Source:
Lettre de Rome, sur la reconciliation de la Reyne de Suede avec la France, et sur l'état present des affaires, à Rome du 7. Fevrier 1688, author unknown, 1688; original at the Royal Library of the Netherlands (Het Koninklijke Bibliotheek)
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The letter:
LETTRE de ROME,
Sur la reconciliation de la
REYNE DE SUEDE
AVEC
LA FRANCE,
Et sur l'état present des affaires.
A Rome du 7. Fevrier 1688.
MONSIEUR,
ON ne parle en cette Cour que de la reconciliation de la Reine avec le Roi de France, qui a été autant glorieuse pour leurs Majestez que fatale à leurs ennemis, qui par leurs mensonges & par leurs artifices ont fait tous leurs efforts pour l'empécher, mais inutilement. Le Roy de France a fait voir par une action si digne de lui, combien il desaprouvoit la conduite des Ministres, qui l'avoient engagé à des ruptures avec la Reyne; & l'a fait voir d'une maniere si heroïque & si galante, que cette grande Princesse, qui ne cede ni en fierté ni en honnesteté à personne a répondu a celle de ce Prince par des manieres si obligeantes & si genereuses, que l'Ambassadeur & toute la Nation en ont esté charmez. Tout Rome, où la Reyne est adorée, à la reserve des Conjurez, en a eu une joye, qui ne se peut exprimer. Le Pape même en a voulu témoigner la sienne; mais on ne répondroit pas qu'elle ait esté sincere. Il est toûjours vrai, que sans y penser, & par les manieres peu honnestes, dont il en a usé envers leurs Majestez, il a contribué plus que personne à cette reconciliation. La Reyne, a qui on estoit venu tâter le poux plus d'une fois la dessus, n'avoit jamais fait d'autre réponse ni d'autre explication si non qu'Elle n'estoit pas irreconciliable: comme en effet Elle l'a fait voir d'une maniere bien digne d'Elle, car d'abord que le Roy a bien voulu faire les démarches necessaires pour cela; comme il a fait de l'air du monde le plus obligeant pour la Reyne. S. M. y a répondu avec toute l'honnesteté, qu'un si grand Roy pouvoit exiger d'une si grande Reyne. La Gloire de cét accommodement est uniquement dûë au nouvel Ambassadeur, qui a sçû parfaitement bien demesler les intrigues & la malice de cette Cour, & qui a donné au Roy son Maistre une idée juste des fautes que d'autres avoient faites, & l[']a detrompé des fausses impressions qu'on lui avoit données à l'égard de la Reyne, dont ce Ministre s'est acquis entierement l'estime. On se flatte dans Rome, que cette heureuse reconciliation pourroit bien produire celle du Pape avec le Roy: Tout le monde le souhaite, & tout le monde conjure la Reyne de s'entremettre pour cela, mais Elle s'en excuse en disant, qu'Elle est trop bien avec le Roy, & trop mal avec le Pape pour s'en mesler. Elle ne laisse pas toutesfois de rendre de bons offices à sa Sainteté, & de tacher de calmer cét orage; mais c'est en disant la verité par tout, sans flatter & sans trahir aucune des parties, comme c'est la coûtume ordinaire de cette Grande Princesse. Elle a déja fait tout ce qu'Elle a pû pour faire recevoir l'Ambassadeur, où pour faire du moins qu'il y eût quelque commerce entre lui & cette Cour; mais Elle n'a pu encore y parvenir: Cependant c'est par là qu'il faut commencer, si l'on ne veut tomber dans des precipices & des desordres inevitables. La Reyne qui les prevoit mieux que personne, s'y employe de toute sa force. Si Elle y peut reussir, Elle rendra un grand service à l'Eglise & à l'Europe toute entiere: mais Elle ne l'espere pas Elle même, quoi que la raison aussi-bien que la justice & la necessité deussent persuader cette resolution aux Interessez. Le Pape est d'une humeur inflexible: ainsi l'on craint tout & l'on espere peu. La Reyne a proposé l'Empereur & les Venitiens pour mediateurs, n'ayant nulle envie de s'en mesler; par ce qu'Elle a un compte à part avec sa Sainteté, qu'Elle pretend vuider, quand celui de France sera ajusté. Elle proteste pourtant qu'Elle se tiendra satisfaite de tout ce qui s'est passé, pourveu qu'on vueille recevoir l'Ambassadeur de France, & que la Cour de Rome promette, seulement de se se corriger [sic] à l'avenir à son égard. Voilà la veritable assiette des affaires de Rome. Le temps nous apprendra le reste, & ce qu'il faut craindre ou esperer de ce different.
Je suis,
MONSIEUR,
V.....
With modernised spelling:
Lettre de Rome sur la réconciliation de la reine de Suède avec la France, et sur l'état présent des affaires.
A Rome, du 7 février 1688.
Monsieur,
On ne parle en cette cour que de la réconciliation de la reine avec le roi de France, qui a été autant glorieuse pour Leurs Majestés que fatale à leurs ennemis, qui, par leurs mensonges et par leurs artifices, ont fait tous leurs efforts pour l'empêcher, mais inutilement. Le roi de France a fait voir par une action si digne de lui combien il désapprouvait la conduite des ministres qui l'avaient engagé à des ruptures avec la reine et l'a fait voir d'une manière si héroïque et si galante que cette grande princesse, qui ne cède ni en fierté, ni en honnêteté à personne, a répondu à celle de ce prince par des manières si obligeantes et si généreuses que l'ambassadeur et toute la nation en ont été charmés.
Tout Rome, où la reine est adorée, à la réserve des conjurés, en a eu une joie qui ne se peut exprimer. Le pape même en a voulu témoigner la sienne, mais on ne répondrait pas qu'elle ait été sincère. Il est toujours vrai que, sans y penser, et par les manières peu honnêtes dont il en a usé envers Leurs Majestés, il a contribué plus que personne à cette réconciliation.
La reine, à qui on était venu tâter le poux plus d'une fois là-dessus, n'avait jamais fait d'autre réponse, ni d'autre explication sinon qu'elle n'était pas irréconciliable, comme, en effet, elle l'a fait voir d'une manière bien digne d'elle; car, d'abord que le roi a bien voulu faire les démarches nécessaires pour cela, comme il a fait de l'air du monde le plus obligeant pour la reine. Sa Majesté y a répondu avec toute l'honnêteté qu'un si grand roi pouvait exiger d'une si grande reine.
La gloire de cet accommodement est uniquement due au nouvel ambassadeur, qui a su parfaitement bien démêler les intrigues et la malice de cette cour, et qui a donné au roi son maître une idée juste des fautes que d'autres avaient faites et l'a détrompé des fausses impressions qu'on lui avait données à l'égard de la reine, dont ce ministre s'est acquis entièrement l'estime.
On se flatte dans Rome que cette heureuse réconciliation pourrait bien produire celle du pape avec le roi. Tout le monde le souhaite, et tout le monde conjure la reine de s'entremettre pour cela, mais elle s'en excuse en disant qu'elle est trop bien avec le roi et trop mal avec le pape pour s'en mêler.
Elle ne laisse pas toutefois de rendre de bons offices à Sa Sainteté et de tâcher de calmer cet orage, mais c'est en disant la vérité partout sans flatter et sans trahir aucune des parties, comme c'est la coutume ordinaire de cette grande princesse. Elle a déjà fait tout ce qu'elle a pu pour faire recevoir l'ambassadeur, ou pour faire du moins qu'il y eut quelque commerce entre lui et cette cour, mais elle n'a pu encore y parvenir.
Cependant, c'est par là qu'il faut commencer si l'on ne veut tomber dans des précipices et des désordres inevitables. La reine, qui les prévoit mieux que personne, s'y emploie de toute sa force. Si elle y peut réussir, elle rendra un grand service à l'Église et à l'Europe toute entière, mais elle ne l'espère pas elle-même, quoique la raison, aussi bien que la justice et la nécessité, dussent persuader cette résolution aux intéressés.
Le pape est d'une humeur inflexible; ainsi l'on craint tout et l'on espère peu. La reine a proposé l'empereur et les Vénitiens pour mediateurs, n'ayant nulle envie de s'en mêler, parce qu'elle a un compte à part avec Sa Sainteté, qu'elle prétend vider quand celui de France sera ajusté. Elle proteste pourtant qu'elle se tiendra satisfaite de tout ce qui s'est passé, pourvu qu'on veuille recevoir l'ambassadeur de France et que la cour de Rome promette seulement de se corriger à l'avenir à son égard. Voilà la véritable assiette des affaires de Rome. Le temps nous apprendra le reste et ce qu'il faut craindre ou espérer de ce différend.
Je suis,
Monsieur,
V....
Swedish translation (my own):
Brev från Rom om Sveriges drottnings försoning med Frankrike och om det aktuella läget.
Rom, den 7 februari 1688.
Monsieur,
Vid detta hov talar man inte om annat än drottningens försoning med Frankrikes konung, som varit lika härlig för Deras Majestäter som den varit ödesdiger för deras fiender, som genom sina lögner och sina konstigheter gjort allt för att förhindra det, men förgäves. Konungen av Frankrike har genom en handling som är så värdig honom visat hur mycket han ogillade uppförandet av ministrarna som hade fått honom att bryta med drottningen och har visat det på ett så heroiskt och galant sätt att denna stora prinsessa, som varken avstår i stolthet eller i ärlighet till någon, har svarat på denne prins med ett så förpliktande och generöst sätt att ambassadören och hela nationen har blivit charmerade.
Hela Rom, där drottningen är tillbedd, med undantag för konspiratörerna, har haft en glädje över detta som inte kan uttryckas. Påven har själv velat betyga sin egen glädje över detta, men det skulle inte sägas att den var uppriktig. Det är fortfarande sant att han, utan att tänka på det, och genom det ohederliga sätt som han använt mot Deras Majestäter, mer än någon annan har bidragit till denna försoning.
Drottningen, som blivit tillfrågad mer än en gång om detta, hade aldrig givit något annat svar eller förklaring än att hon inte var oförsonlig, vilket hon verkligen visade på ett sätt som var henne mycket värdigt; ty konungen var verkligen villig att vidta de nödvändiga stegen för detta, som han gjorde med den mest förpliktigande airen i världen mot drottningen. Hennes Majestät svarade på det med all den ärlighet som en så stor konung kunde kräva av en så stor drottning.
Härligheten av detta arrangemang är uteslutande tack vare den nye ambassadören, som mycket väl har vetat att reda ut detta hovs intriger och illvilja, och som har givit konungen, hans herre, en rättvis uppfattning om de misstag som andra hade gjort och avskräckt honom från de falska intryck som hade givits honom med avseende på drottningen, vars aktning denne minister hade förvärvat helt och hållet.
I Rom smickrar man sig över att denna lyckliga försoning mycket väl skulle kunna frambringa påvens med konungen. Alla hoppas på det, och alla ber drottningen att ingripa för detta, men hon ursäktar sig med att säga att hon står på för god fot med konungen och på för dålig fot med påven för att blanda sig i det.
Hon underlåter dock inte att förrätta goda tjänster åt Hans Helighet och att försöka stilla denna storm, utan det är genom att säga sanningen överallt utan att smickra och utan att förråda någon av parterna, vilket är den vanliga seden hos denna stora prinsessa. Hon har redan gjort allt hon har kunnat göra för att få ambassadören mottagen, eller åtminstone för att få till stånd någon handel mellan honom och detta hov, men hon har ännu inte kunnat uppnå det.
Det är dock här man måste börja om man inte vill hamna i oundvikliga stup och störningar. Drottningen, som förutser dem bättre än någon annan, arbetar för det med all sin kraft. Om hon kan lyckas med detta, kommer hon att göra en stor tjänst för Kyrkan och för hela Europa, men hon hoppas inte på det själv, även om förnuftet, såväl som rättvisa och nödvändighet, borde övertyga de intresserade om denna resolution.
Påven är av ett oflexibelt humör; man fruktar därför allt och hoppas lite. Drottningen har föreslagit kejsaren och venetianerna som medlare, utan lust att blanda sig i det, ty hon har ett separat konto med Hans Helighet, som hon tänker göra upp när det franska är avklarat. Hon protesterar dock mot att hon kommer att vara nöjd med allt som har hänt, förutsatt att man är villig att ta emot den franska ambassadören och att hovet i Rom bara lovar att i framtiden rätta sig med avseende på honom. Detta är det sanna läget i Rom. Tiden kommer att lära oss resten och vad man måste frukta eller hoppas på av detta bråk.
Jag är,
monsieur,
E...
English translation (my own):
Letter from Rome on the reconciliation of the Queen of Sweden with France, and on the current state of affairs.
Rome, February 7, 1688.
Monsieur,
At this court one talks of nothing but the reconciliation of the Queen with the King of France, which has been as glorious for Their Majesties as it has been fatal to their enemies, who, by their lies and their artifices, have made every effort to prevent it, but in vain. The King of France has shown by an action so worthy of him how much he disapproved of the conduct of the ministers who had led him to break with the Queen and has shown it in such a heroic and gallant manner that this great princess, who cedes neither in pride nor in honesty to anyone, has responded to that of this prince with such obliging and generous manners that the ambassador and the whole nation have been charmed.
All Rome, where the Queen is adored, with the exception of the conspirators, has had a joy about this that cannot be expressed. The Pope himself has wanted to testify his own joy about this, but it would not be said that it was sincere. It is still true that, without thinking about it, and by the dishonest manner which he has used towards Their Majesties, he has contributed more than anyone to this reconciliation.
The Queen, who had been asked more than once about this, had never given any other answer or explanation than that she was not irreconcilable, as, indeed, she showed in a manner very worthy of her; for, indeed, the King was willing to take the necessary steps for this, as he did with the most obliging air in the world towards the Queen. Her Majesty responded to it with all the honesty that such a great king could demand of such a great queen.
The glory of this arrangement is solely due to the new ambassador, who has known perfectly well how to unravel the intrigues and malice of this court, and who has given the King, his master, a just idea of the mistakes that others had made and disabused him of the false impressions that had been given to him with regard to the Queen, whose esteem this minister had entirely acquired.
In Rome, one flatters oneself that this happy reconciliation could well produce that of the Pope with the King. Everyone hopes for it, and everyone is begging the Queen to intervene for this, but she excuses herself by saying that she is too good with the King and too bad with the Pope to interfere in it.
She does not, however, fail to render good offices to His Holiness and to try to calm this storm, but it is by telling the truth everywhere without flattering and without betraying any of the parties, as is the usual custom of this great princess. She has already done all she has been able to do to have the ambassador received, or at least to bring about some commerce between him and this court, but she has not yet been able to achieve it.
However, this is where one must begin if one does not want to fall into inevitable precipices and disorders. The Queen, who foresees them better than anyone, is working towards it with all her strength. If she can succeed in this, she will be rendering a great service to the Church and to all of Europe, but she does not hope for it herself, although reason, as well as justice and necessity, should persuade those interested of this resolution.
The Pope is of an inflexible humour; one therefore fears everything and hopes little. The Queen has proposed the Emperor and the Venetians as mediators, having no desire to interfere in it, because she has a separate account with His Holiness, which she intends to settle when the French one is settled. She protests, however, that she will be satisfied with everything that has happened, provided that one be willing to receive the French ambassador and that the court of Rome only promise to correct itself in the future with regard to him. This is the true state of affairs in Rome. Time will teach us the rest and what one must fear or hope for from this quarrel.
I am,
Monsieur,
Y...
Above: Kristina.
Above: Pope Innocent XI.
Above: King Louis XIV.
Above: Françoise d'Aubigné, Madame de Maintenon.
Above: Henri-Charles de Beaumanoir de Lavardin, the French ambassador.
Note: King Louis XIV's second wife, Françoise d'Aubigné, Madame de Maintenon (1635-1719), was never actually considered the queen of France, as he had only married her secretly in 1683, but she was famously his top maîtresse en titre and essentially the most powerful and most important woman in France.
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