Sources:
Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899
Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on March 16, 1667.
The letter:
Cinquante deuxsiesme
lestre du 16 Mars 1667
Je Vous envoy le duplicat de la remise de ce mois, parce que le malheur a uoulu que celluy le Courier qui portoit le primier billiet a este deVallise entre brunsVic et lunebur et par Consequan les lestres auront estes perdues, dont ie suis extremement fache san y pouvoir remedier
Vostre lestre du 19 du passe me donne beaucoup de douleur en mapprenant le mauvaise estat de la sante de Vostre frere, et suis tres impaciente dapprendre de meilleures nouvelles, Car Je minteresse en tout Ce qui Vous touche plus que iamais.
le raisonnement que Vous faittes sur mon Voiage de Suede et Conforme a Vostre sagacite et tres digne de Vostre prudence, et iay eu les mesme penses que Vous sur le suiet Comme Vous aurez peu Conoistre par mes presedentes. Je desespere neamoins de Voir vne diett en Suede par cette annee et ie ne prepare de lattendre en Suede iusques a lannee 68. 69. et 70. si ma Vie durera autan, et quant iauray atendu ce temps ie panse quil faudra ne penser plus au retour, et Jl est iuste que pour vn si bonne et agreable nouvelle Vous me donniez le paraGuante.
Je suis ravẏ dapprendre les Caresse quon fait au Cardl. imperial et Vous austres et quoy quils merite beaucoup plus, dans le ciecle ou nous sommes on se paye de tout quant Jl est question de mauvais payeurs.
Jl ny a ycy rien de nouveau Davison est arrive en vn estat a Vivre peu de iours, ie Voudrois que le Voyage de Suede me rendit le mesme service.
Je Vous enVoy une lestre dAdamy pour moy et une austre quil a escrit a Thexeira et ma reponse ces lestres Vous feron Conoistre lestat de mes affaires, et ie ne puis Vous en dire daVantage vantage les affaires de pomeranie son adiustes avec le plus davantage quil a este possible den tirer, et quant Vous Verrez ce qui a este fait vous iugerez si iay Creu a Appelman ou non.
Je me prepare a partir mais Jl semble que le ciel est Coniure Contre se Voiage et le temps est si Contraire que ie Crains quil marestera encore icy plus de iours que ie ne Voudrois.
lon attand encore la reponse du Roy dAngletrerre sur la proposition de dovre, et les ollandois se sont declare de ne refuser plus londre mesme sil sy opiniatreroit Come lon Croit quil fera.
Je ne repons pas a Vos Chiffres Car ie ne pretens ny de Changer vos sentiments ny les mies. Vous avez raison, et ie nay pas tort. Je ne me plains pas de Vous, ne Vous plaingez plus de moy.
P. S. Joubliois de Vous parler dans ma lestre de lavanture de la Duchesse Ceri. Je ne Crois pas quil soit necessaire de Vous asseurer que ie ny suis pour rien Car ie panse que Vous en estes persuade, ie Vous advoue pour tan que iay quelque petite ioye que cela soit arrive, Car Jespere que la Coniontion de ces dignes amans servira a les faire faire penitence novvelle des viex pesches. quoy quil en soit la dappoCagine de ceux qui devoit empecher, cett accident merite Ce succes, et pour ceux qui Veulent se vanger de moy par la, se trompe fort, car ie ne les honoreray pas de la moindre application sur ce suiet, et ne panseray a leur dessain que lorsque ie nauray plus rien a panser.
With modernised spelling:
Hambourg, 16 mars 1667.
Je vous envoie le duplicat de la remise de ce mois, parce que le malheur a voulu que le courrier, qui portait le premier billet, a été dévalisé entre Brunswick et Lunebourg, et par conséquent les lettres auront été perdues, dont je suis extrêmement fâchée, sans y pouvoir remédier.
Votre lettre du 19 du passé me donne beaucoup de douleur en m'apprenant le mauvais état de la santé de votre frère, et [je] suis très impatiente d'apprendre de meilleures nouvelles; car je m'intéresse en tout ce qui vous touche plus que jamais.
Le raisonnement que vous faites sur mon voyage de Suède est conforme à votre sagacité et très digne de votre prudence, et j'ai eu les mêmes pensées que vous sur le sujet, comme vous aurez pu connaître par mes précédentes. Je désespère néanmoins de voir une Diète en Suède jusqu'à l'année 68, 69 et 70, si ma vie durera autant; et quand j'aurai attendu ce temps, je pense qu'il faudra ne penser plus au retour; et il est juste que pour une si bonne et agréable nouvelle vous me donniez le paraguante.
Je suis ravie d'apprendre les caresses qu'on fait au cardinal Imperiali et [à] vous autres, et quoique il mérite beaucoup plus, dans le siècle où nous sommes, on se paie de tout quand il est question de mauvais payeurs.
Il n'y a ici rien de nouveau. Davisson est arrivé en un état à vivre peu de jours; je voudrais que le voyage de Suède me rendit le même service.
Je vous envoie une lettre d'Adami pour moi et une autre qu'il a écrite à Texeira, et ma réponse. Ces lettres vous feront connaître l'état de mes affaires, et je ne puis vous en dire davantage. Les affaires de Poméranie sont ajustées avec le plus d'avantage qu'il a été possible d'en tirer, et quand vous verrez ce qui a été fait, vous jugerez si j'ai cru à Appelman ou non.
Je me prépare à partir, mais il semble que le ciel est conjuré contre ce voyage, et le temps est si contraire, que je crains qu'il m'arrêtera encore ici plus de jours que je ne voudrais.
L'on attend encore la réponse du roi d'Angleterre sur la proposition de Douvres, et les Hollandais se sont déclarés de ne refuser plus Londres, même s'il s'y opiniâtrerait, comme l'on croit qu'il fera.
Je ne réponds pas à vos chiffres, car je ne prétends ni de changer vos sentiments, ni les miens. Vous avez raison, et je n'ai pas tort. Je ne me plains pas de vous, ne vous plaignez plus de moi.
P. S. — J'oubliais de vous parler dans ma lettre de l'aventure de la duchesse Ceri. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de vous assurer que je n'y suis pour rien, car je pense que vous en êtes persuadé; je vous avoue pourtant que j'ai quelque petite joie que cela soit arrivé, car j'espère que la conjonction de ces dignes amants servira à les faire faire pénitence nouvelle des vieux péchés. Quoi qu'il en soit [de] la dappocaggine de ceux qui devaient empêcher, cet accident mérite ce succès, et pour ceux qui veulent se venger de moi par là, [ils] se trompent fort, car je ne les honorerai pas de la moindre application sur ce sujet, et ne penserai à leur dessein que lorsque je n'aurai plus rien à penser.
English translation (my own):
Fifty-second
letter of March 16, 1667.
I am sending you the duplicate of this month's remittance, because unfortunately the courier who carried the first note was robbed between Brunswick and Lüneburg, and consequently the letters will have been lost, for which I am extremely sorry, without being able to remedy it.
Your letter of the 19th of last month gives me a great deal of pain in informing me of your brother's poor health, and I am very impatient to hear better news, for I am interested in everything that touches you more than ever.
Your reasoning on my journey to Sweden is consistent with your sagacity and very worthy of your prudence, and I had the same thoughts as you on the subject, as you may have known from my previous letters. I nevertheless despair of seeing a Riksdag in Sweden until the year '68, '69 and '70, if my life will last that long; and when I have waited for this time, I think one will have to stop thinking about the return; and it is right that for such good and pleasant news you give me the paraguante.
I am delighted to hear about the caresses that are given to Cardinal Imperiali and to you others, and although he deserves much more, in this century we are in, one pays for everything when it comes to bad payers.
There is nothing new here. Davisson arrived in a state to live a few days; I would like the journey to Sweden to do me the same service.
I am sending you a letter from Adami to me and another he wrote to Texeira, and my reply. These letters will let you know the state of my affairs, and I cannot tell you more. Pomeranian affairs are being adjusted to the greatest advantage that they can get, and when you see what has been done, you will judge whether I believed Appelman or not.
I am getting ready to leave, but it seems that Heaven is conjured against this trip, and the weather is so contrary that I fear it will keep me here for more days than I would like.
One still awaits the response of the King of England on the Dover proposal, and the Dutch have declared themselves no longer to refuse London, even if he would stubbornly do so, as we believe he will do.
I am not answering your ciphers, because I do not claim to change your feelings, nor mine. You are right, and I am not wrong. I'm not complaining about you, no more complaining about me.
P. S. — I forgot to tell you in my letter about the adventure of the Duchess of Ceri. I don't think it is necessary to assure you that it was nothing for me, because I think you are persuaded of it; I confess, however, that I have some little joy that this has happened, for I hope that the conjunction of these worthy lovers will serve to make them do new penance for old sins. Whatever the dappocaggine of those who had to prevent it, this accident deserves this success, and for those who want to take revenge on me by that, they are very wrong, because I will not honour them with the slightest application on this subject, and will not think of their purpose until I have nothing more to think about.
Above: Kristina.
Above: Cardinal Decio Azzolino.
Notes: paraguante = tip.
dappocaggine = negligence.
The Duchess of Ceri had left the Castel Sant'Angelo in 1659, but only to be entrusted to her mother the Princess of Cariati, who kept her locked up in Naples under the strictest surveillance. After several unsuccessful attempts, she finally managed to escape with the help of Santinelli on February 12, 1667. The two lovers obtained the nuptial blessing a few days later in Castiglione della Pescaia and went to settle in Venice, where Santinelli died in 1697.
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