Source:
Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 3, page 290, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1759
CONTENT WARNING: VIOLENCE AND DEATH.
The account:
Véritable Relation de l'insulte faite par la Populace au Palais de la Reine à Hambourg le 25. Juillet, 1667.
Le jour destiné pour célébrer la glorieuse Elevation au Pontificat de notre Saint Pére le Pape CLEMENT NEUVIEME, étant arrivé, la Reine avec toute sa Cour quitta le deuil qu'on portoit alors pour la Reine de Pologne. Elle assista à la Messe Pontificale qu'elle fit chanter en musique dans la plus grande Salle de sa Maison, qu'elle avoit fait accommoder en Chapelle, ayant jugé la Chapelle ordinaire trop petite pour la fonction de ce jour, qui se fit avec toutes les cérémonies & la magnificence accoutumées de l'Eglise Romaine, & avec un concours de tout ce qu'il y avoit de gens de qualité de l'un & de l'autre sexe dans la Ville. On fit la salve de deux coups de Canon, qui est la salve de Suède, lorsque le Prêtre entonna le Gloria in excelsis, & à l'élevation on donna la salve double de quatre coups de Canon; mais au Te Deum on tira deux fois neuf coups, en distinguant les premiers neuf coups par un intervalle. La Reine avoit ordonné & choisi ce nombre, pour signifier & marquer celui du glorieux nom de notre présent Pape.
La Messe achevée, plusieurs personnes de qualité restérent au diner qu'on leur avoit préparé, d'autres se retirérent, le tout se passa avec ordre, & avec le plus grand respect du monde: & quoique la foule fût excessive & que la rue & les environs de la Maison fussent remplis de peuple, toute cette foule ne donnoit encore que des marques de respect & d'admiration, témoignant d'attendre avec impatience l'heure où le vin devoit couler de la fontaine; ce qui ayant eu lieu, elle se mit à en boire en attendant d'autres Spectacles. Pendant le diner on guinda la machine où étoit le nom de Sa Sainteté, & on l'attacha au frontispice du Palais, au lieu le plus élevé, comme il étoit ordonné. Cette machine passa parmi tout ce peuple, elle étoit couverte d'une toile, au travers de laquelle on pouvoit lire les lettres qui formoient ces mots en caracteres d'or
CLEMENS
IX.
PONT. MAX.
VIVAT.
au dessous de la Thiare avec les clefs, marques de son autorité & de son pouvoir suprême. Tout le monde la pouvoit voir & toucher, & plus de deux cens hommes prononcérent diverses fois ces mots, pendant qu'on travailloit à y attacher les cordages, qui devoient servir à la tirer en haut.
La Reine, qui appréhendoit qu'on insultât cette machine, avoit donné tous les ordres nécessaires pour l'empêcher; & non contente de cela, elle quitta son diner, qui étoit à peine commencé, & se mit à la fenêtre pour observer elle-même la contenance du peuple, & pour le tenir dans le respect, à quoi elle réussit sans peine, & entendit prononcer avec un plaisir extrême de la bouche de tout le peuple, ce nom glorieux & le VIVAT d'une Canaille hérétique. Dès que la machine fut arrivée à son lieu, on donna ordre de faire jouer la fontaine, qui fit l'effet pour lequel elle avoit été ordonnée, & jetta le vin avec abondance par neuf endroits. Cette profusion de vin augmenta la confusion & la foule, tout le monde s'enivra durant six heures, toutes les Dames de qualité étoient venues aux fenêtres pour voir ce spectacle, & tout ce qu'il y avoit de gens de condition dans la Ville se trouvérent auprès de la Reine. Jusques-là le tout s'étoit passé avec joie & magnificence, & la confusion du peuple n'avoit encore fait naître aucun inconvénient.
La fontaine cessa, après avoir fait son office durant six heures, & l'heure commençoit d'approcher où chacun se devoit retirer. La Reine étant restée seule avec tous ses Domestiques, donna tous les ordres qu'elle jugea nécessaires pour la sûreté de sa Maison. Elle avoit fait faire provision d'armes, de poudre et de plomb, pour avoir dequoi se défendre en cas de besoin, & les suites ont fait connoître que sa prévoyance & ses soins n'ont pas perdus. Après donc avoir ordonné tout ce qu'elle jugea à propos dans les circonstances où elle se trouvoit alors, on donna la salve de deux fois neufs coups de Canon, & l'on alluma les flambeaux de cire, qui étoient soutenus par des bras dorés & rangés en trois ordres sur la façade du dehors. Ces flambeaux étoient à une distance considérable au-dessous de la machine où étoit le nom de Sa Sainteté, afin que leur lumiére ne nuisît pas à la clarté des six cens lampes qui devoient former les caractéres de ce nom sacré. Sitôt qu'elles furent allumées, on découvrit la machine, & l'on fit voir à toute la Ville un spectacle qu'elle n'avoit jamais vu. Cette agréable vision inspira de l'admiration à tout le monde, mais selon toutes les apparences elle suscita aussi la rage & la fureur dans le peuple, dont il donna peu après des marques. Tout étoit encore calme, & l'illumination avoit duré environ deux heures, lorsque quelques Etrangers vinrent dire à la Reine, que la façade étoit la plus belle chose du monde, & qu'elle faisoit le plus agréable & le plus surprenant spectacle qu'on eût jamais vu, cela donna envie à la Reine de la voir avant que de la faire éteindre; & quoiqu'elle fût résolue à ne pas sortir de sa Maison ce jour-là, néanmoins, comme il n'y avoit aucune apparence de trouble, elle se résolut à contenter sa curiosité, sortit pour cet effet, & s'en retourna paisiblement dans son Palais.
L'illumination avoit déjà duré trois heures environ, & Sa Majesté se préparoit à s'aller coucher, car elle étoit fort fatiguée des fonctions du jour, lorsqu'on jetta quantité de grosses pierres aux fenêtres de sa chambre, qui donnoient avec tant de violence dans la muraille, que la Reine eut soupçon de ce qui se passoit. Ce qui l'obligea de changer de dessein. Sa premiére pensée fut de faire éteindre le nom de Sa Sainteté qui brûloit encore, afin qu'il ne fût pas exposé à l'insulte de cette barbare Canaille. Pour cet effet elle ordonna qu'on y jettât promptement de l'eau, ce qui fut exécuté d'abord. Après cela elle fit charger tous les Canons de balles de mousquet, fit prendre les armes à tout le monde, envoya les gens pour adoucir le peuple, & ordonna qu'on prît les postes & fermât les portes.
Le Prince de Hesse-Hambourg, & plusieurs autres Braves, qui par bonheur se trouvoient encore dans le Cimitiére tout proche de la Maison de la Reine, accoururent au bruit, & se mirent tous en état de servir S. M. Le peuple cria à haute voix, tuez, tuez. On ferma les portes, & on se défendit contre la fureur d'une populace qui nous saluoit avec une grêle de coups de pierres, & plusieurs coups de pistolet & de carabines. On vouloit faire une décharge sur eux, mais la Reine défendit de tirer sans son ordre exprès. Personne n'a jamais résisté à une plus juste tentation que celle-là, & personne n'avoit plus d'envie de faire tirer qu'elle; car on pouvoit tirer une terrible vengeance de cette Canaille, & assurément on en auroit peu sacrifier un si grand nombre, qu'on n'auroit jamais vu un massacre pareil; mais elle jugea très-bien qu'il ne falloit y venir qu'à l'extrémité.
La Reine ayant conservé en cette occasion tout son sang froid, agit avec beaucoup de prudence & de vigueur; mais la violence continuant toujours, elle faillit à faire perdre souvent patience à la Reine. Sa prudence néanmoins retint toujours sa colére, & quelque instance qu'on lui fît pour tirer, elle demeura inébranlable dans sa résolution: mais voyant le danger augmenter au-lieu de diminuer, elle se rendit où elle jugea sa personne nécessaire, donna ses ordres avec beaucoup de tranquillité, anima ses gens à se bien défendre, & ordonna de tenir prêts les Canons.
On lui proposa d'envoyer au Commandant de la Ville pour avoir du secours, mais elle ne voulut pas qu'on lui parlât de sa part, ni que personne des siens y allât.
Le Comte de Leiningen s'offrit d'y aller comme de lui-même, & y fut. Cependant on voulut forcer la porte, mais on y trouva tant de résistance, qu'on le tenta trois ou quatre fois envain. Le Comte de Leiningen revint, & rapporta que le Commandant lui avoit dit qu'il avoit ordre de ne s'en pas mêler, ce qui fortifia les soupçons de la Reine, & lui persuada avec beaucoup d'apparence qu'il falloit se préparer à perir. Elle commanda donc qu'on fît une décharge des mousquetons, puisqu'il n'y avoit point de secours à espérer; car elle ne croyoit pas que le Prince réussiroit dans l'entreprise dont il se chargea, se promettant de faire venir le Commandant à notre secours, elle donna alors cet ordre, parce qu'elle jugea très-bien qu'il étoit tems de donner quelque chose au hazard dans cette extrémité.
L'ordre ne fut pas plutôt donné, qu'il fut exécuté avec tant de succès, qu'on en tua un grand nombre sur la place; on en blessa plusieurs autres, on fit des sorties sur eux, & on les épouvanta de telle manière qu'il y avoit quelque apparence de se pouvoir tous sauver.
Cependant le Prince arriva avec le Commandant & des Soldats au secours de la Maison, si à propos pour nous & pour lui, que notre décharge lui donna lieu de s'approcher, & il nous fortifia de telle sorte, qu'on acheva de nettoyer la rue, & de les chasser tous, sans qu'aucun des nôtres fût tué ni blessé.
La Reine se retira chez le Résident de Suède, parce que sa Maison avoit été rendue inhabitable, jusqu'à ce qu'elle fût raccommodée, à quoi il fallut employer deux ou trois jours.
Le jour suivant, le Magistrat fit tout ce qu'il devoit, & la Reine alla le matin à neuf ou dix heures voir son Palais pour y donner les ordres nécessaires, & passa avec trois ou quatre personnes seulement par toute la Ville; elle trouva deux mille personnes devant son Palais, & passa au milieu d'eux matin & soir. Et quoique la rage fût visiblement peinte sur le visage de cette populace, personne ne branla. Tous les amis & les serviteurs de la Reine l'avoient conjurée de ne se pas hazarder, mais elle s'en moqua, & continua tous les jours d'en faire de-même.
Pour raisonner juste sur cet attendant, il est à propos de remarquer certaines particularités qui précédérent cet accident, & d'autres qui l'ont suivi. Il faut donc savoir, que lorsque le bruit courut que S. M. préparoit cette fête, les Ministres ou Prédicans firent des remontrances au Magistrat, pour le persuader qu'il devoit s'opposer à la célébration de cette solemnité, & ne la pas souffrir.
Là-dessus le Magistrat fit passer sous main jusqu'à la Reine leurs sentimens, mais S. M. leur fit passer l'envie de se compromettre, & l'on résolut de n'en plus parler, désespérant de pouvoir lui faire changer de résolution.
Il y a grande apparence que cette hauteur les irrita, & qu'à l'instigation des Prédicans ils ne firent pas tout ce qu'ils pouvoient & devoient faire pour empêcher ce désordre.
Durant huit jours avant qu'il arrivât, les Prédicans ne faisoient qu'irriter le peuple par leurs Sermons. La Reine qui savoit tout ce qui se passoit s'en moqua, & les laissoit prêcher sans en faire le moindre cas, ce qui les faisoit enrager. Il est même probable, que pour se venger ils avoient concerté cette tragédie, laquelle finit à leur plus grande honte & confusion, par la mort des principaux auteurs de la conspiration; car il est constant qu'on l'avoit préparée, puisque les mutins étoient fournis de tout ce qui étoit nécessaire pour leur entreprise, & l'on a su depuis qu'ils disoient tout haut: laissons finir le vin & les flambeaux, alors nous commencerons notre jeu, & nous tirerons vengeance de l'affront qu'on nous fait.
Les Prédicans se trouvérent sur le lieu pour animer le peuple à cette barbare action, & des gens dignes de foi de la Ville même nous ont assuré qu'il y en avoit alors deux occupés à ce bel emploi.
Depuis ils ont prêché publiquement au peuple le meurtre, le sang & la vengeance, & enfin, s'il n'arrive point de nouveaux malheurs, on n'en doit pas accuser leur zéle, ni leur éloquence, qui n'ont pas été épargnés dans cette occasion.
On chercha ceux qui avoient échappé aux Mousquetons, pour leur rendre justice; mais on doute qu'on les veuille trouver. Ce qu'il y a de remarquable en cette action, c'est que le jour d'après tout étoit si calme, que les gens de la Reine se promenoient avec ses livrées par toute la Ville avec la même tranquillité qu'auparavant. On dit néanmoins qu'il y a eu des gens assemblés avec des armes, pour recommencer, mais tout a été dissipé par les ordres qu'on a donnés.
On a vu en cette occasion les effets visibles de la Providence de Dieu, qui miraculeusement a préservé la Reine & tous ceux de son parti, & a voulu punir de mort ceux qui commettoient cet attentat. Entre autres l'un de ces malheureux étant allé chez lui pour souper, & voulant revenir, sa femme qui étoit enceinte, le voulut retenir, & le pria de vouloir rester au logis, mais il ne voulut pas, disant: il faut que j'aille visiter le Pape encore une fois: en effet il y alla, & reçut quatre balles dans le cœur.
Le Magistrat a défendu aux Prédicans leurs séditieux Sermons, & a donné si bon ordre, que le calme & le respect est rétabli par-tout. On ne sait pas le nombre des morts ni des blessés, & on ne comprend pas par quelle politique on le tient si caché. Ceux dont on convient sont huit morts, dont cinq restérent sur la place dans le Cimitiére devant le Palais, les autres sont morts le jour après, & vingt blessés. Le bruit court qu'il y en a davantage. Quoi qu'il en soit, il suffit pour notre gloire, qu'aucun de notre parti n'ait reçu le moindre égratignure. Jusqu'aux oiseaux de S. M. qui étoient pendus aux fenêtres, & qui avoient leurs cages fracassées & remplies de petites pierres & de quantité de verres, n'ont été endommagés, & se portent encore fort bien: nous avons fait voir qu'on ne nous offense pas impunément.
L'intention n'a pas été de publier cette Relation. On s'est contenté de la communiquer à ceux qu'on a cru les plus intéressés à la gloire de la Reine; mais voyant que l'envie & la calomnie ont répandu leur venin sur cet accident comme sur toutes les autres actions de la vie de S. M. on s'est résolu de faire savoir la vérité au Public, protestant qu'elle y est entiere, & soutenant que tout ce qui est différent de ce que contient cette Relation, est entiérement faux.
English translation (my own):
A Veritable Report of the Insult made by the Populace at the Queen's Palace in Hamburg on July 25, 1667.
The day destined to celebrate the glorious elevation to the Pontificate of our Holy Father, Pope Clement the Ninth, having arrived, the Queen with all her court left the mourning that was then worn for the Queen of Poland. She attended the Pontifical Mass, which she had sung to music in the largest room of her house, which she had accommodated in a chapel, having judged the ordinary chapel too small for the function of that day, which was done with all the customary ceremonies and magnificence of the Roman Church, and with the assistance of all the people of quality of both sexes in the city. They fired the salvo of two cannon shots, which is the salvo from Sweden, when the priest intoned the gloria in excelsis, and at the elevation they gave the double salvo of four cannon shots; but at the Te Deum nine shots were fired twice, distinguishing the first nine shots by an interval. The Queen had ordered and chosen this number to signify and mark that of the glorious name of our present Pope.
When Mass was over, several people of quality remained at the dinner that had been prepared for them, others withdrew, everything happened in order, and with the greatest respect in the world; and although the crowd was excessive and the street and the neighbourhood around the house were filled with people, all this crowd still gave only marks of respect and admiration, testifying to wait impatiently for the hour when the wine was due to flow from the fountain; which, having taken place, they began to drink it while waiting for other spectacles. During dinner, the machine on which was the name of His Holiness was gaited, and it was attached to the frontispiece of the palace, in the highest place, as was ordered. This machine passed among all these people, it was covered with a canvas, through which one could read the letters which formed these words in gold characters.
CLEMENS
IX.
PONT. MAX.
VIVAT.
below the tiara with the keys, marks of his authority and his supreme power. Everyone could see and touch it, and more than two hundred men pronounced these words several times, while they were working to attach the ropes to it, which were to be used to pull it up.
The Queen, who feared that this machine was being insulted, had given all the orders necessary to prevent it; and not content with this, she left her dinner, which had hardly begun, and sat at the window to observe the countenance of the people herself, and to hold them in respect, to which she succeeded without difficulty, and heard pronounced with extreme pleasure from the mouths of all the people this glorious name and the "vivat!" of a heretical scoundrel. As soon as the machine had arrived at its place, orders were given to operate the fountain, which had the effect for which it had been ordered, and the wine was poured out in abundance in nine places. This profusion of wine increased the confusion and the crowd, everyone got drunk for six hours, all the ladies of quality came to the windows to see this spectacle, and all people of condition in the city were with the Queen. Until then everything had passed with joy and magnificence, and the confusion of the people had not yet given rise to any inconvenience.
The fountain ceased after having done its office for six hours, and the hour began to approach where everyone was to retire. The Queen, having remained alone with all her servants, gave all the orders she deemed necessary for the security of her house. She had made provision for weapons, powder and lead, to have something with which to defend herself if necessary; and the consequences made it known that her foresight and her care were not lost. After therefore having ordered all that she judged advisable in the circumstances in which she then found herself, they twice gave the salute of nine cannon shots, and they lit the wax torches, which were supported by gilded arms and arranged in three orders on the exterior façade. These torches were at a considerable distance below the machine where the name of His Holiness was, so that their light would not interfere with the clarity of the six hundred lamps which were to form the characters of this sacred name. As soon as they were turned on, the machine was discovered, and the whole town was shown a spectacle it had never seen. This pleasant sight inspired admiration in everyone, but to all appearances it also aroused rage and fury in the people, which it soon after gave marks. All was still calm, and the illumination had lasted about two hours when some strangers came to tell the Queen that the facade was the most beautiful thing in the world and that it made the most pleasant and the most surprising spectacle that had never been seen, it made the Queen want to see it before having it put out; and although she was resolved not to leave her house that day, nevertheless, as there was no appearance of trouble, she resolved to satisfy her curiosity, went out for this purpose, and returned peacefully to her palace.
The illumination had already lasted about three hours, and Her Majesty was preparing to go to bed, for she was very tired of the functions of the day, when a number of large stones were thrown at the windows of her room, with violence at the wall, that the Queen had suspicion of what was happening, which forced her to change her mind. Her first thought was to have the name of His Holiness extinguished, which was still burning, so that it would not be exposed to the insult of this barbaric rabble. For this purpose she ordered that water be thrown onto it promptly, which was carried out first. After that she had all the cannons loaded with musket balls, made everyone take up arms, sent people to calm the crowd, and ordered that the posts be taken and the gates closed.
The Prince of Hesse-Hamburg, and several other brave men, who fortunately were still in the cemetery very close to the Queen's house, hastened to the noise, and all put themselves in a condition to serve Her Majesty. The people cried out loudly, "kill, kill!" The doors were closed, and they defended themselves against the fury of a mob, which greeted us with a hail of stone-blows, and several shots from pistols and rifles. They wanted to discharge them, but the Queen forbade shooting without her express order. No one has ever resisted a more just temptation than this, and no one wanted to shoot any longer, for one could derive a terrible vengeance from this scoundrel, and assuredly one would have sacrificed so little that one would never have seen such a massacre; but she thought very well that it was only necessary to come to the end.
The Queen, having kept all her blood cool on this occasion, acted with great prudence and vigour; but the violence still continuing, it often failed to cause the Queen to lose patience. Her prudence, however, always restrained her anger, and whatever instance they might take to shoot her, she remained unshakeable in her resolution; but seeing the danger increasing instead of diminishing, she went where she deemed her person necessary, gave her orders with great tranquility, encouraged her people to defend themselves well, and ordered the cannons to be kept ready.
It was suggested that she send in the city's Commandant for help, but she did not want anyone to talk to her on her behalf, nor that any of her own go [to him].
The Count of Leiningen offered to go there as on his own, and was there. In the meantime they tried to force the door open, but they found so much resistance that they tried to do so three or four times. The Count of Leiningen returned, and reported that the Commandant had told him that he had orders not to interfere, which fortified the Queen's suspicions, and persuaded him with great appearance that it was necessary to prepare oneself to perish. She therefore ordered that a discharge of the musketoons be made, since there was no help to be hoped for, for she did not believe that the Prince would succeed in the enterprise for which he undertook, promising to bring in the Commandant to our aid, she then gave this order, because she judged very well that it was time to give something to chance in this extremity.
No sooner was the order given than it was carried out with such success that a great number of them were killed in the square; several others were wounded, sorties on them, and terrified them in such a way that there was some semblance of being able to save each other.
In the meantime the Prince arrived with the Commandant and soldiers to help the house, so convenient for us and for him that our discharge gave him cause to approach, and he strengthened us in such a way that we finished cleaning the street and driving them all away, without any of our people being killed or injured.
The Queen retired to the Resident of Sweden, for her house had been rendered uninhabitable until it was repaired, for which it was necessary to spend two or three days away.
The next day the magistrate did all he had to, and the Queen went in the morning at nine or ten o'clock to see her palace to give the necessary orders there, and passed with only three or four people through the whole town; she found two thousand people in front of her palace, and passed among them morning and evening. And although rage was visibly painted on the face of this mob, no one stirred. All the Queen's friends and servants had begged her not to hazard herself, but she didn't care, and continued to do the same thing every day.
To reason correctly on this expectation, it is appropriate to note certain peculiarities which preceded this accident, and others which followed it. It should therefore be known that when the rumour circulated that Her Majesty was preparing this feast, the ministers or preachers remonstrated with the magistrate to persuade her that she should oppose the celebration of this solemnity and not allow it.
Thereupon the magistrate passed their feelings under hand to the Queen, but Her Majesty made them pass the desire to compromise themselves, and they resolved not to speak of them any more, despairing of being able to make her change her resolution.
It seems that this hauteur irritated them, and that at the instigation of the preachers they did not do all they could and should have done to prevent this disorder.
For eight days before it happened, the preachers only angered the people with their sermons. The Queen, who knew everything that was going on, did not care, and she let them preach without caring the least, which made them enraged. It is even probable that, in order to avenge themselves, they had concerted this tragedy, which ended, to their greatest shame and confusion, with the death of the principal authors of the conspiracy; for it is certain that it had been prepared, since the mutineers were provided with all that was necessary for their enterprise, and it has since been known that they said aloud: "Let the wine and the torches finish, then we will start our game, and we will take revenge for the affront we have been given."
The preachers were on the spot to animate the people to this barbaric action, and citizens worthy of faith of the city even assured us that there were then two of them occupied with this job.
Since then they have publicly preached murder, bloodshed and vengeance to the people, and finally, if no new misfortunes occur, we must accuse neither their zeal nor their eloquence, which were not spared on this occasion.
They searched for those who had escaped the musketoons so as to do them justice, but one doubts that one wants to find them. What is remarkable about this action is that the day after, everything was so calm that the Queen's people walked in her liveries through the whole town with the same tranquility as before. It is said, however, that there were people assembled with weapons to start over, but everything was dispelled by the orders that were given.
One saw on this occasion the visible effects of the Providence of God, which miraculously preserved the Queen and all those of her party, and wanted to punish with death those who committed this attack. Among others, one of these unfortunate people had gone to his house for supper, and wanted to come back; his wife, who was pregnant, wanted to detain him and begged him to stay at home, but he would not, saying: "I must go visit the Pope once again." In fact, he did go there — and received four bullets to the heart.
The magistrate has forbidden the preachers their seditious sermons, and has given such good order that calm and respect are everywhere restored. We do not know the number of dead or injured, and we do not understand by what policy it is kept so hidden. Those on whom we agree are eight dead, five of whom remained in the square in the cemetery in front of the palace, the others died the day after, and twenty wounded. There is a rumour that there are more. Either way, it is enough for our glory that none of our party has received the slightest scratch. Even Her Majesty's birds, which were hanging from the windows, and which had their cages smashed and filled with small stones and a number of glass shards, were not damaged, and are still doing very well. We have shown that we are not to be offended with impunity.
The intention was not to publish this relation. One contented oneself with communicating it to those who were believed to be most interested in the glory of the Queen; but seeing that envy and calumny have poured out their poison on this accident as on all the other actions of Her Majesty's life, we resolved to let the public know the truth, protesting that it is whole, and arguing that anything different from what this relation contains is entirely false.
Above: Kristina.
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