ersätta hederligt mödan, skulle han lämna dem i Weimar åt den man ville. Herr Chanut svarade honom, att han skulle vända sig till Herr de Mueles i Hamburg, emedan saken rörde värfning för Franska penningar af soldater, som man ärnade föra till Spaniens tjenst samt att han ej i hemlighet ville underhandla med en Svensk Officer, som syntes vilja bedraga Guvernören i Wismar. Han upptäckte sedan att det var en Officer så fattig att han höll sig i sängen af brist på kläder, hvilken meddelat honom dessa ränker i hopp att få penningar. Drottningen hade redan underrättat honom om samma sak, men denna man hade nämnt för henne några af upphofsmännen och ibland andra en Mueller och en Kniphausen samt sagt att man skulle få veta mer af en fånge i Wismar. Herr Chanut gaf honom till belöning några Riksdaler och erhöll ett bref ifrån Drottningen till Kommendanten med befallning att förhöra fången. Han hörde äfven att Kniphausen var en oäkta medlem af denna slägt.

Den oro, som nyheten om Traktaten emellan Hertigen af Bayern och Frankrike förorsakat stillades något, men lugnet återvände ej förr än man hört, att Deras Allra Christeligaste Majestäter icke ärnade iakttaga Traktaten i Ulm med denna Hertig, emedan han brutit med deras bundsförvanter. Det var underligt att Drottningen af Sverige, som syntes orädd vid alla andra tillfällen och trygg vid Frankrikes trofasthet, darrade vid denna nyhet då hennes Ministrar hvilka alltid tviflat, påstodo att det nu icke kunde så vara. Som orsak härtill kan anföras att då hon i Rådet vid flere tillfällen tagit Frankrikes parti, syntes hon ansvarig för dess trohet; om den felat, hade förebråelsen drabbat henne. Detta höll henne i beständig fruktan; men Herr Chanut återgaf henne helt och hållet lugnet då han försäkrade att Marskalken Turenne blifvit befalld att lemna Luxemburg och att man arbetade på att sända honom större styrka för att inrycka i Tyskland. Den glädje hon erfor deraf tillät henne säga, att hans återkomst skulle göra några af Riks Ständerna till ljugare då de försäkrade de Svenska Ambassadörerna i Osnabrüg, att Franska Ministrarne sagt i Münster, det Marskalken Turenne ej skulle återgå in i Tyskland fast han ankom till gränsen.

Man sade om Hertigens af Bayern handling, att den ej borttog hoppet om fred då hans fördel var att dö i fred. Det var troligt att han dertill ärnade förmå Kejsaren, men man trodde att han skulle bli bedragen och ej med sitt godtycke afgöra sakerna såsom han lofvat sig: ty det ansågs i Sverige för säkert att Prinsarna af Österrikiska Huset ej ville ha fred, hvarom man blifvit underrättad af ett uppfångadt bref från Konungen i Spanien till Marquisen af Castel Rodrigo, hvaruti han anbefalltes att ej spara löften, penningar och annat för att behålla dem af Riks-Ständerna han redan vunnit, hvilket konstgrepp han lyckligt användt i den afledne konungens tid.

Riks-Kansleren Oxenstjerna sade om Bayerns brytning, att han ej ännu visste om Kurförstens afsigt var att bedraga Frankrike då han ingått i Traktaten i Ulm och om Johan de Werts gerning var en lek eller ett förräderi; han trodde ej att Hertigen af Bayern ingått i denna Traktat på ett hemligt råd af Kejsaren, eller att hans afsigt var att troget iakttaga den, men endast hämta andan och göra sig fruktansvärd för begge partierne; om han ägt nog vidsträckte qvarter att underhålla sin armé utan att hvarken förstöra den eller sitt land, skulle han kanhända ej så snart brutit neutraliteten; han ville icke förena sin styrka med Kejsarens, ty han hade ej ännu en Chef, till hvilken han kunde hysa förtroende, och kanhända ville han ej heller, att Österrikiska Huset skulle befrias från fruktan för Svenska vapnen; det var troligt, att de begge arméerna, som så länge stått i hvarandras åsyn icke skulle åtskiljas utan en strid, hvilken, enligt all sannolikhet, skulle bli högst hård och att han då skulle draga nytta af framgången, understödjande den öfvervundne emot den Segrande.

Man trodde äfven, att Kejsaren visade så stor undergifvenhet för denna Kurförste endast för att locka honom på sin sida, under hvilken Österrikiska Huset hoppades taga sina fördelar i akt och blifva enigt, men deremot trötta eller söndra sina fiender; Riks-Kanslerens gissningar stödde sig på Kurförstens sträfvande efter en Traktat med Frankrike och dess bemedling för att behålla de orter han innehade i Würtemberg samt utvidga sina qvarter; Deras Majestäter ville ej höra detta tills de visste, om denna underhandling intet skulle mishaga Sverige, men funno besynnerligt att de Svenska Fullmäktige samtyckte till denna Traktat och sade att de oförsigtigt förklarat sig utan att rådfråga Drottningen då det var att förmoda, att Franska Ambassadörerna icke föreslagit denna utväg utan sin Herres befallning.

Efter alla dessa betänkligheter gaf han Herr Chanut företräde och yttrade; att om Frankrike höll sig inom Traktatens gränsor, kunde det intet underhandla med Hertigen af Bayern utan Sveriges samtycke; att Traktaten i Ulm ej var en neutralitets-Traktat men endast en vapenhvila; han frågade, om Frankrike skulle funnit godt att Sverige afslutat förbund med Kejsaren under ett stillestånd sådant medlarna nyligen föreslagit. Herr Chanut åtnöjde sig att svara, att förhållandet var olika, då Kejsaren var de begge Kronornes förnämsta fiende, emot hvilken alla förbund voro rigtade. Detta företräde slutades med påstående af Herr Chanut, att de ryttare skulle ersättas, som gått ifrån Marskalken Turennes till Königsmarks armé: Han svarade att dessa 2000 Ryttare ej skulle uppväcka någon stridighet emellan Deras Majestäter och hans Drottning, då det var tillfälle att gifva upprättelse och att han vid detta samtal gerna frågade hvad ersättning Frankrike gifvit Sverige när Weimarska tropparna gått i dess tjenst. »Är ni nog säker«, svarade Herr Chanut, »att dessa troppar voro i Sveriges tjenst och under dess befäl i Hertig Bernhards af Weimar händer?« Men Riks-Kansleren svarade blott med ett småleende.

English translation (my own):

At the beginning of October 1647, some letters from the Duke of Bavaria were intercepted, which he was writing to the Duke of Württemberg and to the Elector of Cologne, from which he saw that this prince was not out of the terms of reconciliation with the Emperor and that he was waiting for the outcome of affairs to take sides.

These letters gave the Swedes two fears: one, that he would join the enemy if some disgrace befell the Swedish army; the other, that, remaining neutral, he would then ally himself with France, because Sweden placed its interest in this point of always having the upper hand over France in German affairs and claimed to retain this advantage as long as France, following its ancient maxims, favoured the Protestant party; because Sweden being, both by the situation of the states, closer and by the community of religion more united in affection, it was not likely that they would ever attach themselves as much to France as to the Swedes; but if it happened that the Catholics, uniting, sought the protection of the Crown of France, it was apparent that a very powerful body would be formed in which the Swedes would have little credit.

And, as France was planning to put a powerful fleet at sea, it thought of assembling all the things necessary for this enterprise. A memorandum was sent to Sweden to Monsieur Chanut to make a purchase of masts, planks and tar, with orders to freight two flutes to carry them to Toulon, and even to buy them if he found that the arrangement was better than taking them freighted.

But this order arrived to him too late, for there were no flutes at that time in Stockholm or Gothenburg that could undertake this voyage; and he learned that they would never arrive in Riga in time to find freight ships, because they all withdrew before the ice for fear of being surprised by it, and that when they found them, they would not be ships that would want to pass the strait, nor expose themselves to the peril of the corsairs of Algiers and Tunis, having neither cannons, nor weapons, nor men of resolution.

Furthermore, that there would be no masts in Riga, nor in Gothenburg, because they were only brought there in winter, when the snows had smoothed the roads, and the Dutch had removed everything that was there in the spring. Monsieur Chanut, having learned all these things, wrote to France that he was of the opinion that freight ships should be taken from Amsterdam, that they would be obtained at a better price, and that they would be in France instead, leaving Amsterdam at the beginning of March, than those that would leave the ports of Sweden after the ice, together with the fact that so much masting had been brought to Amsterdam; and that so few ships had been built there that the masts were cheaper there than in Riga or Gothenburg — which was not astonishing, because in merchandise there are certain ebbs that sometimes lower them below their price.

He was also told from France that he would buy two hundred thousand pounds of powder if he could get it at fifteen riksdalers per hundred; but, having found that the master of the mills where it was being seized was dead, and that the stores were empty, he was obliged to speak to the Queen of Sweden and the Constable to get some from the Crown. The proposal was acceptable to the Council of Sweden, and they found it good that France should take the route of stocking up on powder in Sweden.

A commissioner was sent to discuss the price with him; but, having been unable to agree, because he had his precise orders at fifteen riksdalers and the Queen told him that she could not give it for less than sixteen, he believed that it would be more advantageous to get some from Holland, where he had learned that it was cheaper.

This is why he thanked the Queen for maintaining this good will towards him, and he made it understood to the principal officers of the Council, who told him that it was more expensive in Holland than in Sweden, that they were poorly informed about the price in Holland, and that they should not value things on the basis at which they had been bought in the past, but on the current rate.

He was then ordered to buy some 25-pound cannons, but the Crown had none to sell, and he was obliged to take eight pieces from Lord de Geer, which he got much cheaper than he would have got those from the Crown. There were also eight pure copper pieces of twelve-pound cannons in the hands of the Kopparberg founder; but his commissioner held them so dear that he resolved to wait until the master returned.

Seeing, therefore, that it was not possible for him to find all the cannons which he had orders to buy, he proposed as if of his own accord to the Queen and the great officers to accommodate Their Majesties for the next campaign with four large warships, on reasonable terms.

The proposition pleased them at first, because they saw it as a means of exercising the navy at the King's expense and of showing their arms in the Mediterranean; but they also feared losing their ships, for they had already sold four to France, in addition to several other small ones which they had got rid of; and they apprehended further that, having money for the coronation, they would not be able to provide for the expense of this armament.

However, considering that by this means they could oblige France to similar assistance, they resolved to make an effort. There was hardly any difficulty or danger in this reciprocal condition, and it was not to be believed that Sweden would ever ask France for the use of its warships as dearly as it would make it pay for the loan of its own.

What weighed on them was the fear that the Dutch might take offense at this particular paction of reciprocal assistance and consider it as a formal treaty which concerned them, in case they came to quarrel with Sweden.

Amidst the embarrassment caused by these purchases in Sweden, news came that the Swedish army was engaged in enemy territory and that the Emperor's was stronger in number of men, which gave the Queen some apprehension; but the letters she received from them every week, which informed her of the small progresses her troops were making from time to time, relieved her a little in other respects.

The Duke of Bavaria still held her mind, and although this prince assured her that he would not deviate from the neutrality, she was still continually in fear, because she knew that if he were to take sides, he would undoubtedly tip the scales.

Moreover, she had the worry that he was not returning the places he held in Württemberg in accordance with the treaty of alliance, which led the Swedes to say that France had a shameful condescension toward this prince that would prevent him from making a decision.

In France, one apprehended that the excessive demand made by Sweden for the satisfaction of its militia would bring Germany to despair and that, tired of war and foreigners, it would unite into one body. This is why it was judged that a peace made at the right time, provided that it was made in concert, would ensure the conquests of the Crowns, which needed more than ever to be in agreement, and that the peace of Spain should precede or be joined to that of the Empire; on which Monsieur Chanut, having wanted to foresee, although with all imaginable precautions, the feelings of Sweden, failed to give great umbrage.

At the same time, General Wrangel informed the Queen of the Duke of Bavaria's rupture and sent her his manifesto, which was read in full Senate. It was noted that he intended to renounce neutrality with Sweden and maintain it with France, about which he made no complaint.

This news caused great excitement, and many suspected that this alienation of the Duke of Bavaria was the beginning of a new league within the Catholic party, practiced by the French ambassadors, in which the King and Queen had the better part — which caused great terror, and some dared to say, to the disadvantage of France, that it and its ministers were amusing Her Majesty with compliments and civilities, that she was listening with too much credulity while Their Most Christian Majesties were underhandedly hatching intelligences to ruin Sweden's affairs in Germany.

The Queen, however, could never be persuaded of this infidelity on the part of France. She was nevertheless not without worry when she thought of the displeasure she would receive if her friendship were scorned in France, and if her Council could reproach her for having been deceived there. In this embarrassment of mind, she told Monsieur Chanut that this was an occasion on which she would test whether all the words of esteem and affection he had so often expressed to her on behalf of Their Majesties were truths or malicious civilities, and that she hoped from the generosity of the Queen and the prudence of her Council that she would not be left to fight alone against the forces of the Emperor and the Duke of Bavaria, and that France would undoubtedly not remain neutral with such an unfaithful prince.

That on the contrary, she would break with him forever, and that God would bless the arms of the two Crowns, provided that they remained united to avenge themselves, but that, if it happened otherwise, she would never have confidence in anyone's faith; and that, finally, she hoped that Their Majesties, by their procedure, would give her the means to shut the mouths of all those who had not approved until now of her affection for France.

To free her from these suspicions, Monsieur Chanut told her that those of her people who had taken offense at France's fidelity due to the Duke of Bavaria's failure had testified more fear than judgement, and that the strict observance of the alliance for seventeen years in more difficult times and occasions was a fairly good assurance for the future; that the actual payment of the full subsidy, of which she herself had voluntarily remitted half, was not a cajoling gesture.

That the refusal to enter into an alliance with the Duke of Bavaria without Sweden's agreement, which had been requested by Their Majesties, was not a compliment, but a deference of friendship, and he assured her with such firmness on the part of Their Majesties that no consideration and no advantage was capable of making them consent to harm the faith of the alliance, that she lost most of her fears.

She then asked him to see the greant officials and the principals of the Senate, in order to dispel the negative opinions they had, and to assure them that there was nothing to fear from France's side.

Seeing then that everything was so suspect because of the imagination of this Catholic league, he thought it appropriate not to conceal the fact that France had been sought out by the bishops of Württemberg and Bamberg, for fear that, if it became known elsewhere, it would increase distrust. He also told them that their offers had been responded to, and that they could only be accepted on condition that they continued to pay the Swedes' ordinary contributions, and he later learned that these bishops were also seeking accommodation with the Queen of Sweden.

In the meantime, a letter was returned to this princess, which had come in a different envelope than that of its parcel. It was opened in the Senate, and found to be from the Duke of Bavaria and to contain the same reasons that he had written to General Wrangel. What was peculiar was that he insisted extraordinarily on the excessive demand for the satisfaction of the Swedish militia as the principal reason for breaking off, and openly declared that he would observe neutrality with France, as if wanting to insinuate that he had word and assurance of this from Their Majesties.

It is true that the Duke of Bavaria had been very mistreated both in his person and in that of the Elector of Cologne, his brother, and the bad conduct of Sweden was such that one could say that its ministers were not doing what they could to protect the good will of this prince. But in the emotion of the minds, and in the midst of the apprehensions that they had conceived, there was danger in proposing the least thing that could make one believe that France judged this fault of the Elector worthy of excuse.

Amidst the embarrassment caused by this news of the Duke of Bavaria's change, it was learned from France that Maréchal de Turenne had orders to return to Germany as soon as he could. Both this good news, as well as the Duke of Bavaria's escapade, gave Monsieur Chanut the opportunity to take his time and very civilly request that France be compensated for the loss its army had suffered, and from which it was not reasonable that Marshal Königsmarck's army should profit; that between his allies and friends it was necessary to observe equitable justice and not to respond that it was not up to the Swedes that the mutineers should not return among the troops of France, but to consider that 2,700 cavaliers had passed into the armies of Sweden; that thus it was necessary to return a similar number, and that this did not prejudice the good of the two Crowns, as Their Majesties would employ them against the common enemy in Germany.

In the meantime, an officer of the Wismar garrison wrote to Monsieur Chanut to inform him that it was he who had made every effort to uncover the practices of those who had attacked the city and who had admitted that there had been some intelligence against the King's service; that he had in his possession all the papers from which they had been found seized, and that if he were to be reimbursed for the honest expenses he had incurred in this matter, he would hand them over to Weimar, into the hands of whomever he wished.

Monsieur Chanut replied that he should address himself to Monsieur de Meules in Hamburg for this, because it was a matter concerning the levies that it was said these people were to raise from the money in France and take them into the service of Spain, and that he did not want to deal in secret with a Swedish officer who seemed to want to give these papers to the disappointed governor of Wismar.

He discovered that it was a poor officer who lay in bed without clothes on and who, hoping to make some money, had revealed these practices to him. The Queen had already warned him of the same things, but this man named some of the authors, including Müller and Kniphausen, and told him that more would be learned from a prisoner who was still in Wismar.

Monsieur Chanut, as a reward for this information, gave him some riksdalers and then obtained a letter from the Queen to the commandant of Wismar to have this prisoner questioned about this affair. He also learned that this Kniphausen was a bastard of the house whose name he bore.

The emotion caused by the news of the treaty between the Duke of Bavaria and France subsided a little, but serenity did not return until it was learned that Their Most Christian Majesties did not expect to observe the Treaty of Ulm made with this Duke, since he had broken with their allies. It was something rather surprising that the Queen of Sweden, who had always appeared intrepid on all other occasions and firm in the good faith of France, trembled at this news, while her ministers, who had doubted it, maintained that it could not be.

The reason that can be alleged is that, having sided with France in her Council at several meetings, she seemed to be responsible for its fidelity, which, if it were lacking, would inevitably be the sole blame. This was what kept her mind continually agitated with fear, but Monsieur Chanut completely calmed her when he assured her that the Maréchal de Turenne had orders to leave Luxembourg and that they were working to send new troops to force him into Germany with greater force.

Her joy at this led her to say that his return would give the lie to some of the Estates of the Empire, who had assured the Swedish ambassadors in Osnabrück as if it were true that they had heard from the French ministers in Münster that the Maréchal de Turenne would not return to Germany, whatever happened.

Those who discoursed of the Duke of Bavaria's action said that it did not deprive them of hope for peace, because this prince, having an interest in dying in peace, was believed to still be thinking of reducing the Emperor; but it was judged that he would be deceived and that he would not be the arbiter of affairs, as he had promised himself.

For it was considered common knowledge in Sweden that the princes of the House of Austria did not want peace, a fact that had been recognised by an intercepted letter from the King of Spain to the Marquis of Castelo Rodrigo, in which he recommended, among other things, that he spare no one in the States he had conquered, as he had happily done during the lifetime of the deceased prince.

Chancellor Oxenstierna, discussing the Bavarian rupture, said that he still did not fully understand whether the Elector had intended to deceive France from the moment he entered into the Treaty of Ulm, and whether Johann von Werth's action was a game or treason; but that, from what appeared to him, he did not believe that the Duke of Bavaria had committed himself to this treaty by secret council with the Emperor, nor that he intended to observe it punctually, but to regain his breath and make himself formidable to both parties, and that, if he had had quarters large enough to support his army without ruining it or his country, perhaps he would not have broken neutrality so soon.

That he had not wanted to join his forces with those of the Emperor because he did not yet have a leader in whom he had confidence and that perhaps also he would not want the House of Austria to be delivered from the fear of the arms of Sweden; that it was to be believed that these two armies, so long in presence of each other, would not separate without a fight, which according to all appearances would be furiously stubborn. He would profit from the success, raising the vanquished against the victorious.

It was also judged that the Emperor, who appeared so submissive to this Elector, was only acting in this way to draw him to his side, with the intention of deceiving him later and gaining time, in the wake of which the House of Austria hoped to take advantage of its advantages and remain united, and that, on the contrary, all its enemies would tire or divide.

The Chancellor's conjectures were based on the fact that the Elector had sought a treaty with France and requested its intercession to preserve the positions he held in Württemberg and expand his quarters; to which Their Majesties had refused to listen, until they learned that this negotiation would not displease Sweden.

But he found it very strange that the Swedish plenipotentiaries had consented to this treaty and said that they had acted very imprudently in declaring themselves on this subject without consulting the Queen, since it was to be judged that the French ambassador had not made this overture to them without orders from his master.

After all these thoughts, having granted an audience to Monsieur Chanut, he told him that, as France remained within the terms of its alliance, it could not negotiate with the Duke of Bavaria without the consent of Sweden; that the Treaty of Ulm was not a neutrality, but simply a suspension of arms; and he asked him if France would have thought it proper if Sweden had made an alliance with the Emperor during a truce such as the mediators had recently proposed.

To which Monsieur Chanut merely replied that there was indeed a difference and that the Emperor was the principal enemy of both Crowns, against whom all alliances were directed.

This audience concluded with the request made by the said Monsieur Chanut regarding the replacement of the cavalrymen who had transferred from Maréchal de Turenne's army to that of Königsmarck, to which he replied that two thousand reiters would cause no dispute between Their Majesties and the Queen of Sweden, his mistress, when there was an opportunity to grant them this satisfaction; and that he would gladly ask him in this regard what reward France had given Sweden when the Weimar troops had transferred to its service.

"Are you well assured", Monsieur Chanut replied, "that these troops were in the service and devotion of Sweden in the hands of Duke Bernhard of Weimar?"

But the Chancellor only replied with a smile.

Note: A flute, or fluyt, was a 16th and 17th century Dutch cargo ship, without artillery and equipped with three masts with square sails.

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